les haras de Barad-Dur

(Provenance : le Donjon des Crebains : les Yeux du Mordor)

Le grand crebain prit son envol depuis le poing de Thuringwethil, et elle resta un instant à contempler l’oiseau s’éloigner dans la nuit. Elle enviait aux crebains leur liberté, eux qui pouvaient s’aventurer sans contraintes dans les espaces célestes. Ils étaient trop insignifiants pour les grands aigles de Thorondor, trop rapides et agiles pour les aigles dressés des hommes de l’ouest, et trop intelligents pour s’aventurer à portée des arcs des elfes et des hommes… Et lorsqu’ils se rassemblaient, peu nombreux étaient ceux qui auraient osé affronter l’un de leurs vols, car ils auraient tôt fait de déchiqueter le plus vaillant des guerriers à l’aides de leurs becs et leurs serres.

Elle s’arracha à sa contemplation, puis ses pas la menèrent vers les haras de Barad-Dur. C’était à la Bouche de Sauron que l’on devait la présence de ce hara dans l’enceinte de la Tour Sombre. Ses serviteurs avaient acheté, puis volé, des chevaux au Rohan, il y avait de cela des années. Toujours des montures noires, qui étaient élevées et selectionnées pour devenir de puissants et grands chevaux de guerre, aptes à supporter la présence et la proximité des ouargues, des orcs, des trolls ainsi que de toutes les sombres sorcelleries qui émanaient de la Tour Sombre. Dès le stade du poulain, les plus faibles étaient éliminés, les autres étaient brutalisés, entraînés à la Guerre, à obéir au doigt et à l’œil, et parfois même à la pensée de leurs maîtres, quand ceux-ci pratiquaient la sorcellerie. Cela avait été le cas de la Bouche de Sauron.

Un orc bossu s’approcha d’elle, dans une attitude servile. Une cravache pendait à sa ceinture. C’était Gorthach, l’un des dresseurs. Et certainement l’un des plus compétents des orcs qu’elle connaissait. Sous cette apparence contrefaite, se cachait l’une des plus réussie des créatures de Sauron.

« Ah ! Gorthach ! », dit-elle de sa voix douce et chantante. Au son de sa voix, un hennissement se fit entendre. « Comment se porte Gwaewhîr ? ».

« Fort bien, Dame Thuringwethil », répondit l’orc en faisant moult courbettes.

Thuringwethil parvint devant le box ou l’attendait sa monture. Celle-ci piaffa d’impatience. Elle passa une main sur son encolure, tout en murmurant quelques paroles à son oreille, ce qui fit frissonner l’étalon. Elle se retourna vers l’orc.

« Tu as bien travaillé. Selle donc Gwaewhîr, je pars sur l’heure »

Une fois cette tâche accomplie, Thuringwethil sortit de la Tour Sombre, franchissant les défenses extérieures et les herses semblables aux crocs d’un gigantesque dragon de Morgoth. Une fois dehors, elle leva les yeux vers les ténèbres qui cachaient la lune. Son voyage allait être long. Mais seul l’appel de Sauron avait pu la décider à se rendre en volant jusqu’au Mordor, car toujours elle craignait les serres des Aigles de Manwë.

Se penchant vers l’encolure de sa monture, Thuringwethil murmura :

« Noro lim, Gwaewhîr ! » (chevauche vite, seigneur des vents !)

Gwaewhîr partit au galop, ses sabots sonnant sur la noire route pavée du Gorgoroth.

(direction : voyages : Minas Tirith)