(Provenance : Gondolin : par les sept portes)
Un cavalier solitaire quittait les falaises de l’Echoriath et s’avançait parmi les reliefs accidentés. Le paysage était un chaos de neige, de glace et de roc, et une sourde solitude semblait envelopper comme un lourd manteau la région. On entendait parfois le craquement sinistre des montagnes, ou le cri aigu d’un aigle. Le cheval, un fougueux destrier à la robe neigeuse, s’avançait silencieusement, car son cavalier avait prit la peine d’envelopper les sabots de sa monture de tissus afin d’étoffer leur écho dans cette région désolée… Car ainsi faisaient toujours les guerriers de Gondolin, afin de ne point trahir ni leur présence ni la cachette du Rocher Caché…
Fincalad était vêtu de vêtement elfiques de couleur grise, et une grande pèlerine de même couleur était déposée sur ses épaules ; il en avait rabattu le capuchon sur sa chevelure argentée. Son regard scrutait les alentours, tous ses sens étaient aux aguets, prêts à déceler la présence de l’Ennemi, aussi improbable qu’elle soit… Car les orcs et autres sbires infâmes de Morgoth avaient appris à éviter la région, domaine de chasse des Grands Aigles…
Son carquois et son arc battaient régulièrement dans son dos, au rythme de la chevauchée, et sa main gauche passait de temps à autre sur le fourreau de cuir qui abritait Wingindil, sa fidèle épée nouvellement retrouvée. Il voyageait avec peu d’effets ; les fontes qui pendaient à sa selle ne contenaient que du Lembas, le pain de route des elfes.
Fincalad se dirigeait vers le sud, et déjà sa vue perçante apercevait comme une tâche sombre s’étendant auprès du ruban étincelant du Sirion : les bois de Brethil, cette forêt qui n’était que le prolongement de la vaste Doriath… Car les elfes de Gondolin lui avaient fait part des rumeurs colportées par les oiseaux, selon lesquelles Elwë Singollo, celui qu’en dehors des murs de Gondolin on appelait Elu Thingol, était passé par cette forêt. Cette rumeur était déjà ancienne, et il était probable que le souverain de Doriath ait depuis longtemps rejoint sa patrie. Mais passer par Brethil ne ralentirait pas vraiment sa progression…
Les yeux d’azur pâles de Fincalad contemplaient des scènes issues de son passé, un passé depuis longtemps révolu. Une autre raison que celle de la rumeur de la présence de Thingol le poussait vers ces lieux : il avait arpenté ces contrées en d’autres temps, lorsque cette forêt faisait partie du royaume de Doriath… En ces temps reculés, il avait conduit une colonne de réfugiés parmi les sentes ombreuses que recouvraient les ramures des bouleaux et des trembles, et il était curieux de voir ce qu’étaient devenus les descendants de ceux pour qui il avait donné sa vie…
(Direction : Brethil, 1 case)
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