La plaine de Belfalas

Dolan et Leto avaient chevauché quasiment sans interruption pendant toute la journée quand ils arrivèrent au sommet des montagnes peu élevées surplombant la plaine et la baie. D'ici, ils pouvaient voir la terre s'étaler à leurs pieds jusqu'à la ville de Dol Amroth, avant la mer qui s'étendait à l'infini. Dolan savait que de ce port, on pouvait atteindre la légendaire île de Nùmenor. C'était là l'un des lieux qu'il avait le plus envie de visiter. Mais ce n'était malheureusement pas le but de sa venue.

La cité de Dol Amroth avait tout de la ville riche qu'elle était. Elle ressemblait à ce qu'aurait pu être Minas Tirith si elle avait été située en bord de mer. Les humains du Gondor semblaient avoir un faible pour les grandes tours blanches qui harponnaient le ciel. Probablement en opposition avec l'accointance particulière pour le noir de son plus grand ennemi, le Mordor. Dolan aimait cette couleur. Mais il trouvait qu'elle ne ressortait pas assez dans un environnement lumineux. Il préférait porter des couleurs plus vives.

Autour des deux cavaliers, rien ne semblait bouger. Dolan fit un signe de tête en direction de la cité portuaire.

-Nous devrions dormir à Dol Amroth cette nuit. Nous pourrons nous y renseigner sur ce que Herunumen prépare. Qu'en dis-tu ?

Si Dolan aimait les voyages, il appréciait également beaucoup le fait de dormir dans un lit. C'était un immense plaisir que de s'effondrer sur un matelas après une longue chevauchée comme celle d'aujourd'hui.

Dolan poussa un soupir de mécontentement lorsque le garde fut rentré sous son cabanon. Ce ne serait pas encore cette nuit qu'un lit douillet l'attendrait. Il aurait bien voulu argumenter, faire valoir la journée qu'ils venaient de passer sur la route, leur besoin de repos afin de pouvoir servir l'empereur au mieux. Mais quelque chose lui disait que ce serait vain.

-Et bien qu'il retourne dans son ridicule abri... marmonna-t-il dans sa moustache juste assez fort pour que Leto puisse l'entendre. Comme si cela changeait quoi que ce soit. Pourquoi pas non plus s'enterrer vivant comme les nains ?

Seuls ceux totalement dévoués à Herunumen sortiront de cette zone ? Compte la dessus ! Herunumen est un homme et par là même, il est crédule ! Telles étaient les réelles pensées du jeune homme.

-Et bien, fit-il plus haut. En route pour cette Huitième Province, mon ami !

Et il fit faire demi-tour à sa monture, se dirigeant vers le sud. Dès qu'ils furent hors de portée de voix des gardes, il reprit la parole, sans oser trop l'élever. Qui sait s'ils n'étaient pas dès à présent épiés. C'est donc à mi-voix qu'il glissa à son compagnon :

-Herunumen est vraiment une caricature de dictateur. Dans les manières comme dans la bêtise. Mais ma curiosité n'en est que plus forte. Je ne sais pas ce que tu en pense, mais pour ma part, je trouve que le jeu en vaut la chandelle. Je crois que quoi qu'il advienne, je serais capable de sortir de cette plaine quand j'en aurais envie. Quoi qu'en dise ce charmant jeune homme qui nous a si gentiment indiqué la direction.