Chroniques d'Arda
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 La citadelle des étoiles, Osgiliath

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Alcibiade
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MessageSujet: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptySam 13 Aoû 2011 - 17:54

Voyage

La troupe était parvenu sans encombres dans la cité d'Osgiliath. Le jour s'était presque éteint et à présent c'était l'heure bleue qui nimbait la plaine sans relief d'un halo azurée. Et Alcibiade aimait bien cette période de la journée car elle avait couleur d'océan et lorsqu'on se trouvait sur une mer plate et sans vent, on pouvait en venir à confondre le ciel et les eaux. Du fleuve, les brumes du soir remontaient doucement, et venaient lécher les murs de pierre blanche comme des langues évanescentes qui donnaient l'impression que la citadelle flottait dans ce brouillard.

Ils franchirent les larges portes de la cité et bifurquèrent au Nord pour atteindre les quartiers du gouverneur. Ils dominaient légèrement la cité. À l'ouest, il aperçu les murs vertigineux de Minas Tirith sans toutefois y attacher son regard: l'ancienne capitale du Gondor était métamorphosé par les travaux de Vakalor et cela retenait toute l'attention de l'amiral. Ce-dernier y voyait de grandes choses en devenir car ces dernières années, le Gondor avait payé un lourd tribu à la guerre et sa population en avait pâti. Par conséquent la renaissance de la citadelle des étoiles était un point positif qui permettrait au hommes de se relever de cette période obscure. Le port serait sans doute la base d'un renouveau commercial qui apporterait la prospérité au Gondor et à ces merveilleuses cités.

Vakalor laissa Alcibiade prendre ses quartiers et y déposer ses affaires. Ses suivants firent de même mais décidèrent de trouver une taverne pour y passer la soirée. Alcibiade n'y voyant pas d'inconvénient il les laissa partir avant d'aller lui même retrouver le gouverneur qui le mena sur un balcon d'où ils dominaient la ville. Il lui présenta les différents aménagements, mais avec la nuit qui était tombé entre temps on ne distinguait que des masses sombres sans détails, même pour l'œil avisé du marin. Mais les torches allumées dans les ruelles traçaient les artères principales de la cité et démontraient que les lieux avaient retrouvé leur activité de jadis.


- Que pensez-vous de tout cela ? demanda le Général plein de fierté. Je vous présenterai bien plus longuement tous les ouvrages que nous avons menés, si vous le souhaitez, ajouta-t-il.


Alcibiade se tourna vers le général et esquissa un sourire.

-Bien entendu que je le souhaite! Je veux que vous me montriez jusqu'au moindre détail de votre œuvre et si possible, j'aimerais rencontrer ceux qui ont élaboré cet ouvrage. Ma fonction de gouverneur de Pelargir requiert que je prête attention à vos ouvrages afin de me trouver avec les meilleurs cartes en main pour accomplir ma mission. Je demeurerai le temps qu'il faudra en vos murs en n'en partirait que lorsque tout sera bien clair dans mon esprit. J'ai avec moi des gens compétents, à même de saisir la finesse et les subtilités de votre tâche.


Il se tut un long moment et s'accouda à la balustrade qui entourait le balcon. Ses yeux scrutèrent la plaine alentour. La fraicheur de la nuit avait chassé les brumes et une brise du Nord descendait de l'Anduin, laissant le ciel sans nuages. L'amiral leva son regard vers les étoiles et les fixa un long moment avant d'interrompre le silence que seul quelques bruits étouffés parvenu des ruelles venait troubler de temps à autre.

-Cette cité porte bien son nom: jamais je n'ai vu un ciel aussi radieux, hormis dans les plaines de Khand au temps de ma jeunesse, là où l'air et sec et le firmament toujours clair et lumineux. Mais ce temps et floue dans ma mémoire et la lueur des étoiles de ce temps n'est qu'un souvenir fané..."


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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyLun 12 Sep 2011 - 14:33

Le Général Vakalor était satisfait. Son invité semblait apprécier la qualité des nombreux ouvrages menés depuis de longs mois dans la Cité des Etoiles.
Et la ville toute entière semblait s’enorgueillir d’être observée de la sorte. En tous points de la Cité, une multitude de petites lueurs scintillaient, vibrantes dans l’air frais du soir tombant. A cela venait s’ajouter un voûte céleste remplie d’étoiles et on eut dit que la ville brillait de milliers de petits feux pour se rendre plus belles aux yeux des observateurs étrangers.

- Bien, très bien ! claironna le Général. Tout ceci est parfait ! Puisque vous êtes intéressé, je vous montrerai tout ce que nos artisans ont accompli... Vous verrez, ils ont réussi de véritables prouesses !
Nous avons construit des forges, par là-bas au sud, de sorte que les armureries et les dépôts d'armes se trouvent à proximité du quartier des casernes. Nous avons tout pensé afin d’être les plus intelligents et les plus efficaces possible. Ainsi, si une alerte est donnée, nous avons un accès aux armes rapide et efficace !
dit-il souriant à pleines dents.

- Nous avons aussi placé, partout dans la cité, des constructions de bois où sont en permanence disponibles des lances, des lames, des boucliers, des masses, des haches et des arcs. Chacun peut se saisir d'une arme et s’équiper avec une grande réactivité où qu'il soit.

Le Gouverneur d’Osgiliath, en tant que grand Chef de Guerre multi-décoré et vainqueur de nombreuses campagnes semblait intarissable sur le sujet. Tout en finissant sa phrase, il pointa l’index dans une autre direction.

- Et là-bas, sur la partie orientale de la cité, nous avons entièrement rebâti les quartiers des notables de la ville à l’opposé des forges, des casernes et des dépôts d'armes. De ce côté-ci, par contre, nous avons trois greniers et de nombreux puits installés un peu partout de part la cité. Au-delà du grand pont qui est à présent assez large pour que trois colonnes entières s'y tiennent de front et sans mal, poursuivit-il en désignant l’Ouest, nous avons entrepris de rebâtir les murs jusqu’alors en ruine. Lorsque tout fut fait, et que les hauts murs furent relevés les architectes ont poussé la minutie jusqu’à parer les murs d’un gigantesque dégradé de pierres afin de différencier les murs de la ville de ceux, bien plus blancs, de Minas Tirith. Les pierres du bas sont noires puis en montant virent au gris et finissent blanches aux créneaux, mais d'un blanc vif et lumineux, tirant déjà vers l’argenté. Vous le verrez certainement beaucoup mieux à la lumière du jour ! ajouta-t-il.

- Nous avons monté des murs hauts et larges car jadis la cité avait été la capitale et la première forteresse du Gondor. Maintenant, bien que nous ne disposions que d'un mur unique, celui-ci est aussi haut que les murailles de Minas-Tirith et bien plus large et de nombreuses tours veillent en divers endroits stratégiques.

Le Général était vraiment fier des titanesques travaux réalisés. Il continua son monologue bien que le froid de la nuit les assaillait à présent.

- Les portes sont faites de bois et doublées de deux herses, une par-devant et une par-derrière, une à chaque extrémité de la cité. La seule faiblesse de la ville provient désormais du fleuve et c’est aussi pour cela que je souhaite que vous puissiez doter Pelargir d’infrastructures de ce niveau ! Croyez-moi, si vous réussissez là-bas aussi bien qu’ici, le Gondor peut dormir sur ses deux oreilles ! se félicita-t-il.

Ils restèrent un moment silencieux sur la grand balcon désormais drapé de la fraîcheur nocturne. Au bout de quelques instants, le Général de Gondor proposa à son invité de rentrer se mettre au chaud.

- Bien, si vous le voulez nous pourrons aussi visiter la Cité, finit-il par reprendre alors.

- Mais au fait, peut-être êtes vous pris par le temps ! Vos nouvelles responsabilités de vous imposeront-elles pas de rallier Pélargir au plus vite ? Peut-être suis en train de vous retarder ?
Où comptez-vous aller dans les prochains jours ? Avez-vous quelque chose de prévu et pour lequel mes hommes et moi vous serions d’une aide quelconque ?
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Alcibiade
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyVen 16 Sep 2011 - 15:40

Alcibiade réfléchissait à mesure que Vakalor lui détaillait les différentes constructions. Il admirait non seulement la qualité des ouvrages qu'il avait en partie observé, mais les paroles du gouverneur d'Osgliath l'éclairèrent sur la logique de ces aménagements. Rien n'était laissé au hasard, chaque élément était pensé par rapport aux autres et le tout s'imbriquait parfaitement.

"Ma charge de gouverneur ne sera effective que dans quelques jours, le temps que les choses soient réglées officiellement... Rien ne me presse, et pour m'acquitter de mes obligations, il me faut d'abord en étudier tous les aspects. Cette cité renaissante est idéale pour cela, et j'aurais plaisir à ce que vous me montriez le détail de vos entreprises.
Je dois aussi m'entourer du personnel compétent. J'ai déjà avec moi quelques serviteurs zélés, mais leur champ d'action est toutefois restreint à leur talent... faites donc moi rencontrer les maitres d'œuvre et les architectes en charge de la reconstruction."



L'amiral tourna alors son regard vers le fleuve. Ses flots luisaient sous le rayon de Lune et les eaux s'écoulaient, suivant leur route vers l'océan.

"En ce qui concerne l'aménagement de quai, mon avis serait d'en faire avant tout un port de commerce: les navires de guerre ne sont pas très efficaces en des espaces aussi restreint, et vous n'avez guère à craindre d'une flottille ennemi, aussi nombreuse soit elle. Elle ne pourrait être suffisamment imposante pour espérer quelque victoire, et des navires plus massifs nécessiteraient l'installation d'une base que nous ne manquerions de remarquer...et de détruire!!"


Le marin avait l'air confiant, et dans le fond ses paroles étaient sages et sa pensée fondée sur son expérience.

"Bref, il serait donc judicieux d'en faire un port de commerce alimentant Osgliath et désenclavant Minas Tirith. Mais pour ce qui est de la flotte militaire, elle se doit d'être à Pelargir, prête à gagner la baie de Belfallas.
Les navires marchand ne peuvent remonter les eaux de l'Anduin si le vent ne les pousse. Il n'y a guère suffisamment d'espace pour louvoyer, et j'envisage donc de faire construire un grand chemin de hallage à cette fin. Il aboutirait en vos murs ou à l'extérieur selon votre préférence... La prudence nous commanderait de bâtir les quais sur la rive Ouest. Une digue devra être bâtit afin de dévier les courants trop puissant nuisant à amarrage des navires. Elle ne demande pas d'être bien longue, mais suffisamment épaisse pour ne pas céder sous les eaux des crues qui parfois ont lieu en hiver. Vous pouvez rendre l'ouvrage massif et le surmonter d'une épaisse tourelle de garde. Ainsi si les orcs tentent un débarquement, quatre balistes bien manœuvrées devraient suffire à protéger les embarcadères."



L'heure était avancée la fatigue commençait à se faire sentir. Déjà l'astre de la nuit avait parcouru une partie de sa course. Le silence avait peu à peu gagné les rues de la cité et le calme régnait à Osgliath.

"Permettez moi à présent de me retirer. Les événements récents m'ont épuisé, et j'aurais besoin d'une bonne nuit de sommeil. Demain la journée sera longue et je compte visiter le plus de lieux en votre compagnie.
Je vous souhaite un agréable repos, général!"



L'amiral s'inclina respectueusement et fit volte face avant de disparaitre de la terrasse pour regagner ses quartiers.


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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyVen 23 Sep 2011 - 17:31

Vakalor avait tenté de présenter la cité dont il avait la gouvernance depuis quelques mois du mieux qu’il avait pu. Il était clair qu’il n’était pas un orateur. Il savait qu’il ne le serait jamais. Son verbe était trop rude et pragmatique et rappelait trop facilement l’Homme de terrain, le militaire qu’il avait toujours était. Mais sa passion nouvelle pour la tâche ardue qui lui avait été confiée le poussait de temps à autre à de surprenantes envolées verbales.

Lorsque, sur le grand balcon de sa vaste demeure qui surplombait la ville, le froid l’avait surpris en pleine présentation des grands chantiers qu’il avait mené, il se rappela soudain qu’il avait coincé là le pauvre Amiral de Núménor.
Celui-ci devait être soit terriblement bien éduqué soit incroyablement intéressé par les ouvrages menés à Osgiliath pour rester là à l’écouter déblatérer toutes ces explications techniques sans manifester la moindre lassitude dans ce froid de canard.

Ce ne fut que lorsque Vakalor eut brutalement conscience du long moment qu’ils avaient passé dehors qu’il proposa enfin à son invité de rentrer se réchauffer un peu.

*Quelle brute je fais !* se réprimanda-t-il alors horrifié par ce qu’il venait de faire endurer à l’Amiral. *Et dire qu’il a chevauché toute la journée d’hier et tout aujourd’hui sans pouvoir se poser un peu ! Je suis vraiment un parfait primate pour ne pas avoir pensé qu’il voudrait peut-être se reposer un peu !*En tout état de cause, le mal (si mal il y avait) était fait et il n’y pouvait maintenant plus rien changer…

« Permettez-moi à présent de me retirer. Les événements récents m'ont épuisé, et j'aurais besoin d'une bonne nuit de sommeil. Demain la journée sera longue et je compte visiter le plus de lieux en votre compagnie.
Je vous souhaite un agréable repos, général ! »


Aïe ! C’était bien là ce que craignait le Général… Il s’était montré encore une fois parfaitement incapable d’être un hôte à la hauteur du rang qui était désormais le sien ! Les courtoisies et autres politesses n’étaient pas de mise sur les champs de bataille et le Capitaine des Armées de Gondor prenait une nouvelle fois la réalité en pleine face : il était nécessaire qu’il s’applique un peu plus s’il voulait donner d’Osgiliath la bonne image qu’il s’évertuait à lui conférer, par le travail de forçat qu’il y menait depuis maintenant de longs mois !

Alcibiade s’inclina légèrement pour saluer son hôte et quitta la salle du trône pour rejoindre ses appartements, laissant le Général seul avec ses hommes.

- Bien ! Que tout le monde regagne ses quartiers ! Ordonna alors Vakalor. Une longue et rude journée nous attend demain. De celles qui me coûtent énormément et dont je sais parfaitement à quel point elles vous barbent à vous aussi ! Mais que voulez-vous ! C’est maintenant notre pain quotidien !

Il délassa mollement la ceinture à laquelle pendait à son flanc la redoutable épée de guerre qu’il ne quittait jamais.

- Le terrain me manque à moi aussi au moins autant qu’à vous, vous le savez bien ! Mais cette fois, je vous propose autre chose ! Demain, je proposerai à notre invité de l’accompagner à Pelargir ou dans quelque périple qui sera le sien dans les prochains jours ! L’aventure me manque et j’espère que l’Amiral saura nous en proposer une, même minime, qui serait de nature à égayer un peu notre si fade quotidien ! Qu’en pensez-vous ?

Ses hommes applaudirent à tout rompre la lumineuse idée et Vakalor ordonna qu’on leur fît porter de la bière en abondance afin que tous se repussent du gouleyant breuvage. La nuit serait festive à Osgiliath. Et les lendemains s’annonçaient des plus plaisants !
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptySam 24 Sep 2011 - 20:09

La nuit de l'amiral fut tourmenté. Non par quelques éléments extérieurs, mais sa conscience était troublé. Depuis plusieurs mois, des sombres pensées se tramait dans son esprit pourtant si calme d'ordinaire. Il eu du mal à se défaire de cette idée récurrente dont il n'osait prononcer le nom clairement. Lui même n'était pas tout à fait capable de mettre un mot pour définir cette angoisse qui l'habitait. Et son entre-vue avec l'impératrice avait curieusement renforcé cette impression diffuse.

Il ne cessait de songer à Tol Fallas, à son phare perçant la brume épaisse de la baie, ses rochers noire et huileux sur le plateau désert. Et puis la petite crique de grée rose où trônaient les lanternes d'Hamilcar. Et il savait les pirates passant au large de ses bords escarpées. En vérité, la charge que lui avait confié l'impératrice l'embarrassait plus qu'autre chose. Il était marin, ne tenait pas en place, et passer le restant de ses jours dans une salle du trône de pierre froide et austère ne l'inspirait guère. Mais c'était pour l'impératrice une manière de le tenir en laisse, à proximité du pouvoir et ainsi de mieux veiller sur ce personnage libertaire. Alcibiade l'avait parfaitement comprit et n'acceptait cette idée qu'à contre-cœur.

Mais il disposait encore de temps, et si les choses venaient à trop l'ennuyer, il n'hésiterait pas à délaisser son poste, voir abandonner sa fonction. L'indépendance était sa nature et nul trône n'aurait su le retenir. Pour l'heure il devait cependant se soumettre en apparence et se montrer digne de sa mission. Après tout, il lui suffirait de recruter de compétents administrateur et de reporter son attention sur la flotte gondorienne et de poursuivre la préparation de son dessein secret.


Il s'endormit avec les heures et se réveilla tard dans la matinée, reposé de ses jours de voyage mais prit d'un grand appétit. Ainsi, quand il eu retrouvé ses hommes, il les emmena dans une auberge coquette, attiré par le fumet qui s'en échappait. Il s'agissait d'une friture de poisson, agrémenté de patates et d'ails. Ils mangèrent en abondance, burent du vin raisonnablement jusqu'à ce que leurs estomacs furent rasssiés. Alors il retournèrent au palais du gouverneur, retrouver Vakalor pour la visite prévu la veille.


Quand le général des armées de l'ouest fit son apparition, Alcibiade ne put s'empêcher de sourire. La compagnie de cet homme l'enchantait, et décidément, il éprouvait tout de même un certain plaisir à observer avec attention les choses que lui montrait Vakalor. C'était l'œuvre de plusieurs années, et les explications de l'homme et de ses conseillers le satisfirent amplement. La voix du gouverneur résonnait dans la ruelle, couvrant le bruit de la ville et des ateliers.

Enfin ils parvinrent au petit port de commerce, et là, les conseillers de l'amiral se mirent à la tâche, relevant ça et là les multiples aspects que soulèverait l'élargissement des quais. Il était fait d'une solide pierre que le cours du fleuve avait érodé avec le temps. Quelques piquets de bois blanc avait pourri et des barques étaient attachés à des anneaux de fer fixé à même la pierre.

Alcibiade se tourna vers le général pour l'informer de ses projets:


"Je compte gagner Pelargir dès demain. Je me dois d'y être présent dans les plus brefs délais comme ma charge me le commande Mes hommes se chargeront de dessiner les plans pour vos nouveaux aménagements et de vous indiquer les matériaux nécessaires à leur construction.
En ce qui concerne mes projets, j'aurais besoin de quelques uns de vos meilleurs architectes militaires, je n'en connait guère de compétent et votre aide serait donc la bienvenu. Il me faut des gens de confiance, mais surtout, talentueux. J'ai remarqué l'efficacité de vos installations, et souhaite développer une logique similaire pour gérer le grand port militaire de l'Empire."






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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyVen 30 Sep 2011 - 12:36

    Ce fut ce même jour qu'un cavalier, visiblement un messager, franchit les nouvelles portes d'Osgiliath. Il ne portait qu'une brigandine sous le tabard de l'Armée Impériale, et une simple épée pendait à sa ceinture. Parvenu devant les portes de la demeure du Gouverneur, il se vit arrêter par des gardes, et questionné sur ses intentions. Une fois ses laisser-passers produits, on l'autorisa à entrer, pour qu'il découvre que le destinataire de sa missive était en réunion importante, et que nul ne pouvait le déranger. Habitué de ce genre de comportements, il pris son mal en patience, et attendit dans l'anti-chambre la bonne volont de Vakalor.
    Quand, enfin, ce dernier sortit, il le salua, prononça les formalités d'usage, avant de lui remettre une lettre scellée par trois sceaux, indiquant qu'elle venait de l'Impératrice elle-même, que le message était de la plus haute importance, et qu'il ne devait être remis qu'à Vakalor lui-même. Quand ce dernier déplia le message, il put y lire de nouvelles instructions, tandis qu'il sautait les mondanité et les énumérations de titres propres à tout courrier Impérial (c'était parfois à se demander si les scribes n'étaient pas payés à la ligne):

    Spoiler:
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyMer 5 Oct 2011 - 10:35

Le lendemain matin, lorsque Vakalor s’éveilla, il avait la tête embrumée des vapeurs persistantes des alcools divers et variés que lui et ses compagnons avaient ingurgités durant la nuit.
Il avait un sérieux mal de crâne et, bien qu’habitué à ce genre de soirée arrosée, il se disait que celle-ci devait l’avoir été de belle manière ce qui, bien qu’il n’en gardât aucun souvenir très précis, lui fit regretter que l’Amiral ne les ait pas accompagnés pour trinquer avec eux.
Quoi qu’il en fut, il se hâta d’avaler rapidement un petit déjeuner très léger avant de se hâter vers la salle du trône où il pensait qu’Alcibiade l’attendrait peut-être.
Il n’en était rien.
Celui-ci était sorti avec ses hommes et ce ne fut que bien plus tard qu’il retourna au palais. Lorsqu’un laquais navré de déranger le gouverneur et se fondant en excuses au détour de chaque phrase vint prévenir Vakalor de la présence de l’Amiral en ses murs, Vakalor se pressa pour retrouver son hôte afin de ne pas l’obliger à patienter trop longuement.
Lorsqu’il déboucha enfin dans la salle où l’attendait Alcibiade, Vakalor perçut un franc sourire sur le visage de son alter ego Núménoréen ce qui, il fallait bien l’avouer, l’emplit d’une grande satisfaction. Les deux hommes avaient l’un pour l’autre, c’était une évidence, une réelle estime doublée d’un respect absolu.
Les deux généraux partirent donc, comme ils l’avaient prévu, visiter les installations décrites par Vakalor la veille. AU retour de cette visite, et alors qu’Alcibiade était en train d’annoncer à Vakalor son intention de partir pour Pelargir dans la journée, la discussion des deux haut-gradés fut interrompue par un capitaine de Gouverneur d’Osgiliath qui annonça qu’un messager s’était présenté à l’entrée du palais afin de remettre une missive au Général.

- L’a dit qu’y devait la remettre à vous seul, l’aut’ corniaud, bougonna le capitaine agacé de s’être fait réprimander par son supérieur d’avoir ainsi interrompu l’entrevue des deux Généraux.

- Faites le venir jusqu’ici, indiqua alors Vakalor.

Lorsque, tout essoufflé, le messager vêtu du tabard de l’Armée Impériale pénétra dans la grande salle, il se dirigea tout droit sur Vakalor en claironnant avec un air artificiellement pompeux :

- Sa Majesté Thais Laelias, Impératrice de l’Ouest m’a ordonné de vous transmettre cette missive de la plus haute importance, mon Général. Alors qu’il disait cela, il tendit la chemise de cuir contenant la missive Impériale.

Vakalor s’en saisi et fit un signe distrait en direction du messager pour indiquer à celui-ci qu’il pouvait reculer de quelques pas.

- Voyons cela immédiatement, dit-il, songeur.

Il lut en silence, gardant pour lui les ordres impériaux que contenait l’important message. Son visage ne trahit aucune information, malgré l’extrême gravité des injonctions dont il était le destinataire.

- Bien, rejoins donc Minas Tirith, finit-il par annoncer à l’intention du messager qui attendait près de la grande porte. Informe le chef de cabinet de l’Impératrice de mon départ prochain. Les indications de Dame Thais Laelias seront scrupuleusement respectées.

Il disait ceci tout en se retournant vers l’Amiral pour qui il eut un sourire désolé. Il fit quelques pas vers lui tout en lançant plusieurs ordres à la volée et, tandis que les capitaines présents se hâtaient de disparaître les uns après les autres à mesure qu’ils recevaient les directives de Vakalor, le Général rejoint l’Amiral et lui asséna plusieurs amicales tapes dans le dos.

- Je suis désolé de devoir vous faire faux bond, Amiral ! D’importantes responsabilités m’appellent. Je ne pourrai vous accompagner à Pelargir comme prévu. Pas dans l’immédiat, toutefois !
Mais tenez ! J’en prends l’engagement dès maintenant… Dès que tout ce qui m’attend sera réglé, je viendrai à Pelargir pour voir ce que vous aurez entrepris… Et vous me ferez visiter vos chantiers comme je vous ai présenté mes installations, c’est d’accord ?


Sur cette promesse, les deux amis se quittèrent et ne devaient pas se revoir avant de longues semaines. Alcibiade partit pour Pelargir alors que Vakalor préparait son départ pour le Rohan.
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyLun 17 Oct 2011 - 17:06

Les deux généraux de l'empire se firent leur adieux dès le lendemain. Ils se promirent de se revoir dès que leurs fonctions respectives le leur permettrait. Alcibiade pressentit que leur route se croiserait à nouveaux dans les mois à venir. Mais il n'en dit mot et se contenta de souhaiter bonne chance au général. Ainsi l'impératrice avait décidé de renouer les liens avec le Rohan. C'était une bonne chose encore que la situation du royaumes des cavaliers n'était pas très claire.

L'amiral regagna ses quartiers en fin de journée et alla informer ses hommes de leur départ le lendemain aux premières lueurs de l'aube. Il leur laissa quartier libre afin qu'il puissent profiter de la douceur retrouvée de la cité des rois d'antan. Lui se rendit au sud de la ville et demanda à voir les embarcations. Il en acheta une de taille moyenne, une grande barque normalement utilisée sur les lacs à l'Ouest des montagnes blanches . Il se demanda comment un tel objet avait pu parvenir jusqu'ici.

Puis il alla faire quelques emplettes sur les marchés de la ville. Le trajet ne serait pas très long grâce à l'embarcation, mais ramer toute la journée creuse l'appétit et il voulait éviter d'entendre ses hommes râler inutilement.
Enfin il passa la soirée sur le rempart à observer les étoiles. Il sortit un vieux carné aux pages de papyrus. Il avait acheté cet objet à un marchand haradrim qui lui avait assuré venir d'un lointain califat au sud ouest du Khand. C'était une matière bien pratique pour écrire et l'amiral avait cartographié les nombreuses constellations jalonnant la voute étoilé et servant à la se repérer. Il y consignait aussi les descriptions des cités qu'il visitait. Une précieuse mine d'information.

Et le regard perdu dans les astres d'argent, il savoura les derniers instants de liberté avant de gagner Pelargir. Quand le sommeil pesa sur ses paupières il gagna sa chambre et s'endormit, tranquille et apaisé.
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyJeu 31 Mai 2012 - 14:25

RP avec Metathraïn - Le Siège d'Orthanc


Le petit matin étendait nonchalamment ses froids prélassements au-dessus d’Osgiliath. De longues langues de brumes matinales léchaient les rives sombres de l’Anduin ensommeillé. Dans quelques heures le soleil viendrait peut-être réchauffer un peu la forteresse de la Cité des Etoiles et ragaillardir les quais et les remparts encore engourdis des frimas nocturnes. Sur ces murailles crayeuses, allaient et venaient des sentinelles racornies par la fatigue et emmitouflées dans de lourdes mantes de fourrures épaisses. Leurs mornes piques acérées et dressées vers le ciel sombre paraissaient des incommodités encombrantes et plus utiles à les empêcher de planquer leurs mains du froid matinal qu’à autre chose.
La forteresse s’étendait, voilée, par delà la buée qui veloutait le vitrage du Donjon principal. A chacune de ses expirations, le « Lion Rouge » Vakalor voyait se perdre les murs d’enceinte dans une nuée vaporeuse avant de reparaître quelques secondes plus tard comme la chaleur de son souffle réchauffant momentanément la vitre se faisait engloutir par le froid tenace du verre réfrigéré. Le regard du Général s’égarait parfois dans les cours évidées où l’activité régulière du début de matinée commençait tout juste à poindre, telle tanneuse traversant à la hâte, telles lavandières devisant avec malice, panière sous le bras, tel commis de forge transbahutant avec force peine des seaux emplis d’eau pour l’œuvre de son maître... Qui allant avec empressement vers sa besogne, qui traînant sa carcasse avec lenteur jusqu’à ses corvées... Osgiliath s’éveillait mollement sous la brume matineuse et les yeux pensifs du Lion Rouge.

La porte de la pièce s’ouvrit mollement et la lenteur d’Armenor accompagna le grincement sévère du lourd panneau de bois grisâtre tout enserré de fer forgé. La vue de sa mine fatiguée fit grelotter Vakalor alors que l’érudit s’approchait de lui avec précautions.

- Sa Majesté l’Impératrice ne doit pas avoir voyage aisé... commença Armenor en faisant crisser sa barbe grisonnante entre ses longs doigts doctes.

- Au moins s’amuse-t-elle, elle ! riposta le Gouverneur d’Osgiliath comme à regrets. Je commence à me lasser de devoir rester enfermé ici. Chevaucher dans les plaines me manque, dormir à la belle étoile me maque, les champs de batailles, les campagnes militaires me manquent. L’administration de tout ceci est d’une telle violence et en même temps d’un tel ennui, déplora-t-il. L’Impératrice devait ne savoir que trop ce qu’elle me confiait avec la gestion de cette cité ! Et c’est avec la même joie et la même reconnaissance que je l’ai reçu d’elle que je repartirai en campagne lorsqu’elle me l’ordonnera !

Il se détourna alors de la fenêtre pour venir près d’Armenor. Le vieux stratège l’observait de son éternel regard malicieux.

- Qu’avons-nous aujourd’hui, Armenor ? le questionna le Lion Rouge. Des doléances ? Des visites ? Des contrôles ? Les comptes peut-être ?

Un sourire astucieux éclaira alors le visage de son ami et creva la broussaille de sa barbe grise et noire pour laisser entrevoir ses dents parfaites. Ne faisait-il pas son âge ou n’avait-il pas l’âge que l’on lui prêtait ?

- Un peu de tout cela à la fois, dit-il sur un ton déprimant que n’expliquait pas le sourire qui était le sien mais qui confirmait bel et bien qu’il lui avait préparé quelque chose de peu ordinaire.

- Halte-là, mon ami, cesse donc ton complot ou je fais appeler un accoucheur ! Que me réserves-tu donc !?

- Eh bien, mon cher Gouveneur j’ai là pour vous quelque chose de bien peu ordinaire et qui, vous tenant lieu d’amuse bouche, aura, je l’espère pour vous, une saveur toute particulière... Il farfouilla dans la longue manche de sa toge grisâtre pour en sortir un pli décacheté qu’il tendit au Lion d’une main fébrile. Voilà qui égayera, je pense, votre morne quotidien, Vakalor ! claironna-t-il avec une satisfaction non dissimulée. C’est-là quelque chose que j’aurais pu traiter moi-même mais qui vous changera certainement des distupailleries paysannes... Quoique.

Le Capitaine des Armées de Gondor lui arracha la missive des mains avec avidité.

- Qu’est-ce donc-là ? interrogea-t-il. Armenor, espiègle, lui commanda de le suivre.


*
* *

Les doigts de Vakalor se reployèrent sur les accoudoirs de pierre du trône. Ainsi posées, on eut dit que ses mains tentaient de museler les Lions grondant sculptés dans le granit. Sa voix, sonore et claire commanda au messager de s’avancer vers lui. Dès qu’il avait appris la nouvelle de cette intrigante arrivée, le Général excité par l’attrait de la nouveauté et la perspective de quelque aventure nouvelle avait ordonné que l’on conduisît le jeune héraut crotté en salle du trône où il tenait à le recevoir personnellement.

- Je suis Vakalor, Général de l’Empire d’Ouistrenesse, Capitaine des Armées de Gondor et Gouverneur d’Osgiliath. On me dit que tu as un pli urgent de notre bien aimée Impératrice ? Qui es-tu ? J’ai là une missive indiquant que tu es bien à son service et porteur d’un pli confidentiel à mon intention... Quelle est donc cette histoire ? Compte-la moi, j’ai hâte de t’entendre...
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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyVen 1 Juin 2012 - 19:02

Le messager avait fait route de nombreux jours. Les relais s'étaient succédées et il lui avait fallut bien du courage pour ne pas prendre le temps de se reposer. A chaque étape il avait fourbi une monture, des bêtes de courses taillées pour les longues distances. Seul le Rohan avait interrompu cette succession de "saut" depuis le Mur au Nord. Mais, une bourse bien remplie lui avait permis d'échanger de monture à deux occasions. Ainsi il n'avait pas perdu de temps.

Il était parvenu en fin de soirée dans la cité des étoiles, mais la fatigue et la nuit l'avait fait patienter jusqu'au lendemain. On l'avait ensuite accueilli au palais où il avait été mené dans une salle de pierre blanche pour que le gouverneur le reçoive. Celui-ci ne tarda pas à paraître, l'air presque impatient à l'annonce d'une missive de l'impératrice Thais Lælias.
Lorsqu'il se présenta le cavalier délivra son message qui était contenu dans un étuis de cuivre recouvert du sceau impériale. Au question de Vakalor, le messager répondit quelques mots avant de mettre un genoux à terre en lui présentant le rouleau à bout de bras.

"Je ne sais rien de ce qui m'a été confié Général, mais l'on m'a ordonné de mener grand train et de vous remettre cela au péril de ma vie. Voici le plis de sa majesté impériale."

Lorsqu'il l'ouvrit, Vakalor put constater que le sceau de la Dame de Fer était intact ce qui prouvait que le message n'avait pas été ouvert. Sur le parchemin il put lire ces quelques mots:

"Général Gouverneur,
Depuis quelques mois le siège de l'Isengard piétine. Vous n'êtes pas sans savoir que les orcs se sont emparé par surprise de l'édifice. Dans ma précipitation pour me rendre dans le Nord au secours du comte Beldorn, j'ai confié la tâche de reprendre la tour d'Orthanc à un incapable.

Le siège est au point mort et je désire donc confier cette tâche à un homme de plus grande confiance et de plus grand talent. Vous vous trouvez tout indiqué pour l'affaire. Veuillez donc vous rendre dès que possible en Isengard et remplacer le général en poste. Prenez avec vous cinq milles hommes de plus afin de renforcer les troupes s'y trouvant déjà. D'autres instructions que je n'ai put vous communiquer par manque de temps, vous attendrons sur place.



Thais Lælias, impératrice de l'Ouistrenesse"

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MessageSujet: Re: La citadelle des étoiles, Osgiliath   La citadelle des étoiles, Osgiliath EmptyVen 8 Juin 2012 - 9:09

Le feu crépitait ardemment dans l’âtre sévère. Le chatoiement des flammes et les lueurs vacillantes et changeantes qu’elles projetaient esquissait des formes sombres et mouvantes sur les murs froids de la salle des armes privée du Gouverneur d’Osgiliath. Le Lion Rouge apportait les ultimes touches aux minutieux préparatifs de son voyage en Isengard et ses allées et venues silencieuses et concentrées permettaient à la clarté du foyer de s’énamourer de sa silhouette massive et de se jouer d’elle comme oiseaux d’un lionceau maladroit. Le scintillement des flammes décrivait au mur tout un bestiaire sombre et intrigant, changeant le Général de Gondor tantôt en un nain grossier, tantôt en un géant difforme, mais le muant toujours, au gré des morsures du feu dans le bois, en un ondoyant transformiste sans cesse agité.
Au dehors la pluie avait repris, après quelques jours d’un répit salutaire, son lancinant ballet saisonnier. L'automne étendait ses longues ailes grises sur les quais d’osgiliath. Les pluies devenaient de plus en plus fréquentes et lourdes, les températures avaient chuté et des brumes de plus en plus régulières commençaient à ensevelir les berges de l’Anduin. Vakalor songea à l’Impératrice et à sa longue absence, là-haut, tout là-haut, aux confins de l’Empire, à la recherche du Comte Beldorn. Le Mur devait être plus frigorifique que jamais et l’on devait y grelotter dans ses entrailles mêmes. Les instructions qu’elle venait de faire parvenir au Général étaient aussi importantes que difficiles à mener à bien mais elle-même, là-bas, ne devait pas avoir la tâche facile.

*Les ombres grandissent sans cesse*, songea Vakalor. Et jamais telle pensée n’avait paru aussi actuelle qu’en ce début d’automne. Les attaques orques dans les contreforts des Monts Brumeux, la prise d’Orthanc, la disparition du Comte d’Arnor, toute nouvelle plus inquiétante que la précédente...
*Il faut nous hâter*, se morigéna le Gouverneur. *Les forces du mal ne cessent de graviter toujours plus proches et menaçantes... Le Mur ne sert à rien si l’ennemi est déjà parmi nous !* Les tout premiers rayons d’un soleil timide annonçant le jour jouèrent avec le rideau de pluie et dessinèrent un pâle arc-en-ciel dont les chatoiements irisés tirèrent le Lion de ses pensées. Il sangla avec fermeté le paquetage qu’il venait d’achever de compléter et le porta à son épaule avant de se diriger d’un pas décidé vers l’issue de la petite pièce. A proximité de la porte, alanguie sur le large fauteuil qui tenait lieu à la porte sombre de sentinelle accueillante, était allongée Noiregriffe, la terrifiante lame du Général. La puissante lame en acier sombre était posée à même les deux grands accoudoirs de velours gris, en travers de l’assise et, la barrant d’un éclat sombre et métallique sans pareil, semblait jalouser l’accès à qui aurait voulu prétendre se saisir de l’arme. La main gantée de Vakalor se saisit de l’arme séculaire, amie fidèle de maintes batailles, avec l’assurance de ceux dont les certitudes du droit confortent les convictions solides. Le Général s’enveloppa d’un lourd et chaud manteau gris soutaché de fourrure noire et dans le dos duquel grondait le Lion Rouge de sa bannière. Il glissa Noiregriffe dans son fourreau de cuir ouvragé et natté d’entrelacs d’acier gemmé avant de fixer l’ensemble au baudrier d’épaules qu’il emportait lors des longs déplacements équestres. Le fracas de la lourde porte de bois vint offrir au claquement de ses pas sur le dallage, un contre-chant sonore et alourdi par l’écho du couloir pavé.


*
* *

Dans la courtine centrale de la forteresse des étoiles quelques grands chevaux d’une noblesse aveuglante exaspéraient le pavé de leurs sabots couronnés de fer. Une agitation évidente régnait-là, malgré l’heure précoce. Kavandril, le méhara sombre du Général s’impatientait au bout d’une longe de cuir maintenue par un spadassin au regard fatigué. Les soubresauts provoqués par les violents mouvements de cou du destrier semblaient violenter les épaules du soldat qui parut se réjouir lorsque le Gouverneur d’Osgiliath fit son entrée dans la petite cour.

- Vot’ monture, M’sire Général ! dit le soldat en présentant la bride à Vakalor.

- Merci ! répondit le Lion Rouge avant de s’adresser à Bergemir qui, tenant par la bride les chevaux de Fraakhen et d’Eraklin, empêchait ceux-ci de s’impatienter trop vivement. – Les chariots sont-ils partis ? Le Général avait demandé à ce que les chariots de vivres et de matériels prennent les devants afin de ne pas allonger la durée du voyage pour les hommes d’armes et les gradés. Une partie des 5 000 soldats détachés par l’Impératrice pour la mission de Vakalor avait ainsi pris le départ longtemps avant l’aube, Altir à leur tête, devançant de leur lente progression, les montures rapides et les jambes entraînées du gros de la troupe.
Le jour était maintenant levé et la rincée du matin se calmait à nouveau laissant apparaître entre les nuages noircis quelques timides rayons de soleil qui ne permettaient pas de réchauffer un tant soit peu les corps frigorifiés par la nuit encore récente et les averses et les gelées des derniers jours. Dans le ciel sombre une nuée de volatiles cendrés voila un instant la clarté incertaine de l’astre maladif. – Jour faste pour les corbeaux ! marmonna Vakalor.

Le Lion Rouge monta en scelle. Son puissant méhara tyrannisa quelques instants le pavé de la courtine avant de s’élancer vers l’extérieur de la petite enceinte où un soleil timide tentait maladroitement de prendre ses aises entre deux épisodes pluvieux. Bergemir relâcha alors les rênes des chevaux des Capitaines de Vakalor qui gambadèrent avec enthousiasme à la suite du cheval de tête. Alors que Fraakhen et Eraklin passaient au petit trop la haute poterne de pierres froides de la courtine centrale, la monture du Général achevait sa petite chevauchée à l’extérieur et revenait à pas maîtrisés vers les hommes qui saluait le départ de la petite troupe. Vakalor amena sa monture près de son ami Bergemir à qui il adressa un bref salut du chef.

- Souviens-toi de la tâche qui t’incombe Bergemir ! lui lança le Général. – L’Empire à aussi besoin de toi ici. Et tu sais pourquoi. Et il frappa Kavandril au garrot afin d’élancer à nouveau celui-ci à l’extérieur de l’enceinte.

Le fer des sabots martela les ruelles de la forteresse et le clip clop régulier de la monte vint se répercuter avec vigueur et fracas contre les façades des bâtiments à demi éveillés.

A l’extérieur de la forteresse attendaient maintenant quelques 4 000 cavaliers et piques sous des étendards au Lion Rouge et trois lunes claquant au vent frais du petit matin. Il y avait là la garde rapprochée du Général, ainsi que ses amis et plus proches capitaines, l’immense Eraklin et l’énigmatique Fraakhen. Les fantassin et les chariots de vivre et d’équipement étaient partis avant le lever du jour mais les cavaliers auraient tôt fait de les rejoindre et de compléter ainsi l’équipée.
Des badauds matinaux étaient là pour saluer le Gouverneur d’Osgiliath en partance pour une nouvelle campagne qu’ils rêvaient victorieuse. Vakalor brillait sur sa monture sombre qui contrastait avec son haubert de mailles argentées vibrionnant sous un plastron de cuir clair et un lourd manteau gris soutaché d’ours noir. Il resplendissait sous les premiers rayons du soleil, qui, enfin commençait à embraser les contreforts d'un ciel clair et lumineux.
Le Général semblait être un autre homme, ainsi préparé pour la guerre et, pour tous ceux qui ne l'auraient jamais vu dans son armure scintillante, il était évident que passait là un chien de guerre à la renommé certaine. L’habit ne faisait pas le moine, mais dans le cas présent, le Général dégageait une puissance et une assurance que seules les multiples batailles victorieuses auxquelles il avait participé pouvait lui conférer.

Les cavaliers d’Osgiliath, dont les rangs avaient été substantiellement grossis par ceux de l’Empire, descendirent tous les quartiers de la cité des étoiles pour se diriger, à trot cadencé vers le nord et en direction de l’Anórien où l’on biffurquerait ensuite vers l’est et Isengard, terme du voyage.
Les habitants de la Cité des Etoiles s'inclinaient à son approche, et ceux qui ne l'avaient jamais connus sous cette apparence guerrière furent frappés par l'image de noblesse et de force incommensurable que dégageait le grand Lion Rouge à cet instant.
Son armure d'argent, de plates fines et multiples, brillait sous le soleil naissant. Son casque fin et élégant et sculpté tel une gueule béante se pouvait apercevoir quelquefois, au détour d’un remous de la cavalcade sous le capuchon du long manteau gris et noir. A son côté, pendait un écu frappé du Lion Rouge aux trois lunes et dans son dos, dépassant légèrement de sous la grande cape grise, le badaud attentif pouvait apercevoir, sanglée à son baudrier d’épaules, Noiregriffe, la puissante et redoutable épée du Général, une des plus redoutée par les ennemis de l’Empire.


*
* *

Quelques minutes plus tard, les cornes sonnant le départ du Général ne s’entendaient plus que faiblement au loin et Amon Din s’élevait déjà parmi les nuages, observant l’armée de l’Empire qui chevauchait vers son destin guerrier.
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