Le dormeur ne doit pas se réveiller...

Sujet: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Lun 24 Oct 2011 - 21:07

"Et maintenant, messieurs, que nos paroles ne fassent plus qu'une ! Je pense qu'avant de commencer le rituel, nous devrions nous concerter sur la manière dont nous présenterons a notre maitre le monde qu'il a quitté a son retour." Ce fut Balor qui le premier, ouvrit le dernier conseil des lieutenants de Krell

"Ne devrions nous pas nous presser ? On dit que le régent a stoppé son avance et semble bâtir un fort non loin des frontières." Dit Glor, le capitaine de la garde pourpre en enlevant son casque de guerre

"Ce régent est trop loin pour arriver sur nous avant la résurrection de notre Dieu-Roi...Et alors, malgré sa fatigue, il sera déjà bien trop puissant pour être menacé, Belakor est une arme trop puissante et..."

"La certitude est la pire ennemies des puissants et la principale faiblesse de leurs lieutenants...Commencez le rituel maintenant !" En disant cela, Finra prit le ton et la pose d'un philosophe.

"Je suis d'accord, bien que nos messagers soient déjà partit, le régent pourrait tenter une dernière percée, comme geste désespéré pour nous massacrer tant qu'il le peut encore...Nous ne sommes qu'une poignée !"

"Une poignée ? Mais autours de notre Dieu-Roi, nous sommes la plus grande des hordes !"

"Je ne suis pas venu ici pour entendre les sermons d'un homme qui n'a aucune idée de ce qu'il va affronter !...Cinquante milles hommes contre nos troupes, malgré Dol-Guldur, malgré Krell, nous n'avons aucune chance si les autres clans ne répondent pas a notre appel !"

"Ils répondrons, ils n'ont pas le choix...Ils sont liés par leur serment, Krell vivant, personne ne peut s'opposer a Sa volonté, c'était ainsi et cela sera toujours ainsi." Keol avait l'air certain de lui en disant cela, on ne pouvait lui en vouloir, lui qui était un fervent fanatique du Dieu-Roi.

"Un serment peut, il est vrai, renforcer les cœurs, mais il peut aussi les briser...Toutefois, d'un point de vu purement mathématique, si une simple portion des clans répond a notre appel, ceux sur qui nous pouvons déjà compter, ce sera déjà bien assez pour encercler a notre tour ce Porteruine de pacotille et le briser." Larki, qui n'avais pas encore regagné la confiance de ses compagnons après sa tentative en Orient, dit cela avec l'assurance d'un chef de guerre

"Peut-être que lorsqu'il recevra notre messager, il se rangera a nos cotés de lui même ?..."

A cet instant, Finra, Balor, Glor, Larki, Keol, Koel ainsi que tous les autres orientaux présent dans la salle de commandement de Dol-Guldur se tournèrent vers le pauvre scribe qui avait dit cela, celui-ci se rétracta sur son bureau et sembla vouloir disparaitre dans un trou de souris.
Finalement, sans rien répondre, Keol reprit la parole.

"Comptez sur moi et sur mon frère pour tenir en haleine notre ennemi, il n'entreras pas dans le donjon !"

"Pourrions nous nous servir des monstres et prisonniers de Dol-Guldur a notre avantage ?"

"Il se retournerais contre nous, tels les chiens qu'ils sont...Sans maitre des bêtes, les araignées et les monstruosités de Belakor ne saurait être domptés et serait un plus grand danger pour nous, enfermées avec elles, que pour nos ennemis a l'extérieur."

"Et les champions ? Peut être pourrions nous nous servir de Lu Pu ? Il est enfermé ici depuis des années !"

"...Lu Pu ?...Se fut Porteruine qui réussit sa capture, a la bataille des plaines jaunes...Il est vrais que nous pourrions lui offrir une occasion de se venger !"

"Lu Pu s'est rebeller contre l'ordre de l'Impératrice, la suite logique du règne de notre maitre, c'est un chien sauvage qui nous mordra la main si nous lui tendons..."

"Certes, mais il peut offrir a Krell ce qu'aucun d'entre nous ne peut; un combattant capable de le suivre dans la mélée et de se tenir dos a dos avec lui."

"Et si il lui plante une dague dans le dos, nous serons bien avancés...Je doute que nous puissions ramener une nouvelle fois notre maitre a la vie dans ces conditions..."

"J'ai besoin de réfléchir...Préparez le sommet de Dol-Guldur, nous allons lancer le rituel ce soir, a la tombée de la nuit...Cela dureras un long moment, une journée...
Quant a Lu Pu...Glor, a vous de voir si vous pensez qu'il nous seras utile, mais ne le libérez pas avant que Krell ne soit de nouveau parmi nous, j'ai dans l'idée que seul notre maitre peut suffisamment impressionner ce chien pour le rendre docile."

"C'est la bonne décision, Porteruine est lui aussi a une journée de marche forcée, il n'auras pas le temps de nous assiéger avant que Krell ne soit revenu."

"Grand chamane impérial..." Balor se tourna alors vers Chaak Telzalcan
"Êtes vous prêt ? J'aurais besoin de tout votre savoir pour insérer l'esprit de notre Dieu-Roi en son corps...Je peut vous fournir l'énergie nécessaire par les sacrifices et les prières, mais je ne peut pas manier les esprits, comme vous."

Tous les regards se tournèrent alors vers le grand chamane, il était devenu très réputé depuis qu'il s'était présenté au temple de l'impératrice a Krell-Kain, depuis, tous reconnaissait en lui un véritable lien avec les âmes et les esprits.
La salle de commandement de la tour sombre était spartiate, une grande table de fer en son milieux où était accoudés tous les principaux lieutenant de Krell. Des murs sombres, faits de pierre noires où se dressaient parfois des armes d'apparat ou des torches ci-et la pour le besoin de lumière.
Du coté nord de la pièce, une grande carte, tracée par le meilleur cartographe de l'Orient, représentait le monde connu a l'Est des terres du milieux et s'arrêtait simplement a l'Ouest vers le val d'Anduin.
Autours des lieutenants de Krell, une dizaine de gardes pourpres gardaient la salle, statues d'aciers tournant parfois la tête pour ne pas qu'on crois qu'ils dorment.

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Mar 25 Oct 2011 - 15:15

La dernière réunion des lieutenants de Krell avant sa résurrection allait se terminer. Il était temps pour chacun d'eux d’exécuter leur part du plan afin que leur défunt empereur puisse accomplir son dessein et revenir régner sur son empire.

Dans la salle de commandement de la tour de Dol-Guldur, Chaak ne se sentait pas vraiment à l'aise. Cette immense forteresse sombre et sans vie lui avait rappelée à quel point la chaleur et le sable du désert de sa tribu natale lui manquaient. Plutôt habitué à l'architecture orientale, il n'avait encore jamais rien vue de semblable et était déstabilisé par ce sentiment de peur qui régnait dans l'enceinte de la forteresse et les nombreux esprits tourmentés qui rodaient dans l'air sans but et plein de hargne.

Chaak avait accompli le voyage jusqu'à Dol-Guldur d'une traite afin d'arriver en temps et en heure pour l’exécution du plan de son Dieu. Le long trajet effectué seul et l'ampleur de la tâche à accomplir avait fait que le chaman était arrivé épuisé à la forteresse, mais voir Balor, le grand prêtre de la religion de Krell l'avait rassuré. Certes, ce serait à Chaak et à lui seul de guider l'esprit de l'empereur dans son corps mais il savait qu'avec le grand prêtre à ses cotés, cette opération n'était pas vouée à l’échec.

A la fin de réunion, Chaak s'adressa à Balor:

"Tout est en place grand prêtre. Le rituel peut commencer. Mais sachez qu'il ne sera pas aisé de redonner vie à notre Dieu. Son esprit est puissant et féroce, il demande du sang, beaucoup de sang."

Le chaman savait pertinemment que guider un esprit comme celui de Krell à travers les ténèbres ne seraient pas une partie de plaisir. L'âme du défunt empereur était en colère et il ne savait pas si une fois dans le monde des esprits Krell se laisserait guider par un simple chaman. Mais la peur et la pression avait laissé place à l'excitation et Chaak était parfaitement conscient de ce qu'il devait faire et de la marche à suivre. C'est donc confiant que le chaman entama le rite de résurrection.

"Balor, je vais avoir besoin d'un premier sacrifice maintenant, je dois préparer l’élixir qui permettra d’encrer l'esprit de Krell dans son corps une fois que je l'aurai ramené."

Le rite de réincarnation était une cérémonie en trois phases qui demandait beaucoup d’énergie et de temps. Pour la première étape, Chaak devait entrer dans le monde des esprits et chercher l'âme de Krell afin de la guider vers son corps. Pour cela il prépara une potion contenant divers plantes psychotropes, allant du simple tabac au cactus que seul l’extrême est du désert du Rhùn pouvait voir naître. Avant l’exécution du rite, Chaak rappela à Balor les instructions auxquelles il devait obéir s'il voulait voir l'opération réussir.

"Souvenez-vous Balor, pendant que je serais dans le monde des esprits, continuez à tuer des esclaves régulièrement. Ces sacrifices attireront l'esprit en furie de notre Dieu et n’arrêtez jamais de prier. Je ne sais pas si je serais assez fort pour ramener à moi seul l'empereur et j'aurai besoin de toute votre aide pour attirer l'âme vers son corps."

Chaak marqua une pause pour bien marquer l'importance des taches que devait accomplir le grand prêtre, avant de reprendre en montrant du regard les tas de bois qui avaient été déposés tout autour du corps sans vie de Krell.

"Surtout n'oubliez pas, grand prêtre, dès mon retour du monde des esprits, vous devrez allumer ce feu afin que l'âme de Krell retrouve son corps."

Le feu permettait de guider les esprits orientaux et suivant son intensité, il pouvait permettre à ceux qui ne sentent pas la présence des esprits de savoir si quelqu'un se trouve parmi eux.

Il était maintenant grand temps de commencer le rituel de résurrection. Chaak avait terminé de préparer sa potion qui lui permettrait d'entrer en transe et il lui restait un dernier acte cérémonial à réaliser avant de partir pour le monde des esprits. A l'aide d'une dague orientale, le chaman se fit une entaille dans le creux de la main. Le sang qui en sortit, Chaak le fit couler sur le torse nue de l'empereur encore sans vie. Ainsi il mettait un repère sur la cible de l'esprit qui reconnaissant celui qui le guide depuis l'au delà jusqu'au monde des vivants. Après s'être bandé la main, Chaak était fin prêt et il but le mélange qui devait l'emmener dans le monde des morts.

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Mer 9 Nov 2011 - 16:29

Alors que le chaman était en train de boire sa potion brunâtre et amère, des esclaves présents dans la salle entamèrent les premiers sons d’une longue mélodie. Les bruits sourds des tambours vinrent faire échos aux premiers pas de danse de Chaak. Ses gestes étaient brutes et dénués de grâce, mais l’objectif n’était pas d’offrir un beau spectacle. Les pieds du chaman heurtaient le sol au rythme des tambours tentant de faire vibrer son espace comme résonne le sacré monde de l’invisible. Ses mouvements étaient surs et précis et au fur et à mesure que la cadence des tambours accéléraient, le chaman se sentait empli d’une nouvelle énergie.

Après de longues minutes de danse et de cris sombres, les premiers effets de la potion firent leurs apparitions. Le chaman allait perdre l’usage de ses cinq sens au fur et à mesure que les bruits de tambours se faisaient plus forts et puissants. Sa vision devint trouble et les contours des formes autours de lui se firent de plus en plus indécis. Les couleurs de la pièce où il se trouvait avant si ternes devinrent plus prononcés et chaudes : le gris sombre des pierres des murs laissa sa place à un ton ocre doré plus chaleureux, envahissant la totalité de la vision du chaman. Le son des tambours faisait maintenant écho aux sons de la terre, des plantes et des animaux. Il était maintenant en total adéquation avec tout ce qui vit et ce qui a vécu. Enfin, les odeurs de tabac et de sang finirent de compléter la transe du chaman. Il était maintenant en communion et en connexion avec l’ensemble de la terre et de la nature.

Une énergie envahie alors l’ensemble de Dol-Guldur et ceux présent dans la pièce qui ne purent avant sentir la présence des esprits étaient maintenant imprégnés par la sensation étrange de sentir des présences aux alentours. Chaak leva immédiatement la tête vers Père le ciel et entama alors son chant aux esprits. Il n’était pas composé de paroles mais simplement de sifflements, de cris d’animaux et de sons graves. Ce chant permettait à Chaak de communiquer avec le monde des esprits. Suivant le rythme des incantations, ces chants pouvaient servir à de nombreux rites comme la guérison où il pouvait faire appel à l'esprit d'une plante ou aux rites d’introspections pour guider les non-initiés.

C’est donc grâce aux tambours, à la danse et à ses chants dans un langage indescriptible que le chaman en appelaient aux grands esprits, comme l'esprit du feu ou l'esprit du serpent emblème de la tribu natale du chaman, pour guider le Dieu-Roi jusqu’à son corps. La longueur de cette opération dépendait de la nature de l’esprit. Si ce dernier obéissait et se laissait guider alors il pouvait retrouver son corps rapidement mais si l’esprit n’était pas en paix et qu’il était perturbé alors le rite pouvait durer des heures voir ne pas fonctionner. Maintenant la suite des opérations dépendait de l’esprit de Krell et seul des sacrifices et des prières pouvaient apaiser cet esprit coléreux et lui permettre de retrouver son corps.

Dans les ombres et les méandres du monde des morts, sujet aux aberrations physique laissant au mieux perplexe et au pire déroutés les esprits les plus agiles. Krell passait son temps, infini s'il en est, a hanter les rêves et les cauchemars de ceux qui peuvent, d'une manière ou d'une autre, servir ses plans de résurrection et de reconquête du pouvoir...

Alors que le rituel commençait, Krell se trouvait non loin, en fait, il était même a quelques mètres des prêtres qui le servait loyalement.
Lorsque le premier sacrifice fut fait, l'âme désincarnée du Dieu-Roi se sentit plus forte et plus vivace que jamais, de l'état d'éthérée sans pouvoir autre que hanter, il se sentit brusquement a nouveau sujet a cette rage, cette soif de sang qui faisait de lui l'un des plus mortel guerrier des terres du Milieux.
Lentement, il se déplaça vers ce qui lui semblait être son corps...Pathétique enveloppe de chair nécrosée, entamée par le temps comme l'est la plus infâme hutte...Si il avait encore eu un cœur, il aurait sans doute versé une larme, voyant ainsi son enveloppe charnel si peu propre a la réalisation de sa première et dernière volonté : La guerre.

Tandis que le monde changeait autours de lui, en adéquation avec le rituel morbide qui s'y faisait, Krell se sentit lentement plus vivant que jamais auparavant, le monde semblait l'appeler, le diriger vers ce corps qui n'était plus celui d'un vivant...
Les gardes pourpres, autours d'eux, semblait maintenant chercher des yeux ce qu'ils ressentait comme la présence de milles et une âme, les fixant...Et il n'avait pas tord, nombreux était les esprits des morts a vouloir se réincarner dans cette enveloppe...
Hélas pour eux, dans la vie comme dans la mort, la volonté du Dieu-Roi n'était pas commune, il repoussa bientôt cette légion de fantôme, usant de ses cries comme de ses maléfices et de son énergie, l'usage de ce cadavre lui était réservé et personne ne pouvait plus l'empêcher de faire ce pourquoi il était mort : Revivre.

Alors que les cadavres des sacrifiés tombaient les uns après les autres, Krell se sentait de plus en plus puissant, a telle point que bientôt, tous purent voir une forme éthérée, composée de brume pourpre comme le sang, lentement se déplacer vers le cadavre au centre de la pièce, il n'était plus une ombre, ni simplement un esprit, il était comme une sorte de dieu barbare, âme défuntes révérée par ses anciens acolytes.
Krell était si fort qu'il se sentait capable d'apparaitre dans les endroits les plus protégés des terres du milieux, il se demanda même si il oserait, ainsi au summum de sa force, aller rire de Sauron en personne.
Il n'en fit rien et finit par repousser cette idée suicidaire, avant de poser son attention sur son cadavre...
Lentement, les gardes purent voir la forme gazeuse être absorbée par le corps du défunt Dieu-Roi, et tous, a cet instant, purent entendre le rire sinistre d'un esprit malade résonner dans les pierres froides de la tour sombre.

Chaak était toujours coupé du monde des vivants et il ne pouvait voir et sentir ce que les gardes pourpres et les autres personnes présentes ressentaient. L’esprit de Krell était bien présent en ces lieux et plus que jamais il brulait d’une force terrifiante. Heureusement pour les non-initiés aux rites chamaniques, Balor était présent dans la pièce et Chaak était persuadé qu’en son absence, le grand prêtre s’occupait de tout et évitait les débordements dus à la peur engendrée par la présence du Dieu-Roi. Car même les non-initiés pouvaient maintenant sentir et voir une présence se matérialiser devant eux, et bien qu’il s’agissait de leur roi, devant un tel déchainement de puissance, qui sait comment chacun aurait pu réagir.

Mais plus que dans le monde réel, s’était dans le monde des esprits que la puissance et la rage retrouvés de Krell faisait des ravages. Jamais de son existence, Chaak n’avait ressenti une si troublante énergie. Il comprenait mieux maintenant pourquoi s’était Krell et non un autre oriental qui avait guidé son peuple jusqu’à son apogée. Comment pouvait-il en être autrement en voyant la débauche d’énergie qu’il utilisait pour intimider les vaillants esprits qui tentaient de conquérir son enveloppe charnelle.

Il était maintenant temps pour le Dieu-Roi de retrouver son corps. Les sacrifices et les chants de Chaak avait fini de rendre sa puissance à Krell et il était maintenant suffisamment fort pour reprendre le contrôle de son corps. Alors que les effets de l’élixir s’estompaient, Chaak se sentit revenir à lui. Son corps était faible et s’était à peine s’il pouvait encore tenir debout. Le chaman s’empressa alors de crier ses ordres à Balor :

« Le feu ! C’est maintenant ou jamais ! »

Balor qui se tenait alors devant la dépouille du défunt Krell se hâta de prendre une torche sur le mur de pierre et enflamma le lit de branches qui entourait le cadavre. Le feu était le dernier élément nécessaire au rite de résurrection. Pour les orientaux, l’esprit du feu était sacré et il permettrait à Krell de revenir dans son corps. Chaak se tenait essoufflé au côté de Balor et ses chants résonnaient dans toute la forteresse de Dol Guldur faisant écho au rire sinistre de l’esprit de Krell. Le grand chaman put voir l’esprit de Krell sous une forme quasi humaine traverser la pièce et venir se coucher sur son ancien corps.

Voilà c’était le moment tant attendu. Dans un geste précipité, Chaak se saisit d’une dague posée à proximité et avec cette lame affutée, il marqua sur le torse du corps encore sans vie de Krell, un sceau que seul les Khitan, plus grands chamans de l’Est connaissaient et qui permettait d’ancrer l’esprit dans le corps. Ainsi le rite était terminé et il restait juste à attendre pour voir si la résurrection avait fonctionné.
Soudain Chaak fut pris de vertige et il dut se rattraper au mur pour éviter de tomber. Ce rite était le plus complexe et le plus difficile à réaliser pour un chaman. La concentration extrême et la force d’esprit qu’il demandait avait couté beaucoup d’énergie à Chaak. Sa vision commença à se voiler et ses jambes se dérobèrent sous son poids. Il était faible maintenant et il ne tarderait pas à s’évanouir. Mais dans une dernière vision, Chaak put distinguer une silhouette impressionnante se lever au milieu des flammes virevoltantes.

« Krell est de retour… »

« Krell est de retour… »

Tandis que les mondes matériel et immatériel se divisaient à nouveau pour ne plus rien laisser paraitre des esprits et autres damnés encerclant le corps de l’ancien Dieu-Roi, celui-ci se dressait, lentement, sur des jambes qui n’étaient plus censées supportées le moindre poids.
La lenteur dont faisait preuve l’ancien cadavre pour retrouver son souffle avait quelque chose de terrible, comme si cette folie n’aurait jamais dut se passer…Et pourtant, preuves avec les regards médusés et euphoriques des gardes pourpres alentour, Krell était bien vivant.
Vivant, oui, car après près d’une minute d’un silence qui ne laissait que les bruits d’incinérations provoqués par les torches accrochées au mur gênées le vide sonore, le torse a la peau nécrosé se gonfla d'air pour la première fois depuis bien des lunes.
Alors que l’ancien dirigeant des terres a l’Est des monts brumeux levait les bras d’un air médusé par sa propre forme corporelle, fixant ses avants bras, ses mains puis son corps comme un homme prenant conscience de son existence.
Après une autre minute de silence, qu’aucun n’osait briser par appréhension de ce qu’il venait de se passer, la bouche du revenant s’ouvrit, d’abords dans un spasme de souffrance et d’indignation, un cri portant toute l’horreur et la joie de sa nouvelle condition vint très vite renforcer l’aspect pitoyable qu’eut a cet instant très précis l’ancien Dieu-Roi.

Mais bientôt, le cri se transforma, a l’image du visage du deux fois né. L’horreur se transforma en jubilation, la joie en allégresse, la face nécrosée du revenant arbora bientôt un sourire a faire fuir une légion d’orcs, tandis que ses cordes vocales desséchés, a peine capable de produire plus qu’un sifflement macabre, laissèrent filtrer un rire qu’on aurait certainement attribué en temps normal a un jeune enfant retrouvant un jouet perdu depuis longtemps.

Après ces expressions diverses et variés, la carcasse de Krell s’affaissa quelque peu, sa tête et ses yeux tournaient lentement autours de lui, afin d’apercevoir avec les yeux d’un vivant le monde, coloré et si plein de substances, qu’il avait quitté en même temps que son corps et qu'il redécouvrait aujourd'hui.

Mais bientôt, la face ravagée par l’usure du temps se fixa sur un point bien précis et des yeux d’un homme ayant connu la mort se plantèrent dans ceux du grand chaman de l’Orient.
La carcasse leva lentement le bras vers Chaak et dirigea un index dans la direction de ce dernier.
Les lèvres noir du Dieu-Roi s’entrouvrirent alors et d’une voix haletante, d’outre-tombe, provenant certainement plus du fond des abysses que de poumon et de cordes vocales, il dit ceci :

« Chaak Telzacan…Grand chaman de mon empire en miette…Tu as accompli ta tache avec brio…Désormais, l’Orient sera a nouveau dirigé par celui qui a fait d'une nation d'esclaves les formidables guerriers que l'on connais aujourd'hui…Pour te remercier, je t’accorde une faveur…demande moi ce que tu désire…pouvoir, femme, or, terres…J’ai une dette de vie envers toi, n’ai aucune crainte ni limite dans ton choix…Ton dieu t’accorde un souhait…
Pour le moment, repose toi, mon fidèle parmi les fidèles, je veillerais personnellement a ce que ton repos soit calme.»

Alors, réalisant enfin ce qu’il venait de se passer, la douzaine de gardes impériaux qui formait un cercle autours de l’autel d’invocation se placèrent tous a genou, devant leur seul véritable maitre, enfin retrouvé.

« J’ai dormit bien trop longtemps…Mon corps…Arrive a peine a me tenir…Finra, où est Finra ? »

Sortant alors des ombres derrières les portes entrouvertes, L’elfe mentionnée frappa de sa poigne son armure a l’emplacement de son cœur.

« Je suis la, mon seigneur, ne vous inquiétez pas, cet homme a fait d’un mort un vivant, je me montrerais bien capable de redonnez a vos muscles toutes leur ancienne puissance…Sans votre âme dans ce corps, je ne pouvais pas user de mon art pour vous restaurez aussi vite que vous l’auriez voulu, mais désormais, ma seule limite sera le temps que vous voudrez bien restez en convalescence. »

Se joignant aux dialogues, Balor intervint.
« Mon dieu ! Mon empereur ! Vous êtes revenu, désormais rien ne nous arrêteras ! Je vais immédiatement faire savoir à tous… »

« Non ! Pauvre fou, tu dirais a tous mes ennemis que je suis de retour, alors que je ne suis qu’un cadavre avec un cœur qui bat ? Alors que nous ne sommes que quelques centaines pour plusieurs dizaines de milliers de guerriers, combattants, soldats, nobles et mercenaires qui ne demande que de voir les reste de mon empire tombés en miette pour se repaitre des fragments d’un pouvoir qui faisait autrefois trembler Sauron lui-même !...
Il nous faut un plan, je ne laisserais pas mon peuple sombré a nouveaux dans une guerre civile...Pas de mon vivant, non.
Mais, avant de penser a tout cela, je veux récompenser ceux qui se sont montrés loyaux envers moi…
Chaak, si tu veux me donner une réponse plus tard, le temps que tu réfléchisses bien au souhait que tu va formuler, libre a toi. Tu peux obtenir ta récompense immédiatement comme la réclamer dès que tu la voudras.

Finra, Balor, votre tour viendra…mais sans cet homme, qui a sut dès le début sentir mon esprit dans les limbes du temps et de l’espace, je ne serais encore qu’un vulgaire spectre, espionnant a travers les âges et les lieux pour en apprendre plus sur ce monde… »

Pour le moment, toute l’attention du revenant était figé sur le chaman apathique. Krell avait beaucoup de choses a faire et alors que son esprit divaguait déjà sur les manières de reprendre le contrôle de son empire, ses yeux restait fixés sur les pupilles du haut chaman de l’est qui sombrait dans le sommeil.

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Ven 11 Jan 2013 - 14:01

"KRELL! SI TU ES EN VIE, VIENS AFFRONTER TON DESTIN!!!"

"Et rappelles-vous! L'Empereur est à moi!"

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Mar 15 Jan 2013 - 18:12

Ainsi, l'heure de l'assaut avait débutée, les fiers gardes pourpres étaient tous impatients d'en découdre pour défendre leur maitre. Mieux que personne, ils savaient combien leur seigneur avait déjà tout préparé, tout calculés.
En tous les cas, le doute ne leur était plus permis, aveugles vassaux d'un tyran immortel qu'ils étaient.

Alors que les plans de Sefir se déroulaient a merveille, Krell se trouvait dans sa chambre, entouré qu'il était par une demi-douzaine d'esclaves, veillant a son bon plaisir, les clameurs du combat le sortirent de ces occupations charnelles. Tandis qu'il enfilait au plus vite son armure de combat, une vingtaine de gardes pourpres se présentèrent a la porte.
Ces gardes impériaux étaient l'élite de l'élite, les seuls capable de suivre leur maitre au combat sans se trouver distancés, ils étaient devenus tout naturellement sa nouvelle garde impériale. Hashtor, fils d'Hektor, commandait cette troupe en devenant le nouveau sang mêlé de son seigneur, ce fut lui qui le premier pris la parole

"Maitre, comme vous l'aviez prévu, nos ennemis ont utilisé la ruse, nous sommes attaqués sur deux points en même temps."

"Sans rire ? Alors nous avons du travail mes brebis, cinquante milles cadavres a enterrer !"

Personne n'eut rien a rajouter, et cinq minutes plus tard, vingts et un guerriers en armures lourdes descendait les petits escaliers de la tour sombre avec la ferme intention de reprendre la porte.

L'excitation palpable avant un combat d'exception était palpable chez ces hommes. ils allaient d'un pas rapide et concentré, en rang et deux par deux a l'exception de Krell qui avait pris la tête. Alors qu'il ne restait que trois tournant a prendre pour arriver aux portes avant de la tour, un guerrier oriental allié en fuite passa devant l'empereur et sa garde.
Apercevant Krell et le regard plein de fureur que portait le dieu sur le guerrier, ce dernier se jeta a ses pieds et bredouilla quelque chose comme ceci :

"Mon seigneur ! Mon Dieu ! Aidez nous, l'ennemi est partout !"

Ne prenant qu'une seconde de réflexion, la réaction de l'empereur fut rapide. De son énorme gantelet griffu, il saisit la tête du lâche avant de le soulever au dessus du sol, comme si il n'avait qu'une mouche entre ses doigts.
Lentement, parlant a voix très basse après avoir rapproché ses lèvres des oreilles du guerrier, afin de n'être entendu que par lui et pour cacher le bruit que faisait les bruits répétés des vains coups de poing qu'infligeait a ses poings le malheureux sur l'armure renforcée du mort vivant couronné.

"Regarde...Regarde autours de toi, moucheron...Ne remarque tu pas que vous êtes tous, amis comme ennemis, forts et faibles, des morts utiles ? Ne sent tu pas combien chaque décès ici me remplit d'une joie indicible ?...Alors réjouis moi en silence !"

Puis, sans attendre de réaction, il saisit de son autre main l'épaule du geignard qui sentit le coup venir, car un cri brusquement interrompu par un bruit de vertèbre arraché fut le dernier son émit par sa gorge.

"Nous ne devons pas connaitre la peur...Avançons."

Un dernier tournant a prendre, et le groupe serait dans le hall de la tour sombre, juste derrière les porte qui ménait au combat. Krell commençait a rire de manière nerveuse et subite en imaginant les sévices qu'il allait infliger aujourd'hui, mais une voix, issu du champ de bataille, vint le provoquer.

* "KRELL! SI TU ES EN VIE, VIENS AFFRONTER TON DESTIN!!!" *

L'empereur ne savait pas vraiment comment se faisait-il qu'il puisse entendre ceci, mais Krell n'en avait pas vraiment cure...Et alors qu'il s'approchait lentement des portes de Dol-Guldur, des nuages étranges vinrent cacher la lune et les étoiles, l'air se refroidissait, le noir du ciel laissait doucement place a un rouge sombre et les chamanes de l'armée du Porteruine se mirent alors a hurler, certain de peur, d'autres de douleurs, mais leur cris soudains ne furent que l'introduction de quelque chose de bien pire.

Krell observait le combat que s'opposait les gardes pourpres et les rebelles dans la cour de sa belle tour...Un combat d'une beauté rarement égalé. La mort fauchait partout et si vite ici...
Un grand sourire invisible du fait de son casque de guerre vint sur le visage du Dieu de la guerre, un rire sombre, gras et semblant issu des profondeurs de la terre fut audible pour tous, et a l'instant, tous surent qu'ils étaient sous la vue d'un être quasiment divin, tant l'impression de violence déchainée et de cruauté brutale était sensible dès l'instant où fut audible ce rire.

Alors que les gardes pourpres qui faisaient office de garde du corps rejoignaient la mêlée en passant devant Krell, celui-ci baissa lentement la sombre capuche couleur nuit qui cachait jusqu'alors le casque du Dieu-Roi.
Tandis que le tonnerre résonnait et qu'une pluie brutale, semblable a celle d'une tempête, commençait a s'abattre sur les combattants, Krell, lentement, levait les bras, afin que ses esclaves enlèvent le reste du manteau obscure, révélant la nouvelle armure de l'empereur de l'est.
Le casque de guerre était de couleur argenté a l'image d'un démon rugissant, cornu et protégeant la tête en entier, hormis deux petites fentes rondes pour les yeux, d'où s'apercevait deux lueurs rouge sombre. Le torse était protégé par une armure de plaque, rouge, noire, argentée et dorée a différents endroits, le tout était très esthétique mais de nombreux cranes et pointes effilée rendait le tout assez peu engageant. De larges épaulettes, la gauche en forme de crane, sur son rebord avant était cloué la tête encore saignante d'un homme, la droite a l'image d'un taureau, dans les mêmes tons de couleur que la plaque pectorale. Les mains étaient de courtes griffes blindés, qui semblait largement capable de trancher dans la chair, au vu de leur tranchant.
Les jambes n'étaient pas en reste, chaines, pointes sur les genoux, massives chausses d'acier...
Et c'est dans un accoutrement pareille qu'apparut, au yeux de beaucoup d'hommes, l’incarnation même de ce qu'était la terreur.

"Je suis Krell, Dieu-Roi immortel des hommes a l'est de l'Anduin, et vous, vous êtes tous morts !"

Comme pour servir de ponctuation a cette phrase, un éclair de couleur pourpre vint frapper en plein milieu de la cour de la forteresse, frappant un rebelle entre Sefir et Krell.
Et c'est avec cette introduction et en poussant un hurlement de bête assoiffée de sang que le Dieu-Roi chargea a son tour.

Le premier guerrier a accuser sa charge tomba littéralement sous le choc de l'épaulette, Krell ne leva qu'un pied avant de briser ce qui était auparavant un casque de guerre en acier, la cervelle se mêla au fer tordu et la plupart des hommes autours reculèrent brusquement en voyant la puissance brute du monstre qui se déchainait sur eux.
Puis, Belakor, la hache maudite, vint entre les mains de l'empereur, et une tornade de sang prit forme dans la mêlée. Fauchant souvent deux guerriers dans le même coup, la hache de Krell allait et venait sans cesse, pénétrant pierre, acier et chair avec autant de facilité.
Un guerrier reçu un coup qui le coupa en deux, net et de bas en haut. Bientôt, la terreur s'emplit dans le cœur des adversaires qui pouvait voir la puissance physique, mais aussi les grandioses capacités martiale de l'empereur, qui faisait de lui une véritable tempête en mouvement, fauchant les guerriers comme le paysan fauche le blé. Sa hache était redoutable certe, mais seul un homme ayant dut se battre toute sa vie pouvait se servir aussi bien de son corps comme d'une arme. Nombreux furent ceux qui, broyés, fracassés, écrasés, périrent sans même connaitre Belakor.

Un soldat un peu plus courageux que les autres s’avança vers Krell alors qu'il avait le dos tourné, un simple mouvement de son pied gauche vint briser net la jambe du soldat, pourtant en armure et dans le dos de l'empereur.
Le soldat tomba au sol en un cri, et finit écrasé par une foule de ses camarades tentant d'échapper au Dieu-Roi.

Alors que déjà une trentaine de cadavres entourait le Dieu-Roi, faisant de leur morts une pyramide pour que Krell domine le reste du champ de bataille, un autre rire vint frapper les oreilles des combattants, celui-ci était encore plus puissant que le dernier et des dizaines d'éclairs vinrent frapper la tour et ses environs, tuants au hasard un ou deux combattants.
Bien au dessus des autres, Krell regardait le reste de la mêlée, qu'il avait très fortement influencé, beaucoup de tireurs le visait, mais aucun des traits destinés a le blesser ne touchait leur cible, le Dieu-Roi semblait doué d'une chance de tous les daibles.
Un capitaine anonyme de l'armée de Sefir décida de tenter a chance et gravit la pyramide, Krell n'eut qu'un pas de coté a faire pour qu'un tir qui devait a l'origine le toucher vint se planter dans la gorge du malheureux capitaine, et c'est accompagné d'un rire mauvais que celui-ci dégringola la montagne sous les yeux effarés de ses subordonnés.

"Ma puissance est sans égale...Fuyez, sauvez vos misérables vies, soudards de pacotilles, vous n'êtes rien comparés a la garde pourpre et a l'empereur de l'est !"

Galvanisé par les prouesses martiales et par la présence de leur maitre, les gardes impériaux redoublaient d’effort et, dans la folie furieuse de la mêlée, étaient telle des rochers sur lesquelles venait s'écraser les flots de soldats ennemis.
Tout en hurlant a ses troupes les ordres nécessaires a la victoire, le Dieu-Roi fixait la mêlée d'un air attentif, quelqu'un la dedans était spécial...Il le sentait, un homme dans toute cette armée ennemie était capable de lui faire véritablement gouté a la souffrance et cela attisait grandement la fierté combattante de l'empereur.

"Où est-tu ? Me voila, prêt a me battre ! Viens et montre moi qui tu est et je prouverais que nul ne peut se tenir devant moi !"

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller... Mer 16 Jan 2013 - 22:28

[HJ: Pfiou, je suis un peu rouillé, moi, mais ça commence à revenir ^^ ]

L'entrée de Krell fut fracassante, et, après la démonstration de violence dont il fit preuve, il y eut un temps pendant lequel nul homme n'osa se jeter sur lui. Tandis que, depuis l'amoncellement de cadavres qu'il avait érigé, l'Empereur mort-vivant contemplait le charnier qu'était devenu la cour, les combats cessèrent, les hommes de Sefir reculant sur leurs positions, adoptant d'instinct les formations de combat qui devaient augmenter leurs chances de victoire. Pendant quelques secondes, plus aucun son ne vint à percer la nuit. Jusqu'à ce que le bruit de deux paumes se rencontrant se fasse entendre. Les rangs des soldats s'écartèrent pour laisser passage au Porteruine. La tunique blanche était maintenant mouchetée du sang de ses ennemis, la ceinture d'étoffe rouge ne faisant que renforcer l'impression que c'était là l'état normal de la tenue du Régent, qui continuait à applaudir sur ce rythme lent, moqueur. Ses vêtements étaient maintenant déchirés par endroits, et certaines de ces déchirures laissaient voir une estafilade ou une écorchure. Des blessures bénignes, que n'importe quel guerrier pouvait ignorer sans peine, et qui attestaient de la ténacité des Gardes Pourpres.

"Très impressionnant. Ta mort ne t'as donc pas appris que tu n'es qu'un homme parmi les autres? Non, bien sûr... Tu es trop fier même pour savoir quand tu es vaincu. Tu n'as jamais su...quand il fallait baisser la tête!"

Et, sur la fin de cette phrase, hurlée, l'assassin dégaina Fatalité et se jeta sur son adversaire. La distance entre les deux guerriers diminua rapidement. Très rapidement. Trop vite, en fait, pour Krell, pour n'importe qui. Passant sous le coup que tenta de lui porter le colosse, le Porteruine virevolta, et la pointe de son épée s'infiltra entre deux plaques, perçant la peau de bête que portait l'Empereur sous son armure, mordant la chair. Le combat dura ainsi quelques temps, sans qu'une issue ne semble s'approcher. Sefir était trop rapide pour la hache de Krell. Il se battait sans effort, ne cherchant pas à parer les coups furieux de l'Empereur, épousant les mouvements de ce dernier pour toujours rester dans un angle mort, tandis que son épée, avec une précision chirurgicale, venait s'infiltrer dans les failles de l'armure, y laissant à chaque fois une entaille cuisante. Le Porteruine rompit le combat, estimant que ce petit manège n'avait que trop duré. Les blessures qu'il avait infligé à l'ancien Empereur auraient du le laisser au moins gêné dans ses mouvements: les failles des armures de plates sont systématiquement situées au niveau des articulations et sur l'intérieur des membres. Il savait que ses coups avaient porté, le sang, épais et poisseux, qui gouttait lentement sur le métal de l'armure du Dieu-Roi en était une preuve suffisante.
Alors pourquoi ce dernier était-il toujours debout et aussi en forme que lorsque leur duel avait commencé?

"Décevant... Tu me déçois, Krell. Ta technique est rudimentaire. Tu ne connais que la force. Et si tu n'étais pas plus impie encore qu'avant ta mort, tu serais déjà par terre... Ceci étant, je dois aussi reconnaître mon échec."

La bouche de Sefir se tordit alors, d'abord en un rictus, puis en un sourire carnassier.

"Ce qui signifie qu'il est temps de passer aux choses sérieuses..."

Et il repartit à l'attaque. Mais, cette fois, la danse était différente. La première fois, il s'était contenté de rester hors de portée et de ne porter que des attaques de faible envergure, destinées à handicaper son adversaire avant de porter le coup fatal. Maintenant, chacun de ses mouvements n'avait qu'un seul but: transférer le maximum d'énergie dans la lame de son épée. Un premier coup de taille vint riper sur le plastron de Krell dans une gerbe d'étincelles, laissant sur l'armure un sillon rouge qui cessa de luire quand l'acier se refroidit. Fatalité semblait tout aussi déterminée que Sefir à blesser Krell. Bien conscient qu'il n'avait pas, malgré son entraînement, sa condition physique et la sensation de puissance qui l'avait envahi depuis le début du combat, la force de bloquer les coups de son adversaire, il se contentait de les esquiver, notant que ses dérobades devaient commencer à agacer le titan qui lui faisait face: les attaques devenaient plus complexes. Rien qui n’inquiétât Sefir outre mesure: elles relevaient plus des méthodes réservées à un adversaire particulièrement coriace, qu'on utilise que rarement. Erreur typique d'un grand guerrier: croire qu'on ne tombera jamais sur son égal. Sefir, lui, cherchait ardemment quelqu'un qui puisse lui tenir tête.

Et la danse des deux chefs continuait. Chaque attaque de Krell était immédiatement sanctionnée d'une esquive et d'une riposte qui laissait sa marque sur l'armure du Dieu-Roi. Chaque coup que Sefir portait donnait lieu à une nouvelle tentative, sauvage, puissante, de mettre fin à sa vie aussi brutalement que possible. Les combats autour d'eux avaient repris, mais ils semblaient pathétiques eut égard au duel de ces deux guerriers-nés. Deux hommes, façonnés pour la violence et la mort, chacun à leur façon. Deux esprits qui en cet instant n'étaient plus obnubilés que par la manière dont ils allaient anéantir l'autre...
Sautant par-dessus un coup de taille d'une puissance gargantuesque, l'assassin découpa dans le cuir qui maintenant une épaulette en place, laissant Krell avec une épaule qui n'était plus totalement couverte de métal, et un morceau de métal bringuebalant sur son armure. Voilà qui n'allait pas aider sa balance. Le sourire du guerrier disparut cependant bien vite quand vint la vicieuse contre-attaque: le poing de l'Empereur se dirigeait maintenant à grande vitesse vers lui. Il parvint à éviter le choc, mais au prix de son équilibre, et il se retrouva bien vite à rouler par terre, dans les cadavres et le sang, pour se mettre hors de portée du colosse: il venait de perdre un avantage tout juste gagné, sans vraiment avoir réussit à l'exploiter.

"Tu pense pouvoir tenir le rythme longtemps, Krell?"

Sans vraiment attendre de réponse, il se jeta à nouveau sur son adversaire. C'était le duel du vent et du roc. A la technique et la vitesse de Sefir, Krell répondait par l'assurance tranquille de sa masse et la puissance dévastatrice de ses coups. Aucun d'eux ne doutait plus avoir trouvé quelqu'un à la hauteur de son talent martial. Ils avaient fait autour d'eux le vide dans la mêlée qui opposait leurs troupes. A mesure que le temps passait, la victoire des troupes de Sefir semblait plus proche: sous le simple poids de leur nombre, ils étaient en train d'étouffer la vaillance et l'entraînement des Gardes Pourpres. Mais au final, cela n'avait aucune importance. La seule chose qui comptait, désormais, était de savoir si Sefir parviendrait à vaincre Krell. S'il venait à perdre, alors la destruction des Gardes Pourpres serait insignifiante: plus rien ne s'opposerait à l'ancien Empereur dans sa marche vers le pouvoir. La mort de Morrigane resterai impunie. Et l'esprit de Krell serait toujours libre de commettre ses méfaits dans tout Arda.
Feintant une nouvelle fois, Sefir se jeta dans une ouverture, utilisant la force de ses jambes en conjonction avec celle de ses bras pour concentrer toute sa force dans la pointe de Fatalité. Avec un crissement, celle-ci s'enfonça dans l'abdomen de Krell sur une dizaine de centimètres avant d'en ressortir. Une fois de plus, il eut la conviction que les blessures qu'il infligeait à Krell, en plus de le vider peu à peu de son énergie, n'avaient aucun effet sur la santé de son ennemi. Il ne s'estimait pas encore vaincu. Non, il pouvait encore tenir le rythme un certain temps. Mais il commençait à se demander s'il n'allait pas devoir dépecer entièrement l'apparemment invincible guerrier pour en venir à bout. Et à ce jeu, sa technique de combat, basée sur des coups précis dans les points vitaux, n'était pas réellement adaptée. Il fallait qu'il trouve le moyen de prendre rapidement un ascendant significatif dans ce combat, qui était en train de tourner peu à son désavantage. Et il détestait ça.

Spoiler:

Sujet: Re: Le dormeur ne doit pas se réveiller...