Il devait être midi au soleil. La troupe de nomades s'approchait au petit galop. La tourelle aurait du être en vue, mais il n'en était rien. À la place de la tour de garde, ils ne se trouvaient plus que des ruines. Seuls avaient demeuré les blocs de grais aux contours obliques. Ily avait aussi l'arche pointu qui quelques heures auparavant était la porte des lieux mais qui avait à présent perdu toute utilité, si ce n'est qu'il soutenait la satue verticale et élancée d'un roi du Harad des temps anciens.
Les blocs épais avaient parfois été disposé en cairns pyramidaux, au sommet desquels étaient figés des pieux empanachés par des etoffes colorés et châtoyantes. Le sable et la poussière, balayé par les vents, avaient déjà incrusté les recoins des ruines silencieuses.
En franchissant la dune Nord, les cavaliers tombèrent sur un spectacle effrayant: les corps de tous les soldats de l'ancienne tourelle. Ceux ci avaient été disposés de part et d'autre des rochers. Leur position était accroupie, la tête lancée vers le haut, le regard vide et creux, une lance émergeant de leur bouche désséchée. Ils contemplaient le soleil, leurs visages vers le sud, immobiles, veilleurs immortels.
L'un des cavaliers mis pieds à terre. Il s'approcha de l'un des cadavres. Sur le front de chaque cadavre avait était gravée avec une lame émoussée les runes suivantes: Y Y
Un scarabée doré s'envola au travers des lèvres de l'un des défunts de la nuit.
Une plainte couvrait le souffle du vent, témoin des horreurs du crépuscule...