Chroniques d'Arda
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 La fin de l'innocence

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Zarielle
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MessageSujet: La fin de l'innocence   La fin de l'innocence EmptyLun 31 Mar 2014 - 7:19


La fin de l'innocence Line-Separator

J'écris ces quelques lignes sur des parchemins que j'ai pu récupérer dans ce qu'il restait de mon nécessaire de cartographie. Pourquoi est-ce que je tiens à mettre par écrit ce qu'il s'est passé ces dernières années alors qu'elles ont été les plus éprouvantes de toute mon existence? À vrai dire je ne le sais pas moi-même... Peut-être qu'il est parfois nécessaire de se confronter à ses souvenirs pour pouvoir avancer...

Je me rends compte à quel point mon écriture est hésitante après tant de temps sans avoir touché la moindre plume mais je ressens un certain réconfort en imaginant que le pire est désormais derrière moi. Pour autant me replonger dans mon passé et mes pensées se révèle une épreuve plus difficile que je ne l'aurais imaginé. Je suppose que ma captivité restera gravée à jamais dans mon esprit malgré mes efforts pour l'oublier, de la même manière que mon corps en porte les séquelles. Je ne peux rien faire sinon l'accepter et j'espère qu'écrire m'aidera à atteindre cet objectif. Oui, je l'espère sincèrement. Quoi qu'il en soit il est impossible de raconter mon histoire sans un retour quelques années en arrière. Un battement de cil dans la vie d'une elfe. Mais cela me semble pourtant si lointain...


I. Imladris

J'ai rejoins Imladris en compagnie d'une petite troupe parmi lesquels Eberk, Reimgall et Hatori Hanzok, des naugrims. Il y avait également un Edain prénommé Hùrin. Notre voyage n'a pas été de tout repos avant d'atteindre la vallée du Seigneur Elrond, loin de là. Nous avons été assiégés après avoir quitté les mines de la Moria et avions trouvé refuge dans une tour de garde naugrim la nuit précédente. Malgré les combats et les pertes, je garde de cette époque un merveilleux souvenir et j'ose affirmer avec conviction que c'était certainement le moment dans ma vie où je me suis sentie le plus vivante.

Nous sommes arrivés en Eregion le jour d'après et nous avons été accueilli avec respect et gentillesse, comme on pouvait s'y attendre. Ce fut pour moi l'occasion de revoir mes cousins que je n'avais pas vu depuis que j'avais fini mes études de la cartographie une vingtaine d'années plus tôt. Ces derniers nous accueillirent à bras ouverts dans leur demeure et nous avons enfin pu profiter d'un repos bien mérité. J'ai toujours été pressée de quitter la Lorìen pour parcourir le vaste monde qui l'entourait mais je n'avais jamais imaginé un seul instant que je serais ravie de revenir en Eregion. Pourtant ce fut le cas et après les événements des derniers jours, être en sécurité représentait un luxe sur lequel je n'allais certainement pas cracher. Quelques jours s'écoulèrent pendant lesquels mes compagnons et moi-même avons pu profiter de l'hospitalité des miens sans nous soucier d'un éventuel danger.

Je ne peux aller plus avant sans parler un instant de Hùrin, un combattant exceptionnel qui m'a prise sous son aile à ma demande. En quittant la Lorìen j'étais idéaliste et confiante en mes capacités tandis que le concept de danger m'était complètement étranger. Quelques jours plus tard, la nécessité de savoir se battre s'était imposée à moi comme une évidence. Loronar, mon maître cartographe en Lorìen, m'avait appris tout son savoir avant de me laisser parcourir Arda mais n'avait jamais jugé utile de m'apprendre à manier l'épée. Ou peut-être avait-il simplement espéré que je n'aurais jamais à le faire. Je mentirais si j'écrivais ici que je ne lui en tiens pas rigueur...

Hùrin, donc... C'était un homme bon et droit, je crois. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'apprendre à le connaître vu les circonstances mais il avait accepté de m'entraîner à l'épée. Bien sûr ma maîtrise de l'arc est à la hauteur de la plupart des miens et j'ai toujours été habile avec cette arme à la main. Mais elle ne suffit parfois pas et lorsque je me suis retrouvée au corps à corps il m'est rapidement devenu évident que je ne survivrais pas sans savoir me battre avec une lame. Je lui ai donc demandé de bien vouloir me former, ce qu'il accepta sans trop de réticences. Beaucoup des miens jugeraient que se fier à l'enseignement d'un étranger - fut-il Edain - n'étais pas une bonne idée mais j'étais parfaitement convaincue du contraire. Pour une raison qui m'échappe en encore, j'ai placé en cet homme ma confiance et mon respect sans conditions. Ce qui fut, je crois, une grave erreur...


II. Poursuite


Je me suis éloignée quelques jours de mes compagnons afin de consulter les cartes de la grande bibliothèque d'Imladris, attendant avec impatience de pouvoir les revoir et de poursuivre mon entraînement aux côtés de Hùrin. Mais à mon retour la demeure Alwë avait été abandonnée par ses invités. Mes cousins m'indiquèrent que mon nouveau maître était parti la veille sans laisser le moindre mot. En soi, il n'en avait pas besoin puisque son départ rapide était assez équivoque: il ne désirait pas me prendre comme apprentie. J'ai tout d'abord ressentie de la colère en comprenant ce qu'il se passait avant de finalement retrouver le calme et la rationalisme qui caractérise les miens. Oui, si Hùrin m'avait laissée en arrière c'est qu'il avait certainement d'excellentes raisons. Mais je voulais les entendre de sa bouche! Après tout, j'avais peut-être commis une erreur et les raisons de son départ étaient peut-être motivées par mes actes. L'incertitude et le doute sont des sentiments destructeurs et la fougue qui m'habitait alors me poussa à obtenir les réponses que j'attendais. Après une courte réflexion je décidai donc de me lancer à sa poursuite et de le retrouver. C'est sûrement la décision la plus stupide que j'ai pu prendre mais sur le moment je ne savais pas vraiment quoi faire d'autre. J'avais pris goût à la vie sur les chemins malgré ses innombrables dangers et retrouver Hùrin semblait alors la meilleure chose à faire...

J'ai parcouru une distance considérable le premier jour. Mon destrier avait le souffle court et la fatigue menaçait de la terrasser pourtant toujours aucune trace de mon maître. J'ai toujours été douée pour me repérer vu ma formation mais traquer une personne n'avait jamais fait parti de mes capacités. J'étais alors parfaitement consciente que j'avais du suivre une mauvaise route et que Hùrin avait certainement suivit un autre chemin. Pourtant les indications des sentinelles d'Eregion étaient claires: l'Edain était passé la veille sur la même route. J'avais alors le choix entre abandonner et poursuivre plus avant mes recherches, ce que je fis sans réellement réfléchir aux conséquences.

Le deuxième jour de poursuite ne se révéla pas plus fructueux. Pire encore, ma route m'avait menée dans les montagnes, endroit naturellement dangereux et peuplé d'orcs et autres bandes de brigands. Malgré le danger j'étais certaine de me rapprocher de l'Edain. C'était alors l'expression de la confiance aveugle qui m'habitait à cette époque et c'est aussi ce qui causa ma perte. J'étais si concentrée par ma traque improvisée que je n'avais même pas remarqué que j'étais moi-même suivie. Et lorsqu'ils me tombèrent dessus la surprise qui m'envahit fut totale...


III. Capture

Plus mon récit se rapproche de cet instant et plus ma main se met à trembler. Il est étrange de constater à quel point les souvenirs les plus désagréables ont la fâcheuse tendance à se graver dans votre mémoire alors que vous oubliez des moments nettement plus joyeux. Je me souviens exactement de la façon dont se sont déroulées les choses, à mon grand regret. Le bruit d'une flèche fendant l'air attira mon attention au moment même où elle se plantait dans la poitrine de mon cheval. Ha, mon cheval... Je ne l'avais pas en ma possession depuis longtemps mais je m'y étais énormément attaché. Il était courageux et résistant, toujours là en cas de coup dur. Je crois qu'un véritable lien s'était tissé entre nous même si je ne peux évidemment pas parler d'amitié. Je sens une boule se former dans ma gorge alors que je prends conscience qu'il serait certainement encore en vie si je n'avais pas été si effrontée...

La première flèche ne le mit pas à terre. Il se cabra sous la douleur, manquant de me désarçonner. Spectatrice impuissante, j'ai vu les deux flèches suivante le frapper à l'encolure en même temps. Je me souviens avoir crié alors qu'il s'effondrait sur le flanc, manquant de peu de m'écraser. Mes réflexes d'elfe me permirent d'éviter de finir écrasée sous sa masse mais avec le recul je me dis que ça aurait sans doute été une meilleure chose. Lorsque je posai enfin les yeux sur mes assaillants, délaissant ma contemplation de ma monture morte, j'ai été envahie d'une rage violente. C'était un sentiment que je n'avais connu jusque là et si je l'aurai désapprouvé en temps normal, cette fois-ci je l'ai laissé avec plaisir prendre possession de mon esprit. L'idée simple de la fuite ne m'effleura même pas l'esprit. Je n'avais qu'une seule envie: faire payer mes adversaires imposés...

Je fis alors chanter mon arc et plusieurs de mes assaillants tombèrent au sol, le cœur ou la gorge perforé. Mais j'avais surestimé mes capacités et sous-évalué le nombre de mes assaillants. Malgré une résistante que je qualifierais de courageuse - bien que modeste - je fus rapidement dépassée par le nombre. Je me souviens avoir ressenti une violente douleur sur le côté du crâne, juste avant que ma vision se brouille. Je tombai dans l'inconscience presque immédiatement et la dernière chose que je pensai alors fut que mon existence allait s'achever dans l'indifférence générale. Mais ce ne fut pas le cas...

Je rouvris les yeux quelques plus tard sans doute bien qu'une journée entière aurait pu s'écouler. Je me souviens surtout qu'il faisait nuit et qu'Isil était déjà haute dans le ciel. Sur le moment, je ne sais trop pourquoi, la première chose que j'ai pensé fut qu'elle était magnifique, une parfaite représentation de quiétude et de sérénité. Puis je repris entièrement connaissance et remarquai alors que je me trouvais sur l'épaule d'un homme robuste et sale et que ce dernier ne semblait pas incommodé par la charge que je représentais. Mes poignets et mes chevilles étaient solidement ligotées tandis que du sang coulait sur ma joue depuis une plaie ouverte sur le côté de ma tête. Le coup qui m'avait assommé avait semble-t-il était particulièrement violent. Mon premier réflexe fut bien évidemment de me débattre pour tenter de me libérer mais je compris rapidement que c'était peine perdue. Ma réaction ne souleva qu'une volée de rires et je fus jetée sans ménagement au sol, ce qui m'arracha un cri de douleur. Je me souviens encore parfaitement de la tête de l'homme qui s'approcha de moi alors à ce moment-là, juste avant qu'il ne saisisse ma longue chevelure blonde avec force pour me forcer à me relever.

- "Tu vas marcher!" m'avait-il ordonné d'une voix grave et d'un regard mauvais.

Je n'ai pas jugé utile de répondre et je me suis contentée d'un regard de défi qui me valu un coup de poing d'une rare violence. Le coup me jeta une nouvelle fois au sol tandis que ma lèvre éclatée déversait une fine traînée de sang sur mon menton. Pourtant, si ma fierté avait été émaillée par ma capture, ma volonté, elle, était toujours aussi forte. Je me suis donc relevée pour toiser une nouvelle fois l'homme qui me faisait face. Loin de provoquer une seconde réplique physique, ce fut un rire qui sortit de sa gorge après un instant de silence. Oui, il trouvait ça drôle de toute évidence. Il s'était ensuite approché et saisit sans douceur la gorge.

- "C'est qu'elle a son petit caractère cette putain!" avait-il alors lancé avant de me lécher la joue. Ceci fait, il ajouta "Très bien! Puisque tu ne veux pas marcher, tu ne marcheras pas!"

L'idée de rejoindre l'épaule de cet homme puant ne me disait rien mais c'était toujours mieux que d'obéir aux ordres de leur chef. Pourtant je n'avais pas envisagé la troisième option, celle qui consistait à me traîner sur le sol comme un animal mort. Pieds et poings liés, j'ai ressenti chaque cailloux, chaque relief du chemin de montagne qui griffait ma peau et qui y creusait parfois des coupures aussi irrégulières que douloureuses. Pourtant j'ai retenu mes cris. Tout simplement parce que savais qu'ils amuseraient mes geôliers. Mais après un certain temps je n'avais plus la force de résister et si je n'avais toujours pas poussé de cris, les larmes qui roulaient sur ma joue et se mêlaient à mon sang témoignaient clairement de la douleur que je ressentais. Aussi, lorsque l'on me "proposa" une seconde fois de marcher par mes propres moyens je m'empressai d'accepter l'offre...


IV. Captivité

Nous arrivâmes à un semblant de camp aux premières lueurs de l'aube. Assoiffée, affamée, exténuée par des heures de marches et ayant perdue une bonne dose de sang, je tombai presque immédiatement dans le sommeil. Je me souviens avoir rêvé des couleurs chatoyantes des arbres de mon pays natal, la Lorìen. Je me baladais pied nue sur l'herbe avec une insouciance et un plaisir qui me semblaient si réels que le réveil n'en fut que plus difficile. Une sensation de froid glacial m'envahit lorsqu'on me jeta un seau d'eau froide sur le visage, m'arrachant à la douceur de mes rêves. Le retour à la réalité fut difficile et le mot est encore bien trop faible pour décrire ce que je ressentais alors...

Mes blessures avaient été sommairement nettoyées pendant mon sommeil et des semblants de bandages couvraient mes plaies les plus profondes. Je ressentis une sorte d'empathie envers mes agresseurs même si ce sentiment s'estompa bien vite. On m'apporta ensuite un repas frugale ainsi qu'une petite cruche d'eau et je ne résistai pas longtemps avant de me jeter dessus, la faim se révélant une faiblesse puissante lorsqu'elle se manifeste. Tout en me restaurant, j'ai pris le temps d'observer autours de moi. Je me trouvais au centre d'un petit village de tentes dressées en cercle autours d'un feu central. Entre les tentes et le feu se trouvaient quelques installations à vocations pratiques, dont une parodie de forge et de garde-manger. Il y avait également des têtes de bétail qui broutaient tranquillement les quelques rares plantes que l'on trouvait à cette altitude. Après une observation plus rigoureuse des environs je m’aperçus qu'un peu plus loin il y avait une grotte dont l'entrée était cernée par ce qui ressemblait à des vagues imitations de totems, grossièrement taillés dans des troncs d'arbre. Le camp était installé sur une surface plus ou moins plane mais dès que l'on s'en écartait un peu la montagne reprenait ses droits et la pente s'accentuait. Je ne le sus que plusieurs semaines plus tard mais la position était parfaitement stratégique, d'autant plus qu'un seul chemin autorisait l'accès au campement.

Pendant un ou deux jours on ne sembla pas s'intéresser à moi. Je surprenais bien évidemment les regards explicites des hommes qui passèrent à ma portée mais je n'y prêtais pas attention, étant victime des mêmes attentions de la part des humains en général. Les elfes ont toujours eu ce don de fasciner les races qu'ils considèrent volontiers comme inférieurs et je n'y prêtais plus attention. L'espoir me gagna peu à peu: et si, en fait, on espérait obtenir une rançon contre ma libération? Ces brigands avaient sûrement pensé que j'étais de sang noble ou que mon existence importait suffisamment à quelqu'un pour obtenir de l'or ou tout ce qu'ils demanderaient en échange de ma liberté. Encore une fois, je me trompais lourdement. Et lorsque mes blessures se refermèrent et lorsque j'eus terminé de reprendre des forces, la véritable nature de ces humains se manifesta enfin. Nature que j'aurais bien évidemment préféré ne jamais connaître...

Au troisième jour un homme sortit de la grotte. Sa peau était sombre et de nombreuses scarifications et tatouages étaient visibles sur les parties de son corps qui n'étaient pas recouvertes par ses vêtements, de simples fourrures. Il s'agenouilla devant moi et m'observa quelques longues secondes avant de finalement acquiescer en direction de deux de ses hommes qui se hâtèrent de me redresser, là encore sans douceur aucune. Je fus traînée de force dans la grotte et je découvris enfin ce qu'elle abritait. La "demeure" contrastait nettement avec le camp extérieur et semblait presque raffinée en comparaison. Quelques livres étaient empilés dans un coin et divers objets étranges que je n'avais jamais vu étaient soigneusement alignés à l'opposé de la pièce, ou ce qui en tenait lieu. Un lit massif recouvert de fourrures était situé au milieu de l'espace, en face d'ingrédients en tout genre parmi lesquels de nombreuses plantes. Mais je n'eus pas le temps de pousser mon observation plus avant puisque je fus jetée sans ménagement sur le lit avant d'être solidement ligotée à ses extrémités. Comprenant enfin la raison de ma présence je tentai bien de me défendre et de me débattre mais plusieurs coups eurent rapidement raisons de ma résistance et je fus souillée, assez consciente pour comprendre ce qu'il m'arrivait mais trop faible pour pouvoir tenter de l'empêcher. Le temps sembla s'arrêter alors que je subissais les assauts de celui qui s'était révélé être le chef de cette bande impie. Plus que la douleur ou la colère, ce fut la honte qui s'insinua dans mon esprit et qui prit le dessus sur tout le reste. Je le laissai faire, incapable de toute façon d'empêcher ce qui m'arrivait. A défaut de pouvoir agir physiquement je déversai ma hargne dans des propos fort peu courtois à l'intention de mon bourreau. Mais ce n'eut comme effet que de lui donner plus de vigueur et j'arrêtai bien vite mes menaces et insultes en comprenant qu'elles étaient sans effet. Aussi loin que je m'en souvienne je crois que ce sont les derniers mots que j'ai prononcés...

Le calvaire ne s'arrêta pas, loin de là. Après le chef je fus livrée au reste des hommes qui se firent un plaisir d'imiter les actes de leur chef. Encore une fois je ne peux dire combien de temps s'écoula pendant qu'ils me souillaient mais la journée était déjà bien avancée lorsqu'ils eurent terminés. J'étais devenue leur putain, comme ils aimaient si volontiers me qualifier. Un simple morceau de viande, rien de plus... La nuit ne fut d'aucun réconfort et je crois avoir pleuré toutes les larmes de mon corps avant qu'Anor ne répandent une nouvelle fois ses rayons sur Arda, indifférent à ce qu'il s'y passait. Les jours s'écoulèrent tandis que les hommes continuaient d'assouvir leurs pulsions envers moi. Je perdis rapidement tout espoir et toute combattivité, refusant même de me nourrir et ou de boire l'eau que l'on m'apportait. Ils me forcèrent alors à me restaurer à grands renforts de coups et de petites entailles à la dague et je me résignai là aussi, préférant éviter la douleur que de sauvegarder ce qu'il restait alors de mon honneur. Pourtant je m'accrochais encore à la vie et je dus trouver une motivation suffisante pour me faire tenir. Elle se manifesta rapidement sous la forme d'un simple mot: la vengeance!

Ma douleur et ma honte se transformèrent peu à peu en une haine farouche dirigée contre le chef des bandits - qui se prénommait Ertulan, je l'appris plus tard - et l'ensemble de ses hommes, mais également contre Hùrin que j'estimais responsable de tout ceci. Je suis consciente que c'était facile de penser ainsi mais sur le moment cette haine me semblait totalement naturelle. Je ne rêvais alors que d'une chose: me présenter devant l'Edain et lui montrer ce que son départ avait provoqué avant de le transpercer de ma lame. Combien de fois ai-je imaginé cette scène, modifiant régulièrement de menus détails? Sûrement quelques milliers de fois...

Cette haine me fit pourtant tenir le coup. J'étais résignée, oui, mais également mue par l'envie de vengeance que je ressentais envers chacun de ces hommes. J'attendais vainement une occasion de pouvoir mettre la main sur l'un de leurs arcs et de semer la mort dans leurs rangs. J’échafaudai de nombreux plans qui furent tous rapidement voués à l'échec et le désespoir me gagna une seconde fois, faisant de moi une simple marionnette de chairs dont les fils étaient tirés par des hommes méprisables sans que je ne puisse y changer quoi que ce soit. L'idée d'une évasion ne m'effleurait même plus l'esprit mais ma haine restait sous-jacente et à défaut de pouvoir fuir je comptais bien mettre un terme à mon existence pour ne plus avoir à subir les assauts répétés de ces hommes. Le tout en en emportant un maximum avec moi...

Je mis sur pied un plan plus réaliste pour tuer Ertulan. Plan qui consistait principalement à saisir l'une des armes situées dans sa grotte pour le tuer en profitant d'un moment de faiblesse de sa part. Quelques saisons s'écoulèrent avant que l'occasion me soit enfin donnée de me venger. Mais ma tentative échoua et je fus rapidement plaquée au sol avant d'avoir pu frapper avec l'épée que j'avais réussi à saisir. Comme si les dieux avaient décidés de me tourner définitivement le dos. Pourtant je fus presque soulagée que ma tentative ait échouée. J'avais pris l'habitude de recevoir des coups et la mort ne me faisait pas peur puisqu'elle sonnerait comme une délivrance. Mais, une fois encore, j'avais oublié qu'il y avait une troisième option...


V. Punition

Je pensais tout connaître de la douleur mais je m'étais lourdement trompée. Ertulan convoqua ses hommes, bien décidé à faire de moi un exemple. Le discours qu'il adressa à ses hommes était d'ailleurs assez révélateur puisqu'il leur expliqua que le sort qu'il me réservait serait dispensé sans ménagement à quiconque tenterait de le tuer. Je compris aussi à ce moment-là que cet homme tenait la bande dans le creux de sa main non en raison de ses capacités martiales, mais bien par la peur. Peur qui s'empara de moi lorsqu'il ordonna que l'on m'attache solidement à un piton rocheux. Puis Ertulan saisit une torche et s'approcha de moi, un sourire malsain sur les lèvres. Je remarquai alors qu'il tenait une sorte de poudre dans sa main, semblable à celle que j'avais déjà vu dans sa grotte au cours des années précédentes. Lorsque je compris ce qu'il comptait faire je me débattis avec l'énergie du désespoir, espérant briser mes liens et échapper au sort qui m'attendais. Je ne réussis qu'à me lacérer les poignets jusqu'au sang sans pour autant échapper à l'étreinte de la corde. Ertula ricana et leva la torche entre lui et moi, jetant ensuite avec force la poudre dans ma direction. Au contact de la torche, une vaste flamme bleue se créa et fondit sur moi. J'eus à peine le temps de détourner le visage avant que le souffle me frappe. Comme je l'ai dis plus haut, si je croyais tout savoir de la douleur je me rendis compte que c'était loin d'être le cas. Comment décrire ce que j'ai ressenti alors que ce feu magique dévorait ma chaire? Même après autant de temps je n'arrive pas à le décrire. C'était semblable à une centaine de lames vous transperçant toutes en même temps et à plusieurs reprises sans que la mort daigne vous embrasser. Je revois encore ces flammes bleues embraser la partie gauche de mon corps à hauteur de mes épaules. Le feu magique dansa encore quelques secondes sur ma peau brûlée avant de s'estomper. La douleur, elle, n'a toujours pas disparu...


VI. Évasion

Je fus ensuite laissée attachée pendant deux journées entières sans eau ni nourriture, pendant le mois le plus chaud de l'année. Anor se révéla être mon pire ennemi lorsque ses rayons frappèrent ma peau brûlée. J'aurais fais tout ce qu'on m'aurait demandé à ce moment-là contre la perspective de mourir et que ce calvaire s'arrête enfin. Mais la capacité de guérison des elfes me desservit et je survécu...

Parallèlement, l'envie des hommes envers moi s'estompa ce qui fut certainement le seul point positif de la punition que l'on m'avait infligée. Leurs visites se faisaient moins régulières, presque rares et les quelques conversations que j'arrivais alors à saisir tendaient vers ma mise à mort. J'étais devenue inutile et je ne me faisais guère d'illusions sur ce qu'ils faisaient avec les gens qui ne leurs servaient plus à rien. Le pire dans tout ça c'est qui j'avais parlé je leur aurais sûrement supplié de mettre fin à mes jours. Mais je gardais encore le silence, murée dans un semblant d'impassibilité qui ne leurrait plus personne...

Treize saisons s'étaient écoulées depuis mon arrivée dans ce campement. Je voyais de temps à autre les bandits partir en expédition pour, sûrement, tuer de pauvres voyageurs et leur voler leurs ressources. Je ne pouvais cependant m'empêcher de penser que le sort de leurs victimes était plus enviables que le mien. Et, alors que j'étais au plus bas, la chance décida enfin de tourner en ma faveur même si je n'en avais alors pas conscience. Avec le temps les hommes devinrent plus agités et même Ertulan semblait gagné par ce qui ressemblait à de l'anxiété. J'appris au hasard des conversations que les royaumes elfiques s'étaient réunis sous le drapeau d'une fédération et que les bandes de pillards et de brigands étaient désormais la cible des patrouilles elfiques. Les discussions se firent plus mouvementées au fur et à mesure que les jours s'écoulaient, jusqu'au jour au Ertulan accéda enfin à la requête de ses hommes: quitter le camp pour aller en établir un plus au Sud, là où le danger était moindre pour eux. Je fus mise dans un chariot comme le reste des marchandises et la petite colonne s'ébranla enfin lorsque le départ fut donné. Deux jours s'écoulèrent et au matin du troisième je vis enfin une occasion de m'évader. Nous longions alors une rivière de montagne au courant rapide et qui se situaient plusieurs dizaines de coudées en contrebas. Lorsque la colonne s'arrêta à cause d'un problème à sa tête, je ne réfléchis que vaguement avant de me jeter dans le vide. Je me souviens de la chute puis du contact avec l'eau glacée, puis enfin du courant qui m'emmenait sans la moindre chance de pouvoir lui résister. Les poings et pieds toujours liés, il fut rapidement évident que je n'arriverais pas à respirer bien longtemps et que le courant aurait raison de mes maigres forces...


VII. Liberté

Pourtant je survécu... Je ne sais pas comment mais j'ai survécu! Je me suis retrouvée inanimée sur la rive de la rivière, au pied des montagnes. Lorsque j'ouvris les yeux ce fut pour découvrir un jeune homme penché sur moi, l'air inquiet. Il semblait plus raffiné que ceux qui m'avaient capturée pendant trois longues années et n'avait sûrement rien à voir avec eux mais ma réaction fut instinctive. Alors qu'il me demandait comment j'allais, je saisis la dague à sa ceinture et lui enfonça profondément dans le torse avant de m'aider de mes deux mains pour la faire glisser pour élargir la blessure. Le jeune homme tomba sur le côté et un dernier râle s'échappa de sa gorge tandis que ses yeux reflétaient l'incompréhension.

Au moment ou j'écris ces dernières lignes je m'en veux de ne ressentir maintenant encore aucun regret alors même que la motivation de cet homme semblait n'avoir été que de m'aider. C'est sûrement ce que je déteste le plus chez moi je crois, d'ailleurs: ce qu'ils ont fait de moi! La douleur est toujours vivace au niveau de mes brûlures et je suis d'une faiblesse extrême, affamée. Mais plus que les blessures physique, ce sont les blessures de mon âme qui se révèlent les plus destructrices. J'ai perdu mon innocence et mes idéaux dans le camp d'Ertulan. Mon innocence est perdue à tout jamais et je ne ressens envers les humains qu'une haine farouche bien que je sois consciente qu'ils ne soient pas tous mauvais, loin de là. Je n'arrive plus à faire la différence, je me méfie de tout le monde et je crois avoir perdu le don d'offrir mon amitié ou d'accepter celle des autres. Je ne suis plus que l'ombre de ce que j'étais et je hais ce que je suis devenue, ce qu'on m'a forcée à devenir...

Je viens d'entrer sur le territoire rohirrim, préférant encore me confronter aux humains qu'aux miens. Je ne cesse de me demander ce que penserait ma famille de ce que je suis devenue, de me demander s'ils pourraient encore reconnaître en moi une soeur ou une fille. L'accepteraient-ils? Je suis intimement convaincue que non et la honte est encore si vivace que je n'arriverais pas à les regarder dans les yeux. Je crois qu'il est préférable de rester seule le temps de cicatriser les blessures de mon âme et de me mêler à d'autres êtres vivants qu'en cas de nécessité extrême. Car le problème est là, au fond: si je ne peux plus accorder ma confiance je sais encore moins comment je réagiras en croisant un autre être vivant. Le seul que j'ai vu jusqu'à présent était ce jeune homme au bord de la rivière et je n'ai pas hésité une seule seconde avant de lui ôter la vie. Je hais ce que je suis devenue...

Mon récit s'achève et je me rends compte que d'avoir posé sur le parchemin ce qu'il s'est passé ces trois dernières années ne m'est d'aucune aide. Peut-être suis-je condamnée à vivre avec ce souvenir vivace jusqu'à la fin de mon existence ou peut-être que le temps se chargera d'effacer cette histoire sombre de ma vie. Quoi qu'il en soit je brûlerai ce parchemin dès que j'y aurai apposé le dernier mot comme pour mieux refouler cette partie de mon histoire que je n'arrive pas à assumer...

Demain j'irai à Edoras en espérant y trouver de l'aide mais je sais pertinemment que je reprendrai la route dès que mon état me le permettra. De quoi l'avenir sera fait? Je n'en ai aucune idée mais je suis confiante: il ne peut pas être pire que mon passé...

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