30 millions d'amis à Mirkwood (Flash-Back avec Radagast)

(HRP: avant qu'on me notifie, je sais que Mirkwood est entre de bonnes mains dorénavant, mais j'ai souhaité garder une ambiance sombre à Mirkwood. Cela ne veut pas dire pour autant que c'est dangereux et tout le tralala! Cependant si j'ai fais une erreur, dites moi afin que je me rattrapes dans mes prochains RP!)

Profitant de la brume matinale, Kerran s’était levée de bonne heure afin de traquer, comme à son habitude, les animaux blessés. Elle avançait prudemment dans cette forêt qu’elle connaissait si bien, évitant du mieux qu’elle pouvait d’attirer l’attention en trébuchant sur une quelconque branche car en plus d’être malhabile avec une arme en main, elle était également très maladroite, et ne manquait pas une occasion de s’étaler de son mètre 85 sur le sol. L'atmosphère sombre mais calme rassurait Kerran qui aimait la solitude. Le vent était léger parmi les feuilles et une odeur de pluie se répandait entre les arbres. Un temps idéal au goût de l'Elfe.

"Tiens ?"

Au détour d’un rocher, l’Elfe aperçue un cerf et une biche se reposant près d’un ruisseau. En plissant les yeux, Kerran put « inspecter » les deux bêtes, et à son grand soulagement elle constata qu’ils avaient tous deux l’air en bonne santé. Ils avaient cet air paisible que les animaux sauvages ont, un air de liberté et de sérénité que l'Elfe admirait.
Du pas le plus délicat qu’elle pue, elle tourna les talons et continua vers un autre coin de la forêt.

Le temps passait et le soleil se levait, perçant son chemin parmi les feuilles opaques des grands arbres, ce qui n’était pas à l’avantage de l’Elfe, qui savait d’expérience que de possible voyageurs pouvaient dorénavant traverser la forêt et de fait effrayer les bêtes les poussant à se cacher dans leurs terriers et autres refuges. Elle pressait le pas, scrutant la moindre verdure. Elle se rassurait en se disant que, peut-être, aujourd'hui aucun animal n'aurait besoin de ses soins et que toute la faune étant en excellente santé. Mais elle savait que c'était faux, et surtout dans cette forêt à réputation étrange.

Alors qu’elle allait enjamber un petit courant d’eau, l’Elfe marcha presque sur un lapin qui détalait entre les arbres, manquant de la faire trébucher.

Assez surprise, Kerran maugréa :

"Sapristi, cette forêt me rendra dingue !"

Autant elle appréciait les animaux, autant la forêt qui l’a vu naître commençait à la rendre susceptible, comme si un nuage sombre planait au-dessus.
Cela ne l’arrêta pas pour autant, et elle finit par rattraper le lapin en question entre deux sauts et un petit sprint. Il s'était arrêté près d'un arbre, et semblait fatigué de sa course.

"Toi mon gars, tu cours bien vite pour un petit lapin de ton genre !"

Le lapin en question ne dépassait pas 30 centimètres et avait une superbe fourrure brune. À y regarder de plus près, elle était même tâchée d’un rouge étrange.

"Du sang ?!" s’écria l’Elfe dont le niveau de stress commençait à monter.

En effet, la bête était blessée au niveau des côtes, et ce n’était pas une plaie superficielle : elle était assez profonde, et avait la forme d’une morsure. À l’évidence, le lapin avait échappé à la mort et avait donné toute l’énergie qu’il lui restait pour s’encourir au loin, croisant les pieds de Kerran au passage. L’Elfe sortit d’en dessous de sa chemise une petite pochette de cuir brun dans lequel elle gardait ses outils les plus précieux lorsqu’elle n’était pas à son atelier. Elle déballa le tout sur le sol, faisant au mieux qu’elle pouvait.

Elle murmura :

"Ne t’en fais pas mon petit, Maman va te sortir de là !"

Et alors qu’elle empoignait une petite lame, l’Elfe si figea. Derrière elle, autour d’elle, il y avait un bruit étrange, une présence qu’elle n’avait pas sentie auparavant. Les feuilles craquelaient et le vent qui passait sur son visage lui laissait une odeur qui n'était pas elfique...

Il faisait encore nuit sur Mirkwood quand Radagast profitant de la lune était monté au sommet de Dol-Guldur pour observer la forêt. Debout, le regard perdu à l'horizon, le magicien était en plein doute. Il avait reçu une missive lui indiquant la venue du Seigneur de la Lorien, Celeborn, à Dol-Guldur afin d'observer ce qu'était devenu la forteresse et l'avancée de la guérison de la forêt. Derrière ce message des plus banals se cachait évidement une visite diplomatique suite à l'intégration de Mirkwood dans la Fédération elfique. Et c'était bien là ce qui dérangeait le mage brun. Lui qui à son arrivée en terre du milieu avait décidé de fuir la compagnie des hommes et des elfes pour se réfugier dans la si spontané et naïve amitié des animaux devait maintenant faire face à de nouvelles responsabilité qui l'effrayait. S'il avait décidé de sortir de son ermitage s'était justement pour aider ses chers compagnons qui avaient tant souffert de la guerre et de l'occupation orientale, mais devant les faits accomplis, le doute s'était immiscé dans son esprit. Il avait désormais trop de responsabilités pour faire marche arrière. La venue de Celeborn était prévu pour la prochaine lune et Radagast décida pour se changer les idées de faire se qu'il aimait par dessus tout, vagabonder au cœur de la forêt à la découverte des nombreuses surprises que ses habitants pouvaient lui offrir.

Une fois le pont-levis franchi, le magicien se retrouva plongé dans la brume matinale et épaisse caractéristique de Mirkwood. Il parcouru un moment le sentier qui permettait de rejoindre la forteresse depuis la route de l'Est avant de s'enfoncer dans la forêt. Au fur et à mesure que le soleil se levait, les cris d'oiseaux se faisaient entendre et Radagast fut rapidement rejoint par Lindar, son fidèle corbeaux. Une fois perché sur son épaule, l'oiseau noir qu'on distinguait à peine aux premières lueurs du jour, se mit à battre des ailes en signe de salut envers son vieil ami. Cette mimique tira un sourire à Radagast et les deux compagnons reprirent leur route.

Alors que le magicien brun était à la recherche d'animaux, sa vue se bloqua sur une autre créature. Au loin, ses yeux d'Istar parvinrent à distinguer une silhouette brune qu'il identifia comme étant un elfe. Cela faisait des lustres qu'il n'avait pas croisé d'elfe dans la forêt et d'en voir un lui mit du baume au cœur. Pendant l'occupation rhunienne, les elfes du royaume sylvestre s'étaient terrés dans leur cité restant le plus loin possible des orientaux. Les voir à nouveau sortir et arpenter la forêt montrait bien que Mirkwood était en voie de guérison. Curieux il décida de suivre les pas de l'inconnue. Après un moment à vagabonder, il remarqua un lapin blessé qui apeuré, fuyait droit sur l'elfe. De peur d'une collision, Radagast accéléra le pas pour empêcher un accident mais remarqua au dernier moment que l'inconnue esquiva la pauvre bête de justesse et vint à son secours. Ému par cette scène, le magicien décida de dévoiler sa présence et d'aller à la rencontre de l'elfe. De plus près il remarqua d'ailleurs qu'il ne s'agissait pas d'un elfe mais d'une elfe. Quand celle-ci se retourna, Radagast préféra prendre les devant d'un ton amical.

« C'est sûrement là l’œuvre d'un renard. Il semble que notre ami s'en soit sorti de justesse. »

Derrière ses traits de vieillard , l'Istar devait sembler être une drôle de rencontre pour la jeune elfe au cœur de Mirkwood et de si bonne heure. Mais cela ne le décontenança pas et Radagast continua.

« Vous semblez bien équipée pour aider ce pauvre lapin, c'est si rare de croiser quelqu'un qui leur veuille du bien, puis-je me permettre de vous demander qui vous êtes ? »

L'elfe avait piqué la curiosité du magicien et à coup sûr, ce sentiment devait être réciproque.

Le sentiment d'une présence étrangère se renforça derrière l'Elfe et son adrénaline monta d'un cran. Elle serra la petite lame en imaginant tout les plans d'attaques possibles: se sachant faible au combat, la panique l'envahissait à l'idée de devoir affronter un possible ennemi dont elle ne savait absolument rien. L'Elfe avait entendue des histoires d'Orcs qui se promenaient entre les arbres sombres de sa forêt et, même si elle n'en avait encore, cela l'inquiétait grandement car les Orcs sont sournois et peuvent s'avérer malin si ils vous repèrent en premier.

Les pas se rapprochaient et involontairement Kerran se retourna pour faire face à l'Orc affreux qu'elle avait visualisée dans sa tête. Quelle ne fut sa surprise quand elle découvrit que le monstre de son imagination prêt à la tuée était en fait un homme assez vieux aux allures de magicien un peu fou. Il lui souriait amicalement, jetant un coup d’œil au lapin blessé.

"C'est sûrement là l’œuvre d'un renard...

Le vieux bonhomme semblait s'adresser à elle, surprenant Kerran qui était toujours sous le choc de cette rencontre assez inattendue.

... Il semble que notre ami s'en soit sorti de justesse."

À l'évidence, il parlait du lapin que Kerran tentait de soigner. Il y eu un petit silence un peu gêné que Kerran n'osa briser. Devant elle ne se dressait pas un simple homme. Il s'agissait de toute évidence d'une personne importante, peut-être un roi ou un très grand sorcier. L'Elfe pencha plutôt pour le côté magique: ce vieillard avait quelque chose de spécial, une sorte d'aura étrange qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant. Il avait l'air apprécié ici, car sa présence avait attiré deux petits écureuils bruns à ses pieds, et des moineaux s'étaient posés sur les branches d'un frêne pour observer la scène. Kerran voulait lui demander qui il était, d'où il venait et pourquoi il était là mais son étonnement l'empêchait toujours de prononcer le moindre mot. Le magicien semblait s'en être rendu compte car, toujours souriant, il lui demanda:

"Vous semblez bien équipée pour aider ce pauvre lapin, c'est si rare de croiser quelqu'un qui leur veuille du bien, puis-je me permettre de vous demander qui vous êtes?"

Ces paroles soulagèrent l'Elfe: de toute évidence ce vieil homme ne lui voulait aucun danger! Il semblait même ce soucier du sort du pauvre lapin. Alors Kerran déposa la petite lame et se levant tant bien que mal elle murmura:

"Je... je suis Kerran, Elfe Sindar. Je vis pas loin d'ici et... je cherche à soigner ce lapin. Il est blessé comme vous pouvez voir."

Elle montra la plaie sur les côtes de l'animal. L'homme semblait de toute évidence intéressé par le lapin car il s'approcha de plus près, ce qui permit à l'Elfe de l'observer discrètement. "À coup sûr c'est un magicien, se disait-elle, il a quelque chose de vraiment spécial.".
Kerran aimait les nouvelles rencontres, ses nombreux voyages lui permirent d'ailleurs de faire la connaissance de peuplades très différentes les unes des autres. Mais un bonhomme ainsi, jamais elle n'en avait rencontré auparavant! Peut-être que c'était un grand mage qui sauva le monde auparavant? Voir même le créateur du monde?! Kerran s'excitait face à toutes ces possibilités un peu abracadabrantes et prit finalement son courage à deux mains et, un peu maladroitement, demanda:

"Et... et vous êtes? Enfin je veux dire... je suis sûr que je devrais savoir qui vous êtes, vous avez l'air important! Il y a comme une aura autour de vous c'est incroyable! Et vous attirez les animaux, vous avez remarqué? C'est de la magie ou alors ce sont euh... des amis à vous peut-être? Je veux pas paraître impolie vous comprenez, mais dans cette forêt je m'attendais plus à croiser des elfes ou des monstruosités quelconques..."

Kerran s'était un peu emportée dans son excitation, enthousiaste face à une telle rencontre. Le vieillard lui sourit, un sourire rassurant et amusé à la fois.

HJ: Désolé pour le temps de réponse, je serais encore absent 2 ou 3 jours donc j'ai préféré poster cette réponse rapide histoire de te faire patienter.

L’attitude de l’elfe fit sourire Radagast. De toute évidence elle avait ressenti le puissant pouvoir du magicien et semblait troublée par son aura protectrice envers les animaux. Cela faisait toujours rire l'Istar de voir comment les différentes personnes qu'il rencontrait pouvait réagir en sentant son aura magique. Pour certains, c'était un malaise étrange, pour d'autre une marque de respect immédiat, quant à la jeune elfe de toute évidence elle semblait enthousiasmée par cette rencontre fortuite.

Mais pour Radagast il était hors de question d’avouer sa véritable nature, très peu de personne en terre du milieu le connaissait vraiment, et c’était mieux ainsi. Il était loin d’avoir la même réputation que Gandalf, le chef de son ordre ou que Sarouman, le corrompu. Cela impliquait encore plus de responsabilité, mais en acceptant d’occuper Dol-Guldur et ainsi d’agir à découvert, Radagast avait compromis sa couverture de vieil ermite un peu fou. Les grands dirigeants elfes connaissaient désormais sa véritable nature et il comptait sur eux pour la garder secrète.

« Je ne suis qu’un vieil ermite qui s’est installé dans cette forêt il a fort longtemps. Vous pouvez m’appeler Radagast, c’est comme cela que les gens me nomment. Les animaux sont devenus mes compagnons et j’ai comme l’impression qu’ils m’ont adopté comme un des leurs. »

L’Istar fut agréablement surpris de voir qu’il restait dans cette forêt des elfes qui se souciaient encore des premiers habitants des lieux. Car après tout la magie de Mirkwood ne venait pas seulement du magicien brun mais de tous ces êtres qui ensemble avaient créé un univers magnifique et harmonieux. Il porta son regard sur la pauvre bête blessée à ses pieds. Le lapin respirait rapidement avec des saccades violentes suite au stress engendré par l’attaque, le magicien posa alors sa main sur le ventre de l’animal et tenta de l’apaiser. Au fur et à mesure, la respiration du lapin redevint normale et il finit par respirer calmement comme anesthésié par le toucher du magicien brun.

« Ce pauvre petit a besoin de soin s’il veut survivre. Qu’avez-vous dans votre besace ? L’idéal serait de recoudre la plaie et de trouver des racines de consoude pour en faire un baume apaisant. »

Cette plante assez courante dans la forêt de Mirkwood était facilement reconnaissable grâce à ses fleurs violettes en forme de clochettes. Yavanna, la mère protectrice de Radagast lui avait enseigné bon nombre de ses secrets et de la magie qu’elle avait insufflé aux plantes. Et si le magicien avait préféré se tourner vers les animaux, il n’en restait pas moins admiratif devant le pouvoir que les plantes possédaient. Il se mit alors à scruter les environ à la recherche de cette fameuse plante.

HRP: pas de soucis, j'ai fais du short aussi pour cette fois, j'espère que ça te laisse quand même de la liberté dans les actions!

« Ce pauvre petit a besoin de soin s’il veut survivre. Qu’avez-vous dans votre besace ? L’idéal serait de recoudre la plaie et de trouver des racines de consoude pour en faire un baume apaisant. »

Le bonhomme s'était présenté comme un ermite vivant parmi les bêtes, ce qui ne manqua pas d'impressionner la jeune femme qui l'écoutait avec attention. Malgré le sourire bienveillant du vieil homme, Kerran était persuadée qu'il y avait autre chose à savoir sur lui, un secret qu'il tenait à garder ainsi par sécurité probablement. Mais pourquoi?
L'Elfe ne put cependant émettre des suppositions très longtemps car Radagast, comme il disait s'appeler, s'était concentré à nouveau sur le petit lapin. Pointant du doigt la sacoche de Kerran, il lui proposa de partir à la recherche d'une plante qui pourrait soigner la bête.

"À quoi ressemble cette plante?" murmura t-elle en trottant dans les pas du vieil homme.

Ce dernier lui expliqua avec détails comment reconnaître cette perle de la nature. Des fleurs violettes, au style "clochettes"... Et apparemment très facile à repérer!
Kerran était cependant perplexe: elle qui passait son temps dans la forêt elle n'avait pourtant jamais eu l'occasion de croiser cette plante, ce qui ne manqua pas de la troubler.
Mais à nouveau, elle n'eut pour ainsi dire pas de temps d'y réfléchir car Radagast avait déjà trouvé le remède miracle, au pied d'un chêne. Il retira délicatement quelques fleurs et quelques minutes plus tard ils étaient de retour auprès du lapin qui était resté tranquille. L'Elfe déballa sa besace de laquelle elle sortie du fil et une fine aiguile, idéal pour ce genre de bêtes. Elle tendit le tout au bonhomme, le rouge aux joues.

"Je... Je vous laisse faire... Pas que ça me dérange de le faire! Mais j'ai l'impression que j'apprendrai en vous observant. Cela vous dérange t-il? C'est du matériel simple... mais il m'a déjà servit alors si ça peut vous être utile..."

Radagast lui sourit et d'un geste sûr prit les outils que Kerran lui tendait. Il se mit donc au travail en prenant bien soin d'expliquer à l'Elfe, ébahie, ce qu'il faisait et pourquoi.
Autour d'eux, la forêt s'était faite silencieuse, seuls les quelques animaux qui s'étaient attroupés autour du duo brisaient parfois le silence d'un petit froissement. L'atmosphère était emplie de chaleur, chose tellement étrange dans la forêt glaciale de Mirkwood. C'est sûr, ce n'était pas une journée comme les autres pour Kerran.

Les deux compagnons trouvèrent rapidement la fameuse plante. Radagast montra les caractéristiques de la plante à Kerran afin qu’elle puisse la retrouver un autre jour. Il fallait notamment faire attention à la forme des feuilles pour ne pas confondre la consoude avec une autre plante totalement inutile pour la guérison. En revenant auprès du petit animal blessé, l’elfe insista pour que Radagast s’occupe personnellement de recoudre la plaie. Elle semblait intimidait par l’Istar et n’osait surement pas agir seul devant son regard de connaisseur. Cette situation amusa de nouveau Radagast qui se voulut rassurant en parlant à l’elfe.

« Vous m’avez l’air assez compétente pour le faire vous-même. Si vous avez ce matériel c’est bien que vous avez aidé les Kelvar de la forêt à plusieurs reprises. Mais si vous insistez, peut-être pourrais-je vous apprendre quelques astuces. »

Les gestes de Radagast étaient sûrs, il était évident que le protecteur des animaux savait ce qu’il faisait. En ayant anesthésié le lapin, l’opération s’avéra bien plus facile, le patient ne bougeant pas au moindre coup d’aiguille. Assez rapidement la plaie fut recousue et le lapin commença à nouveau à s’agiter. Le magicien se contenta de le caresser pour qu’il reste calme.

« Pouvez-vous broyer les fleurs de consoude, un liquide jaune va en sortir, c’est cela que nous appliquerons sur la plaie. »

Le magicien était agréablement surpris par cette rencontre. Depuis les nombreuses années qu’il s’était installé à Mirkwood, il n’avait que rarement distribué son savoir. Il était donc ravi d’avoir trouvé une elfe partageant le même centre d’intérêt que lui. Une fois le liquide extrait des fleurs, l’elfe l’appliqua sur la blessure fraichement recousue. Une fois le lapin hors de danger, il s’éloigna faisant des petits bonds sans un merci. Radagast le regarda partir avec un grand sourire aux lèvres.

« Les animaux ne montrent pas souvent leur gratitude, effrayés qu’ils sont par les plus gros qu’eux. Mais la nature finie toujours par rendre ce qu’on lui a donné d’une manière ou d’une autre. »

Profitant d’être tombé sur une elfe, le magicien en profita pour prendre des nouvelles de ses voisins. Maintenant qu'il était établi à Dol-Guldur et qu'il était officiellement gardien de la forêt, il se devait d'entretenir de bonnes relations avec les elfes pour travailler ensemble au renouveau de Mirkwood.

« Dites-moi, vous venez surement du Hall de Thranduil, non ? Cela fait un moment que je n’ai pas pris de nouvelle des elfes de Mirkwood . Peut-être pourrez-vous m’en donner ? »

Kerran regardait le lapin s'encourir au loin sans un regard en arrière pour ses sauveurs. "La nature finie toujours par rendre ce qu'on lui a donné d'une manière ou d'une autre" avait murmuré l'ermite avec un sourire, et il avait bien raison. Force était de constater que ceux qui attendaient une récompense immédiate en retour d'une bonne action se retrouvait bien vite déçu aussi l'elfe avait appris à offrir sans demander en retour. Elle fut enchantée de savoir que quelqu'un d'autre agissait également de cette façon. Dans les Terres du Milieu, la jeune elfe avait pu rencontrer bien des énergumènes, des égoïstes et des manipulateurs à tel point qui lui arrivait parfois d'oublier les bonnes rencontres, rares mais importantes. Kerran se perdit dans la nostalgie de ses voyages quand Radagast aborda le sujet des elfes de la forêt. Ce fut une douche froide pour l'elfe, elle qui détestait son peuple. Elle arbora un sourire faux et froid, espérant que l'homme aux mystères ne demanderaient pas trop de détails.

"Eh bien..., toussota Kerran, pour être franche je ne sais pas. Mon père en moi sommes en retrait du peuple alors pour ce qui est histoires du peuple... Je dirais que ça va. C'est plutôt calme vous savez, rien ne se passe dans le Hall. On y est protégé, c'est ce qu'ils disent, et les elfes ici sont relativement sereins alors les journées passent."

L'elfe soupira.

"On s'y ennuies en fait, pour tout vous dire. C'est un peu cloîtré vous pensez pas? Enfin, mon avis est assez subjectif, mon aversion pour mon propre peuple n'aide pas. Pourquoi ne viendriez-vous pas? Ainsi vous pourriez voir de vous-même. Et puis vous pourriez passer à l'Atelier, j'ai quelques livres sur la faune et la flore dont j'aimerai votre avis. Vous semblez vous y connaître."

Kerran se montra beaucoup plus chaleureuse à l'idée de faire visiter son atelier à un autre ami des bêtes, même si cela signifiait devoir passer par le Hall à nouveau, comme tous les jours. Radagast semblait approuver l'idée d'entamer un bout de chemin avec l'elfe, aussi ils reprirent la route après avoir remballer le matériel de soin. La forêt semblait lumineuse aujourd'hui et les animaux s'accumulaient dans le sillage du bonhomme au fur et à mesure qu'ils avançaient. Même si émerveillée Kerran trouva cela étrange d'attirer autant de bestioles. "C'est peut-être un animal en fait? Un changeur de formes? Ou alors il parle la langue animal? Mais dans quel livre est-ce que j'ai entendu parler d'une langue animale encore...". L'Elfe se torturait l'esprit sans oser poser de questions car elle savait qu'elle n'obtiendrait que de vagues réponses. À son imagination qui courait à travers champs elle du mettre un "stop" afin de pouvoir se concentrer sur le chemin emprunté. Même en connaissant la forêt, il fallait être prudent. Ils arrivèrent assez vite au Hall de Thranduil, impressionnant comme il était avec sa hauteur et ses gardes. Radagast semblait ravi de se retrouver dans les environs, à l'opposé de la jeunotte qui affichait une mine d'enterrement.

"Bon bah... bienvenu?" murmura t-elle assez incertaine.

Radagast sourit et tout deux ils avancèrent vers cette entrée que Kerran avait franchie une multitude de fois en jurant ne jamais revenir.

Kerran sembla gênée au moment d’évoquer son peuple. Bien qu’elle essaya de le cacher, le magicien n’eut aucun mal à s’en rendre compte. Elle semblait ne pas particulièrement porter dans son cœur les elfes du royaume ce qui pouvait expliquer en partie qu’elle et son père vivaient éloignés des autres. Radagast ne put empêcher un petit rire amical.

« Ah, je ne suis pas le seul à m'être éloigné de la civilisation alors. Nous avons de plus en plus de points en commun à ce que je vois.»

L’elfe lui proposa alors de se rendre dans le territoire elfique. Cela faisait une éternité que Radagast n’avait pas vu le Hall. A vrai dire il y était seulement passé une fois lors de son arrivée dans la forêt de Mirkwood. Il avait voulu rencontrer ses voisins afin de voir qui ils étaient. Le magicien avait alors reçu un accueil chaleureux bien qu’il ne soit pas resté très longtemps parmi les elfes.
Il était curieux de voir comment avait évolué la cité et quels étaient les dégâts après l’occupation orientale, si tout du moins il y en avait. Mais ce qui l’intrigué le plus était de voir l’Atelier de Kerran. De toute évidence il n’aurait rien de comparable avec celui du magicien à Dol-Guldur mais il espérait retrouver l’ambiance qui lui manquait tant de Rhosgobel, son ancienne demeure. Il était resté si longtemps à la lisière de la forêt dans son vieux chêne que ce fut un déchirement de le quitter pour les pierres froides de la forteresse.

Il aurait surement quelques astuces à apprendre à la jeune elfe. Entre amoureux de la nature, il fallait s’entraider. Radagast voyait dans Kerran une sorte d’apprentie qu’il n’avait jamais eue, avec les mêmes centres d’intérêt et la même passion dévorante pour tout ce qui vit. A ce qu’avait pu voir l’Istar, elle éprouvait le même dépit envers les peuples libres, tout du moins les elfes, peut-être pour la même raison que Radagast, ces derniers ne se préoccupant plus des olvars et des kelvars quand les enjeux sont trop importants.

Lors de la promenade dans la forêt jusqu’au Hall, les habitants de Mirkwood vinrent saluer leur ami qu’ils n’avaient pas vu depuis un moment. Cela ne manqua pas d’amuser l’elfe. Radagast ne se permit pas de discuter avec ses vieux amis ne voulant pas trop en dévoiler sur sa personne, les animaux repartirent donc un peu déçu. Le magicien se promit d’aller les voir sur le chemin de retour.

Une fois arrivé devant le Hall elfique, Radagast fut frappé par la grandeur de l’édifice. Dans son souvenir, le mur d’enceinte était moins imposant et il y avait beaucoup moins de gardes. A l’époque les elfes cherchaient à rester discrets. Maintenant que les orientaux étaient partis et que le royaume avait intégré la Fédération elfique, ses habitants n’avaient plus à se cacher. Le visage de Kerran s’était éteint en voyant l’entrée du Hall, elle semblait si triste à l’idée d’y retourner, cela interpella le magicien.

« Qui a-t-il ici qui provoque un si grand rejet de votre part ? »

Les gardes à l’entrée laissèrent passer les deux compagnons, surement avaient-ils reconnu le gardien de Dol-Guldur. Une fois à l’intérieur, le spectacle était grandiose. Des arbres immenses lançaient leurs branches vers le ciel et dans ses arbres des passerelles et des habitations avaient été bâti. Radagast regarda alors Kerran :

« Il me semble que vous ne voulez pas vous attarder ici, et si vous nous guidiez vers votre atelier ? J’ai hâte de voir ce que vous y garder. »

Kerran évita vaguement les questions de Radagast au sujet de son dégoût pour sa propre espèce avec des signes de mains et des marmonnements incompréhensible. Le sage vieillard n'insista pas et proposa d'aller visiter l'atelier de l'Elfe sur le champ. Ils prirent alors un petit chemin entre deux magnifiques et imposants sequoias, les menant à un escalier qui montait jusqu'à une passerelle. Ils leur fallut une bonne dizaine de minutes pour atteindre l'habitation quelque peu cachée de Kerran et son père.

- Nous y sommes.

Une petite maison aux allures elfiques, sans surprise. La jolie porte ronde était décorée de légères gravures représentant des animaux de la forêt, un travail de son père bien entendu. Kerran prit le temps d'expliquer la signification des gravures à Radagast: chaque animal était un rescapé de la forêt que l'Elfe avait soigné ou aidé à quitter ce monde sans trop de douleurs, tous gravés dans un ordre de spirale. Elle raconta aussi comment son père construit la plus part des meubles de cette maison, les petites plantes qui traînaient par ci par là et leurs provenances et enfin... son atelier.

- Suivez-moi, mon atelier est sur le côté gauche de la maison.

Caché derrière un paquet de branches sauvages, l'atelier de l'Elfe semblait les attendre. À l'arrivé des deux compagnons, les oiseaux se mirent à voleter au-dessus de leurs têtes en sifflant un air joyeux. Terenah, le chat de la famille, vint à leur rencontre en ronronnant. Kerran le prit dans ses bras et se tournant vers Radagast, murmura:

- C'est notre chat, Terenah. Je l'ai ramené lors d'un voyage pas loin de la Comté. Et ça, ajouta l'Elfe en pointant son atelier, c'est mon refuge.

Elle invita le bonhomme à entré par la petite porte en bois, elle aussi décorée d'animaux gravés. Son atelier était petit, mais joli. Le toit était ouvert, illuminant la pièce d'une lumière chaleureuse. C'était un peu le bordel, Kerran étant partie en toute hâte ce matin-là: des parchemins traînaient sur les tables et quelques livres étaient ouverts au sol. Au fond de la pièce il y avait quelques cages faites de bois solide dans lesquelles dormaient une belette, un renard et deux chatons. Étrangement, les petites portes des cages étaient ouvertes. L'Elfe expliqua que les cages n'étaient là que pour faire bonne figure quand des clients venaient dans son atelier, car les animaux ne faisaient pas de grabuges en soit.

- Mais bon, certaines personnes n'aiment pas voir des animaux sauvages en liberté dans un atelier de soins.
Vous désirez une tisane?

Kerran prépara les boissons et installa le plateau près du siège de Radagast. Elle s'assit elle aussi, silencieuse. Le vieillard souriait avec un air rassurant, observant l'atelier avec précision. Il aurait pu être un elfe que Kerran se serait sentie tout aussi confortable. Le bonhomme avait un air sage qui semblait calmer ses inquiétudes. Aussi, après un certain silence, elle tint à répondre à cette question que Radagast eu, une heure auparavant.

- Je suis pas douée pour le combat, vous savez. C'est une honte pour un elfe non? Nous qui sommes connus pour être né avec un arc dans la main... Mais c'est ainsi. Et beaucoup se moquèrent de moi pour cette raison. Vous imagineriez un elfe se moquer d'un de ses camarades? C'est assez incroyable, n'est-ce pas. Les Elfes ne sont pas aussi beaux qu'on laisse entendre. On n'est rien de plus que des bestioles vivant un peu trop longtemps à mon goût.

Kerran continua à expliquer ses troubles de jeunesse avec ses pairs, et ses nombreux voyages seule et accompagnée, le pourquoi elle s'intéressa aux animaux et comment cet atelier prit vie. Elle parla longtemps, très longtemps, si bien que la lumière du jour descendit quand elle eu finit son monologue. Elle s'excusa et, tentant de dévier le sujet sur autre chose, proposa à Radagast de jeter un coup d'oeil à sa bibliothèque.

- Elle doit sûrement être minable à côté de la vôtre, mais bon c'est ma petite collection. J'en ai un ou deux qui regroupent mes écrits sur la faune et la flore, d'autres que j'ai récupérés au cours de mes voyages. Je vous en prie, faites comme chez vous.

Elle laissa donc liberté d'observer et chipoter à Radagast tout en expliquant ceci ou cela à propos de diverses choses. Ce n'était pas tous les jours que Kerran pouvait montrer son atelier avec fierté et discuter d'animaux avec un autre passionné, et elle comptait bien profiter du temps que le bonhomme comptait passer ici.

HRP: Désolé du temps de réponse abusé, je ferais mieux pour les prochains messages.

Kerran emmena donc le magicien chez elle. Il fut charmé par la petite habitation à l’écart du reste de la cité. Une fois devant la porte, l’elfe expliqua à l’Istar ce que représentait les animaux gravaient avec tout l’art des elfes. Radagast fut touché de voir l’importance que tenait les animaux dans sa vie. Il ne put s’empêcher de penser que s’il devait faire pareil à Dol-Guldur il aurait surement à graver l’intégralité des murs de la forteresse et en y pensant bien cela pouvait être une bonne façon de redonner un peu de gaieté à cette ancienne place forte militaire.

Une fois à l’intérieur Radagast se trouva dans une véritable animalerie. Des oiseaux volaient librement et des animaux de la forêt dormaient paisiblement. Cette vision rendit un brin nostalgique le magicien et lui rappela l’ambiance de Rhosgobel son ancienne demeure. Il n’y était pas retourné depuis son installation à Dol-Guldur et il n’avait pas encore eu le temps de véritablement s’installer dans l’ancienne forteresse orientale. Il avait fait de Rhosgobel un grand désordre où il entassait des sacs remplis de feuilles et racines diverses, des flasques d’élixirs aux couleurs variées et des écrits venant de toutes la Terre du Milieu et ses propres recherches.

L’elfe s’expliqua sur la présence des cages mais Radagast comprenait parfaitement leur usage car même en la présence du magicien brun certaines pulsions animales ne sont pas calmées et à Rhosgobel quand il devait garder des animaux ne s’appréciant pas il utilisait lui-même des enclos. Il se souvint d’un renard qu’il avait ramené chez lui parce qu’à cause d’une patte cassé sa vie était en danger. Alors qu’il ne pouvait plus se déplacer, en arrivant à la demeure de l’Istar le renard s’était jeté sur un pauvre lièvre et Radagast avait empêché le massacre de justesse.

Les deux compagnons s’assirent ensuite dans l’atelier, à peine Radagast eut-il posé ses fesses dans le fauteuil que le chat de Kerran se précipita sur ses genoux. Cela faisait une éternité que le magicien n’avait pas vu cet animal. En effet il n’y a pas de chats sauvages à Mirkwood et les seuls fois où il s’était trouvé en leur compagnie, s’était lors de ses visites à son vieil ami Beorn le Change Forme qui lui aussi était un ami des bêtes. Il fut donc ravi de voir le félin et l’accueilli avec de grande caresse. En sentant l’ambiance qui régnait ici, Radagast éprouva un grand respect pour la jeune elfe qui avec ses propres moyens avait mené la même lutte que lui.

Kerran se décida finalement à parler de son dégoût pour les elfes et les difficultés qu’elle avait vécu et qui l’avait poussée à s’éloigner de son propre peuple. Le magicien se sentait de plus en plus proche de l’elfe car lors de son arrivée en Terre du Milieu il éprouva le même dégoût pour tous les Peuples Libres qui ne s’avéraient finalement pas plus évolués que les animaux sauvages plus digne de confiance.

« Je comprends tout à fait votre rejet pour votre peuple. Malheureusement les personnes censées être les plus sages ne le sont pas toujours. Comme tous les êtres d’Arda, ils peuvent être cruels et vicieux. C’est ce qui m’a poussé à m’éloigner du monde jadis, mais aujourd’hui j’ai compris que même parmi les hommes et les elfes se trouvent des êtres remarquables de bonté et gentillesse. J’espère qu’un jour vous comprendrez aussi que même chez les vôtres se trouvent de bonnes personnes chez qui vous retrouverez la même passion. Vous ne devez pas être la seule elfe à se soucier de la nature dans cette forêt, non ? »

Il termina sa phrase avec un petit rire. Kerran enchaîna alors avec sa bibliothèque. Le magicien brun se montra curieux de lire les écrits de l’elfe. Ces derniers comprenaient des descriptions précises de la faune et la flore de Mirkwood. Radagast n’hésita pas à ajouter des précisions notamment sur les caractéristiques des plantes dont il connaissait quasiment tout ce qu’il y avait à savoir étant sa nature d’élève de Yavanna.

« Vous devriez venir voir mes manuscrits un de ces jours, vous pourriez en apprendre beaucoup sur les pouvoirs de la nature qui nous entoure. Malheureusement à cause des orientaux, je n’ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à mes écrits, il y avait tellement à faire pour la forêt. Je pense que vous aussi avez eu pas mal de travail pour soigner les nombreux animaux blessés par ces monstruosités d’araignées géantes ? Celui qui a créé ces anormalités de la nature devrait avoir honte de gâcher le travail des Valars. »

Le magicien commença à s’emporter en parlant des araignées géantes de Morgoth qui avaient détruit la si belle forêt de Mirkwood et tué un si grand nombre de ses amis. Il haïssait Le Seigneur Noir pour avoir corrompu des êtres innocents et inoffensifs. Il but une gorgée de tisane pour se calmer et continua :

« Enfin bref, maintenant la forêt et sauve et retrouve le calme c’est le plus important. ».

Kerran était aux anges: cette rencontre étrange était de toute évidence l’événement qu'elle attendait depuis un moment, dans son petit atelier de Mirkwood. Radagast s'intéressait à ses écrits et prenait même le temps de les corriger ce qui ne manqua pas de ravir l'Elfe, elle qui ne connaissait personne dans les environs qui semblait avoir un quelconque intérêt pour la faune et la flore.
Ils discutèrent encore un peu, Radagast lui parlant de ses propres écrits en lui proposant vaguement de venir les lire un jour. Il marmonna:

-Malheureusement à cause des orientaux, je n’ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à mes écrits, il y avait tellement à faire pour la forêt.

"Ca confirme ma première impression... Radagast a forcément un rôle important par ici!"
L'Elfe ne dit rien, laissant le vieillard continuer son histoire, mais au fond d'elle l'Elfe bouillait de curiosité et milles et une questions jaillissaient dans sa tête. Elle se dit que les questions seraient pour une autre fois car jetant un coup d’œil par la porte entre-baillé elle pu constater que la lumière s'était faite rare et que la nuit était de toute évidence tombée sur la forêt. Elle continua cependant à parler avec Radagast, argumentant notamment le cas des araignées de Morgoth qui lui avaient causés pas mal de soucis quelques temps auparavant lors de ses promenades matinales.
Le silence se fit, un silence reposant et agréable que seuls les oiseaux et autres bestioles venaient briser par moments en chantonnant ou se chamaillant. Kerran se leva.

-Il se fait tard cher ami et j'ai un long voyage qui m'attend demain: je pars pour la Comté prendre du repos. Les Hobbits sont gentils et assez festifs: les soirées là-bas ne sont pas les mêmes qu'ici.

Elle rigola en tentant de cacher une expression de nostalgie. Elle prit les tasses et les déposa sur la table d'atelier et invita Radagast à sortir. "Je vous accompagne!" avait-elle dit avec enjouement. Avant de franchir la porte, elle prit un vieux livre de cuir brun. Elle le tendit à l'homme.

-C'est le tout premier livre que j'ai écrit. Il y a beaucoup de dessins qui feraient rire un enfant tellement ils sont mal faits. Mais j'étais jeune, et je le suis encore. Je tiens à vous l'offrir, j'espère qu'il trouvera place dans votre bibliothèque parmi vos propres écrits que j'espère lire un jour.

Le retour vers la porte se fit en silence, et ils croisèrent quelques elfes qui semblaient reconnaître Radagast. De toute évidence elle était la seule à ne pas savoir ce que le bonhomme avait fait de si merveilleux pour que tout le monde semble heureux de le voir. Sa curiosité restait éveillée et elle se promit de partir à nouveau à sa rencontre un jour, afin de lui poser toutes ces questions qui lui brûlent les lèvres. Arrivée à la porte gardée, Kerran demanda au vieillard si il comptait revenir un jour dans la Cité. Elle lui exprima également toute sa gratitude quant aux corrections donnés dans ses manuscrits et pour le temps passé en sa compagnie.

-Cela faisait longtemps que je n'avais plus passé une journée aussi enrichissante en connaissances et rencontre.

Elle sourit. C'était rare de voir l'Elfe grincheuse sourire. C'était un sourire sincère que le monde n'était pas prêt à voir à nouveau, un peu comme ces phénomènes étranges qu'on peut voir dans le ciel une à deux fois par an. La jeune femme leva les yeux vers les hauts arbres de Mirkwood et pour une fois eux aussi ressemblaient à ces phénomènes étranges du ciel, si beaux qu'on les penseraient irréels.