Un rencontre sous les fers (PV. Katie) FB

- Nous ne sommes plus très loin, Commandant !

L'éclaireur avait pris la tête de la petite troupe. Les bruits du sabots résonnaient sur la petite route pavée, seule lien visible entre la Lorien et le Rohan. Bientôt pourtant ils seront obligés de quitter cette petite route pour voir s'étendre devant eux les vastes plaines du Rohan.

Le Rohan, pays des chevaux...

Helluin pouvait sentir la tension de son cheval. Ce dernier n'avait qu'une hâte : traverser ces plaines comme l'avaient fait jadis ses ancêtres, jouer avec le vent et goûter à cette herbe si succulente. L'elfe inspira un coup. Tout ici inspirait la liberté et il pouvait comprendre pourquoi les chevaux se sentaient ici comme chez eux.

- Très bien, préparez-vous à quitter le sentier. Nous allons chevaucher à travers ces plaines et goûter à cette liberté tant vanté par les Rohirrim.

Ses compagnons d'armes acquiescèrent avec un coup de tête.
Ils étaient cinq au total. Tous issus de la plus fine garde des Galadhrim et menés par le commandant de la garde royale, Helluin Eambas. Ce dernier avait eu pour mission de traverser le Rohan jusqu'à Edoras afin de raviver les anciennes alliances. Ce n'était au fond qu'un voyage diplomatique de simples conformalités.
Arrivés au bout du sentier, les elfes donnèrent un coup d'étrier et laissèrent galoper leurs montures à travers la vallée du Rohan.
Helluin pouvait sentir toute la vitalité de son fidèle destrier, pas de doute possible, il y avait aussi de la magie sur la terre des Humains.

Ils continuèrent leur folle chevauchée jusqu'à ce que les chevaux ainsi que leurs maîtres se sentirent épuisés par tant de liberté.

- Cela suffit, nous allons faire halte ici. Essayons de reprendre de l'énergie et laissons reposer nos chevaux.

Helluin inspecta le lieu. Ils pouvaient trouver refuge près des rochers, se protégeant ainsi des bourrasques de vent qui fouettaient son visage et celui de ses camarades d'armes. L'endroit était propice pour se détendre et ainsi surélevé, ils avaient une bonne vue sur l’étendue des terres.
Les chevaux se couchèrent sur l'herbes et les elfes s'empressèrent de leur murmurer des paroles réconfortantes et amicales. Il y avait entre les animaux et les elfes un lien très fort, notamment pour les Galadhrim dont leurs croyances se tournèrent avant tout vers la Nature.
Une fois assurés que leurs chevaux ne manquaient de rien, les elfes se mirent à préparer un feu et à se partager un peu de lembas, le pain elfique. Helluin pouvait ressentir sa vitalité revenir. Il était encore jeune. Mil an avait peu d'importance aux yeux des elfes et il avait encore bien des siècles devant lui. Cependant, il avait su se démarquer malgré sa jeunesse parmi les Galadhrim. La noblesse de sa famille n'a pas été pour peu, si ce n'est qu'il était considéré comme un véritable virtuose du combat. C'était d'ailleurs simple, pour peu qu'on connaisse l'elfe : Helluin ne vivait que pour le combat. C'était un guerrier né et il était tout aussi doué en armes qu'il était piètre diplomate.
Contrairement à son frère, Helluin n'était pas né avec une langue d'or. S'il était d'ailleurs tout à fait honnête avec lui-même, l'elfe noldor redoutait un peu cette entrevue. Sa froideur n'avait pas pour habitude d'engager la conversation, mais c'était quelqu'un qui prenait sa mission très à cœur.

Ses compagnons s'assirent autour du campement. Détendus, ils engagèrent la conversation. Certains s'amusèrent à échanger quelques poèmes ou d'avis de lecture. Helluin quant à lui n'avait pas le cœur à se détendre. Certes la paix régnait entre le Rohan et la Lorien, mais l'elfe fidèle à soi-même décida de rester sur ses gardes.
Après avoir lancé un dernier regard vers sa troupe, il s'éloigna légèrement du campement. En montant vers les hauteurs de la plaine, Helluin observa d'autres rochers qui lui cachèrent légèrement sa vue bien que cela n'était pas vraiment dérangeant pour un elfe.
Tournant autour de lui, rien ne lui semblait suspect.
Ce fut cependant au moment où Helluin voulut se rendre au campement qu'il remarqua une ombre se faufiler à travers les rochers.
Discrètement ses sens se mirent en alerte. Il se mit à l'observer avec attention. L'ombre semblait se mouvoir lentement. Il ne pouvait dire avec précision s'il s'agissait d'un Rohirrim, mais après quelques minutes, l'elfe pouvait entendre le grincement de l'herbe sous les pas de l'individu.
Helluin se mouva à travers les rocher avec agilité. Il allait surprendre l'individu et le prendre sur le fait. Son épée sortie de son fourreau, l'elfe s'approcha de plus en plus de l'ombre. Il pouvait maintenant percevoir sa respiration qui lui semblait calme et contrôlée...raison de plus pour se méfier.
Pareil à un prédateur Helluin se trouvait maintenant derrière l'individu, à quelques mètres près. Il ne pouvait rien distinguer de ce dernier. Son visage se trouvait caché derrière une cape ample. Inutile de jouer encore plus longtemps au chat et à la souris. Helluin pointa son épée sur son opposant.

- Arrête-toi là, étranger,  et bats-toi !

Il s'avança avec rapidité, son épée prêt à frapper. Si l'étranger était vif, il avait une chance de s'en sortir, si non, tant pis pour lui.

Cela faisait approximativement trois semaines que Katie avait entamé la le long périple qui la conduirait au Rohan. Elle n'y avait encore jamais mit les pieds, mais mourrait d'envie de découvrir cette terre tant admiré et apprécié. Il faut aussi avouer qu'elle avait besoin d'une monture pour continuer sa route. Et quoi de mieux que la terre des chevaux pour trouver un cheval.

Le trajet c'était relativement bien passé, elle avait trouvé deux charrettes sur son passages. Une contenant de la nourriture, l'autre des armes. Elle ne s'était pas attardée, elle avait fait son boulot. Menacer, voler, tuer, disparaître. Pendant un moment, elle avait envisagé de prendre un des chevaux des chariots. Mais le premier était une vieille jument cagneuse, et le deuxième un mulet. Elle s'était donc contenté de récupérer l'argent des défunts propriétaires, un poignard, long et effilé, qu'elle plaça dans sa botte droite. Il n'était pas aussi bien que celui qu'elle avait perdu, mais il ferrait l'affaire en cas d'urgence. Elle s'accapara également des provisions, eau, pain, fruit, puis disparue.
Il n'était pas nécessaire de tuer les marchands, elle le savait, mais, tuer faisait du bien. Elle aimait tuer. Sentir la vie quitter l'autre, voir la lumière s'échapper de leurs regards, sentir leurs muscles se détendre, les voir résister d'abord, puis supplier, et enfin abandonner.

Une fois ceci accomplit, Katie s'était remise en route. Elle avait continué à bonne allure, le temps jouant en sa faveur. Elle n'avait ralentie l'allure qu'en fin de matinée de son 17° jours de marche. Devant elle se dressait les plaines du Rohan. Du vert, du vent, de la liberté à perte de vue.

La traversé de cette étendue d'herbe allez être compliqué si elle ne voulait pas se faire repérer par un étranger ou un Rohirim. Lentement, elle scruta la plaine en quête d'une solution. Et elle la trouva.

Les rochers. Ils lui permettrait de pouvoir se cacher le jour et de circuler plus ou moins librement la nuit. Elle scruta une dernière fois la plaine à la recherche d'une menace potentielle, puis, sans plus attendre, elle s'élança au pas de course. Elle courue une vingtaine de minutes à allure soutenue avant d'atteindre le premier amas rochers.

Il était midi, le soleil atteignait son apogée, et la fatigue de ses longues semaines de marches commençait à se faire ressentir. Avancer de jour sur un terrain aussi découvert était aussi stupide qu'imprudent. Aussi la jeune femme décida-t-elle de s'accorder une pause et de ne reprendre sa route qu'à la nuit tombée, quand ces habits sombres lui offrirait un camouflage.
Elle s'installa entre deux rochers, dans une petite crevasse, couchée, personne ne pouvait la voire, à moins bien sur de la chercher et de vouloir la trouver.
La, elle mangea un morceau de pain rassit, un peu du reste de fromage qu'elle avait volé il y à deux jours et bu quelques gorgées d'eau de sa gourde en peau de chèvre avant de faire une sieste, meilleure moyen de récupérer.
Prudente, elle s'adossa contre le mur qui constituait le fond de la crevasse, poignard à la main, mains derrière la tête en guise d'oreiller.

Quand Katie rouvrit les yeux, c'était la fin d'après midi. L'air s'était rafraîchit, et la brise qui soufflait ne faisait qu'accroître la sensation de froid.
Engourdie, elle décida de marcher un peu, préférant attendre encore une heure ou deux avant de prendre la route pour de bon.

C'est alors qu'elle les trouva, un troupeau d'elfe guerrier venu d'on ne sais ou pour faire on ne sais quoi. Nombreux. Trop nombreux. Mais avec des chevaux. Accroupie sur un rocher en amont de la petite troupe. Katie les observa de loin pendant une demi heure environ.
Ils avaient l'air fatigués, tout comme les chevaux. Le plan numéro 1 qui consistait à sauter sur un des chevaux et de prendre la fuite avant que toute la troupe ne se mette en branle était donc impossible.
Tout comme le plan numéro 0, parce qu'inconcevable, d'attaquer la troupe d'elfe guerrier.
Il fallait donc qu'elle trouve un plan numéro 2.

Elle redescendit de son rocher pour s'y adosser et réfléchir.
Si elle contournait le troupe, il lui faudrait faire un détour considérable. Si elle attaquait, elle ne survivrait pas. Si elle attendait, elle perdait trop de temps.
Katie détestait attendre pour rien. Attendre pour tuer, ça oui. Mais attendre pour pouvoir marcher, ça non.
Elle attrapa une des mèches de cheveux qui s'était échappée de sa tresse et la replaça derrière son oreille avant de rabattre son capuchon.
Elle avait un plan 2, mais si il ne fonctionnait pas, il revenait au même que le plan 0.
Alea Jacta est.

Le problème avec les plans c'est que les trois quart du temps il ne se passent jamais comme prévue.
Et en effet celui si confirma la règle.
Alors que la jeune fille se faufilait près du camp, un bruit sur sa gauche la fit se retourner juste à temps pour voir une lame fondre sur elle. Par pure réflexe, elle se jeta sur le côté et esquiva le coup par une roulade. Plus rapidement qu'il ne le faut pour l'écrire, elle se remit sur ces pieds, dégaina son épée et en un quart de tour sur elle même se retrouva face à l'ennemi en position d'attaque lui aussi.

- Arrête-toi là, étranger,  et bats-toi !

Katie pris le temps de détailler son adversaire. Un elfe. Assez grand, d'apparence fin mais musclé. Cheveux brun.
Tout en conservant sa garde, Katie s'adressa à lui d'un ton froid et tranchant.

- Tu t'es perdu Elfe ? Ou bien t'apprête tu à attaquer tes semblables ?

Attaquer un elfe seule, au milieu des rochers, à proximité d'un troupeau au quel ledit elfe appartenait surement n'était vraiment pas la solution.
Aussi Katie décida de jouer une autre carte.
Elle rengaina son épée et s'approcha doucement de l'elfe, son capuchon étant tombé lors de sa roulade, elle avait le visage à découvert, ses mèches folles tombant devant ses yeux noirs profonds à l'aspect innocent.
Ignorant l'épée toujours pointée vers elle, elle posa une main sur le tranchant de la lame et s'arréta.

- Je ne pense pas me tromper en affirmant que tu as fait vœux de protéger la population. Femmes. Enfants ? J'en passe.

Décollant légèrement sa main de l'épée, elle avance d'un pas.

- Oserais tu m'attaquer ? Moi ? dont tu ne sais rien ? Ceci n'est pas une attitude digne des nobles guerriers dont tu prétends par ta tenue être le descendant.

Toujours avec un sourire elle leva légèrement ses mains et les écarta avant de les laisser le longs de son corps, les doigts de la mains droite sur la couture du fourreau de son poignard. Quand la manipulation ne fonctionne pas, courir ne sert à rien, tuer est plus utile.

- Bien sur, c'est ton choix, pas le mien.