Flashback "Le chant du Gondor" Pv Glorfindel-Angharad

J'avais passé quelques temps à la frontière entre le Mordor et le Gondor. Mais, comme de coutume, j'avais bien vite rebroussé chemin. Ces terres exhalaient une odeur qui ne me plaisait pas, à tel point qu'elles me hérissaient les cheveux sur la nuque. Ou peut être s'agissait-il de relents Orques qui parvenaient jusqu'à moi ? Je n'en avais aucune idée. Toujours est-il que j'avais bien vite quitté la région et traversé le Gondor, en direction du Rohan. J'avais traversé les fleuves et rivières sur ma route avant de prendre de l'altitude dans les Montagnes Blanches. De façon générale, j'étais toujours à l'aise en montagne.

J'avais donc décide de voyager sur les versants les plus abrités des montagnes, profitant de la chaleur -certes relative- de ce début d'hiver. J'aimais la neige, mais pas lorsque je devais voyager pendant plusieurs semaines ou mois. Peut-être m'installerai-je quelque part en attendant que la saison froide soit passée... Je n'en savais rien, pour l'heure. Il serait toujours temps d'y penser lorsque le gel serait là.

Ce matin-là, je cheminais tranquillement à quelques six ou sept cent mètres d'altitude, mon arc et mon carquois fixés à ma selle, avalant les kilomètres du pas souple de mon cheval. Une bonne bête, que j'avais achetée dans la vallée. C'était un hongre au tempérament vif mais suffisamment obéissant pour me plaire. Sa robe d'un brun chaleureux me rappelait ma monture à l'époque où je vivais avec Ian, au Rohan... C'était cela qui m'avait poussée à le choisir. Je me l'étais approprié en décorant sa queue et sa crinière de tresses entrelacées de cordons de cuir. Cela lui allait plutôt bien et je pensais le garder quelques temps.

Il commençait à faire frais et je resserrai ma cape autour de mes épaules, frissonnant. J'avais revêtu une tenue composée d'un corsage et d'un pantalon de cuir -cousus main l'été dernier, s'il vous plaît-, mais cela ne suffisait pas à me tenir au chaud. Ma vieille cape commençait à rendre l'âme et je me demandais s'il ne serait pas plus sage de retourner dans les plaines. Je soupirai, engendrant un petit nuage de vapeur qui s'éleva pesamment dans les airs. Un petit ruisseau coulait non loin et une mésange chanta près de moi. Je me mis alors à chantonner en elfique, reprenant une vieille chanson apprise de ma mère dans mon enfance. Une chanson qui parlait de la pureté des arbres centenaire et de leur attente du printemps. Qui parlait de la vie en hibernation sous la neige, et qui chantait en écho avec les étoiles.

Et je poursuivais mon chemin, dans la douceur d'un soleil hivernal.

Dans la lueur mourante du jour, une ombre grandissait au détour d’un chemin. Un cheval d’un blanc éclatant marchait au pas sur le sentier tortueux. Il était curieux de voir que ce cheval ne portait ni selle ni rênes. A ses côtés, un elfe. Sa main était posée délicatement sur l’encolure du cheval. Si vous passeriez à côté vous trouverez sans doute ce spectacle assez étrange. Et puis, lorsqu’ils seraient à votre hauteur, vous croirez entendre une légère brise. Seule une oreille avisée comprendrait que l’elfe s’adressait, et même discutait, avec son cheval. Il lui arrivait parfois d’hocher légèrement la tête, comme si il acquiesçait. Les deux amis s’arrêtèrent un instant. Glorfindel jeta un œil à l’Est et une lueur de défi germa dans son regard. Il eut un profond soupir et reprit son chemin. Il serait bientôt aux portes de Minas Tirith. Cela faisait longtemps qu’il avait envie de contempler la forteresse du Gondor. La blancheur et la hauteur de ces tours rappelait la gloire de Numenor de jadis et une pâle réminiscence de Gondolin brûla dans ses pensées. Il avait rarement eu l’occasion de s’aventurer dans cette cité, préférant le calme des bois ou la fraîcheur de la mer.

Ses pensées s’égarèrent au-delà même des terres de l’Ouest. Il faillit ne pas remarquer le cavalier devant lui. Un chant s’éleva dans les airs et il en fut saisi par sa beauté. Il remarqua la silhouette voutée enveloppé dans une cape décolorée par l’usure…
Glorfindel pressa le pas et arriva à la hauteur du cavalier et l’interpella :

« Bonsoir Monsi…. Mademoiselle ! , bafouilla-t-il en constant que le cavalier était en fait une jeune elfe.
Vous semblez avoir froid mais vous êtes une elfe ! , s’étonna-t-il. Il se défit de sa propre cape, blanche et brodée de divers motifs floraux de fils d’argent.
-Elen síla lúmenn' omentielvo ! Je vous prie d’accepter ma cape en guise cadeau »

Il tend alors sa cape à l’elfe devant lui. En retirant sa cape, il dévoile une tunique blanche et une armure légère. Dans son dos est accroché un arc et un carquois. Son regard croise celui de l’elfe qu’il vient de rencontrer…

Soudain, une voix m'interrompit dans ma chanson. Non loin de nous se tenait un elfe qui marchait dans ma direction, la main posée sur l'encolure d'un splendide cheval d'un blanc pur. Créature magnifique s'il en est. J'eus d'ailleurs le plus grand mal à en détourner les yeux pour détailler le nouvel arrivant qui me tint ce discours :

« Bonsoir Monsi…. Mademoiselle !

Par tous les dieux. Etais-je à ce point étrange que l'on me confonde avec un homme ? Certes, ma cape ne laissait pas voir mes formes, mais tout de même ! Il m'avait probablement entendue chanter... Ou peut-être avais-je une voix plus rauque que la normale. Curieux.

Vous semblez avoir froid mais vous êtes une elfe !

Il semblait étonné. Non pas que j'aie réellement froid, mais j'appréciais moins le contact de l'air frais que celui de l'air chaud. Question de goûts. Ce disant, il se délesta de sa propre cape, coupée d'une belle étoffe blanche aux motifs argentés. Je reconnaissais là un travail soigné et probablement coûteux. Il ajouta d'une voix aimable :

"Elen síla lúmenn' omentielvo ! Je vous prie d’accepter ma cape en guise cadeau »

Je fronçai les sourcils, perplexe. Pourquoi m'offrirait-il un tel présent ? Je ne le connaissais pas, ne l'avais probablement jamais vu... Et alors qu'il me tendait la cape, j'hésitai à agir. Je ne voulais pas paraître grossière, mais on m'avait toujours appris à ne pas accepter de présent d'un inconnu. Par railleurs, je pouvais constater que mon vis-à-vis était équipé d'une armure, certes légère, mais néanmoins couvrante, contrairement à moi. Je regrettais un peu d'avoir laissé ma tenue habituelle dans mon balluchon, sur le flanc de mon cheval. Passer inaperçue pouvait avoir des désavantages. Comme celui de passer pour un homme... Ou me retrouver quasiment désarmée. Heureusement, cet elfe n'avait pas l'air particulièrement agressif. Au contraire. Après un léger temps de latence, je finis par répondre d'une voix chantante :

"Je vous remercie de votre générosité, mais je ne peux accepter un tel présent. Pour tout vous dire, si je n'ai pas froid, je n'en trouve pas moins que l'air glacial est désagréable."

Je gardai le silence quelques instants, les yeux fixés sur lui. Puisqu'il ne semblait pas s'y décider, je finis par me présenter la première :

"Je me nomme Angharad. Et vous êtes ?"

Glorfindel dévisagea la jeune Angharad en face de lui, un sourcil légèrement froncé. Quel genre d’elfe était-ce pour ignorer ainsi qui il était vraiment. Il se demandait d’où elle venait comme ça et où elle se rendait. Il s’éclaircit la gorge et annonça d’un ton péromptoire :

« Enchanté Angharad. Je me nomme Glorfindel d’Imladris, Seigneur Elfe de la Maison de la Fleur d’Or de Gondolin la Grande, Grand Capitaine de la Garde d’Eregion. Je vous salue Angharad à a voix de Rossignol. Une étoile brille à l’heure de notre rencontre… »

Il inclina la tête et baisa la main d’Angharad. Il lui présenta à sa compagnon, Asfaloth.

« Que fais une jeune elfe si loin des siens lors que la Soleil s’endort déjà et si près de l’Est ?, s’inquieta-t-il »

Il lui expliqua que lui-même était en voyage pour Minas Tirith afin de consulter et répertorier quelques archives dans les grandes bibliothèques de la Cité Blanche. En évoquant son but, une lueur s’’embrasa dans ses yeux d’un bleu profond. Glorfindel adorait consulter d’antiques documents, parchemins oubliés, si anciens que même les descendants de leurs auteurs avaient oubliés leur existence même. Il sauta délicatement sur le dos d’Asfaloth et ce dernier s’ébroua sans bruit. Glorfindel prit un bout de bois qu’il avait rangé dans une boîte délicatement ouvragée et commença à le tailler, attendant la réponse d’Angharad

L'elfe qui me faisait face sembla surpris que je lui demande qui il était. Était-ce à ce point un glorieux personnage pour qu'il se sente ainsi étonné de mon ignorance ? Il finit par répondre après s'être légèrement éclairci la gorge :

« Enchanté Angharad. Je me nomme Glorfindel d’Imladris, Seigneur Elfe de la Maison de la Fleur d’Or de Gondolin la Grande, Grand Capitaine de la Garde d’Eregion. Je vous salue Angharad à a voix de Rossignol. Une étoile brille à l’heure de notre rencontre…
-Tout le plaisir est pour moi, Glorfindel.» répondis-je simplement.

Oh, voilà que je tombais sur une célébrité. Malheureusement pour lui, je n'étais guère impressionnable et je me fichais comme d'une guigne de son statut social. Ce trait de cacractère avait d'ailleurs énormément exaspéré ma mère, durant ma jeunesse. Il s'inclina gracieusement pour me faire un baise-main puis me présenta sa monture. Certes, il s'agissait là d'un personnage connu, mais si j'en avais entendu parler, je ne l'avais jamais vu. J'étais encore jeune, d'un point de vue elfique. J'aurais probablement eu plus de chances de le reconnaître si j'avais été d'avantage attentive lors des leçons que ma mère nous donnait, à ma sœur et moi même, au sujet de l'Histoire. Mais je n'avais jamais été très studieuse, je préférais nettement passer mes journées à l'extérieur qu'à apprendre par cœur des noms d'illustres compatriotes que je ne verrais probablement jamais...

« Que fait une jeune elfe si loin des siens lors que la Soleil s’endort déjà et si près de l’Est ? » , me demanda-t'il avec une pointe d'inquiétude.

Je haussai d'abord les épaules, comme si cela n'avait pas d'importance. Il m'expliqua la raison de son voyage et je me demandai brièvement s'il avait autre chose dans sa vie que sa mission... A voir son expression, il devait être déterminé et difficile à dévier de son but. C'était probablement une bonne chose pour lui. Pour ma part, je préférais la liberté d'aller et venir selon mes envies. L'elfe s'installa de nouveau sur sa monture et se mit à tailler du bois, attendant manifestement que je lui réponde. Je me décidai donc à lui expliquer d'une voix neutre :

«J'ai quitté la Lothlòrien il y a de nombreuses années et depuis je parcours ces terres. Je n'ai pas réellement de but, je me laisse simplement porter par mes envies du moment. Pour l'heure, je reviens des frontières du Mordor et je suis en route vers le Rohan. J'espère retrouver là bas toute la chaleur et la gentillesse dont me gratifient généralement les Rohirrims.»

C'était probablement les hommes que je préférais. Les Rohirrims et leurs chevaux... Leur mode de vie et leurs valeurs étaient suffisamment proches des miennes pour que je me sente à l'aise parmi eux.