Destin d'Alcibiade

Pelargir

Au cours de la Bataille de la Trouée du Rohan, l'amiral Alcibiade se porta trop ardemment au cœur du combat. Blessé à la cuisse, il s'affaissa et ne reprit connaissance que bien des heures plus tard, à moitié couvert des corps des défunts. Il parvint à s’extirper du charnier et contempla alors le champs de bataille qui l'environnait. Le calme était revenu et après s'être renseigné, il apprit que la victoire était sienne. Aussitôt il ressentit comme la perte d'un poids. Son âme était libérée de cette charge qu'il n'avait acceptée qu'à contre cœur, et par soucis de ses sujets. Plutôt que de regagner Tol Fallas ou Pelargir, il décida de profiter de sa supposé mort pour recouvrir quelques temps de liberté. Par chance, les détrousseurs de cadavres avaient été tenu à l'écart par un contingent laissé sur place. L'essentiel de son équipement était encore en sa possession jusqu'au cor du Gondor demeuré attaché à sa taille.

Aussi il se mit en route pour contempler quelques lieux qui lui étaient particulièrement chers. Il chemina vers l'Eriador, franchit le Brandevin aux premiers jours de gels, puis hiverna à Bree. Afin de gagner son pain, Alcibiade mit à profit sa connaissance de l'architecture navale en secondant un charpentier.
Au printemps, reposé de ses blessures et ayant assez de provisions pour achever son voyage, il reprit sa route. Il traversa alors les Collines des Tours, y contemplant la nature renaissante. Et, par une matinée encore brumeuse, il parvint aux Havres Gris.
Il y demeura plus d'une année, perfectionnant ses connaissances de la construction navale auprès des charpentiers elfes, et, noua une amitié sincère avec les seigneur des lieux. En retour, il enseigna aux eldars les techniques nautiques héritées de ses ancêtres de Nùmenor. Son être s'attacha bientôt aux paysages sauvages du Lindon, à ses falaises de gré roses que le soleil crépusculaire faisait rougir chaque soir.

La venue d'un navire marchand du Gondor et les piteuses nouvelles apportées soulevèrent cependant son cœur d'une nostalgie enfouies. Alcibiade se résigna donc à regagner Pelargir afin d'y reprendre les obligations de sa charge d'Amiral. Bien qu'il se réjouisse de revoir des amis chers, il laisse aux Havres Gris le souvenir d'une vie douce et détachée.