[FB, quelques semaines] Une proposition difficilement refusable [Khälen & Thranduil]

En cette fraîche matinée, les Halls et la forêt étaient au milieu d'une brume claire. Le froid n'était pas désagréable, plutôt revigorant. Les arbres n'avaient pas perdus leur feuilles, pour une raison encore inexplicable, en ces temps de neige, on pouvait même ressentir une certaine chaleur dans les bois. Mais les portes n'étaient pas ouvertes et cette fois-ci, pas d'intermédiaire pour guider l’invité jusqu'au Roi, car il attendait lui-même sur le pont reliant la forêt et les Halls. Cette fameuse invité n'était autre qu'une tailleuse dont la réputation était remonté aux oreilles de Thranduil. Il lui avait envoyé une missive de sa main il y a quelques temps, la voici :

Khälen, fille de Maorn,

Je vous propose de venir me rencontrer dans les Halls de Mirkwood. J'ai ouïe parler de vôtre boutique, et j'aime la diversité. Les tailleurs nandors sont très qualifiés, ils ne m'ont jamais déçu, mais je souhaite de donner la possibilité à des tailleurs moins réputés mais tout aussi qualifiés de se faire connaître. Vous me semblez être amplement capable de concevoir une tenue digne d'un roi elfe. Les matériaux seront mis à vôtre disponibilité, vous serez hébergé et convié à tous les repas.

A bientôt, je l’espère.

Thranduil Vertefeuille ""

Cette lettre ne contenait pas de fioritures comme les elfes avaient l'habitude de faire, elle était claire et concise. L'écriture était fine, en italique et l. Le Roi était donc sur le pont, le main joint devant lui, sa couronne, réservée aux grandes occasions était resté sur son piédestal dans ses quartiers.. Il portait une tenue claire, aux tons beige. C'était une de ses favoris, les manches étaient immensément larges, tout était fin, chaque parcelle de la tenue possédait quelque chose d'unique. C'était en quelque sorte un manteau, car il portait dessous l'une de ses tuniques habituelles. L'elfe était seul, il avait seulement demandé aux éclaireurs de surveiller l'arrivée de la changeforme comme ils le font avec chaque personne extérieur aux Halls, pour lui porter secours si besoin mais surtout pour veiller à ce qu'elle ne sorte pas des sentiers battus.

Il porta son attention vers les bois en face de lui, il y avait du mouvement.

Khälen aurait pu se douter de quelque chose en recevant cette lettre. LA lettre. Outre que le grain était plus fin, plus doux que tout ce qu’elle avait reçu jusqu’ici, l’écriture aurait pu l’orienter. Mais non, elle avait pris cette enveloppe et l’avait ouverte comme n’importe quelle autre : proprement mais sans y faire plus attention que ça, seul le contenu l’intéressant. Et c’était uniquement à ce moment-là qu’elle s’était progressivement muée en statue de marbre, le mutisme et la stupéfaction en prime.
Quand Hama l’avait interrogée, s’inquiétant de son état, elle n’avait été capable que de lui tendre cette même lettre, elle et tout ce qu’elle renfermait. Puis, dans un laps de temps similaire, son apprenti qui avait l’air plus âgé qu’elle avait arboré la même pose. Un client serait entré à ce moment-là qu’il aurait pu se croire dans un musée.

« Elle est … vraie ?
- Je ne crois pas qu’usurper l’identité d’un Roi Elfe soit très conseillé pour sa survie …
- Wow.
- Comme tu dis. »

Elle se laissa tomber sur une chaise, encore surprise de la missive. Les nouvelles voyageaient tout de même assez loin. L’avantage non négligeable qui se présentait était la proximité, relative, avec le Val d’Anduin. Elle pouvait faire d’une pierre deux coups et éviter un long trajet pour un seul client potentiel. Client royal peut-être mais elle refusait à prioriser ses clients selon leur rang social. C’était trop facile. Elle faisait dans l’ordre des commandes et puis c’est tout. A l’exception de quelques réguliers pour qui elle acceptait volontiers de faire des heures supplémentaires. Cela dit, ils se comptaient sur les dix doigts.

« Et tu comptes y aller quand ? En même temps que ton passage au Val ?
- Précisément. Ça m’évitera des allers et retours. Et puis, il n’a pas indiqué de dates donc … je ne suis pas obligée de me présenter dans l’instant. Je ne suis pas non plus membre de son peuple. Je ne crois pas être obligée de quoi que ce soit. Il va falloir que je révise les codes aussi … que j’évite les problèmes diplomatiques. En attendant, je peux lui répondre que ce sera un honneur que de le rencontrer et que je serai là dans quelques semaines … »

Elle pivota sur sa chaise et s’attela à sa réponse.



Le trajet jusqu’au Val s’était déroulé sans encombre, tout comme les premiers jours. Ou presque. Sans qu’elle ne le veuille, elle était devenue un peu plus tendue au fur et à mesure que son entrevue avec le Roi approchait. Si ce n’était pas la première fois qu’elle avait à faire avec le gratin, elle n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi haut placé, socialement parlant. Elle restait d’avis que ça ne faisait pas tout mais il y avait une sorte d’aura mystérieuse autour de Thranduil et cela contribuait à son stress. Restait à savoir comment elle réagirait en le voyant. Et si lui était au courant pour ses cornes … leurs réactions réciproques pouvaient valoir le détour.
Pour avoir demandé à ses amis du Val, elle savait que les sentiers qu’elle allait emprunter pour aller à sa demeure ne permettait pas le passage de son chariot. Mais comme il le lui avait indiqué dans la missive, les matériaux lui seraient fournis … donc elle n’avait pas besoin de se charger avec différents tissus, éléments qui prenaient le plus de place. Non, elle n’emporterait que les petits morceaux témoins et elle ferait venir les rouleaux si besoin. Dans son sac à dos, elle ajouta tout de même ses outils de base. D’excellente facture, elle travaillait mieux avec ses propres affaires et là encore, ce n’était le plus lourd ni le plus encombrant. Elle ajouta également des tenues de rechange. Non pas qu’elle souhaite particulièrement faire bonne impression mais la tenue de voyage qu’elle allait revêtir pour … voyager justement, n’était pas la plus pratique pour le métier qu’elle exerçait. A chaque occasion sa tenue.

Si elle partit accompagnée de deux amis, ce fut seule qu’elle se présenta aux abords des Halls, ayant suivi avec rigueur le chemin qu’ils lui avaient indiqué. C’est lors du dernier virage qu’elle sortit des bois pour s’exposer face au pont. Elle s’arrêta un instant, le temps de détailler l’ensemble de la structure avant de revenir sur celui qui l’avait invitée. Et qui lui faisait l’honneur de l’attendre en personne. Les descriptions qui lui avaient été faites correspondaient, d’un point de vue physique, avec la réalité : grand, svelte, les longs cheveux blonds et tout ce qu’il fallait. Rien ne manquait. Excepté peut-être l’aura qui semblait l’entourer. Mais même la changeuse de peau, qui pourtant l’avait en face d’elle, n’arrivait pas vraiment à la définir. Le temps aiderait, sûrement.
Ne pouvant s’en empêcher, elle ne put faire autrement que de jeter un coup d’œil à sa tenue. Tout en elle clamait l’ascendance Elfique. Personne n’était à blâmer pour ça. C’était tout de même un sacré défi que de réussir à créer quelque chose qui lui plairait … Elle nota les couleurs claires qui contrastaient radicalement avec les propres teintes de sa tenue de voyage. Ne cherchant pas spécialement à être repérée facilement quand elle se déplaçait, elle portait des couleurs sombres, essentiellement du noir et du brun, que ce soit ses bottes plates, son pantalon ou son manteau. Seule fioriture : de fines broderies dorées aux emmanchures qui, contrairement à celles du Roi, étaient resserrées aux extrémités pour éviter les accrocs.

Ne souhaitant pas le faire attendre plus longtemps alors qu’elle ne savait pas depuis quand il était là, elle s’avança sans crainte. Arrivée à hauteur, sans pour autant s’immiscer dans son espace personnel, elle inclina légèrement la tête avant de prendre la parole de sa voix rauque mais chaleureuse.

« Seigneur Thranduil. C’est un honneur pour moi que de vous rencontrer. »

S’il fallait attendre qu’il parle le premier,  c’était raté.

Thranduil se redressa et observa la changeforme qui s'approchait de lui, les yeux semblant analyser chaque parcelle du décor. Thranduil était au courant qu'elle n'était pas une simple humaine. malgré tout, il haussa un sourcil rapidement à la vue des cornes. Une fois arrivée à son biveau, elle s'inclina poliment puis prit la parole :

" Seigneur Thranduil. C’est un honneur pour moi que de vous rencontrer. "

L’intéressé inclina lui aussi la tête dans un signe de respect mais surtout de salutation et prit le temps d'observer Khälen, il avait cette faculté à emmagasiner une quantité importante d'information en très peu de temps. Il s'attarda d'abord sur son visage, d'apparence normale, quelques traits plus durs que la plupart des femmes. Il la fixa pendant quelques secondes, ses yeux gris semblaient voir à travers ceux de son interlocutrice. Son teint de peau n'était pas commun, comme si le poids des années avait rendu la peau plus résistante, malgré tout, l'Elfe trouvait que cela allait allait bien avec les cornes. Puis il parla, d'une voix claire, qui semblait glisser dans l'air comme une feuille qui venait de se décrocher de son arbre, ou comme une lame fendant l'air :

" J’espère que vous n'avez pas eu d'ennui lors de vôtre trajet. "

Il observa rapidement le reste de son corps. Elle était plutôt athlétique et ses vêtement était simples, sans fioritures, et semblaient comme une seconde peau, parfaitement adapté à son corps à ses possibles mouvements, ils contrastaient avec l'environnement aux couleurs beiges et grises.

" Suivez-moi, Khälen. "

L'Elfe fit demi-tour lentement et prononça une parole elfique. Alors, il y eut comme un très léger sifflement, et la grande porte s'ouvrit lentement, vers l’extérieur. Derrière elle se trouvait, non pas une salle, mais bien un Hall, un immense hall rempli de ponts de bois, de petites lumières étranges suspendus par des lianes séchées par le temps, des elfes marchaient, discutaient. Une lumière claire, matinale pénétrait cet édifice monumental, mais d'une façon mystérieuse...

Thranduil guida la tailleuse à travers un dédale de pont et de couloir, s’enfonçant de plus en plus profondément. Son pas était léger, comme s'il glissait sur le sol, chose commune chez la plupart des elfes.

" Bienvenue dans les Halls du Roi. Peu de personnes peuvent se vanter se vanter d'avoir résidé dans ces lieux. J’espère que vous vous vous rendez compte de ce que je vous offre, déclara Thranduil d'une voix sans émotion, comme à son habitude. "

Il finit par s'arrêter devant une porte, entourée de murs de pierre grise polie.

" Voici vos quartiers. "

La porte s'ouvrit seule et Thranduil fit un pas de coté pour laisser passer la changeforme. L'intérieur était très lumineux et spacieux. Un parfum, mélange de fleur, avait empli les lieux. Il n'y avait pas une seule fenêtre mais avec cette lumière si naturelle, on pourrait penser se trouver à la surface. Les meubles étaient pour la plupart en bois, tous plus beaux et confortables les uns que les autres. Une elfe, de taille moyenne, sortit d'une salle voisine. Elle s'inclina face à la changeforme et fit un sourire sincère :

" Bienvenue. Je suis Liriel, une des tailleuses de ce royaume. Venez, je vais vous montrer ce que je vous ai apporté. "

Elle retourna dans la salle d'à coté, d'un pas vif, les mains dans le dos. L'elfe semblait être assez jeune, pas plus de deux millénaires. Dans cette salle se trouvait tout le matériel nécessaire à un tailleur, et même plus qu'il n'en fallait, de quoi combler la changeforme.

" Tout ce qui est ici est à vous, le temps de vôtre séjour en tout cas. "

Liriel laissa le temps à Khälen de découvrir son atelier temporaire. Elle même semblait assez impressionnée du nombre de choses que Thranduil avait "prêtée" à Khälen.

" Je vais vous laisser vous familiariser avec vôtre nouvel environnement. Je repasserais dans quelques temps. Je dois juste vous parler de quelques détails. Tout d'abord, ne partez pas à l'aventure dans les Halls, vous risqueriez de vous perdre. Ensuite, vous irez cet après-midi voir le Roi Thranduil pour parler de sa commande. Et pour terminer, ce soir, un festin est organisé, je viendrais vous chercher. Vous verrez, nos repas sont tout à fait différent des rumeurs qui courent sur les elfes. Nous ne sommes pas végétarien, loin de là. Vous goûterez le meilleur vin d'Arda. Et nos viandes, je peux vous l'assurer, sont excellentes ! "

Cette elfe semblait être toujours enjouée, peu-importe la situation. Elle s'éloigna, toujours de son pas aérien et vif.

" Je serais en quelque sorte l’intermédiaire entre vous et le Roi. A plus tard. "

Elle disparue derrière la porte. Le soleil commençait à se lever, la luminosité se faisait plus vive et orangée.

Khälen nota le haussement de sourcil, bien qu’il fut rapide, alors que ses yeux regardaient ses cornes. Elle sourit intérieurement mais n’en dit rien. Qu’il soit au courant ou non, il avait quand même réagi un petit peu. Preuve qu’il ne devait pas, tout roi qu’il était, voir des changeurs de peau tous les jours. C’était, en un sens, réconfortant qu’il ne soit pas ce monarque qui a tout vu tout fait, le souverain parfait que rien ébranle. Bien que ses contacts royaux soient limités, ses connaissances suite à ses lectures ne l’étaient pas. Et de ce qu’elle avait lire ici et là, elle ne trouvait pas cela sain quand c’était le cas.
Quand le Seigneur des lieux prit la parole, sa voix collait parfaitement avec ce à quoi elle s’attendait. C’était peut-être cliché mais elle ne s’attendait pas à une voix rocailleuse ou bégayante et le fait qu’elle soit aussi claire et fluide que de l’eau était … normal, en somme. Restait à savoir si le comportement et tout le reste seraient aussi conformes aux idées qu’elle en avait.

« Aucun. »

Elle avait tourné sa langue sept fois dans sa bouche avant de répondre. Elle avait tout d’abord voulu dire qu’elle était partie accompagnée mais qu’à aucun moment, seule ou non, elle n’avait rencontré d’embuches. Puis cela lui semblait trop long alors l’idée de simplement dire que le chemin qu’on lui avait indiqué était sûr. Mais là encore, elle avait l’impression d’en faire trop. Alors elle avait réduit sa réponse au plus simple, n’encombrant pas le Roi de détails inutiles.
Elle lui emboîta le pas quand il l’invita à le faire, gardant le silence et observant attentivement ce qui se passait. Elle ne comprit pas ce qu’il énonça mais elle vit bien le résultat. La porte s’ouvrir docilement, reconnaissant son maître, vers l’extérieur pour dévoiler ses secrets. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, et qu’elle en avait le droit, elle ferait quelques croquis, pour elle. Pour ses souvenirs. Pour être sûre qu’elle n’avait pas rêvé son passage ici. Son regard s’arrêta à chaque fois qu’un élément retenait son attention … soit partout, ou presque. Mais surtout sur la luminosité dont elle n’arrivait pas à trouver la source exacte. Et cela provoquait chez elle une certaine frustration. Elle n’en dit rien. Elle doutait que l’on renseigne une inconnue à ce sujet. C’était déjà un privilège en soi que d’être là. Elle n’allait pas trop en demander. Plus tard qui sait ?
Ne sachant pas vraiment où donner de la tête, elle se contenta de tout regarder avec application, n’espérant rien oublier … tout en mémorisant, plus ou moins, le trajet. Ils descendaient, c’était clair. Mais malgré ses capacités mémorielles, elle doutait de réussir à faire demi-tour seule. Les Elfes devaient avoir un plan incrusté dans la tête dès la naissance, elle ne voyait que ça.

« Je ne crois pas mesurer encore pleinement le privilège que vous m’accordez Seigneur  … mais cela viendra. Loin de moi l’idée de m’en vanter cependant … commença-t-elle avant de reprendre rapidement pour ne pas que son hôte ne se méprenne sur ses propos Non pas que les Halls du Roi n’en vaillent pas la peine, ils sont au-delà de ce que j’aurai pu imaginer, je n’ai simplement pas été éduquée de cette façon. »

Khälen s’arrêta à ses côtés, respectant un espace vital qu’elle jugeait de mise, puis lui passa devant, toujours en considérant ce même espace, pour découvrir qu’il ne lésinait pas sur les moyens quand des invités venaient chez lui. L’hospitalité des Elfes n’était pas feinte. Et elle n’était qu’une tailleuse. Qu’est-ce que cela donnait pour d’autres têtes couronnées ? Sa curiosité insatisfaite le resterait pour le moment. Elle s’avança et posa son sac avec précaution au sol, comme si elle risquait de briser le tableau qu’elle avait sous les yeux. Elle ne put s’empêcher de laisser courir une main délicate sur le montant du lit.
Elle l’inclina la tête quand une collègue se présenta, faisant de même en énonçant simplement son prénom … même si elle devait déjà le connaître. On ne changeait pas une éducation comme ça. Elle la suivit docilement et un sourire béat apparut sur ses traits. Elle aurait pu tout aussi bien venir les mains vides que cela n’aurait fait aucune différence, en fait. Excepté que cela aurait été moins professionnel. Et que cela n’avait pas changé : elle travaillait mieux avec des outils dont elle avait l’habitude.

« Je n’ai pas prévu de repartir avec plus que ce que j’ai apporté. Physiquement parlant en tout cas … pour le reste, il est déjà trop tard. »

Elle écouta les conseils de l’Elfe, ne réussissant pas à réprimer son sourire sur l’idée de se perdre dans les dédales. Elle nota le programme qui allait suivre et se félicita d’avoir tout de même pris une tenue supplémentaire qui irait très bien pour le festin mentionné. Elle continua de sourire à la mention des rumeurs.

« J’ai suffisamment eu à faire aux rumeurs pour ne pas en tenir compte, n’ayez aucune crainte à ce sujet. »

Elle la regarda s’éloigner et la remercia avant qu’elle ne disparaisse totalement. Hormis ses propres talons, le silence régnait désormais. Elle s’autorisa un petit soufflement satisfait avant de retourner à son sac pour le défaire et ranger le peu qu’il contenait. Sans attendre, elle changea de tenue, retirant celle de voyage pour celle de tailleuse. Enfin, l’une d’entre elles. Cela ne changeait pas le fait qu’elle était tout aussi pratique que l’autre et conçue expressément pour son boulot. Sa mobilité n’était entravée en rien et elle pouvait se permettre tous les mouvements possibles. Sans compter les différents ajustements qui lui facilitaient la vie quand elle bossait. Là encore, des dorures étaient présentes en bordure. C’était un peu son motif fétiche. Tranquillement, elle repassa dans la pièce d’à côté et commença à inventorier tout ce qui avait été mis à sa disposition. Avant de commencer à imaginer ce qu’elle pouvait faire, il fallait bien qu’elle sache ce qu’elle avait comme support.

Quand elle eut fait le tour, elle attrapa sa planche, ses feuilles et son crayon puis elle s’assit en tailleur au milieu de la pièce. Là, elle laissa son imagination s’échapper. Si Liriel revenait, elle la trouverait dans cette position, concentrée.

Quelques heures plus tard, la tailleuse Nandor frappait à la porte et sans attendre qu'on l'eut invité à entrer, s'infiltra dans la pièce et trouva sa collègue en plein travail à même le sol.

" Re-bonjour, Khälen ! J’espère que les lieux vous inspirent ! "

Elle parti s’asseoir en tailleur face à la changeforme. Son comportement mêlait décontraction et rigueur, c'était plutôt étrange.Elle resta pendant quelques instants à observer les essais dispersés sur le sol.

" Si vous voulez bien me suivre ! Le Roi vous attends, cette fois-ci, vous le rencontrer dans mon atelier. Vous pourrez procéder aux mesures et autres. Concernant vôtre prix, nous en discuterons plus tard, les négociations seront bien sûr à éviter, mais je doute que vous ne soyez pas satisfaite de l'offre. "

Liriel se remit debout avec le légèreté caractéristique des elfes et se dirigea vers la sortie de son pas vif et sautillant. Tout les deux traversèrent les Halls pour finalement arriver à l'étage le plus près du ciel.

«  C'est par là. Je vous laisse entrer, je reviendrais d'ici quelques minutes, au cas où vous auriez des questions. »

L’atelier était relativement grand et extrêmement lumineux. La salle reflétait également très bien le caractère de Liriel, elle était remplie d'objet étranges, n'ayant aucun rapport avec son métier : des sculptures, sûrement un travail de nains, des ouvrages, des romans à l'eau de rose et autre. Au milieu de cette large et haute pièce, trônait Thranduil. Il était à présent vêtu d'une tunique brune. Ses mains étaient jointes dans son dos.

«  Je ne compte pas vous retenir trop longtemps. Liriel semble impatiente de vous faire découvrir les maintes salles qui l'ont toujours fascinée. Néanmoins, j'aimerais que nous discutions de la commande que je vous ai faite. Asseillez-vous. »

Il montra une chaise de sa main, paume ouverte en direction du ciel. Après ceci-lui aussi s'assit sur une chaise. Face à Khälen était déposé de nombreux croquis et essais.

« Liriel a eu la sympathie de déposer la plupart de ses travaux pour que vous pussiez vous en inspirer. J'ai toujours voulu que que l'on ne puisse voir mes différentes tenues sans penser à moi. Les seules choses que j'exige sont les suivantes : je ne souhaite pas avoir de couleur vive, et vôtre tenue doit rester dans la même optique que les précédentes. »

Le Roi marqua une pause avant de continuer sur un ton presque amical :

« J’espère que ces obligations ne vous gêne pas trop, pour le reste, vous êtes entièrement libre. Je pense que Liriel vous déjà parlée du prix, il est inutile de négocier, vous recevrez vôtre due une fois le travail accompli et vous ne serez pas déçu. »

Puis Thranduil attendit que la changeforme réagisse .

Un des problèmes lorsque Khälen se retrouvait seule avec ses feuilles et crayons était qu’elle en oubliait tout le reste. Elle pouvait rester des heures dans la même position et oublier de se nourrir ou de s’hydrater. Sans compter que son attention pour le monde extérieur devenait inexistante. C’est pourquoi, quand Liriel revint dans la pièce, elle n’en vit rien et n’entendit pas plus. Des feuilles en grande quantité tout autour d’elle, elle continuait de laisser courir son imagination et sa main. Instinctivement, elle avait dispersé les essais avec logique. S’ils n’étaient pas totalement ordonnés, ils formaient malgré tout quatre tas distincts.
L’un d’entre eux présentait des simples visualisations avec les matériaux présents dans la pièce. Cela ne concernait pas forcément le Roi. Ils étaient juste … des idées de passage qu’elle avait voulu coucher sur papier pour avoir une idée du rendu selon certaines coupes ou associations.
Dans un autre, des reprises de tenues avec une intégration de ces nouveaux éléments. Si certaines restaient meilleures dans leur version de base, ce n’était pas le cas pour toutes. Si elle avait la possibilité d’obtenir ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’il y avait dans la pièce … Liriel avait été claire. Ce qui était ici était à sa disposition pendant son séjour, pas après. Si quelqu’un la pensait capable de se rendre coupable de vol, c’était mal la connaître. C’était bien loin de son éducation et même avec les années écoulées, elle ne tenait pas à faire honte à Maorn et Faelwyn. Elle tenait à se présenter fièrement devant eux quand viendrait le jour des retrouvailles. Mais peut-être avait-elle moyen de racheter certaines choses … qui ne tente rien n’a rien.
Un troisième contenait des croquis que les lieux lui avaient inspirés. En les regardant, on pouvait y voir le pont qu’il fallait enjamber pour rentrer, les portes et leurs détails, des Elfes qu’elle avait croisés, les Halls, Liriel, la pièce où elle était ou même le Roi. Ils n’avaient pas de valeur pour le travail qu’elle était venue faire ici. Ils n’en avaient que pour elle, à titre de souvenirs, s’il lui était permis de repartir avec.
Et le dernier, moins épais que les autres, se composait d’esquisses incomplètes. Pas dans le sens où elles n’étaient pas terminées mais dans celui où seuls des bouts de tenues étaient présents : une manche, un col, une ceinture, une capuche … Si tout cela n’allait pas dans le premier tas, c’était parce qu’elle les avait pensées pour le Roi. Elle ne savait pas si cela lui conviendrait ou non mais dans le doute, elle avait croqué les idées pour ne pas les oublier.

La changeuse de forme ne vit pas Liriel s’asseoir devant elle tant elle était absorbée. Non, elle remarqua simplement l’ombre qui s’étendit sur son esquisse en cours et seulement à ce moment-là elle daigna lever les yeux pour comprendre ce qui se passait. Elevée avec deux frères qui adoraient faire des blagues, elle avait développé une certaine résistance à la surprise. C’est pourquoi elle n’eut, excepté un doux sourire, aucune réaction en découvrant l’elfe. Depuis combien de temps était-elle là ? Devant elle, un instant seulement puisqu’autrement, elle aurait remarqué l’ombre. Mais dans la pièce ? Elle ne pouvait le dire.

« Et bien dans ce cas, allons-y. Autant évitez de lui faire perdre du temps, il doit avoir bien mieux à faire … »

Elle se redressa avec une souplesse qui lui sembla rouillée face à Liriel mais s’en amusa et s’étira, faisant craquer quelques os de sa colonne. En revanche, l’idée de prendre des mesures dès maintenant lui parut un peu précoce. Leurs méthodes de travail différaient forcément puisqu’elles n’avaient pas la même clientèle et dans la sienne, les mesures ne venaient que bien plus tard. L’Elfe travaillait comme elle voulait mais elle espérait ne pas être obligée de faire de même. Elle aviserait.
Quant au prix … une idée commençait à germer mais ce n’était pas le moment de l’exposer. Pour l’instant, elle la gardait pour elle et là encore, aviserait en fonction. Elle suivit son accompagnatrice avec une motivation silencieuse : ses yeux continuaient malgré elle de s’arrêter sur tout ce qu’elle avait autour d’elle. Elle était là, elle avait du mal à y croire et ne savait pas si elle y reviendrait un jour. Autant profiter … tant qu’elle ne ralentissait pas leur progression.

« D’accord, à tout de suite alors … »

Elle cligna des yeux face à la luminosité, elle ne s’y attendait pas. Là encore, ses yeux eurent envie de papillonner et de dévorer tout ce qui tombait à leur portée mais ils furent coupés dans leur élan par la présence du Roi qui l’emportait sur le reste. Et aussi parce qu’il reprit la parole et qu’il était malpoli d’être distrait.
S’asseyant à sa demande, elle tourna de nouveau sa langue sept fois dans sa bouche, évitant ainsi d’interrompre le Roi. Il parlait de commande mais il s’agissait plutôt de la non-commande qu’il lui avait faite. De mémoire, il avait mentionné une tenue dans sa missive mais sans plus s’étendre sur le sujet. Et une tenue peut prendre bien des formes selon les occasions …
Elle l’écouta sans rien dire, se contenant, pour le moment, d’enregistrer mentalement ce qu’il lui disait. Tout ne lui convenait pas, un léger tic agitait ses lèvres quand c’était le cas, mais ce n’était pas encore le temps d’émettre des remarques. Elle attendit patiemment qu’il termine et, seulement après ça, elle reprit la parole de sa voix grave tout en le regardant.

« Liriel a effectivement mentionné le prix pour me dire que nous en discuterions plus tard. Du coup, actuellement, même si je le voulais, je n’ai pas vraiment matière à négocier. Mais ce n’est pas important et ce n’est pas ce qui m’intéresse pour le moment. énonça-t-elle en marquant une courte pause avant de reprendre sur le même ton Vos obligations ne me dérangent nullement Seigneur. Comparées à ce que d’autres ont pu exiger, elles sont même négligeables … »

Ne s’étendant pas sur ce point, plutôt désagréable quand elle repensait à certains clients, elle enchaina rapidement sans le quitter des yeux.

« Je n’ai pas encore regardé les travaux de Liriel mais je ne doute pas d’y trouver une autre source d’inspiration. En revanche, si la réponse est dans ses travaux veuillez m’excuser de poser la question, vous n’avez rien précisé dans votre missive mais quel genre de tenue souhaitez-vous ? Je ne pense pas imaginer la même chose si votre tenue doit être formelle ou non. Je ne demande qu’une simple de conduite pour savoir dans quel sens je dois m’orienter. »

Il était inutile qu’elle perde du tout sur des crayonnés qui, de toute façon, n’auraient pas son aval. Autant se concentrer sur ce qu’il souhaitait vraiment. A moins qu’il ne la laisse libre aussi sur ce point ? A voir.

« Dans tous les cas, je vous présenterai plusieurs croquis, au fur et à mesure, et rien ne sera fait tant votre aval ne sera pas acquis. Est-ce que cela vous convient Seigneur ? »

Thranduil écouta Khälen les mains jointes, ses yeux se plissait de façon imperceptible, la tailleuse ne le quittait pas des yeux, signe de détermination, l'elfe le nota. Une fois qu'elle eut terminé, il s'accorda quelques secondes. La changeforme semblait avoir quelques arrières pensées, mais comme elle-même l'avait dit, cela serait pour plus tard. Concernant le genre de tenue, le Roi Elfe acquiesça d'un signe de tête :

" Cela me convient parfaitement.En effet, je n'avais pas précisé, car je n'avais pas encore décidé. mais je pense que j'afficherais cette tenue lors de grandes réunions, de négociations ou autres grands évènements. Chacun pourra donc admirer vôtre travail. Elle se devra d'être représentative de mon grade. je pense que vous avez remarqué mon affection pour les tuniques et les coupes cintrée, j'aimerais que vous preniez en compte le deuxième critère, mais vous n'êtes pas obligé de faire une tunique. "

Thranduil sourit à Khälen. Les gens pensaient que jamais le Roi ne souriait, pour la simple et bonne raison que personne ne le voyait en dehors de ses activités officielles. Les elfes de Mirkwood, eux seul semblait apprécier le Roi à sa juste valeur : un elfe prêt à tout pour son peuple, à l'écoute de celui-ci, toujours au fait de l'actualité du Royaume et proche de son armée... Enfin, il n'en restait pas moins quelqu'un d’extrêmement hautain et isolationniste.

Quelques croquis de Liriel semblait soudainement agité par un vent sortant de nul par,t il s'approchèrent peu à peu de la main de Thranduil, qui se posa sur eux et les retourna de sorte qu'ils soient face à la tailleuse.

" Voici les exemples les plus notables de mon style habituel. Coupe cintrée, couleur sobres... Je vous invite à apposer vôtre patte dans vôtre prochaine création, de sorte qu'elle se distingue des travaux de Liriel. J'aimerais aussi vous rappeler que vous serez régulièrement rappelée pour entretenir vôtre œuvre. Tout au long de vôtre existence et même longtemps après, je porterais cette tenue. J'utilise le mot "œuvre" car j'estime qu'avec les moyens que je vous fournis, vous êtes en mesure de créer quelque chose de marquant. "

Il plongea son regard dans celui de la changeforme, comme pour tenter de déceler une réaction. Toute personne parlant au Roi Elfe craignait son regard, il semblait transpercer l'âme, passer au crible chaque pensée.

" Bien, je ne sais pas si vous souhaitez vous préparer seul au banquet, j'imagine que vous n'avez pas que cette tenue, toujours est-il que si vous le désirez, vous pourrez être coiffée et maquillée, c’est comme vous le voulez. Vous mangerez près de Liriel ce soir, je ne sais pas quels sont vos aprioris vis à vis des miens, mais la salade ne sera pas le plat principal. Vous gouterez aussi au meilleur vin de la Terre du Milieu. "

Thranduil se leva et inclina la tête :

" A ce soir, Khälen. "

Sa silhouette disparut au coin de la porte, et Liriel, qui avait patienté assisse en tailleur derrière la porte vint s'asseoir en face de sa collègue.

" J'imagine que le Roi vous as éclairci ? S'il vous reste des questions, n'hésitez pas ! "

Khälen, ayant fini de répondre aux questions du Roi tout en posant les siennes, attendait patiemment le retour de la balle dans son camp sans quitter son interlocuteur des yeux. Elle doutait que cela prenne énormément de temps. Et à peine avait-elle l’occasion de formuler cette pensée qu’il reprenait la parole, agrémentant ses propos d’un signe de tête.
Inutile de préciser qu’elle fut attentive à son retour et qu’à son tour, elle acquiesça quand il lui mentionna sa préférence pour les tuniques et les coupes cintrées. Elle ne prenait aucune note. Matériellement parlant en tout cas. Dans sa tête, c’était une autre paire de manches. Une partie retenait ce qu’elle entendait et l’autre commençait déjà à élaborer des esquisses. Autrement dit, il ne restait pas vraiment de place pour tout autre sujet.
Sans avoir cessé de le regarder, elle lui rendit son sourire, simple, sans fioriture et sincère. La chance continuait de la suivre pour le moment parce que le qualificatif souriant n’était pas de celui que l’on entendait à l’encontre du Roi. Cela étant, elle n’était pas non plus surprise. Certains se dévoilaient selon un contexte, une situation précise. A titre personnel, elle souriait quand elle était dans sa boutique. Seulement, c’était automatique. C’était purement relationnel et commercial. Parce qu’il était plus engageant d’aller voir quelqu’un qui semblait être de bonne humeur, même si c’était totalement feint. Quand elle était seule chez elle ou avec les siens, elle souriant là aussi, mais bien plus chaleureusement. La différence sautait aux yeux de ceux qui la connaissaient. A ce titre, elle supposait que le Seigneur des lieux pouvait agir de la même façon : un visage quand il était en public, que tout le monde scrutait ses réactions et un autre quand ce n’était plus le cas. Cependant, elle n’en était pas à lui poser la question.

Son regard s’échappa vers les croquis quand ces derniers furent dévoilés. Au moins s’entendraient-ils sur ce point : bien qu’elle accepte de s’inspirer des travaux de sa collègue, sa propre touche y figurerait. Elle ne savait pas encore sous quelle forme mais elle avait au moins l’accord de l’intéressé. Si elle ne l’avait pas eu, elle aurait alors décliné son offre en expliquant le pourquoi du commun. Heureusement, elle n’avait pas besoin d’en arriver là.
Ses yeux revinrent à Thranduil quand il mentionna l’entretien. Ce n’était pas dans la lettre. Donc, techniquement parlant, ce n’était pas un rappel mais tout simplement une nouvelle information. Elle ne cilla pas, se contentant d’écouter la suite.  Un bref sourire étira ses lèvres quand il lui rappela, volontairement ou non, qu’il lui survivrait bien des âges. Pour une fois que ce n’était pas dans l’autre sens, cela la satisfaisait. Outre le désaccord linguistique, quelque chose de marquant n’était pas forcément une œuvre et inversement, elle n’avait rien contre repasser ici si l’occasion lui en était donnée. A moins que son royal client ne soit particulièrement chiant et que son avis s’en voit réviser. Mais pour l’instant, elle n’avait rien à y redire.

« Je reviens au Val chaque année à la même période. Je peux aisément faire un détour à ce moment-là si cela vous convient. Pour le reste de l’année, il faut juste prendre en compte le temps de trajet depuis Pelargir. »

La changeuse de forme n’ajouta rien, estimant que tout était dit. Si elle était au Val, elle pouvait venir rapidement sans trop se soucier de sa boutique. Si ce n’était pas le cas, il fallait que la demande ne soit pas des plus urgentes.
Un léger silence s’installa avant d’être brisé par le Roi. Elle acquiesça de nouveau quand il supposa qu’elle n’avait pas que celle-ci de tenue. Elle avait voyagé léger mais pas au point de ne venir sans rien à Mirkwood. Outre l’actuelle et celle de voyage, elle en avait prévue d’autres pour correspondre aux différentes occasions. Un banquet faisait partie du lot. Elle ne put retenir un sourire amusé quand le mot apriori fut prononcé. Elle était, de par sa condition physique, l’une des quelques personnes qui ne pouvait pas se permettre d’en avoir.

« Seigneur. »

Nouvelle inclinaison de la tête et un changement s’opéra dans son champ de vision. Elle observa Liriel prendre place en face d’elle. Elle lui sourit avant de lui répondre.

« Plutôt oui. C’est toujours plus simple de vive voix qu’à travers une missive. Il nous faudrait un moyen de communication oral mais à distance … cela faciliterait les choses à beaucoup d’entre nous. Mais je m’égare. Effectivement, j’ai des questions, plusieurs même. Pouvez-vous me parler maintenant du prix convenu, que je sache à quoi m’en tenir ? Et à quelle heure est le banquet ? Et si j’accepte de me faire coiffer, à qui dois-je m’adresser ? Et combien de temps cela prendra-t-il ? J’aimerai savoir combien de temps j’ai devant moi, comme ça je pourrai m’organiser, histoire de ne pas arriver en retard … »

Elle marqua une pause. Cela faisait déjà un certain nombre de questions mais s’en autorisa une de plus.

« Ai-je droit aux questions personnelles ou doivent-elles rester professionnelles ? »

Si elles devaient se côtoyer pendant les prochains jours, elle aimait autant savoir avec qui elle travaillait.