Chroniques d'Arda
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 Un demi égale un (FB, Event citations)

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Aléa
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Aléa
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Feuille de personnage
Race: Mi Hobbite Mi Naine
Possessions: Marteau d'Argent, Sacoche d'outils de joaillerie, Pantalon et Chemise en toile d'Iris, genouillères, pectoral et protège bras en acier nain
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MessageSujet: Un demi égale un (FB, Event citations)   Un demi égale un (FB, Event citations) EmptySam 19 Mai 2018 - 12:47

Depuis toute gamine, on m'avait souvent moquée pour mon appartenance à... Rien, en fait. Je n'étais ni naine, ni hobbite. Du moins, pas entièrement. Et nombreux étaient mes contemporains à trouver cela bizarre, certains allant jusqu'à asséner que je n'étais qu'une erreur de la nature. Paroles un peu dures, pour une enfant, mais qui avaient finalement fait ma force avec le temps. Puis, petit à petit, d'autres demis avaient vu le jour. D'abord moqués eux aussi, puis peu à peu acceptés pour leur juste valeur. Si j'étais la première aux Champs, nombreux furent ceux qui suivirent et les autres enfants comprirent bientôt combien nous étions avantagés par notre double généalogie.

Un souvenir particulier me revient en mémoire. Ce jour là, après l'école, nous jouions à chat avec de jeunes nains car les hobbits étaient fort occupés à comparer l'importance de leurs mathoms respectifs. Il n'y avait là aucune sorte de suspense : c'était le même jeu, inlassablement, tous les jours de la semaine. Nous nous en étions vite lassés, pour notre part, comme les trois jeunes nains de notre classe. Mon frère et moi avions été mis au défi par eux : ils étaient convaincus que nous n'aurions pas le courage de nous enfoncer dans les collines reculées, à la périphérie de la ville. D'un air moqueur, ils avaient dit que nous n'avions qu'un demi courage et que nous devrions avoir honte de salir le nom de notre père. Ni une, ni deux, le sang Barbe de Feu s'était embrasé en nous et nous avions répondu fièrement qu'il fallait bien avoir un demi cerveau pour dire des bêtises pareilles. Cela avait tourné en dispute qui s'était achevée sur un pari : si nous parvenions, Mùlin et moi, à leur échapper dans les collines jusqu'au coucher du soleil, ils seraient obligés de reconnaître que les demis valaient bien un nain. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous filâmes à toutes jambes dans les marais.

Sur ce terrain, nous avions un gros avantage sur les nains de pure souche : nos pieds velus et larges permettaient une bonne adhérence sur la boue et il nous était facile de gambader entre les canaux et les collines. Plus lourds et patauds, ils peinaient à évoluer entre les roseaux. Mùlin m'indiqua bientôt une zone boisée un peu en hauteur et nous nous y cachâmes, dans un fourré épineux. Nos pieds n'avaient laissé aucune trace de notre passage et nous entendîmes à plusieurs reprises nos poursuivants passer non loin. Nous dégustions tranquillement des mûres bien sucrées tandis qu'ils nous cherchaient en vain et l'histoire aurait pu finir ainsi s'ils ne s'étaient pas montrés d'une remarquable bêtise. En effet, alors que le soleil commençait à décliner à l'horizon, l'un d'eux s'exclama assez fort pour que nous l'entendions depuis notre cachette :

"Je suis sûr qu'ils sont retournés chez leur mère. Ils ne sont même pas venus, c'est certain. On devrait couper par le marais pour rentrer avant la nuit."


Ses compères approuvèrent et Mùlin et moi nous regardâmes avec dépit : il était interdit d'aller de ce côté. Et si quelque chose était interdit, en général, il y avait une raison. Mère nous avait expliqué que l'endroit était dangereux et que nombreux étaient les individus qui s'enfouissaient dans la vase. Il y avait même des histoires de monstre qui attrapait les enfants et les noyait dans les eaux sales du marais. Non pas que j'aie peur, évidemment. C'était simplement idiot de faire ça alors qu'on pouvait passer par les collines. J'hésitai un instant, puis finit par lancer en tentant de déguiser ma voix :

"Vous ne devriez pas y aller ! C'est dangereux !"


Ils éclatèrent d'un rire mauvais puis l'un d'eux répliqua :

"Ah, ben si, elle est là la vilaine. Mais c'est qu'elle a peur de se faire gronder en rentrant, hein ? La pauvre petite trouillarde qui fait tout ce que sa maman lui dit !"


Je pestai, mais restai dans mon trou. Hors de question que j'aille dans le marais sans un adulte. Je tenais à ma vie, moi.

"Faites ce que vous voulez, on vous aura prévenus."


Ils s'éloignèrent en rigolant, manifestement oublieux du but premier de notre virée dans les collines. A trop vouloir être des nains forts et courageux, ils étaient surtout très bêtes. Je ne voyais pas à quoi ça leur servirait d'être si forts s'ils finissaient coincés dans la vase ou mangés par une bête. L'écho de leurs conversations résonna longtemps. Mais lorsqu'il n'y eut plus un bruit, Mùlin et moi sortîmes de notre cachettes et nous mîmes à courir à toutes jambes en direction de notre maison. Il n'était pas question que nous suivions ces trois idiots, mais on ne pouvait pas non plus les laisser dans les marais comme ça. Il ne nous fallut qu'un petit quart d'heures pour arriver et avertir notre mère de l'idée idiote de nos compagnons de jeux. Celle-ci s'alarma aussitôt et un grand branle bas de combat suivit : chacun voulait aider à retrouver les trois nigauds et Mùlin et moi fûmes désignés pour ouvrir la marche et montrer par où ils étaient allés.

Une chance pour eux que nous ayons prévenu les adultes ! Car lorsque nous arrivâmes à leur hauteur, tous munis de raquettes permettant la marche sur le sol traître, deux d'entre eux étaient à moitié ensevelis et le troisième, tâché de boue, avait miraculeusement réussi à s'en sortir en se tirant sur une branche. Ils s'enfonçaient de plus en plus dans une sorte de soupe de terre et de vase puante, peinant à se maintenir à la surface tandis que leur ami essayait de les sortir ses compères de là avec un vieil étendard moisi qui avait dû être abandonné là par un des malheureux qui y avait fini enseveli. Peut être un de ces hommes du val de l'anduin qui était venu en visite une fois et qu'on n'avait plus jamais revu. Il y avait fort à parier que les imprudents auraient connu une fin semblable sans nous... Fort heureusement, l'intervention des adultes permit de ramener tout le monde entier au village. Lorsque nous racontâmes comment tout cela était arrivé, ils furent vertement réprimandés et ma mère leur dit une chose que je n'oublierai jamais.

"Croire que vous êtes meilleurs parce que vous êtes de nains de pure souche est une idiotie. Chacun a ses propres qualités et ses faiblesses, qu'il soit nain, hobbit, demi ou même humain. Ce qui fait la valeur de quelqu'un, c'est sa capacité à apprendre. Vous avez eu de la chance qu'Aléa et Mùlin aient écouté les mises en garde et compris le danger que vous courriez, sinon..."

Elle laissa la phrase en suspens, ce qui eut un effet encore plus lourd que si elle l'avait terminée. En tant que pilier de la société des Champs, elle avait énormément d'autorité et son charisme naturel suffisait généralement à en intimider plus d'un. Les trois compères n'en menaient pas large et rougirent d'autant plus lorsqu'elle ajouta :

"Ignorance et arrogance ne riment pas seulement, ils vont souvent de pair. Arrêtez donc de vous vanter de vos origines et apprenez plutôt à vivre là où vous êtes en ce moment."


A partir de ce jour là, aucun de ces trois là ne nous reprocha plus jamais d'être des demis. Peu à peu, ils en vinrent même à nous apprécier et à nous considérer comme des membres à part entière de leur groupe. De nos jours, je pense qu'ils sont trois des plus fiables gaillards des Champs.

Tout le monde peut changer pour le mieux, encore faut il accepter de mettre de côté son orgueil et ses préjugés.
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