Chroniques d'Arda
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Le calme avant la tempête? [PV Akasha] 232342Grandebannire



 
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 Le calme avant la tempête? [PV Akasha]

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Thais Lælias
La Dame de Fer
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MessageSujet: Le calme avant la tempête? [PV Akasha]   Le calme avant la tempête? [PV Akasha] EmptyMar 17 Juil 2018 - 9:58

Après la dernière réunion du Conseil Royal, qui s’était conclue sur le retour de son père sur le trône de Gondor, Thaïs était revenue directement dans ses appartements du Nid-de-Corbeau. Elle avait toujours aimé cette forteresse austère, perchée très haut dans les Montagnes Blanches. L’air y était frais, mais elle avait connu bien pire en Angmar et au Beleriand. La vue, dégagée sur une douzaine de lieues à la ronde par beau temps grâce à la limpidité exceptionnelle de l’air, révélait des champs fertiles, des routes pavées s’enfonçant dans la campagne, permettant de transporter rapidement des marchandises et des troupes d’un bout à l’autre de ce qui avait été son domaine.
Elle avait été une administratrice avisée. Elle avait, en quelques années, mis sur place une administration capable de nourrir son armée, de garder ses soldats en état de se battre, encore et encore, face à l’invasion en Beleriand. Il avait fallu créer des routes, construire des dépôts, élever des bêtes de trait, mettre sur pied des caravanes, et, inlassablement, acheminer du grain, de la viande et du poisson séchés, des fruits secs… vers les troupes en campagne. La tâche était monumentale : les trois quarts de l’armée de l’Empire étaient engagés au Nord. Chaque jour, cette armée avalait presque 1 800 quintaux de blé et 500 d’autres aliments. Et elle ne pouvait se fournir toute cette nourriture sur place, loin de là. L’effort avait été colossal.

Cinq ans de guerre. Quarante-trois batailles. Une seule défaite. Le triomphe tient parfois à un fil, comme elle l’avait amèrement constaté. Une défaite, au cours de laquelle elle était parvenue à sortir la majeure partie de son armée du champ de bataille en bon ordre. Aurait-elle pu continuer la lutte ? Oui. Mais il n’y aurait eu nulle victoire sur ce chemin : face aux forces combinées de trois royaumes, ses lignes de ravitaillement coupées, sans forteresse digne de ce nom sur laquelle se replier, elle n’aurait pu que mener une action d’arrière-garde, un dernier carré, et disparaître. Combien seraient morts inutilement avec elle ? Elle connaissait chacun d’eux par son prénom, et s’était refusée à les sacrifier.
Elle avait décidé que la vie de ses hommes valait bien plus que sa fierté. Elle avait dispersé ses armées, fait ce qu’elle pouvait pour leur laisser autant de temps que possible pour se cacher, ou rallier des terres plus favorables : elle était protégée par sa naissance, par son rang, et doutait — à raison — que ses ennemis aient le courage de l’exécuter froidement. Pour son armée, en revanche… ses ennemis les auraient massacrés. Ils n’auraient jamais toléré que plusieurs dizaines de milliers d’hommes loyaux à sa cause survivent, s’organisent, résistent, et deviennent une réelle plaie pour le Royaume.
Ce faisant, elle se sauvait elle-même. Elle les privait d’un ennemi, elle les forçait à se concentrer sur le Royaume. Il devenait difficile de la diaboliser, de la présenter comme la cause de tourments qui ne se produisaient pas. Elle avait joué ses cartes correctement, et pourtant elle avait perdu. Pour le moment au moins. Tant qu’elle vivrait, elle continuerait à se dédier à l’Empire, à sa reconquête, à sa préservation, et à son expansion. Elle ne cesserait qu’une fois tous les royaumes humains ralliés sous sa bannière. Elle avait l’éternité, ou peu s’en fallait, pour cela.

Sitôt de retour dans les appartements dévolus à l’Impératrice, Aelis retira en grognant la robe dans laquelle elle était cintrée, révélant la tenue d’étoffe, coupée pour un homme, qu’elle portait par-dessous. Sur un signe de Thaïs, elle appela les deux domestiques qu’on avait bien voulu lui confier, et qui auraient tout aussi bien pu être muettes. L’ancienne souveraine ne leur accorda aucune importance, les laissa la dévêtir, dresser une collation légère sur la table de la suite et s’éclipser sans leur adresser plus de paroles que nécessaire.
Les autres membres de la Garde d’Argent firent bientôt leur entrée. Ce repas faisait partie de leurs rituels. Ils mangeaient ensemble, et discutaient. Ces derniers temps, les nouvelles du Royaume que pouvait leur apporter Thaïs étaient le principal sujet de conversation : après deux ans à se côtoyer ainsi, nul n’avait plus de secrets pour les autres. Thaïs seule restait mystérieuse, d’une part car elle n’aimait guère se confier, et d’autre part parce que les règles de préséance interdisaient à ses gardes du corps de la questionner sur ces sujets.
Alors ils parlaient, de la marche du royaume. De stratégies. Ils revivaient, avec des morceaux de pain et des verres, certaines batailles, s’interrogeaient sur les manoeuvres qui auraient pu en changer le cours. Thaïs observait cela avec bienveillance. Cela briserait le coeur de ces soldats, de ces gardes du corps fidèles parmi les fidèles, mais elle les préparait au commandement, se remémorant chacune des leçons de Toranur en la matière. Toranur d’Angmar, Maréchal de Sauron, puis Roi d’Angmar, et enfin Prince Consort de l’Empire.
L’ennemi le plus implacable de sa capitale s’était révélé son plus fidèle soutien, et le principal artisan de leurs succès au Nord. Sans lui, sans son indéfectible loyauté, sans son sens tactique aigüe et ses leçons sur la marche d’une armée, sa logistique et ses manoeuvres, elle n’aurait pu devenir la Dame de Fer, la Défenderesse. Il lui avait appris à lire un champ de bataille et les déploiements ennemis, à déployer ses troupes en réponse, à se faire admirer autant qu’aimer de ses soldats. Il lui avait appris à être patiente, à ne commettre ses forces dans une bataille qu’à condition d’être certaine qu’elle avait entre ses mains tous les avantages qu’elle pouvait mobiliser. Et il lui avait appris à déléguer, à faire confiance à ses officiers, et à se concentrer sur l’essentiel : comment gagner les avantages, et donner aux soldats les opportunités nécessaires à la victoire.

Toranur était irremplaçable, en tant que général et en tant qu’époux, bien que le couple n’ait jamais eu l’occasion de prononcer publiquement ses voeux. Et pourtant, elle allait devoir s’en passer. Tenter de reprendre le pouvoir seule, et l’exercer seule. Tel serait son sacerdoce. En revanche, les officiers sur lesquels elle s’était appuyée par le passé pouvaient être remplacés. Elle aurait besoin de commandants loyaux et capables si elle revenait sur le trône (et peut-être, bien qu’elle n’appréciait guère cette possibilité, pour revenir sur le trône).
Ils n’étaient plus, à ses yeux, treize Gardes d’Argent, mais le commandant de sa garde personnelle et douze Archontes. Ils protesteraient. Ils tenteraient de refuser. Mais, à la fin des fins, ils la serviraient.

Le reste de la journée s’écoula comme toutes les autres. Elle lisait, prenait des notes, jetait les bases de ses Mémoires à défaut d’avoir autre chose à mettre sous les crocs de son esprit. Elle perfectionnait, en théorie au moins, le fonctionnement de son armée, de son administration. Elle préparait des réformes, imaginait leurs effets. Elle usait et abusait du privilège qu’on lui avait accordé, et il ne se passait pas un jour sans qu’une cargaison de livres ne quitte ses appartements pour revenir aux archives de la ville, et inversement.

Derrière cette façade de normalité, Thaïs se préparait. Sa mère lui avait laissé entendre qu’elle viendrait la trouver, et nul besoin de disposer d’un Palantir pour deviner qu’elle souhaiterait entendre, de sa propre bouche, le récit de son règne. Sa colère en apprenant qu’elle avait, un temps, emprisonné son propre père démontrait qu’Akasha était tout sauf informée des événements des dix dernières années.
L’attitude de sa mère témoignait, quant à elle, d’un certain amateurisme. Qu’elle ait imaginé que Thaïs s’angoisserait de cette visite ou qu’elle l’en ait prévenue par simple négligence, le résultat était le même. Elle avait fait face à des pressions bien pires à la tête de ses armées, la perspective d’une discussion avec sa génitrice ne l’effrayait pas. Elle abordait ce sujet comme elle l’aurait fait de n’importe quelle rencontre diplomatique : elle préparait des arguments, soupesait leurs portées, les affinait, les catégorisait.

Que sa mère puisse avoir envie de la voir car elle était son enfant ne lui traversa pas l’esprit un seul instant.
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