La terreur prendra les plus faibles

Sur ces mots Tintallë s'en allait avec le sourire en coin. La perversité qui envahissait son esprit étant dû à l'idée de sacrifier toujours plus d'orques pour Rog, il était presque logique de remettre en doute son serment à Morgoth. Bien évidemment elle s’acquittait de tous ses devoirs de grande prêtresse, mais sa fidélité semblait plus aller à Rog qu'à Sauron ou Melkor. Mais au fond cela était peu important, car après tout les orques, le fer de lance des armées du Mordor voyait Sauron comme un Dieu tyrannique auquel ils obéissent par peur de son courroux, bien qu'un autre sentiment semblable à de l'amour ou de l'admiration semblait présent en leur cœur. Après tout les ordres de Sauron n'allant pas à l'encontre des mœurs de la société en Mordor, obéir n'était pas un problème c'était même un plaisir.

Quittant sa tunique blanche pour enfiler son armure noire comme une nuit sans étoiles ou Lune pour illuminer le ciel. On ressentait à sa vue toute la noirceur présente en Mordor. Était-ce la couleur des métaux qui étaient ainsi en Mordor ou bien un maléfice qui l'enchantait. Beaucoup se posait cette question parmi les hommes, les elfes et les nains qui l'avaient croisé. Mais ils étaient tous incapables d'y répondre et aucun de ceux qui avaient eu la réponse, n'avait pu échapper au sort que Rog leur avait réservé.
Sortant de sa tour, l'air était chaud. Des vents venant de l'Est portaient avec eux la chaleur de l'Orodruin en pleine activité ces derniers temps. Ce qui pour Rog semblait être un bon moment pour s'en aller forger quelques outils qui lui seraient utiles lors de ses combats à venir.
Après l'armure venait son épée elfique et son marteau fait par Sauron, puis une cape noir venait l'accompagner sur son dos.
Descendant une à une les marches de la grande tour de sorcellerie, le seigneur elfe arrivait finalement au pied de l’immense structure. Là ci-bas un groupe d'une trentaines d'orques c'était mis en rang. Face à Rog il y avait Tintallë, un genoux à terre.


Hochant la tête, Tintallë se retirait au pied de la tour après avoir donné ses ordres.

Après que tous les orques se soient mis en cercle dans un silence solennel, Rog commençait alors à parler dans une sombre langue. Empruntant au Noir parler, l'incantation semblait plus ancienne datant comme de l'époque où il était le prisonnier de Melkor. Récital aux sons forts et bruts. Les orques tout autour commençaient à faire de même.
Peu de temps après le début de la cérémonie, la corruption laissait par Morgoth en ce monde et déjà remué par la Bouche de Sauron sous les ordres de son maître venait à sortir des entrailles de la terre. Le ciel devenait de plus en plus sombre, il y avait comme un énorme cône en spirale à quatre branches qui descendait afin de s'abattre sur la tour de sorcellerie. Les nuages formant cette spirales étaient violents et leur rage venaient s'abattre sur la tour, bien que cela ne laissait aucune trace ou aucun dégât.
A cet instant une lumière verte et morbide s'échappait du sol et du lac. Passant entre les fissures et les pavés de la cité, la lumière était indolore et l'on pouvait la toucher sans que rien ne se produise. Les derniers étages de la tour quant à eux commençaient à tourner sur eux-mêmes. Et bien que cela fut lentement, l'effet était comme presque envoûtant. Sur chacun des murs aussi bien extérieurs qu'intérieurs, sur les portes de chacun des bâtiments ou couloirs une sorte de barrière verte semblait se former.
Peu à peu la cité se recouvrait d'un voile fantomatique, certains orques étaient effrayés alors que d'autres acclamaient le seigneur de la cité et pour les moins chanceux comme les esclaves et les snagas, leurs tâches ne s'arrêtaient pas malgré les événements. Mais ils avaient eu au moins eu un temps de pose le temps que les maîtres de disciplines qui s’inquiétaient de la situation puissent comprendre grâce à un ver en charge de transmettre les informations nécessaires.

A mesure que le rituel avançait certains des praticiens orques qui accompagnaient Rog commençaient à flancher. Mais tous savaient que l'échec n'était pas permis. Après le voile, la lumière venait à entrer dans les diverses gargouilles et statues horrifiques qui ornaient la cité. Les yeux des œuvres en pierre venaient à s'illuminer de la même lueur que celle qui entourait la forteresse. Désormais les statues étaient devenues des guetteurs infatigables et fixes, observant et rapportant tout ce qu'elles observaientt au maître des lieux qui s'en servait comme d'un troisième œil. Plus forte que jamais, la corruption fantomatique de la cité apportait la terreur dans les cœurs des vivants rien qu'à sa simple vue. Que cela soit les gargouilles ou bien la tour elle-même, ce qui les observaient, pouvaient sombrer dans la folie à chaque instant ou bien dans une sorte de transe les amenant à vouloir se rendre jusqu'à la tour en délaissant toute forme de contrôle sur leur corps quitte à se faire embrocher par une flèche d'un des défenseurs orques. Et sans tarder parmi les mages du rituel, quelques orques montraient l'exemple de cette folie en y cédant. S’arrachant les yeux ou bien se mordant jusqu'aux veines. Les sbires étaient devenus incontrôlables, ils allaient jusqu'à s'en prendre aux autres orques ainsi qu'à Rog lui-même. Qui d'un élan simple venait à leur ôter la vie grâce au tranchant de sa lame.

Le rituel était donc terminé, seuls quelques-uns de orques avaient survécu, mais au moins ils avaient pu terminé la chose. Tintallë s'approchait alors de Rog et d'une voix enjouée elle le félicitait.