La vague et le juste (pv elyo)

Lorsqu'Elyo trinqua, je l'imitai avec un enthousiasme certain. L'alcool appelle à l'alcool, et cela commençait se faire ressentir. Il fallait songer à ralentir un peu si je n'avais pas envie de rouler sur la plancher de l'établissement en riant comme une chèvre. Je laissai donc le petit frère de mon dernier verre de côté pour l'instant, portant toute mon attention sur l'homme qui me faisait face.

" Personnellement, j'ai arrêté la piraterie il y a quelques années. Maintenant je suis de l'autre côté de la barrière, le marchand que les pirates essaient de chasser ! Donc ne m'en veux pas si j'évite toute proximité avec ton navire une fois au large…Ce n'est pas personnel, juste que j'évite d'être dépouillé de tout ce que je possède.
-Et tu fais bien, si tu veux mon avis. Y fait rarement bon pour le marchand qui nous croise en mer." l'assurai-je avec un sourire carnassier.

Je ne m'étais pas taillé une réputation en taillant la bavette avec mes cibles aussi je n'aurais pas hésité une seconde à assaillir son navire s'il croisait mon chemin... Mais pour le moment l'heure n'était pas à l'abordage. J'essayai donc de tempérer un peu mes propos, histoire qu'il n'aille pas penser que j'allait lui filer le train aussitôt sortis de l'établissement.

"Si ça peut te rassurer, on rentre tout juste, et avec un assez joli pactole. Du coup le temps de tout revendre y'a fort à parier que tu seras parti depuis belle lurette. Sans compter qu'il faut un peu laisser aux hommes le temps de se détendre si on veut éviter que ça finisse en combat de coqs sur le pont."

Je ne comprenais pas l'enthousiasme avec lequel les hommes se donnaient en spectacle en s'opposant les uns aux autres. Car ce n'était rien d'autre qu'une exhibition : deux personnes réellement déterminées à en venir aux mains et à éclater la tête de l'autre dans la boue attendaient rarement les heures de pointe sur le pont ou l'arrivée du capitaine pour s'y mettre.

"La dernière fois j'en ai un qui a voulu à tout prix finir dans mon lit. Je lui ai dit qu'il faudrait ramper sur du verre pilé pour ça, pour rire. Sauf qu'il a voulu montrer qu'il était capable de le faire. Autant te le dire tout de suite, il est pas prêt d'aller dans le lit de qui que ce soit et il a du faire... Trois ou quatre centimètres dans cette position ? Pas plus."

Je n'avais pas encore déterminé si j'étais impressionnée qu'il ait essayé ou juste désespérée par tant de bêtise. Cela dit, il avait au moins eu la courtoisie de demander, c'était rarement le cas avec les marins... Surtout avant que je m'illustre par divers petits tours de nature à calmer leurs ardeurs.

"Mais je n't'apprends rien, tu dois aussi avoir ton lot de minettes qui te courent après. "

Il fallait bien le dire : c'était un bel homme, et avec un charme tout particulier. Je ne faisais pas souvent des compliments, alors il avait intérêt à rattraper celui ci et à bien le retenir au cas où il essaie de s'échapper.

Elyo affirma avec force conviction qu'il ne craignait pas de se faire aborder. 

“ Oh mais je ne crains pas les pirates ! J’ai su les semer pendant des années en navigant seul ! Et puis j’ai été longtemps pirate moi même, j’arrive à connaître les combines pour passer au travers de leurs tentatives “

Le fait d'avoir été de l'autre côté de la barrière lui conférait sans nul doute un certain avantage. La où la plupart tenteraient les manœuvres habituelles, il pouvait riposter immédiatement en gagnant un avantage certain sur ceux qui voudraient l'aborder... Ce qui lui permettrait probablement de sauver sa peau, celle de ses hommes, ainsi que sa cargaison. Au fond, c'était bien l'essentiel. 

“ Hm… Si les hommes, notamment ceux d’umbar, passent leur temps à courir après les femmes, l’inverse est beaucoup moins vrai ! Oh je ne dis pas qu’il ne m’est pas déjà arrivé de croiser deux ou trois prédatrices vénales plutôt insistantes, mais qui peut leur en vouloir de chercher à fuir le bordel et leur train de vie misérable en essayant de trouver quelqu’un de riche qui pourrait leur offrir une meilleure vie ?
Elles n’agissent que par instinct de survie… pas comme les hommes qui ne se laissent guider que par leur instinct primaire limité à la tentation des courbes féminines… Seulement certains savent se tenir alors que d’autres coupent littéralement leur intelligence pour ne suivre que ce leur dicte leur entrejambe ! “

J'opinai brièvement : certes je connaissais une ou deux femmes à la jambe plus que légère qui courraient le guilledoux bien volontiers mais il était vrai que la plupart de mes consœurs se montraient bien moins intéressées par les plaisirs de la chair que nos compatriotes masculins. 

" Je suis persuadé que certains bas de plafond seraient prêts à se couper net les parties si tu leur demandait en leur promettant une nuit avec toi ! Et le moment venu, nul doute qu'ils comprendraient leur erreur ! " 

Il éclata de rire et j'en fis de même, amusée par l'idée.

" C'est très probable. Il faut bien admettre que l'intelligence n'est pas la caractéristique principale de ceux qui me courrent après, en général. J'ai tendance à attirer les gros bras sans un gramme de cervelle."

Description qui collait avec bien deux tiers de la population mâle d'umbar. Les marins ne sont pas souvent connus pour être svelte élancés et rusés. Bien souvent, il allait de leur réputations qu'ils s'affichent en compagnie des femmes les plus désirables possible. Or, j'avais tendance à me montrer inaccessible. Quoi de plus glorieux que de posséder l'inaccessible, n'est ce pas ?

"Un de ces jours, quand j'aurai de l'or à ne plus savoir qu'en faire, je m'achèterai un petit lopin de terre dans un coin tranquille. Ou une île, tiens. Ça m'évitera de me faire emmerder à longueur de journée par des abrutis dont les parties dictent la conduite."

Je vidai mon dernier verre cul sec avant de décider de m'en tenir la. J'avais ingurgité davantage d'alcool que de raison et il allait mieux que j'évite de me rendre malade.

" En tout cas, c'est bien agréable de discuter avec toi. J'apprécie fortement le fait que tu te montres courtois et respectueux. C'est agréable de pouvoir parler sans avoir la sensation d'être un gigot prêt à cuire. Je veux dire, déjà à l'époque j'avais pensé que t'étais probablement l'homme le plus correct à des lieues à la rondes, vu ton comportement quand on s'est rencontrés. Mais ça confirme bien ce que je pensais. C'est dommage que je sois pas tombée sur un type de ta trempe après la mort du vieux, ça m'aurait évité pas mal de problèmes."

J'avais probablement déjà dépassé le seuil raisonnable de boisson car les mots coulaient de mes lèvres avec un peu trop de facilité. Heureusement j'étais tout de même suffisamment accoutumé à ce fait pour garder ma cohérence et savoir plus ou moins ce que je faisais. 

Un de ces jours, il faudrait que je pense à me payer une île. Voilà qui était un bon plan : la terre et la mer à perte de vue, pour moi seule. Pouvoir aller et venir de l'un à l'autre comme bon me semblait, tirant le meilleur des deux modes de vie. Un plan alléchant... Pour quand je serais trop vieille pour tenir la barre. D'ici là, j'aurais tout le temps de trouver un successeur à l'affaire familiale.

" Je te remercie du compliment et je pense que nous aurions fait une bonne équipe en effet car ta compagnie m'est aussi agréable et pas seulement pour ton physique charmeur "

J'éclatai de rire. On se serait surement bien entendus et ça aurait donné du fil à retordre aux marins d'eau douce. Cela dit, on ne refaisait pas le passé. C'était un fait que j'avais intégré depuis bien des années, ce qui me porta à exclure les "et si" de mon esprit l'espace d'un battement de coeur. Seul le présent importait, et le fait d'être encore vivante et entière le lendemain.

" Malgré tout, je pense que c'est justement parce que tu n'es pas tombé sur des flèches que tu es devenue la personne que tu es aujourd'hui et ça c'est plutôt une bonne chose que de prendre son destin en main pour aujourd'hui être connue de tous en Umbar ! Cette fierté dans ton regard tu ne la dois qu'à toi-même.
-Des salauds plus que des imbéciles, mais ça revient au même."

Il avait p't'être bien raison là dessus. J'en avais parcouru du chemin, depuis ce jour où nous nous étions rencontrés la première fois. Je n'aurais probablement jamais connu de revirement aussi drastique si j'étais restée toute ma vie la petite fille à papa, ou si j'avais toujours compté sur des hommes pour me protéger. J'avais appris la vie à la dure et ça m'avait donné l'énergie de devenir un capitaine connu et reconnu parmi mes pairs, tant sur le point personnel que professionnel.

" Bien ! Que dirais-tu de me faire visiter ton navire ? Je n'ai jamais pu contempler le célèbre crève cœur de près sans me faire chasser par son équipage…"

Je ricanai. Ca en ferait jaser plus d'un, et ça pourrait se révéler divertissant. Or, rien n'était plus important dans mon existence que le divertissement. Je répondis donc :

"Je me demande bien ce que tu aurais pu y trouver d'intéressant, à l'époque. Cela dit, je n'ai rien contre le fait de retourner à bord en charmante compagnie."

Je lui offris un sourire aimable, me demandant déjà quels seraient les ragots le lendemain. Peu m'importait au final, mais c'était toujours amusant de découvrir les nouvelles histoires à mon sujet... Généralement toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Une fois le tavernier dûment rémunéré, nous nous rendîmes donc à mon navire. Le crève coeur était une frégate récemment remise à neuf et améliorée de bien des façons. Il était équipé de trois mats et de trente ballistes. Ce n'était pas l'artillerie la plus performante à l'heure actuelle, mais leur maniabilité en faisait une arme redoutable aux mains de marins expérimentés. Le navire n'était pas bien gros, comparé à ceux qui exhibaient fièrement leurs cinquante ballistes, mais il avait l'avantage d'être bien plus commode à manœuvrer. J'avais besoin d'un équipage plus réduit que certains de mes compatriotes, ce qui me permettait de me montrer bien plus exigeante sur la qualité de mes hommes. Ceux ci, en contrepartie, étaient bien plus grassement payés que la plupart de leurs semblables. Ils suivaient bien plus scrupuleusement les règles que j'établissais également, dans le but de conserver leur place souvent jalousée.

Je glissai un regard tendre sur la silhouette gracieuse du bâtiment qui m'avait accueillie depuis la petite enfance. C'était ma maison, bien plus que la triste bicoque dans laquelle j'avais néanmoins investi quelques années plus tôt. Un mousse était de corvée de bernicles et grattait vigoureusement la coque dans une musique monotone mais rythmée. A notre approche, l'un des hommes de garde nous adressa un signe avant de prévenir ses camarades de notre arrivée. Je savais déjà qu'à mon arrivée dans ma cabine, j'y trouverais de quoi me sustenter grassement... Ce qui ne serait pas du luxe, après avoir ingurgité autant d'alcool. Une fois sur le pont, j'inspirai à pleins poumons et demandai malicieusement :

"Qu'est-ce qui t'intéresserait ? Je ne te ferai pas l'affront de t'expliquer comment fonctionne un navire..."

La réponse d'Elyo n'était pas précisément ce à quoi je m'attendais :

“ Oh je ne fais que regarder “

Effectivement, il regardait. Mais ... Pour chercher quoi ? Si les rôles avaient été inversés, j'aurais pu me demander s'il avait l'intention d'aborder mon navire un de ces jours, en tirant profit de sa connaissance des lieux. Ou bien, se faisait il cambrioleur à ses heures ? Peu probable, il se serait faufilé à bord sans me le demander afin que je ne le suspecte pas par la suite.

“ Je dois dire que c'est un beau bateau… “ commenta-t'il tout en s'approchant de moi d'un pas plus sûr que ce que j'aurais pu esquisser moi même après la quantité d'alcool que j'avais avalée.
...avec beaucoup de classe. Qui renvoie une image redoutable et forte mais dont le charme reste... indéniable."

Je levai un sourcil, perplexe. Il me faisait du rentre dedans, n'est-ce pas ? Un sourire amusé étira mes lèvres et je me campai fermement dans mes bottes, lui faisant face avec une certaine fierté.

” En tout cas, il y a bien longtemps que je n'étais pas monté à bord d'un aussi grand navire et je reste impressionné par les proportions ! C'est même plus une "cabine du capitaine" c'est carrément des appartements à cette échelle ! ”

Je jetai un oeil appréciateur à l'endroit. C'était vrai. Je n'étais pas peu fière de mon bâtiment et des améliorations que j'y avais apportées avec le temps... et surtout, la participation financière laissée par le vieux à sa mort.

” Rien d'étonnant à ce que la plupart des hommes te courent après, il n'existe sans doute pas meilleur parti féminin que toi en umbar… ”

J'éclatai de rire, avant de m'exclamer d'un air faussement courroucé :

"Sous entends tu que mon charme naturel n'est pas en cause dans cette affaire ?"

Cela dit, il n'avait pas tout à fait tort. Je plongeai mon regard dans le sien et m'approchai d'un pas, afin qu'il ne puisse rien rater de ce que j'allais faire. Puis, je glissai voluptueusement une main le long de la courbe généreuse de ma taille, de mes hanches et de ma cuisse avant de la reposer sur ma poitrine avec une expression faussement attristée :

"Dirais-tu que tout ça ne te fait aucun effet ?"

Bien sûr tout cela n'était qu'un jeu : j'étais pleinement consciente de mes atouts.

L'expression d'Elyo était assez parlante et je ne pus retenir un sourire satisfait.

“ Oh bien au contraire ! Je dis juste que pour les plus cupides, ton patrimoine couplé à tous tes charmes feraient de toi leur perle des vents cendrés “

C'était un assez joli compliment et on ne me l'avait jamais fait.C'était déjà un progrès en soi car la plupart des hommes qui me faisaient du gringue utilisaient encore et toujours le même type d'approche... Les seuls originaux avaient tendance à se montrer écoeurants, comme ce type qui m'avait assuré qu'il me ferait monter plus haut que la vigie sans même utiliser ses mains. Très imagé, mais non merci.

” Seul un fou aveugle et eunuque ne serait pas attiré par tes atouts physiques et par le charme que tu dégage “ ajouta Elyo sans se démonter.

A dire vrai, il m'était arrivé d'avoir à faire à un eunuque, du coup je pouvais assurer que cette affirmation n'était que partiellement vraie. Cependant, le regard brûlant de l'ancien pirate me fit bien vite oublier toute considération extérieure et je pris soin de conserver une posture qui ne laissait rien ignorer de mes avantages.

” La question que j'ose me poser c'est...quels atouts faut il posséder pour te faire de l’effet en retour ? “

C'était une bonne question et à dire vrai rares étaient ceux qui se l'étaient jamais posée. Enfin, les hommes avaient tendance à supposer que j'en avais après l'argent, le pouvoir ou une quelconque possession matérielle. C'était bien mal me connaître, d'ailleurs. Non, la seule chose qui trouvait grâce à mes yeux... C'était la liberté. Pouvoir faire ce que je voulais quand je voulais, aller où j'en avais envie pour un oui ou pour un non, faire autant de bien ou de mal que j'en avais envie, vivre ma vie comme je l'entendais, en somme. Mais sans jamais rendre de comptes à qui que soit. Contrairement à bien des femmes, je n'avais aucun désir de me fixer définitivement pour l'heure, ou bien de fonder une famille bien tranquille. Je répondis donc avec un air sérieux :

"Pour commencer, il faudrait avoir conscience que je ne suis la femme de personne, si ce n'est de l'océan lui même. Je ne cherche pas à vivre une idylle de romans, mais je me contenterais fort bien d'un partenaire régulier qui sache que je ne suis et ne pourrais jamais lui être exclusive. C'est une condition à double sens, bien entendu, car il se doit d'être aussi libre que je le suis moi même. Il n'y aurait besoin, en réalité, que de me comprendre et d'accepter aussi bien mon mode de vie que mes choix, qu'ils plaisent ou non."

Je marquai une petite pause, en plongeant mon regard dans le sien. En réalité, c'était là une requête assez étrange pour une femme de nos jours, mais c'était ça ou rien. J'esquissai quelques pas supplémentaires dans sa direction, tout en comptant sur mes doigts tout ce que je n'étais pas :

"Je ne suis ni un jouet, ni un trophée, ni même une femme de joie que l'on fourre quand on en a envie et sans lui demander son avis. Pour résumer, il faudrait commencer par me respecter, ce qu'une très grande majorité des hommes du coin n'ont malheureusement pas réussi à faire à moins que je leur remue une lame sous le nez."

L'exemple des quais un peu plus tôt était un flagrant exemple de ce que j'avançais. si l'on voulait une fille de peu de vertu, on n'avait qu'à aller en chercher une au port : il y en avait un nombre plutôt conséquent qui n'attendaient que d'appâter leur prochain client.

"Cela dit, une fois que le décor est planté, je dois dire que je n'ai que fort peu de préférences... Du moment qu'il y a une... alchimie, si j'ose dire."

Tout bon pirate avait entendu dire que des alchimistes essayaient de changer le plomb en or... L'expression était donc toute trouvée. Je soulignai ces propos en achevant de supprimer toute distance entre nous. La tension qui régnait entre nous s'intensifia et un frisson me parcourut toute entière. Je levai lentement la main sans détacher mon regard du sien, jusqu'à effleurer son avant bras. Sans jamais le toucher franchement, je remontai jusqu'à son épaule, soulignant le renflement de ses muscles. Sans être excessifs, ils étaient néanmoins parfaitement dessinés, comme se devaient de l'être les biceps d'un marin qui se respecte. Je pouvais clairement sentir la réaction de sa peau sous mes doigts et je confirmai avec une satisfaction évidente :

"L'alchimie."

L'effleurement d'Elyo le long de mon visage me fit frémir et nos regards qui ne se lâchaient plus exprimaient mieux que les mots le désir brûlant qui menaçait de nous engloutir. Je ne m'a perçus qu'il fermait la porte que lorsque celle ci claqua brutalement, toute mon attention tournée vers bien d'autres choses... Comme la perspective d'un plaisir débridé.

Lorsqu'il s'agrippa à ma taille je laissai échapper un son à mi chemin entre le hoquet et le gémissement. Ce bruit fut étouffé avant d'avoir pu se préciser par la voracité des lèvres du corsaire sur les miennes. Je glissai les doigts dans ses cheveux pour l'attirer plus près de moi encore, nos souffles mêlés ne suffisant pas à satisfaire ma soif de lui. Mon corps pressé contre le sien demandait plus, bien plus encore et je ne le relachai un instant que pour mieux pouvoir enfouir les mains sous sa chemise, laissant enfin courir mes doigts sur la peau frémissante de son ventre. J'ignorais qui de nous deux brûlait le plus, mais une fièvre commune nous dévorait à présent et je ne voyais qu'un seul remède efficace...

'' Déshabille toi. '' lâchai je d'une voix rauque, tremblant littéralement de désir.

Dans d'autres circonstances, j'aurais apprécié lui retirer ses vêtements moi même. Dans d'autres lieux et avec d'autres ardeurs, j'aurais pris plaisir à faire durer les choses et à le faire languir. Mais à présent, c'était moi qui ne pouvais attendre. D'un geste souple, je me debarrassai de mon corsage, qu'un ingénieux système d'épingle permettait d'ouvrir sans s'ennuyer à toucher aux lacets. La chemise de lin qui me couvrait encore était partiellement déboutonnée et laissait deviner la naissance de ma poitrine, ainsi que la peau tendre de mon ventre. Un geste supplémentaire défit ma ceinture et celle ci glissa prestement sur mes hanches, entraînant avec elle la majorité des vêtements qu'il me restait encore. Je n'avais plus qu'à me débarrasser de ma chemise et de mes sous vêtements pour enfin me retrouver à nu devant lui.