Chroniques d'Arda
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 Etape à Grand'Cave

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Hatori Hanzok
Archiforgeron de Khazad-Dûm

Hatori Hanzok
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MessageSujet: Etape à Grand'Cave   Etape à Grand'Cave EmptyMer 14 Avr 2021 - 18:55

La traversée de l’Eregion s’était faite sans encombres. Les frontières du royaume elfique étaient gardées avec vigilance et peu de brigands osaient s’y aventurer. Artaxerxias lui même avait senti une présence invisible l’accompagner le premier jour. Les sentinelles eldars avaient sans doute par la suite reconnu en lui l’un des membres des Compagnies Exogènes, et l’avaient donc laissé poursuivre sa route, estimant qu’il n’était pas un étranger présentant des risques pour leur royaume. Le haradrim avait par la suite franchi le Mitheithel, emprunté la Voie Verte puis passé le gué de Sarn, pénétrant ainsi dans la Comté. Le mauvais temps s’était alors abattu sur ces terres fertiles et la pluie était tombée sans discontinuer pendant quatre jours, trempant le voyageur jusqu’aux os.

Aussi Artaxerxias modifia sa route en conséquence et pénétra à Grand'Cave, où il chercha une auberge pour y prendre une véritable nuit de repos, loin de l’humidité et du froid. L’unique établissement qu’il trouva fut une enseigne possédant deux chambres pour les grandes gens, l’une double, l’autre simple mais qui se trouvait déjà occupée. Le prix exigé était néanmoins plus qu’honnête, aussi le duelliste s’offrit-il le confort d’une vaste pièce chauffée par une petite cheminée, et devant laquelle il disposa ses affaires détrempées qui ne tardèrent pas à fumer, noyant la chambre dans une atmosphère vaporeuse. Désireux de respirer un peu d’air frais, Artaxerxias sortit. Mais la pluie battante dissuada toute promenade et il du se contenter de l’appentis de l’auberge où il se mit à savourer un verre de liqueur de mélisse. Avec la pluie, les alentours sommeillaient dans une obscurité presque absolue, et seul le cri d’un oiseau nocturne troublait le clapotis ininterrompu à l’occasion. Le haradrim savoura l’eau de vie et senti bientôt la chaleur de l’alcool égayer son cœur. Il rentra dans la salle commune afin d’y prendre le souper, repas qui s’annonçait copieux aux dires du tavernier, un hobbit plein d’embonpoint.

Artaxerxias ne fut pas déçu : les plats défilèrent les uns après les autres, et bientôt l’écœurement succéda à l’appétit. Lorsqu’il eut achevé ses agapes, le haradrim se rapprocha de la grande cheminée afin de profiter du doux rayonnement de l’âtre. Bientôt un hobbit corpulent vint s’installer. Il portait encore un tablier maculé de gras, et le haradrim devina qu’il s’agissait du cuisinier qui venait s’accorder un instant de repos après son service. Artaxerxias, qui aimait la bonne chère le questionna alors, intrigué par l’un des mets qu’il avait auparavant déguster.

« Il y avait parmi les plats servi une sorte de légume au goût très sucré, à la chaire blanche tirant sur le violet… je crois n’en avoir encore jamais auparavant... »

« Les navets ? »

« Des navets ? Aussi sirupeux ? »

« C’est parce que je les fait frire puis revenir avec un fond de miel. »

« Tout s’explique… Votre peuple est bien étrange. Jamais il n’a construit de grand ouvrage, mais il sait faire des merveilles éphémères tout aussi délicates . »

« La pluie et le vent érodent la pierre… La Comté est pleine de ruines des temps anciens. Si j’étais un elfe, immortel, une tour de granit me semblerait tout aussi fugitive qu’une pâtisserie de fête ou qu’une tasse de thé brûlante et vite refroidie. »

« Ce sont des paroles sages mais qui dépassent mon sentiment. L’ivresse de l’immortalité m’apparaît bien souvent comme un vertige et je suis content de sentir le poids du temps qui chaque jour nous dévore. Voyez-vous, je suis d’un lointain pays où les saisons n’ont pas de prise. Dans ma contrée il n’est pas d’hiver ni de froidure. Les feuilles des arbres demeurent attachées à leur branche. Les jours sont de même longueur. Il n’est ni solstice ni équinoxe. Mais dans vos terres du Nord, le monde tourne sans cesse comme un danse du Temps qui imprègne la terre. Chaque année voit la flore dépérir puis renaître. À l’été parfois brûlant succède toujours la danse des couleurs automnale. Le linceul de l’hiver cède toujours aux pousses printanières... »

« Cela est bien vrai. Et tout ce cycle des saisons produit sur l’âme le même enchantement. Aux premiers gels, le cœur plonge dans une mélancolie des beaux jours. Et lorsque les premières fleurs émergent de la terre endormie, le ravissement de leur couleur annonce déjà les brises tièdes de l’été. »


La conversation se poursuivit un moment puis le hobbit se retira, ayant encore quelques travaux à achever avant de se vouer au repos de la nuit. Artaxerxias demeura à siroter un autre verre de liqueur de mélisse. Soudain une voix l’interpella.

« Pardonnez moi de rompre votre quiétude, mais je me trouvais là et votre conversation m’a intriguée. »

Le duelliste se tourna vers son interlocuteur qui, s’approchant, révéla une silhouette gracile et un visage à la beauté étrange. C’était une femme, dont la blondeur patinée indiquait qu’elle était probablement originaire du Rohan.

« Puis-je me joindre à vous ? »

Artaxerxias la pria de prendre place à ses côtés.

« À la conditions que vous partagiez un verre moi. »

« Avec plaisir ! Dites-moi, il m’a semblé selon vos mots que vous étiez originaire du vaste Sud ? »

« Je viens des contrée australes en effet. Avez-vous jamais voyagé en ces pays? »

« Je n’ai jamais dépassé l’Harondor. Mais permettez moi de me présenter : Æwin, fille de Norwal. Je suis herboriste, en voyage pour quelques mois afin d’étudier certaines plantes des territoires du Nord. Mais ma curiosité se trouve intéressée : j’ai maintes fois rencontré des guérisseurs qui m’ont parlé d’une plante exotiques ne poussant qu’en vos contrée. Il s’agit de l’Amescalithe. D’autres la nomment « aurore de l’âme ».


Artaxerxias eut un sourire.

« Je connais bien cette plante. En vos contrée, elle est source de bien des phantasmes... »

« D’où mon intérêt. Me référer à des témoignages de seconde main, n’apporte que plus de légendes dans une histoire déjà bien floue… Il se murmure qu’elle posséderait nombre de vertus et pouvoirs comme celui de converser avec les dieux. D’autres rumeurs, moins favorables, disent qu’elle ne produit que des cauchemars terribles et des vomissements ininterrompus... »

« Il y a un peu de vrai, et beaucoup de faux… J’en ai usé à deux reprises. Pour ce qui des vomissements, tout dépend de la manière dont elle est consommée. Crue, elle provoque en effet des nausées. Et pour ce qui est de converser avec les dieux ou des cauchemars, c’est là une question intime. Il est un dicton chez nous : « L’imbécile peuple ses rêves d’imbécilités ».

« Lui connaissez-vous quelques propriétés curatives? »

« Certains diront qu’elle soigne l’âme, mais je n’en crois rien. Pour le reste, je ne pense pas qu’elle ait un quelconque effet. Pour moi, elle enfanta jadis un extase singulier, entre plénitude et écœurement Il est cependant des plantes similaires dans vos contrée. J’ai observé des naugrims rechercher des visions à l’aide de champignons rares poussant dans certaines grottes de leur mine. Je crois que l’effet produit est sensiblement le même. Cauchemars et doux rêves sont de la même essence. Celui qui cherche le sommeil ne sait lequel des deux lui sera prodigué. »

« Vous semblez mépriser ceux qui ingèrent l’amescalithe ? »

« Il en est pour prétendre y découvrir des secrets profonds. Je crois que ceux-là n’ont jamais su prendre chaque jour le temps de faire silence en eux. L’introspection ne nécessite pas un état second. Seulement un peu de tranquillité. »

« Me conseillez-vous donc d’en oublier l’expérience ? »

« Mes conseils ne valent que pour moi… Mais si vous voulez les entendre, je vous demanderai ceci : avez vous déjà fait l’expérience du lait de pavot ? »

« J’en connais les vertus, mais je ne l’ai encore jamais consommé. Je sais cependant qu’il prodigue un ravissement charnel rare. »

« Rare, mais non singulier. Beaucoup le comparent à l’extase de la chaire. Par expérience je dirais qu’il en est à la fois fort proche et très lointain. Les délices vénériens sont-ils la marque de l’amour ? Non, mais lorsqu’ils sont accompli avec passion, alors ils le transcendent. Il en est de même pour l’Amescalithe. Si vous cherchez quelque chose à travers elle, si vous croyez que le monde vous sera révélé, alors c’est peine perdue. Mais si c’est le ravissement d’un moment, et cela en pleine conscience, je ne vois pas de raison de se priver d’une expérience agréable. »

« N’avez vous pas affirmé que cela pouvait être déplaisant ? »

« Seulement pour les esprits faibles. »

« Et que suis-je d’après vous ? »

« Une personne qui ose, cela est certain. Vous me semblez ne pas avoir froid aux yeux. Mais méfiez vous de vos croyances. Le doute est probablement le meilleur allié de l’esprit. L’intrépidité se confond parfois avec l’imprudence. Oser n’est pas une force. Ni une faiblesse d’ailleurs... »

« Et vous même ? »

« Je suis un être de raison. Je sais où placer mes attentes, j’en connais l’absurdité, mais aussi la nécessité. »

« Vos paroles sont étranges. Il est vrai que curiosité n’est pas courage. Mais les opposer est aussi stupide que de les confondre. »

« Je vous l’accorde et il me semble à présent que vous êtes probablement aussi courageuse que curieuse. Après tout, rares sont les femmes à s’aventurer seule sur les routes tout en ayant la langue aussi bien pendue. »

« Qui vous dit que je suis seule ? »

« Votre curiosité !.. et le fait que vous occupiez l’unique chambre simple de l’établissement. »

« Ainsi ma tranquillité vous coûte ? »

« Si peu… et je gagne en espace ce que je perds en monnaies. »

Æ
win sourit tandis que le haradrim termina son godet d’une traite avant d’être prit d’un bâillement.

« Il est l’heure pour moi de tirer ma révérence… j’imagine que nous nous reverrons demain. Je compte prendre encore une journée de repos avant de poursuivre mon voyage. »

« Alors à demain, bel étranger ! »


Se rendant compte de son oubli, le duelliste confus se présenta dans une légère révérence.

« Pardonnez moi. Je me nomme Artaxerxias. »

L’expression gêné du guerrier amusa la rohirrim.

« Je tâcherai de m’en souvenir ! »
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MessageSujet: Re: Etape à Grand'Cave   Etape à Grand'Cave EmptyVen 18 Juin 2021 - 13:57

Artaxerxias fut tiré d’un rêve par des bêlements incessants. Jetant un œil par la lucarne de sa chambre, il distingua dans le contre-jour du matin le passage d’un troupeau encadré par la garde vigilante de molosses. Un hobbit coiffé d’un feutre lilas menait sa marée laineuse vers les collines plus à l’Ouest. Le soleil faisait resplendir leurs flancs bombés sous sa lumière printanière tandis qu’une brise vivifiante renversait les plus hautes tiges de ce pelage d’émeraude. On frappa et la voix de l’aubergiste résonna à travers la porte.

« Le second petit déjeuner sera bientôt débarrassé. Dépêchez-vous de vous lever si vous voulez en profiter. Autrement, il vous faudra patienter pour la collation de onze heure... »

Le duelliste descendit peu après, juste à temps pour glaner un bol de crème, du pain de seigle et un pot de cannelle. Il s’installa à une table en dehors, profitant des rayons tièdes. Le troupeau de mouton éparpillait ses tâches blanches dans les pâturages amonts. Æwin émergea alors sur le chemin, le bras chargés d’un panier coiffée de bouquets de plantes sauvages. Elle semblait précéder la lumière, et le vent agitait ses boucles blondes en un essaim doré. Parvenue à hauteur du haradrim, elle le salua gaiement.

«Bonjour à vous ! Vous avez manqué une aube vaporeuse où le ciel a promis à la terre mille merveilles à venir. »

« Mes vieux os avaient besoin de repos. »

« C’est de soleil dont ils ont besoin ! Et ce n’est pas dans les mines des nains que vous le trouverez. »

Artaxerxias fut stupéfait par les paroles de la jeune femme. Elle semblait douée d’une intuition rare, ou du moins, d’un sens aigu de l’observation. Voyant son air étonné, elle poursuivit :

« C’est le port de votre cape qui vous a trahi. Vous la nouez à une broche sur l’épaule droite. Au delà des motifs khuzduls qui caractérisent cette dernière, je n’ai vu que des caravaniers du Cavenain en faire de même. En outre, vous avez mentionné hier avoir fréquenté le peuple d’Aulë. J’imagine que vous êtes l’un de ces mercenaires qui veille sur les frontières du royaume naugrim... »

« Vous connaissez Khazad Dûm ? »

« Non, mais ses marchands parcourent souvent le Rohan et ils apportent avec eux bien des récits qu’une enfant curieuse a vite fait d’apprendre. »

« Vous semblez douée d’une intuition peu commune ! »

« La vie m’a appris à être attentive. Votre arme, par exemple, en dit plus que vos paroles. Son pommeau et sa garde ouvragés indiquent que c’est une arme de valeur. Néanmoins, le cuir de sa poignée est patiné ce qui me laisse à penser que vous en avez un usage assez fréquent ou, du moins, que vous ne vous en séparez guère. Au delà de vos origines australes, vous ne semblez pas un voyageur ordinaire... »

« Alors peut être devriez-vous vous méfier. »

« De vous ? Je ne crois pas. Les yeux ne mentent pas. »

« L’apparence peut être trompeuse. »

« Le regard n’a rien d’apparent. »

Ce faisant, Æwin plongea ses yeux gris dans ceux du haradrim qui soutint son regard perçant et saisit alors au fond de celui-ci une force jusque là insoupçonnée. Elle sourit alors, et Artaxerxias, un temps sur la défensive bien qu’à la fois amusé, fut séduit par la douceur du visage de la rohirim.

« Il y a dans vos yeux une clarté ravissante qui semble mettre à nue toute chose. »

« J’ai toujours apprécié le charme du dépouillement. »

« Étranges paroles pour une personne questionnant le monde végétal ! »

« Les plantes les plus complexes ne sont pas nécessairement les plus intéressantes, ni, bien souvent, les plus indispensable. Nombre des racines possèdent milles vertus quand des fleurs aux formes plus subtiles en sont dépourvues. »

« On ne recherche pas toujours l’utile. La beauté se moque du nécessaire et de l’opportun. »

« Étranges paroles pour un aventureux ! J’aimerai vous montrer quelques chose. Un instant... »

Avant même qu’il n’eut acquiescé, elle avait pénétré dans l’auberge. Artaxerxias demeura seul, se demandant quelle surprise lui était réservée. Après un moment elle reparue, munie d’une palme aux feuilles violines.

« Elle poussait à quelques lieux de là. Les hobbits la nomment feuille maligne ou mallefeuille mauve. On dit qu’elle enivre l’âme sans encombrer le corps. Ils en consomment parfois lors des fêtes estivales. A-t-elle quelques ressemblances avec l’Amescalithe ? »

« Aucune. Il s’agit du fruit d’un arbre remarquable. Mais cette couleur singulière me rappelle un arbuste dont nous usons pour son écorce afin de colorer nos étoffes. »

« Je ne crois pas que la mallefeuille ai quelques propriétés teinturières. Mais je questionnerai le petit peuple. »

Æwin rentra dans l’auberge ses bouquets, et se mit à organiser sa récolte tandis qu’Artaxerxias achevait son déjeuner. Peu après, l’aubergiste servit la collation de onze heure.
La jeune femme passa son après midi en compagnie d’une vieille hobbit au sourire carié. Elle disposa sa cueillette sur une table de la taverne, et se fit nommer chaque plante par l’aïeule, consignant par écrit leurs propriétés. Elle prélevait un spécimen et le classait avec le parchemin entre deux planches de bois mince qu’elle rangeait alors soigneusement dans une pile.
De son côté, le haradrim alla faire quelques emplettes aux commerces alentours, cherchant le nécessaire pour la poursuite de son voyage. Il fit raccommoder la semelle de l’une de ses chausses  dont les coutures commençaient à présenter des signes d’usure et acheta de la graisse pour entretenir ses armes ayant souffert des intempéries du voyage. De retour, il trouva Æwin, attablée qui l’invita à partager une pinte de bière, en retour de son geste de la veille. Il s’entretinrent un long moment et comme le soleil entrait dans son ultime heure, elle proposa une promenade. Artaxerxias, sentant les premières bouffées d’alcool embrumer son esprit, tenta de refuser dans un premier temps, mais fut tiré de sa séance fainéante et poussé hors de l’établissement.
Ils empruntèrent le sentier vers l’Ouest, longèrent des herbage scintillant sous le rayon courbe du soir, puis franchirent les crêtes de la première ligne de colline avant de redescendre au flanc d’un vallon ombrageux. Dans la pénombre d’un bois d’aulne, les fleurs avait installé un climat bleui où l’air proférait les effluves de la sève et des mousses spongieuses. En émergeant de sa frondaison, ils se trouvèrent au pied d’un tertre au flanc duquel des dalles de granit se chevauchaient, enchâssées dans une pente constellée d’arbres et de bosquets. Tout du long de la colline, elles dressaient des belvédères surplombant les environs, parfois couronnées de la chape d’un saule. Des fleurs sauvages dispersaient leurs couleurs provocantes dans l’herbe humide. Les deux promeneurs se taillèrent alors un chemin dans la prairie duvetant les talus jusqu’à en atteindre la cime où ils contemplèrent devant eux l’étendu d’un vaste étang ponctué d’îlots bourgeonnants.
Les compagnons de fortune s’assirent un instant dans l’herbe et savourèrent le glissement du rayon vespéral miroitant dans le creux des ondes. Des escadres de volatiles fendaient l’atmosphère de leur vol, et la flèche de leur aile dans la courbe des virages venait parfois effleurer l’étendue mordorée des eaux. Passé ce moment de contemplation, Æwin se leva.

« L’heure bleue est idéale pour la cueillette des plantes. M’aiderez-vous à récolter quelques fleurs ? »

« Pourquoi pas. Néanmoins ma science est bien maigre dans ce domaine... »

« C’est sans importance ! »

Elle jeta un regard alentour puis se dirigea dans les hautes herbes pour cueillir une longue tige aux efflorescences blanches qu’elle revint tendre à Artaxerxias.

« C’est la reine-des-prés, que d’autres nomment barbe des chênes ou ormière. Ces champs en sont pleins, et elle est facile à discerner. Il en faut toute une brassée. »

Et ce disant elle disparu en direction d’un sous-bois ombrageux, où d’autres fleurs plus colorées constellaient le parterre de verdure. Le harradrim s’exécuta et bientôt il se trouva chargée d’une botte conséquente. Il attendit Æwin un moment qui revint finalement, son tablier chargée de pensées sauvages dont l’éclat violet semblait plus vif encore dans la lumière du soir.

« Allez encore décrocher quelques écorces sur les saules bordant l’étang. Nous en aurons besoin. »

Lorsqu’ils eurent regagné la taverne chargé de leurs récolte, Æwin convoqua l’aubergiste pour obtenir le nécessaire à une décoction. Elle se mit ensuite à la tâche, tandis qu’Artaxerxias, songeur, sortit admirer les étoiles dans le firmament dégagé. C’était peur être l’une des dernières occasions pour lui de contempler le ciel du nord, avant que la voûte céleste ne change à mesure qu’il ferait route vers le Harad.
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