Questions matrimoniales (elladan)

Je vivais à Imladris depuis plusieurs mois déjà. Contrairement à ce que j'avais imaginé, je n'avais que peu de regrets d'avoir quitté ma terre natale : Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais probablement jamais rencontré Elladan. Un léger sourire étira la commissure droite de mes lèvres : la simple pensée de mon aimé suffisait à me combler de joie. Les millénaires m'avaient poussée à considérer que je serais probablement seule jusqu'à la fin des temps. Pourtant, le destin semblait m'avoir joué un tour : si j'avais décidé de quitter les terres immortelles plus tôt, peut être aurais je pu m'immerger dans cette idylle bien des siècles plus tôt. C'était un délai bien malheureux mais je préférais ne pas m'appesantir là dessus : Je me sentais complète auprès de lui, plus que je ne l'avais jamais été. C'était là l'important. J'avais récemment écrit une missive à mon frère, espérant qu'il viendrait bientôt nous rendre visite. Il était temps, à mes yeux, d'officialiser cet engagement. Je vivais dans l'entourage immédiat d'Elladan au quotidien aussi connaissais je sa famille proche par la force des choses. Mais j'escomptais le présenter en tant que mon promis au seul proche dont je disposais moi même de ce côté-ci du monde.

Assise à ma coiffeuse, j'examinai mon reflet d'un œil satisfait : La robe d'un bleu pervenche que j'avais choisie ce matin là m'allait parfaitement et donnait davantage d'éclat encore à mon teint que ce n'était le cas en temps normal. L'entrelacs complexe de bijoux qui composait ma chevelure, décorant plus qu'il ne disciplinait mes boucles pâles, me satisfaisait particulièrement. Il m'avait fallu quelques temps pour dénicher des servantes au talent esthétique qui me satisfasse tout à fait, mais je devais bien admettre que certaines ne manquaient ni de talent ni de raffinement. Ravie de mon apparence, je quittai mes appartements en quête d'Elladan. Il ne pouvait pas être bien loin.

Nous avions des choses à discuter, notamment une idée qui n'avait de cesse de me perturber depuis quelques temps : le mariage. Nous n'étions certes pas à quelques semaines près. Pourtant, bien que je ne l'aurais jamais admis ouvertement, j'avais hâte de m'unir à lui de façon définitive. Certes, l'aspect charnel de la chose me donnait quelques vapeurs (et je rougis subitement à cette idée), mais il y avait là, j'en étais convaincue, bien davantage de bonheurs auxquels je brûlais de goûter. La félicité de Lalwendë et du seigneur Elrohir me laissait rêveuse. Jalouse également, peut être. Je m'étais découverte récemment des élans démonstratifs dont j'avais jusque là ignoré l'existence, mis à part avec mon frère.

Lorsque je dénichai enfin l'objet de mon affection, je me contins tant bien que mal de faire preuve de trop de hâte ou d'inconvenance. Je me contentai de m'approcher et de le saluer d'une voix chantante, tandis qu'il était manifestement occupé sur ce qui semblait être un document quelconque :

"N'est-il pas un peu tôt pour s'enfermer dans une étude, d'autant plus avec le temps magnifique que nous avons ? "

J'attendis sa réaction avec un sourire taquin, restant à une distance raisonnable tant qu'il ne m'avait pas encouragée à approcher. Je n'avais aucun désir de l'interrompre dans quelque chose d'important : j'avais bien conscience qu'il avait bien des choses à faire, car Imladris ne se gérait pas toute seule.

Les inventaires des différents équipements militaires dont disposait Imladris n'était pas le document le plus passionnant qui pouvait être lu. Cependant, il avait au moins le mérite d'être le fruit d'un travail assez fastidieux qui consistait à répertorier et quantifier les armes, armures, et autres accessoires militaires disponibles au sein de la cité. C'était un rapport très complet que le fils d'Elrond balayait de son regard d'Azur, analysant les stocks et la nécessité ou non de prévoir des réapprovisionnements.

Le sérieux d'Elladan s'évapora en un clin d'œil lorsque une jolie elfe fit irruption dans les partages. Il s'agissait d'astriel, sa bien aimée, celle qui faisait battre son cœur plus vite que jamais et embrumait son esprit dans un nuage de rêverie et d'innocence amoureuse.

-N'est-il pas un peu tôt pour s'enfermer dans une étude, d'autant plus avec le temps magnifique que nous avons ?

Le petit air taquin employé par la belle Vanya, couplé à une proposition à peine déguisée d'aller profiter de l'extérieur en sa compagnie avaient immédiatement convaincu le seigneur des lieux. Le document étudié ne faisait pas le poids face à la tentation de céder aux avances de son aimée, ainsi répondit-il en reposa le document sur une petite table en bois, juste à côté de lului.

- Étudier et assumer ses responsabilités est bienvenue quelque soit l'heure. Il n'est donc jamais trop tôt pour cela. En revanche…Il est important de conserver le sens des priorités et me concernant…

Il s'approcha alors lentement sans quitter le regard d'améthyste d'Astriel. Une fois qu'il fut assez proche, que le parfum enivrant de l'élue de son coeur vint embraser à nouveau la flamme éternel de son amour pour elle, il passa une main délicate autour de sa taille et termina sa phrase en chuchotant presque les momots

-Il est évident que la perspectives d'une promenade en si bonne compagnie surpasse toute responsabilité qui puisse m'incomber.

Il afficha un sourire sincère et approcha ensuite son visage de celui d'astriel pour venir déposer sur ses lèvres un baiser doux mais prolongé. Son corps tout entier frissonnait à présent et l'envie de laisser perdurer cet instant était vivace. Cependant, il fallait ne pas se perdre immédiatement dans des élans amoureux et plutôt s'adonner à cette promenade romantique. Alors, mettant un terme à leur embrassade, Elladan fit un pas vers l'extérieur en conservant son bras dans le dos de sa bien-aimée qui lui emboîta le pas.

-Il est vrai que le temps se prête à merveille à une balade en amoureux.

S'exprima-t-il en sentant un vent doux venir caresser ses joues encore rougies par la chaleur du baiser échangé quelque secondes plus tôt.

Mon sourire s'élargit en constatant qu'Elladan avait aussitôt abandonné son document pour s'intéresser à moi. J'avais toujours aimé être le centre de l'attention, évidemment, mais avec lui c'était une autre histoire. J'aurais probablement passer inaperçue dans une foule sans en être contrariée tant qu'il m'accordait son attention, lui.

- Étudier et assumer ses responsabilités est bienvenue quelque soit l'heure. Il n'est donc jamais trop tôt pour cela. En revanche…Il est important de conserver le sens des priorités et me concernant…

Je me doutais d'où il voulait en venir et j'étouffai un rire en constatant son sérieux.  Rire qui s'étouffa aussitôt lorsque je croisai son regard enflammé. Ma respiration s'éteignit dans ma gorge tandis que je me perdais dans ce regard. Il n'y avait absolument plus rien de drôle. A dire vrai, l'atmosphère se chargea soudain d'électricité lorsque la main tendre du seigneur d'Imladris se glissa sur ma taille. Son souffle à mon oreille me donna la chair de poule, fait assez rare pour être mentionné.

-Il est évident que la perspectives d'une promenade en si bonne compagnie surpasse toute responsabilité qui puisse m'incomber.

Je profitai de ce rapprochement pour enlacer mon aimé, glissant les bras dans son dos afin de l'attirer tout contre moi. J'aimais tout en lui, de sa chaleur à son parfum, en passant par la douceur de ses mains, la beauté de ses traits, la tendresse dans sa voix... Il y avait tant de raisons de l'aimer que j'en avais le tournis. Lorsqu'il déposa un doux baiser sur mes lèvres, j'en oubliai presque de respirer, enivrée par le flot de joie qui m'assaillait. J'avais quelquefois l'impression que nos cœurs battaient à l'unisson. Ces élans amoureux me semblaient de plus en plus ardus à repousser et je brûlais de bien des choses qu'il eut été indécent de rapporter dans une conversation polie. Je me résolus finalement à un calme relatif tandis qu'Elladan retrouvait une distance raisonnable. Mon cœur battait la chamade et je ne pouvais dissimuler la rougeur de mes joues, enflammées qu'elles étaient à cet instant.

-Il est vrai que le temps se prête à merveille à une balade en amoureux.
-Bien évidemment. C'est pourquoi je me suis permise de venir quérir votre compagnie."

Un sourire plus troublé que les précédents habilla mon visage et je me détournai légèrement, gênée de la force de mes penchants. Ce n'était pas raisonnable, d'autant plus venant d'une dame de mon âge. Je me hâtai presque pour gagner les couloirs qui nous mèneraient probablement en périphérie des lieux les plus peuplés de la cité. J'appréciais particulièrement la vue des cascades et de la forêt, mais je n'avais pas vraiment la tête à ça. Il fallait bien avouer que bien des pensées habitaient mon esprit ces derniers jours, mais rien qui fût lié au cours de l'eau. Je me décidai finalement à aborder le sujet, marchant d'un pas lent et régulier auprès de l'objet de mon amour.

"Je souhaitais discuter avec vous des dispositions qu'il faudrait prendre en vue de... De notre mariage."

Il devait m'être arrivé d'hésiter peut être une ou deux fois dans ma vie, mais la gêne en avait toujours été la cause. J'étais gênée d'aborder ce sujet, par peur peut être de paraître présomptueuse. Ma nature entreprenante n'avait jusqu'alors jamais eu à craindre pour l'humeur de mes interlocuteurs, puisque je n'avais que faire de ce que pensaient les autres... Mais lui... C'était différent. Son bien être m'importait probablement plus que le mien, ce qui n'était pas peu dire. J'enchaînai presque aussitôt :

"Non pas que je veuille précipiter les choses, mais je pense qu'il pourrait être judicieux de s'intéresser à la question."

Toujours gênée, je dessinais nerveusement des cercles sur le bras qu'il me donnait de ma main libre, rassurée par son contact. Je n'osais pas vraiment le regarder, sans savoir pourquoi. Par ailleurs, je m'étais empourprée encore davantage, et j'étais à présent gênée de ma gêne. C'était là un cercle sans fin. Et pourtant, il fallait bien que la question soit abordée à un moment où à un autre. Le plus tôt étant le mieux, bien entendu. Il me tardait de débuter ma nouvelle vie auprès de lui.

Le couple déambula dans les couloirs de la cité en conservant un contact physique prolongé au niveau des mains et des bras. Elladan appréciait par-dessus tout le fait de sentir la proximité de son aimée et de marcher à ses côtés avec cette sensation douce d'être toujours baigné dans l'effluve de son parfum. C'était le genre de sensation qui faisait naître en lui un désir bien difficile à réprimer et qu'il devait pourtant occulter selon les convenances en vigueur.

"Je souhaitais discuter avec vous des dispositions qu'il faudrait prendre en vue de... De notre mariage." demanda Astriel avant d'ajouter :
" Non pas que je veuille précipiter les choses, mais je pense qu'il pourrait être judicieux de s'intéresser à la question."

L'elfe de valinor n'avait pas tort. Il était temps d'y réfléchir sérieusement et de commencer à prendre les dispositions nécessaires pour que ce jour de fête soit aussi parfait que possible. C'est le genre d'organisation qui requiert une bonne anticipation, ne serait-ce que pour ne pas se décider à la dernière minute sur un sujet crucial...

- Il est vrai que nous avons beaucoup de choses à définir en vue de cet heureux évènement.

Le fils d'elrond bifurqua au détour d'un couloir pour déboucher sur un balcon isolé, idéal pour pouvoir discuter sans être dérangé. De plus, il dominait une bonne partie de la cité et la vallée qu'il surplombait était magnifique baignée dans un mélange harmonieux de brume dansante et de rayons de lumière aux allures étoilées. Profitant de la proximité d'un banc de bois, le couple s'assit délicatement, sans délier leur mains, et Elladan prit la parole en plongeant à nouveau dans les yeux de sa promise.

- Ma question est peut-être issue d'un cliché répandu qui établit que les filles ont tendance à se faire des idées précises sur ce qu'elles aimeraient pour leur mariage. Malgré tout je vous le demande : Y-a-t-il des éléments précis sur lesquels vous auriez des idées en tête ? Un lieu, un cadre, des conditions particulières ? [/color]

J'étais rassurée de constater qu'il envisageait cela sereinement, si ce n'était avec plaisir. J'avais ouï dire que certains demi elfes pouvaient rechigner à s'engager, dû au choix qu'ils pouvaient ou non faire quant au déroulement de leur vie. Eût-il choisi le cadeau des hommes, cette perspective aurait pu lui poser problème. Il aurait aussi pu vouloir faire durer les fiançailles.

- Il est vrai que nous avons beaucoup de choses à définir en vue de cet heureux évènement.

Je répondis d'un hochement de tête, tout en réfléchissant à la question. Les années m'avaient poussée à penser que je ne me marierais jamais. Je laissai un instant le sujet de côté, le temps d'admirer la vue sur laquelle nous venions de déboucher, nous asseyant sur un banc commodément disposé. J'admettais bien volontiers, à présent, que ce côté ci de l'océan disposait de ses propres merveilles. Les plus marquantes à mes yeux, cependant, n'étaient ni naturelles ni architecturales. Je posai un regard plein de tendresse sur Elladan, dont le profil délicatement éclairé d'un rayon de soleil semblait m'aveugler de sa propre lumière.

- Ma question est peut-être issue d'un cliché répandu qui établit que les filles ont tendance à se faire des idées précises sur ce qu'elles aimeraient pour leur mariage. Malgré tout je vous le demande : Y-a-t-il des éléments précis sur lesquels vous auriez des idées en tête ? Un lieu, un cadre, des conditions particulières ?

Je pris le temps d'assembler mes idées, puis répondis avec une légère gêne :

"Je dois admettre que mes projets de mariage datent d'il y a ... Longtemps. J'avais fini par me résoudre à une solitude éternelle, en toute honnêteté. J'aimerais que mon frère soit présent, bien sûr. Je pense que nous pouvons nous comprendre à ce sujet."

Le fait d'aimer une personne issue d'une paire de jumeau avait cet avantage qu'il n'y avait aucun besoin d'expliquer les relations complexes que pouvaient entretenir ce type d'individus. N'ayant connu que peu de jumeaux dans ma vie, je trouvais cela rafraîchissant que l'on saisisse instantanément le lien qui m'unissait à Araekin.

"Je pense qu'il faudra me résoudre à ne pas y voir nos parents. Le trajet est loin d'être facile, depuis les terres immortelles. Quant au cadre... Je pense que nous avons ce qui se fait de mieux à bien des lieues à la ronde. Juste ici."

Je désignai d'un geste large le panorama qui nous faisait face. Après un instant de réflexion, j'ajoutai :

"On m'a également vanté les merveilles de la Lothlorien mais j'ai peur, après l'avoir tant entendue comparer à mes terres natales, d'en être déçue si je m'y rendais."

Je posai la tête sur l'épaule d'Elladan, simplement satisfaite d'être là.

Elladan profitait de l'instant et de la vue. Sa respiration était lente et apaisée tant il se sentait bien. Ses yeux erraient dans le vague de l’horizon en tandis qu’il écoutait attentivement les réponses d'Astriel. Bien vite, les cheveux dorés de la vanya vinrent se poser contre son cou pour accentuer cette sensation de bien être, avant qu'il ne s'apprête à répondre :

- Hélas, je n’ai aucun moyen de comparaison entre la Lorièn telle que je la connais et les légendaires jardins d’Irmo. Mais je doute effectivement qu’elle soit aussi belle que celle de Valinor. La lothlorièn et particulièrement la cité de Caras Galadhon sont des endroits magiques où les Galadhrim vivent en harmonie au cœur de cette forêt. Mais pour moi aucun des lieux qui la composent ne vaut la beauté d'Imladris qui demeure une merveille naturelle sur laquelle nous avons construit une sublime cité. Cela-dit, mon objectivité est discutable…

Conclut-il en riant, conscient qu’un elfe qui serait par exemple né à Cerin Amroth, aurait le raisonnement tout à fait inverse quant à cette question. Chacun avait sa part de subjectivité lorsqu’il s’agissait de son lieu de naissance… De tous les lieux dans lesquels Elladan pourrait emmener Astriel, il ne faisait aucun doute que Gondolin demeurait le plus impressionnant à contempler pour une elfe de valinor, fort de sa richesse architecturale sublimée par le savoir-faire des noldor. Mais il n’était pas encore question de se rendre en Beleriand pour le moment. Le mariage était leur priorité et il était d’ailleurs temps d’y revenir pour le fils d'Elrond :

- Me concernant, je n’ai aucun critère me tenant à cœur pour ce jour-là, si ce n’est le désir d’une cérémonie en petit comité, avec nos proches comme seuls invités. Elrohir et Lalwendë avaient fait de même et je trouve ça bien mieux que d’en faire un spectacle presque public.  

A peine eut-il prononcé ces dernières paroles qu’il jugea nécessaire de préciser immédiatement sa pensée pour ne pas éveiller dans le cœur de sa chère et tendre les soupçons d’un doute le concernant. Serrant la main d'Astriel dans la sienne comme pour appuyer ses propos, il reprit :
- Ne vous y méprenez pas, j’aimerais que le monde entier puisse être témoin de mon amour pour vous et de notre union célébrée officiellement ! Mais je trouve plus solennel de restreindre l'événement aux personnes pour qui ce mariage sera sincèrement important et demeurera comme une merveilleuse chose dans leur cœur…Est-ce que vous partagez mon point de vue ?  

L'une des choses pour lesquelles j'aimais tant Elladan, c'était pour sa franchise. J'aimais qu'il dise ce qu'il pensait en toute honnêteté, partageant ses expériences et opinions à cœur ouvert.

- Hélas, je n’ai aucun moyen de comparaison entre la Lorièn telle que je la connais et les légendaires jardins d’Irmo. Mais je doute effectivement qu’elle soit aussi belle que celle de Valinor. La lothlorièn et particulièrement la cité de Caras Galadhon sont des endroits magiques où les Galadhrim vivent en harmonie au cœur de cette forêt. Mais pour moi aucun des lieux qui la composent ne vaut la beauté d'Imladris qui demeure une merveille naturelle sur laquelle nous avons construit une sublime cité. Cela-dit, mon objectivité est discutable…

Je me joins à son rire. Effectivement, je comprenais son sentiment. Rien n'égalerait probablement la beauté de mes propres terres natales. Chacun avait probablement en son cœur l'amour sincère des paysages de son enfance. Nous irions certainement en Lorien un jour, mais pas celui-là. Nous réserverions assurément cette visite à une occasion moins unique et personnelle.

- Me concernant, je n’ai aucun critère me tenant à cœur pour ce jour-là, si ce n’est le désir d’une cérémonie en petit comité, avec nos proches comme seuls invités. Elrohir et Lalwendë avaient fait de même et je trouve ça bien mieux que d’en faire un spectacle presque public.  

Cela se tenait. Bien que je n'eusse aucune objection à faire de la chose un grand évènement, je n'en voyais guère l'intérêt si mes parents ne pouvaient y assister de par la dangerosité du voyage : je ne me voyais pas convier des inconnus, sans leur faire l'honneur de participer. Je fus un peu suprise qu'Elladan me serre la main avec une sorte de sourire contrit, n'ayant pas un instant imaginé ce qu'il redoutait lui même.

- Ne vous y méprenez pas, j’aimerais que le monde entier puisse être témoin de mon amour pour vous et de notre union célébrée officiellement ! Mais je trouve plus solennel de restreindre l'événement aux personnes pour qui ce mariage sera sincèrement important et demeurera comme une merveilleuse chose dans leur cœur…Est-ce que vous partagez mon point de vue ?  
-Bien évidemment. Ne vous en faites pas, je saurai trouver bien d'autres occasions pour me pavaner à votre bras au vu et su de tous, dussé-je provoquer de telles situations de gré ou de force."

Je lui adressai un sourire taquin, parfaitement consciente qu'il n'ignorait pas à quel point j'aimais me montrer et être admirée. J'ajoutai d'un air innocent :

"Cependant, cette occasion là mérite un traitement particulier. Je ne désire pas de fête grandiose. La seule chose qui m'importe, en réalité, c'est que nous nous unissions devant ceux que nous aimons le plus."

J'achevai cette phrase avec un sourire tendre et déposai un tendre baiser sur les lèvres de mon promis. Je plongeai mon regard dans le sien puis caressai délicatement sa joue du bout des doigts. J'ajoutai cependant :

"Mais je n'aurais rien contre une robe à en faire pâlir de jalousie les dames de la cour. Il me faut être à mon avantage, toute de soie et de pierreries. Une fleur n'a de valeur qu'avec ses pétales, n'est-ce pas ?"

Je souriais jusqu'aux oreilles, ayant proposé cela davantage comme une plaisanterie que comme une réelle requête. J'aurais bien sûr apprécié la chose, mais c'était bien loin d'être le plus important.

"Il faut également décider d'une date, si l'on veut pouvoir espérer la présence de mon frère. Nul ne sait où il peut se trouver à cet instant, ni le temps qu'il lui faudrait pour nous rejoindre."

Elladan fut soulagé de voir que sa bien-aimée partageait le même point de vue que lui au sujet de la cérémonie et du nombre de personnes présentes. Astriel lui répondait avec humour et vint déposer un baiser sur ses lèvres entre deux plaisanteries. Ils avaient cette complicité entre eux qui leur permettait de se moquer d'eux mêmes tel que le faisait l'elfe Vanya à propos de sa propension à apprécier d'être le centre d'attention.

-Mais je n'aurais rien contre une robe à en faire pâlir de jalousie les dames de la cour. Il me faut être à mon avantage, toute de soie et de pierreries. Une fleur n'a de valeur qu'avec ses pétales, n'est-ce pas ?"

Cela ne manqua pas de faire sourire le fils d'Elrond qui malgré tout aimerait satisfaire le moindre désir de son aimée, dût-il dénicher la plus belle étoffe de tissus de la terre du milieu pour en faire fabriquer la plus belle robe qui puisse être confectionnée.

- Dans ce cas nous irons quérir le tailleur le plus doué de la cité pour lui demander de se surpasser et d'élaborer une robe selon vos envies. En revanche je crains que l'effet escompté d'une mise en valeur de beauté tels les pétales d'une fleur soit aussi vain qu'impossible. Car, de même qu'aucun écrin n'aurait pu mettre en valeur un simlaril, aucune robe ne saurait rehausser une beauté aussi pure et brillante que la vôtre.

Le revers de ses doigts vint balayer avec douceur la joue légèrement rosée de la belle elfe de valinor. La fraîcheur de son visage devait apprécier le contact plus chaud des mains d'elladan qui n'avait que très rarement les doigts froids.

-Il faut également décider d'une date, si l'on veut pouvoir espérer la présence de mon frère. Nul ne sait où il peut se trouver à cet instant, ni le temps qu'il lui faudrait pour nous rejoindre.

La date restait effectivement à définir et pour le seigneur d'imladris, le plus tôt serait le mieux dans la mesure du raisonnable cela dit. Il n'avait jamais songé au mariage de toute son existence.. Même lorsque son frère se maria quelques années plus tôt, il n'avait nourri aucun regret quant à sa propre situation amoureuse. Mais c'était avant que son cœur ne s'éprenne de la belle vanya d'un amour intarissable. Alors oui, il avait grande hâte de pouvoir être uni à elle pour toujours.

-Oui je pense que ce sera surtout sa disponibilité qui pourra nous orienter vers une date plus précise. Avez-vous tenté de communiquer avec lui par ossanwë ?

C'était une capacité télépathique dont disposaient les elfes pour communiquer entre eux. Bien évidemment, c'était une capacité qui requierait une grande concentration ainsi qu'un lien très fort entre deux elfes pour que cela puisse fonctionner. Elladan était assez accoutumé de cette pratique pour communiquer avec Elrohir, et comme le même lien unissait Astriel et son frère, il ne serait sans doute pas très compliqué pour eux de communiquer ainsi.

Ma remarque sur la robe ne passa pas inaperçue et je m'amusais presque de la rapidité de réponse d'Elladan :

- Dans ce cas nous irons quérir le tailleur le plus doué de la cité pour lui demander de se surpasser et d'élaborer une robe selon vos envies. En revanche je crains que l'effet escompté d'une mise en valeur de beauté tels les pétales d'une fleur soit aussi vain qu'impossible. Car, de même qu'aucun écrin n'aurait pu mettre en valeur un simlaril, aucune robe ne saurait rehausser une beauté aussi pure et brillante que la vôtre.

J'étais presque certaine que les deux types de beauté ne pouvaient être comparés. Ma vanité n'irait probablement pas jusque là, quoi que je fusse flattée de la comparaison. J'aimais probablement mieux ne pas atteindre une magnificence telle qu'elle engendrerait des conflits fratricides, en toute honnêteté. La douce caresse de mon aimé me porta à penser à des choses bien plus joyeuses cependant, et je préférai chasser ces souvenirs de mon esprit. Je préférais de loin la tendre chaleur de ses mains emplies d'amour à la réminiscence du tranchant glacial de la mort, fauchant implacablement nos semblables sur le champ de bataille. La question de la date de nos épousailles posait quelque problème...

-Oui je pense que ce sera surtout sa disponibilité qui pourra nous orienter vers une date plus précise. Avez-vous tenté de communiquer avec lui par ossanwë ?
-A dire vrai, j'attendais d'en avoir d'abord discuté avec vous avant de lui en parler. Je pense qu'il est plus important de parler de ces sujets avec mon compagnon que mon frère, tant que rien n'est décidé. Quoi que j'apprécierais que cet évènement ait lieu plus tôt plutôt que plus tard."

Je me tus un instant, mon esprit se focalisant sur mon frère, avec lequel j'avais rarement l'occasion de discuter par ce biais : il était rarement disponible dû à un manque de disponibilité mentale. J'imaginais fort bien que sa vie particulièrement mouvementée ne lui donnait que peu d'occasions de méditer calmement... Ou de simplement être dans des dispositions tranquilles et détendues. Il lui arrivait même d'être complètement fermé à toute intervention extérieure et je supposais qu'il devait alors être en mission ou dans une situation potentiellement risquée. Cet état de stress permanent expliquait probablement qu'il ait tant vieilli au cours des dernières années. On ne pouvait vivre ainsi et en ressortir inchangé.

"Onónu ?"

Par chance, il était disponible et une courte conversation plus tard il m'informa qu'il pourrait se présenter à la cité sous deux semaines environs. Par principe, je lui proposait également d'inviter sa... Compagne. Le principe ne me plaisait guère mais il était hors de question de blesser mon frère à cause de mes préjugés, surtout pour une occasion aussi joyeuse. Je remerciai notre chance qu'il ne soit pas en plein milieu d'une quête quelconque, qui l'aurait immobilisé pendant des mois si ce n'est d'avantage. J'en informai aussitôt mon promis :

"Il devrait pouvoir être là d'ici environ deux semaines, si une telle date convient. Il se trouve actuellement aux Champs aux Iris, le trajet n'est donc pas un problème. Je lui ai proposé de venir accompagné d'une amie, si c'est bien le statut qu'elle a pour lui..."

N'ayant point été dûment informée d'une quelconque relation, je préférais prendre la chose avec des pincettes. Je n'aurais certes pas choisi un mortel comme compagnon, mais ce choix n'était pas le mien. La perspective d'une brève relation suivie d'un deuil éternel me donnait presque le frisson d'horreur.

"Nous pouvons évidemment prendre davantage de temps pour tout organiser, si tel est votre souhait. Rien ne presse. Quoi que j'admettrais bien volontiers que le plus tôt serait le mieux."

J'admettrais bien volontiers que j'avais grand hâte que nous soyons unis pour toujours. Ma vie s'était révélée bien longue dans la solitude et à présent que j'avais découvert la vie de couple j'avais envie de me gorger le plus possible de ses joies. La perspective de se réveiller chaque matin aux côtés de celui qu'on aime avait un attrait irrésistible à mes yeux.

Elladan resta stoïque et sans un bruit pendant qu’Astriel se concentra pour utiliser l’ossanwë. La discussion avec son frère fut assez courte, sans doute ne se perdirent-ils pas en formalités et allèrent à l’essentiel pour obtenir une réponse sur le délai dans lequel il pourrait se présenter à la cité d’Imladris. Peu après, la belle vanya rouvrit ses yeux et posa son regard violacé dans celui du fils d’Elrond

- Il devrait pouvoir être là d'ici environ deux semaines, si une telle date convient. Il se trouve actuellement aux Champs aux Iris, le trajet n'est donc pas un problème. Je lui ai proposé de venir accompagné d'une amie, si c'est bien le statut qu'elle a pour lui...

Deux semaines, c’était un délai plus court que tout ce qu’il aurait pu espérer. D’après ce que son aimée lui avait raconté, son frère était quelqu’un de très occupé qui avait beaucoup voyagé en terre du milieu et au Beleriand. Là, il acceptait de se rendre à Imladris le plus rapidement possible, ce qui n’était pas pour déranger le seigneur des lieux.

-"Nous pouvons évidemment prendre davantage de temps pour tout organiser, si tel est votre souhait. Rien ne presse. Quoi que j'admettrais bien volontiers que le plus tôt serait le mieux."

- Comme vous, il me tarde que ce jour vienne mais je pense que nous saurons attendre une semaine de plus pour s'assurer qu'aucun imprévu ne vienne perturber la venue de nos invités. De mon côté je dois également inviter Galadriel et Celeborn tout comme Arwen et sa famille. Ainsi trois semaines me semble être un délai raisonnable pour à la fois ne pas se consumer d'impatience et permettre à tout le monde un certain délai pour venir le jour prévu.

Un sourire plein de malice s’affichait désormais sur le visage d’Elladan. Il ne cachait pas ses émotions et le fait qu’il se réjouissait grandement que la perspective de son union avec Astriel soit finalement si proche d’être officialisée. Les semaines qui suivraient s’annonçaient plutôt mouvementées pour organiser un tel événement, mais c’était en même temps tout l'intérêt de la chose que de pouvoir planifier chaque chose ensemble.

- Je suis heureux que cela puisse être programmé pour dans quelques jours seulement ! Nous n’avons pas de temps à perdre désormais, que diriez-vous de partir immédiatement en quête d’un tailleur pour lui commander des tenues qu’il nous plairait de revêtir ce jour-là ?

Le côté spontané et expressif d’Elladan était un héritage de ses aïeux humains. Comme Elrohir et Arwen, il était quelque peu différent de la plupart des elfes qui, généralement, aimaient prendre plus de temps pour faire les choses et laissaient beaucoup moins transparaître leurs émotions.

Cette estimation du délai de voyage d'Araekin ne manqua pas de surprendre mon aimé tout autant que moi. En présence d'un tel voyageur compulsif il était heureux qu'il soit à moins d'un ou deux mois de trajet. J'avais craint de devoir reporter le mariage d'une saison ou plus. C'était un véritable soulagement. De ma longue vie, j'avais connu peu d'empressement tel que celui que je ressentais à présent.

- Comme vous, il me tarde que ce jour vienne mais je pense que nous saurons attendre une semaine de plus pour s'assurer qu'aucun imprévu ne vienne perturber la venue de nos invités. De mon côté je dois également inviter Galadriel et Celeborn tout comme Arwen et sa famille. Ainsi trois semaines me semble être un délai raisonnable pour à la fois ne pas se consumer d'impatience et permettre à tout le monde un certain délai pour venir le jour prévu.

C'était tout à fait raisonnable et j'acquiesçai avec un certain plaisir. Il était plus que satisfaisant que les choses se concrétisent enfin. Cependant, il y avait bien des choses à faire et à préparer... L'évènement en lui même bien sûr, mais aussi l'accueil de nos familles et amis proches... Tant de choses à prévoir !

- Je suis heureux que cela puisse être programmé pour dans quelques jours seulement ! Nous n’avons pas de temps à perdre désormais, que diriez-vous de partir immédiatement en quête d’un tailleur pour lui commander des tenues qu’il nous plairait de revêtir ce jour-là ?

La perspective de me faire confectionner une tenue me ravissait au plus haut point, et je me hâtai de me lever en entraînant mon promis avec moi.

"Allons quérir ce brave tailleur, sur le champ !" m'exclamai-je avec un rire cristallin.

Peu de choses déchaînaient autant mon enthousiasme que... Eh bien, les belles choses. C'était probablement ma passion la plus évidente et la plus dévorante, qui se déclinait aisément sous bien des formes. Peu être, à la réflexion, y avait-il UNE chose au monde qui surpassait mon amour des belles choses... Tout en avançant d'un pas décidé vers l'endroit où je savais pouvoir trouver le tailleur à cette heure de la journée -étant une habituée de son travail depuis quelques temps-, je jetai un coup d'oeil attendri à Elladan. Oui, une seule chose m'importait plus encore que les beaux atours...

Sa main était chaude et douce dans la mienne et son sourire me réchauffait plus encore que les rayons de soleil qui déversaient sur nous leur chaleureuse lumière. La beauté d'Elladan était bien différente de celles dont j'avais l'habitude, mais pourtant elle avait quelque chose de plus prenant encore. Tout en lui m'emplissait d'exaltation : son sourire, son regard, jusqu'à se démarche... Sa personne toute entière en fin de compte.  Sa simple vue suffisait à gonfler mon cœur d'une joie infinie. J'avais tellement hâte que notre vie commune commence !

Pourtant, je devais bien me l'avouer, son apparence seule était bien loin d'être son seul atout. En effet, si sa physionomie avantageuse m'avait accroché l'œil la première, ce n'était pas cela qui m'avait faite vibrer. Non. Bien plus que cela, j'avais succombé pour ses qualités : il était généreux, tendre et loyal, mais pas seulement. La finesse et la subtilité dont il faisait preuve au quotidien trouvait un écho en moi et m'avaient portée à regarder au delà des apparences. J'avais également été touchée par sa tendresse et sa franchise, ainsi que par les milliers de petites choses de tous les jours qui m'avaient fait sombrer chaque jour d'avantage dans quelque chose de pur et d'inconditionnel. A la réflexion, je l'aimerais tout autant s'il était subitement défiguré et rien au monde ne pourrait me le faire paraître laid. C'était probablement étonnant lorsqu'on me connaissait et qu'on savait l'importance que j'ai toujours accordée aux apparences, mais la vérité n'en était pas moins là. Sa beauté intérieure surpassait de beaucoup l'extérieure et je me sentais particulièrement chanceuse d'avoir pu croiser sa route. J'étais moi même estomaquée par l'afflux de sentiments que j'avais pour lui et ralentis ma course, les joues rosies par cette brusque réalisation. Je posai sur Elladan un regard plus doux, plus tendre, et lui souris simplement sans rien dire. Il n'y avait pas vraiment de mot assez fort pour décrire ce que je ressentais pour lui, mais j'espérais qu'il le comprenait.

Emballée par l'idée d'aller rendre visite au tailleur, Astriel tira Elladan par la main et s'empressa de quitter les lieux en sa compagnie. La cité d'imladris n'avait aucun secret pour Elladan qui connaissait les moindres recoins de cet endroit, même les passages les plus secrets. Cela dit l'elfe de Valinor semblait très bien s'y repérer également car jusque-là, elle prenait le bon chemin.

Il n'était pas étonnant qu'Astriel ait pu repérer et se souvenir de l'endroit où l'on pouvait trouver l'elfe le plus doué d'imladris dans l'élaboration de vêtements. Elle avait un goût certain pour les choses belles, ce qui était tout à fait logique selon Elladan puisqu'à ses yeux, elle était elle même la définition même de la beauté et de la grâce. En soit, il était donc assez flatteur pour lui de trouver grâce aux yeux de la belle vanya, bien qu'il n'était pas du tout dans le genre des fils d'elrond de se soucier des jugements des autres sur leur apparence physique.

Elladan ne put s'empêcher de rire tout le long du trajet, amusé par la détermination d'Astriel et son aisance à trouver son chemin. C'était typiquement le genre de moments complices qui étaient les plus chers à ses yeux. Celui où l'elfe qui avait sans doute la prestance naturelle la plus grande, se laissait aller à des réactions spontanées et espiègles, simplement heureuse de l'instant présent.

Devant une échoppe toute de bois se tenait un elfe noldor à l'allure très distinguée et à la chevelure blonde presque blanche. Il répondait au nom d'Ansfallar et vivait à Imladris depuis des centaines d'années. C'était d'ailleurs lui qui avait confectionné les tenues de mariage d'elrohir et de lalwendë.

- Seigneur Elladan, Dame Astriel ! Que puis-je pour vous ?

Demanda-t-il après avoir salué le couple en inclinant la tête respectueusement.

-Ansfallar ! Nous avons besoin de vos talents de maître en matière de confection, afin de vous demander de réaliser les vêtements que nous porterons pour notre mariage !

Le visage de l'elfe s'illumina. Certes la nouvelle du mariage n'était pas un secret mais apprendre qu'il avait été choisi pour confectionner leurs tenues était une véritable bonne surprise pour le maître artisan.

-C'est un honneur mes seigneurs que de pouvoir vous aider pour une telle occasion ! Je vous laisse regarder les tissus dont je dispose si vous souhaitez, mais j'ai également beaucoup d'autre choses en réserve et ensuite des modèles de robes à vous proposer Dame Astriel si vous le souhaitez…

Il ne nous fallut que quelques minutes pour atteindre l'échoppe d'Ansfallar, le tailleur le plus compétent que j'avais pu trouver à Imladris. La personnalité de l'artisan ma plaisait probablement presque autant que son talent. Il était primordial pour moi que mon entente avec ceux à qui je confiais ce type de commandes soit suffisante pour qu'ils prennent la pleine mesure de ce que je leur demandais. J'arrivais souvent avec des idées très précises de ce que je souhaitais mais il m'arrivait également d'avoir des souhaits bien plus vagues et de laisser libre cours à la créativité de l'artisan. Or, les goûts d'Ansfallar coïncidaient si bien avec les miens que j'avais la certitude de pouvoir lui confier ce type de commande les yeux fermés. Je ne doutais pas une seule seconde de son talent.

- Seigneur Elladan, Dame Astriel ! Que puis-je pour vous ?

Je m'inclinai avec un sourire aimable, laissant à Elladan le soin d'amener la conversation. Mon esprit était à présent tourné entièrement sur des considérations vestimentaires.

-Ansfallar ! Nous avons besoin de vos talents de maître en matière de confection, afin de vous demander de réaliser les vêtements que nous porterons pour notre mariage !

Cette annonce sembla ravir l'artisan et l'on peut aisément comprendre pourquoi : c'était probablement un honneur pour un maître tailleur que de confectionner des tenues de mariage pour d'illustres personnalités. Cela lui conférait de la renommée, bien sûr, mais également de la fierté : voir son talent ainsi reconnu était toujours flatteur.

-C'est un honneur mes seigneurs que de pouvoir vous aider pour une telle occasion ! Je vous laisse regarder les tissus dont je dispose si vous souhaitez, mais j'ai également beaucoup d'autre choses en réserve et ensuite des modèles de robes à vous proposer Dame Astriel si vous le souhaitez…

Je me contentai de le remercier d'un sourire accompagné d'un signe de tête.

"Je ne doute pas un instant de votre compétence en la matière."

Je le laissai nous guider parmi les présentoirs et mon oeil fut rapidement attiré par un tissus des plus inhabituels. Il me semblait qu'il s'agissait d'une sorte de soie particulièrement fluide, dont la couleur située quelque part entre le blanc et le pervenche n'était pas sans rappeler celle de mes iris. L'élement original, cependant, se trouvait dans les reflets irisés que l'étoffe prenait une fois exposée à la lumière. En effet, la clarté semblait glisser sur le tissus en engendrant des vagues d'arc en ciel.

"Celle ci, déclarai-je sans la moindre hésitation. Je souhaite utiliser cette étoffe."

J'avais d'abord pensé à du blanc ou de l'ivoire, mais ces teintes seraient probablement les plus utilisées par les membres de nos familles. Celle-ci, en revanche, avait quelque chose d'exceptionnel et d'hors du commun. Un peu comme nous, somme toutes, ce qui en faisait le tissus parfait. Je ne regarderais pas à la dépense, parfaitement tranquille grâce aux économies que j'avais effectuées pendant des millénaires.

J'étais à présent curieuse de savoir comment Elladan serait vêtu. Bien sûr, il était remarquable dans toutes les tenues que j'avais pu lui voir, mais j'avais hâte de découvrir ces vêtements là. Je posai les yeux sur lui, imaginant à présent une quantité astronomique de tenues différentes. Tout lui irait, c'était certain. J'étais convaincue qu'il pourrait paraître glorieux et élégant dans n'importe quelle tenue. Cette idée me fit d'abord sourire, puis brutalement rougir jusqu'à la racine des cheveux. Je détournai la tête pour dissimuler mon trouble en essayant de penser à autre chose. C'était une pensée bien indécente qui m'avait prise par surprise !

Astriel ne mit guère de temps à trouver un tissu à la hauteur de ses attentes pour l’élaboration de sa robe de mariage. Il avait effectivement quelque chose de très spécial avec ses reflets lumineux et colorés qui ne manqueraient pas de faire leur effet une fois porté par la gracieuse elfe de valinor dont la beauté serait, à n’en pas douter, encore plus éblouissante que ce n'était déjà le cas habituellement.

- C'est un très bon choix ! Je vous réserve cette étoffe pour la confection de votre robe. s’exprima le tailleur tandis qu’il retirait le tissus de l’étalage pour le mettre de coté.

Elladan de son côté avait déjà fait son choix depuis bien longtemps. Bien même avant de savoir qu'il se marierait un jour… Il balaya tout de même du regard tout l’étalage en prenant soin d’observer la plupart des étoffes qui se présentaient à lui. Certains tissus étaient magnifiques, c'était indéniable mais non, rien à faire, son choix demeurait inchangé et il le partagea ainsi :

- Quant à moi, je dois avouer que le jour où mon frère s'est marié, il portait une tenue tellement belle que je m'étais fait moi-même la réflexion : si je devais me marier un jour, je souhaiterai revêtir le même genre de tenue. Puis je donc vous demander de me confectionner la même tenue que celle d'elrohir à la différence près que je souhaiterais remplacer le rouge de sa tenue par une couleur à laquelle je suis désormais très attaché : un beau violet.

Avait il achevé en se plongeant une fois de plus dans cette couleur si particulière qui habillait les yeux de son aimée. Il était volontairement resté vague sur la tenue en question, souhaitant laisser à Astriel la surprise de découvrir la tenue le jour même en espérant malgré tout qu'elle la trouverait à la hauteur de ses attentes. Il n'y avait rien d'étonnant que les jumeaux aient les mêmes goûts, cela avait toujours été le cas sur bien des points et notamment au niveau vestimentaire.

- Mais tout à fait seigneur Elladan ! Le travail n'en sera que plus simple pour moi, puisque vous avez la même taille et corpulence que le seigneur Elrohir.
Pour vous Dame Astriel, vous pouvez voir juste ici quelques modèles de robes qui pourraient vous inspirer. Mais bien entendu je pourrais modifier quelques détails selon vos envies.

Derrière les étales de tissus se trouvaient quelques bustes de bois sur lesquels étaient posées des modèles de robes et de tuniques conçues par le maître artisan. Il y avait de tout, de la longue robe classique sans fioritures à celles plus travaillés ou l'art de la broderie, de la dentelle et de la couture s'exprimaient pleinement. Pour Elladan, peu importait le modèle choisi. Peu importait que le tissus soit magnifique ou très sobre. La seule chose qu'il voulait s'était épouser l'élue de son cœur, celle qu'il trouvait toujours magnifiquement belle dans n'importe quelle tenue.

J'appréciais la texture et la teinte du tissus que j'avais choisi. Aucun doute que j'aurais bien fière allure si nous trouvions un modèle dont la coupe serait parfaitement adaptée. Il faudrait quelque chose d'élégant, mais aussi de sophistiqué et de suffisamment sobre pour me mettre en valeur sans pour autant éclipser ma beauté naturelle.

- C'est un très bon choix ! Je vous réserve cette étoffe pour la confection de votre robe.

Le tailleur retira l'étoffe des étalages et j'examinai le reste des tissus, me demandant ce qu'Elladan allait choisir. Aucun doute qu'avec son physique le choix n'aurait qu'une importance mineure : tout lui irait certainement à la perfection. Peut être une teinte froide, comme le bleu, qui permettrait de mettre en valeur son regard ? Cela ferait un splendide contraste avec sa chevelure également. Nous serions tellement beaux, l'un près de l'autre, fièrement vêtus dans toute notre gloire.

- Quant à moi, je dois avouer que le jour où mon frère s'est marié, il portait une tenue tellement belle que je m'étais fait moi-même la réflexion : si je devais me marier un jour, je souhaiterai revêtir le même genre de tenue. Puis je donc vous demander de me confectionner la même tenue que celle d'elrohir à la différence près que je souhaiterais remplacer le rouge de sa tenue par une couleur à laquelle je suis désormais très attaché : un beau violet.

Je détournai vivement mon regard des rouleaux de tissus pour poser les yeux sur Elladan, son commentaire sur le violet produisant une rougeur particulièrement vive sur mes joues. Voilà un compliment pour le moins joli. Un large sourire étira mes lèvres tandis que je m'amusais du mystère qui entourait à présent la tenue que mon fiancé porterait à notre mariage. Je n'étais guère surprise qu'il souhaite porter la même tenue que celle qu'avait revêtu son jumeau dans des circonstances similaires. Je comprenais son sentiment.

- Mais tout à fait seigneur Elladan ! Le travail n'en sera que plus simple pour moi, puisque vous avez la même taille et corpulence que le seigneur Elrohir. Pour vous Dame Astriel, vous pouvez voir juste ici quelques modèles de robes qui pourraient vous inspirer. Mais bien entendu je pourrais modifier quelques détails selon vos envies.

J'observai les mannequins de bois exposant les modèles disponibles. J'en repérai deux dont le modèle me plaisait particulièrement. Je les observai avec la plus grande attention, réfléchissant aux éléments que je souhaitais garder et à ceux qui me plaisaient moins. J'eus bientôt ma petite idée mais je n'avais pas envie de gâcher la surprise. Je commentai simplement :

"Eh bien, puisque le seigneur Elladan souhaite garder le secret au sujet de sa tenue, j'en ferai de même. Je vous ferai parvenir les détails de ce que je souhaiterais exactement par message, un peu plus tard dans la journée."

Bien que je n'eusse aucune prétention quant à mon talent de tailleuse, cependant je ne manquais pas d'expérience en dessin. Je pourrais sans aucun doute croquer l'image que je m'étais faite de façon fidèle. Aucun doute qu'Ansfallar saurait s'en inspirer pour créer une tenue à hauteur de mes espérances. Je revins près d'Elladan et lui tendis le bras, afin de signaler la fin de la visite. J'aurais tout le temps de me charger du reste un peu plus tard.

"Peut être devrions nous nous charger du reste des préparations ? Il y a tant de choses à prévoir. La nourriture, le logement des invités, la cérémonie en elle-même..."

Elladan fut quelque peu amusé de voir que sa bien aimée conservait elle aussi une part de mystère concernant sa tenue de mariage. Il m'exprime brièvement en faisant une moue taquine qui se transforma bien vite en sourire espiègle.

"Peut être devrions nous nous charger du reste des préparations ? Il y a tant de choses à prévoir. La nourriture, le logement des invités, la cérémonie en elle-même…"

Astriel avait raison, il restait encore beaucoup de préparatifs à effectuer et beaucoup de choses à mettre au point pour ne pas être pris de court le jour J. En ce qui concernait l'accueil des invités Elladan ne se faisait aucun soucis particulier. Il y avait suffisamment de chambres, de suites et d'appartements privés libres pour accueillir tout le monde, même les invités les plus prestigieux. Imladris n'avait de demeure que le nom, c'était en réalité devenu une véritable petite cité cachée dans la paisible vallée de laquelle elle tenait son nom.

Il n'était guère plus préoccupé pour ce qui était de la nourriture, des boissons et autres réjouissances culinaires. La cité avait la chance de compter de très bons cuisiniers et echansons capable de préparer et servir les meilleurs mets issues des cultures environnantes et du commerce fait notamment avec l'Arthedain.

- L'hébergement des invités n'est aucunement source d'inquiétude. Nous disposons de suffisamment de quartiers privés, dignes d'appartements de rois, pour accueillir mes grands parents de Lorièn, Arwen et Aragorn, Eldarion et Estelwen et bien évidemment pour votre frère et quiconque souhaiterai l'accompagner. Je n'ai qu'à prévenir les intendants pour m'assurer que tout soit au point.

Pour la nourriture et les boissons c'est la même chose, à moins que vous n'ayez une requête particulière à ce sujet ?  

Non, finalement il n'y avait que la question du célébrant. Qui pourrait célébrer l'union de ces deux êtres ici à Imladris ? Si Elrohir avait pu obtenir quelqu'un de premier choix en la personne de Gandalf pour célébrer son union à Lalwendë, l'istari n'était pas dans les environs et ne le serait certainement pas dans les prochains jours. A vrai dire… Elladan avait déjà songé à la question de son côté et il avait une proposition à soumettre à Astriel quant à la personne à laquelle il avait songé.

- La question qui me paraît la plus urgente à régler désormais reste celle du célébrant. J'ignore si vous avez quelqu'un en tête mais pour avoir réfléchi à la question de mon côté, j'ai quelqu'un à vous proposer. Une elfe très respectée en terre du milieu ayant également connu votre cher Valinor. Une elfe ayant toute légitimité pour nous unir à la grâce des valar : Galadriel, fille de Finarfin.

Et mère de Celebrian… Si Elrond manquerait à coup sûr à Elladan le jour de ce mariage, l'absence de sa mère était encore plus difficile pour le semi elfe qui demeurait sans nouvelles de sa part depuis bien des siècles. Il espérait que le choix de galadriel conviendrait à Astriel qui devait sans doute l'avoir côtoyé au pays d'aman, il y a bien longtemps…

- Cela vous conviendrai ? Sachez en tout cas que, sans avoir la prétention de parler en son nom, je pense qu'elle serait ravie d'officialiser elle même notre union.

Mes préoccupations n'inquiétaient guère Elladan qui, quant à lui, connaissait bien mieux les aspects techniques de la cité que moi. Il en était après tout le seigneur depuis bien longtemps et avait grandi en ses murs. Pour ma part, je n'y étais encore qu'une invitée et j'avais encore bien des choses à en apprendre...

- L'hébergement des invités n'est aucunement source d'inquiétude. Nous disposons de suffisamment de quartiers privés, dignes d'appartements de rois, pour accueillir mes grands parents de Lorièn, Arwen et Aragorn, Eldarion et Estelwen et bien évidemment pour votre frère et quiconque souhaiterai l'accompagner. Je n'ai qu'à prévenir les intendants pour m'assurer que tout soit au point. Pour la nourriture et les boissons c'est la même chose, à moins que vous n'ayez une requête particulière à ce sujet ?  
-Pas vraiment. L'important est que chacun passe un bon moment. Il serait cependant bon de songer que nous aurons probablement à accueillir des... Personnes aux origines diverses. J'ai pu constater la voracité de certains de mes propres yeux."

Mon propre frère, ainsi que sa possible compagne, engloutissaient des montagnes de nourriture et je me souvins m'être questionnée à ce sujet : où pouvaient-ils donc emmagasiner une si énorme quantité d'aliments ? Je secouai la tête à cette idée, préférant ne pas me rappeler le sort subi par de nombreuses miches de pains, canards rôtis et autres accompagnements lors d'un seul repas. Je détournai mon attention sur un sujet qui m'étais plus agréable : imaginer l'évènement.

Cela ferait du beau monde à Imladris et j'étais à présent curieuse de rencontrer certains des membres de la famille dont je ferais bientôt partie. Je connaissais bien évidemment Galadriel, puisque nous étions nous mêmes parentes à un certain degré et que nous avions à une époque fréquenté les mêmes cercles. Je n'avais jamais rencontré son époux, cependant et il m'intriguait : la jeune dame dont je me souvenais n'avait pas dû être aisée à courtiser. Quant à la jeune sœur d'Elladan et sa famille, je ne savais qu'en penser. J'étais plutôt mal à l'aise à l'idée de ce choix que pouvaient faire certains demi elfes, car préférer la mortalité à la possibilité de vivre éternellement auprès des siens me semblait une décision bien cruelle. Mon aimé interrompit cependant le fil de ma pensée en poursuivant :

- La question qui me paraît la plus urgente à régler désormais reste celle du célébrant. J'ignore si vous avez quelqu'un en tête mais pour avoir réfléchi à la question de mon côté, j'ai quelqu'un à vous proposer. Une elfe très respectée en terre du milieu ayant également connu votre cher Valinor. Une elfe ayant toute légitimité pour nous unir à la grâce des valar : Galadriel, fille de Finarfin.

Il m'amusait de l'imaginer célébrant mes épousailles avec son petit fils. C'était indubitablement un coup du destin qui s'amusait beaucoup de ce genre de facéties.

- Cela vous conviendrai ? Sachez en tout cas que, sans avoir la prétention de parler en son nom, je pense qu'elle serait ravie d'officialiser elle même notre union.
-Oh, je n'en doute pas. J'ai quelques souvenirs d'elle, qui datent d'il y a certes fort longtemps mais elle était d'une compagnie appréciable. L'idée me convient d'autant plus que cela permettrait en quelque sorte d'avoir une représentante de Valinor pour nous unir. Ceux qui ne pourront être présent seront, j'en suis sûre, ravis de cet arrangement. "

Il me peinait que nos parents, parmi tous, ne puissent assister à notre union. J'ajoutai d'ailleurs sur le ton de la conversation :

"J'envisage d'écrire à nos famille afin de leur annoncer la nouvelle de façon plus personnelle et de partager avec eux ma joie. J'ai pensé qu'il pourrait être plaisant pour eux de leur faire envoyer un portrait de nos familles. Il y a bien longtemps que mes parents et mon frère n'ont vu Araekin et je pense que vos parents seraient ravis d'avoir un portrait de leurs derniers petits enfants également. Cela demanderait certainement un peu de temps mais j'ai repéré quelques artistes qui pourraient honorer cette commande. Nous pourrions la faire ensuite traverser avec le prochain navire en partance pour Valinor."

Il était difficile de revenir des terres immortelles, mais le voyage dans le sens inverse se faisait parfois lorsque certains des nôtres ressentaient l'appel de la mer au fond de leur âme. J'étais convaincue qu'il ne nous serait guère ardu de convaincre les membres d'une telle compagnie d'emporter avec eux notre présent à nos familles.

"Quoi qu'à la réflexion, il faudrait peut être en produire deux exemplaires." commentai je finalement, songeant que chacune de nos familles apprécierait d'avoir le sien.

J'envisage d'écrire à nos famille afin de leur annoncer la nouvelle de façon plus personnelle et de partager avec eux ma joie. J'ai pensé qu'il pourrait être plaisant pour eux de leur faire envoyer un portrait de nos familles. Il y a bien longtemps que mes parents et mon frère n'ont vu Araekin et je pense que vos parents seraient ravis d'avoir un portrait de leurs derniers petits enfants également. Cela demanderait certainement un peu de temps mais j'ai repéré quelques artistes qui pourraient honorer cette commande. Nous pourrions la faire ensuite traverser avec le prochain navire en partance pour Valinor... "Quoi qu'à la réflexion, il faudrait peut être en produire deux exemplaires


L'idée d'Astriel était excellente que celle de s'offrir les services d'un artiste afin d'immortaliser un portrait de famille qu'ils pourraient ensuite envoyer à leurs parents en Valinor. Il ne faisait guère de doute qu'Elrond et Celebrian seraient plus que ravis de savoir qu'il y avait désormais une branche de plus sur l'arbre de leur descendance et qu'ils apprécieraient de pouvoir s'imaginer les visages d'Earon, Lilótea et Lillassëa, fidèlement reproduits sur une toile ou un papier par quelqu'un de talent.

" Je trouve que cette idée est excellente, je suis certain que nos parents apprécieraient une telle attention !" avait confirmé le fils d'elrond avec un sourire enthousiaste.

Le couple avait repris sa marche en avant, évoluant main dans la main et s'éloignant donc du tailleur qui s'affaira immédiatement à la tâche, sans doute motivé par cette nouvelle commande de première importance. A mesure des enjambées, le sourire d'Elladan s'effaça petit à petit de son visage, tandis que sa main, qui tenait celle de sa bien aimée, renforçait légèrement son étreinte.

Son esprit s'était troublé et attristé une nouvelle fois à l'évocation de sa mère. Elladan tout comme Elrohir avaient été profondément marqués par la disparition de Celebrian et surtout par l'état dans lequel ils l'avaient retrouvé ce jour là. Les jumeaux en conservaient un souvenir empli d'une haine et d'une rancœur tenace envers les orcs, tout comme une douleur lancinante et une tristesse profonde ressentie depuis le moment douloureux de leur séparation avec celle qui leur avait donné la vie.
Depuis ce jour, aucune nouvelle de la fille de Galadriel n'était parvenue à Imladris. Et sans doute qu'aucune nouvelle ne lui parvint non plus en retour. Les voyages vers Valinor se faisaient au fallas, bien plus au nord-est, loin dans le beleriand, loin d'imladris et de la terre du milieu.
Cette séparation forcée et irrémédiable ainsi que l'insupportable manque de nouvelles concernant l'état de son épouse avait sans doute fini par pousser le seigneur Elrond à suivre son cœur et prendre la mer pour retrouver sa promise. Leurs fils, eux, devaient se contenter de demeurer dans l'ignorance. Ils avaient bien tenté l'un comme l'autre de la contacter par l'ossanwë mais rien n'y fit. Pas même toute la volonté du monde, ni toute la concentration possible ne pouvait porter ce pouvoir télépathique au-delà des frontières d'aman.
L'éternité d'une vie d'elfe avait ses avantages, mais aussi ses inconvénients et notamment celui de bien pouvoir mesurer les interminables séparations imposées par la vie et les circonstances…

Elladan savait qu'Astriel allait immédiatement ressentir cette tristesse qui l'animait soudainement. Elle n'était que passagère car à ses côtés, la joie et les bienfaits de l'amour finissaient toujours par l'emporter au delà de toute préoccupation. Néanmoins il y avait une question qu'il devait lui poser. Une question qui taraudait son esprit depuis quelques temps maintenant et qu'il n'avait jamais osé demander sans savoir exactement ce qui l'en empêchait. Mais il fallait que ça sorte et qu'il puisse enfin être fixé sur tout ça.

Une fontaine en pierre grise, dont le pourtour était entièrement fleuri de sublimes fleurs roses et oranges, s'offrait à eux en faisant raisonner aux alentours les paisibles bruits de clapotis et d'écoulement de l'eau. Elladan s'approcha du rebord en pierre pour s'y asseoir aux côtés de sa bien aimée. Son regard d'aigue marine était troublé et le ton de sa voix à la limite du tremblement.

—Ma douce aimée, il y a une question que j'aimerai vous poser, qui m'est apparue voilà quelques jours et que je n'ai jamais osé vous demander par peur d'une nouvelle déception à ce sujet qui m'est assez douloureux… mais j'ai besoin de savoir !

Il se redressa légèrement et reprit une bonne inspiration pour formuler sa question sans bafouiller ni s'emmeler.

— J'ignore comment les choses se passent en Valinor, si vous demeurez seulement entre gens de la même maison ou de la même famille. Je sais que le monde est vaste et j'ignore comment sont accueillis les exilés de la terre du milieu. Mais auriez vous vu ou entendu parlé de Celebrian lorsque vous étiez encore en Aman ? Auriez vous la moindre nouvelle à me communiquer sur elle ou la moindre chose que vous auriez pu entendre au sujet de ma mère ?

Elladan n'avait jamais abordé le sujet avec Astriel, ni avec aucun elfe venu des terres immortelles d'ailleurs. Seulement il n'avait désormais plus aucune raison de ne pas se confier à celle qu'il aimait sur ses peines et ses doutes. Or il se trouvait qu'il y avait une infime chance pour que son cœur puisse être soulagé si d'aventure le destin avait fait croisé les chemin d'Astriel et celui de Celebrian. Et il venait de tenter sa chance d'en savoir plus…

Mon idée semblait enthousiasmer Elladan et j'en étais ravie. J'avais saisi que le sujet de sa famille était assez sensible pour lui et je n'avais peine à en comprendre la raison. J'étais bien placée pour saisir les tourments dans lesquelles peuvent vous plonger les absences d'être aimés. J'aurais aimé moi même aimé recevoir ce type de présent d'Araekin après qu'il fût parti.

" Je trouve que cette idée est excellente, je suis certain que nos parents apprécieraient une telle attention !"

Nous avions quitté l'échoppe du tailleur, évoluant à présent côte à côté dans la cité. L'artisan s'était probablement aussitôt mis à l'ouvrage et je n'avais aucun doute quant au fait que son travail serait à hauteur de nos attentes. Cependant, j'eus bientôt la sensation d'une sorte de gêne... Ou plutôt de malaise. Elladan me semblait à présent perdu dans ses pensées et je l'observai attentivement, cherchant à décrypter sur son visage la source de son trouble. Il me fut cependant impossible de deviner seule le sujet de ses préoccupations. J'attendis simplement qu'il soit décidé à m'en faire part de lui-même lorsqu'il le voudrait. Je n'ignorais pas qu'il fût difficile de discuter de certains sujets lorsque l'on n'est pas prêts à le faire.

Partager ses sentiments n'étant pas une question d'urgence mais plutôt de confort, j'étais convaincue qu'il valait mieux le laisser aborder le sujet. Je lui coulais néanmoins des regards en coin, guettant un signe, un indice. Nous finîmes par nous asseoir sur le rebord d'une fontaine dont la pierre grise constellée de gouttelettes d'eau semblait presque noire par endroits. Un anneau floral encadrait le point d'eau de teintes roses et oranges en ajoutant une touche de gaieté à l'ensemble. L'amour des gens d'Imladris pour l'eau était l'une des choses que j'appréciais. Je regardais mon aimé sans me départir d'un doux sourire rassurant, espérant l'encourager à exprimer son trouble. Le léger tremblement de sa voix ne laissait planer aucun doute quant à l'agitation de son âme.

—Ma douce aimée, il y a une question que j'aimerai vous poser, qui m'est apparue voilà quelques jours et que je n'ai jamais osé vous demander par peur d'une nouvelle déception à ce sujet qui m'est assez douloureux… mais j'ai besoin de savoir !

Cela semblait bien sérieux pour qu'il soit aussi troublé. La question paraissait d'importance et j'attendis patiemment la suite.

— J'ignore comment les choses se passent en Valinor, si vous demeurez seulement entre gens de la même maison ou de la même famille. Je sais que le monde est vaste et j'ignore comment sont accueillis les exilés de la terre du milieu. Mais auriez vous vu ou entendu parlé de Celebrian lorsque vous étiez encore en Aman ? Auriez vous la moindre nouvelle à me communiquer sur elle ou la moindre chose que vous auriez pu entendre au sujet de ma mère ?

Ainsi, c'était cela qui lui causait tant d'inquiétude ? J'aurais certainement dû aborder la question plus tôt. Pour ma défense, je ne connaissais pas Elladan et Elrohir à l'époque où j'avais quitté nos terres aussi n'avais-je pas réfléchi à cela.

"Bien sûr, nous nous sommes mêmes rencontrées à quelques reprises. Quoi que nous ne nous soyons guère fréquentées, elle était trop effacée pour mon entourage pendant bien longtemps. Dame Celebrian avait toujours ce petit air mélancolique jusqu'à ce que votre père la rejoigne. Alors, elle s'est révélée une toute autre personne. Je crois qu'elle souffrait de solitude et aussi sûrement de culpabilité. Si son état de santé est la source de vos préoccupations, je puis vous apaiser sans nul doute. Ne vous alarmez point, sa vie dans les terres immortelles lui permit de guérir et de ne plus souffrir des suites de ses blessures. La paix et la sérénité de Valinor finirent par apposer un baume revigorant sur ses plaies, aussi bien physiques que morales. Bien sûr, les plaies de l'âme sont plus tenaces que celles du corps et il lui a fallu du temps avant de s'en débarrasser, mais la Celebrian dont je me souviens, lors de mes derniers jours en Valinor, semblait être satisfaite de son sort."

Je caressai la joue d'Elladan avec délicatesse, sans cesser de lui sourire.

"Je crois qu'elle est parfaitement heureuse à présent, de savoir son époux auprès d'elle pour toute l'éternité. C'est finalement la seule chose qui manquait à son bonheur selon moi. Je puis à présent prendre la pleine mesure de la peine que cela a dû être pour elle d'être séparée de vous tous. Cependant, votre père lui a certainement donné de bonnes nouvelles de ses enfants et je suis convaincue que cela dût achever de lui apporter la paix."

Je regrettais à présent de n'avoir passé plus de temps auprès d'elle, à l'époque. Cependant nous avions des caractères qui, sans être opposés, n'étaient pas non plus complémentaires. Je n'avais donc jamais ressenti le besoin de me lier à elle outre mesure. Les derniers siècles à Valinor m'avaient principalement vue m'entraîner en vue de mon départ aussi n'avais-je pas passé autant de temps à socialiser qu'à la belle époque. Heureusement, j'avais néanmoins fréquenté assez souvent les évènements mondains les plus en vue pour l'avoir croisée de temps à autres.

Astriel ne tourna pas autour du pot, sans doute soucieuse de rassurer au plus vite Elladan sans le laisser trop longtemps dans le flou et l'interminable attente d'une réponse. Et quel ne fut pas le soulagement du seigneur d'imladris lorsqu'il apprit que sa bien aimée avait non seulement croisé la route de sa mère mais qu'en plus, les nouvelles qu'elle lui apportait étaient très bonnes. Plus encore, elle lui confirma que son père lui avait apporté la plénitude qui lui manquait depuis cette longue séparation et c'était un soulagement de les savoir heureux, ensemble. Trop longtemps il avait vu Elrond errer dans la tristesse de sa solitude bien qu'il avait toujours essayé de ne pas le montrer…

Ce lot de bonne nouvelles lui emplit le cœur de joie et d'une chaleur réconfortante. Un sourire vint à nouveau habiller son visage à mesure que sa bien aimée lui répondait. Il sentit les effets réconfortants de ce soulagement qui venait alléger son cœur des poids de l'inquiétude et de l'angoisse que pouvait être ce sujet. Emporté par l'enthousiasme qui naissait de cette discussion, sa première réaction fut spontanée et sans doute surprenante pour la belle vanya lorsqu'il s'emporta en venant déposer un baiser fougueux sur les lèvres de son aimée.

- Ces nouvelles emplissent mon cœur de joie ! Merci beaucoup ma bien aimée, j'aurai dû moi même songer à vous poser la question plus tôt mais je vais mettre ce manque de lucidité sur l'aveuglement que mon amour pour vous impose à mon esprit depuis bien longtemps déjà !

Acheva-t-il en riant légèrement. Le statut de semi elfe faisait des êtres comme Elladan et Elrohir des personnages plus prompt à montrer leurs sentiments et à se laisser guider par ceux-ci que la plupart des elfes. C'était peut-être cette fougue mêlée d'une certaine espièglerie qui avait entre autres séduit Astriel et Lalwendë vis à vis des jumeaux d'imladris.

- En revanche je ne puis garder cette heureuse nouvelle pour moi seul… Elrohir à autant besoin d'entendre ces nouvelles que moi et je propose d'aller lui rendre visite immédiatement à ce propos si cela vous convient ?

Suite à l'aquiescement de sa chère et tendre, Elladan se leva et tendit la main à Astriel pour se mette en quête d'elrohir. Il ne faisait aucun doute qu'il prendrai la nouvelle avec autant de joie que son frère et que la mélancolie qui habitait parfois le cœur des deux frères, allait disparaître définitivement ce jour-là au sujet de Celebrian et d'elrond.