[Mariage Astriel et Elladan] Cérémonie

La tension était palpable dans la pièce et se lisait de plus en plus sur l’attitude d’Elladan. Sa gorge était quelque peu nouée, tandis qu’un poids non douloureux mais tout de même oppressant se faisait sentir sur toute sa cage thoracique. Ses mains ne tremblaient pas mais il pouvait sentir que ses membres étaient parcourus d’une certaine faiblesse musculaire. Autant dire que le futur marié était plongé dans un étant d’anxiété assez important. Une détresse qu’il tentait de maîtriser et de contenir en prenant de profondes inspirations tout en fermant les yeux.
Pourtant il en avait connu des aventures et des moments palpitants. Des instants d’angoisse et même de peur, générés par le danger et l’adrénaline d’un combat. Des moments difficiles animés par l’expression du seul instinct de survie. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’affronter de redoutables ennemis où de s’aventurer dans les ravins de la mort… Non, cette fois il s’agissait bien au contraire de faire face à ce qu’il désirait sans doute le plus au monde et à ce rêve qu’il touchait désormais du bout des doigts, que de prendre pour épouse celle qu’il aimait. Etrangement, c’est un sentiment presque similaire de devoir anticiper un danger et celui de se préparer pour l’un des événements les plus importants de son existence. Comme si l’esprit prenait conscience de l’importance de cet évènement et tentait de préparer le corps pour prévenir d’un choc émotionnel trop soudain et trop intense.

- Ne t’en fais pas mon frère, tout va bien se passer. Il n’est nul besoin d’angoisser pour ce qui va suivre.  annonça Elrohir à son frère jumeaux tout en posant une main ferme sur son épaule. Il faut dire que quelques années plus tôt, c’était lui qui était sur le point de se marier, et il se souvenait de ce cocktail émotionnel auquel il avait été soumis juste avant la cérémonie, juste avant qu’il n’épouse Lalwendë.

Ce contact apaisant couplé au ton de cette voix qu’il connaissait si bien, calma quelque peu Elladan. Ce lien fraternel et gémellaire qui les liait avait toujours été très solide et leur relation fusionnelle n’avait jamais connu de vagues malgré les siècles qui passaient. Ils avaient toujours pu compter l’un sur l’autre, et avaient toujours vécu ensemble sans jamais ressentir le besoin de s’émanciper l’un de l’autre. Il ne faisait aucun doute que leurs mariages respectifs allaient quelque peu changer leur relation et les éloigner un peu selon leurs obligations familiales, mais il subsistera toujours ce lien indéfectible entre les fils d’Elrond et de Celebrian.

- Je suis pratiquement certain d’avoir employé les mêmes mots à ton attention, il y a quelques années, lorsque nos rôles furent inversés.  répondit Elladan avec malice, se souvenant bien d’avoir tenté de rassurer son frère le jour de son mariage.

Après avoir recouvré ses moyens et surmonté ce petit moment d’anxiété, il attacha sa cape et acheva ainsi sa préparation vestimentaire. La tenue de mariage d'elladan n'était pas une tunique comme en portent souvent les elfes. Non, comme Elrohir à l’époque, il avait opté pour une tenue en plusieurs parties comme en portaient les hommes. Les bottes étaient en cuir sombe de grande qualité et le pantalon d'un marron chocolat constituait le bas de la tenue. Le haut comprenait une chemise en soie blanche disposant sur les manches de magnifiques liserés brodés de fils d'argent. Le plastron était aussi en soie mais de couleur noire et sans manche ce qui faisait ressortir le blanc des manches et du col de la chemise. Il possédait de subtils ornements et des motifs brodés avec grand soin sur le torse. Une cape noire à l'extérieur complétait la tenue. A l' intérieur, elle était d'un violet éclatant de même couleur et de même matière que la large bande de tissus qui faisait le tour de la taille et par dessus lequel se trouvait la ceinture toute faite de cuir noir dont la boucle d'argent était aussi brillante que finement ouvragée.

Il était temps d’y aller, la cérémonie s'apprêtait à commencer et il ne manquait plus que les futurs mariés pour que celle-ci débute officiellement. Elrohir sortit le premier, immédiatement suivi par Elladan. Les jumeaux marchèrent côte à côte, leurs démarches étant identiques et parfaitement synchronisées. Il eut été difficile de les différencier pour quelqu’un qui ne les connaissait pas, si ce n’était par leurs tenues qui étaient radicalement différentes. Elrohir revetait une tenue de couleur turquoise aux ornements dorés, bien différente dans le coloris comme dans la forme de celle de son frère. Il n’y avait guère de distance à couvrir pour rejoindre le lieu de la cérémonie où attendaient tous les invités, et Galadriel qui devait prononcer le mariage.

La matinée avait été ensoleillée mais le ciel se couvrait de quelques nuages blancs en cet après-midi. Rien annonçant un temps maussade ou de la pluie, mais on était loin d’un ciel d’été parfaitement bleu. Un léger vent venu du Sud et très agréable venait faire voler les feuilles et remuer les brins d’herbe autour des constructions de la cité.

Les seigneurs d'imladris empruntèrent un chemin de pierres blanches qui s'éleva en un pont enjambant un paisible ruisseau qui s'écoulait avec lenteur. Au delà du pont, le chemin de pierre s'effacait au profit d'un charmant sentier dont les bas-côtés étaient de part et d'autre jonchés de petits arbres très feuillus dont les branches se rejoignaient en hauteur, formant ainsi une voûte naturelle tout du long. Ce tunnel de feuillages et de branches débouchait sur une verte esplanade circulaire autour de laquelle s'écoulait toujours le même paisible ruisseau. En son centre se tenait un imposant chêne qui semblait dominer cet endroit de sa splendeur. Les jumeaux aperçurent alors au pied de celui-ci la dame de Lorièn qui illuminait le lieu de sa grâce. Une mélodie harmonieuse les accompagnait pour leur arrivée. Elle était jouée par des musiciens équipés de harpes et de Lyres qui se tenaient à l'endroit où débouchait le sentier.

Près du chêne, non loin de galadriel se trouvaient les invités. La famille d'Arwen qui comptait donc le roi Aragorn d'Arthedain ainsi que leurs deux magnifiques enfants : Eldarion et Estelwen. Celeborn était également présent pour le mariage de son petit fils. Elrohir partit ensuite rejoindre son épouse Lalwendë qui avait revêtu une sublime robe dont le coloris consistait en un dégradé du violet à un rose pâle. Leur jeune fils Eäron était présent mais les jumelles n'étaient pas là. En réalité elles étaient censées précéder l'arrivée de la mariée, lui ouvrant le chemin en jetant des pétales de fleurs séchées sur le sol.

Elladan était désormais devant les siens, au pied du grand chêne, souriant mais à nouveau nerveux. Celle qu'il allait prendre pour épouse n'allait pas tarder à faire son entrée sur les lieux de la célébration, et il ne faisait aucun doute que sa beauté et sa grâce allaient illuminer l'endroit et faire battre encore plus vite le cœur de son futur époux.

Ces dernières semaines, le temps avait filé à toute allure. J'avais l'impression d'évoluer en permanence dans un nuage de félicité fébrile qui m'enveloppait tel un cocon de douceur. Même l'arrivée de mon cher frère et des invités d'Elladan n'avait su me tirer de cette impression d'irréalité et de plénitude incrédule qui m'habitait depuis des jours. Je rêvassais éveillée, à peine capable de croire ce qui m'arrivait. J'avais cru pendant si longtemps que je resterais seule jusqu'à la fin de temps que ce développement inattendu me semblait... Incongru. Admirable, merveilleux, extraordinaire, phénoménal, prodigieux, féérique, étourdissant... Mais incongru néanmoins. Le jour de la cérémonie enfin venu, j'étais partagée entre un sentiment de hâte et d'angoisse des plus déroutant. Je n'avais aucun doute sur cette union, évidemment, mais je ne pouvais me départir d'un certain malaise qu'empirait probablement le fait que je n'avais encore vu Elladan depuis la veille. J'avais passé ma dernière soirée en tant que célibataire avec mon frère et bien que cela me remplît de joie, je n'en pouvais plus d'attendre.

Je levai les bras pour permettre à mon habilleuse d'ajuster parfaitement ma tenue et jetai un œil dans le miroir qui me faisait face, reflétant mon image dans la surface d'argent. J'étais parfaitement éblouissante, comme de bien entendu. Je m'étais levée aux aurores afin d'être coiffée, pomponnée et vêtue de pied en cap exactement comme je le désirais. J'avais toujours été particulièrement attachée à mes tenues, mais ce jour demandait une attention toute particulière. Mes cheveux, tout d'abord, avaient été pris en charge par une elfe des plus expertes en la matière. Elle m'avaient d'abord fait deux fines tresses de chaque côté du visage, à hauteur des yeux, qui se rejoignaient derrière ma tête, maintenues par une épingle ouvragée composée d'un ensemble délicat de trois fleurs taillées dans des améthystes pâles, dont le cœur était composé de pistils d'or aux extrémités enchâssées de perles blanches d'une rondeur parfaite. Des feuilles d'or forgé ajoutaient au tableau, tandis que de fines chaînettes d'or s'échappaient de la composition, parsemées de pétales qui semblaient tombés de l'ornement principal, se mêlant aux longueurs de mes mèches. Le reste de ma chevelure d'ivoire avait été soigneusement coiffé et cascadait dans mon dos, quelques discrètes ondulations sur les longueurs donnant un effet plus vivant à l'ensemble. C'était particulièrement réussi, et j'appréciais la façon dont cela mettait mon visage en valeur sans trop en détourner l'attention. Un fin diadème doré composé d'un entrelacs de feuilles et d'arabesques ornait mon front, rappelant discrètement mon statut à l'assemblée.

Ma robe, quant à elle, était pour le moins grandiose. Je n'en n'attendais pas moins du tailleur, mais le résultat de ma commande me ravissait au plus haut point. Comme nous en avions convenu, il s'était servi en grand majorité d'un tissus d'une teinte à mi chemin entre le parme et le lavande, dont la particularité consistait en sa réaction à la lumière. Chaque pli, chaque rayon du soleil conférait à ma tenue un chatoiement multicolore qui se mouvait avec moi, seulement atténué par les délicates broderies savamment disposées aux ourlets de ma jupe. Celle-ci était surplombée d'un corset ouvragé composé dans une même étoffe mais orné d'une ceinture et d'un corsage tissé de fils d'or et d'améthystes. Une cape vaporeuse d'un organza lavande achevait l'ensemble, fixée à l'arrière du corset et dont les extrémités étaient attachées à mes poignets par deux bracelets d'or ouvragés afin de complémenter parfaitement l'épingle à cheveux que j'avais choisie. Le tissus avait été coupée afin de constituer une traîne dans mon sillage, rappelant quelque peu la queue d'un paon au repos. Bien que la coupe de mon vêtement soit des plus simples en soi, la délicatesse de la finition et le tissus choisi lui conférait un aspect presque magique. J'avais chaussé de délicats souliers de soie ivoire, que nul n'apercevrait sûrement puisqu'ils restaient sagement cachés sous les longueurs de ma robe. Fidèle à moi même, je portais comme toujours le collier qu'Araekin m'avait offert dans notre jeunesse, lorsqu'il avait décidé de quitter Valinor. Quoi qu'il n'ait plus la même signification qu'alors, cet accessoire avait une symbolique que je tenais à conserver pour ce jour important de ma vie.

Mon frère, d'ailleurs, m'attendait dans l'encadrement de ma porte. Il était temps de me présenter à la cérémonie. Je lui adressai un sourire quelque peu crispé et tendis la main vers lui. Il était d'usage que le père mène sa fille à son époux mais cela ne pouvait se passer ainsi pour nous. Aussi avais-je choisi de m'avancer au bras de mon jumeau, puisqu'il était de loin la personne la plus importante de mon monde jusqu'alors. Je pressai doucement son bras tandis que nous nous avancions, incapable pour une fois de prononcer un mot tant j'avais la gorge nouée. Mon regard se perdit sur le ciel, dans lequel des nuages d'un blanc cotonneux naviguaient paisiblement, contrastant avec le bleu qui les entourait. Une brise légère agita le monde et j'appréciai sa douceur qui me permit de me détendre un peu et de me concentrer sur l'évènement que j'attendais tant. Nous nous rendîmes sur une esplanade qui semblait conçue tout spécialement pour ce genre d'occasions, encadrée d'un ruisseau dont le doux bruissement semblait murmurer sur notre passage. Le cadre était splendide, composé à demi de nature et à demi de pierres blanches taillées par la crème des artisans. Un immense chêne trônait au centre de l'installation et l'audience ainsi que les musiciens qui couvriraient l'évènement se trouvaient de part et d'autre de l'arbre. Nous étions suffisamment loin encore pour que je puisse voir l'assemblée sans être vue encore et je cherchai des yeux les jumelles qui devaient nous précéder. Je les repérai bien vite, dans leurs jolies robes assorties, munie chacune d'un petit panier empli de pétales séchés. Je leur souris et les fillettes se mirent en marche, sautillant gaiement en exécutant leur tâche avec une application palpable. Je me rapprochai légèrement d'Araekin, de plus en plus angoissée à mesure que nos pas nous rapprochaient de la dame de la Lorien, qui devait prononcer le mariage.

"Onónu... "

Je lui adressai un regard empli d'un mélange de tendresse et de tristesse, à la fois ravie de l'avoir auprès de moi et regrettant de ne pas avoir le reste de notre famille à mes côtés pour cette occasion. Je n'ajoutai pas un mot, espérant qu'il comprendrait mon sentiment par le biais de ce lien unique qui nous unissait depuis le premier jour. L'affection que je lisais dans ses yeux me rasséréna et je regardai à nouveau droit devant moi, me décidant finalement à poser le regard sur la raison du chamboulement de ma vie toute entière. Elladan.

On aurait pu supposer que le temps passé à ses côtés m'aurait habituée à lui et pourtant, il n'en n'était rien. Comme toujours lorsque je le regardais, j'avais la sensation d'être éblouie. Bien sûr, il était beau. Sa beauté me transperçait le cœur avec davantage d'acuité qu'une lame ne l'aurait fait. Ses choix vestimentaires s'avéraient inattendus mais particulièrement judicieux car il avait fière allure. J'appréciais les contrastes de sa tenue, qui faisait écho à mes yeux à ceux de sa physionomie. Pourtant, ce ne furent pas ses beaux atours qui accrochèrent mon regard. Ce furent ses yeux. Ils ne cessaient de m'émerveiller et la tendresse que j'y décelais sembla apaiser totalement la peine que je ressentais un instant plus tôt. Mon sourire s'élargit donc, plus sincère et débarrassé de toute trace de tristesse. Je n'adressai presque aucun regard à l'assemblée, simplement concentrée sur mon aimé et sur lui seul.

La distance qui nous séparait encore me sembla fondre comme neige au soleil et je remerciai mon frère d'un sourire lorsqu'il me laissa rejoindre mon fiancé dans une symbolique vieille comme le monde. Je tendis la main à Elladan, le cœur battant si fort qu'il semblait décidé à s'extirper de ma poitrine.

A présent, plus rien n'avait d'importance si ce n'était lui.

Le bonheur et le soulagement s’entremêlaient dans le cœur de la Dame de Lórien, en ce jour ensoleillé. Pour chacun de ses petits-enfants, elle avait longuement secrètement soupiré après le jour où, tour à tout, ils prendront enfin la voie du mariage et fonderont à leur tour une famille. Les années étaient passées, puis les siècles, ils demeuraient seuls, sans un regard attentif, à la recherche de la personne devant combler leur solitude. Le temps s’était écoulé ainsi, sous l’inquiétude secrète de leur famille, l’espoir de plus en plus mince. Les unions si tardives de leurs petits-enfants avaient alimenté de nombreuses discussions, entre son époux et elle, les laissant craindre que la lignée allait cesser en ce temps. L’union d’Arwen, bien que plutôt spécifique, avait apporté à nouveau une touche d’espoir. Ce dernier avait été renforcé par le mariage d’Elrohir, quelques temps plus tard. Le troisième petit-enfant prenait finalement cette voie à son tour, rassurant définitivement définitivement le couple de la Lórien. Bien qu’il soit regrettable que ni les parents de la mariée ni ceux du marié ne puissent être présents pour la cérémonie. Peu de personnes issues de la famille proche pouvaient être présentes, par ailleurs, ce qui était encore plus le cas pour Astriel.

Les unions à un âge si avancé étaient rares. Jamais elle n’aurait songé que cela puisse survenir dans sa propre famille. Lorsqu’Elladan parvint à la place qui lui était désignée, alors que son frère allait s’asseoir, elle lui adressa un sourire radieux. Bien qu’elle ressente sans la moindre peine la nervosité l’habitant, le soulagement l’emportait sur les autres émotions les ayant habités depuis lors. Il avait été amusant d’observer, quoi que de loin, le développement de sa relation avec sa compagne. Le père des jumeaux s’était montré plus… Réservé et timide, moins entreprenant, les mois suivants sa rencontre avec leur douce fille. A un tel point qu’avec Celeborn, ils s’étaient amusés tout un temps à compter le nombre d’hésitations sortant de sa bouche et parier sur le temps qu’il mettra avant de demander la main de Celebrian. Un pari qu’elle avait remporté de peu, par ailleurs. Les enfants d’Elrond n’avaient pas tant tardé une fois leur âme sœur trouvée, bien que le chemin vers ces dernières ait été extrêmement long. Son regard se posa un instant sur les autres membres de leur famille, droits et souriants, formant un ensemble chatoyant, de couleurs à la fois douces et vives. Une nouvelle génération qui, s’ils parvenaient à bien s’y prendre, ne connaîtra pas autant de combats que les précédentes.

Pour sa part, elle portait une longue robe blanche, avec une ceinture et des ornements d’argent, des manches amples et voletant dans le vent léger, cintrée à la taille. Une cape tout aussi blanche et fine était accrochée à ses épaules par des broches en argent. Son diadème habituel, lui aussi en argent, ornait ses cheveux, laissés libres le long de son dos, comme de coutume. La tenue en elle-même était plus riche et travaillée que la coupe des robes dont elle avait l’usage, chaque jour, afin de marquer l’occasion, bien qu’elle n’ait guère choisi plus de couleurs. Ces dernières devaient avant tout demeurer l’apanage de la mariée, à son sens. Une mariée qui arrivait également vers eux. Au bras de son frère et précédée par les petites filles d’Elrohir. Élégante, parée avec un grand soin, comme il se doit en une telle journée. La musique accompagnant sa marche jusqu’aux pieds du grand chêne complétait la scène à la perfection. Un léger soupir s’échappa avec discrétion de l’assemblée, lorsque les deux futurs époux se tinrent l’un face à l’autre, les mains jointes, sous la musique devenue plus lente. Elle s’avança d’un pas vers eux, à son tour, sans cesser de leur sourire.

"Astriel, Elladan, vous avez choisi d’unir vos existences."

Une première phrase dite tout en nouant, sans serrer bien entendu, un long ruban au jeune couple, chacun avec une extrémité au poignet. Une étape précédent l’échange des alliances, le temps des paroles et de l’échange des vœux des fiancés. Une étape qu’aurait dû accomplir la mère de la mariée, hélas.

"Sous la bénédiction d’Eru Ilúvatar, vos âmes ne feront désormais plus qu’une. Vous vivrez librement et sans contrainte votre nouvelle vie de couple, vous promettant soutien, protection et affection tout au long de votre existence, dans la vie comme dans la mort, prêts à deux à la future responsabilité d’être parents, loyaux pour l’éternité. Devant nous tous, échangez vos vœux."

Sur le côté, les fillettes se tenaient prêtes à tendre les alliances. Une vision particulièrement adorable, malgré la solennité de la scène.

Lorsqu'il vit au loin la silhouette d'Astriel se dessiner, elle semblait baignée dans un halo éclatant de luminosité qui se faisait de plus en plus intense. À mesure qu'elle approchait, les alentours se parèrent d'une lumière vive et céleste, un peu comme la lumière du jour qui perce l'obscurité d'une grotte et éblouit des yeux trop habitués à l'absence de luminosité. Une fois que l'effet éblouissant s'estompa, ou du moins que les rétines du fils d'Elrond s'habituèrent à tant de clarté, il put enfin se rendre compte de la beauté de sa fiancée dans cette robe aux reflets multicolores.

Elladan en avait littéralement le souffle coupé. Il était le premier à fondre sous la beauté physique de l'elfe Vanya et l'avait toujours trouvée plus belle et plus gracieuse que n'importe qui d'autre. Mais en cet instant, lorsqu'il l'aperçut resplendissante dans sa robe de mariée, il ne put s'empêcher de se sentir tomber plus amoureux que jamais. Son cœur battait si fort qu'il lui en faisait presque mal à la poitrine. Son poul venait se faire sentir tout le long de son cou et jusque dans les oreilles tandis que le rouge lui montait aux joues. Il était subjugué par la beauté de son aimée, et en plus du sentiment amoureux le plus puissant qu'il n'avait jamais ressenti , Elladan éprouva en cet instant l'immense sentiment d'être quelqu'un de privilégié. Privilégié d'être celui désigné pour être l'âme sœur d'une si belle personne. Était-ce par la grâce des valar, la volonté d'Eru Iluvatar ou simplement la destinée ? Peu lui importait. Il aimait tout ce qui émanait d'Astriel : sa beauté, son charme, sa personne, ses qualité et même ses défauts. Elle était faite pour lui et il prenait conscience de cette chance qu'il avait d'avoir pu croiser son chemin.

Ne quittant pas un instant les yeux d'amethyste de sa future épouse, il écoutait le petit discours de galadriel qui officiait pour la cérémonie. C'était un honneur de voir son mariage ainsi célébré par l'elfe la plus respectée de la terre du milieu, et qui plus est par sa grand-mère. Bien que les jumeaux aient principalement vécu à Imladris, ils avaient souvent séjourné en Lorièn durant leur enfance et avaient conservé d'excellentes relations avec Galadriel et Celeborn.
La dame de Lorièn invita les futurs époux à échanger leurs vœux de mariage et ainsi procéder à l'officialisation de leur union. Elladan s'approcha alors de d'Astriel sans jamais interrompre le regard qu'ils s'échangeaient depuis quelques minutes maintenant. Avec une grande délicatesse et une légère maladresse due au cocktail d'émotions qui traversait son esprit, il prit les mains de son aimée dans les siennes et prononça d'une voix aussi claire que possible.


- Astriel, j'ai la chance et l'honneur aujourd'hui de te recevoir pour épouse et de mêler mon destin au tien. Je promets solennellement devant les gens qui nous sont chers de toute faire pour te rendre heureuse, d'être là pour toi, de te donner la main et de t'accompagner où que tu ailles, quels que soient les chemins que la vie nous fera emprunter, je demeurerai à tes côtés, ici à Imladris, n'importe où ailleurs en terre du milieu, au beleriand et même au delà de la mer…Où tu te sentira à ta place je t'accompagnerai, car la mienne est définitivement d'être près de toi. Toi que j'aime au-delà même de la raison, je choisis de t'épouser et pour symboliser mon engagement envers toi je t'offre cette alliance. Puissent les valars bénir notre union.

Avait il prononcé juste après s'être emparé de l'alliance que lui tendait sa nièce Lilótea sur un petit coussin en velours vert pâle. Après quoi, il se saisit délicatement de la main d'Astriel pour lui enfiler une jolie alliance autour du doigt. Il s'agissait d'une bague faite d'un alliage d'or blanc et de mithril qui demeurait assez sobre dans sa forme, mais qui était en réalité ornée de petits ornements très jolis taillés par les mains habiles de Lalwendë. Ce geste, il l'avait fait sans détourner les yeux du si beau regard violet de son aimée, ce regard hypnotisant dans lequel il aimait se perdre avec déraison.

Dans ce discours, Elladan venait de faire une annonce importante devant tous ses proches, devant surtout celle qu'il aimait. Il avait promis de la suivre n'importe où elle choisirait d'aller et cela incluait bien évidemment Valinor, terres immortelles sur lesquelles naquit Astriel il y a fort longtemps. Même si cela signifiait abandonner les terres du milieu et sa belle Imladris natale. Même si cela pouvait signifier de se séparer d'elrohir pour très longtemps et peut-être à jamais. Car il savait que son cœur ne pourrait jamais se remettre d'une séparation si lointaine avec celle qui serait désormais son épouse. Et en cela, il comprit alors plus encore le choix de son père de retrouver sa bien aimée là où elle n'avait eu d'autre choix que de se retirer pour toujours.

Dame Galadriel prit la parole, et chacun l'écoutait dans un silence solennel, seulement rompu par les échos de trilles d'oiseaux et du doux clapotis de l'eau environnante.

"Astriel, Elladan, vous avez choisi d’unir vos existences."

Mon sourire s'élargit à ces mots, tandis que mon regard restait rivé à celui d'Elladan. La dame de la Lorien lia nos mains symboliquement avec un ruban, afin de nous unir en tant que couple. Ma mère aurait dû être responsable de ce rituel, hélas pour des raisons évidentes nous avions dû modifier quelque peu le déroulement des évènements. A part Araekin, Galadriel était ma plus proche parente de ce côté ci de la mer, ainsi qu'un membre de la famille de mon fiancé. Sans compter qu'elle était un membre illustre de notre espèce elle-même issue des terre immortelles... Autant de raisons pour lesquelles elle était toute désignée pour ce rôle.

"Sous la bénédiction d’Eru Ilúvatar, vos âmes ne feront désormais plus qu’une. Vous vivrez librement et sans contrainte votre nouvelle vie de couple, vous promettant soutien, protection et affection tout au long de votre existence, dans la vie comme dans la mort, prêts à deux à la future responsabilité d’être parents, loyaux pour l’éternité. Devant nous tous, échangez vos vœux."

Les jumelles trépignaient presque d'impatience, prêtes à nous confier les alliances. Elladan prit la parole en premier, aussi troublé que moi comme en témoignaient l'expression de son visage et le léger tremblement de ses mains lorsqu'il saisit les miennes.

- Astriel, j'ai la chance et l'honneur aujourd'hui de te recevoir pour épouse et de mêler mon destin au tien. Je promets solennellement devant les gens qui nous sont chers de toute faire pour te rendre heureuse, d'être là pour toi, de te donner la main et de t'accompagner où que tu ailles, quels que soient les chemins que la vie nous fera emprunter, je demeurerai à tes côtés, ici à Imladris, n'importe où ailleurs en terre du milieu, au beleriand et même au delà de la mer…Où tu te sentira à ta place je t'accompagnerai, car la mienne est définitivement d'être près de toi. Toi que j'aime au-delà même de la raison, je choisis de t'épouser et pour symboliser mon engagement envers toi je t'offre cette alliance. Puissent les valars bénir notre union.

Tant d'amour, tant de promesses... Son ton soulignait la force de ses paroles et j'avais quant à moi la gorge nouée par l'émotion. J'avais peine à réaliser ce qu'il venait de dire, mais... Je n'avais pas manqué de relever l'importance de la promesse qu'il me faisait là. Il se disait prêt à tout quitter pour moi, à gagner les terres immortelles à mes côtés si tel était mon souhait. Jumelle moi même et ayant souffert de la séparation avec mon frère, je ne pouvais que saisir le sacrifice que cela représenterait pour Elladan. Pourtant, il se disait prêt à le faire. Pour moi. Quelques larmes se formèrent au coin de mes yeux, que je retins tant bien que mal afin de ne pas détruire la beauté de cet instant. Heureusement pour lui, je n'avais aucune intention de m'en aller pour l'heure... Lorsqu'il me passa la bague au doigt, j'expirai enfin, prenant seulement conscience que j'avais retenu ma respiration pendant son discours.

Légèrement tremblante, je me saisis à mon tour de l'alliance destinée à mon aimé, le coeur battant si fort qu'il en était à présent douloureux. J'avais la vague sensation d'étouffer, de défaillir presque, mais tentai de rester concentrée sur la profondeur d'azur de ses iris. Lorsque ma voix s'éleva enfin, elle résonna d'une force égale qui ne reflétait en rien l'émoi qui me submergeait.

"Elladan, mon cher amour. Je n'aurais jamais cru donner un jour à quiconque plus d'importance qu'à moi même. Cependant, tu m'as appris qu'en cela comme en bien d'autre choses, je faisais fausse route. J'éprouve bien plus de joie et de plénitude à te voir heureux qu'à l'être moi-même, et je ne puis m'empêcher d'espérer que ce sentiment perdure et s'amplifie avec les années. Tu es ce que j'attendais depuis des millénaires, un compagnon, un amant, un ami, une âme sœur avec laquelle, en ce jour, je jure de ne faire qu'un. Je serai partout chez moi, tant que j'y serai en ta compagnie. Je t'aime, plus que je ne saurais le dire. Et par cet anneau, je te prends pour époux aujourd'hui, et pour l'éternité..."

Je glissai finalement la bague à son doigt, me sentant maladroitement gauche tant je tremblais d'émotion. J'ajoutai finalement :

"Puisse notre amour briller avec suffisamment de force pour faire de l'ombre aux étoiles."

A ces mots, je n'attendis plus un instant et embrassai mon époux, d'un baiser aussi délicat que les ailes d'un papillon.

"Astriel, j'ai la chance et l'honneur aujourd'hui de te recevoir pour épouse et de mêler mon destin au tien. Je promets solennellement devant les gens qui nous sont chers de toute faire pour te rendre heureuse, d'être là pour toi, de te donner la main et de t'accompagner où que tu ailles, quels que soient les chemins que la vie nous fera emprunter, je demeurerai à tes côtés, ici à Imladris, n'importe où ailleurs en terre du milieu, au Beleriand et même au delà de la mer… Où tu te sentira à ta place je t'accompagnerai, car la mienne est définitivement d'être près de toi. Toi que j'aime au-delà même de la raison, je choisis de t'épouser et pour symboliser mon engagement envers toi je t'offre cette alliance. Puissent les Valars bénir notre union."

Puissent-ils en effet partir un jour au-delà des mers, ensemble, pour y demeurer en paix à jamais. Demeurer ensemble, le choix le plus important… La séparation temporaire ou éternelle, pour partir vers la guerre, était un sacrifice auquel bien trop avaient déjà consenti, autrefois. Provoquant des chagrins qui ne cesseront jamais et durant encore aujourd’hui. Un choix poussé par les circonstances autrefois, par la vengeance, la colère, l’espoir aussi, qui ne pouvait sembler acceptable aux yeux des générations nées sur ces terres. En observant Elladan passer la bague fine au doigt de sa nouvelle épouse, Galadriel ne pouvait qu’être heureuse de voir renforcée cette conviction, le refus de nouvelles séparations. Bercée par l’espoir que plus aucun membre de sa famille n’ait à vivre, désormais, de telles déchirures. Qu’aucun d’entre eux n’ait, de plus, à renoncer à l’amour ou à une union, bien que cela doive le rendre malheureux jusqu’au jour où il sera emporté par la mort. Ces deux craintes ne pouvaient être effacées si aisément, pas tant, qu’en effet, chacun d’entre eux aura finalement traversé l’océan avec son conjoint et leurs enfants. Une fois en paix en Valinor, alors, ils n’auront plus rien à y craindre.

Il était plutôt désolant d’attendre, secrètement, que tous partent pour se mettre en sécurité… Mis à part à son époux, qui lui partageait la moindre ses pensées, elle n’avait jamais évoqué ce souhait. Afin qu’ils ne se sentent pas rejetés ou non désirés, qu’ils ne puissent pas croire qu’elle souhaitait simplement les voir disparaître. Les voir partir pour un abri plus certain serait à la fois une déchirure brûlante et un soulagement, elle serait enfin rassurée sur leurs sorts. Néanmoins, tout cela était encore bien lointain, ils ne pouvaient que veiller, avec leurs moyens, à ce que la guerre soit contenue et ne vienne pas frapper les leurs. Astriel prit la parole à son tour, la voix claire malgré l’émoi subjuguant son esprit. L’assemblée en était presque à retenir son souffle également, les yeux rivés sur le nouveau couple et en attente. Une tension saine, accompagnant les vœux que prononça la Vanyar. Malgré tout, la cérémonie était intime, plus que d’autres qu’ils avaient connu par le passé. Galadriel espérait qu’ils puissent, une fois parvenus en Valinor, organiser une autre fête, comptant cette fois leurs parents et proches au-delà des mers, même s’ils seront mariés depuis déjà longtemps.

"Puisse notre amour briller avec suffisamment de force pour faire de l'ombre aux étoiles."

Un soupir ému monta de la petite foule lorsque les deux échangèrent le baiser scellant leurs vœux. Elle surprit même Arwen, du coin de l’œil, essuyer rapidement du bout du doigt une petite larme. La joie sera de cette mesure lorsque le couple de nouveau mariés sera à son tour béni par la parentalité. La Dame de Lórien s’avança de nouveau après que le couple ait échangé un baiser, pour couper doucement le ruban en son milieu, puis en attacher chacune des extrémités aux mariés, comme un bracelet. Une étape dont aurait dû se charger la mère du jeune marié, si les circonstances le permettaient. Elle serait si fière de voir ses enfants franchir ce passage si important et plus encore d’assister aux naissances de ses petits-enfants. Celebrian avait tant désiré voir ses enfants se marier à leur tour et devenir parents, sa joie sera certainement immense lorsqu’elle pourra les retrouver.

"Puissiez-vous demeurer ensemble à jamais, par la grâce d’Eru," leur sourit-elle une fois ce geste accompli.

La foule put enfin applaudir à ce moment-là, se lever et pour certains, commencer à chanter, tandis que la musique augmentait en rythme et en force. Il était avant tout temps, pour les plus proches, de venir saluer et embrasser les mariés, en leur donnant leurs vœux. Celeborn vint la rejoindre, alors qu’Arwen, la première, venait serrer son frère et sa nouvelle belle-sœur dans ses bras. Elle glissa la main dans la sienne, lui glissant dans un chuchotement amusé qu’ils avaient attendu cela bien plus longtemps qu’espéré. Les plus jeunes étaient sans aucun doute les plus impatients, s’agitant entre les jambes de leurs parents et déjà tout prêts à se lancer dans la fête. Au-delà de l’esplanade, les choses s’étaient déjà mises en place, pour les invités et leurs hôtes. Ces derniers devaient enfin être moins nerveux, à présents.

"Leur oncle aurait certainement déjà entraîné tout ce beau monde à danser," ajouta-t-elle pour Celeborn, un sourire en coin. "Plus les cérémonies et les embrassades étaient courtes, mieux cela l’arrangeait."

Ils savaient, pour en avoir parlé longuement avec Elrond il y a longtemps, qu’il avait toujours eu pour regret que son frère n’ait jamais connu ses neveux et sa nièce. Cela dit, la lignée d’Elros avait survécu, c’était ce qui comptait le plus.

C'était le premier mariage auquel j'assistais, et je dois bien admettre que j'étais mitigée quant à... Eh bien, à peu près tout. Premièrement, je n'avais pas rencontré la future mariée avant, et cela me chagrinait, pour dire les choses poliment. Je me sentais un peu mise à l'écart de toute cette affaire et bien qu'elle ne me concerne effectivement pas, cela me déplaisait. J'aurais peut être égoïstement voulu être plus intégrée à tout cela. Peut être pas avoir mon mot à dire, évidemment, oncle Elladan pouvait prendre ses décisions tout seul. Mais... A dire vrai, je ne savais pas vraiment ce qui me chiffonnait dans cette histoire. De plus, sa future épouse était probablement la plus belle personne que j'aie jamais vue, au moins aussi belle que grand mère Galadriel. Mais... Cela ne me convenait pas. Peut être, si je voulais bien prendre un instant pour analyser la question, aurai je fini par admettre que j'étais terriblement jalouse. Cette inconnue au bataillon prenait soudain une place prépondérante dans notre famille et moi, exilée la plupart du temps en Arnor au loin, je me retrouvais comme une étrangère. J'étais une sorte de pièce rapportée, tandis qu'elle... Ce n'était pas très juste. Oncle Elladan ne viendrait sûrement plus souvent nous voir, comme oncle Elrohir qui privilégiait sa famille à nous. Je comprenais, mais je ne m'en étais accommodée jusque là que de très mauvaise grâce.

J'étais heureuse de voir mon oncle aussi heureux, bien sûr... Mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir exclue : tout s'était déroulé bien trop vite à mon goût. Peut être mon orgueil était-il également blessé de constater qu'elle était vraiment très belle. L'arrivée de la jeune mariée dans sa tenue iridescente me poussa à constater que ma propre robe, d'une coupe plutôt simple et taillée dans un tissus blanc brodé d'or, n'avait finalement rien de remarquable. Je me redressai en ne laissant rien paraître de mon trouble tandis que les futurs époux prononçaient leurs vœux. Mon amertume s'apaisa quelque peu en constatant le bonheur dans lequel baignait mon oncle. Il était vraiment heureux et c'était le principal. Bien que j'eusse préféré qu'il ne mentionne pas la possibilité de nous quitter pour aller vivre dans les terres immortelles avec elle... Je n'étais certainement pas prête à voir ma famille se déchirer ainsi. Un coup d'oeil en biais à ma mère ne m'indiqua pas le moins du monde ce qu'elle en pensait et mon frère quant à lui n'éprouvait probablement pas la même chose : nous nous entendions finalement sur bien peu de points. Cependant, quelles que soient mes réflexions au sujet de toute cette affaire, je ne pouvais m'abstenir de faire bonne figure.

La tête haute, le port altier, je fis de mon mieux pour ne pas me laisser éclipser par ma nouvelle tante lorsque je m'approchais pour les féliciter. Elle semblait heureuse, elle aussi : il suffisait de les regarder pour voir l'amour qui les liait. A dire vrai, c'était un peu comme de flotter dans un nuage de miel : collant et trop sucré. Je les gratifiai d'un sourire aimable, tout en m'adressant à eux :

"Toutes mes félicitations, mon oncle. J'espère que vous vous sentirez à l'aise dans notre famille, tante Astriel."

Je ne m'attardai pas trop, le reste de notre parenté se pressant afin de féliciter les jeunes mariés. Un regard rapide alentours m'indiqua mes jeunes cousins et cousines occupés à jouer dans un coin. Hélas, j'étais à présent trop âgée pour me joindre à eux. La plupart des adultes s'aggloméraient autour du couple ou discutaient entre eux et j'eus à nouveau l'impression d'être déplacée. Une rapide inspection des lieux m'indiqua que je n'étais pas la seule dans ce cas : une personne que j'identifiai comme un nain se tenait quelque peu à l'écart de la foule. Je me décidai donc et m'approchai d'elle, pensant qu'il était plus confortable d'être seule à deux que toute seule. Au moins, cela donnait l'illusion d'un effort de ma part.

"Quelle effervescence," commentai-je à l'adresse de ce qui s'avérait en réalité être une femme.

Enfin, une naine. De loin, la différence était difficile à déceler mais de près certains détails ne trompaient pas. Je me demandais avec qui elle était venue : il y avait bien peu de personnes extérieures à notre famille ici et j'étais curieuse. Le meilleur moyen de me renseigner étant de procéder aux présentations, je m'exécutai rapidement :

"Je suis Estelwen Elessar, la nièce du marié." précisai-je donc en omettant volontairement mon titre.

Il y avait bien trop de beau monde ici pour que je sois avantagée par mon statut social, et j'aimais mieux établir des bases amicales avec cette inconnue sans que mon titre ne soit la seule chose qu'elle retienne de la conversation. C'était plus confortable ainsi.

Eldarion laissa ses parents puis sa sœur Estelwen présenter leur vœux aux mariés. La cérémonie avait été très courte ce qui était plutôt du goût du prince d'Arthedain. Il était sincèrement heureux pour son oncle Elladan car celui-ci semblait comblé de joie en ce jour si spécial. Le jeune prince avait la chance d'avoir grandi avec de formidables modèles, son père Aragorn bien évidemment, mais également ses deux oncles dont la réputation n'était désormais plus à faire en terre du milieu. Tout ce qu'il espérait, c'était de pouvoir se montrer digne de ses aïeux et de pouvoir assumer les responsabilités qui lui incomberaient un jour.
Il s'approcha à son tour du couple désormais uni dans l'amour éternel et présenta ses hommages et ses félicitations avant de céder sa place aux suivants.

Bien évidemment le suivant était Elrohir. Le frère du marié affichait un grand sourire, tellement heureux que son frère puisse sentir le même bonheur qu'il avait ressenti lui aussi le jour de son mariage. La promesse qu'il avait faite à Astriel ne venait en rien occulter cette joie intense qu'il ressentait en cet instant. Après tout il comprenait totalement que la place de son frère était d'être près d'Astriel tout comme la sienne était auprès de sa petite famille. C'était dans l'ordre des choses et il n'y avait rien de plus agréable pour lui que de savoir son frère heureux, amoureux et sincèrement aimé en retour.
Le fils d'Elrond gratifia la mariée de son plus beau sourire et la salua d'un signe de tête gracieux en lui adressant ses félicitations :
- Toutes mes félicitations pour votre mariage ! Je suis honoré de vous compter comme ma belle sœur.
Puis, il se tourna vers son frère et les deux fils d'elrond échangèrent un regard complice, espiègle mais aussi plein d'émotions. Il n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre, nul besoin de formuler des mots lorsqu'un regard ou un geste suffisent. Alors, simplement, ils se prirent dans les bras l'un et l'autre durant de longues secondes puis se séparèrent en posant chacun une tape amicale sur l'épaule de l'autre. Aucun mot n'était sorti et pourtant aucune félicitations de l'entourage d'Elladan n'avait véhiculé autant d'émotion et de joie partagée que cette étreinte avec son complice de toujours. Après quoi, Elrohir céda sa place à son épouse.

Lalwendë fut précédée par ses deux filles qui semblaient vivre la meilleure journée de leur courte existence. Elles avançaient vers le couple en sautillant, se tenant par la main l'une et l'autre et fredonnant l'air de musique qui était joué au loin par quelques musiciens. Les deux jumelles prirent place, l'une face à Astriel, l'autre face à Elladan puis elle enlacèrent les mariés au niveau des jambes, levant la tête pour croiser le regard de leurs aînés qui culminaient si haut ! Leurs sourires angéliques et leurs yeux pétillants d'un émerveillement certain, représentaient leur façon de féliciter les jeunes mariés. Après cela, elles partirent rejoindre leur père tandis que Lalwendë approchait.

La dame d'imladris approcha de son amie Astriel et s'empressa de lui tendre les mains pour qu'elle s'en saisisse. Les deux elfes s'étaient liée d'une certaine amitié et il était assez émouvant pour Lalwendë de pouvoir compter désormais Astriel comme une membre de sa proche famille. La Noldo plongea son regard sombre dans celui de son amie et lui adressa un grand sourire :
- Félicitations ! Je suis heureuse que vous soyez désormais officiellement des nôtres. A tous les titres qui vous sont attribués, vous pourrez désormais ajouter celui de Dame d'Imladris ! Puissiez vous trouver la plénitude auprès de votre mari biensur, mais aussi auprès de votre nouvelle famille

Du bout de ses doigts fins, la belle elfe brune sentit l'alliance que son amie portait désormais à l'annulaire gauche. Elle espérait avoir été à la hauteur de leurs attentes en matière de ciselage et de sublimation de ces anneaux, symboles de leur amour et de leur union. Après un ultime sourire, la femme d'elrohir tourna le regard vers son beau frère tout en lâchant les mains d'Astriel. Il avait le même visage, les mêmes expressions et mimiques qu'elrohir pour exprimer ses émotions. Or elle pouvait aisément constater le bonheur qu'il ressentait en cet instant. Elle le félicita à son tour avant de laisser sa place à son tour.

De la famille d'elrohir, il ne restait plus qu'Earon à devoir passer devant le couple marié. Ce n'était pas chose évidente pour ce dernier qui était doté d'une forte timidité et d'une grande sensibilité. Il avait cette capacité à ressentir les émotions des autres et donc pouvait ressentir le bonheur oui mais aussi la vive émotion des mariés suite à cette cérémonie. Ressentir tout cela, couplé à sa timidité mit le jeune elfe dans l'incapacité de pouvoir s'exprimer verbalement auprès de son oncle et de celle qui devenait donc sa tante. Néanmoins il s'approcha d'eux et passa un bras sur chacun d'eux pour enclencher une étreinte à trois. C'était son seul moyen de transmettre ses vœux et son amour à ce couple. Lui qui habituellement n'avait aucun problème à s'exprimer et à tenir de grandes discussions, était totalement différent lors de certaines situations particulièrement riches en émotions et qui plus est aux yeux de tous. Après cette chaleureuse étreinte, il leur offrit un sourire et s'éclipsa à son tour.

Il ne restait plus que quelques personnes qui attendaient pour saluer les mariés et ensuite ils pourraient passer aux festivités plus décontractées : le repas, les chants, la danse, la musique… Tout ce qui permettrait de fêter cet événement dignement.

Tandis qu'Araekin nous rendait visite aux Champs, il reçut un message de sa sœur l'informant de son prochain mariage. Pour une raison qui m'était obscure, elle semblait m'avoir incluse dans l'invitation et j'aurais trouvé cela grossier de refuser. On n'assistait pas souvent à ce type d'évènement, et je ne m'étais jamais rendue à Imladris. C'était une occasion en or et je décidai de la saisir. L'atmosphère entre Araekin et moi était quelque peu... Nébuleuse, dernièrement. Nous étions gênés en présence l'un de l'autre et je ne savais pas quoi faire pour que les choses s'arrangent. Il me semblait essentiel de décanter la situation, mais comment ? Je pouvais tout à fait accepter qu'il agisse avec moi comme avec n'importe qui d'autre, mais il m'était difficile d'avoir la sensation que je le dérangeais. Bien que j'aie fait le point avec mes sentiments, je commençais à penser de plus en plus sérieusement que nous n'étions pas destinés l'un à l'autre et que par conséquent je ferais mieux de mettre un frein définitif à mes envies, afin de pouvoir passer à autre chose.

Cependant, le moment n'était pas venu de décider de ce que je devais faire et j'essayai de me montrer aussi aimable et avenante que possible. La cité d'imladris m'impressionna et je me sentis vite à l'aise dans ce panorama splendide. Le clapotis incessant de l'eau me rappelait la maison et me mit à l'aise. Sensation qui se dissipa rapidement au matin du mariage, car je ne cessai de rencontrer de grands noms dont je n'avais entendu parler que dans des livres ou des contes. J'avais un peu l'impression d'être une enfant qui se retrouve soudain transportée dans un livre d'histoires, au milieu d'êtres quasi divins.

Bien vainement, je m'étais mise sur mon trente et un. Bien que je n'aie rigoureusement aucun espoir de m'élever au niveau minimum du reste de l'assemblée, je pouvais au moins essayer de ne pas avoir l'air d'un canard boiteux parmi les cygnes. J'avais donc revêtu une robe de velours bleu roi brodée d'or. La jupe longue retombait en plis gracieux jusqu'au sol, et le col haut était embelli d'arabesques dorées dans lesquelles avaient été intégrées quelques minuscules pierres précieuses, majoritairement des saphirs. Les manches s'achevaient en bracelets d'or et de saphirs entremêlés que j'avais forgés moi même, tout comme la pince à cheveux assortie qui maintenant ma chevelure d'un roux flamboyant en un chignon serré. J'avais également mis des boucles d'oreilles pendantes constituées d'arabesque d'or, qui remontaient gracieusement les courbes de mes oreilles pour s'achever en un entrelacs de feuilles de lierre que j'avais ciselées dans de l'or. De fines chaînes d'or pendaient en quatre points de la boucle, environ séparés d'un centimètre l'un de l'autre. Chacun pendait sur cinq centimètre, le plus bas effleurant mon épaule. Les chaînettes étaient lestées de minuscules lys de saphir.

Lorsque la cérémonie débuta enfin, je constatai qu'en effet, j'étais littéralement entourée pas des êtres de légende. J'étais intimidée, pour le moins, et je me tenais à l'extérieur de l'assemblée, qui était fort heureusement assez dispersée et peu nombreuse pour que je puisse voir ce qu'il se passait. La cérémonie en elle même était assez belle et intéressante, et je constatai avec un intérêt certain que les promis s'admiraient avec un amour évident. On aurait pu croire avoir à faire à un soleil et sa lune, aussi lumineux l'un que l'autre mais uniquement éblouis l'un par l'autre. Je glissai un regard en coin à Araekin, réalisant plus que jamais à quel point nos mondes étaient éloignés. Nous n'avions, décidément, rien en commun. Dépitée, je me contentai de féliciter rapidement les jeunes mariés par quelques mots "classiques" accompagnés d'un sourire. Puis, je m'éclipsai à distance, non loin de l'assemblée mais néanmoins à l'écart. Je n'avais aucunement ma place ici. J'étais exactement comme un vilain petit canard parmi les cygnes. J'étais perdue dans mes pensées lorsqu'une voix chantante m'interpela. Je sursautai, n'ayant pas vu la demosielle arriver.

"Quelle effervescence," dit-elle simplement.

Je jetai un regard incrédule autour de moi, me demandant si c'était bien à moi qu'elle s'adressait. Constatant que c'était le cas, je répondis simplement :

"En effet, mais c'est bien normal dans ses conditions."

Ma réponse était plus rhétorique qu'autre chose et n'appelait pas vraiment à la conversation. Cependant, la jeune elfe ne se laissa pas démonter et poursuivit :

"Je suis Estelwen Elessar, la nièce du marié.
-Aléa Barbe-de-feu. J'accompagne le frère de la mariée."

J'avais eu l'impression qu'il était nécessaire de justifier ma présence, afin qu'on ne croie pas que je m'étais incrustée à cet évènement. Un rapide examen de mon interlocutrice me permit de constater qu'elle ressemblait fort à Dame Galadriel, qui officiait pour cette cérémonie. Nul doute qu'il y avait là des airs de famille. A dire vrai, elle ressemblait aussi un peu à Astriel... Très vaguement. Je ne connaissais pas assez d'elfes pour pouvoir en juger, mais j'avais l'impression qu'elles avaient le même genre de similitudes que celles qui m'unissaient à la majorité du clan barbe de feu. Un air de famille éloignée, comme l'arborent les Touques également. Peut être étaient-ils parents très éloignés ? A bien y regarder, effectivement dame Galadriel et dame Astriel avaient des points communs. J'étais curieuse mais il aurait été grossier de m'interroger sur la parenté des invités aussi tentai-je de lancer un autre sujet de conversation :

"C'est un honneur d'être ici. J'ai cru comprendre que les mariages sont plutôt rares, puisque vous vivez très longtemps."

Je n'avais pas encore fait le rapprochement entre le seigneur Aragorn et la jeune fille qui me faisait face et dans mon esprit, celle-ci était purement elfe. Il me semblait logique que des peuples destinés à vivre pendant des millénaires devaient vivre un peu au ralenti. Davantage en tout cas que d'autres qui, comme le mien, avaient une durée de vie bien plus réduite. Nous étions bien obligés d'aller plus vite, car nous n'aurions jamais des millénaires devant nous pour agir.

Mon cœur battait si fort que la tête m'en tournait. A l'instant où mes lèvres quittèrent celles de mon époux et où j'ouvris les yeux, la joie me submergea plus encore. Elladan rayonnait, lui aussi. J'avais la délicieuse sensation qu'il m'illuminait de sa douce chaleur, qu'il était l'astre autour duquel mon existence graviterait à présent, et pour toute l'éternité. Je détachai finalement mon regard du sien pour le poser sur l'assistance. La joie flottait sur tous les visages et je sentis mon cœur manquer un battement à l'idée que la plupart de ces gens étaient à présent ma famille. Je n'oublierais certes pas ceux avec qui j'avais grandi, mais les personnes qui me faisaient face avaient déjà une place toute particulière dans mon cœur. Je me laissai doucement aller contre mon époux, appréciant son contact doux et chaleureux, tandis que dame Galadriel se chargeait de la suite du rituel, coupant puis nouant le cordon qui nous unissait à présent, avant de reprendre la parole.

"Puissiez-vous demeurer ensemble à jamais, par la grâce d’Eru."

Je souriais toujours, les joues teintées de rose. La foule applaudissait à tout rompre, certains se mettant à chanter tandis que la musique s'intensifiait. Le seigneur Celeborn rejoignit son épouse pour nous offrir ses vœux, ainsi que la jeune sœur d'Elladan à qui je rendis son accolade avec un léger regret à l'idée que mes parents et mon autre frère ne puissent nous féliciter eux aussi. Ce regret plana un instant mais s'effaça bien vite sous la tendresse et l'amour qui régnaient en maître parmi nous. La jeune Estelwen, qui ressemblait tant à dame Galadriel que s'en était saisissant, s'avança à son tour. Elle semblait mal à l'aise, mais je mis cela sur le compte de la gêne qu'elle pouvait ressentir dans une telle occasion. J'aurais probablement été intimidée à sa place, lorsque j'étais aussi jeune.

"Toutes mes félicitations, mon oncle. J'espère que vous vous sentirez à l'aise dans notre famille, tante Astriel."

Je la remerciai d'un sourire en inclinant gracieusement la tête, puis répondis doucement :

"C'est déjà le cas, je vous remercie."

Les plus jeunes des enfants s'étaient déjà égayés comme une volée d'oiseaux, piaillant gaiement à qui mieux mieux. Le seigneur Elrohir approcha à son tour, manifestement aussi heureux que son jumeau. Il était amusant de les voir évoluer tous les deux, comme deux facettes d'une même pièce, semblables et pourtant différents, indissociables et pourtant uniques. Mon nouveau beau-frère me sourit tout en me gratifiant d'un signe de tête, auquel je répondis de même façon.

- Toutes mes félicitations pour votre mariage ! Je suis honoré de vous compter comme ma belle sœur.
-Tout le plaisir est pour moi, je puis vous l'assurer," répondis-je d'un air taquin.

J'avais appris à aimer cette famille comme la mienne et me sentir si bien accueillie parmi eux avait quelque chose de singulièrement émouvant. Les deux frères partagèrent une accolade des plus touchantes, qui disait mieux que les mots ce qu'ils ressentaient en cet instant. Vint alors Lalwendë, la première amie que je me sois faite de ce côté ci de la mer, et celle dont j'étais, depuis, devenue la plus proche. Ses filles, mes nièces, encadraient leur mère avec un plaisir manifeste. Elles dansaient en marchant, ne s'arrêtant de fredonner que pour nous enlacer les genoux en nous regardant, leurs petits visages exprimant parfaitement leur enthousiasme. Elles nous transmettaient leurs voeux à leur manière, de la façon la plus adorable qui soit. Je me pris à me demander un instant à quoi pourraient bien ressembler nos enfants, lorsque nous en aurions. Je glissai un regard un coin à Elladan, la commissure droite de mes lèvres s'élevant légèrement tandis que je me retenais de pouffer. Il était peut être un peu tôt pour m'interroger sur cela. Je repris mon sérieux tandis que Lalwendë me tendait les mains, que je saisis avec ferveur. Nous partagions une relation plus profonde que la plupart de celles que j'avais nouées dans ma vie, bien que je n'aie jamais vraiment compris pourquoi son amitié était si rapidement devenue si chère à mon cœur.

- Félicitations ! Je suis heureuse que vous soyez désormais officiellement des nôtres. A tous les titres qui vous sont attribués, vous pourrez désormais ajouter celui de Dame d'Imladris ! Puissiez vous trouver la plénitude auprès de votre mari biensur, mais aussi auprès de votre nouvelle famille
-Les mots ne peuvent exprimer à quel point je suis heureuse de pouvoir vous appeler ma sœur, Lalwendë. Il y a déjà longtemps que je vous considère comme telle." avouai-je d'une voix tremblante d'émotion.

J'étais d'autant plus touchée que je savais le soin qu'elle avait pris à ciseler mon alliance. Ainsi, je porterais en tout temps un symbole non seulement de l'amour que je partageais avec mon époux, mais aussi de la tendresse particulière que nous nous portions l'une à l'autre. Je la relâchai presque à regret tandis qu'elle présentait ses félicitations à Elladan avant de céder sa place. J'aurais aimé lui parler d'avantage, mais cela pouvait attendre. Nous aurions bien des occasions de discuter, à l'avenir.

Le jeune Earon s'approcha à son tour, transpirant la timidité. Il était encore plus mal à l'aise que sa cousine, manifestement submergé par l'agitation qui l'entourait. C'était attendrissant, à dire vrai. Lorsqu'il nous serra tous deux dans ses bras, je posai doucement la main sur ses cheveux, dans un geste qui n'était pas sans me rappeler celui que mon père avait à mon égard, lorsque j'étais toute jeune. Il nous sourit finalement avant de s'éclipser, probablement soulagé de ne plus être le centre de l'attention.

D'autres membres de l'assemblée vinrent nous féliciter tour à tour et je répondis de la façon la plus gracieuse possible, submergée par tout l'amour que l'on nous portait en cet instant si particulier. Je serrai doucement la main d'Elladan dans la mienne, cherchant du regard mon jumeau dans la foule. J'étais presque déçue qu'il ne soit pas parmi les premiers à être venus nous féliciter, mais il fallait bien avouer que l'on se bousculait presque pour venir nous souhaiter des vœux de bonheur...

Les invités se pressaient, à présent, pour adresser leurs félicitations aux nouveaux époux, à commencer par la famille proche, bien entendu. Elle posa un regard attendri sur les enfants, lorsqu’ils vinrent à leur tour, touchée par la nouvelle génération. Encore protégée des guerres et des peines, elle espérait pour longtemps. Son esprit vagabondait avec légèreté dans les foule, voletant entre les âmes des uns et des autres, leurs pensées, leurs émotions… La joie régnait, l’amour aussi, mais également des émotions plus en décalage. Une certaine jalousie, un malaise, le sentiment d’être à l’écart… Peu de personnes étaient prises de tels sentiments et il ne fut pas très compliqué de découvrir à qui ils appartenaient. Aux côtés de son époux, sans bouger, elle glissa un regard vers les détendeurs de ces émotions, l’air neutre. L’arrivée d’un nouveau membre dans une famille était toujours un bouleversement, cela étant, ce ‘était pas le seul sujet chagrinant l’esprit de sa petite-fille. Une crainte, à peine avouée, la peur d’une déchirure et de l’éloignement… Un sentiment trop familier à la Dame de Lothlórien pour passer outre.

Néanmoins, son arrière-petite-fille se dirigea à son tour vers une des invités, afin d’engager la conversation, avant que Galadriel ne tente d’aller la voir. Elle stoppa donc immédiatement le mouvement initiée, échangeant un regard avec son époux. Il avait, lui aussi, senti quel genre de trouble agitait le cœur de la jeune enfant. Celle avec qui elle discutait possédait par ailleurs une apparence… Curieuse. Elle était venu avec Araekin, quelques temps avant la cérémonie. Certains métissages donnaient de très curieuses personnes, pour ne pas dire étranges, possédant de fait un esprit plus volage. Preuve en est, s’il l’était encore nécessaire, que l’amour et l’attirance ne souffraient d’aucune règles. Tout cela la laissait circonspecte… Il était déjà bien compliqué pour un Humain et un Elfe de s’aimer et vivre ensemble, alors que la mort était la seule issue d’un tel amour. Dans d’autres cas similaires, elle comprenait d’autant moins d’où était venue l’attirance. Lorsque de tels écarts existaient, sur la culture autant que le physique, d’où naissait l’amour ? Il était pourtant plus simple de vivre avec une personne vous ressemblant, cela faisait bien moins souffrir… Un concept avec lequel sa propre famille avait un mal infini. Son propre frère en souffrait déjà, avant son décès…

En y pensant bien, il n’y avait, quoi qu’il en soit, pas grand-chose de normal, dans leur famille… Il serait bien plus que temps de s’en faire une raison. Son regard voleta sur leurs petits-enfants, puis arrières-petits-enfants, tout en se demandant sil viendra une période où pareilles questions ne se poseront plus. Peut-être jamais. La foule commençait enfin à s’égayer, la musique gagner en force, alors que chacun était invité à déjeuner, boire et danser. Visiblement, la jeune Estelwen n’était pas la seule à peu se sentir à l’aise, dans une telle assemblée, son frère aîné ne l’était guère plus. Il devra pourtant bien s’y faire, tel était son rang. Eldarion, cependant, cacha en apparence mieux ses propres troubles, en entamant la discussion. Plus il vieillissait, plus il prenait les traits physiques de son père. Même le ton de sa voix le devenait, plus grave dorénavant, plus confiante. Bien que son visage respire en partie la noblesse des traits de son ascendance elfique, ses intonations, sa gestuelle et ce qu’il dégageait étaient sans conteste issus de son ascendance humaine. Le sujet des relations fut, bien sûr, abordé, bien que le jeune homme, s’il était heureux de voir de nouveaux couples dans la famille, ne semblait pas, pour sa part, si pressé de s’engager.

"C’est un lien si fort… Peut-on être si sûr de son choix ?"

"Bien entendu."

Il n’avait tout simplement pas encore rencontré celle avec qui il sera certain de son attirance, mais cela viendra. La jeunesse était fougueuse.