Alatar

Histoire : Dans les Halles Intemporelles, en dehors du temps et des confins du cosmos, Eru Ilúvatar créa par sa pensée les Ainur et leur insuffla la Flamme Éternelle. Parmi eux se trouvaient des êtres de force dissemblable : l’un, que l’on connaîtra plus tard comme Oromë, attira à lui des esprits inférieurs durant la grande musique des Ainur, notamment un Maia qui portera un jour le nom d’Alatar. Lorsqu’Eru Ilúvatar accepta de donner forme à la vision d’Eä, et de matérialiser Arda, le monde primitif gravitant en son sein, la beauté et le potentiel qu’avait révélé la vision convainquirent Alatar de franchir le voile d’Eä pour seconder son maître Oromë et ses semblables dans le façonnement du monde.

Après quoi, il fut désigné comme l’un des cinq gardiens devant protéger les elfes éveillés dans le Cuiviénen, aux confins orientaux d’Arda, alors qu’Oromë se réunissait avec les autres Valar pour préparer la Bataille des Puissances, conflit divin dont Melkor sortit vaincu et enchainé. Il développa en ces temps une affection particulière pour les Enfants d’Ilúvatar qui ne le quitta jamais, affection qui se manifesta à nouveau bien des siècles plus tard, en l’an 1600 du Deuxième Âge, lorsque Alatar accepta de représenter Oromë pour se rendre en Terre du Milieu afin d’investiguer la recrudescence des activités de Sauron, successeur et ancien lieutenant de Melkor. Il proposa d’être accompagné par un autre Ainu fidèle d’Oromë, un certain Pallando, traversa la Grande Mer puis remonta le fleuve Gelion aux côtés de Glorfindel revenu d’entre les morts et missionné pour assister les seigneurs elfes Gil-galad et Elrond.

Ainsi accostèrent au Lindon les premiers Istari, Maiar à l’apparence de vieux sages aux pouvoirs astreints au service des peuples libres de la Terre du Milieu. Le duo se dirigea vers le Sud-Est, en direction du Mordor et de ses alentours. Ceux que les elfes appelèrent bientôt les Mages Bleus évitèrent soigneusement les agents de Sauron et se fondirent parmi les Orientaux, Variags, Gens-des-Chariots, et Haradrims peuplant les vastes contrées oubliées par les Edain.

Ils se rendirent plus loin encore, au-delà des terres connues et cartographiées, mais même à de telles distances ressentaient-ils l’influence grandissante d’un voile funeste s’étendant de l’Orodruin. Les Istari décidèrent donc de s’immiscer dans les affaires des autochtones, apprenant leurs langues et traditions. Ils déjouèrent de nombreux desseins obscurs en divisant les tribus les plus belliqueuses et en détournant durablement les plus paisibles des griffes de l’ennemi, à tel point d’ailleurs qu’ils reçurent une abondance de surnoms locaux et entretinrent une image de redoutables mystiques. Les conséquences furent évidentes après d’innombrables intrigues à travers les âges : Sauron rencontrait des difficultés à réunir autant d’alliés humains que prévu, permettant au Gondor de résister plus aisément à la menace constante du Mordor et évitant aux peuplades méridionales et orientales de se confédérer sous la bannière du Seigneur des Ténèbres.

Les siècles passèrent et les Mages Bleus restèrent relativement isolés des évènements centraux de la Terre du Milieu. En l’an 3053 du Troisième Âge, ils convinrent néanmoins de se séparer au nord-est d’Ered Lithui : Alatar remonterait jusqu’aux rives de la Mer de Rhûn, où les rumeurs parlaient de disparitions mystérieuses, tandis que Pallando descendrait dans la province d’Umbar, où l’on soupçonnait la résurgence de Númenóréens Noirs. Séparé de Pallando pour la première fois depuis longtemps, Alatar quitta les flancs stériles du Mordor avec une certaine appréhension...

Physique : Au premier abord, Alatar ne paraît pas bien différent d’un vieillard vagabond. Une bure usée l’enrobe du cou aux chevilles, refermée au niveau des épaules par une simple broche de cuivre. Pourtant, ce haillon délavé dissimule un ensemble de tissu bleu foncé entretenu avec grand soin que l’Istar ne révèle qu’en de rares occasions. Il se maintient légèrement voûté à l’aide d’un grand bâton aux nuances d’azurite et marche lentement, là encore une feinte pour dissimuler son excellente santé et une allure altière. Sa chevelure blanche abondante doublée à une barbe de même teinte renforce l’impression d’un patriarche diminué et errant. Il a des yeux clairs surmontés d’épais sourcils hirsutes et une voix profonde bien que légèrement voilée par l’âge. La puissance de son timbre ne se révèle qu’en combat, tout comme l’étonnante agilité et vigueur de ses membres en situation critique.

Caractère : Alatar est assez peu loquace, préférant observer et réfléchir longuement avant de formuler des propos. Ses errances en territoires hostiles et inhospitaliers lui ont appris à garder profil bas et se contenter d’une existence frugale, loin du confort des Edain. Forgé par des siècles à parcourir les lointaines terres de l’Est et du Sud, l’esprit du Maia est vif et rompu aux mystères d’Arda. Son affinité avec Oromë fait que peu de choses le surprennent encore, mais il reste pourtant curieux et conscient que sa tâche ne pourra réussir sans le concours d’autrui. Il est un être philanthrope et attentionné - et ce malgré de grandes périodes d'éloignement de toute civilisation - faisant de lui une source de bienveillance appréciée des affligés. Néanmoins, il peut parfois faire montre d’une faiblesse commune aux Istari, l’impatience, et d’une autre propre à Oromë, le courroux.

Aptitudes : C’est en endiguant l’influence de Sauron à l’intérieur du cœur des hommes hâlés que l’Istar développa une facilité notable à déceler la tromperie et les stratagèmes tant propres aux mortels. De par ses liens antiques avec le Vala Oromë, il détient une connaissance inégalée du bestiaire de la Terre du Milieu et dispose d’une affinité particulière avec les elfes, les chevaux, et les êtres des forêts avec lesquels il peut converser aisément dans toutes leurs langues. Ses voyages incessants au-delà des royaumes de l’Ouest font aussi de lui une réelle autorité sur l’histoire et les usages du continent, et les sentiers sûrs n’ont pour lui plus de secrets. Comme les autres membres de son ordre, il dispose d’une panoplie de sorts que sa vocation suprême et sa forme diminuée de vieillard ne lui permettent d’utiliser qu’à bon escient et sans le but de dominer. Rares sont ceux ayant assisté à ses démonstrations de force, et encore plus rares – pas plus qu’une poignée dans la Terre du Milieu – sont au courant de sa véritable nature.