Les lieux étaient légèrement familiers, c’était ici qu’il avait croisé cet Humain blessé, écroulé dans un coin près de la route. Rien n’avait changé, depuis lors, si ce n’est une herbe plus verte et grasse qu’elle ne l’était à ce moment. Ils avaient entendu dire que les Humains de ce pays avaient poursuivi une longue guerre, entre eux, durant l’année écoulée, achevée depuis peu. Le motif, ça, il avouait ne pas avoir très bien compris, lors de son précédent passage, une histoire de guerres de clans. Si c’était bien ça, le motif était très habituel. Le pays ne semblait pas avoir changé, sinon cela… Du moins, à ses yeux, peut-être il y avait-il eu effectivement des changements dont ils ne pouvaient pas se rendre compte. Il ne s’était écoulé que quelques mois, après tout. Il boucha la gourde qu’il venait de remplir, la lança à Maglor pour qu’il la range, puis remplit la seconde dans le ruisseau. La nuit tombait en douceur, tout était très calme. Peu d’oiseaux ou d’animaux, sur ces terres, le silence y régnait souvent en maître. Ils avaient progressé sans encombre, croisant peu d’âmes.
« Tu penses qu’il y a eu une épidémie ? » demanda son frère d’un ton pensif, tout en se remettant en marche avec lui.
« Pourquoi ? »
« Ce village me semblait étrangement désert, plus tôt. Sans compter qu’il y avait plus de jeunes pousses que d’adultes. Leurs parents ont pu être emportés par une maladie. »
« Plutôt par cette guerre de clans, sans doute. Ça devrait vite revenir à la normale, les Humains ont toujours eu beaucoup d’enfants. »
« Je leur envie, parfois, » avoua Maglor avec un sourire rêveur.
Il se mit à fredonner une vieille chanson, tandis qu’ils poursuivaient leur route sous la lueur des étoiles. Maedhros laissa son esprit vagabonder, durant ce temps, pour se reposer. Le voyage se déroulait assez tranquillement, pour une fois, ils ne croisaient pas grand-monde et pas non pus d’orques ou autres bestioles du même type. Bien qu’ils aient déjà vu des incursions, et affronté certaines à l’occasion, ils ne se trouvaient pas dans des régions où leurs ennemis pullulaient. Ils croisaient des hameaux, de temps à autre, entourés de petites fermes, souvent des élevages. Tous deux gardaient leurs capuchons sur la tête, en voyageant, ça leur offrait un semblant de paix lorsqu’ils devaient traverser des lieux d’habitation et parfois s’y arrêter, tout en évitant certains regards insistants. Tout ce qu’il ne pouvait vraiment cacher était sa taille. Le peuple Nain de passage dans ces contrées avait certainement le même problème. Suite à un voyage somme toute paisible, ils arrivèrent un matin à la capitale du pays. Plutôt… rustique, à l’image de ses habitants.
La ville s’éveillait encore, pour une partie, d’autres semblaient s’être mis au travail avant même la levée du soleil. Les rues en terre et rarement pavées formaient un ensemble complexe et désordonné de petits trajets s’entremêlant les uns aux autres. A un moment, une odeur agréable de pain puis la minute suivante, celle plus atroce d’une tannerie, portée par le vent. Le rouquin observa le château, encore au loin, peu certain de si le gars sauvé il y a un an était toujours en vie. Après tout, avec de telles blessures, surtout pour un Humain… Ils attrapaient toutes sortes d’infections très facilement et certaines étaient terribles. Il y avait eu de ces scènes, sur le champ de bataille même, où il avait fallu amputer certains à vif. Un peu plus loin, une place assez large se tenait, occupée par un marché en pleine activité. Ils repoussèrent enfin leurs capuchons, à présent qu’ils étaient arrivés, puis se mirent à la recherche d’un garde ou deux. Peu difficiles à repérer, au moins. Il en interpella un, dont le visage était un étrange mélange entre vieillesse et jeunesse… Certains Humains, comme celui-là, le laissaient toujours perplexe, tant il était impossible de définir leur âge.
Il se présenta, comme son frère, avant de donner la raison de leur visite ici. Ce ne sera peut-être pas possible, mais ils pouvaient attendre. Aucune urgence n’était encore prévue, ou du moins, n’était encore tombée. Le temps que le garde retourne dans la forteresse pour voir avec ça avec son chef, il échangea quelques mots avec Maglor, dans leur langue maternelle. En observant la ville hétéroclite en contrebas.
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