Elkäèl, l'histoire d'une destinée...

Prélude – L’avènement d’El K ä èl , « Le brillant béni qui vit à la source des arbres »

Loin au nord, comme un défi à Melkor, Varda fit une ronde de sept étoiles majeures, Valacirca, la Faucille des Valar, comme l’annonce de sa ruine.




De tous les Etres Supérieurs qui demeurent en ce monde c'est à Varda que les Elfes donnent en premier leur amour et leur respect. Ils l'appellent Elbereth, ils invoquent son nom dans les ombres des Terres du Milieu et la célèbrent dans leurs chants au lever des étoiles. Avec Manwë demeure Varda, Dame des Etoiles, qui connaît toutes les régions d'Eä. Sa beauté est trop forte pour être chantée par les mots des Humains ou des Elfes, car l'éclat d'Ilúvatar est encore sur son visage.



Sa servante était Ilmarë. Au commencement des jours, Varda emplit de sa lumière Illuin et Ormal, les Deux Lampes, pour éclairer Arda. Elle créa les étoiles, mais celles-ci étaient pâles et peu lumineuses. Ce furent ensuite les Deux Arbres de Valinor qui éclairèrent la Terre du Milieu. Et de leur éclat, Varda fit la plus belle de ses œuvres, pour préparer l’arrivée des Premiers-Nés.




On raconte que lorsque Varda eut achevé son oeuvre, et il fallut longtemps, quand Menelmacar s'élança dans le ciel et que la flamme bleue d'Helluin perça les nuées au-dessus des murailles du monde, à ce moment même naquirent les Enfants de la Terre, les Premiers-Nés d'Ilúvatar.

Or donc, comme cette vision d'un monde nouveau se déroulait devant eux, les Ainur virent qu'il renfermait des choses dont ils n'avaient pas idée. Ils assistèrent avec stupéfaction à l'arrivée des Enfants d'Ilúvatar dans la demeure qui leur était aménagée, et comprirent qu'eux-mêmes, tandis qu'ils élaboraient leur musique, avaient participé à la création de cette demeure sans y voir d'autre dessein que sa propre beauté.

Les Ainur furent les premiers êtres créés par Ilúvatar, qu'il engendra de sa pensée avant le commencement du monde. Ils émanaient tous d'une partie différente de son esprit, ce qui leur donnait à chacun une compréhension limitée de l'Un.

Seul Melkor, le plus grand de tous les Ainur, hérita d'une partie des dons de chacun. Ces grands esprits, sous la direction d'Eru qui leur enseigna maintes choses, interprétèrent la musique des Ainur, l’Ainulindalë, à partir de laquelle leur fut dévoilée une vision du monde : la Vision d'Ilúvatar.

Eru leur expliqua également la majeure partie de ce que serait ce monde, ce qui leur en donna une grande connaissance. Puis il le fit devenir réalité.
Certains des Ainur, ceux qui avaient été le plus émerveillés par cette vision d’Arda, décidèrent alors d'aller y vivre, afin de préparer la Terre pour la venue des Elfes et des Humains : les Enfants d'Ilúvatar. Ils s'attachèrent ainsi au monde jusqu'à sa fin.

Mais à une condition - venue d'Ilúvatar ou peut-être seulement de leur amour: désormais leurs pouvoirs seraient limités au Monde et contenus par lui, et ils y resteraient éternellement, jusqu'à sa fin, de sorte qu'ils en seraient la vie et qu'il serait leur vie même. En suite de quoi ils furent nommés les Valar, les Puissances du Monde.




Au début du monde, le plus jeune des valar, Irmo, maitre des visions et des rêves vit la chute des deux arbres de Valinor par Ungoliant et Melkor; Elkael défiant Melkor par le fait même de son existence et de son lien immortel avec les deux arbres. Elkäèl fut abreuvé de la sève de Telperion et de Laurelin avant la création des Silmarils.



Esté, la douce, qui soigne tous les maux et les fatigues, qui apporte le repos et Irmo (Lorièn) parce que ses jardins sont à Lorien, aux pays des valar, les plus beaux qui soient au monde, peuplés de nombreux esprits firent un don de guérison et de vision à Elkäèl.

La servante d'Estë, Melian partit en terre du milieu avec Elkäèl et fut aidée dans sa traversée par Ulmo, le seigneur des Eaux. Celui-ci fit appeler Tuor qui faisait partie de ses plans. Le Seigneur des Eaux lui demanda de quitter les cavernes et l'emmena sans que personne ne le sache à Nevrast. Là-bas Tuor tomba amoureux de la Grande Mer. Ulmo avait nommé Tuor porteur du message destiné à Turgon, roi de Fingolfin et de Gondolin, Seigneur des Noldor. Il lui fit part du secret des valar et qu'Elkäèl devait être élevé et accueilli comme un noldor. Son éducation fut confié au sage de Nevrast. Ulmo scella la mémoire d'Elkäèl.

Plus tard, Tuor construisit un grand navire et fit voile vers l'Ouest avec son épouse. Plus personne n'entendit parler d'eux. On dit que Tuor, seul parmi les mortels, fut accepté par les Noldor et qu'il rejoignit la race antique, séparant ainsi son sort de celui des Humains.

Tuor naquit deux mois après le départ de son père Huor pour la bataille de Nirnaeth Arnoediad. Sa mère s'inquiéta pour son mari et s'enfuit de chez elle. Elle fut recueillie par les Elfes Verts de Mithrim qui élevèrent Tuor. Huor fut tué dans la bataille, et de ce fait, Tuor ne le connut jamais.

Un jour, alors que Tuor faisait campagne avec les Elfes , ils furent attaqués par des Orques et des Orientaux et Tuor fut fait prisonnier. Il ne s'échappa que trois ans plus tard et alla vivre seul quatre ans dans les cavernes d'Androth, où il passait sa vie à chasser les Orques. Il fut appelé par Ulmo qui le conduisit auprès de Turgon à Nevrast pour une mission importante qu’il accomplit avec célérité et honneur. Il devait prendre soin d’un nouveau né arrivé de Valinor par Melian et le conduire vers un lieu caché. Turgon accueillit Tuor comme un frère; Ulmo l’avait choisit et en récompense de sa fidélité, il l’avait nommé Sage de Nevrast et connut l’immortalité aux côtés du roi des noldor même après son départ vers la grande mer en direction de l’Ouest.

Tuor partit dans les terres du milieu avec Elkäèl. Il devait trouver un lieu assez isolé et sécuritaire pour que celui-ci soit loin de ses ennemis. Ils parcoururent bien des kilomètres avant de trouver ce qu’ils cherchaient et épuisés, ils parvinrent aux frontières de la grande forêt de Fangorn. Tuor tomba inconscient et quand il se réveilla, ilse retrouva sur un lit de mousses, douces et confortables; ses plaies avaient été pansées. Un bol d’eau fraîche était posé près de lui. Il ouvrit les yeux et ce qu’il vût l’impressionna à jamais.

Plusieurs étranges créatures ressemblant à des arbres l’entouraient et le regardaient. Il se trouva alors regarder par une figure des plus extraordinaires. Sa forme était semblable à celle d’un Homme, presque d’un Troll, de haute taille, quatorze pieds au moins, très robuste, avec une haute tête et presque pas de cou. Il était difficile de discerner s’il était vêtu d’une matière ressemblant à une écorce vert et gris ou si c’était sa propre peau. Ces yeux profonds l’examinait à présent, lents et solennels, mais très pénétrants. Ils étaient bruns, traversés d’une lueur verte.

L’un d’eux était en discussion avec Elkäèl. Il s’arrêta un moment son regard se posa de nouveau sur lui et se mit à lui parler.

Seigneur homme, il est surprenant de vous voir en ce lieu oublié de tous et avec un comagnon singulier. Nous sommes les Ents, enfants de Yavanna, épouse d'Aulë, celle qui apporte les Fruits. Elle aime toutes les choses qui poussent dans la terre et embrasse dans son esprit leurs formes innombrables, depuis les arbres hauts comme des tours dans les forêts de jadis jusqu'à la mousse sur une pierre ou aux êtres secrets qui peuplent la Terre. Elle est l'une des reines des Valar. Elle est celle qui nourrit la Terre, rendant fertile tout endroit stérile, d'où son surnom de Kementári. Elle aime toutes les plantes. Elle créa les forêts d'Arda et en est la protectrice. Sa plus grande œuvre fut les Deux Arbres de Valinor, détruits par Melkor. Elle réussit quand même à en garder un fruit et une fleur qui aidèrent à la conception du Soleil et de la Lune.

Nous sommes des gardiens des arbres, nous autres vieux Ents. Nous restons assez peu nombreux. Certains des miens ressemblent absolument à des arbres à présent ; il leur faut quelque chose de considérable pour sortir de leur torpeur ; et ils ne parlent que par murmures. Mais certains de mes arbres ont les membres souples, et ils sont nombreux à pouvoir me parler.

Il ne reste plus que trois des premiers Ents qui parcouraient les bois : seulement moi-même Sylvebarbe le plus vieux de la Terre du Milieu ou Fangorn, et Finglas et Fladrif - pour leur donner leurs noms elfiques; vous pouvez les appeler Bouclefeuilles et Peaurude si vous préférez.

Et vous l’ami des arbres puisque je ne vois aucune arme sur vous et que vous êtes vêtu comme un vagabond errant par delà cette terre, sans attache et soucieux de sauver la vie de ce noldor. Qui êtes-vous ?

Tuor s’identifia et donna la raison de sa présence. Sylvebarbe resta pensif un long moment.

*Nous sommes les bergers des arbres, Esprits de la nature protégeant les forêts des déprédations des Humains ou toutes autres créatures. Nous sommes nés en même temps que les Elfes, et nous leur avons appris à parler. Où êtes-vous nos femmes qui s'occupaient des arbrisseaux, des herbes, des arbres fruitiers et des fleurs tandis que nous vos compagnons soignons les grands arbres, et tout spécialement les vieilles forêts. Vous êtes parties enseigner l'agriculture aux Humains. Mais vos jardins furent détruits et vous disparurent. Nous vivons maintenant seuls, vieillissant sans plus d'espoir d'avoir un jour une descendance.

Certains s'enracinent de plus en plus cessant de bouger et de parler, mais d'autres comme nous, restent suffisamment vifs et alertes. Nous ressemblons à un croisement entre une essence d'arbre bien particulière et un Humain. Notre peau est extrêmement coriace mais nous craignons le feu. Nous réfléchissons et agissons lentement. Mais notre colère est titanesque, nous pouvons concentrer en l'espace de quelques secondes la force que la nature nous a donnée sur plusieurs siècles, brisant sans peine des rochers et déplaçant rapidement de grandes quantités de terre. A quand notre délivrance, notre espoir... Serait-ce ce jeune homme entre à mes côtés qui pourra ramener notre joie de vivre ? Ah, la beauté de Fimbrethil, de Membrejonc au pied léger, au temps de notre jeunesse ! Je me rappelle qu’il y a bien longtemps, le désir me vint de te revoir Fimbrethil. Elle est toujours très belle à mes yeux, la dernière fois que je l’avais vue, encore que bien différente de l’Ent-vierge d’autrefois, tu es une Ent-femme bien-aimée...*

Ainsi ce jeune noldor est une lumière pour notre monde. Nous en prendrons soin comme si c’était notre fils. Nous l’élèverons et lui donnerons tout notre amour et savoir. Puisque sa destinée est liée à la nôtre. Vous pouvez partir ou rester parmi nous et aller en paix dès que vous le souhaiterez, votre mission est accomplie et que les valar vous bénisse pour votre loyauté.

Tuor resta une année auprès des Ents, donnant son amitié à Elkäèl et avant de s'en retourner, le regarda une dernière fois et donna un pendentif à Sylvebarbe où était gravé deux arbres entremêlés, l’un doré et l’autre argenté que Melian lui avait confié.

Un an plus tard, Tuor arriva près du Mont Taras où se trouvait un heaume, une cotte, une épée et un bouclier laissés là jadis par Turgon sur l'ordre d'Ulmo. Ces armes devaient prouver à Turgon que Tuor était bien le messager et qu'il avait bien accompli sa quête.