Comment des évènements s'enchaînent et se déchaînent...

La mort lente de Belegost entraîna un mouvement de masse de population vers Khazad-Dûm, créant une apparente "renaissance" de la cité qui commençait peu à peu à décliner, abandonnée aussi de son Roi.
Pourtant, bien que le commerce se fit plus important, et l'économie grandissante, il y eut de graves problèmes de logement. L'arrivée de nains fut trop importante, les auberges furent vite bondées et nombre d'eux dormirent à même le sol, hors d'un foyer. Des rivalités opposèrent les vieux résidents de Khazad-Dûm aux nouveaux arrivés, et dans un climat aussi tendu, il y eut des débordements plutôt innatendus. Les nains de Belegost réclamèrent un logis au Roi, mais le Roi était comme inexistant, perpétuellement enfermé dans la salle du trône.

La peine de la perte de leur Roi Kahlïm était encore vivace. Celui-ci qui fut justement décedé à Khazad-Dûm pour permettre à Hatori Hanzok d'accéder au pouvoir, et maintenant ce Roi ne répondait pas à leurs demandes alors qu'eux n'attendaient qu'un juste retour des choses pour la perte de leur Roi tant aimé. Alors, la situation dégénera.
Les nains de Belegost commencèrent à afficher leur mécontement et leur colère aux nains de Khazad-Dûm qui ne pouvaient non plus leur offrir un logis décent, et cette colère se changea bien vite en haine... D'abord en manifestations, ils l'exprimèrent finalement comme leur nature de nains leur en ordonnait : l'état de guerre civile était officieusement déclarée.

Les nains des deux cités s'affrontèrent, et nombre de morts n'eurent même pas droit à une sépulture digne. Finalement, l'armée fut obligée d'intervenir sans ordre du Roi qui ne donnait toujours aucun signe de vie. Il y eut de violentes répressions, mais aussi de nombreux soldats furent corrompus par les uns ou les autres pour se battre contre leurs frères de race. Un général se distingua durant une des plus violentes batailles par ses prouesses, et dans son esprit germa une idée pour le moins...surprenante. Mais peut-être aurait-elle un impact bénéfique...

Une nouvelle surprenante vint se répandre aussi vite que les étoiles dans le ciel à la tombée du jour : des elfes tentaient de pénétrer dans Khazad-Dûm.
Il sembla soudainement que les conflits entre les nains des deux cités n'existaient plus, et ce jour-là, tous semblaient avoir oublié tant de massacres passées dans la cité des Naugrims. Comme si la venue d'elfes signaient le glas d'une chose dont personne n'osait encore se douter...
Alors que cette affaire d'intrusion était rapidement gêrée par les gardes nains (qui au passage, avaient été corrompus par les nains de Belegost), le général si connu de tous avait subitement disparu, ainsi qu'une grande partie de l'armée. Un jeune nain raconta qu'il l'avait vu disparaître dans les profondeurs de la mine, et que nombre de soldats le suivaient, mais personne n'y crut.

Il ne suffit que de quelques minutes pour que l'affaire des elfes ne se termine, et lorsque deux des gardes nains qui y furent présents partirent de l'endroit pour traverser Khazad-Dûm et s'enfoncer plus profondément dans la Moria, il y eut de vives protestations dûes à ce soudain intérêt des elfes pour la Demeure des Naugrims, et une nouvelle fois, car il semblait qu'il était impossible d'y échapper, il y eut querelles, conflits, et massacres. Tous ne partageaient pas le même avis sur les elfes, et dans un tel climat de vie, la violence était chose commune.
Ces deux gardes, cités plus haut, s'enfoncèrent donc dans les mines, à l'endroit même où plus tôt, un jeune garçon avait vu le général et un nombre impressionant de soldats s'y enfoncer. Et ce n'était pas chose de hasard, puisqu'en effet, les deux nains rejoignaient le groupe réuni en secret.

J'ai vu de la rancoeur en vous ! Je l'ai lu dans vos coeurs. Cette rancoeur, cette ombre qui vous tiraille et vous pousse vers le bas, ne doit pas être prise à la légère. J'ai la même rancoeur que vous, mes frères ! La même haine pour ce qui me fait ombre, pour ce qui m'agresse, pour ce qui m'envahit...
J'ai vu de la fatigue sur vos visages. Vous êtes fatigués ! Je le suis aussi, ô mes frères. Fatigué de devoir me battre contre une chose si immonde qu'on ne peut la battre...
Cette misère qui ronge notre peuple, cette gangrène qui nous prend et ne nous quitte plus, je l'ai vu. Je l'ai attrapé de mes mains, et je l'ai regardé, bien en face. Savez-vous ce que j'ai vu au-delà de cette abjecte apparence ? L'espoir...
L'espoir ô mes frères ! Il y a encore de l'espoir, il est encore temps de relever la tête. Vous aussi, vous pouvez attraper votre démon intérieur, vous pouvez le regarder d'yeux en yeux, et lui dire "Non ! C'est en assez ! Je ne suis pas faible ! Je ne suis pas lâche ! Je suis l'espoir de demain !" Vous l'êtes...
Vous tous, mes frères, êtes ceux qui feront de Khazad-Dûm une splendide cité naine, la plus forte militairement, mais aussi économiquement. Nous serons les habitants d'une nouvelle capitale ! Nous serons les précurseurs d'un nouvel âge !
Ensemble, mes frères, levons les bras et serrons le poing. Ensemble, mes frères, adressons un ultime message à ceux qui croivent que les nains ne sont que des lâches, des faibles, des opprimés ! Ensemble, levons-nous face à l'ennemi, et ensemble, mettons-le face contre terre !

Ce discours aurait été tenu par Kesil, alors général de l'armée de Khazad-Dûm, à un rassemblement illégal et secret de soldats dans les mines de la Moria avant sa prise du pouvoir par les plus cruels massacres fratricides jamais perpétrés dans tout royaume nain.

*Archive de la Grande Bibliothèque Royale de Khazad-Dûm, Demeure des Naugrims

Il ne fut jamais raconté les autres paroles que put avoir Kesil, soit par simple manque, soit par volontaire omission dûe la violence trop extrême de ces propos qui furent censurés dès la fin du règne de Kesil. Quoiqu'il en soit, ce qui se passa à la suite de ce rassemblement ne put jamais être oublié...
Des tambours résonnèrent soudainement des profondeurs de la Moria, parvenant jusqu'aux habitants de la cité de Khazad-Dûm et leur glaçant presque le sang, tant ce son était habituellement associé aux violentes attaques d'orcs. Pourtant, ce ne furent pas ces immondes êtres qui furent bientôt en vision des nains, mais Kesil, général de l'armée, et une masse innombrable de soldats le suivant, courant, criant à pleins poumons. Au milieu des hurlements sortaient fréquemment les mots suivants : "Gloire à Kesil ! Gloire aux nains ! Mort aux ennemis". Pourtant, les premiers morts ne furent pas des ennemis des nains, puisque ce furent des nains eux-mêmes...
Le flot de l'armée se fracassa sur les nains de Belegost, dont peu survécurent, et sur les militaires qui prirent les armes pour les défendre. L'assaut fut terminée en à peine une heure, par la victoire écrasante de Kesil et son armée.

Que Khazad-Dûm s'abreuve du sang des traîtres ! Que les lâches meurent à mes pieds ! Châtiez les faibles ! Punissez-les de ce qu'ils sont ! Aujourd'hui, mes frères, nous faisons table rase du passé ! A MORT ! A MORT !

Kesil hurlait du haut d'un promontoire artificiel qui lui donnait une vue sur tout le massacre en cours, le bras levé et poing serré, son visage déformé par la haine. Ainsi étaient tous ses soldats, guidés par sa fine éloquence et sa rage. Les cris d'agonie, le sang s'écoulant tel l'Anduin, les haches pénétrant la peau et brisant les os. Tel fut le spectacle de massacre qui donna aux lèvres de Kesil un sourire.

Tuez les hommes, les femmes, les enfants ! Volez, pillez, brûlez tout ! Le passé est mort, nous sommes l'avenir ô mes frères !

Tous ses ordres furent executés avec zèle. Il ne resta bientôt plus aucune trace de la venue des nains de Belegost à Khazad-Dûm, "la Demeure des Naugrims purifiée".
Lorsque le calme fut remis, les nains apaisés de leur grande colère par le massacre de leurs frères, Kesil parla de nouveau à son armée.

Je suis fier, ô mes frères ! Fier de vous ! Vous avez accompli un exploit aujourd'hui, et vous avez montré à ceux qui vous ont envahi que vous êtes ici chez vous, que vous êtes les plus forts, et que vous n'avez pas peur ! Je n'ai plus peur moi non plus. Je ne sais même plus ce que cela signifie, ô mes frères. Car quand je vois cette foule de nains si puissants devant moi, quel autre sentiment que la fierté pourrait s'emparer de moi ? Quel vertu pourrait m'impressioner en vous, si ce n'est votre toute-puissance ?
Les siècles de peur, de menace d'invasion, de soumission à Erebor, sont révolus ! Commence désormais une nouvelle ère, mes frères, la nôtre !

Des acclamations, ou plutôt des hurlements incompréhensibles, suivirent la dernière phrase de Kesil. Toute la rage des nains, toute leur énergie, se manifestait en ce moment présent, où dans l'esprit de chacun, il était clair que Kesil serait le leader du nouvel âge, le Roi. Etait-ce une erreur ? Seul le temps pourrait le dire...

Un jour suffit pour que la grandeur de Kesil soit immortalisée dans l'esprit de chaque nain de Khazad-Dûm, et ce fut ce même jour que le général de l'armée procéda aux assassinats des autres généraux, pour ensuite s'auto-proclamer Grand Roi de la Demeure des Naugrims.
La cérémonie fut visible par tous, qui purent admirer la montée au pouvoir d'un Roi avant tout militaire (diverses archives de la Grande Bibliothèque Royale de Khazad-Dûm prouveraient que Kesil ait été en tenue militaire (armure de mithril scintillante, casque d'or, hache d'or) pour procéder à son sacre).
Les jours qui suivirent, Kesil ordonna le commencement immédiat de la reconstruction de Khazad-Dûm ou la réparation des édifices endommagés par les massacres. Un grand ménage de la cité fut également fait, débarassant les nains de la puanteur et souillure du sang de leurs anciens frères de race.
C'est une semaine plus tard que Kesil s'adressa à son nouveau peuple, pour un discours encore une fois des plus... enragés.

Peuple de Khazad-Dûm, je te salue !

De la masse des nains rassemblés devant l'entrée du palais de Khazad-Dûm émerga une multitude de poings levés et serrés.

Notre Demeure... est purifiée !
Notre Demeure... est belle !
Nous avons rendu notre Demeure ainsi. Nous avons effacé le tortueux chemin de notre passé, et dessiné une ligne droite pour notre avenir.
Peuple de Khazad-Dûm, nous pouvons être fiers de nous !

Le peuple acclama son Roi, en criant, en hurlant, en brandissant encore plus haut leur poing. Comme durant les massacres, il cria : "Gloire à Kesil ! Gloire à Kesil !". Ce dernier demanda justement le silence, qu'il obtint aussi vite qu'il l'avait demandé.

Gloire à nous, mes frères ! Nous avons débarassé ensemble Khazad-Dûm de la vermine qui la rongeait. Nous sommes les vainqueurs ! Toutefois...

Alors un lourd silence pesa dans la cité, tandis que Kesil s'empressait de continuer.

La race naine est encore si faible... Nous, Naugrims de la Demeure, sommes des exceptions ! A Belegost, à Erebor, le même mal qui nous rongeait s'y trouve. Que devons-nous faire, ô mes frères ? Quel est notre rôle ?

Le peuple cria d'une seule voix : "Purifier ! Purifier !". Les idées de Kesil étaient déjà tellement diffusées...

Exact, mes frères ! C'est ce que nous allons faire, aujourd'hui même, ô mes frères !

Des cris de rage furent la seule réponse du peuple. C'était bien la seule qu'attendait Kesil.

Que les femmes rentrent au foyer, avec les enfants. Prenez vos armes, mes frères, et ensemble, purifions la Terre du Milieu !

Ce qui fut dit, fut fait. Les nains s'armèrent, et une heure plus tard, Kesil et une armée gigantesque sortirent de Khazad-Dûm...

Depuis peu de temps les sept nains avaient reparus dans la région. Ils revenaient de leur voyage en Numenor et leur détour par la Comté fit qu'ils arrivèrent par le haut du col de Karadhras. La neige avait déjà recouvert les cols en cette saison de l'année. Chacun traçait une longue ligne dans la poudre blanche et molle. Hatori se tenait au centre de la marche et il était secondé du troll et de son maître.

Ils parvinrent au sommet des cols lors du lever de soleil, à l'heure où le ciel est froid et violet.

Hanzok formulait des mots dans sa tête: "Qui marchait entre le violet et le violet, entre les montagnes et les roches sombre, parmis le ciel et la terre..."
Ils arrivèrent à un escarpement qui offrait une vu imprenable sur la vallée de Kazad Dûm. Des feux fumaient dans la vallée, et des vapeurs brunes s'élevaient de bûchers gris.
Ils prirent la route de la porte est. Ils franchirent un premier goulot avant de se trouver devant un col. Là un nain était enveloppé dans ses haillons. Les lambeaux de tissus rouge et blanc se balançaient dans le vent frais de la montagne. Ils s'approchèrent du vieux naugrim dont la barbe se révéla être parsemée de morceaude glace bleue. Il leva la tête lentement et les fixa de ses yeux blancs d'aveugle.
Hanzok lui pris la tête entre les mains.

-Que t'es-t-til arrivé vieillard?
-Le temps ne sera plus jamais le même. Le frère tuera le frère. Mais le fer abbattra la peur. Nul n'est prophète en sa terre, mais toi, tu n'est pas de la pierre mais du vent. Et c'est pour cela que tu écoutera la voix du temps.Il n'y aura nul obstacle devant la vengeance, juste la mort au bout du chemin. Des îles noires se forment au loin sur la mer. L'oiseau plonge vers le feu de la terre. Le maître du feu va apparaître couvert d'une armure. Sa tête flamboiera et ses coups seront pareils au tonnerre. Dans ses yeux brûlera la trahison... A présent reprend tes pas vers la terre immortels des âmes. Et rappelle toi: il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin.

Hanzok alla s'asseoir sur les rochers en contemplant le vide des cimes. Le Lac du miroir brillait au loin dans le creux des massifs de granit. Il pensa à l'avenir et au combat qui semblait s'annoncer et dans lequel il mènerait ses sept compagnons.