Une arrivée discrète

(Provenance: des elfes dans les contrées sauvages)

Turendil avait abandonné avec regrets la compagnie des elfes de Fondcombe. Aussitôt qu'il les avait quitté, un poids était de nouveau tombé sur son coeur. Il se rendait compte combien son attitude avait été infantile, de se porter aux devants de la guerre, espèrant se couvrir de gloire en braillant des chants guerriers. Au lieu de cela, il avait rencontré l'horreur et un massacre qui hantait son esprit lorsqu'il fermait les yeux.

En fait de gloire, il s'était couvert de honte en abandonnant les hommes qui lui avaient été confiés par Handir. Le fait que sa fuite s'était produite après que la victoire ait été durement acquise ne suffisait pas à le racheter à ses propres yeux. Il était néanmoins avide de la compagnie des Hommes, souffrant de la solitude, et c'est pourquoi il avait dirigé ses pas vers Brethil.

Il espèrait qu'il serait accueilli discrètement, et qu'il pourrait éviter de croiser les personnalités importantes du pays, et surtout le roi, et qu'ainsi le poids de son Destin lui serait épargné quelques temps.


Le visage marqué par ses tourments intérieurs, il menait sa belle monture par la bride tout en s'avançant sous le couvert des arbres. Une voix rude le héla; il tourna son pâle visage vers la frondaison des arbres ou devaient se trouver les guetteurs, et déclara:

"Je suis Ranen ("l'Errant", car il ne désirait pas que son vrai nom soit connu), un voyageur fourbu qui demande asile en la belle terre de Brethil, car j'ai entendu dire que tous les gens du peuple de Haleth y étaient bienvenus".

Sa chevelure noire, ses yeux gris et sa grande taille l'identifiaient comme étant un Haladin de pure souche, bien que son apparence générale soit rendue insolite par ses vêtements elfiques et la superbe épée ouvragée qui pendait à la selle de son cheval, et dont le pommeau captait le moindre éclat de soleil.

Tandis qu'il attendait patiemment la réaction des guetteurs, Turendil songeait à l'infortune qui était la sienne. Au début, il avait chevauché vers Brethil en espérant demander son pardon au roi. Mais l'humiliation qu'il ressentait était trop puissante, aussi souhaitait-il maintenant résider parmi les simples hommes de Brethil, dont les voix franches et claires lui avaient immédiatement plu.

Il avait appris les arts de la chasse avec les elfes, et se disait qu'il pourrait résider parmi les frondaisons de la belle forêt en menant quelques temps une vie simple... Il pourrait rencontrer des hommes de sa race et, s'il tenait son nom secret, peut-être que le mauvais sort qui le poursuivait serait-il un temps tenu à l'écart.

Malgré ses espoirs, une ombre pesait néanmoins sur son coeur... Il lui semblait sentir le poids de regards, autres que ceux des guetteurs, le transpercer. Etait-ce le poids de sa propre culpabilité? Ou était-il tout simplement en train de devenir fou? Il avait l'impression que les accents de la harpe maudite de Dagdhagethil le poursuivaient où qu'il allât, comme si un maléfice s'attachait à ses pas. Avec les elfes de Fondcombe, il avait cru être débarrassé à jamais de cette angoisse, mais celle-ci semblait collée à sa peau...

Turendil reçut de plein fouet les paroles des gardes de Brethil, comme un écho à ses pensées. Ses pires craintes se révélaient au grand jour, et les paroles de Dagdhagethil éclatèrent à ses oreilles comme s'il se trouvait à coté de lui pour le moquer:

"Tu apportes le malheur à ceux qui te cotoient, et l'infâmie de ta lignée marche dans tes pas", lui avait-il dit un jour...

Ainsi la compagnie de ses semblables lui était refusée, comme son coeur lourd l'avait deviné. Sans un mot, il se détourna, la tête basse, et se dirigea vers l'orée de la forêt.

"Traître..." voilà comment le connaissaient maintenant les hommes de Brethil, eux pour qui la vaillance était une vertu importante entre toutes. Comment avait-il pu en arriver là, lui qui n'avait eu que le désir de servir fidèlement ce roi qui lui avait paru si splendide? Comment ses bonnes intentions avaient-elles pu se retourner à ce point contre lui? Ce pouvait-il que Dagdhagethil ait tout ce temps eu raison, que l'infâmie et la traitrise coulent dans son sang et fassent de lui un être vil?

Alors qu'il s'en allait, il trébucha plusieurs fois dans les sous-bois. Les regards méprisants des guetteurs pesaient sur lui, et c'était comme autant de dagues s'enfonçant dans sa chair. Il songea au rêve éveillé qu'il avait eu lorsque il s'était trouvé sous les murailles de Carn Dûm... Ce rêve ou il avait vu sa mère adoptive, Idrel, mourir de ses propres mains... Il éviterait au moins de retourner en Doriath, et se jura qu'au moins cette partie là de son rêve prophétique ne se réaliserait pas...

(=>Préparation d'un infiltration donc cela ne se passe pas au même moment,ni au même endroit.^^)

La troupe de Toranur avait marché d'un bon pas dans la nuit.Servant ses desseins,la lune était voilé par de lourds nuages et Toranur en plaignit presque les prochains passages qui s'opéreraient dans les nuits suivantes et sans doute sous la pluie.
Mais il n'avait pas le temps de s'attarder à de telles pensées pour le moment,aussi continua t il sa marche au milieu de ses hommes.Soudain,une main lui tint l'épaule et on lui murmura à l'oreille.

"Nous ne sommes plus très loin monseigneur.Devons nous envoyer des éclaireurs?"

"Oui,faites.Nous attendrons ici.Cela donnera un peu de repos aux hommes."

Toranur ordonna alors la halte tandis que cinq elfes s'éloignaient furtivement du campement.
Les hommes s'arrétèrent en bon ordre et l'on passa le mot que l'on s'arrétait un moment,le tout dans le plus grand silence,bien que le Brethil fussent encore à un quart d'heure de marche.Les paquetages furent posés et les hommes s'assirent alors qu'une section veillait tout autour de la troupe.
Cependant,Toranur,insensible à la brise et à la fatigue,resta debout et s'éloigna de quelques pas avec son animal.
Là,il sortit son épée et l'enfonça profondément dans le sol.S'agenouillant,Croc Noir assit tranquillement à ses côtés,Toranur se mit à prier,murmurant d'antiques paroles du Mordor froides et glacées mais dépourvues de la magie qui se devait de les accompagner habituellement.
Puis,cessant cette litanie,il murmura au vent,tourné vers l'Est:

"Seigneur Sauron,vous le gardien des guerriers,le lieutenant du Valar Noir,vous qui commandez aux éléments,écoutez la prière d'un humble serviteur.Dans peu de temps,vos serviteurs accompliront une mission pour vous et le sang de vos ennemis y coulera.Donnez à vos serviteurs la puissance,l'agilité et la férocité de votre animal,le loup.Faites que vos guerriers,animés d'une juste fureur ne faiblisse pas et que le sang qui osa vous défier se répande.Enfin,permettez que vos serviteurs tombés au combat avec honneur puisse trouver le repose dans les limbes de l'au delà."

C'était plus qu'une litanie,plus qu'un credo,c'était une prière de guerrier,dite,écrite et pensé avec le coeur d'un porteur d'épée.Mais murmuré d'une voix douce et pourtant ferme,elle n'avait été entendu de personne de la troupe et Toranur continua sa prière en attente de réconfort et de certitudes.

Turendil s’était avancé avec les hommes de Toranur. Tout au long de la progression, il n’avait cessé de jurer entre ses dents. Si les elfes de la troupe se mouvaient, comme tous les elfes avec une légèreté qui ne faisait même pas frémir le tapis de feuilles mortes de la forêt de Brethil, il en était tout autrement des humains. Turendil avait appris à chasser avec les coureurs des bois de Menegroth et, même si les hommes de Toranur représentaient l’élite du Mordor, aucun n’avait un entraînement valant celui des elfes. Une brindille craqua derrière lui, et il eut l’impression que ses dents allaient éclater, si fort il serrait ses mâchoires.

« Encore heureux que les nains ne soient pas de l’aventure », se dit-il. « on dirait un troupeau de Mumâkils en rut ! »

Enfin, le général donna le signal de halte, et des hommes prirent leur tour de garde. Il fallait reconnaître à Toranur que la discipline de ses hommes était impeccable.

Turendil s’adossa à un arbre. Il n’avait pas faim, sa vengeance seule pourrait l’apaiser. Une nouvelle fois, il eut la vision de Dagdhagethil jouant de la harpe sur sa tombe. Ce mauvais pressentiment ne le quittait pas, et il ne parvenait pas à savoir s’il s’agissait réellement d’une vision ou plus simplement de la peur qui s’insinuait dans son esprit.

Toranur,sa prière finie,revint près de ses hommes.
Là,distinguant à l'écart son prisonnier Turendil,il s'arréta.Toranur craignait et appréciait les conversations avec Turendil,et cela depuis le premier interrogatoire.
Hésitant encore un moment,il s'avança vers ce dernier.La lune ne se montrait toujorus pas mais Toranur calcula quand même qu'il devait rester encore une vingtaine de minutes avant que les éclaireurs ne reviennent.
Il s'assit à côté de Turendil et dit:

"Belle nuit pour une infiltration,vous ne trouvez pas?"

Se tournant vers lui,il ne lui laissa pas le temps de répondre.

"De drôles de rumeurs courent sur votre conte parmi mes hommes;on dit que vous êtes fous et que je le suis moi aussi de vous garder avec nous.Quels bruits étranges mais sans doute fondés sur une vérité.Mais ce qu'on appelle folie n'est souvent qu'une hypertension ou tous les sentiments humains se mélangent et forment une bouillie informe et gluante comprise par aucun être,même parmi les plus sages.Du moins,c'est mon opinion."

Toranur eut alors un petit rire sans joie.

Turendil fut tiré de ses pensées par la venue de Toranur. Cet homme l’intriguait au plus haut point : par moments, il venait discuter avec lui, comme en cet instant, et la plupart du temps néanmoins, il l’évitait comme le faisaient les autres membres de la troupe. Quelle était la source de cette ambivalence ? Se pouvait-il qu’il cherche à le manipuler ? Sa « sympathie était-elle feinte ? Turendil, d’après ce qu’il avait pu observer du fonctionnement de la troupe, avait pu se rendre compte que Toranur menait ses hommes de main de maître, et les résultats qu’il obtenait étaient certes dus à un grand charisme, mais aussi –et surtout, du moins le pensait-il- à un don à lire dans le cœur des hommes, et à tirer parti de ce qu’il y trouvait. Il hésita avant de répondre. Toranur, dans son œuvre de destruction, avait réussi à embaucher Turendil, et à l’amener à trahir son propre peuple. Il secoua la tête.

« Mais non », songea t-il, « je désirai me venger de Handir avant d’avoir rencontré Toranur ».

Le manque de sommeil, allié aux hallucinations dont il était victime, l’avaient plongé dans un état de confusion mentale.

Les yeux rougis par la fatigue, il plongea un regard hanté par la folie dans les yeux du général du Mordor.

« La Folie, dites-vous ? Effectivement, je me demande moi-même si je suis atteint de ce mal. Je ne sais si ce dont je souffre ressemble à ce que vous décrivez. J’ai pour ma part l’impression que j’ai toujours eu cela en moi… Il y’avait un elfe, à Menegroth… Aussi loin que remontent mes souvenirs, il me haïssait. Il disait que j’avais la pourriture dans le sang, que cela était dans ma lignée… Que la honte de mon lignage rejaillirait sur moi, bien qu’aujourd’hui encore j’ignore qui étaient mes parents. Depuis quelques temps, j’entends les accents de sa harpe, et il semble que je sois le seul à les entendre. Se pourrait –il qu’il m’ait maudit ou ensorcelé ? Ou que ce soit les effets du sortilège qu’on m’a lancé lors de la Bataille de Carn Dum ?A moins que je ne sois en train de devenir fou ? Peut-être que tous les parents de ma lignée souffrent de ce mal ? Se pourrait-il que mon désir de vengeance soit le résultat de cette folie ? »

Il se prit la tête dans les mains.

« Toutes ses questions ! J’ai l’impression que mon crâne va exploser ! »

Il se tut, puis reprit après un instant :

« Vous avez une grande expérience, d’après ce que j’ai pu voir. Vous parlez de la folie comme si vous l’aviez déjà rencontrée. Ce type de trouble est-il fréquent ? Suis-je fou, à votre avis ? »

Toranur écouta en silence Turendil.Mais lorsque ce dernier le regarda dans les yeux,ses yeux luisants de perdu,le général du Mordor ne put retenir un mouvement de recul.

*Oui,pensa t il,cet homme est vraiment fou et sa folie me nuira,je devrais le tuer.Ce serait lui rendre un grand service ainsi qu'à moi même.*

Mais alors même que Toranur eut ces pensées,des souvenirs lointains et enfouis de sa mémoire refirent surface.
Il vit un jeune garçon de dix années écouter les paroles de haine d'une femme en contradiction avec celle de son père,un jeune homme courir à travers les bois avec une jeune fille à sa main,son épée dégainé.Ou encore le jour ou un Oeil,rouge sang et flamme,avait traversé son esprit ou encore les doutes lus un jour chez un uruk pétri d'honneur.tout cela lui revint avec force et il fallut plusieurs minutes au Mordorien pour les renvoyer d'ou elle venait et remettre en ordre ses idées.
Désormais,il comprenait pourquoi il avait accueilli Turendil,pourquoi il avait été attiré et repoussé par sa présence.Après avoir respiré un bon coup,il dit d'une voix rauque.

"Mon expérience vient de mon propre vécu.La folie?oui,je l'ai cotoyé d'aussi près que la mort et je sais qu'elle n'a jamais tout à fait renoncé à s'emparer de moi."

Toranur respira à nouveau;Ces mots étaient durs à dire,il y avait tellement de lui même dedans,lui qui ne se confiait jamais...

"La tâche sur l'éducation,c'est ce dont vous parlez avec votre elfe n'est ce pas?Celui qui un jour vous a dit que le monde que vous croyez n'est que duperie et mensonge.Et ses paroles,loin de s'éteindre avec le temps,ne prennent que plus de forces."

Sa voix diminua.

"J'ai connu ça étant petit.Sur le moment,je ne compris pas tout mais une question vint m'obséder,avais je raison dans ce que je faisais?Puis un jour,je fus à un carrefour.J'ai dut choisir entre deux modes de vie,deux voies opposés et ennemies l'une de l'autre et que pourtant je chérissais chacune à leur manière.Je n'ai pu m'y résoudre de suite.Comme vous,j'ai erré dans les méandres infini de mon esprit,me coupant peu à peu de la compagnie des hommes et devenant un spectre que l'on craignait de rencontrer...Puis un jour,j'ai fais ce choix.Repoussant les voix qui me tirraillaient l'esprit,j'ai suivi mon instinct,ce que j'ai toujours su être en moi.C'est ainsi que je me suis débarassé de ma folie,en oubliant mes doutes et mes peurs.Désormais,je ne comprends plus tout,il y a des choses que je ne veux pas voir.Mais je les accepte car désormais,comme sur cette lame..."

Toranur sortit alors son épée et en montra le pommea.Sur celui ci était gravé en Mordorien de manière assez malhabile des inscriptions.

"Ni Peur,Ni Doute,Jamais.Cette devise,je l'ai faite mienne et tient désormais en respect tout ce qui pourrait me dévier de la voie que j'ai librement choisie."

Voyant avec soulagement les éclaireurs revenir,car cela signifier la fin de cette conversation,Toranur se leva et conclut

"Je n'ai pas de formule magique à vous proposer mais juste un conseil à vous donner.Ne vous laissez pas dominer par autre que vous que vous n'ayez librement choisi."

Puis il s'éloigna en direction des deux elfes qui étaient revenus.

"Rapport soldats!"

"Il n'y a personne seigneur.Malgré une vigilance renforcé,le prisonnier avait dit vrai.Seul une patrouille passe toute les deux heures.Nous avons pu le constater avec mes frères râce aux marques laissées au sol à cet endroit.Contrairement aux chemins,ils ne semblent guère faire d'efforts pour garder ce passage."

"Bien,à quand date le dernier passage?"

"Il y a une heure sire.Le temps que nous arrivions,la patrouille sera déjà passé."

Toranur ne répondit rien mais il fit signe à ses lieutenants qui se tenaient près de lui et aussitot ils partirent donner discrètement l'ordre de se mettre en marche,les elfes en avant des autres pour permettre de supprimer tout risque d'être entendu...
Toranur vint lui,se mettre au milieu de sa section dans laquelle se trouvait Turendil.Lui souriant,il lui dit:

"Pour ce soir,laissez libre cours à vos pensées.Ne cherhcez pas à vous focaliser sur une.Vous risquez d'avoir besoin de toutes vos capacitées..."

Turendil avait écouté la tirade de Toranur, sans rien dire. Il trouvait étrange ce parallèle entre leurs deux existences. Mais là où Turendil hésitait et se complaisait dans le doute et l’auto- apitoiement, le général du Mordor au contraire trouvait de la force dans ce qui aurait pu le détruire. S’il semblait à Turendil que leurs destins étaient le reflet l’un de l’autre, alors lui était l’ombre contrefaite de Toranur.

Alors qu’il s’apprêtait à répondre, les éclaireurs revinrent faire leur rapport. Enfin leur groupe allait pouvoir s’infiltrer en territoire ennemi ! Toranur s’éloigna un instant pour donner les dernières instructions à ses hommes. De son coté, Turendil serra avec force la garde de sa lame, tandis qu’il sentait son sang battre à ses tempes. Alors qu’il se levait nerveusement, un murmure à son oreille le fit sursauter.

« Vaincu par le Destin », lui souffla le vent avec la voix de Dagdhagethil. Il fit volte-face, prêt à dégainer. Mais son regard ne trouva que l’air nocturne. Il était seul…

Il jeta un coup d’œil autour de lui mais par chance, les hommes de Toranur étaient tous tournés vers leur général, et son mouvement était passé inaperçu.

Puis Toranur fit signe aux guerriers de se mettre en marche et, silencieux comme des ombres, ceux-ci s’exécutèrent. Après quelques pas, Turendil se trouva à coté du chef de la troupe, qui lui murmura :

« Pour ce soir,laissez libre cours à vos pensées.Ne cherhcez pas à vous focaliser sur une. Vous risquez d'avoir besoin de toutes vos capacités... »

Un sage conseil, évidemment…

Les minutes passèrent. Chaque homme avait les nerfs à fleur de peau, tous les sens en alerte… Turendil portait le fourreau de son épée à la main, comme bon nombre des hommes autour de lui, pour éviter que dans l’obscurité elle n’accroche des branches d’arbres. Les guerriers progressaient en silence, comme autant de prédateurs ayant flairé le sang.

De nouveau, Turendil entendit des murmures ayant la voix de Dagdhagethil, portés par les notes cristallines d’une harpe elfique… Aucun des autres membres de la troupe ne réagissait, il se rendait bien compte qu’il était le seul à entendre cette musique. Il ressentit une rage impuissante. Sa folie, ou quoi que ce soit d’autre, risquait de le distraire à un moment crucial. Il faillit se mettre à hurler mais se retint in extremis. Il se mordit la lèvre jusqu’au sang, ce qui le calma un instant. Il brûlait de l’envie de dégainer son épée Celebmacar, mais il savait que son éclat argenté, qui saurait capter les reflets de la lune, risquait de trahir leur présence.

Intérieurement, il ne cessait de se répéter : « Je te hais ! Je te hais ! Tais toi ! ». Dans son esprit malade, ces mots s’adressaient autant à Handir, qu’aux accents maudits de la harpe de Dagdhagethil ainsi qu’à lui-même. Bientôt, une senteur familière vint envahir ses narines, en même temps qu’il percevait le bruit des eaux du Sirion. L’odeur était celle des plantes trempées par les éclaboussures du fleuve… Un ensemble de souvenirs jaillit dans son esprit, des souvenirs d’une époque plus insouciante, lorsque il vivait encore à Menegroth, et qu’il lui arrivait de longer le Sirion en s’aventurant dans les bois de Doriath.

Il pensa à sa mère adoptive, Idrel, qui se trouvait à la cour du roi Thingol. Quelle tristesse elle aurait de le savoir engagé dans une telle expédition. Peut-être même savait-elle déjà qu’en Brethil on l’appelait « Turendil le Traître » ?

La rage envahit à nouveau son cœur en songeant que le roi Handir était à l’origine de cette situation.

« Je prendrais plaisir à te tuer, Handir », songea t-il, « Mais je veux que tu meures en sachant que tes proches mourront uniquement parce que tu les as connus ». Et cette noire pensée était si douce à son esprit, qu’elle parvint à faire taire les voix qu’il entendait.

Toranur marchait avec silence et habileté parmi les contrefots de la forêt.Autour de lui,se mouvant comme un seul homme,sa troupe avançait péniblement.
Du bruit perçait évidemment devant une telle troupe mais au vu du nombre,Toranur était assez satisfait.Soudain,il y eut du mouvement à l'avant et un elfe s'approcha de lui et murmura.

"Seigneur,la patrouille vient de passer,nous avons donc une heure avant de ..."

"Non,nous n'avons qu'une demi heure.Vous semblez oublié l'ouie acéré des guetteurs de ces bois.Nous allons attendre encore un quart d'heure puis nous commencerons à passer."

L'elfe s'inclina et repartit dans la nuit tantdis que Toranur donnait l'ordre de s'arréter.
Il fallut un peu de temps pour que l'ordre parvienne à l'arrière de la colonne et il y eut un peu de remue ménage mais très vite,le silence s'installa.
La tension était à son comble,chacun aurant préférer l'action et le bruit des batailles à cette attente pesante mais l'entrainement les fit tenir.
Durent quinze minutes,on aurait presque pu croire que eprsonne ne se trouvait là.
Mais quand Toranur donna l'ordre de se mettre en marche,seule une moitié de la troupe avança,l'autre devant attendre la prochaine heure.En effet,une demi heure pour faire apsser 90 hommes étaient trop courte,aussi Toranur jugea t il plus prudent de séparer en deux les passages.
Avançant courbés sur la mince bande découverte qui menait au fleuve,45 hommes courèrent et entrèrent lentement dans l'eau pour faire le moins de bruit possible.
Puis on entendit les bruits de nage,les armures de fer ayant été défaites et mises dans le paquetage.
Il fallut une demi heure avant que Toranur ne jugeat la distance parcourut suffisante et les hommes mirent le pied sur la terre avec soulagement.
Mais il fut de courte durée,Toranur les faisant aussitôt remettre leurs armmures dans le cas improbables ou des guetteurs les trouveraient.
Puis ceci fait,tous attendirent le passage du second groupe qui devaient avoir commencé la nage...

Une partie des hommes s'étaient avancé dans les terres pour trouver un endroit ou passer la nuit à l'abri.Ce n'était pas chose facile mais ils avaient trouvé et avaient envoyés un messager prévenir Toranur.

Pendant ce temps,les autres attendaient en silence dans la nuit sombre,les sens encore plus en alerte,étant en territoire hostile mais rien ne vint perturber le grand silence de la nuit pendant une bonne demi heure.
On entendit alors des bruits d'eau improbables pour être naturels et les archers bandèrent leurs arcs en direction de la rive,dissimulés habilement par les buissons.
Mais ils les abaissèrent bientôt,une forme sombre et fière s'étant dressé sur la berge.C'était Croc Noir,le loup du seigneur Toranur,laissé en arrière pour aider à brouiller les traces.
Puis vinrent une quarantaine de personne qui se hissèrent péniblement,avec l'aide de leur camarades sur les rives du fleuve.

Toranur s'approcha alors aussitôt de son second et lui murmura:

"Des soucis pour arriver jusque là?"

"Non seigneur.Juste un paysan dans une position inconfortable que votre loup a habilement réduit au silence d'un coup de griffe.Les gardes ne se méfieront pas,les traces que nous avons laissé en amont prouvant l'entrée d'un tel animal dans leur frontière."

"Bien,faites mettre les armures à vos hommes et nous allons vous mener au campement que nous avons trouvé."

Toranur se détourna et sur son ordre,on prit les paquetages pour les mener au camp en cours d'établissement pendant que les derniers arrivant mettaient leurs armures.
Enfin,après une bonne heure,tous se retrouvèrent enfin au milieu d'une clairière assez abrité de la brise.Déjà des vêtements étaient étendus pour sécher et des couples dans l'herbe;cette fois,non pas uniquement pour assouvir une pulsion sexuelle mais pour lutter contre le froid et l'humidité issu de la baignade,les feux étant désormais définitivement exclu le temps de leur séjour en Brethil...

__________________________________________________________

A l'endroit ou avaient pénétré les ennemis du roi Handir,la patrouille suivante trouva la terre labouré comme si un large animal était passé par là.Les traces relevés au sol montrèrent que c'était un loup,probablement un mâle exclu de son clan à l'approche de l'hiver.

Au matin,on releva le cadavre de Hanric,tué par un coup de griffe.On voulut organiser ue battue mais les traces du passage de l'animal convergeaient vers le fleuve et s'arrétaient là.
Il fallait donc attendre qu'il se montre à nouveau pour pouvoir l'organiser et la faire payer son crime...

___________________________________________________________

Toranur se leva à l'aube,fidèle à son habitude.Aujourd'hui,il allait falloir trouver un honnête paysan pour obtenir quelques informations supplémentaires.
Toranur passa alors dans sa tête les individus les plus aptes à en trouver un discrètement.Bien sur,ce fut deux elfes et Turendil qui furent retenus par la général du Mordor pour l'accompagner...

Son second Grandir étant levé,il lui confia la tâche de trouver un endroit un peu plus discret et défendable pouvant accueillir tout le monde et d'organiser la vie du campement pendant son absence.
Ceci fait,il croisa deux jeunes elfes sans activité auquel il ordonna d'aller chercher leurs affaires des bois en laissant leur paquetage puis chercha Turendil.

Enfin,il le trouva endormi la bouche ouverte près d'un arbre.Aussi lui donna t il un coup de pied bien placé pour le réveiller.
Il eut alors un sourire moqueur devant la mine étonné et furieuse qu'arbora Turendil puis il murmura d'une voix redevenu sérieuse:

"Que diriez vous d'aller chercher quelques indications supplémentaires sur ce beau pays?"

Turendil s'était endormi en proie à ses tourments habituels, et sa bouche était ouverte sur un cri silencieux d'horreur. Aussi le réveil brutal de Toranur le trouva de fort méchante humeur. Il s'apprêtait à répliquer vertement à l'homme du Mordor, tout général qu'il soit, lorsque celui-ci pronnonça des mots qui eurent le don de l'apaiser.

Il se leva aussitôt, comme si le froid et l'humidité de la forêt n'avaient pas eu raison de sa vitalité. Se tournant vers Toranur, il lui répondit:

"Mais avec joie, messire! J'ai grande hâte de m'entretenir avec ces gens si hospitaliers, et leurs phrases fleuries. Et je serais véritablement comblé si le Destin mettait sur mon chemin l'une des aimables personnes qui m'a accueilli la dernière fois que je suis venu arpenter ces lieux. Mais ne soyons point difficile: n'importe lequel des hommes de ce pays me conviendrait, pourvu que je puisse lui arracher les informations dont nous avons besoin à la pointe de mon épée".

En disant cela, il avait reserré les liens de son fourreau passé dans son dos. Son vêtement elfique lui permettrait de se glisser comme une ombre dans la forêt de Brethil, et il avait hâte de tirer vengeance. U sourire carnassier se peignit sur son visage, et il ajouta:

"Je vous suis, messire"

Après sa conversation avec Toranur, Turendil se mit en route. S’il était loin d’égaler les prouesses martiales de Toranur, il avait par contre le pied léger, ayant appris dès son plus jeune âge à chasser avec les elfes de Menegroth. De plus, la forêt de Brethil n’était qu’une partie infime de la forêt de Doriath, qui avait été cédée autrefois par le roi Thingol aux Haladins. Les feuillages rouges et or de la forêt, ses fougères roussies par l’hiver qui s’annonçait, étaient les mêmes que celles qui étaient familières au jeune humain.

Aussi c’est tout naturellement qu’il prit la tête du groupe. L’épais tapis d’humus, imbibé d’humidité, rendait leur progression silencieuse. Avec la nuit, une brume épaisse et froide s’était levée des eaux du Sirion dans l'aube naissante et s’accrochait aux branches des arbres, comme si d’épaisses tentures fantomatiques pendaient de bras décharnés.

« Le Noir Seigneur nous protège », songea sombrement Turendil. « C’est une aube parfaite pour les meurtres »

Il y avait peu de chance de rencontrer âme qui vive par une telle aube, car qu’est-ce qui aurait pu attirer quiconque dehors alors que l’humidité de la nuit glaçait les os des guerriers endurcis ? Cependant, la période était propice à la chasse et deux chasseurs marchaient le long du Sirion, mais également dans les profondeurs de la forêt. Ces haladins étaient d’habiles chasseurs, et ils connaissaient les moindres recoins de la forêt. Ils étaient deux, Hundin et Turath, deux amis qui depuis toujours combattaient côte à côte. Ils avaient grandi dans ces bois et, comme tous les gens du peuple de Haleth, connaissaient les peines et les douleurs d’une existence rude passée à combattre les serviteurs de l’Ennemi l'hiver et à cultiver la terre au printemps.

Hundin marchait en tête, lorsqu’il leva la main sans un mot, faisant signe à son compagnon de faire halte.

« N’as-tu rien entendu ? », chuchota t-il.

N’obtenant pas de réponse, il se retourna pour contempler à quelques pas Turath qui le regardait avec des yeux emplis de terreur. Ses mains, pressées sur l’énorme plaie qui lui barrait la gorge, tentaient de juguler la vie qui s’échappait de lui. Ses lèvres étaient tordues dans un appel muet et impuissant. Puis ses yeux se révulsèrent, et il s’effondra lentement, révélant son assassin caché derrière lui. Il le reconnut aussitôt : c’était Turendil le Traître dont son roi, le brave Handir, avait donné le signalement. Des gardes de la frontière sud l’avaient vu et banni quelques semaines auparavant et Turath et lui l'avait vu et maintenant qu'il s'en souvenait,il se rappela soudain les yeux désespéré de l'homme.Apparemment,cela ne lui avait pas réussi. Son épée dégainée luisait d’une faible lueur blanche, que le sang qui maculait sa lame ne parvenait pas à masquer. Un sourire dément planait sur son visage, et ses yeux exorbités brillaient de haine.

Alors qu’il s’apprêtait à réagir, les bras d’Hundin furent brutalement ramenés vers l’arrière, tandis qu’une main puissante se plaquait sur sa bouche. Le traître n’était pas seul !

Toranur avait rejoint ses hommes ou il fut rejoint quelques instants plus tard par Turendil.
Tous quatre se mirent en marche et tout naturellement,Turendil prit la tête du groupe de par sa connaissance du terrain.
Les elfes allaient répliquer à ce comportement mais Toranur les fit taire.En effet,son prisonnier,devenu membre de sa troupe se rappela t il,se déplaçait avec grâce et légèreté dans ce milieu comme si il y était chez lui.
Toranur se souvint que Turendil venait en effet du bois de Doriath et que la forêt de Brethil n'en était qu'une faible partie donné voilà longtemps aux Haladins.
L'aube était vivifiante et une brume les recouvrait,semblant comprendre les intentions du petit groupe.

C'est ainsi que Turendil aperçut les chasseurs alors qu'eux même ne purent le voir.
Dans de telles situations,les hommes d'action se comprennent sans un mot.
Aors que Turendil s'approchait doucement des deux hommes,les deux elfes s'éloignèrent sur les flancs pendant que Toranur contournait le tout.
La mousse amortissant leur pas souple,les deux hommes,qui n'étaient guère préparé à cela n'eurent aucune chance.
Le premier fut tué pendant que le second fut attrapé et assomé par Toranur.
Parlant à voix basse,le général du Mordor dit:

"Prenez les deux corps et retournons au campement."

Les elfes acquiescèrent et chacun d'entre eux prirent les deux haladins pendant que leur chef effaçait les traces de lutte dont le sang.
Enfin,tous se remirent en route dans la forêt et la troupe revint sur ses pas.Mais c'est alors que Toranur s'arréta et leur fit signe de s'arréter.En effet,plus loin,on entendait le bruit de voix nombreuses qui chuchotaient,semblant avancer vers une destination inconnue.

"Turendil,venez avec moi.ous deux,restez ici."

Et Toranur s'enfonça dans la végétation.Il s'avança lentement avant de s'allonger à terre pour ramper.
Enfin,il arriva à une corniche étroite d'ou il pu voir l'origine des bruits.Là,il dut retenir une esclamtion de surprise;
En effet,en contrebas se trouvait une troupe étrange vétu de haillons et armés.C'étaient des bandits,venus bien avant le retour d'Handir sur son trône et qui désormais avaient de plus en plus de mal à survivre dans ces bois suite aux traques impitoyables dont ils étaient les objets.

Mais ce n'était pas cela qui avait dérangé Toranur mais bien plutôt la direction qu'ils empruntaient.
En effet,ils se dirigeaient droit sur le camp provisoire ou se trouvaient la compagnie du Mordor.
Il fallait agir viteretourner au campement avant eux et organiser l'évacuation la plus rapide qui soit.
Ce n'était pas par peur de cette troupe qui aurait été aisément disloquée mais bien plutôt des bruits de combat qui auraient vite fait d'attirer les gardes.

Se retirant en silence,Toranur rejoignit les deux elfes.

"Il y a une troupe de bandits là bas.Aussi,revenez lentement au camp avec le prisonnier et débrassez vous du cadavres en cours de route.Turendil et moi retournons au camp le plus vite possible."

Les elfes n'apprécièrent pas d'être mis une fois encore à l'écart de l'action mais comme Toranur était le chef,ils durent acquiescer silencieusement.
Toranur se remit en route,plus rapidement cette fois avec turendil.
Il lui demanda alors brusquement:

"J'ai un peu du mal à calculer les distances en forêt.Combien de temps à votre avis nous faudra t il pour revenir au camp et combien our les bandits?"

Turendil était vraiment satisfait de la tournure que prenaient les évènements. Il avait senti un frisson malsain le parcourir lorsqu'il avait tué l'homme de Brethil... Ce n'était qu'un avant-goût de ce que subirait le roi Handir de ses mains. Oh oui! La vengeance avait décidément un goût délicieux!

Toranur le tira de ses rêveries malsaines en donnant des ordres aux elfes. Peu de temps après, ils tombèrent presque sur des bandits de Brethil. Leur allure était misérable, et tout dans leur attitude révélait la peur dans laquelle ils vivaient. A la question que lui posa Toranur, il répondit en chuchotant:

"Les sous-bois de la forêt ne sont pas trop denses. Il ne nous faudra que deux heures en forçant le pas. Ceux-là", dit-il en faisant un geste de la tête en direction des bandits, "progressent doucement, ils doivent avoir peur de tomber sur une patrouille. Mais même s'ils sont prudents, je gage qu'il tomberont sur le campement dans trois heures, peut-être quatre. Mais je tablerai plutôt sur trois heures par prudence".
Au signe de Toranur, Turendil se remit en marche. Les deux hommes progressaient rapidement, sans pour autant courir, car eux non plus ne souhaitaient pas tomber sur une patrouille. De plus, ils étaient contraints de faire des détours pour éviter des ronciers, car s'y aventurer n'aurait pu que produire le plus grand des tumultes. Enfin ils parvinrent au camp. Turendil était curieux de voir comment Toranur allait gérer cette crise. Il n'était absolument pas inquiet, car il en était venu à admirer cet homme et son génie militaire. Sans doute trouverait-il le moyen de transformer cet inconvénient en un nouvel atout pour leur groupe... Peut-être même se servirait-il de ces balourds pour créer une diversion en les manipulant!

Il ressentait ce que les hommes et les femmes de la troupe de Toranur ressentaient: une confiance absolue en leur chef pour les tirer des pires situations... Et là sans doute résidait l'immense charisme de Toranur, et son plus grand atout.

"Une heure d'avance minimum?Hum..."

Toranur n'ajouta rien d'autres à ces mots bien mystérieux et la arche des deux hommes continua silencieusement.
Indifférent au paysage alentour,Toranur réfléchissait au meilleur moyen à utiliser avec les bandits.

Se révéler ou rester dans l'ombre?

La question n'était pas simple à trancher et durant deux heures,Toranur y réfléchit intensément,faisant confiance à Turendil pour le mener et à ses réflexes décuplés par les années de guerre pour éviter toute mauvaise surprise...

Enfin on approcha du campement et les sentinelles,après les avoir reconnus,les laissa passer.Une fois là,Grandir se précipita à leur rencontre pour faire ,son rapport à Toranur.

"Seigneur,conformément à vos ordres nous avons cherché un endroit plus approprié à nos plans.Nous avons pu trouvé une clairière plus facile à défendre et moins repérable car entouré par un dense rempart de ronces mais elle est plus petite.Elle ne suffira pas à accueillir tout nos hommes.Aussi ai je pris la liberté de continuer les recherches dans un rayon plus élevé."

"Bien Grandir,voilà une initiative tel que je les attend de mes officiers.Continuez comme cela et vous passerez bientôt à un rang supérieur."

Cela ne fut visible qu'une brève seconde mais les joues de Grandir rosirent.En effet,au Mordor,les compliments étaient aussi rares que les gens de bien en liberté.

"Merci seigneur."

"Bon,passons à des choses plus sérieuses Grandir.En revenant ici nous avons croisé une troupe de bandits qui se dirigent droit ici.Combien d'hommss sont restés ici?"

"Une trentaine seigneur.Dont dix de nos meilleurs archers elfes."

"Excellent.Faites évacuez tout le matériel vers l'autre clairière puis revener ici.Pendant ce temps,nous allons préparer une petite surprise à nos bandits..."

Un sourire machiavélique vint alors enlaidir les traits fins du mordorien.

"A vos ordres sir."

Frappant son poing sur le torse,Grandir pris une dizaine d'hommes avec lui pour dégager le camp de toutes traces indiquant qu'il y avait eu des hommes à un moment.
Pendant ce temps,Toranur rassembla les sentinelles et les hommes au repos.Une fois réuni,il leur dit:

"Soldats;des brigands vont sans doute passer par là.Comme vous le savez tous,notre but qui est de punir le roi Handir ne doit être découvert par personne et donc notre venue rester discrète.La première solution,la plus logique aurait été de fuir pour éviter qu'il ne nous voie.Mais après réflexion,il m'est apparu que ces gens pourraient servir nos desseins.Imaginez un instant ce qui se passerait dans ce beau royaume si une troupe comme la notre arriver à unifier et donner un but à ces hommes?Ce serait tout bonnement la ruine de cette forêt.Et puis les brigands sont sans doute les gens les plus informés des secrets des Haladins et pourront nous donner de cruciales informations."

Toranur fit alors une pause pour laisser ses paroles imprégner chacun puis il reprit:

"Mais bien entendu,ce genre d'être ne se dirigent que par la carotte et le baton.Et pour cela,je vais leur proposer une tractation,seul.Il est probable qu'il veuille me tuer avant et c'est pour cela que j'ai besoin de vous es camarades.Dissimulés habilement dans les boi,vous pourrez jeter des projectiles,qui,n'atteignant personne mais d'une précision comme la votre montreront notre puissance à cette vermine et l'obligera à m'écouter."

Toranur s'arréta là.Puis aprcourut du regard les hommes et femmes rassemblés devant lui.

"Des questions?"

"Mais,seigneur,si ils persistent quand même?"

"Bonne question Dutrand.Si j'échoue,vous devrez alors les tuer tous sans exception.Si je vous fais confiance pour cela,il est aussi très probable que les Haladins arrivent sur les lieux et il faudra que nous soyons loin d'ici à ce moment là.Précision et vitesse,voilà ce que je vous demande.D'autres demandes?"

Personne ne répondit.

"Bien,vous pouvez alors prendre position dans la forêt.je vous laisse libre de vous positionnez en sachant que les brigands viennent de l'Est.Exécution."

Et les soldats partirent alors vers différentes positions et cachettes,déjà repérés la veille pour garder le campement.

"Turendil,restez avec moi s'il vous plait.Un capitaine de mercenaires comme je vais me faire passer ne se présente jamais seul.Je suis sur qu'en laquais vous jouerez à la perfection."

Toranur rit alors de son humour,avouons le,médiocre,avant d'ajouter.

"Je plaisante.Ayez juste l'air plus imposant et sur de vous avec une armure plus dépenaillé que les notre et ce sera parfait.Si vos précisions sont exatces,ils nous reste encore une vingtaine de minutes."

Turendil avait, comme tous les hommes et femmes présents, écouté avec attention. Et comme il s'y attendait, un plan avait aussitôt germé dans le cerveau de Toranur.

Les derniers mots du général du Mordor lui firent grincer des dents. Il avait toujours eu un orgueil assez chatouilleux, et toute plaisanterie à ses dépends provoquait une grande colère en lui... C'était comme cela qu'avait d'ailleurs commencé son différend avec l'elfe Dagdhagethil. Il s'efforça de sourire, mais ne reussit qu'à produire qu'une grimace.

Obéissant aux ordres, il ajusta sa tenue et se débarrassa de sa cape elfique. Les derniers jours du voyages, les nuits à la belle étoile avaient de toute façon maculé de terre ses habits. Il n'eut pas beaucoup d'effort à fournir pour ressembler lui aussi à un bandit, comme le lui fit savoir Toranur d'un assentiment de la tête.

Les deux hommes attendirent. Puis bientôt, ils entendirent le cri d'un rougegorge.

"Les crétins", murmura Turendil, "Je me demande comment ils ont pu survivre aussi longtemps". A son oreille, le chant était évidemment médiocre, car les guetteurs elfes de Menegroth avaient de bien plus grands talents. Mais, à la décharge des Haladins, bien peu de chasseurs auraient su distinguer la supercherie.

Il y eut un mouvement dans les fougères roussies par le froid, et bientôt des hommes émergèrent des buissons. Ils marchaient en file indienne, pour masquer leur nombre, ce qui leur avait sans doute valu de survivre sans alerter les guetteurs des Haladins jusqu'à maintenant.

Turendil révisa son opinion: s'ils avaient survécu jusqu'à maintenant sans se faire repérer, ils devaient être relativement compétents.

Les hommes ne les avaient toujours pas vu. Soudain, Toranur, dans un mouvement brusque, se planta devant eux, surprenant presque Turendil. Il le suivit, se plantant à ses cotés, et toisa d'un air crâne les bandits.

Les deux hommes n'eurent que peu d'efforts à faire pour ressembler à de véritables mercenaires,aussi peu soucieux de leur apparence que de principes oraux.
Grandir était revenu entre temps et avait pris position avec ses hommes.L'attente commença alors.
Peu angoissante car Toranur avait une fois encore les cartes maîtresses,le rouge gorge qui vint déchirer l'air avant l'arrivée des bandits vit un Toranur bondissant et à une démarche un peu différente.En effet,on aurait dit que dans la lumière du jour,il avait pris une machoire plus carrée,ses cicatrices semblaient ressortir plus encore que d'habitude et sa démarche était plus voutée.
Se campant avec brusquerie devant les bandits surpris,il leur lança au visage,sachant d'expérience que la meilleur défense est l'attaque,même dans les joutes verbales:

"Eh ben dites donc,vous êtes pas rapides vous.Une heure que je vous attend."

Même la voix avait changé.Elle était plus rauqe,comme dévoré par l'alccol,les femmes et le combat.Continuant sur sa lancée avant que les bandits ne comprennent,il dit:

"Qui est le chef ici?Faut que je lui parle affaires..."

HRP:J'ai pas trop de temps ces temps ciSi tu veux bien faire les bandits Turendil,tu me rendrais un grand service;Même si on est pas pressé...

hrp: avec plaisir, j'aime bien faire les méchants

Halethir, le chef des bandits, était un homme courageux, qui avait servi longtemps dans l'armée de Brethil. Il aurait pu avaoir un destin voué à la gloire et à l'honneur, mais son penchant pour la boisson avait détruit sa vie. Un jour, ivre et excité par des récits de soldats, il avait tenté de violer une servante du Palais. Y serait-il parvenu, qu'il aurait été exécuté. Mais puisqu'il n'avait réussi qu'à terroriser la pauvre fille, et en reconnaissance de sa bravoure passée, on l'avait épargné et condamné à l'exil.

Et tout naturellement, il avait rassemblé autour de lui des ruffians et des parias. Cette existence avait été pénible pour l'ancien soldat: échapper aux patrouilles en subsistant des produits de la forêt, et en s'attaquant parfois à des hommes de brethil pour les dépouiller avait au début paru facile. C'était son second, Baradir, qui avait eu l'idée de maquiller les meurtres de telle sorte que l'on puisse croire à des bêtes sauvages… Et lui avait eu l'intelligence de ne pas trop faire de victimes, pour ne pas alerter les guetteurs. Mais ces derniers mois avaient été particulièrement pénibles, car avec la guerre, les gardes étaient devenus de plus en plus méfiants… Et ces temps ci, les guetteurs et leurs effectifs avaient été renforcés.

La petite troupe était affamée, et les querelles étaient devenues de plus en plus nombreuses. Prochainement, il en était sûr, ils allaient s'entretuer. L'apparition d'un guerrier, dont les cicatrices et l'aisance de mouvements lui donnait un air redoutable, le tira de ses pensées. A ses cotés, un guerrier à l'air nettement moins impressionnant surgi. Halethir regarda Baradir: lui aussi avait été surpris. Qui étaient ces inconnus? Deux fous certainement.

Il allait ordonner à ces hommes de se saisir d'eux, car les étrangers semblaient avoir des armes de bonne facture, mais son œil de soldat repéra un détail qui le fit réfléchir:

Le chef qui lui avait adressé la parole était visiblement un guerrier chevronné. Or il n'était absolument pas inquiet, il en aurait mis sa main à couper. Soit il était fou, ce qui était possible car son compagnon n'avait pas vraiment l'air sain d'esprit, soit… Il reniflait un piège.

Aussi il répondit:

"C'est moi le chef. Que me veux-tu, étranger"

En même temps, il avait fait un signe discret à ses hommes pour qu'ils encerclent l'inconnu. Mais la discipline n'était pas leur fort. Rumil, encore lui, s'écria:

"Et pourquoi on leur coupe pas la gorge?"

HRP:Oh,vraiment,je suis désolé tout le monde.hier j'étais vraiment nase et j'ai pas vu que mes paroles ressemblaient un peu à des ordres Turendil et j'ai oublié que Siléas était modérateur.
Excusez moi encore,les défaillances d'un MJ.^^
Ben vu que Turendil a commencé,je propose qu'il continue mais si il préfère passer le flambeau,pas de souci.



Toranur observa attentivement la troupe qui lui faisait face.Composée d'une vingaine d'individus,elle semblait errer depuis un moment dans les bois,preuve que si le gros des troupes étaient mauvaise,il y vait au moins quelqu'un d'intelligent à leur tête.
D'ailleurs,le mouvement d'encerclement qui avait commencé avant l'intervention de l'autre abruti en était la preuve.
Faisant semblant de ne rien voir,il parla directement à celui qui avait proposé de lui couper la gorge.

"Sincèrement,à ta place,j'éviterais.Tu aurais beaucoup de mal à éviter ça!"

et Toranur lança une fine dague tirée précipitamment de sa botte en direction du ruffian.Ce dernier écarquilla les yeux devant cette attaque et resta betement sur place;Mais la lame passa très près de son visage sans l'atteindre avant d'aller se planter sur un arbre derrière.
Se tournant alors vers celui considéré comme chef,il dit:

"Après ce petit interlude,je vais entrer directement dans le vif du sujet.Il se trouve que je suis engagé par un roi étranger soucieux des récentes idées offensives de ce royaume et il m'a envoyé ici pour comment dire?Mettre un peu le chaos dans cette forêt et..."

Mais Toranur s'arréta net.En effet,son loup,Croc Noir,resté dans l'ombre jusqu'à maintenant,était sorti du buisson ou il était caché.il suffit d'un regard entre les deux êtres pour se comprendre immédiatement..
Se retournant vers le chef il dit d'une voix calme et posée mais très basse pour que personne d'autres n'entendent.

"Surtout ne regardez pas autour de vous mais nous sommes encerlés.Faites comme si de rien n'était,mes hommes s'en chargent."

Puis,d'une voix plus forte,il dit alors.

"Désolé,mais voici mon loup Croc Noir.Ou en étais je déjà?Ah oui.nvoyé donc apr un roi pour mettre le bazar ici.Et comme j'y connais rien à cette forêt,je me suis dit que des experts comme vous sauraient me renseigner en échange de monnaie sonnante et trébuchante ou de rations..."

Pendant son petit discours,Toranur avait fait de grands signes avec ses bras parfaitement anodins pour des yeux extérieurs.Deux pas à droites,trois à gauche,une main tournée vers le Nord...Autant de petits détails insignifiants sauf pour les membres de la compagnie du Mordor.
Les trente hommes cachés dans les arbres comprirent le discours.Il était d'ailleurs très clair.

Etrangers à l'Est.Abattez les immédiatement.Pas de survivants.

Une vingtaine de traits s'abattirent alors dans les arbres tandis que Toranur criait à Turendil tout en accomplissant lui même l'action.

"Vite,sur le côté,dans les fourrés."

Pendant ce temps,les dix autres soldats de Toranur avaient commencé une rotation pour tomber sur les arrières des hommes embusqués dans les bois à leur écoute.Quand au sort des bandits,Toranur n'en avait cure.


HRP:Je sais que tu veux me faire suivre mais quand même,laisse à mon personnage l'honneur d'être un vétéran averti.Comme cela,les prochains seront au courant .

Turendil ne s'était pas vraiment inquiété de la situation; il faisait confiance à Toranur pour manipuler ces lourdauds. Néanmoins, du fait du vacarme que faisaient les bandits, il ne fut pas en mesure de percevoir l'approche des haladins. De plus l'échange silencieux qui passa entre Toranur et son loup d'une part, et Toranur et ses guerriers d'autre part, lui passa par dessus la tête Aussi fut-il pris au dépourvu par le cri d'alerte du général de Mordor. Il resta un moment hébété, et une flèche vint siffler à quelques centimètres de sa tête. Ceci le réveilla totalement, et il plongea dans les fourrés environnants. Ce bref instant lui avait permi de juger d'ou venaient les tirs. Il jeta un coup d'oeil en direction des hommes de Toranur.

Ceux-ci, qui formaient l'élite des guerriers du Mordor, avaient appris à réagir vite et bien, et Toranur leur avait fait comprendre ses ordres par un échange muet. Les archers humains de la troupe avaient tirés quelques traits dans la direction des haladins, tandis que les elfes se déplaçaient silencieusement pour obtenir le meilleur angle de tir.

Turendil eut un sourire appéciateur: les hommes de Brethil, de cette manière, avaient sous-estimé le nombre de leurs ennemis, tout en se croyant à l'abri de leurs arbres. Dans quelques instants, ils seraient tous abattus, car nul ne pouvait dans les Terres du Milieux rivaliser avec les archers elfiques, même si les haladins étaient loin d'être infirmes avec leurs arcs. Et les haladins n'avaient même pas détctés la présnce des elfes...

Mais si le destin des haladins était scellé, car ils n'étaient pas de taille à lutter avec la troupe de Toranur, ils avaient néanmoins eu la présence d'esprit de siffler l'alerte... Tout dépendait de la rapidité de réaction des forces de Brethil, et de la proximité d'éventuels renforts. Turendil ne se faisait pas d'inquiétude pour lui-même, il savait qu'il pouvait semer n'importe lequel des gardes haladins. Il en était de meême pour les elfes de la troupe. Par contre, les guerriers humains auraient certainement plus de mal car, même s'ils avaient un meilleur entraînement que les hommes de Brethil, ils étaient en terrain inconnu.

En quelques instants, sur un coup de dés du destin, l'issue de son entreprise de vengeance allait peut-être se jouer...

hrp: siléas ou autre MJ, je vous laisse jouer les bandits, je suis pas MJ!

Toranur écoutait la lutte qui faisait rage autour de lui entre les arbres.Si ils n'étaient pas inquiets sur l'issue de l'escarmouche,il s'inquiétait en revanche du cri d'alarme.Comment pourrait-il tirer ces hommes de ce bourbier?
Si il revenait au camp de fortune monté par ses hommes plus loin,il aurait une chance de battre les gardes mais sa marge de manoeuvre serait d'autant plus diminué.Et il était hors de question de s'attarder ici.

Sans cesser de chercher une solution,Toranur arréta net dans sa course une flèche dirigée vers lui en plein vol,alerté par le bruit des feuilles sur son passage.Il fallait que les bandits le tirent de là.Après tout,c'était pour eux qu'il avait pris ce risque;ils devaient sans doute savoir comment berner ces stupides gardes,eux qui vivaient depuis si longtemps en reclus.
S'approchant du chef qui avaient les mains derrière la tête pour se protéger des tirs,Toranur lui dit:

"Connaissez vous un endroit ou nous pourrions semer ces stupides gardes?Si on reste plus longtemps on va être pris."

Pendant ce temps,les hommes de Toranur avaient contournés les archers Haladins et avaient abattus les trois derniers survivants.Cependant,dans leur hâte,ils ne regardèrent pas en détail les morts et ne purent donc voir si l'un des gardes étaient encore en vie.
Grandir s'approcha alros de son chef et lui dit:

"On les a eu chef.On a qu'un seul mort chez nous mais cinq blessés légers et un en état critique.Et puis les deux elfes qui vous avaient accompagnés sont là aussi."

"Bien Grandir,réunis les hommes et fais porter les blessés.J'(espère que l'on pourra trouver un endroit ou se tirer d'ici."

Puis Toranur se tourna vers le chef des bandits et lui redemanda:

"Alors,vous avez une idée?Sinon je vous laisse en plan avec mes hommes et chacun pour soi."