Argh....
Alors que le soleil se lève sur les collines bordant le fleuve Nurn, un être éclopé se traîne misérablement. L'eau miroite, les rayons donnent au relief bosselé une allure neuve, une beauté sauvage. Pourtant, aucune autre trace de vie pensante que Niblit n'assiste à ce spectacle, et ce dernier s'en fou complètement; il souffre. Il boîte difficilement, sa jambe gauche étant salement amochée. Du sang, mais surtout une sorte de pus noirâtre, en suinte. Pratiquement nu, son corps entier est couvert de contusions, dont certaines ont pris une couleur jaune-pisse qui détonne étrangement avec sa peau couleur cendre. En fait, son corps entier ressemble à une plaie. Pourtant, cela ne compte pas pour lui.
Mon Irma...
La vraie souffrance se déroule à l'intérieur de sa tête. Depuis quelques heures déjà, il ne fait que ressasser les même souvenirs de son amie humaine, de sa carcasse complètement déchiquetée... Il ne peut s'empêcher de porter encore et encore son bracelet de cheveux blonds à son nez. Il parvient encore à sentir son odeur à travers celle, puissante, du sang. Et, coup sur coup, cela lui arrache des larmes.
C'est donc dans cette condition abominable qu'il s'approche du fleuve. Heureusement, il est seul. Dans son état, il ne pense même pas à vérifier. Repassant ses pensées en boucle, il se jette dans la rivière.
**Mourir...**
Il résiste cependant à cette envie. Se mêlant au courant, il détâche mécaniquement les plaques de sang séché de son corps. Il en profite également pour s'abreuver, car il ère sous le soleil depuis un bon moment déjà. Après un bon moment, il ressort de l'eau vive. Levant la tête vers l'ouest, il se murmure pour lui-même:
Aller... Marcher, partir. Trouver les hommes... Pour Irma.
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