(provenance : les voyage de Thuringwethil)
Une cavalière vêtue d’une ample robe noire chevauchait un blanc et fougueux étalon. Elle s’avança sur la route qui menait aux tertres des rois, les vaillants souverains du Rohan, pays des Chevaux. Comme un drap de flocons de neiges, de blanches fleurs de Symbelmuyne recouvraient l’herbe verte qui poussait sur les tertres.
Alors la cavalière mit pied à terre et ramassa une blanche symbelmuyne, et porta la fleur pâle à ses lèvres pour en humer le parfum. Puis elle remonta lentement la route qui menait à Edoras, suivie de son cheval dépourvu de selle et de rênes. Arrivée à quelques pas des portes, elle fut interpellée par les gardes :
« Abídað cuman uncúðe! » (Halte, étrangère inconnue !).
Le pâle visage couleur de neige de Thuringwethil était encadré par les ombres de sa robe noire, et ses lèvres magnifiques s’étirèrent dans un sourire froid. Le garde eut le souffle coupé devant tant de beauté. Alors Thuringwethil tendit vers le garde une main fine et élégante, et déposa entre ses mains la blanche fleur de Symbelmuyne, et répondit dans le même langage, le rohirric, la langue du Pays des Chevaux. Et sa voix était pareille au chant du vent dans les herbes de la steppe du Rohan, et le garde eut l’impression que jamais il n’avait entendu si jolie chose :
« Éadig béo þu, góda mann! Langre lisse ic þe ann - hafa lof and líþe líf! »
(Heureux sois-tu, homme de bien ! Je vous souhaite une félicité durable, louange à vous, que la vie vous soit douce !)
Et elle poursuivit dans la langue de l’Ouistrenesse :
« Je m’appelle Elentir, et je demande l’hospitalité de votre belle cité »