la profanation des Tombeaux des Rois

(Provenance : Dunharrow)

Les légions d’orcs, au son des tambours de guerre, marchaient vers Edoras, la capitale du Rohan, qui avait pendant des siècles accueilli un fier peuple de Guerriers. Les troupes se déversèrent comme une grouillante marée dans la cité abandonnée, et mirent le feu aux habitations, saccageant et pillant le peu de choses que les rohirrims avaient laissés derrière eux.

Thuringwethil se tenait près des tertres des rois recouverts d’herbe et de blanches fleurs de Symbelmuyne, entourée de la légion de Griffes Noires, la plus disciplinée de son armée. Bientôt s’élevèrent du toit d’or de Meduseld des rubans de fumée, car la sorcière elfe avait ordonnée que le palais soit mis à sac, que les boiseries soit brulées, que les statues de chevaux soient détruites… Et les orcs, qui se complaisaient dans cette œuvre, mettaient toute leur énergie dans cette tâche, qui seule pouvait ravir leurs cœurs corrompus.

Le visage pâle comme la neige de la femme elfe contemplait cette scène, sa noire chevelure brillante dansant autour d’elle, et un froid sourire étirait ses lèvres. Alors elle se tourna vers un grand guerrier orc qui se tenait près d’elle, un de ses capitaines, dont elle ignorait le nom, car peu lui importait l’identité de ces créatures, qui n’étaient pour elle que le prolongement de sa Volonté. Il portait une lourde armure de plaques d’acier, et tenait dans ses mains un grand tranchoir d’acier noir, plus l’arme d’un boucher qu’une véritable épée.

« Arrachez ces fleurs, brûlez l’herbe et retournez la terre, que plus rien ne puisse pousser en ce lieu ! Défoncez les portes des tombeaux, et sortez les dépouilles des anciens rois, mais ne les mutilez pas, pas encore ! Je veux que Eodred, du haut des murailles du Gouffre de Helm, puisse contempler ce que nous ferons aux dépouilles de ses ancêtres, qu’il puisse goûter à l’amertume de ma haine ! »

Alors elle ordonna à une partie de sa troupe, seulement une centaine de snagas, de se porter au devant de l’armée de Krell, avec un message qu’elle avait rédigé de sa main. Ces snagas devaient apportaient de macabres présents à Krell, afin qu’il s’en serve dans son combat contre le Rohan. Il lui répugnait de quitter ainsi le Rohan, mais Thuringwethil, comme tous les serviteurs de Sauron, n’était rien de plus qu’une esclave, et devant l’impérieux désir de son Maître, jamais elle ne se dresserait.

(direction: voyages)

Un énorme panache de fumée noire s’était élevé vers le ciel, là ou jadis se dresaient les demeures des fiers guerriers du Rohan… Mais une volonté cruelle et implacable avait ordonné que c site soit souillé, et ainsi les orcs avaient déversé leur fureur, exprimant sans retenue leurs penchants destructeurs. Les orcs s’étaient déchaînés, emplissant la nuit de leurs cris stridents et bestiaux, puis Thuringwethil avait ordonné à ses sbires de ramener l’ordre à coups de fouets. C’était le seul moyen de dominer l’abondante vermine du Mordor qui, excitée par la destruction d’Edoras, se serait dispersée dans le Rohan en quête de carnages à accomplir… Maintenir l’ordre dans une telle armée, sans le Pouvoir de Sauron pour peser sur les volontés des créatures des ténèbres, était un combat de tous les instants.

Enfin des jappements se firent entendre, précédant l’arrivée de l’armée menée de main de fer par Gimshluk.

Thuringwethil soupira ; elle allait enfin pouvoir se décharger sur l’orc énorme de l’harassante tâche consistant à mener ses troupes. Elle n’avait jamais trouvé le moindre plaisir à commander des armées, et ces derniers jours avaient mis sa patience à rude épreuve. Alors qu’elle se dressait sur son noir cheval, silhouette enténébrée et inquiétante, un crébain vint lui déposer un message.

Reconnaissant l’élégante écriture, elle parcourut des yeux le message de Saroumane :

-« Ô Thuringwethil, Servante de Sauron, Grande parmi les Eldars !
Les hommes s’éveillent et recomposent leurs alliances, le combat sera plus long que Melkor nous le laissait entrevoir. Dans le Nord s’éveil un danger, à grands pas vers mes frontières il se dirige.
L’aide de vos fiers guerriers y serait la bienvenue quand vous en aurez finit avec la plèbe du Rohan.
Car souvenez-vous que c’est ensemble que nous sommes les plus forts.

Puisse la bénédiction de Melkor atteindre votre âme et celles de vos fidèles serviteurs.

Curunir, Sage d’entre les Sages. »

« Sage d’entre les sages », murmura t-elle.

« Ainsi l’Isengard est assailli par les nord, ce qui expliquerait pourquoi Saroumane n’a pas participé à l’assaut contre le Rohan. Mais vous êtes rusé et fourbe autant que sage, Curunir », dit-elle entre ses dents.

Elle était troublée par ce message. Sauron, son Maître, lui avait ordonné de ce rendre dans l’Ithilien du Nord, pour assaillir avec le reste des armées du Mordor la Cité Blanche. Curunir souhaitait –il la détourner de ce but ? Quels étaient ses desseins ?

Elle savait que Saroumane avait le bras long, et que grâce au Palantir sa vision portait loin. Qu’avait-il pu voir qui nécessite la présence de ses armées ? Quoiqu’il en soit, jamais elle ne désobéirait à un ordre direct de Sauron, bien que son cœur empli de vengeance ne souhaitait qu’une chose : fondre sur le Gouffre de Helm, et détruire le Peuple du Rohan. Mais Thuringwethil était elfe et immortelle, et son cœur était de glace ; et jamais elle ne connaissait les ardentes passions des Hommes. Elle savait que sa vengeance viendrait en temps et en heure.

Elle était épuisée, car la sorcellerie qu’elle avait déployée à Dunharrow avait prélevé un lourd tribut. Cependant, il fallait qu’elle connaisse les intentions de son Maître… Et si il y avait traîtrise de la part de Saroumane, Sauron devait connaître la nouvelle.

Elle s’éloigna quelque peu de l’armée et de son incessant vacarme, et se retira sur les hauteurs ou soufflait un vent froid. Son regard sombre se porta vers l’est, et son esprit voyagea par les méandres du Songe Elfique, jusqu’à trouver celui de son maître, Sauron.

Au milieu des brumes indistinctes, Sauron apparaissait comme une étoile enveloppée de flammes ténébreuses, et le regarder était insupportable, aussi baissa t-elle les yeux :

« Maître, Curunir le Sage, votre allié, me prie de l’assister dans sa guerre et de lui prêter le secours de mes troupes… Une injonction qui contredit vos ordres. Est-ce là la preuve d’une traîtrise de sa part, ou la situation a-t-elle changée ? Je reste votre dévouée servante, ô mon Seigneur ».

Sauron se trouvait en discussion avec Saroumane quand lui parvin un appel soumis mais insistant de la part de sa servante.
Aussi,renfonrçant la agrde de ses pensées pour que l'istari ne voit rien ni n'entende rien de ce qui allait suivre,il répondit à sa servante.

"Thuringwethil,mes ordres sont bels et bien ceux que tu dois suivre.Si l'Isengard a besoin de bras,alors qu'il me demande mon aide.Va,tu n'as que trop trainé à accomplir mes ordres."

Et c'est sur cette parole que le maiar coupa la conversation.Il avait besoin de réfléchir.Apparemment,le vieux magicien avait cru pouvoir disposer de ses serviteurs en toute impunité.Quel sot,mais Sauron avait besoin de Saroumane et de son armée aussi continuerait-il à simuler la confiance bien que d'un seul geste le pouvoir de Saroumane pouvait être défait par celui du maiar...

La sorcière elfe s'inclina devant le Seigneur du Mordor, comme si celui-ci se tenait devant elle en chair et en os.

Ayant eu la réponse qu’elle attendait, Thuringwethil redescendit au galop vers l’armée des orcs, étalée comme une noire lèpre aux alentours d’Edoras. Elle retrouva facilement la silhouette difforme de Gimshluk, son commandant en second.

« Que les Légions se mettent en route pour les contrées de l’Ithilien nord, nous n’avons que trop traîné en ces lieux. Fait régner la discipline, nous partons en guerre contre les Hommes du Gondor. L’œil de Barad-Dur est fixé sur notre progression. Va ! »

(Direction : voyages)