Incursions orcs...

Sujet: Incursions orcs... Ven 16 Oct 2009 - 17:02

[MJ on]

Les orcs avaient progressé rapidement, faisant de longues haltes pour se protéger des rayons du soleil, et parcourant de longues distances durant la nuit où l'obscurité leur donnait une vigueur nouvelle. C'est ainsi que, partit de Barad Ûr, ils arrivèrent rapidement aux frontières de l'Ithilien et du prospère Empire de l'Ouistrenesse.

Là, le chef de troupe ordonna de s'arrêter et de se réunir autour de lui. Dissimulé par l'obscurité et par la densité de végétation, le chef s'adressa ainsi à ses hommes:

"Haro les orcs, nous voici à proximité de nos proies. Derrière ces arbres se dissimulent un endroit empli de viande. Un lieu où nous pourrons piller, brûler, saccager et manger à satiété. Le Oeil me l'a dit, il n'y a entre nous et cette terre qu'une poignée d'humains, trop apeurés pour opposer une grande résistance. Aussi, haro, haro sur les hommes, que leur règne se termine ici et maintenant!"

Et, brandissant sa lame elfique, le chef poussa un long hurlement orc, bestial, effrayant, alertant tout les êtres vivants aux alentours que les séides de Sauron étaient présents. Il fut rapidement rejoint par les 200 orcs qu'il commandait et la nuit s'assombrit davantage tandis que les paisibles fermiers d'Ithilien se terraient un peu plus au fond de leur lit, sachant que leur tranquillité relative était désormais terminée...

Sortant des fourrés, le commandant de l'unité orc commença à courrir droit devant lui, suivit bientôt par toute la troupe. Il ne leur fallut guère de temps pour trouver leurs premières victimes. Débouchant dans un espace dégagé, trois orcs s'effondrèrent tandis que quelqus uns poussaient des hurlements de douleur. Alertés par les cris, la défense des frontières de l'Ithilien n'avait pas tardé à réagir. Mais comme l'avait prévu le chef orc, elle ne semblait pas très importante. D'après le nombre de touchés, il n'y avait guère qu'une dizaine de Rangers.

Hurlant de rage, et sans que le chef n'ait besoin d'intervenir, les orcs se déployèrent en une ligne uniforme et battirent les fourrés pendant que les tirs continuaient, mais faisant moins de victimes. Il ne fallut guère longtemps avant de débusquer les Rangers. Ces derniers tentèrent bien de fuir et offrirent une résistance héroïque, mais, face à la rage des orcs, accompagnés d'un troll et d'un warg, ce fut peine perdu. La nuit retentit des cris de victoire orc tandis que les corps des valeureux soldats du Gondor étaient déchiquetés (ainsi que ceux des orcs tombés au combat).

Galvanisés par ce premier succès, le chef orc, la bouche encore pleine du sang de ses victimes, regroupa à nouveau ses hommes et les dirigea plus en avant. Etant un peu plus intelligents que ses congénères, le chef orc demanda au warg dans une langue trop sombre pour la décrire, s'il voulait bien remonter la piste des Rangers. Cela mena la troupe orc droit sur un petit village retranché derrière une mince palissade de bois. Intimant l'ordre à ses orcs de ne pas se montrer, ce qui provoqua quelques maugréments, le chef se dirigea alors vers Llort et lui dit:

"La viande se cache derrière ces murs. Envoient des roches sur cette porte pour que nous puissions tous en profiter."

[MJ off]

Edit: Llort, fais toi plaisir pour raconter la destruction du village. Le village compte environ une centaine d'habitants et la garnison doit compter une à deux douzaines de soldats. Je reprendrais le MJtage après.

Sujet: Re: Incursions orcs... Mar 27 Oct 2009 - 21:51

Après de longues heures de marche sous le couvert de la nuit, la troupe avait enfin atteint l’Ithilien. Ces terres à la végétation dense abritaient de nombreux paysans et quelques groupes de rangers du Gondor. Au bout de quelques temps en terre d’Ithilien ils trouvèrent des fermes et les rasèrent sans sommation, tuant ceux qui résistèrent et traquant les fuyards. Et rapidement la troupe du Mordor atteignit un village fortifié.

Ce village était entouré d’une palissade qui le protégeait des attaques des troupes de faible importance. Llort percevait l’odeur des hommes qui vivaient ici. Les feux de camps étaient allumés et l’odeur de la viande grillée flottait encore dans les airs. La créature percevait les sons étouffés des gardes qui parlaient de leur journée, bien loin de penser à ce qui les attendait. Un feu intérieur brûlait Llort, il voulait tuer ces humains et s’en nourrir. Mais pour être sûr que nul n’en réchapperait il fallait que la surprise soit totale. Il envoya Graw faire le tour du village discrètement. Le but était de débusquer tout soldat pouvant donner l’alerte au village. Le Warg partit donc, Llort rassembla alors d’énormes rochers et arracha quelques arbres. Il se préparait un stock de projectiles à lancer sur les gardiens du village. Le troll s’adressa au chef Orque :

Il faudrait que vous encercliez le village pour empêcher les habitants de s’enfuir. Je vous avertirais quand vous pourrez intervenir dans le village.

Sous peu, il avait rassemblé quatre rochers de la taille comparable à celle d’un homme et une dizaine de troncs pointus tels d’énormes flèches. La troupe du Mordor surveillait les alentours. Le vent se mit à souffler lentement. Les feuilles bruissaient légèrement et couvraient les bruits émis par un malheureux ranger ayant croisé Graw. Ce dernier revint peu après avec du sang coulant de ses longues dents. Il s’adressa à Llort dans son langage guttural :

J’ai éliminé tous les humains autour du village.

L’air était plus lourd à présent, le pouvoir du Mordor atteignait l’Ithilien. La nuit se fit plus sombre et le troll était à présent sous l’influence d’un pouvoir très puissant : celui de l’œil. Il saisit alors un énorme rocher.

Bientôt ce village sera détruit et ces terres connaitront la peur.

Il lança d’abord de toutes ses forces les plus lourds rochers qu’il avait ramassés. Ils volèrent alors longuement en sifflant avant de fracasser avec bruit la palissade de bois. Le vacarme provoqué réveilla les gardes endormis qui arrivèrent vite. Ils n’avaient pas pu revêtir leurs armures et ils somnolaient à moitié, attendant l’attaque en espérant que les assaillants seraient une troupe de pillards de faible importance. Malheureusement pour eux, seuls les Trolls ou des catapultes peuvent faire des dégâts pareils. Il ne pouvait donc s’agir que d’une attaque de Trolls ou d’un raid du Mordor. Dans ce cas c’était un peu des deux et il ne restait que peu d’espoir aux défenseurs. Le troll poussa alors un rugissement qui retentit au loin et brandissant son marteau il se jeta sur eux. Quelques flèches volèrent et effleurèrent son cuir épais tandis que d’autres se plantaient parfois en laissant une impression de piqure à Llort. Le troll abattit ensuite lourdement son marteau, tuant de nombreux défenseurs. Les hommes du Gondor n’offraient pas vraiment de résistance face à un troll de Pierre. Ils furent donc assez vite éliminés mais il se retrouva face à face avec un Ranger particulièrement agile. Il évitait les coups du Troll de manière assez surprenante et sa lame ripait trop souvent sur les écailles. La créature maléfique s’enrageait de plus en plus. Elle se jeta en avant, frappant de son arme en tous sens mais l’homme l’évita et après des pirouettes bien équilibrées il se retrouva derrière Llort. Le Ranger saisit une pique et arma son bras, se préparant à la lancer. Avec une telle arme il avait l’occasion d’abattre le troll. A cet instant Graw se jeta sur lui. Le ranger fit tomber son arme et ne put que pousser un cri étouffé lorsque Graw lui broya la nuque. Llort regarda autour de lui : tous les soldats étaient morts mais de nombreux paysans s’étaient armés et se dressaient à présent avec fourches et autres armes de fortune.

Vous allez mourir et votre pitoyable résistance est vaine.

Le troll donna aux Orques le signal qu’ils pouvaient intervenir. Son marteau vint persuter un paysan et il se lança dans la bataille à mains nues. Il fit signe à Graw qui s’attaqua courageusement à ces derniers résistants, lesquels ne vécurent plus longtemps. Llort continuait de tuer sans répit et il avalait en même temps à grandes bouchées les cadavres encore chauds des récentes victimes. Dès que les derniers opposants furent tués, Graw alla débusquer de nouvelles proies dans les maisons et Llort décapitait les chaumières découvrant ainsi ceux qui ne pouvaient se battre. Un carnage sans nom commença alors, de nombreuses femmes, enfants et vieillards attendaient la mort qui se dépêchait de les trouver. Et lorsque les Orques intervinrent, tout fut d’autant plus atroce. Les maisons brûlaient les unes après les autres sous les hurlements de terreur des victimes gondoriennes. Le feu et le sang se mêlaient et Llort étanchait sa soif. La terreur du Mordor perturbait la douce quiétude des terres de l’Ouistrenesse.

Sous peu tout le village fut en ruine. Les victimes formaient un tas de chairs sanguinolentes, réserves de nourriture pour les créatures du Mal. Les survivants seraient emmenés pour être dévorés plus tard. Le troll se munit d’un maximum de lances qu’il avait décidé d’emporter. Le matin arriverait bientôt et la troupe allait se déplacer. Llort attendit le signal du chef Orque.

Chef, j’ai tué les gardes et j’ai trouvé la nourriture, j’espère que l’œil sera content.

Sujet: Re: Incursions orcs... Dim 1 Nov 2009 - 22:33

Mode Mj = On. Note : Etant donné que Toranur est absent depuis plus d'une semaine, je prend la reponsabilité de prendre le relais pour un post.

Les orques avaient pénétré le village, pillant et incendiant tout sur leur passage. Les corps des vaillants soldats et paysans du Gondor avaient été déchiquetés et mangés. Le chef orque était galvanisé. Les immondes cris des orques résonnaient dans la campagne et les environs boisés du village. Le troll de pierre avait fait un carnage notable et avait permi à de nombreux orques de rester en vie.
Le chef orque s'approcha donc de Llort qui attendait les ordres.

-L'oeil sera content. Et moi j'suis content d'toi l'troll. Maintenant, voyons ce que tu vaux. Allez les orques, j'ai senti de la viande fraiche et plus tendre à l'Est ! Mordor !

Cette declaration fut accueuillie par un hurlement collectif. La troupe se remit en route au pas de course. Le Soleil arrivait et le chef orque avait bien l'intention de finir son raid avant de retournerà l'abri des pics si familiers du Mordor. C'est donc ainsi que les orques se dispersèrent dans les brouissailles et le maquis d'Ithilien.

***

Joad attendait patiemment. La nuit se finissait petit à petit, mais elle avait été longue. Dès les premiers signes d'attaque et les cris poussés, Joad avait su ce qu'il se passait. Le terrain étant un peu valloné, les hurlements de la bande orque portaient loin... Très loin. Jusqu'au groupe de rangers de Joad. Ce dernier avait entamé une longue chasse à travers la région. Aussi silencieux que rapides, les Rangers avaient vite progressé, jusqu'a apercevoir l'immense forme d'un troll à la faveur de la Lune.

-En position. Les fermes sont détruires, on les attend ici. Hiboux, à droite, les autres, avec moi.

La vingtaine de rangers se déploya selon les ordres de leur capitaine. Les orques ne perdaient pas leur temps. A peine leur forfaits commis, ils repartaient. Joad rageait. Les inscursions ne faiblissaient pas, les orques continuaient de traverser les terre du Gondor, tuant, pillant et massacrant sans peine. Bien entendu, les rangers étaient là pour stopper ces assauts, mais la marée d'ennemis offerte par le Mordor semblait intarrissable. Le capitaine s'était accroupi, près d'un bosquet, completement masqué. Il attendait patiemment. Il banda son arc, prêt à recevoir la charge impétueuse de ses hideux ennemis...

***

Le chef orque continuait de courrir, sautant par dessus racines et crevasses. Cette nuit semblait prête à tenir toutes ses promesses. La troupe progressait rapidement, marchant à la cadence des bruits de pas sourds du troll qui marchait en arrière garde. Le chef était bien content de l'avoir. Un troll, accompagné d'un Warg, qui était serviable et loyal par dessus le marché ! Voila une vraie aubaine. Le chef s'arrêta, humant le vent qui changeait de direction. Les orques étaient sur une légère pente, à découvert. En haut de la pente, des hauts pins masquaient le noir ciel. Alors que les nuages se dispersaient, éclairant le terrain à la lumière de la Lune, le Chef Orque entendit un cri de Hibou résonné. Pourtant... Il ne se souvenait pas avoir entendu de hiboux précédemment... Les flèches sifflèrent, touchant à chaque fois. Un par un, les orques tombaient sans pouvoir réagir. Le chef Orque recula et se plaça derrière un tronc.

-Mordor ! Et toi l'troll ! J'compte sur toi pour faire le ménage. Essaye de faire tomber ces arbres, et envoie ton Warg nous faire de la place.

Le chef se détourna, menant toute la troupe dans un semblant d'abri. Les rangers, eux, ne semblaient pas faillir, leur visée restant ferme.

Mode Mj = Off. Llort, comme précédemment, fais toi plaisir. Le but est bien évidemment de survivre et de détruire la menace. Bien entendu, cette fois-ci, les orques étant les cibles, la aprtie sera plus dure. Environ 20 rangers...

Sujet: Re: Incursions orcs... Ven 6 Nov 2009 - 22:45

le massacre était fini et la troupe repartit. Aucune cible précise n’avait été déterminée et les Orques allaient très probablement errer en Ithilien en espérant tomber sur un autre village sans défenses. De fait aucun éclaireur n’avait été envoyé pour chercher ni village gondorien ni abri pour se retirer. Cette incursion s’apparentait à un raid pur et simple sur les terres de l’Empire de l’Ouest. Le but était de semer le chaos et la terreur chez les ennemis du Mordor et sans chercher à savoir quelle serait la résistance des fermiers de l’Ithilien.

Ainsi la troupe avançait rapidement en oubliant de même les règles les plus élémentaires de la discrétion bien que ce fut une notion très abstraite chez les Orques et d’autant plus chez les Trolls. Si ils tombaient dans une embuscade ou sur un ennemi trop nombreux, les pertes seraient lourdes et nul n’en réchapperait car à présent de nombreux facteurs étaient contre eux : les patrouilles de rangers étaient plus coutumiers de ces terres et plus silencieux et les Orques ne pouvaient battre en retraite puisqu’aucun lieu n’était sûr en ces terres. Mais la nuit sombre les protégerait encore un temps suffisant. De plus le sang avait été versé et le pouvoir du Mordor s’était un peu renforcé autour de ces serviteurs.

Ils avançaient donc rapidement et Llort formait l’arrière-garde à lui seul. Graw manquait à l’appel, il finissait de digérer l’énorme quantité de viande qu’il avait ingérée. Et soudainement il sentit de nombreux traits fendre l’air pour atteindre les Orques qui, ne savant d’où venait le danger, tombaient comme des mouches. Llort entendit le chef s’adresser à lui :

-Mordor ! Et toi l'troll ! J'compte sur toi pour faire le ménage. Essaye de faire tomber ces arbres, et envoie ton Warg nous faire de la place.

Malheureusement Graw n’était pas encore revenu. Les flèches continuaient de voler, les Orques tentaient de se protéger tant bien que mal et assez rapidement les attaquants commencèrent à viser Llort. Le troll qui se sentait de plus en agacé par ces Rangers lança aussitôt une lance à travers les arbres et deux d’entre eux s’écroulèrent. Son ouïe l’avait bien guidé.

Voyez vos compagnons tomber lâches du Gondor. Je vais vous trouver et tous vous massacrer !

Il se mit à remonter la pente le plus vite possible pour atteindre les Gondoriens et, aussi fulgurant qu’un troll peut l’être, lança son marteau qui vint tuer un autre Ranger. De nouveaux ordres se faisaient entendre : une partie de groupe devait empêcher les Orques de remonter tandis que les autres encerclaient le troll. Un de ces arbres énormes qui poussaient en Ithilien décolla du sol, soumis à la force impressionnante du troll de Pierre, et servit de gourdin à défaut de marteau. Il était de son devoir de d’abord protéger les Orques et s’attaqua d’abord à ceux qui entamaient leur descente. Les seconds à périr furent les plus imprudents qui laissaient le troll se rapprocher. Quelques minutes plus tard, se tenaient encore debout le chef des Rangers ainsi que trois de ses hommes. Ils faisaient face au troll en signe de défi et Llort aimait à montrer sa force brute lors de ses occasions. Il lâcha l’arbre et attendit que ses adversaires agissent.

*Cette nourriture est vraiment stupide. Ils croient vraiment pouvoir battre un troll à quatre !*

Et finalement ils chargèrent tous les quatre. Le combat commença et les coups pleuvaient. Les cinq combattants s’affrontaient violemment et Llort était bien souvent dépassé par l’agilité des hommes. Et jusqu’à ce qu’il pût enfin saisir le chef son armure se fendait et se courbait à cause de la hargne des Rangers. Mais lorsque le plus fort des quatre soldats eût le coup brisé par la poigne de fer du troll ils furent tous saisis de peur. Un seul osa encore provoquer le troll.

Sois maudit créature du Mal ! Tu as vaincu la garnison de ce village et tu l’as pillé. Tu as tué mon chef et mes amis. A présent tu vas payer pour ces crimes !

Llort courut en direction de son arme. L’homme le suivait. Le troll saisit son arme, il se retourna et fit voler le Ranger qui mourut en percutant un arbre. Entre temps les Orques survivants avaient rattrapé les fuyards humains et prit leur « dessert ». Graw reparut après la bataille et il fut puni pour avoir trop tardé. Peu d’Orques avaient survécu et la troupe reprit bientôt la route, bien qu’elle semblait s’orienter à présent vers le Mordor. Llort marmonna quelques injures à destination des Orques à propos de leur couardise. Il les trouva également très fragiles.

Sujet: Re: Incursions orcs... Lun 9 Nov 2009 - 21:49

Mode MJ = On

Le chef orque avait assisté au carnage depuis le bas de la pente. Il avait tenté une montée mais à la vue des pertes désastreuses des orques qui se faisaient faucher comme du blé mur, il s’était replié en voyant que le troll ne s’en sortait pas si mal, voire bien. Le déchainement de violence était tout simplement sublime. Rugissements et puissants coups pleuvaient sur les derniers rôdeurs. Mais le mal était fait et la troupe avait été décimée. Même son chef avait été blessé, recevant une flèche dans l’épaule. Ghrkobak, le chef de la troupe continua à monter avec les derniers orques et tomba sur les rôdeurs survivants en fuite. Les rattrapant dans le noir, les immondes bêtes du Mordor ne firent qu’une bouchée des rôdeurs, et c’était le cas de le dire… Ghrkobak revient en arrière et contourna la pente pour déboucher sur un sentier sinueux qui montait en pente douce et se perdait entre les arbres. Au loin, on pouvait voir que sur une petite colline, le chemin disparaissait tout à fait, laissant place au ciel noir qui se colorait doucement de rouge. Une aurorre sanglante pour une nuit de gloire pour les orques. Le chemin était sur, surtout après le massacre de toute la garnison de rôdeurs du secteur. Et puis, après tout, portés par le retour de la terre et la crainte du Soleil, les orques avanceraient avec célérité. Une parfaite nuit ! Se retournant, le chef orque poussa son hurlement guttural et toute la troupe partit au pas de course vers le Mordor sur ce chemin déserté des hommes du Gondor. Démoralisés et blessés, les orques faisaient ce qu’ils savaient faire le mieux : fuir après une bonne nuit de massacre. Trop tard, le chef de la bande pensa à récupérer les armes des rodeurs, qui auraient pu être utiles. Mais le chemin de retour étant déjà entamé, il ne fallait surtout pas briser le chemin.

Ghrkobak ralentit jusqu'à ce qu’il arrive au niveau du Troll qui se baladait de nouveau avec son warg. Impressionant ce troll. Massacrant, écrasant, écrabouillant ! Il offrait un spectacle particulièrement jouissif pour de simples orques qui ne connaissaient rien d'autre que le massacre et la chair sanguinolente. Vraiment, un délice pour les oreilles, le bruit des os qui craquent, des lames qui se brisent, des cris étouffés dans un macabre dernier soupir. De nombreux morribonds agonisaient doucement dans l'ithilien en feu, au milieu des cadavres déjà en décomposition, où de profondes entailles de dents marquaient et déchiraient les chairs des paysans du Gondor. Même les rôdeurs ne pouvaient endiguer le flot noir. Et si la terre avait été souillée par le sang des hommes, ce n'était que le commencement.

-Hey toi l’troll ! T’as fait un sacré bon boulot cette nuit. Ouaip’, de tout c’qui ma été donné d’voir, t’es le meilleur ! En rentrant, j’vais parler de toi à nos dresseurs de trolls. Tu vas peut-être être promu qui sait ! En attendant, avance et fais moi avancer ces chairs à warg !

Le chef recommença à courir, imité par toute la troupe qui accéléra en entendant les bruits furieux du troll qui commençait à courir. Le Mordor projetait ses ombres et les retiraient… Jusqu'à une nouvelle incursion, plus profonde, plus meurtrière… Les orques faisaient partie d'une race étrange avec une hierarchie bien spéciale. mais les guerriers étant si communs et si peu importants dans l'echiquier des troupes du Mordor que les faits d'armes étaient tout de suite repéré. Et ce troll qui marchait aux côtés d'un singulier capitaine du Mordor était promu à un grand avenir. Rares étaient les trolls capables de survivre et de s'élever jusqu'a servir aux côtés des plus grands généraux sur les plus grands champs de bataille.

Du rêve... Du sang, des lames et de l'acier plein les tripes. La folie orque qui continuait à frapper Arda comme le marteau sur l'enclume. Le fer serait battu inlassablement jusqu'a ce qu'il casse. Et dès que l'armure du Gondor se fissurerait un petit peu, la force du troll s'engouffrerait et briserait les mailles comme du bois. Bientôt, oui bientôt, toutes les hordes du Mordor qui attendaient, au milieu des bruits de fouets, la chaleur des fournaises, la poussière de Nurn, oui bientôt toutes les hordes se deverseraient sur un monde qui avait connu trop de victoires et trop de temps lumineux. L'ithilien était de nouveau plongé dans un terrible cauchemar qui s'allongeait inlassablement.
Le Mordor envoyait ses sbires comme des longues branches sinueuses, désirantes d'ancrer les racines du mal toujours plus profondémment...

Mode Mj= Off

Sujet: Re: Incursions orcs... Mar 6 Juil 2010 - 22:47

[Ce post est un post "prétexte". Il raconte une des nombreuses attaques lancées par Shraknag contre l'Ithilien,et ce pour "contextualiser" la prise de possession du territoire. Je me permets ceci en considérant qu'il n'y a pas de réelles garnisons du Gondor dans cette région délaissée et que la résistance de quelques Rôdeurs serait trop peu conséquente face au nombre élevé de soldats du Mordor,dont de nombreux chevaucheurs.
Par contre,il est évident qu'après ces attaques le Gondor pourra riposter et tenter de reprendre le territoire avec l'envoi de troupes suffisament nombreuses (en demandant,de préférence,à un MJ de s'occuper des soldats du Mordor si je suis toujours absent).]

- Brethor,mon garçon,va donc apporter ces faisans aux guetteurs du Pont aux Trolls. Il paraît que le Mordor s'agite ces temps-ci,et je ne voudrais pas que nos hommes manquent de quelque chose,dit le vieux charpentier à son fils.
- Tout de suite,père. Je ne serais pas long.

Brethor ne fut en effet guère long,et revint même avec les nouvelles du front : la petite garnison avait été massacrée,les cadavres déchiquetés ou pendus à des arbres,et l'attaque qui se préparait était de grande envergure. Tout cela,il ne le dit pas vraiment ; mais c'est ce que les habitants du village devaient logiquement déduire en le voyant revenir vers eux,recouvert de poix incandescente et suivi par une vague brune de chevaucheurs de Wargs. La torche juvénile passa en hurlant devant ses frères et soeurs avant de s'effondrer aux pieds de son père,ahuri,qui n'eut guère le temps d'attendre la fin des spasmes brûlants de son fils : la volée de flèches qui précéda la horde monstrueuse le faucha avec sa femme et ses enfants,et les bienheureux retournèrent aux Valars avec quelques autres habitants du village,sans se douter de l'honneur qui leur était ainsi fait. Les autres furent pris en tenaille par les meutes hurlantes qui encerclèrent méthodiquement le village fortifié,et les quelques téméraires abattus d'une flèche bien sentie. En moins d'une minute,l'un des chefs-lieux de l'Ithilien venait de passer de la prosperité prudente à l'abîme d'une destruction imminente. Un silence sépulcral tomba alors sur le village,seulement brisé après d'interminables secondes par une voix glaciale et dégoulinante de haine venue de la forêt environnante :

- Citoyens du Gondor ! Vous avez osé pénétrer en ces terres jouxtant le Pays du Seigneur des Ténèbres sans en référer à Sa Majesté. Considérant que vous n'avez jamais ni juré ni prouvé votre allégeance à Sauron le Grand,et que vous êtes même allés jusqu'à combattre par tous les moyens possibles ses envoyés,nous,général Shraknag,premier juge des ennemis de Morgoth après le Seigneur Sauron,déclarons votre cité,vos familles,vos concitoyens et vous-même hors-la-loi,rebelles et hérétiques. Que tous s'inclinent devant la toute-puissance du Mordor en cet instant ou vous serez passés par les armes,et vos corps et vos âmes laissés à notre bon vouloir. Une prosternation immédiate sauvera vos vies misérables et vous offrira une chance de vous racheter en travaillant à titre gracieux au service du Seigneur des Ténèbres.

L'effet fut immédiat : toutes les femmes,hurlant de désespoir,se jetèrent au sol,écrasant,pour sauver leur vie,leurs enfants dubitatifs contre le sol terreux. Quelques hommes,les pères principalement,suivirent leurs épouses. Le reste se tint debout,raide et fermement décidé à mourir au combat : des adolescents couraient soudain chercher fourches et fléaux à blé quand les hommes défouraillaient de tristes épées émoussées ou des arcs de fortune. Les vieillards,impassibles,attendaient la mort,les phalanges abîmées serrées sur leurs canes biscornues.

De là où il était (un surplomb arboré situé en face de l'entrée principale ), Shraknag - car c'était bien sûr sa voix qui s'était élevée - fit une grimace de mépris et cracha sur l'herbe encore humide des dernières pluies. Il s'était attendu à plus large ralliement,vu l'effrayant déploiement de force. Mais tant pis. On immolerai ce village et ses habitants comme on en avait immolé tant d'autres. Dans le sillage de la horde,on distinguait nettement d'épaisses colonnes de fumée noire dont les plus lointaines se mêlaient avec celles,bien plus considérables,du grand embrasement qu'avait ordonné le général.

- Je suis déçu,continua alors Shraknag,de voir que bien peu d'entre vous savent où est le salut. Tellement peu,d'ailleurs,qu'il serait bien inutile de faire le tri entre eux et les imprudents. Venez donc connaître une mort lente et douloureuse dans le simulacre de combat paysan que vous nous proposez...excepté femmes et enfants qui,je n'en doute pas,auront la présence d'esprit de rentrer dans leurs chaumières et de s'y laisser bien sagement brûler.

Un hurlement terrible,plein de toute la terreur et de la souffrance que peut ressentir un être humain,éclata dans l'air de plomb. Les femmes broyèrent leur progéniture innocente entre leurs bras d'épouvantées,et les hommes poussèrent un cri de guerre tremblant mais fier,avant de se jeter sans espoir de victoire contre les bêtes massées devant le pont-levis que la rapidité de l'attaque leur avait empêché de baisser. Les femmes et les enfants hurlèrent encore au moment où le cri du général meurtrier ordonna à ses sbires d'écraser les rebelles ; en quelques secondes ce fut fait,et la malchance voulut qu'aucun coup,même des plus adroits combattants,ne put porter avant que des pattes griffues ne les plaquent au sol et que les têtes bardées de crocs qui les surmontaient ne broient les leurs dans un concert de craquements mouillés. Alors l'effroi fut trop grand et les éphémères survivants se turent tout à fait - et Shraknag,fier de son oeuvre cruelle,hurla avec un plaisir non dissimulé :

- Ghâsh *!

Et ses sbires grisés de répéter en choeur "Ghâsh ! Ghâsh ! Ghâsh !" jusqu'à ce que de grands chaudrons de poix et des torches soient amenès des lignes arrières. Leurs porteurs entreprirent d'enduire les flèches des chevaucheurs de la pâte traîtresse et de les enflammer sur-le-champ. Quand tout fut prêt les projectiles ardents furent dirigées vers le ciel gris,et un silence d'exécution sommaire s'installa de nouveau. Les têtes des chevaucheurs tournèrent mécaniquement leurs têtes ricanantes vers le lieu où leur maître s'était positionné. Celui-ci avança pour être vu de tous,et fit claquer le fouet qu'il avait ôté de sa ceinture dans les airs. L'ordre était clair. Deux cent flèches incandescentes s'envolèrent à la même seconde dans les cieux plombés et vinrent s'abattre avec la force des sentences iniques sur les toits des chaumières,les femmes terrorisées,les têtes des enfants et celles des hommes qui croyaient échapper à la mort par la servitude. En un instant tout s'embrasa,corps comme maisons,et le village autrefois florissant ne fut plus qu'un immense bûcher où paix et quiétude achevaient de brûler au son des hurlements de douleur.

Pendant de longues minutes les Orcs fascinés regardèrent leurs ennemis se consumer - puis la faim reprit le dessus sur l'adoration du pouvoir destructeur de Sauron et la meute insatiable se répandit dans le village assassiné comme les eaux d'un fleuve de mort,slalomant entre les brasiers et dévorant avec délice les chairs grillés des Hommes. Fut pillé tout ce qui put être pillé,détruit tout ce qui put être détruit,englouti tout ce qui put être englouti. Quand il ne resta plus rien de la petite cité que des cendres et des os carbonisés,les Orcs suivirent spontanément en ordre de bataille leur maître qui s'éloignait déjà sans jeter un regard au charnier fumant. On entendit encore les étriers tranchants écorcher les flancs rudes des Wargs et des aboiements féroces - puis ce fut tout,et la horde monstrueuse,rapidement suivie par les artificiers zélés et l'arrière-garde avide qui fouillait encore les cadavres dépossédés,disparut dans les volutes brûlantes qu'elle allumait encore et toujours sur sa route.

* : "feu"

Sujet: Re: Incursions orcs... Sam 4 Sep 2010 - 19:58

L'Ithilien n'était plus. Et ne serait plus tant que les plaies monstrueuses que lui avaient infligé le Mordor ne se seraient pas refermées,et que les siècles lents et le labeur ininterrompu des Hommes ne l'aurait pas aidé à reprendre une forme vaguement forestière. S'il avait été possible pour un être non affilié au Pays Noir de pénétrer en ces terres,l'impression qui le saisirait serait sans aucun doute celle d'un gâchis immense et barbare,aux limites de l'acceptable.
Mais encore aurait-il fallu qu'il reconnaisse l'Ithilien. Car à l'instar des monstres qui l'avaient souillé,elle était affreusement mutilée et ne ressemblait plus en rien à la forêt luxuriante qui se dressait en ces lieux quelques semaines auparavant. Les derniers arbres non transformées en aiguilles noirâtres ou en tas fumants achevaient de s'effondrer sous les coups de hache haineux des Orcs ; le sol n'était plus qu'un vaste tapis de poussière orné ça et là de cadavres carbonisés de bêtes ou d'hommes piégés par l'incendie ; les hameaux insouciants s'étaient mués que charniers où la vermine de Sauron ripaillait sans vergogne ; les montagnes austères mais bienveillantes qui protégeaint jusque là le Gondor des Ténèbres étaient parées d'un affreux linceul de soie épaisse qui étendaient ses longs bras gluants au hasard du relief pour atteindre l'extrême limite de la forêt - et dans l'obscurité on devinait des formes monstrueuses ramper le long de ces rets mortels. Les éléments eux-même avaient trahi la contrée : l'air s'était fait vapeurs nauséabondes,les fumées impénétrables d'Orodruin avaient remporté leur combat contre les cieux purs du Gondor et recouvert les nuées,les ruisseaux bavaient une eau puante et charriaient des immondices avec une joie malsaine et,si il eut été besoin de faire la preuve de l'origine de ces monstreuses métamorphoses,on voyait apparaître en lieu et place des cascades asséchées de minces mais bien visibles filets de lave qui creusaient ça et là des cavités incandescentes dans la roche craquelée,perforant de temps à autre les parois lisses de grottes encore pleines d'armes,de tentes,de cartes et de lambeaux humains oubliés.

Le général Shraknag,lui,reconnaissait l'Ithilien. L'Ithilien dont il avait si longtemps rêvé,un Ithilien imitant avec application la splendeur dévastée des Terres du Seigneur. Il n'en revenait pas d'avoir pu,par la fureur des Orcs et sa seule volonté idolâtre,reconstituer à moindre échelle l'enfer qui le plongeait dans une ténébreuse extase. S'il avait été capable d'un tel prodige sans être le moins du monde doté des pouvoirs du Maître,ce dernier pourrait,à n'en pas douter,faire,à l'heure de la victoire finale,de la Terre du Milieu une oeuvre d'une majesté sans nom. Il imaginait déjà l'Erebor plongée dans un perpétuel effondrement,le Rohan transformée en bûcher sans fin,le Gondor criblé de cratères brûlants,les terres de Premiers-Nés rongées par des orages corrosifs et des hordes innombrables de créatures torturées... Mais il dut interrompre là ses divagations morbides,ramené à la réalité par un cri rauque à son intention :

- Monseigneur,on m'annonce l'arrivée d'un convoi de presque deux cent prisonniers. Qu'en faisons-nous ? lui demanda en articulant inutilement un gros Orc engoncé dans une armure grinçante.
- Je croyais avoir bien précisé qu'il ne devait pas y avoir de prisonniers,commandant,siffla Shraknag.
- C'est que ce sont les derniers fuyards de la région,monseigneur. Les rares humains qui avaient échappé à notre colère s'étaient regroupé il y a peu en un groupe finalement assez conséquent pour tenter une sortie ; une cohorte de chevaucheurs Wargs les a acculé dans la grotte où ils avaient trouvé refuge,à ce que j'ai compris - ils seraient sortis après une courte bataille et la promesse de pouvoir plaider leur cause auprès de vous.

Shraknag émit un petit rire. Il n'était pas insensible au fait que les règles de la fourberie qu'il érigeait en art se répandent parmi ses séides. Il savait qu'à l'heure qu'il était,des survivants naïfs attendaient avec angoisse une grâce qu'il ne leur accorderait pas. Il donna ses instructions au commandant :

- Prenez cent de ses imbéciles,liez-leur pieds et poings et ordonnez que l'on imprime au couteau sur leurs fronts la marque de l'Oeil Flamboyant. Faites exécuter les autres,et trempez les lames dans leurs cadavres avant de procéder au marquage des précédents,que les plaies s'infectent et gonflent. Je veux que le Signe soit bien visible,car je les envoie au Seigneur des Ténèbres lui-même,en tant qu'offrandes. Ce qui restera des cadavres des malchanceux qui n'iront pas satisfaire le Maître,vous le ferez jeter aux Trolls.

L'Orc se contenta d'un sourire admiratif face à la finesse de l'esprit du général et se retira avec une révérence pour exécuter les ordres. Shraknag,quant à lui,se dirigea d'un pas leste vers le centre du fortin établi par ses soldats en attendant la possibilité de construire de vrais postes avancés. Lorsqu'il pénétra dans la tente qui abritait son état-major,le silence se fit sur-le-champ. Il le brisa au bout de quelques secondes,plus pressé pour une fois d'évoquer la suite des évènements que de se repaître de la peur qu'il inspirait même parmi ses plus proches serviteurs :

- Alors ? Où en sommes-nous ?
- L'Ithilien tout entier est à vos ordres,mon général,dit un Orc atrocement mutilé en s'avançant fièrement vers Shraknag. Nous avons anéanti les dernières poches de résistance il y a deux jours. Les prisonniers vous ont été...
- Je sais,le coupa Shraknag. Nous avons statué sur leur sort. Qu'en est-il du Gondor ? Toujours aucune réaction de ces fragiles petits scribes et de leurs jouvenceaux aux armures luisantes ?

La pique fit ricaner tous les chefs de l'armée présents sous la tente,mais il était difficile de savoir s'ils goûtaient réellement l'humour de leur maître ou si cela n'était que politesse élémentaire et,accessoirement,nécessaire à la survie. L'Orc à qui la question avait été posé dut se faire violence pour s'arrêter de rire plus tôt que les autres et répondre à la question le plus rapidement possible,sous peine de se voir baisser dans l'estime du maître :

- C'est plutôt incertain,mon général. Des éclaireurs signalent parfois des troupes un peu trop vastes pour ne pas être commandées par des chiens de Denethor...et puis on ne retrouve plus leur trace. Si une déclaration de guerre reste pour l'instant peu probable du fait de la rapidité de l'attaque,il n'empêche que nos actions ne sont bien sûr pas passées inaperçues. Des contingents plus ou moins importants de soldats envoyés en éclaireurs sont à craindre dans les prochains jours.
- Très bien. S'ils devaient effectivement franchir nos nouvelles frontières,je veux qu'ils soient écrasés sans ménagement. On en gardera cependant quelques-uns (dont le chef,de préférence) que l'on m'amènera pour un interrogatoire poussé sur nos relations diplomatiques.

Ces directives données,le silence retomba. Mais il était perceptible qu'il restait des choses à mettre au point. Après une longue minute de mutisme gêné,un autre commandant de l'armée vint interrompre l'observation cartographique dans laquelle Shraknag s'était plongé,cherchant avec avidité de ses yeux jaunes la prochaine cible de son appétit gigantesque :

- Mon général...puis-je vous demander quels sont vos ordres pour après ?
- Après quoi,commandant ? s'enquit Shraknag avec une surprise légère mais non feinte.
- Après l'installation durable de nos forces en Ithilien. Faut-il préparer le retour en Mordor ?
- En Mordor ? Mais nous y sommes,commandant !
- Oui,maintenant que cette contrée est entre nos mains...mais je parle du coeur de notre royaume. Je doute que vous laissiez d'aussi importantes troupes stationnées ici.
- Vous avez raison,commandant. Elles ne resteront pas ici. Mais elles ne reviendront pas non plus en Mordor intérieur.
- Mais...
- Vous avez bien compris. Nous n'avons que trop attendu ; et je sais,je sens que le moment est venue. Le Pays Noir,soldats,s'exclama alors Shraknag à l'intention de tous ses sbires rassemblés sous la tente,a dormi trop longtemps ! Mais ne sentez-vous point que c'est aujourd'hui l'heure de son réveil ? N'avez-vous pas entendu,dans le silence abyssal de nos nuits d'esclaves,les pas du Seigneur des Ténèbres faire à nouveau trembler les fondements du monde ?

Ces questions étaient purement réthoriques,et les officiers surpris se contentèrent d'écouter la harangue soudaine du général,qui semblait maintenant pris d'une fièvre belliqueuse qu'on ne lui connaissait d'ordinaire qu'en combat :

- Préparez-vous à la nouvelle Grande Guerre,soldats ! À la guerre qui rappellera à la lâche Arda que nous sommes ses maîtres lésés ! Qui fera sonner les cors de la défaite dans les crânes des Peuples Libres ! Qui reveillera Gothmog,Carcaroth et Thuringwethil ! Préparez-vous au Grand Massacre de cet Âge,à l'asservissement final et à l'immolation infinie dans le brasier ardent de Sa Toute-Puissance !

Ce discours,plus qu'apte à faire hurler d'une joie bestiale les hordes soumises,avait un tout autre effet sur les créatures les plus haut placées dans la hiérarchie du Noir Pays. Si certains se laissaient emporter avec admiration par le torrent grandiloquent du Général,d'autres se demandaient si Shraknag n'était pas en train de devenir une menace pour l'ordre ténébreux auquel ils aspiraient et dont ils ne sortiraient pas sans l'ordre direct de Sauron lui-même. L'un d'eux parla pour tous en coupant net,malgré toutes ses précautions,Shraknag dans son élan lyrique :

- Monseigneur,nous attendons tous ce jour béni où Notre Seigneur viendra reprendre son dû. Mais cela n'est pas possible à ce jour.

Shraknag resta un instant indécis,les bras ballants,puis le foudroya du regard et repartit,cette fois avec une froideur des plus inquiétantes :
- Bien sûr que si,commandant. Il n'est point de forces sur la Terre du Milieu qui puisse nous faire opposition. Et je vous l'ai dit,Notre Maître Sauron le Grand est sorti de sa retraite sacrée. La moindre parcelle de cendre du Mordor chante son retour.
- Monseigneur,si tel est le cas,pourquoi ne pas attendre qu'Il nous donne Ses instructions ?
- Imbécile ! rugit Shraknag. Ne comprends-tu pas que c'est ce qu'il attend de nous ? Le bon esclave anticipe et devine l'Ordre du Maître avant que celui-ci n'ait ouvert la bouche. Si tu n'as pas assez de jugeote pour percevoir sa divine volonté...
- Ce n'est pas cela,Excellence ! le coupa avec un gémissement le commandant téméraire. Mais les peuples qui Lui avaient juré allégeance le renient de plus en plus,et les Peuples Libres autrefois ennemis se liguent maintenant contre Sa Grandeur. Si nous attaquions maintenant,qui sait ce qu'il adviendrait du Mordor...
- Parce que vous croyez,commandant,que nous pouvons être vaincus ? Repoussés,arrêtés,chassés,oui. Pas vaincus. Nous avons survécu à toutes les tentatives d'extermination des hérétiques,et ce depuis la naissance du monde. Comprenez que nous invincibles. Vous parlez du Mordor comme d'un pays qu'on pourrait envahir,n'est-ce pas ? Vous vous trompez. Le Mordor n'est pas un pays.
Un frisson de malaise parcourut les rangs des commandants. Le maître commençait à perdre la tête.

- Le Mordor n'est pas un pays. Si toutes les hordes d'Elfes,d'Hommes,de Nains qui pullulent là où nous devrions régner venaient ici,elles n'envahiraient pas le Mordor. Elles souilleraient seulement une des formes physiques que Notre Maître Sauron le Grand a la pouvoir de donner à la Mort et au Désespoir. Le Mordor,c'est Lui,le Mordor,c'est nous. Le Mordor,qu'on l'appelle ainsi ou de tout autre manière,ce n'est pas un tas de boue gouverné par des gueux. C'est l'expression de Sa Volonté,de Sa Puissance et de notre soumission. Elle nous habite,comme elle habite le moindre grain de poussière qu'il a décidé d'avoir sous son joug. Destructible,le Mordor ? A-t'-il des institutions ? Une culture ? Une unicité ? Pas le moins du monde. Il n'est qu'avatar minéral et organique de Sauron. Il y a eu d'autre Mordor,il y'en aura encore d'autres. Le Mordor,c'est Sauron. Or on ne peut vaincre Sauron. Donc on ne peut vaincre le Mordor.
Ainsi nous aurons cette guerre. Et à la fin,il ne peut,pour nos adversaires,y avoir de victoire. Ils n'ont d'influence que sur le moment de l'exécution qu'ils pourront retarder vainement ; mais à la fin le temps lui-même se diluera dans le Néant. Dans Sauron.

Voilà,dans une tente planté au beau milieu d'une forêt morte,l'atroce prophétie que jeta une créature malade vers les nuées empoisonnées.

Sujet: Re: Incursions orcs... Dim 5 Sep 2010 - 0:47

"Mes respects, Général! C'est Lui qui m'envoie à vous, vous remettre plusieurs documents, et un message oral!"

"Tout d'abord, le Maître vous fait savoir qu'il est plus que satisfait de vos actions, et qu'il n'a pas changé les règles. La défaite est punie, la victoire récompensée. Le Maître pense que vous avez reçu une juste punition lors de la destruction de Cirith Ungol, et votre récente victoire vous a fait remonter dans son estime. Vous avez particulièrement bien choisit votre heure, Général... C'est pourquoi Il vous nomme Maréchal de Mordor!"

"Il est satisfait de vos actions, et Il a décidé qu'il ne fallait pas s'arrêter en si bonne route. La Tour Blanche sait ce que vous avez fait. L'Intendant fait bouger ses troupes. Vous vous heurterez à plusieurs dizaines de milliers de guerriers humains bien entraînés. L'Empire de l'Ouest estime avoir la force de nous défier, et il ne faudra pas le sous-estimer: ils ont fait des progrès."

"Vos ordres sont de frapper l'Ouistrenesse, Maréchal. Vous êtes libres de choisir où et comment vous frapperez. Une deuxième attaque vers le Nord n'est pas exclue, mais elle est encore à l'étude... Revenez vainqueur, et vous serez grassement récompensé..."

"Il vous fait savoir qu'Il vous recevra personnellement si vous réussissez."

Sujet: Re: Incursions orcs... Mer 8 Sep 2010 - 0:53

En quelques phrases,cet orc chétif à la voix stridente venait d'adouber Shraknag maréchal,faisant ainsi de lui de la façon la plus officielle qui soit l'autorité suprême,incontesté et incontestable du Pays de Mordor après Lui. Et lui avait délivré cette sentence brute,retranscription fidèle de la volonté du Seigneur des Ténèbres : "Vos ordres sont de frapper l'Ouistrenesse, Maréchal". Le discours enflammé du nouveau maître absolu des hordes de Sauron,qui avait paru si fantaisiste à ses sbires quelques heures auparavant,faisait maintenant figure de prophétie infaillible. Les phantasmes de destruction et de massacre qui avaient hanté la cervelle d'un Shraknag victorieux se muaient à l'instant en actes dont la réalité était une certitude pour les jours à venir.
L'Orc resta muet quelques secondes,assimilant lentement les informations qu'il venait de recevoir. Il allait concrètement recevoir des renforts plus que conséquents et partir sous peu direction des terres du Gondor pour entamer une nouvelle Grande Croisade contre les Peuples Libres. Et,s'il réussissait - ce qui,vu l'ampleur de ses forces,était plus qu'envisageable -,il serait reçu personnellement par Sauron le Grand,Prophète de Melkor et Maître des Terres du Milieu. Il rencontrerait l'unique dieu,l'unique être,l'unique principe supérieur qu'il adorait pour la bonne et simple raison qu'il vivait entièrement par et pour lui. Il entendrait sa voix. Le sentirait plus proche de lui qu'il ne l'avait jamais été. Plongerait enfin dans le Néant de son âme. Et connaîtrait l'extase de la soumission la plus absolue.
Aussi Shraknag tituba quelques instants et regarda autour de lui avec hébétude avant de revenir dans le présent. Enfin il retrouva sa férocité habituelle et informa le messager de l'envoi des prisonniers mutilés au Maître (en L'évoquant,sa voix se faisait maintenant moins assurée),puis le congédia sans ménagement pour s'atteler à la glorieuse tâche de planification des attaques sur le Gondor encore inconscient de la réalité du danger mortel qui venait de naître.

Après de longues heures de délibérations enfiévrées entre les généraux et leur Maréchal,un certain itinéraire fut mis sur pied. Il se résumait à quelques points particuliers :
- Minas Tirith,bien que toute proche et plus que tentante à tout point de vue,serait délaissée,du fait du danger d'un siège sans affaiblissement préalable de troupes humaines déjà trop bien reconstituées et entrainées
- les capacités de transport fluvial seraient augmentées pour permettre un acheminement conséquent de troupes sur l'Anduin,et des navires de guerre mis sur pied
- après avoir prudemment longé l'Ithilien vers les frontières méridionales du Mordor,la horde du Maréchal se déverserait sur le Sud-Gondor pour effectuer un pillage en règles de ses principales villes,en misant sur l'effet de surprise et la rapidité dévastatrice des attaques pour éviter un siège
- l'armée ravagerait la Baie de Belfalas jusqu'à Dol Amroth ; une fois arrivé là-bas,les simples actions de brigandage à grande échelle deviendraient batailles rangées et assaut en règles de la ville jusqu'à sa reddition,puis elle serait mise à sac et réduite en cendres.
- les soldats se replieraient alors vers le Mordor,non sans semer de nouveau la mort par des actes de destruction plus systématiques que lors du premier passage,pour s'assurer de l'entière ruine de la contrée.

Bien sûr,une farouche résistance gondorienne avait été envisagée à tous les moments de l'assaut. Aux portes de l'Ithilien comme aux alentours de Dol Amroth,elle donnerait lieu à d'immenses batailles d'usure et de position. Pendant le déplacement entre Pelargir et Belfalas,elle serait d'abord évitée par le gros de l'armée puis combattue par des groupes de soldats plus réduits mais mieux entrainés (cavaliers Wargs,vétérans de tout bord,archers montés,le tout soutenu par des Trolls) grâce au harcèlement et à des escarmouches destinées à briser les rangs ennemis pour permettre à l'armée d'affronter plus tard des effectifs plus réduits car séparés,ou au moins à retarder l'avance gondorienne.

Les préparatifs furent particulièrement confus. Shraknag voulait un assaut sans failles : aussi donna-t'-il une multitude d'ordres dont l'exécution se fit attendre. Mais en trois jours tout fut en bon ordre : les convois incessants acheminaient tout ce que le Maréchal avait demandé,c'est-à-dire cuirasses à Wargs (d'affreuses armures pour loups géants aux plaques couvrantes hérissées de pics,que d'ordinaire seuls les hauts dignitaires orcs possédaient) et à Trolls,nouveaux arcs (ainsi que des arbalètes rudimentaires mais mortelles pour les guerriers les plus aguerris),chaudrons de poix,de tas de miasmes inidentifiables et de poison,lances interminables,fléaux monstrueux et autres aberrations martiales ,que complétaient les plus inventives démonstrations de maliginité technologique en matière de siège.

Il ne restait plus qu'un mot à dire au Maréchal du Mordor,et cent-vingt mille orcs ivres de destruction iraient se répandre sur le plus fier royaume des Hommes de la Terre du Milieu.

Sujet: Re: Incursions orcs... Lun 1 Nov 2010 - 18:22

Le chuintement inquiétant d'un cor orc fit vibrer l'air nocturne et d'innombrables formes luisantes apparurent dans l'obscurité. Elles se dirigèrent dans un fracas étouffé vers les barges aux ponts ouverts comme autant de gueules sans fond et s'y engouffrèrent avec une discipline toute relative. Quelques coups de fouet claquaient encore ça et là,mais l'ordonnance des troupes était déjà presque finie. Quelques minutes plus tard,le cor fit entendre de nouveau sa voix grêle : les barges refermèrent alors leurs mâchoires dans un même mouvement,et le bruit des chaînes et des planches entrechoquées s'estompèrent,bientôt remplacé par l'angoissante pulsation des rames de bois pourries que des esclaves abattaient avec une fièvre mécanique dans l'eau pétrifiée. Les embarcations abandonnèrent rapidement les berges noires et disparurent dans la nuit.

La traversée fut rapide : les barges,pourtant pleines à craquer d'Orcs excités par la pensée de leurs exactions à venir,ne furent remarquées par aucune espèce de garde ou de guetteur posté sur les rives de l'Anduin,et la progression sur le fleuve inanimé se fit sans rencontrer d'obstacles autres que les monceaux de cadavres délibérément jetés par les sbires de Shraknag dans le grand affluent du Gondor pour le souiller et y répandre nombre de miasmes impurs.
L'armée orque arriva donc rapidement au lieu de débarquement préliminaire : un avant-poste gondorien presque insignifiant,dont la destruction imminente laisserait le champ libre au passage du reste des troupes. Les barges se positionnèrent silencieusement le long des rives puis,au signal convenu,vomirent au même instant leurs hordes affamées.

L'attaque fut brutale et implacable. Les Orcs se déversèrent en torrent d'acier sur les berges et se jetèrent comme une meute de loups en chasse sur le campement ridicule. Avant même de pouvoir saisir leurs armes,les Hommes du Gondor furent jetés à terre par des bêtes affamées ; leurs têtes ébahies volèrent dans le ciel ténèbreux en y décochant de longs traits de sang chaud,leurs corps ensommeillés furent piétinés par une foule hurlante et les tentes qui avaient jusque là abrité leur relative vigilance se répandirent en lambeaux enflammés dans la nuit. Une minute après tout était à terre ; les ventres encore frémissants des massacrés subirent alors l'affront et la torture d'être traversés par d'innombrables dents aiguisés. Le commandant Orc posa alors pied à terre et proclama la victoire ; son cri fut répété par des centaines de bouches pleines d'une chair tendre. Après le festin,les barges s'ébranlèrent à nouveau : il fallait finaliser l'opération d'invasion du Gondor,et l'on trouverait bien d'autres morceaux sanguinolents après le grand assaut. Elles lâchèrent néanmoins de leurs sombres tréfonds une cohorte de chevaliers Wargs qui en jaillit dans un grand cri et alla se répandre sur les terres des Hommes pour y dispenser la parole de son maître,avec un avant-goût de la terreur qui allait frapper ce Gondor insolent qui s'était opposé à lui si longtemps. Des bourgs minuscules furent réduits en cendres,des innocents massacrés dans leurs chaumières ; mais si ces morts des premiers jours s'en plaignaient,ne ferait-il pas,de par la chance d'avoir été épargné par la perversité des tortures de Sauron,preuve de la plus terrible impertinence au vu de ce qui allait maintenant frapper tout le pays-roi ?

Car si la mise en place du pont flottant fut longue et fastidieuse,elle se révéla néanmoins tout à fait conforme aux souhaits du Maréchal. Le jour suivant,les embarcations tremblaient donc sous le poids insensé de l'armée en marche et plus de cent-vingt mille monstres assoiffés de sang pénétrèrent en Gondor.

Sujet: Re: Incursions orcs... Dim 3 Juil 2011 - 19:19

- Ca s'enfume,ces bêtes-là ? demanda l'Orc au visage boursouflé à son voisin,en clignant bêtement d'un seul de ses yeux glauques. Comme des lapins ?
- Bien sûr que ça s'enfume,imbécile ! On est pas là pour faire un festin,bougre d'idiot - allez,balance la torche !

L'Orc s'exécuta avec lourdeur et lâcha plus qu'il ne lança la torche sur l'épais tas d'étoupe crasseux qui avait été disposé à l'entrée de ce qui semblait être une de ces grottes que l'Ithilien camoufle jalousement derrière ses buissons saturés de branches hérissées. Ses congénères (il y en avait autour de lui une demi-douzaine) repoussèrent alors prestement les linges embrasés à l'intérieur de la cavité rocheuse en s'aidant de longues perches aiguisées. L'effet escompté se produisit rapidement : l'étoupe fuma bien plus qu'elle ne brûla et emplit la caverne d'une brume blanchâtre à l'odeur âcre,qui paraissait être aspirée vers les profondeurs au fur et à mesure de son dégagement,comme sous l'emprise d'une respiration surnaturelle. Quelques minutes plus tard,la grotte était saturée de nuages toxiques et commençait à les recracher par bouffées lentes vers les Orcs aux aguets. Ceux-ci se raidirent encore lorsqu'ils percurent le début d'un grondement qui s'amplifia très vite. Lorsqu'il atteint ce qui semblait être son point d'orgue,une forme immense s'ébaucha dans les volutes opaques et les Orcs virent peu à peu apparaître et s'affiner cruellement la silhouette sauvage d'un grand prédateur ; lorsque sa tête hideuse,semblable à celle d'un chien bâtard qui aurait combiné plusieurs difformités,jaillit clairement de la caverne,suivie par ses épaules aïgues et son large poitrail frémissant de rancoeur,il devint certain que les sbires de Shraknag avaient bien déniché le Warg qu'ils étaient venus chercher.

La bête,furieuse d'avoir été chassée de son repaire et profondément énervée par la fumée agressive qui irritait violemment ses petits yeux glauques et secouait de temps à autre son corps de quintes de toux rauques et sèches,poussa un aboiement féroce en direction des incendiaires et se jeta sur l'Orc qui avait jeté la torche sans autre forme de procès. Il n'eut pas le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait (et ce pour quoi il était prévu et avait été préparé à son insu par ses frères ingrats) qu'il était déjà plaqué à terre par deux pattes aux griffes luisantes et que sa tête volait dans l'air enfumé,séparée sans ménagement du reste de son corps par les mâchoires impitoyables du Warg. Ces quelques instants de diversion profitèrent aux Orcs : trois d'entre eux déplièrent de lourds filets de chanvre et entreprirent de se disposer autour de la bête,les autres utilisant leurs piques pour la faire reculer et ainsi limiter le périmètre à couvrir.
La créature avait tout du loup aux ancêtres rendus monstrueux par la sorcellerie de Morgoth ; aussi avait-elle hérité d'une partie de sa malignité et comprit donc rapidement le but de la manoeuvre des Fils des Ténèbres. Sa rage en fut encore augmentée et elle se mit à frapper sauvagement les longues lames tendues vers elle pour les faire dévier et se ménager une sortie. L'échec de ses tentatives sembla finalement mettre à bas la résistance du Warg,qui émit un bref cri de colère et tourna subitement bride pour aller se réfugier de nouveau dans sa caverne accueillante,faisant fi de la fumée qui l'envahissait toujours. Les Orcs émirent un hurlement de déception et il fut donné ordre à ceux qui tenaient les filets de s'aventurer dans les profondeurs pour ramener le gibier correctement emmailloté ; la menace d'une nouvelle utilisation des piques,à leur encontre cette fois,acheva de les convaincre de risquer leur vie dans le boyau ténébreux. Mais ils n'eurent pas fait trois pas que le bruit d'une cavalcade se fit entendre et que l'Orc central fut piétiné par la masse brutale du Warg revenu à la charge,trompant ses chasseurs comme il trompait si souvent ses proies. Les deux autres se retournèrent ébahis sur la créature qui venait de les doubler et arrivait maintenant en trombe sur les piquiers. Rassemblant tout le courage dont étaient capables des Orcs,ceux-ci n'hésitèrent pas une seconde de plus et se jetèrent au sol en lâchant des cris apeurés ; le Warg s'enfuit sans rencontrer plus de résistance et disparut prestement dans les fourrés,laissant ses adversaires pantois et tremblants.

Et la traque se serait fini sur cet échec cuisant si les Orcs n'avaient ouï quelques secondes plus tard le hurlement déchirant d'une bête pris au piège ; ils accoururent avec une rare vélocité,sentant là l'occasion de se faire pardonner en plus haut lieu,et poussèrent un soupir de soulagement en apercevant la bête maudite à quelques pas,la patte arrière enserrée dans un piège de corde posé là judicieusement,mais sans grande conviction,par les chasseurs avant leur forfait. Si la corde,pourtant épaisse et bien accrochée,ne suffisait en aucun cas à arracher du sol une aussi grosse bête,elle la maintenait néanmoins fermement et autorisait sa capture ; les Orcs amenèrent en jubilant leurs filets et se permirent le luxe de choisir le meilleur angle d'attaque pour les jeter sur le Warg fulminant,esquivant maintenant sans difficulté ses attaques désespérées. Lorsque cela fut fait,la lourdeur des rets,les coups de pique multiples des Orcs destinés à brouiller ses sens et le resserement soudain du maillage eurent tôt fait de souffler les dernières résistances du Warg en furie,qui s'effondra gauchement sur le sol pierreux,non sans aboyer de bestiales remontrances à l'adresse de ses braconniers. Mais cela ne lui fut d'aucun secours lorsqu'ils le portèrent,avec maintes précautions,vers une charrette située plus loin,dont le plateau de transport très large permettait d'accueillir plusieurs de ses congénères en les laissant tout de même à des distances suffisantes les uns des autres pour les empêcher de s'entretuer durant le voyage. Ainsi chargée,la bête prisonnière attendit encore de longues heures avant d'être ramenée,à l'instar d'un grand nombre de ses frères au même moment,vers les camps de dressage des nouvelles casernes de l'Ithilien qui fleurissaient dans l'ombre de Minas Morgul.

C'était d'ailleurs de Minas Morgul que provenaient l'idée et l'ordre de ces battues massives. Depuis qu'il avait fait,avec succès,main-basse sur l'Ithilien,le Maréchal Shraknag avait établi ses quartiers dans l'antique et terrifiante forteresse des Monts de l'Ombre,tenant à superviser entièrement et directement les opérations de militarisation de la zone et le renforcement de l'armée du Mordor. La capture de ces Wargs provenaient de leur omniprésence connue en ces lieux où,auparavant,se combinaient présence du gibier et influence proche de Sauron ; Shraknag avait voulu mettre cette caractéristique du pays conquis à profit pour former de nouveaux chevaucheurs,à la fois parce qu'ayant été un des leurs par le passé,il les affectionnait particulièrement,et qu'il lui semblait inévitable d'utiliser ces unités à la fois rapides et puissantes pour des raids de grande envergure,seule forme d'attaques que pouvait se permettre le Mordor à cette heure,une guerre ouverte n'ayant pas encore été ordonnée par le Seigneur des Ténèbres. Aussi le Maréchal accueillit le chef de garnison en poste avec impatience lorsque celui-ci pénétra dans la tente qu'il occupait dans le camp principal avant le passage en revue de ses troupes,pressé de retrouver la salle du trône de Minas Morgul où il s'était établi sans la moindre gêne ni considération pour les noblesses ténébreuses qui s'y étaient succédées avant lui :
- Alors ? Combien en avons-nous,commandant ? Une bonne cinquantaine,j'espère ?
- Près de cent,monseigneur,répondit l'Orc avec un sourire étudié,sur un ton qu'il savait plaire à son maître.
- Bien ! Très bien ! jubila Shraknag. Je compte sur vous pour qu'ils soient dressés parfaitement bien,commandant. Les nouvelles armures hérissées ont fait leurs preuves à Dol Amroth,je veux qu'ils en soient tous pourvus. Et imposez une sélection plus sévère pour les chevaucheurs,je veux de vrais élites,pas de ces rebuts paresseux de la Morannon qui croient qu'il suffit de savoir tirer une bride pour dominer un Warg.

L'Orc sourit de nouveau à l'injure de son maître et s'apprêtait à se retirer dans une profonde révérence lorsqu'il le rappela d'un air soucieux :
- Commandant ?
- Monseigneur ?
- Et qu'en est-il du...du sorcier ? Au Rohan ?
- Le sieur Métathraïn,Votre Excellence ? Il a,paraît-il,rencontré de grands succès dans son pillage de l'Ouestfolde ; on dit que les plaines des Eleveurs de Carnes brillent de mille feux,la nuit,répondit le commandant avec un enthousiasme qu'il pensait approprié. La réaction du Maréchal fut pourtant plus froide qu'à l'accoutumée :
- Bien... Bien... Vous pouvez disposer.

L'Orc sentit à cet instant qu'il fallait obéir sans mot dire et se retira prestement. Il laissa un Shraknag perplexe et soucieux,moins du fait des conséquences de l'attaque en Rohan,qui ne pouvaient qu'être bénéfiques,que de la présence de ce nouveau chef de guerre. Il n'en avait découvert l'existence qu'au moment des opérations,et cela l'irritait très fortement,car il percevait dans le silence de Sauron à son encontre un vague parfum de disgrâce. Mais que le "sorcier" (n'ayant appris son vrai nom que sur le tard et avec difficulté,il rechignait désormais à l'appeler d'une autre manière) ait de telles possibilités opératoires n'était pas son seul souci ; non,le sorcier avait aussi un pouvoir certain en Mordor. Et Shraknag était seul maître à bord après le Seigneur des Ténèbres en Pays Noir depuis de trop longues années pour voir avec bienveillance émerger un être qui pourrait prendre la place qu'il chérissait de favori militaire du Valar déchu. Pire,il savait qui si jamais ledit sorcier l'éclipsait aux yeux du Maître,ce ne serait en aucun cas une usurpation,car il le sentait investi d'un pouvoir,voire d'une intelligence,qu'il savait ne pas posséder ; et cela blessait trop fortement son ego sauvage pour ne pas le déranger profondément. Aussi avait-il quelques fois espéré secrètement qu'une flèche hasardeuse d'un Rohirrim bienvenu le libère de ses angoisses ; mais ces pensées lui avaient paru trop impies et il s'était fortement fustigé. Après tout,le Mordor n'en était pas réduit à être un pays de cour comme ses pitoyables adversaires. Ici l'on acceptait qu'un seul pouvoir,celui de Sauron - et il fallait se soumettre aveuglément à Sa Volonté,sans se laisser perturber par des vaines querelles,pour le servir au mieux. Voilà ce qui importait. Alors,chassant son trouble du mieux qu'il pût,il sortit de sa tente et alla s'acquitter du rôle dont il était investi en ce jour,celui de Maréchal du Mordor préparant ses forces à l'assaut.

Sujet: Re: Incursions orcs... Mar 12 Juil 2011 - 17:14

Les rangs orcs furent tous parcourus du même frisson servile lorsque le Maréchal du Mordor fit son apparition,juché comme à son habitude sur un de ses infâmes Wargs vétérans,aux muscles hypertrophiés et au cuir tanné bardé de cicatrices écarlates. Lui ne jeta qu'un bref regard,où se mêlaient mépris des hordes sacrifiables et contentement du maître absolu,aux soldats innombrables,aux Trolls rugissants et aux menaçants engins de siège disposés là spécialement pour sa venue. Arrivé à hauteur de la tente où s'étaient réunis les hauts gradés,il sauta lestement de sa monture sur les cendres qui recouvraient encore le pays d'Ithilien,repoussant violemment de son bras harnaché de fer et de bronze un snaga empressé venu lui apporter une aide inutile. Puis il pénétra sans plus de cérémonie dans l'éphémère bâtiment de toile grise.
Les généraux de Shraknag le saluèrent immédiatement,se perdant dans de profondes révérences qui agaçaient toujours grandement l'Orc,voyant dans ces hypocrisies protocolaires non une réelle marque de respect mais des us flatteurs destinés à l'empêcher d'entrer dans le vif du sujet. Ce dernier était d'ailleurs plus qu'important et lui tenait particulièrement à coeur ; ce sujet,c'était Osgiliath.
Le Maréchal avait en effet formulé,dans les sombres recoins de sa cervelle belliqueuse,le souhait d'une reprise par les armes de l'ancienne capitale gondorienne. Si l'interêt politique n'était pas très clair (la ville étant encore à moitié en ruines,cela ne porterait qu'un faible coup à l'Empire),l'interêt stratégique était lui d'une lumineuse évidence. Prendre Osgiliath,c'était s'assurer le contrôle d'une large portion de l'Anduin et par-là même d'un avant-poste à la fois fluvial et,si l'on descendait vers le Sud,maritime ; c'était aussi se saisir d'une nouvelle terre du Gondor située presqu'au pied de Minas Tirith,plus clairement encore que l'Ithilien,et cela serait une grande humiliation et une indéniable menace pour l'Empire,qui hébergerait en son sein ses ennemis les plus acharnés. La cible semblait donc alléchante ; encore fallait-il qu'elle soit accessible. Or elle l'était,et ce dans une large mesure : réduite il y a bien longtemps à un champ de ruines,sa reconstruction était réelle mais lente ; ses tours béaient encore pour la plupart,leurs flancs ravagées par d'antiques projectiles ; ses ruelles se résumaient souvent à des tas de gravats ; les squelettes blanchis se faisaient plus rares mais certains quartiers en contenaient encore dans leurs espaces désolés. La cité était donc tout à fait apte à soutenir un raid,les Rôdeurs et leurs alliés étant tout aussi rompus à la lutte urbaine que forestière ; mais un assaut de grande envergure,orchestré par des commandants peu soucieux de leurs pertes et uniquement destiné à submerger l'ennemi,jouerait grandement en leur défaveur,le terrain ne permettant en aucun cas de larges manoeuvres tactiques. Si les hordes du Mordor venaient à prendre la ville et à la coloniser,les déloger se ferait au prix d'escarmouches épuisantes et de lourdes pertes humaines. Encore fallait-il qu'elles s'en saisissent - mais là n'était pas le point d'inquiétude du maréchal Shraknag,qui réfléchissait depuis longtemps déjà aux modalités de l'assaut. Le seul réel obstacle stratégique à une attaque éclair de la cité blessée ne se situait donc pas directement en son sein,mais avant ses murs : les armées du Pays Noir auraient en effet à traverser l'Anduin,un passage par les grands ponts étant le plus sûr moyen d'attirer l'attention de la cavalerie gondorienne,de perdre du temps et de subir un affaiblissement inutile des troupes. Il leur faudrait donc un nombre conséquent de barges de débarquement ainsi que quelques navires de guerre ; car il était parvenu aux oreilles de Shraknag que des vaisseaux bien malvenus erraient maintenant de temps à autre sur l'Anduin,preuve de la défiance toujours immense (à juste titre d'ailleurs) du Gondor vis-à-vis du royaume de Sauron.

- Avons-nous des corsaires avec nous,amiral ? s'enquit donc le Maréchal en étalant une carte remarquablement précise de l'Anduin et de ses affluents sur la grande table en bois vermoulu.
Le nouvellement nommé amiral du Mordor,maître plutôt fantoche de la flotte en devenir que Shraknag tenait à faire écumer dans quelques mois les mers et fleuves de la Terre du Milieu,répondit avec lassitude :
- Une poignée seulement,Excellence. Leurs pays dégénéré est en proie à de vives tensions internes et leur couardise les empêche de s'affirmer clairement alliés du Seigneur des Ténèbres ; aussi seuls les plus courageux osent se rallier à nous et offrir les navires à notre commandement.
- Il serait bon de leur rappeler que nous avons plus à leur offrir que les chiens de l'Ouistrenesse,et plus à leur faire perdre en cas de refus... siffla le Maréchal avec un sourire mauvais qui apparut bientôt sur les visages de ses plus fidèles commandants d'escouades. Ceux-là ne connaissaient que trop bien le sens délectable des expressions "expédition punitive" et "persuasion militaire".
- Quant aux barges,monseigneur,il ne nous en manque qu'un petit nombre pour pouvoir acheminer un nombre conséquent de soldats. Mais leurs protections sont trop sommaires et leur vitesse trop réduite pour les autoriser à s'engager sur le fleuve sans escorte.
- Je sais,je sais. Et vous,commandant ? Vos hordes sont-elles prêtes au combat ?
- Oui,Votre Excellence,répondit le chef orc avec une fierté manifeste. Les Wargs et les Trolls se sont totalement adaptés aux nouvelles armures,les béliers et les catapultes sont prêts et leurs améliorations fonctionnent,et les Orcs sont plus nombreux et affamés que jamais.
- Voilà qui est bon,commandant. Continuez à châtier le plus sévèrement possible la moindre incartade jusqu'à l'attaque ; je veux que ceux qui parmi ces pourceaux osent encore remettre mon autorité en question soient tellement rongés par la peur qu'ils n'osent plus respirer sans mon ordre quand le moment viendra. Quant à vous autres,dit-il à l'adresse des gradés qui se tenaient un peu en retrait du commandant,continuez à améliorer vos troupes. J'ordonnerai l'assaut quand bon me semblera. D'ici là,rompez.

Sur ce,Shraknag quitta la tente sous les révérences rassérénées de ses subordonnés et aboya sèchement un ordre à l'intention de sa monture qui l'emporta alors précipitamment vers les ténèbres de Minas Morgul,où il achèverait de préparer ses plans d'invasion et affûterait sa lame en attendant l'heure de porter le coup cruel.

Sujet: Re: Incursions orcs...