Sur les rues pavées..

Le voyage depuis l'Angmar s'était déroulé entièrement sous la pluie. Amie fidèle des voyageurs, elle les cachait aux yeux du monde, leur évitait bien souvent des détours pour trouver de l'eau, et permettait un voyage plus tranquille.. Quand la saison des pluies approche, peu de gens sortent de chez eux; la saison des pluies voit bien souvent les petits détrousseurs et autres brigants sortir de chez eux. Quoi qu'il en soit, Alaena avait épuisé plusieurs montures, marché longtemps avant d'en acheter une autre, et s'était nourrie de leur viande. Crue bien souvent, elle avait plus de saveur.

Les rues d'Edoras étaient désertes. Il faisait nuit noire, le jour se léverait dans quelques heures, et une âme tenèbreuse déambulait dans les rues de la capitale. Ici, une fenêtre allumée. La boulangerie. Là, un homme rentrant chez lui, ivre. L'adage dit que la nuit tous les chats sont gris, mais au sens de la jeune femme, la nuit, les vérités se révelent..

Les étoiles étaient cachées depuis bien des jours, et il ne pleuvait plus pour le moment. Alerte, la main sur le poignard, la jeune femme marchait, sans nul autre but que d'attendre le matin. Ce serait jour de marché et donc de confidences entre habitants, l'endroit idéal pour receuillir tous types d'informations.

Mais pour le moment, la jeune femme tournait à l'angle d'une rure pour s'engager dans une ruelle encore plus sombre, dont on ne voyait pas le bout..

Comme à son habitude, au même moment, quelques temps avant l'aube, alors que le soleil était encore voilé, et que tout le monde dormait, Grimbold se réveilla en sueurs.
Toujours, la même hantise, le même cauchemar, venait le hanter. Son frère, seul, cerné de toutes parts par des êtres invisibles... Grimbold se trouvait tout prêt de lui, mais son frère ne le voyait pas, et tandis qu'une âme levait son arme au-dessus d'Eodred, Grimbold s'éveillait en sursaut.

Ses rêves le tenaillait, pourtant, il savait qu'il n'y avait aucun danger, il le sentait au fond de lui. Ce cauchemar n'était peut être rien, ou prémonitoire. Enfin, Grimbold allait l'oublier, comme à chaque fois, quelques temps après son réveil.
Evidemment, impossible de se rendormir. Il alla dans la grande salle, qui était vide, et morne. Cela faisait longtemps que l'ennui était présent à Edoras, du moins pour le jeune homme.
Il décida de sortir. Il s'habilla et sortit sur les marches. Un air frais lui arriva dessus, mais cela était apaisant, et très doux.

Il s'aventura dans les dédales de la ville, non sans avoir pris sa fidèle épée...
En cette calme fin de nuit, tout était d'un calme impérieux. Quelques lumières par-çi par là venaient trouer la couleur sombre des rues.

Le Maréchal arriva devant la grande rue. Il marcha tranquillement dans celle-ci, tel un milicien faisant sa ronde, veillant à la tranquillité de la cité. Il passa devant une rue sombre. Il s'arrêta net, réfléchissant. Cette rue était étrange, presque inconnue à ses yeux. Malgré une quantité de balades nocturnes, il lui semblait ne l'avoir jamais remarqué...
Haussant les épaules, il s'approcha, scrutant le lointain dans cette fine et longue ruelle. Impossible de voir le bout du passage.

Curieux, Grimbold s'y engagea... Sûr de lui, malgré la noirceur du petit cheminement, il continua à avancer.
Tout à coup, un infime bruit vint à ses oreilles. Instinctivement, il porta la main au fourreau, stoppant ses mouvements et sa respiration. Devant lui, peut-être à quelques mètres, un individu se trouvait là, tapis dans le noir.
Plus aucun bruit n'était perceptible, la personne était également au courant qu'il n'était plus seul.
Grimbold se calma, sans doute un ivrogne ou un lève-tôt. Il s'avança dans le clair de lune, et apercut une jeune femme, alerte, qui le scrutait d'un oeil interrogateur.

Cela surpris le jeune homme. Cette dame était très belle, et semblait sûr d'elle. Que faisait-elle, toute seule, dans cette sombre ruelle. Grimbold engagea la conversation :

-Hum, si je ne me trompe, on croise rarement des jeunes femmes seules, dans ce genre de ruelle, non ? Que faites vous ici, à ce jour de la nuit ? Peut être que vous chercher la solitude, tout comme moi... fit-il en souriant, avec un ton calme...

Tranquillement, il patienta. De toute façon, il avait le temps...

Des bruits de pas dans la nuit noire. Aussitôt alerte, Alaena ne pouvait s'enfuit. Trop de risques d'être attaqué dans le dos. Et ce serait trop bête de laisser passer cette opportunité. Peut être enfin quelqu'un à tuer, peut être enfin un peu d'animation dans ce voyage si morne. Rabbatue sur le côté de la ruelle, la main sur le poignard, prête à dégainer, elle attendit. Le bruit du pas était sourd, la masse imposante. Surement un homme. Allait il venir par ici? Elle adorerait..

Il emprunta la ruelle, et aperçut la jeune femme. Mis à part le fait de se mettre sur le coté de la ruelle, elle n'avait pas cherché à se cacher et était facilement repérable. Qui était il? Un soulârd? Un insomniaque? Ou une mine de renseignements?

-Hum, si je ne me trompe, on croise rarement des jeunes femmes seules, dans ce genre de ruelle, non ? Que faites vous ici, à ce jour de la nuit ? Peut être que vous chercher la solitude, tout comme moi..

Un ton calme, sûr de lui. Soit il était complétement fou, soit il avait un peu de pouvoir sur ces lieux et une grande confiance en lui. Alaena ne répondit pas tout de suite. Si c'était un homme ayant un peu de pouvoir, elle ne pouvait se laisser prendre... Son Maître ne le lui pardonnerait pas, car elle mettrait en alerte tous les Royaumes alentours. Ou alors il ne remarquerait rien.. D'une voix qu'elle essaya de rendre la plus chaude et amicale possible, elle lui répondit.

- Je me promène, tout comme vous visiblement. Et..

Elle désigna la ruelle alentour.

- Contrairement aux apparences, ce genre de ruelle ne craint pas grand chose. Pas lorsqu'on est du coin, en tous cas.. Vous êtes d'ici aussi, ou un simple voyageur?

Laissant son poignard et autres armes hors de vue, elle avance d'un pas au milieu de la ruelle, le visage toujours couvert par sa cape.

La question de la jeune femme : -Vous êtes d'ici aussi, ou un simple voyageur ? attisa l'attention de Grimbold. En effet, il ne pouvait prendre aucun risque. Peut être qu'une bande organisée était tapis dans l'ombre, près à en finir avec lui, pour il ne savait quelles raisons...Il répondit simplement :

-Disons qu'on me voie bien souvent en ces lieux... Par contre, vous, c'est bien la première fois que je vous aperçoit ici, à Edoras. Alors il faut dire que votre histoire "d'être du coin" ne tient pas vraiment debout.. fit-il en souriant légèrement.

Peut être que Grimbold se méfiait pour rien. Depuis quelques temps, tous ses sens étaient en alerte, sans doute à cause de ces maudits cauchemards. Cette jeune femme, au visage toujours voilé, ne lui disait vraiment rien, mais en même temps, il n'était pas rare de découvrir certaines personnes dans les rues, et d'apprendre qu'en vérité, elles habitent depuis toujours à deux pas de chez vous...

-Si vous le voulez, je peux tout simplement vous ramenez chez vous, nous pourrions faire un bout de chemin ensemble, et finir tranquillement nos ballades respectives, quand dites-vous ?

Cette question, bien qu'ayant une apparence totalement neutre, permettra au jeune Maréchal de voir si effectivement, cette jeune femme était du coin. Si ce n'était pas le cas, Grimbold verrait ses craintes vérifiées, et devrait envisager le pire...

Cet homme l'ennuyait fermement. Elle l'avait rapidement jugé totalement ininteressant, et n'avait pas envie de perdre son temps avec. Il faisait encore nuit noire et comme la jeune femme préferait les solutions radicale, elle pivota pour saisir son poignard.

Ce fut à ce moment là que l'homme fit un mouvement imperceptible et qu'un reflet vu d'on ne savait ou attira le regard d'Alaena. Ce dernier, vif, analysa aussitôt l'étrange éclat. Des pierreries. Sur une arme portée à la ceinture. Qui d'autre qu'un homme possédant de l'argent, une somme assez importante visiblement pouvait se permettre de porter ce genre d'armes? Et qui dit or, dit cour du roi, confidences, donc, renseignements interessants.

Faisant passer son geste pour un geste naturel de crainte, elle écouta l'homme qui lui proposait de la raccompagner chez elle. Sans aucune crainte dans la voix, elle lui répondit.

- Je craint de ne pouvoir vous conduire jusque chez moi, et vous admettrez que ce serait totalement imprudent de ma part..

Hesitante, elle abaissa tout de même sa capuche, révelant son oeil borgne, les cicatrices accumulées, ainsi qu'un visage crasseux. Quelques semaines de voyage n'arrangent jmais l'apparence. Aux yeux de quelqu'un la voyant pour la première fois, elle ne pouvait faire autre impression que celle d'une miséreuse.

- Je n'ai nul part ou vivre tout simplement parque c'est dans la rue que je vis.. Ce qui explique aussi que je connaisse si bien ce coin.

Mûe par l'habitude du mensonge, nul n'est en ce bas monde capable de démêler le vrai du faux.. seul son Maître le peut, mais qui voudrait lui mentir? Pour l'heure, Alaena espérait que l'homme ne se montre pas trop curieux et lui en demande trop. Et même si.. Elle s'en sortirait!

Quand la femme dévoilà son visage, Grimbold sentit un léger frisson lui parcourir le dos, mais par respect, il ne fit rien remarqué à la jeune femme. En vérité, il ne s'imaginait pas parler à une femme borgne, plus mendiante qu'autre chose. Au moins, la question de son habitation était réglé, c'était tout simplement ici, dans cette rue, mais aussi n'importe où.

Malgré son apparence, plusieurs questions traversaient son esprit à la vue de cette femme, à découverte. Tout d'abord, elle présentait sur son visage des traces de luttes et de combats, donc son aspect de mendiante ne servait qu'à cacher la vérité. De plus, ses gestes lents, précis et mesurés trahissaient sa véritable nature.
Le jeune homme était presque sûr que cette femme en connaissait beaucoup plus qu'elle ne laissait paraître.
Grimbold s'avança, poursuivant la conversation :

-Ecoutez, vous n'avez nulle part où aller apparemment. Soit. Je vous propose de venir séjourner au château, aussi longtemps qu'il vous plaira, jeune femme. Il y a tellement de place, et tellement peu de personnes.. fit-il, un peu tristement.

Evidemment, cela n'était qu'une proposition, et non pas une obligation. Mais cela ennuyerait Grimbold de laisser ce pauvre être errer dans la rue. Certes, il y avait des risques à accueillir dans sa demeure une femme aussi mystérieuse, mais comme on dit, il faut savoir prendre des risques dans la vie...Et puis, il avait, disons, les moyens de se défendre, autant par ses propres actions que celles de son entourage...

Il demeura face à la femme errante, attendant une quelconque réponse...

Une invitation. C'était prévisible... Et dangereux pour lui.

- Vous ne craignez vraiment rien noble seigneur.

Un chateau? Noble donc. Mine de renseignements ou encore un piége?

- Je ne voudrait surtout pas vous importuner, et je craint de n'être point à ma place.. C'est assez gênant vous savez.

Que dire de plus? Il lui faudrait manipuler pour sortir de son château ou bien jouer son rôle jusqu'au bout. Dans les deux cas, Alaena ne doutait point de ses possibilités pour sortir de situation indemne.

[Dsl post court, je suis crevée ~> dodo]

Grimbold eut un mouvement de surprise amusé :

-Craindre dites-vous ? Disons que j'en ai vu d'autres, et que même si je suis un jour assassiné, je sais que ma mort sera venger par mes fidèles, donc de ce côté là, il n'y a pas grand chose à craindre ! fit-il en pouffant.

Certes, la femme devait le prendre pour le genre d'homme qui se vante de ne craindre ni la mort, ni le combat, mais en vérité, Grimbold faisait partit des personnes qui réellement, ne craignait ni la mort, ni l'approche d'un combat sanglant, et il en avait fait maintes preuves par le passé...

De plus, celà pourrait rassurer la jeune femme, et elle le suivrait au château. Décidement, Grimbold ne pouvait se résigner à la laisser ici, dans cette sombre ruelle.
Il reprit la conversation, reprenant son sérieux :

-Bon, vu que vous avez l'air hésistante, je vais devoir vous poussez un peu. Allez, direction, le château d'Or ! Je vous y emmènes...

La pressant de sortir de la ruelle, ils commencèrent tout deux à remonter l'allée principale en direction du château. Tandis qu'ils marchaient, le jour commencait à pointer aux dessus des masures, et le petit monde d'Edoras commencé à s'éveiller...

Plus le choix. Enfin si elle avait le choix. Sortir sa dague, lui trancher la gorge, eventuellement lui crever les yeux pour le plaisir de le voir agoniser et prendre la fuite par la suite.. Mais il y avait la mission confiée. Elle ne pouvait revenir en Mordor sans avoir eu les informations qui lui étaient demandées.

Elle remit sa capuche en place et suivit l'homme qui la guidait vers le palais. Si la bonne fortune était avec elle, elle était tombé sur le gérant de la cité en l'abscence d'Eodred..

Ils marchèrent en silence vers le chateau. Jouant son rôle à la perfection, Alaena se fit discrète aux côtés du Noble pendant qu'ils allaient jusqu'au château... Le jour se levait illuminant la cité de mille couleurs pendant que la population se reveillait petit à petit et reprenait vie. TOut cela lui donnait envie de vomir. Et l'homme qui lui disait ne craindre personne, pas même la mort.. Mais quand la mort s'incarne en une jeune femme comme Alaena alors vous pouviez être sur de regretter un jour ou l'autre. Une mort rapide et sans douleur est unebonne mort, mais lorsque vous souffrez des heures entières voir des jours entiers sans avoir la possibilité d'être ni vivant ni mort.. Tout cela était différent.

D'une voix timide, pendant qu'ils approchaient du Palais, elle lui demanda:

- Mais qui êtes vous?

-Qui je suis ? fit Grimbold, je suis tout le monde, mais aussi n'importe qui. Je fait du va et viens tout comme vous. Je vis, et je mourrais, comme tout le monde. Peut être quelqu'un d'important, ou tout simplement un homme de second plan...à vous de voir...Mais sinon, a part votre allure de rue, tout porte à croire que vous ne venez pas de la rue. A mon tour, je vous renvoie la question, qui êtes-vous ?

Une vieille ruse de renard. Répondre à une question par une question, voilà qui fait hésiter ou balbutier bon nombre de gens, ce qui en dit long sur leurs antécédents. Cette femme, l'air de rien, cherchait peu à peu à connaître Grimbold en détail.
Simple curiosité peut-être, mais personne n'est à l'affut d'un piège...De toute façon, il n'allait pas la laisser là, maintenant qu'il l'avait invité dans les murs où siégeait son frère, il y a peu. Et où il resiègerait, quand l'heure sera venue.

Pour l'instant, l'heure n'était pas aux souvenirs. Ils grimpèrent tout deux les marches menant à la grande porte et entrèrent dans la grande salle. Sur la gauche, une table était mise, comportant quelques victuailles. Désignant la tablée, Grimbold interpella la jeune femme :

-Vous avez faim ?

Il se dirigea tranquillement à une chaise, n'attendant pas sa réponse. Les sorties nocturnes de ce jour ouvraient rapidement l'appétit...