Cirith Ungol : Tour / Antre de Shelob

Vaulgrim enfonça la porte, un grincement se répercuta sur les murs. De la poussière s'évapora de la pièce, des bruits vinrent de l'intérieur. Un gargouillis résonna aux oreilles d'Eberk. Trois orques se disputaient un morceaux de viande. Ils étaient assis sur un tas de bijoux et de pièce d'or. Lorsque les nains entrèrent, les orques se retournèrent. Sous leurs frêles armures, les nains ressemblaient aux orques. Aucun d'entre eux ne leur posèrent de questions. Eberk entra et farfouilla à l'intérieur de la pièce. Les orques ne le quittèrent du regard, le nain se méfiant, sans doute les créatures le sentait. Larki le regardait, scrutant les orques, prêt à bondir sur eux.

Eberk resta quelques secondes et ressorti. Il regardait les portes autour de lui, elles se ressemblaient tous.

-Regarder la porte du fond. De la lumière sous la porte et sa bouge à l'intérieur, dit Eberk. Allons-y mes amis, nous touchons au but, la lame se trouve la-bas. Je le sens, la mission touche à sa fin.

Eberk resta derrière Vaulgrim. Laissant les devants à Larki, le plus fougueux de tous. Toujours prêt à une bonne bagarre, le prospecteur était heureux de l'avoir avec lui, plutôt que contre lui.

Larki céda sa place à l'imposant Vaulgrim et s'arma de ses deux petites haches de lancer. Il avait rangé son fusil dans une pochette sur son dos. Ils étaient en terrain ennemi et il ne fallait pas que ces idiots d'orcs entendent un bruit inhabituel dans leur logis.
Vaulgrim, équipé de sa hache à large lame s'avança à pas de loup jusqu'à la porte d'où venait la faible lueur. C'est à dire qu'il tenta de faire le moins de bruit possible en soulevant ses lourdes chausses de fer et en évitant de faire grincer son armure orque.

Parvenu à bonne distance, il donna un énorme coup de pied dans la poignée de la porte. Elle vola en éclat et la porte, désormais grand ouverte découvrit deux petits orcs occupés à laver le sol. Larki leur laissa à peine le temps de relever la tête. Ils furent proprement décapités par ses haches qui jaillirent à une vitesse stupéfiante. Pourtant, un grognement hideux leur parvint tout de même de la pièce. Il restait encore un orc bien vivant dans cette salle.

Les nains virent son ombre avant de le voir lui-même. Et la seule vue de cette ombre les pétrifia. Le monstre était immense. Il mesurait plus de deux mètres et était bâti comme un troll obèse. Son gros ventre qui dépassait de son armure noire ne lui donnait pas pour autant une apparence comique. Il était armé d'un marteau de guerre assez primitif dans sa confection mais déjà marqué de traces de sang rouge sombre. Son visage était couturé de cicatrices et les rares endroits exempts de ces vestiges de guerre étaient déformés par les anneaux et les clous dont la créature se perçait la peau pour se donner une apparence encore plus terrifiante.

Il poussa un grognement de colère en voyant ses snagas décapités et tourna sa tête cauchemardesque vers les nains.
Vaulgrim leva sa hache bien haut et chargea en direction de l'abomination. Il lui porta un coup dévastateur au ventre. Il y avait mis toutes ses forces, mais l'orc para le coup avec une facilité déconcertante. La lame de la hache glissa contre le fer du marteau et alla s'enfoncer dans la cuisse du géant.
Ce dernier poussa un cri rauque et riposta. Son coup heurta Vaulgrim à l'épaule et le nain fut littéralement éjecté et son corps alla s'écraser contre une étagère branlante qui se renversa sous le choc. Vaulgrim se retrouva enfoui sous un mélange nauséabond de bois pourri, de verre et de liquide non identifiable.

Jurant, Larki se saisit de son fusil. Cette bête était si impressionnante qu'il serait peut-être forcé à utiliser cet atout. Il préférait n'en rien faire car cela ameuterait probablement tous les orcs de la tour. Aussi, fébrilement, il fixa une baïonnette au bout du canon. Il était ainsi également prêt au corps à corps.

Vaulgrim vola, des gravats lui tombèrent dessus. L'orque était dangereux, plus grand que tous les autres membres de son espèce. Larki fixa une baïonnette à son fusil et s'élança contre l'ennemi. Eberk alla vers son ami, repoussa les gravats est sorti Vaulgrim de sous les morceaux de bois. Il avait une étrange chose verdâtre sur le visage.

-Comment allez-vous? demanda le prospecteur.

-Bien, allons aider Larki.

Eberk regarda son ami avec approbation. Après une chute pareille, il voulait retourner au combat. Eberk empoignât sa hache, s'élança à la suite de l'orque. Il assona un coup de hache puissant sur son épaule. Elle resta planté, il décocha un coup de poing, le nain vola contre le mur; Eberk resta ébranler au sol. Il reprit ses esprits et alla de nouveau vers l'orque. Il monta sur son dos, arracha la hache de l'épaule et taillada le dos de son ennemi. Il sauta à terre, se dirigea là où se trouver l'orque auparavant. Dans le noir, de petites étoiles brillaient. Des pièces d'or, une lame étrange portant les runes naines. Eberk la ramassa et retourna vers le combat.

-Je crois que nous l'avons; La lame et à nous!

Eberk posa la lame et se jeta à l'affrontement. Il se mit aux côtés de ses compagnons, ensemble, ils décochèrent des coups puissants à l'orque.

[MJ on]

L'orc beuglait tant qu'il pouvait alors que pleuvaient les coups des nains. Vaulgrim avec sa large hache de bataille, Larki avec sa baïonnette et Eberk avec l'épée trouvée dans la pièce. En peu de temps, le géant fut mis à terre. Quel orc pouvait résister à l'assaut de trois nains bien entraînés et armés pour le combat ? Pas celui-ci. Quand le corps sans vie de l'orc tomba dans la poussière, un silence de plomb tomba sur la salle. Les nains essoufflés s'examinèrent répidement. Vaulgrim avoua une douleur sourde dans sa jambe, tout en assurant que cela ne le dérangerait pas pour poursuivre l'aventure, et Larki n'avait pas la moindre petite égratignure.

Ce dernier s'approcha d'Eberk et jeta un coup d'œil à l'épée que ce dernier tenait en main. Son regard courut le long de la lame gravée de runes naines et sur la garde sertie de gemmes brillantes et colorées. Il s'agissait réellement d'un bel objet. Même après avoir trainé pendant des années à même le sol dans cette tour humide et sale, elle avait toujours la même majestueuse allure. Et Eberk pouvait témoigner que son tranchant était toujours aussi efficace.
Larki tendit une main tremblante.

-Elle est... magnifique. Sans conteste l'une des plus belles œuvres de nos pères. Puis-je... puis-je la tenir dans mes mains quelques secondes.

Le fusilier semblait réellement émut par la trouvaille. Ils étaient enfin parvenu au but de leur quête et l'épée était tellement belle qu'il avait de sérieuses raisons pour l'être. Pour l'instant, aucun bruit suspect ne semblait venir de l'escalier. L'endroit semblait sûr. Pour le moment tout du moins...

[MJ off]

L'orque recouvrait le sol. Les nains regardaient sa dépouille. Des cicatrices de toutes parts, des membres coupaient. Le sang inondait le sol, déjà graisseux. Larki tendit une main tremblante.

-Elle est... magnifique. Sans conteste l'une des plus belles oeuvres de nos pères. Puis-je... puis-je la tenir dans mes mains quelques secondes.

Eberk sentait une étrange sensation envahir son corps. Tenir la lame lui donnait une impression de grandeur. Une nouvelle force, prenait possession de son âme. Les gemmes reflétaient sur le heaume du nain. Les yeux d'Eberk brillaient d'une lueur nouvelle.

-Vous pouvez la tenir. Elle ne me revient pas, elle est pour le roi Karzad. Ma mission consistais à la retrouver et la ramener en Erebor.

Il tendit une oreille pour écouter le moindre bruit à l'extérieur.

-Tous sembles calme dehors. Partons, rejoindre nos compagnons. Nous n'avons que trop tardé en ces lieux. La lame est entre notre possession. Par contre, trouvons un fourreau, pour la dissimuler aux yeux de nos ennemis.

Il parcourut à nouveau la pièce, il trouva un vieux fourreau. Moisit par le temps passé. Reprit la lame des mains de Larki et l'attacha autour de sa taille. Eberk entrouvrit la porte, jeta un œil à l'extérieur. Le calme plat, aucun bruit dans l'escalier. Des choses étranges et sournoise devait se passer. " Le chahut de l'affrontement aurais dû mettre la puce à l'oreille des orques", pensa Eberk. Suivi de ses compagnons, il traversa le couloir, descendit l'escalier. Un silence totale régner dans la tour. Plus bas, les corps des orques étaient empilés, tous brûlaient. Une odeur horrible vint aux narines des naugrims.

-Que se passe-t-il? Chuchota Eberk.

Eberk était inquiet, aucun orque ne se trouvait dans la tour. Où était-il passé. Eberk passa par la grande porte accompagnait de ses compagnons. Il alla vers l'endroit où il avait laissé un peu plutôt ses autres compagnons. Les retrouvant, il vint à leur dire:

-Cher compagnon rentrons, nous avons trouvé ce que nous sommes venus chercher.

Il montra la lame au nain. Pris la tête du groupe et reprit le chemin de l'erebor. Il attendait une réponse de larki avant de continuer la route.

[MJ on]

Quand Larki prit l'arme dans ses mains, il sembla totalement absorbé dans la contemplation de l'épée. Son regard parcourait encore et encore les runes gravées et ses mains caressaient les gemmes de la poignée. Quand Eberk la lui reprit, il sursauta, comme s'il sortait d'un rêve mais ne lâcha pas la lame du regard avant qu'elle ne disparaisse dans le vieux fourreau usagé qu'Eberk avait trouvé.

Soudain, il reprit ses esprits et comprit que quelque chose d'inhabituel se passait. La tour était trop silencieuse. Ils avaient pourtant fait un beau vacarme en mettant cet immonde orc à terre. Certes les bagarres étaient courantes dans la tour, mais elles attiraient généralement les orcs qui aimaient l'odeur du sang. Mais à présent, on aurait pu entendre une mouche volée. Larki grogna. Il n'aimait pas cela. Serrant dans ses mains son fusil, il prit la tête de la petite troupe. Il descendit l'escalier avec prudence, sans précipitation, pointant son arme à chaque nouvel angle.
Mais les nains ne découvrirent que des cadavres. Une odeur de chair brûlée irritait les narines des nains. Larki abaissa son arme et contempla la scène.

-Trop peu de cadavres, lâcha-t-il au bout d'un moment. Ils sont bien plus nombreux que cela dans la tour. A mon avis, ils ont brûlé leurs morts et leurs blessés avant de partir. Où sont-ils, je n'en sais rien, mais je ne crois pas qu'ils nous aient oubliés.

Tout à coup, il réalisa ce qui avait dû se passer. Il se tourna vers Eberk et dit d'un ton alarmant.

-Nos amis qui sont restés derrière ! Ils ont dû être repérés. Nous devons vite aller les prévenir. Les orcs emprunteront la route principale, prenons le même chemin que nous avons pris à l'aller en coupant par les rochers et nous avons peut-être une chance de les rejoindre avant qu'ils ne soient pris au piège !

Les trois nains accélérèrent leur marche. Vaulgrim avait de la peine à suivre ses deux compagnons à cause de sa jambe qui avait été touchée lors du combat contre l'orc de la tour.

-Ne m'attendez pas, fit-il. Allez prévenir nos amis, je vous rejoindrais à temps.

Quand ils parvinrent enfin à l'endroit où ils avaient laissé leurs compagnons, ils furent soulagés de les voir tous sains et saufs. Eberk leur montra la lame et ordonna le départ. Ils étaient arrivés à temps.
Mais alors que les nains se mettaient en ordre de marche, une voix grinçante se fit alors entendre.

-Tiens, tiens, tiens... Mais que vois-je ? Des nains au Mordor. Et en pleine pause déjeuner, qui plus est ! Cela me fait penser que nous autres avons bien mérité un déjeuner également... N'est-ce pas ?

Des ricanements stupides et impatients lui répondirent. Il s'agissait des orcs de Cirith Ungol. Apparemment, un orc était parvenu à imposer sa loi parmi eux. Ils étaient menés par un orc plutôt petit et râblé, aux yeux jaunes plein de haine et de cruauté. Il s'exprimait en langage commun assez aisément, ce qui dénotait un âge et donc une expérience assez avancée pour sa race. Il tenait dans ses mains un cimeterre et un bouclier. Ramassé sur lui même, il semblait aussi vif qu'un serpent. Derrière lui, une troupe d'orcs armés jusqu'aux dents se tenait prête à attaquer sur son ordre.

-Mais où croyiez-vous allez, petits nains ? On ne pénètre pas au Mordor comme sur n'importe quel territoire... Mais... c'est une délicieuse rencontre...

Tout en prononçant ces mots, l'immonde créature passa sa langue sur la lame de son cimeterre et ricana. Puis, cessant brusquement de rire, il leva son arme et beugla :

-Faites-en de la charpie !

La-dessus, la trentaine d'orcs qui le suivait se jeta sur les nains. Les premiers orcs furent accueillis par une salve meurtrière des fusiliers de Larki. En effet, ce dernier avait eu le temps d'organiser les quatre derniers fusiliers qui lui restaient et ils s'étaient positionnés à des endroits avantageux, dominant les deux troupes ennemies. Déjà, ils étaient en train de recharger leurs armes.
Vaulgrim de son côté, planta ses pieds dans la terre et attendit le choc, serrant sa hache dans ses mains. Il ne pouvait plus bouger sa jambe qu'au prix d'une immense douleur, mais il n'en avait pas l'intention. Il tiendrait sa position à tout prix.

-Fuyez Eberk ! hurla-t-il. La mission ne doit pas échouer. Ramener cette lame au roi !

Entendant cela, Larki ne put se retenir.

-Non ! cria-t-il à son ami. Ne donne pas ta vie pour cela !

Sur ces mots, il visa et tira, abattant un orc qui se faufilait dans le dos de Vaulgrim alors que ce dernier était occupé à combattre deux autres créatures. Larki jurait et pleurait tout en rechargeant son arme. Vaulgrim ne tiendrait pas longtemps. Les quatre fusiliers et leur chef faisaient des dégâts dans les rangs des orcs, mais cela ne ralentissait pas assez leur avance.
Les Chercheurs tenaient leurs haches dans leurs mains, regardant dans la direction d'Eberk, attendant ses ordres.

[MJ off]

-Fuyez Eberk ! hurla-t-il. La mission ne doit pas échouer. Ramener cette lame au roi

Vaulgrim voulait que le Prospecteur sauve sa peau, pour le bien de la mission. Larki n'était pas d'accord et loin de là, l'avis d'Eberk allait vers Vaulgrim. Le nain était seul devant la nuée des orques. Les chercheurs attendaient les ordres d'Eberk, il réfléchissait, passant une main sur l'épée dans le fourreau.

-Compagnons, nous ne reculerons pas. Gardons notre position, exterminons ces orques. Aidons Vaulgrim. Il lui vint une idée, en caressant l'épée. Voyons ce qu'elle vaut vraiment, après tout nous avons perdu beaucoup de frère, pourquoi ne pas l'utiliser?

Eberk dégaina l'épée, les gemmes brillaient de splendeur. Les orques fixaient la lame dans les mains du nain. Un aura de grandeur sortait du Prospecteur, tel un roi des temps jadis.

-Baruk Khazâd! Khazâd ai-mênu!Cria le nain.

La lame était légère, elle ne pesait rien dans les mains d'Eberk. Les chercheurs le suivait, entonna des champs de guerre nain. Eberk brisait les orques, avec beaucoup d'habilité, la lame était une extension de son corps. Les corps tombaient, le nain se fraya un chemin jusqu'à Vaulgrim. Du sang coulait toujours de sa jambe blessée. Eberk se mit devant lui, les chercheurs autour. Tous le protégeait, les fusiliers envoyait leurs salve meurtrière sur leur ennemi.

-Ne bouge plus Vaulgrim, je ne partirais pas sans toi. Nous avons perdu trop de compagnon lors de notre affrontement avec les gobelins.

Vaulgrim posa une main sur son épaule. Eberk tailladait tous les orques venant contre lui. Quand la lame transperçait les corps, une sorte de mélodie raisonnait dans l'air. Le chef des orques avançait sur Eberk, il voyait que lProspecteur brisait ses compagnons. Quand Eberk le vit , il lui lança en langage nain.

- Nyr doch !

[MJ on]

Galvanisés par la détermination d'Eberk, les Chercheurs marchèrent en direction des orcs, hache au clair, prêts à en découdre. Mais les nains n'avaient à priori aucune chance contre cette horde. Pourtant, quand Eberk dégaina l'épée qu'ils étaient venus chercher, tous eurent l'espoir de vaincre leurs immondes adversaires. En effet, la lame se maniait avec une facilité déconcertante. Elle transperçait armes, armures et chairs sans distinction et était extrêmement légère pour une arme de cette taille.
Quand Eberk lança l'antique cri de guerre des nains, il fut reprit par tous les nains présents.

Le chef des orcs décida alors de prendre les choses en mains et se dirigea vers Eberk, faisant tourner son cimeterre dans sa main, avançant derrière son bouclier. Il avait compris que son ennemi était dangereux.

- Nyr doch ! lui lanca Eberk.

Pour toute réponse, il cracha par terre et se jeta sur le nain. Il évita le premier coup que lui porta Eberk et parvint à lui porter un coup de cimeterre dans le thorax. La puissance du coup coupa le souffle du nain, mais son armure l'avait protégé et il n'avait subit aucune blessure. L'orc n'eut pas le temps d'esquiver le second coup d'épée qui le fendit en deux , de l'épaule au bas-ventre.

Voyant leur chef tomber ainsi, aussi facilement, les orcs restant prirent le fuite dans le plus grand désordre. Mais quand Eberk se retourna pour voir si ses compagnons allaient bien, il vit que plusieurs d'entre eux avaient de nouveau payé de leur vie pour que cette mission soit menée à son terme. Vaulgrim comptait au nombre des morts. Autour de lui, de nombreux cadavres d'orcs formaient un monticule. Une lame ennemie était encore plantée dans sa gorge.

Eberk fut brusquement bousculé par Larki qui courait vers son ami d'enfance décédé. Arrivé vers lui, il le prit dans ses bras et pleura longuement. Il avait fait tout son possible pour sauvegarder la vie de Vaulgrim, tirant et rechargeant à une vitesse folle. Mais à présent qu'il avait échoué, il ne semblait plus avoir la force de continuer.
Les quatre fusiliers entouraient leur chef, le visage baissé vers la terre, murmurant des prières. Les quelques chercheurs qui restaient contemplaient le champs de bataille d'un air las. Ils avaient vaincu les orcs, mais trop des leurs étaient tombés pour qu'ils éclatent de joie. Ils rassemblèrent rapidement leurs affaires. Puis l'un d'entre eux vint dire à Eberk :

-Nous sommes prêts à repartir. Quittons cette terre maudite au plus vite.

[MJ off]

Les quatre fusiliers entouraient leur chef, le visage baissé vers la terre, murmurant des prières. Les quelques chercheurs qui restaient contemplaient le champs de bataille d'un air las. Ils avaient vaincu les orcs, mais trop des leurs étaient tombés pour qu'ils éclatent de joie. Ils rassemblèrent rapidement leurs affaires. Puis l'un d'entre eux vint dire à Eberk :

-Nous sommes prêts à repartir. Quittons cette terre maudite au plus vite.

Eberk pleurait à chaude larme, Larki protégeait le corps de son ami de tous les maux alentours. Après la joie d'avoir trouvé la lame naine dans la tour, la tristesse s'empara du Prospecteur. Il reprit, avec un haut le cœur:

- Bien partons, trop de nos frères sont tombés, lors de cette mission. Un grand guerrier et tombait, on ne peut laisser sont corps pourrir sur ces terres noires. Emmenons le, il aura des funérailles dignes de son rang.

Eberk se faufila parmi les fusiliers et rejoint Larki. Prit son ami par l'épaule le réconfortant. Mais Eberk ne savais pas s'y prendre, un guerrier avait l'habitude de perdre des alliés et des amis. Mais Vaulgrim était comme un frère. Le prospecteur pris la tête du cortège, les fusiliers levèrent le corps du trépassé.

-Allons mes amis, malgré notre chagrin et nos mésaventures. Rentrons! Notre mission et terminé, donnons le repos qu'il se doit à Vaulgrim. Gloire à lui!

Tous les nains reprirent en cœur. Le petit groupe fit demi-tour et reprit le chemin de l'Erebor.

[He's back. Yeaaah rambo

. Un grand coucou à tout le monde !]

Lorsque le bruit sourd d'un piétinement parvint à leurs oreilles,les gardiens de Cirith levèrent la tête. Non qu'ils soient inquiets à propos de quelque intrusion,la passe étant trop bien gardée - mais il était si rare de voir passer la moindre cohorte dans ce lieu imprenable ! C'est pourquoi ils posèrent des yeux attentifs sur le long serpent cliquetant qui apparut bientôt sous leurs pieds,rampant lourdement le long du chemin cendreux. Des flambeaux luisaient de part en part de son corps trapu,et sa tête affreuse renvoyaient un sombre éclat à mesure qu'elle dodelinait. Une langue barbelée en sortait en venait ça et là frapper le cou,déclenchant alors un concert de gémissements vite tus.
Il s'avéra,lorsque la bête étrange fut suffisament près de la Tour,que c'était une colonne de prisonniers humains qui s'avançait ainsi avec lenteur vers l'Antre,comme pour se tapir dans ses recoins puants. Encadrée par une poignée de colosses orcs,son meneur aurait dû être leur chef,un de ces lieutenants tyranniques du fin fond de l'Udûn - mais la taille surnaturelle du Warg qu'il montait,son armure affutée de toutes parts et sa voix,celle-là même avec laquelle le Mordor parlait depuis longtemps maintenant,détrompa très vite les guetteurs qui surent que c'était le général Shraknag en personne qu'ils contemplaient du haut de la Tour où il avait monté les premières marches de son ascension vertigineuse dans la hiérarchie du Mordor.

Et la confusion aurait été de toute façon impossible. Aucun Orc en Mordor n'aurait osé guider sa colonne avec autant d'arrogance,soumis qu'ils étaient tous à une puissance supérieure et omniprésente qui savait leur insuffler une modestie forcée quand le besoin s'en faisait sentir - mais Shraknag était pour ainsi dire,depuis la disparition de la Bouche et la retraite officieuse du Seigneur des Ténèbres,le maître du Noir Pays. Et il le savait,ce qui le rendait chaque jour un peu moins terrifié par la puissance du Maître - n'eut été son total dévouement à celui-ci,il eut tôt fait de se proclamer Roi de Mordor,la cervelle retournée par le pouvoir phénoménal qu'il tenait entre ses doigts flétris.
C'était donc bien Shraknag qui dirigeait le groupe de prisonniers vers les profondeurs de la Passe. Il fouettait de temps à autre un homme épuisé ou une femme gémissante,mais plus par sadisme que par réelle utilité,les captifs craignant bien plus la lanière bardée de clous de leur bourreau que la mort par épuisement. Ainsi la colonne avançait vite et fut bientôt à bonne distance des veilleurs de la Tour,qui détournèrent la tête sans se demander où le Général menait sa petite troupe - quelle sotte question c'eut été ! Au bout du chemin il n'y avait que la Passe,et au bout de la Passe il n'y avait que la mort.
Cela,les prisonniers le savaient bien sûr déjà ; certains tentaient même de dissimuler quelques gémissements extatiques,preuves d'un indicible soulagement,à l'escorte du grand maître,bien conscients que si les Orcs avaient su quelle délivrance était la mort en comparaison des tortures du Mordor,ils les auraient renvoyé à leurs tourments quotidiens. Mais lorsqu'ils arrivèrent tout à fait en face de l'entrée de la grotte de Cirith ils furent nombreux à trembler de peur. L'odeur de putréfaction,l'écho sinistre des rires de leurs tortionnaires,le sourire infâme qui étirait peu à peu les lèvres craquelées de Shraknag : tout cela venait leur annoncer que la mort ne serait peut-être pas aussi douce qu'escompté,qu'il faudrait encore souffrir beaucoup avant,et peut-être même après ; et toute la malice,toute l'horreur qui émanait de chaque création de Morgoth et de son vassal leur parvint plus violemment que jamais. Un vieillard s'effondra alors sans mot dire sur le sol crasseux,la main qui serrait le tissu au niveau de son coeur éprouvé tremblant encore après que le corps entier se fut immobilisé,tandis qu'un enfant se répandit en pleurs aigüs que seul le cimeterre séparant sèchement sa tête fragile de son cou frêle vint interrompre. D'autres prisonniers les aurait bien suivis s'ils n'assistaient pas maintenant à leur démembrement sauvage et à la disparition rapide des morceaux des corps innocents dans les gueules ricanantes des Orcs de l'escorte.

- Donnez-m'en un. Celui-là,le jeune,là,dit Shraknag en montrant du doigt un adolescent tétanisé au corps couvert de cicatrices.

Deux Orcs se dirigèrent alors vers le malheureux élu (sans pour autant lâcher leurs bouts de viande),arrachèrent ses entraves et le jetèrent ensuite lourdement aux pieds de leur maître. Ce dernier sauta à terre et se saisit du garçon avec l'avidité d'une araignée se jetant sur une mouche. Tout en lui enfonçant un doigt purulent en travers de la bouche pour faire taire ses gémissements de protestation,il serra fort sa tête de sa main libre et lui chuchota à l'oreille :
- Crie,et tu meurs.

Puis,sans transition,l'Orc mordit sèchement dans le lobe que chatouillait sa bouche putride ; il se détacha dans une gerbe de sang clair,emportant avec lui d'autres lambeaux d'oreille,tandis que la douleur déforma le visage de la victime qui ne put que mordre de toute ses forces dans les tumeurs insensibles du doigt gangrené qui l'étouffait. Shraknag mâchonna quelques instants la maigre prise avant de la recracher avec mépris en direction de la mère du supplicié,une estropiée qu'un énorme baillon de chiffon lestement mis par un des soldats empêchait de hurler :
- Pas plus goûteux que toi,bâtarde. Garde donc ça en souvenir.
Puis,se retournant vers sa proie :
- Tu n'as pas crié,c'est bien. Mais tu mourras quand même.

Et sans hâte,il sortit son sabre recourbée de son fourreau d'acier et entreprit avec la plus cruelle des lenteurs de sectionner les morceaux les plus intéressants du jeune garçon,prenant bien soin de ne pas trancher artères et organes vitaux pour la simple jouissance de le voir se tordre en tout sens,anéanti de douleur. Au fur et à mesure qu'il coupait doigts,nez,lèvres,orteils,puis pieds,mains et morceaux de ventre et de jambe,ils les envoyait loin devant lui dans les profondeurs de la Passe. Lorsqu'il eut fini son consciencieux travail de boucher,il rapprocha une dernière fois sa tête de celle du torturé et murmura à sa face noyée de sang et agitée des plus terribles spasmes que peut produire l'humain quelques mots en Noir Parler. Personne d'autre que lui ne les perçut - mais cela suffit en tout cas à lui faire pousser un dernier grand cri,lancinant et atroce,avant une pétrification soudaine,totale et irréversible. Shraknag acheva en souriant de lécher le sang de quelques plaies particulièrement prodigues puis ordonna sèchement à ses sbires de ficher le cadavre au bout d'une lance pour l'envoyer rejoindre ses morceaux éparpillés au fond de l'Antre. Ce fut fait prestement,et le corps n'eut pas encore disparu dans les cavités poisseuses que le général recommençait son oeuvre odieuse et plaisante sur les prisonniers suivants,dont la terreur anéantissait chaque seconde un peu plus les limites de l'imaginable.

Lorsque sa noble tâche fut finie,Shraknag ordonna à ses soldats d'éloigner son Warg et de reculer contre les parois de l'Antre. Ils s'exécutèrent avec zèle,sachant dans quel lieu ils étaient. Puis le général vint se placer au milieu de l'entrée...et attendit. Quoi ? Ils le savaient tous. La chose concernée aussi. Elle ne mit d'ailleurs pas trop de temps à arriver : déjà,on l'entendait approcher du lieu du massacre,poussant devant elle un vent mauvais de putréfaction et de ténèbres.

Et soudain les ombres se craquelèrent et vomirent des tréfonds de la terre une abomination. De la brume infernale exhalée par la Mort qui nappait l'entrée du tunnel jaillirent des pattes. Des pattes immenses,colossales,grosses comme des troncs d'arbres - mais des arbres morts,tortueux,pourris et desséchés. Elles fouillèrent férocement l'air empuanti avant de se plaquer contre les parois glissantes du trou dont elles étaient sorties ; alors elles ployèrent comme pour attirer à elle une masse énorme et surnaturelle,et extirpèrent de son antre la bête toute entière. Alors,dans un bruit de tonnerre, Shelob s'abattit devant les Orcs tombés à genoux.

Il parut évident à Shraknag que depuis leur dernière rencontre,Madame avait enflé. L'abdomen déjà bouffi de l'araignée géante suppurait comme s'il fut sur le point d'exploser,et sa tête monstrueuse semblait ne pas connaître les limites de sa croissance,transformant les chélicères de la bête en lames de la taille d'un bras de troll et gonflant jusqu'au ridicule ses huit yeux de chasseresse sans pupilles,orbes d'un noir abyssaux surmontant la gueule sans fond. Le Général resta quelques secondes en admiration devant la capacité de Madame à se régénérer sans fin,voulant y voir la métaphore prophétique d'un Mordor monstrueux et indestructible. Ses sbires tombés à terre se prosternaient devant la chose et lui lançaient mille prières en Noir Parler,attitude bien dévote que Shraknag ne pouvait qu'apprécier de la part de serviteurs trop souvent lâches et veules. Mais son attention était bien sûr entièrement accaparée par Shelob,qui avait daigné sortir de son antre et honorer le Général de sa fabuleuse présence.

Visiblement,le stratagème de l'Orc avait donc fonctionné : Madame avait accouru et des morceaux de membre (qu'une pré-mastication violente avait rendu inidentifiables) dépassaient ça et là de sa mâchoire énorme,preuve que ses offrandes avaient été plus qu'appréciées. Maintenant elle le regardait avec,semblait-il à la contemplation de ses globes insondables mais vibrants,un sain mélange de voracité et de curiosité. Elle avait l'air disposé à écouter le Général,au moins en préambule d'un possible broyage buccal ; aussi celui-ci lui exposa-t'-il promptement les motifs de sa venue. Il s'avança vers elle,fit une rapide mais profonde courbette et lui dit dans un Noir Parler châtié :

- Maîtresse de Cirith,Fille d'Ungoliant,je me prosterne devant vous. Si j'ai osé déranger Votre Excellence dans Son Repos,ce n'est bien sûr point par bravade idiote ou hérésie envers Sauron le Grand Notre Maître,mais pour vous proposer une noble alliance. Vous n'êtes en effet pas sans savoir,Reine des Ombres et de l'Affût,que le Seigneur des Ténèbres est en perpétuelle lutte contre les peuples arrogants qui nient Sa Toute-Puissance. Et que,malgré celle-ci,la veulerie de ces couards et leurs lâches accointances leur permettent parfois d'atteindre leurs vains mais néanmoins dérangeants objectifs. Considérant que depuis trop longtemps le Mordor,Royaume de Sauron le Grand Notre Maître,est bafoué dans sa souveraineté et repoussé dans d'iniques retranchements par ses ennemis,nous avons décidé de commencer une grande campagne de reconquête de ce qui nous est dû en prévision de l'asservissement total des Terres du Milieu et d'au-delà. Et c'est en cela que nous avons besoin de Votre Puissance. Qui s'opposera encore à Sauron et ses hordes innombrables si Votre Surpuissance les soutient ? Qui pourra résister à notre pouvoir ? En vérité personne,Votre Excellence. Aussi je vous demande,ainsi qu'à votre magnifique et redoutable progéniture,bien humblement en mon nom et fièrement en celui de Sauron le Grand Notre Maître de vous joindre à nous dans cette glorieuse entreprise,pour le Mordor,les Ténèbres et Morgoth le Dieu de Toutes Choses.

S'ils n'avaient eu vent de la malignité de la bête,les séides de Shraknag auraient pu s'interroger sur la pertinence du fait de parler à une araignée géante. Mais l'on savait,lorsqu'on connaissait un tant soit peu Madame,qu'elle n'était point née des Ténèbres pour rien ; aussi bestiale qu'elle soit,son esprit animal était mêlé à la malice de Melkor et elle avait ainsi une compréhension des choses bien moins sauvage que l'on eut pu le supposer. Et à observer,dans ses mouvements de corps et de mâchoire,son attitude presque qualifiable d'attentive,on ne pouvait que reconnaître que la chose était un hybride de bête et de démon.
Ainsi Shelob comprit Shraknag. Et lui intima,d'un hochement sans équivoque de la tête,de préciser sa pensée.

- Cela commencera sous vos yeux,Ô Aïeule des Monstres,poursuivit-il immédiatement en tendant un bras sûr en direction des Terres Libres que l'on apercevait vaguement au hasard des pics et crevasses du Pays Noir laissant ça et là apparaître,comme autant d'insultes à la suprématie de Sauron,des tâches verdoyantes qu'un soleil non encore étouffé par les cendres faisait resplendir dans le lointain. L'Ithilien,ce fief arraché lâchement à notre domination par quelques rôdeurs imbéciles,n'aspire qu'à revenir dans le giron glorieux du Mordor. Nous saurons répondre à son appel,et mettons déjà sur pied,à l'heure qu'il est,des troupes de choc destinées à l'asservir et le transformer en un avant-poste stratégique dans notre lutte contre les royaumes humains. Et nous serions plus qu'honorés que vous,vos fils et vos filles nous rejoignent pour mener à bien cette mission,au nom de Sauron le Grand. Nous vous le prouverons après la victoire,en offrant toute entière la contrée soumise à votre joug,élargissant ainsi considérablement votre domaine de chasse.

Si la perspective de sortir enfin de ses tunnels aimés mais finalement bien restreints avait appâté Shelob,ce dernier argument acheva de la convaincre,et déjà sa cervelle noire faisait vaguement apparaître à ses yeux frémissants l'image onirique d'un pays recouverts de toiles et grouillant de ses multiples enfants,où l'attendrait un gibier neuf à chasser et un air pur à vicier. Pleine d'une ardeur peut-être éphémère mais véritable,la bête imprima à son corps démesuré un effrayant mouvement de balancier que Shraknag prit à sa juste valeur : un assentiment de bon augure à sa cause belliqueuse. Il refit alors une révérence,longue et bien basse celle-ci,en direction du monstre et recula,toujours courbé,vers ses soldats qui firent de même,tout en murmurant de précieuses formules de politesse destinées à assurer Madame de son plus total dévouement. Lorsque celle-ci se réengouffra prestement dans sa tanière infâme,Shraknag crut entendre un grondement affamé repris en écho dans les ténèbres,et il sourit largement. Le Mordor sortirait bientôt de son sommeil réparateur,et sa férocité trop vite oubliée par ses ennemis raviveraient en eux de terribles stigmates ; et le Général frapperait au bon moment pour les creuser encore...jusqu'au coeur.

Les portes de Cirith Ungol s'ouvrèrent à la volée,et un orc d'allure plutôt fine en franchit le seuil.L'orc portait un casque qui dissimulait de nombreuses cicatrices sur son visage.Il était revêtit d'une armure scintillante et sur sa ceinture pendait une épée courbe,l'orc se nommait Turel et il avait l'air d'assez mauvaise humeur.Turel hurla:
-Qui est le chef ici ?
Personne ne se manifesta mais Turel attendit,les yeux emplis de désir.Un désir de pouvoir que nul autre ne pouvait comprendre.

Le temps était assez orageux au dehors,la tour de Cirith Ungol se situait sur une montagne qui surplombait le Mordor. Et à son pied un Orc du nom de Bolg s'apprêtait à exécuter les ordres dictés par le Maréchal de la tour,Shraknag. Bolg était désormais en mission,il devrait se rendre dans l'Antre de Shelob afin de capturer quelques uns de ses petits,et ceci dans le but de prélever leur venin qui permettrait d'aider grandement à la guerre. L'Orc était fin prêt,accompagné de son escouade,une vulgaire poignée de vermines. Bolg ordonna le départ à ses troupes qui suivirent d'un pas lent. Le ciel était rouge tel du sang coulant à flot,les éclairs se succédaient. Bolg et ses soldats traversèrent le pont qui menait directement à l'Antre dans laquelle il entra sans trop de peine. Elle était sombre,vaste,humide et il y régnait un silence profond,un silence de mort qui glaça le sang de Bolg. Celui-ci s'enfonça plus profondément dans la grotte,toujours suivi par ses Orcs,il guettait le moindre signe,la moindre alerte qui pourrait prouver la présence d'une de ces bêtes. Il siffla entre ces dents:
-Ramenez vous sales monstres.
Il commençait à s'impatienter mais en même temps à se réjouir de ne pas croiser ces abominations,derrière Bolg les Orcs n'étaient guère plus courageux,ils tremblaient de la tête au pieds et ils marchaient haletants. Bolg huma l'air et dégaina violemment son épée,il s'avança prêt à tout moment à être attaqué. Une allée sombre attirait son attention,il s'en approcha lentement mais sûrement,encore un peu,il y était presque...Une araignée de grande taille en sortit et se jeta sur Bolg elle tentait de l'étrangler et en même temps de le tuer avec son dard,mais Bolg résista et les Orcs purent jeter le filet qui entoura cette arachide,elle fut pris au piège,elle gigotait encore mais c'était sans espoir. Aussi les Orcs continuèrent leur chemin sans manquer d'attention au prisonnier,ils s'enfoncèrent dans les cavernes brumeuses et sombres,un cri résonna et un Orc disparut dans la pénombre,la réaction des autres ne se fit pas attendre,ils sortirent leurs lances et suivirent Bolg qui avait senti une autre araignée,cette fois plus robuste sans nul doute. Elle tentait de piquer Bolg qui fut plus rapide qu'elle,démasquée,elle tenta de s'enfuir mais elle ne put échapper aux filets.
Les Orcs poursuivirent leur marche,ils s'arrêtèrent à l'écoute d'un hurlement sinistre qui se stoppa aussi vite qu'il avait commencé à se manifester.

Le bruit s'était tu quelques instants,laissant planer un silence sépulcral dans la caverne ; mais lorsqu'il reprit,il était comme décuplé. Il semblait certain que quelque chose courait vers les Orcs. Les créatures chétives ne purent réprimer un frisson d'angoisse et,tandis que le bruit augmentait graduellement,dressèrent leurs lances face à eux,attendant la révélation de ce qui se terrait dans les labyrinthes du Col.

Enfin une ombre apparut sur les murs luisants. Une ombre colossale. Le plus maigre des Orcs poussa un cri,lâcha son arme et s'enfuit vers la Tour,abandonnant ses congénères avec la chose qui venait. Les autres jurèrent mais tinrent bon,sachant que le fuyard n'aurait pas forcément un meilleur destin qu'eux. Une silhouette monstrueuse se profila alors à l'entrée d'un des nombreux boyaux de la caverne et la chose apparut pleinement aux chasseurs d'araignées.
Ils surent au premier coup d'oeil que ce n'était pas Madame : pas assez gros,pas assez de pattes. Non,à n'en pas douter,le roc vivant qui venait de s'arrêter devant eux en chancelant était bien un Troll.
L'Olog était méconnaissable pour tout être non habitué à cotoyer de telles créatures ; mais pour des Orcs,même le fait qu'il soit presque entièrement recouvert de filins gluants ne faisait pas illusion. Ils ne pouvaient confondre cette forme massive,ces membres surdimensionnés,cette respiration angoissante avec aucune autre. Aussi redressèrent-ils leurs armes encore plus vigoureusement,bien au courant de la férocité d'une telle bête. Au vu du casque que le Troll semblait encore porter,il devait avoir fait partie des dernières troupes à partir pour Dol Amroth ; il avait dû se faire capturer par les fils et filles de Shelob et emprisonner dans un de leurs funestes cocons ; trop résisant pour les arachnides,il s'en était finalement dépêtré en partie et les avait chassé avant de tenter de retrouver son chemin dans les ténèbres de Cirith à l'aide de son odorat surdéveloppé qui l'avait mené à l'air vicié du Mordor et,dans le même temps,aux Orcs terrifiés.

Le Troll marqua un arrêt devant les créatures tremblantes et entreprit de débarasser sa face aplatie des derniers reliefs de soie qui s'y accrochaient encore,sans se soucier des plaques de toile blanchâtres encore bien agrippées au cuir tannné de son torse et de ses jambes. Puis il ouvrit lentement sa mâchoire mal proportionnée,dévoilant par-là même deux rangées de dents inégales et noircies par les immondices quotidiennes qu'il avalait mais à l'allure terriblement coupantes,et poussa un grognement rauque et sans ambiguité quant à ses intentions. Il souffla encore une fois et chargea en direction des Orcs.

Le plus imposant de ceux qui restaient lança un cri de guerre dans l'air glacé et chargea lui aussi,lance en avant. Il allait empaler le Troll pour le remettre à sa place ; du moins il le pensait. En réalité,la bête abattit lattéralement son énorme bras sur l'arme qui se brisa comme un rameau sous les sabots d'un cheval et fit de même avec son porteur,qui alla s'écraser contre la paroi de la grotte dans un bruit d'os brisés. Un autre Orc voulut abandonner le groupe ; celui-ci eut moins de chance que son prédécesseur : le Troll tourna sa figure répugnante vers lui et fut en trois enjambées devant la sortie. Il se saisit de fuyard et le fourra sauvagement dans sa gueule béante,buvant son sang et ses hurlements avec la même délectation. L'avant-dernier Orc,par hardiesse ou par simple bêtise,tenta de profiter de ce moment pour en finir avec la bête pendant cet instant d'inattention et vint lui planter sa lance dans le bas du torse. La créature poussa un hurlement de rage,lâcha le reste d'Orc qu'elle tenait dans sa gueule,souleva son pied monstrueux et aplatit l'insolent sans autre forme de procès. Un flot de sang et de tripes jaillit et éclaboussa Bolg qui se tenait non loin de là.

Bolg avait pris soin de ne pas bouger,conscient du fait que le moindre mouvement aurait attisé la rage de l'Olog. Il avait eu totalement raison,au vu du funeste destin de ceux qui avaient enfreint cette règle. Pourtant il ne pouvait échapper à sa vigilance indéfiniment. Aussi,alors qu'il tentait,collé au mur,d'avancer lentement vers la sortie,sa main griffue serrée sur la hampe de sa lance,le Troll acheva de mâchonner sa proie et tourna avec une lenteur diabolique sa tête vers le téméraire Bolg.

La situation se présentait donc ainsi : il ne restait à Bolg qu'un court filet et une lance fragile. Contre le mur opposé,de jeunes araignées encore frétillantes,aux abdomens chargés de venin,se débattaient entre les mailles qui les maintenaient prisonnières. Et le Troll l'avait vu et n'allait pas tarder à charger pour le dévorer à son tour. Qu'allait-il faire pour échapper à cette mort lente et douloureuse et revenir sain et sauf à la Tour ?

Bolg se fit dévorer lentement par Shelob !
[Vraiment désolé mais je quitte le site !]

Sujet: Re: Cirith Ungol : Tour / Antre de Shelob Dim 10 Nov 2013 - 0:59

L'Orc malingre poussa un couinement de surprise lorsque Shraknag le saisit à la gorge et le fit décoller de terre ; il n'eut pas le temps de se demander ce qui pourrait bien lui arriver que le Maréchal l'avait déjà amené à la fenêtre de la salle d'état-major de Cirith Ungol et nonchalamment poussé au travers. La carcasse frétillante de l'infortuné alla se briser quelques instants plus tard au pied de la tour dans un bruit spongieux de chair éclatée. Tel était le châtiment en vigueur dans la forteresse pour avoir importuné le seigneur des lieux.

Shraknag frotta ses mains l'une contre l'autre, comme pour remplacer les traces de la saleté de sa victime par la sienne, et retourna devant la grande carte qui s'étalait sur son bureau de pierre noire. Mais comme depuis trop longtemps, ses yeux glauques et reptiliens ne surent y trouver un intérêt quelconque ; il n'y avait que croix griffonnées à la hâte pour marquer l'emplacement approximatif de lieux sans appas, statuettes grossières censées représentées des forces dispersées depuis des lunes et étalement infini de noms vides de sens. Et tandis qu'il perdait son temps à regarder ce bout de parchemin moisi, le moment où un nouvel importun viendrait lui faire une requête stupide s'approchait et il devrait refaire le chemin jusqu'à la fenêtre jusqu'à ce que celle-ci soit bouchée par les cadavres, puis il serait obligé de les égorger un par un... Cette simple pensée l'emplissait d'une profonde lassitude ; mais chez les Orcs l'ennui n'est qu'une vague pause dans la colère, aussi Shraknag exorcisa bien vite son trouble en arrachant la carte de son support et en la jetant rageusement dans l'âtre à peine fumant de sa cheminée grossière. Le souffle lourd qui s'échappa de la peau recouverte de gribouillages ineptes lorsqu'elle rencontra les dernières braises encore rougeoyantes lui sembla provenir de sa propre gorge.

Comment en était-on arrivé là ? Quelques années auparavant, Shraknag était le maître incontesté du Mordor après le Seigneur des Ténèbres ; il menait ses immenses armées à travers les étendues rebelles pour dispenser Sa Parole et préparer l'avènement de Sa domination totale de la Terre du Milieu ; il allumait d'énormes brasiers et répandait des cascades de sang impur ; il répandait la terreur et la mort chez les hérétiques, prophète en extase du Fils du Dieu. Aujourd'hui, était-il encore quelque chose ? Le Mordor s'était tu, grondant toujours dans son sommeil trompeur, ce qui était déjà arrivé auparavant ; la vraie différence était que cette fois-ci, ce n'était pas lui qui orchestrait son réveil. Et cela depuis trop longtemps : après ce répugnant sorcier qui lui avait volé la gloire qu'il méritait, c'était au tour d'un intriguant, un Homme qui plus est, de recevoir semblait-il gratuitement les faveurs du Seigneur des Ténèbres. Quant à lui, il s'était vu passer de seconde autorité du Pays Noir à garde de tour. Car que faisait-il d'autre à Cirith Ungol ? Il pouvait encore s'amuser à ordonner des mouvements de troupes, mais toute action d'importance était maintenant décidée par des éminences grises avec lesquelles il n'avait aucun contact ; et quand bien même il eût eu assez peu de fierté pour aller leur quémander de l'attention, il n'était pas sûr que celle-ci lui aurait été accordée. Non, décidément, il semblait bel et bien hors-jeu, tombé dans une silencieuse mais surtout inexplicable disgrâce. Savait-on encore son nom en Mordor et au-delà ? Etait-ce ainsi que le Seigneur des Ténèbres récompensait ses plus fidèles serviteurs, par l'oubli ?

Ces questions tournaient et retournaient sans cesse dans la tête embrumée du Maréchal déchu. Et des idées quelque peu hétérodoxes avaient commencé à y faire leur nid. L'incident du serviteur volant leur offrait une occasion des plus belles pour croître et se multiplier ; elles en vinrent rapidement à le submerger. Comme frappé par la limpidité de ce qu'il aurait dû faire il y avait déjà trop longtemps, Shraknag releva lentement son échine courbée par la frustration et se dirigea d'un pas sûr vers la porte de la salle. Il l'ouvrit violemment et héla le premier snaga venu, lui ordonnant de lui amener son matériel d'écriture officielle.
Celui-ci lui fut porté une demi-heure après que Shraknag l'eut demandé ; trouver un prisonnier suffisamment vivant et un appareillage correct était loin de représenter une tâche aisée dans cette forteresse délabrée. Mais lorsqu'il vit entrer dans la salle l'humain choisi pour exécuter ses volontés, l'Orc oublia son impatience, tout à la pensée de la joie qu'il allait bientôt pouvoir éprouver en écrivant sa missive avec une encre d'un pourpre sublime. Il fit attacher le condamné – un homme musculeux aux traits sombres, encore vigoureux bien qu'en haillons et bardé de cicatrices – à la table d'interrogatoire qu'on venait d'amener à sa suite sans observer (efficacité de la torture psychique pratiquée au Pays Noir) la moindre résistance puis congédia le snaga chargé de la manœuvre. Il se dirigea alors vers la partie de l'appareillage barbare à laquelle étaient attachés les pieds du prisonnier ; entre ceux-ci avait été posé une large vasque pleine d'instruments sales et rouillés que Shraknag prit un plaisir malsain à examiner longuement. Puis, bien conscient qu'il devrait bien finir s'atteler à sa tâche, il coupa court à ces préparatifs et entra dans le vif du sujet.

Il se saisit d'abord d'un petit tuyau d'une indéfinissable matière molle de la circonférence d'un auriculaire, à l'extrémité de laquelle il introduisit une longue pointe creuse en forme de crochet. Le voyant s'adonnner à de tels préparatifs, le prisonnier, jusque-là apathique et fixant d'un œil éteint le plafond constellé de moisissures, montra des signes d'inquiétude notables. Cela ne fit qu'attiser la soif de Shraknag qui se dirigea vers lui d'un pas lent, faisant jouer entre ses doigts encroûtés le tuyau et son crochet. Lorsqu'il arriva à la hauteur du bras gauche de sa victime, il le saisit violemment et planta sans hésitation l'extrémité de son outil dans la plus grosse veine qu'il trouva. Le prisonnier hurla de douleur lorsque le morceau de métal tranchant et glacé vint fourrager profondément dans ses chairs déjà bien éprouvées, et à ce cri l'Orc dut réprimer son ardente envie de transpercer l'humain à de nombreux autres endroits pour réentendre ce chant qu'il goûtait autant que le grondement des flammes et le fracas des corps brisés. Il fallait se mettre au travail.

Tandis que le prisonnier mutilé était secoué de gémissements de douleur bien mal contenus, Shraknag dévida le tuyau qui le reliait maintenant à sa victime et vint s'asseoir devant la zone où se trouvaient les autres outils de torture ; il les retira un par un de la vasque et étala un parchemin de belle facture devant ses yeux tout en se saisissant d'une grande plume de Crébain taillée en pointe. Ne lui manquait plus que l'encre : il porta alors le tuyau à sa bouche et aspira longuement, dans une sorte de parodie de Suderon fumant un narguilé de facture mordorienne ; l'homme poussa un nouveau cri de douleur et le sang afflua vers la bouche de l'Orc qui ne put réprimer un grognement d'extase lorsque le liquide écarlate vint fouetter ses dents tranchantes comme les vagues les rocs déchiquetés de quelque grève recouverte de nuit. Il cracha le précieux fluide dans la grande vasque prévue à cet effet mais ne put se retenir d'en garder une gorgée pour lui-même, savourant avec un sourire extatique ce nectar de chair au goût de métal. Après s'être copieusement léché les dents et les lèvres, le seigneur orc plongea sa plume dans la flaque encore frémissante et commença à écrire une missive des plus importantes, de celles qui méritent la plus belle des encres.

Sujet: Re: Cirith Ungol : Tour / Antre de Shelob