Rencontre...

A ce qu'il savait, un certain Eldarion cherchait à le rencontrer, aussi Grimbold se devait de le recevoir, en tant qu'intendant bien sûr. Il alla donc dans la salle du trône et interpella un garde qui passait par là :

-Faites venir Eldarion, ce jeune homme, apparemment le prince héritier de l'Ouistrenesse, nous avons à parler il me semble...
-Bien Monseigneur.

Le garde s'inclina et partit d'une rapide foulée en direction de la porte, et disparu dans les marches, en direction des portes de la ville, là où se trouvait le jeune prince.
Grimbold ne savait pas exactement ce que ce dernier avait à lui dire, mais il poouvait le devinait quelque peu. De toute façon, tous deux se seraient bien rencontrer un jour ou l'autre. Malheureusement, il fallait que se soit pendant ces temps de malheurs.

Quelques temps après, le garde revint, annonçant le jeune homme. Grimbold murmura, plus pour lui même que son entourage :

-Bien, voyons ce qu'il a à me dire...

Il fit signe au soldat de le faire entrer, et patienta...

L'intendant du Rohan n'eut pas à patienter longtemps, et Eldarion foula de ses pas la salle du trône d'Edoras. L'homme s'empressa de traverser l'espace vide entre lui et Grimbold, et s'agenouilla non sans hâte mais surtout avec respect devant l'intendant. Se relevant, Eldarion crut voir un air de méfiance sur le visage de Grimbold, mais décida que la lumière avait simplement abusé ses yeux et lui avait fait croire cela. Il reprit contenance et énonça le pourquoi de sa venue.

« Intendant, je me présente à vous pour solliciter votre hospitalité et votre aide. Je ne doute pas que vous le sachiez déjà, mais je vous le confirme de vive voix : je suis Eldarion Telcontar, fils de l'Empereur de l'Ouistrenesse, du véritable Empereur. Je ne parle pas d'Herunumen l'Usurpateur, mais de Tar-Elessar, qui a maintes fois oeuvré pour le bien du Rohan et l'entente entre nos deux royaumes...

Aujourd'hui la situation est critique et le Gondor n'a jamais eu plus besoin du Rohan. J'ai besoin personnellement de vous, intendant, et de chaque rohirrim en âge et en capacité de se battre. Se battre pour la liberté ! Comme l'ont déjà fait les rois de jadis, de mon ou de votre royaumes.

Peut-être me trouverez-vous trop hâtif, mais la situation l'exige et je ne peux guère lutter face à cela... J'ai déjà réfléchi à maintes stratégies qui nous assureront la victoire et le minimum de pertes, je ne cherche pas de bain de sang. Je cherche la paix et la paix a besoin du Rohan... Je me remets à vous... »

A nouveau Eldarion, fils d'Aragorn, s'agenouilla devant l'intendant du Rohan. Bien qu'il était soumis à la décision d'aide ou non de Grimbold, il ne perdait la fière allure et la noblesse de ses traits que son père lui avait légué, ou la grâce et la beauté de sa mère.

Grimbold dévisagea longuement le nouvel arrivant, tandis que celui-ci parlait, annonçant, comme la plupart des nouveaux venus, des temps de malheurs. Ce que lui demandé Eldarion était mesurable. En effet, le Rohan se devait de répondre à l'appel à l'aide de Gondor, mais en ces temps troublés, envoyer le gros de l'armée loin du Rohan pourrait provoquer sa chute. Grimbold répondit au jeune prince :

-Relèves-toi Eldarion. Je te connais, bien évidemment. Ton père nous a toujours était d'un grand secours. Et quand à Herunumen..., nous verrons plus tard. Ce que tu me demande aujourd'hui est difficile. Vois-tu, le Mal est déja entrait en Gondor, mais il est aux portes du Rohan, et frappera bientôt...Il y a dix mille Rohirrims en état d'alerte, prêt à se battre. Il faudrait une seule journée pour tous les rassembler, tout au plus.

Grimbold se devait d'accepter. Cela aurait des répercutions sur le passé de toute façon, qu'il accepte de venir en aide au Gondor ou pas. Il avait souvent combattu en Gondor, sa dernière bataille étant sur les champs de Pellenor, devant les murs de la Cité Blanche. Il est vrai que le Rohan avait beaucoup oeuvré pour la liberté du Gondor, mais ce dernier n'avait plus à prouver lui non plus sa loyauté envers le peuple du Rohan.

Le jeune Maréchal regarda Eldarion. Dire que tout les espoirs d'un peuple reposait sur lui, maintenant que Tar Elessar avait disparu. Seul Eldarion avait le pouvoir, et le droit, de reprendre les rênes de l'Ouistrenesse. Grimbold reprit :

-Bien. Tu es ici chez toi bien entendu. Il me semble que tu as parlé de stratégies plutôt avantageuse, je t'écoutes. Et par ailleurs, de combien de Rohirrims aurais-tu besoin, exactement ?

L'espace d'un instant, la ferveur des batailles revint faire tressaillir les sens de Grimbold, et ses yeux étincelèrent. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas combattu...Reprenant ses esprits, après ce court moment de nostalgie, il attendit la réponse d'Eldarion...

La bienveillance et la sympathie de Grimbold surprit un court instant Eldarion, mais le coeur de ce dernier se réchauffa bien vite à la flamme de l'espoir que l'intendant faisait naître doucement en lui. Ainsi il acceptait, et le Rohan pourrait aider Eldarion dans la lourde tâche qu'il s'était confié... qu'il s'était vu presque imposé devant l'autorité despotique de l'Empereur Herunumen... De combien de Rohirrims, avait-il demandé ?

« Intendant, je... j'ai besoin de tous les hommes que vous pourrez mettre à disposition dans cette guerre, car c'est une guerre. Tous. Comprenez que je ne peux me passer d'un seul homme contre l'immense armée dont pourrait disposer Herunumen...

Le seigneur Handrad, qui souhaitait déjà porter la guerre sur les terres de l'Isengard, principal allié de notre ennemi, a dû être dorénavant averti de ma présence sur vos terres et devrait, je l'espère, avoir reconsidéré ses plans. Aussi j'espère pouvoir rallier ses forces aux nôtres, et notre armée sera assez conséquente pour qu'une victoire soit possible, si nous nous y prenons correctement. Car l'erreur est impossible, elle nous mènerait tous à une mort certaine. Voilà pourquoi j'ai tant réfléchi, et qu'un stratagème m'est apparu plus certain que d'autres...

En disposant des forces de l'Arnor et du Rohan réunis, nous disposons d'une force assez puissante pour mettre à mal l'Isengard. Par le Nord, le seigneur Handrad portera l'assaut en premier lieu sur Lond-Daer, et continuera sa percée sur Lond-Edain. Les ports seront désormais en notre possession. Mais une partie de ses forces sera restée près de Tharbad, près à assiéger la ville, qui après la prise de Lond-Daer et encerclée par nos forces, sera privée de tout ravitaillement et renforts.

Les soldats encore vigoureux et voulant se battre iront mener la bataille sur l'Isengard même, la Tour d'Orthanc, et ces forces seront couplées avec celles du Rohan, les vôtres mon Seigneur. Peut-être même les soldats de la Lorien pourront-ils nous rejoindre et briser une possible fuite ou un détournement par le Nord pour nous prendre à revers. L'assaut sera monumental, et la magie de Saroumane ne pourra rien face à notre courage. J'espère même pouvoir rencontrer un jour très prochain le Magicien Gandalf le Blanc pour qu'il puisse nous aider... Ceci est la première phase de mon plan, qui priverait Herunumen de son principal allié.

Si vous croyez que l'Empereur réagira face à nos attaques, alors vous ne savez pas encore à quel point il est inexpérimenté et peureux en réalité... Il n'ira pas arrêter notre lutte, car nous lui donnerons une raison de ne pas le faire.

Le Gondor, mon Seigneur, sera attaqué d'un autre front. Le Harad ! Nous allons provoquer Herunumen et le forcer à porter son attention sur les terres arides du Sud, si bien qu'il ira porter la guerre là-bas. J'irai moi-même à Gobel-Mirlond, en Harondor Extérieur, et jouerai de provocation pour l'attirer.

Quand enfin une partie de ses armées traversera la frontière vers le Harad, les forces du Rohan et de l'Arnor prendront la voie des eaux depuis Lond-Daer et iront asségier directement Methir, Lond-Tolla et enfin Pelargir, en remontant l'Anduin. En vérité, je le crois, prendre d'assaut la Cité Blanche n'est pas utile. L'Empereur Herunumen sera acculé et ne pourra qu'avouer sa défaite devant le peuple...

Il en sera fini de son usurpation, et je reprendrai les rênes de l'Ouistrenesse comme mon père. »

Enfin, son long discours était terminé... Eldarion ne s'était pas arrêté, il semblait même de plus en plus hâtif et extasié à l'idée d'accomplir les mots qui sortaient de sa bouche, en espérant que Grimbold ressentirait sa volonté et discuterait avec lui de son stratagème. Un regard neuf pouvait peut-être apporter de nouvelles solutions, améliorer le plan qui avait mûri longuement dans la tête du véritable héritier de l'Empire de l'Ouest.

Grimbold écouta le plan du jeune prince, impassible. Tout cela avait été mûrement réfléchi, à n'en pas douter.
L'Intendant n'avait pas grand chose à ajouter, tout cela semblait parfait, sans failles, donc il n'y avait pas grand chose à craindre. Néanmoins, le Rohan n'était pas à l'abri d'une mauvaise surprise...

* Un fin stratège, très subtil en plus * songea Grimbold, les yeux plein d'espoir.

La guerre était donc inévitable, comme il s'en doutait. Il fallait une fois de plus que le Rohan reprenne les armes, mais cette fois-ci, contre le Gondor même. Bien que Grimbold savait pertinemment que le nouvel Empereur du Gondor était mauvais, une sensation étrange le parcourait, quand il pensait à attaquer le Gondor. Il revint donc au moment présent, s'adressant à Eldarion :

-Bien, tout cela me semble clair, net et précis. Si tout ce passe selon ce plan, le Gondor sera de nouveau libre, dans peu de temps. Je souhaite bien évidemment participer à l'assaut. je ne sais pas si je dois faire parti de l'assaut d'Orthanc, ou de celui de Methir. Quel est le plus raisonnable, selon vous ?

Grimbold se tourna vers Eldarion, comme un élève vers son maître. Le Maréchal était un homme de bataille, et non un stratège. Tout reposera donc sur les idées d'Eldarion. Il faudra lui faire confiance...