La Forteresse de Dagorlad

Sujet: La Forteresse de Dagorlad Sam 4 Juil 2009 - 17:23

[a.s. : ce topic n'est pas de mon initiative, ma flaque de bouse nauséabonde Shraknag m'a demandé de le créer et de le faire avancer au cours du mois de juillet (mois où il est absent).]

C'était là, sur la plaine de Dagorlad, que s'élèverait une nouvelle obscurité pour les coeurs elfiques et les âmes humaines, une nouvelle raison pour les nains de s'enrager... Une forteresse (imprenable ?...), un chantier long, monumental, fastidieux... Il fallait une force prodigieuse pour creuser les fondations, c'était la raison de la présence des Trolls ameutés par Shraknag, grand général du Mordor (pas si grand que cela, en vérité...). Puis il fallait une main d'oeuvre nombreuse et grouillante, rapide et docile : les Orques. Cet amas d'odeurs exécrables, de laideur, de vermine, c'était là toute la force du Mordor... Allez en trouver un seul désireux d'un jour de congé, d'un syndicat représentatif... Il n'y avait pas de chiffe-molle humaine dans cette abondance de puanteurs sur pattes.

Gogdish, parmi tout ceux-là, n'était qu'un maillon de la chaîne. Qu'à cela ne tienne, il servait le maître. Le maître serait content. Gogdish serait récompensé et pourrait rester près du maître plus longtemps. Cette pensée simpliste, stupide, réelle, rendait ses muscles plus vigoureux et ses pas plus rapides. L'activité d'autres Trolls autour de lui le rendait plus banal, lui qui dépassait pourtant largement les Orques de deux mètres. Il fallait voir comme certains étaient petits... des fourmis verdâtres et horriblement, monstrueusement laides. Gogdish avait pris l'habitude d'être l'exception parmi les snaga, mais il saurait vite se faire à la nouvelle situation, se fondre dans la masse et exécuter les volontés du maître... Tant qu'il pourrait en dévorer quelques uns, du moins...

[p.s. : j'ai pris la liberté de rajouter une image, m'enfin tu pourras changer comme tu le voudras Shraknagouninouchetouminou.]

[hrp : je m'excuse de ce "hrp" qui se rajoute aux deux précédents. Cependant, selon des soucis de vraisemblance mis en avant par Dolan, la forteresse n'est certainement pas construite sur la plaine de Dagorlad elle-même, le territoire étant inoccupé et neutre, mais sur le contrefort des montagnes du Mordor, face à la plaine. Je laisse à Shraknag, lors de son retour, le soin de voir avec l'équipe d'administration ce problème...]

La faim. Une véritable malédiction. Ou était-ce la nourriture qui en était la source, tant elle était pourrie et puante ? Quoi qu'il en fusse été... Gogdish avait faim, encore... Il ne connaissait pas le lunatisme ni même ce proverbe humain : "seuls les simples d'esprits ne changent jamais d'avis". Pourtant il était concerné, il était même complètement représenté par ces quelques mots... comme s'ils avaient énoncés pour lui... Hormis le besoin de manger, le panel de ses émotions était... limité, dirons-nous. Pas de quoi s'étonner, après tout...

Le soleil, probablement, brillait haut dans le ciel... Mais sur les terres noires du Mordor, il n'y avait point d'autre lumière que les feux de construction et les disproportionnées projections de lave de la Montagne du Destin... De quoi ne jamais inquiéter le moindre Troll sensible à la lumière solaire. Gogdish n'y pensait jamais. Pensait-il seulement, d'ailleurs...
Sa tâche était fort simple, il était pourtant l'un des seuls à pouvoir la faire. Allez demander à un Orque de creuser, seul et à mains nues, assez profondément dans la terre dure et sèche du Mordor pour inaugurer les fondations... Il aurait fallu qu'ils s'y mettent en un groupe d'une centaine, peut-être deux cents, d'entre eux pour y parvenir, et certainement pas en un jour. En plusieurs heures ininterrompues, Gogdish parvint au bout de sa tâche en même temps que d'autres Trolls occupés à creuser les autres fondations...

Une fois le mortier coulé, le terrain serait à peu près aplati, ou tout du moins utilisé au mieux pour garantir l'équilibre éternel de la forteresse... Elle jaillirait des montagnes du Mordor et jetterait jamais son voile d'obscurité et de mort sur la plaine de Dagorlad... Gogdish, lui, n'y comprenait rien. Mais c'étaient les ordres. Les ordres du maître. Si cela avait seulement été possible, l'idée de les remettre en cause n'aurait jamais traversé son esprit. Et vu la prodigieuse intelligence dont il avait toujours fait preuve...

Inutile d'attendre une quelconque cloche ou alerte pour sonner le repas. Gogdish se servit de lui-même dans les esclaves humains, en attrapant un fraichement adulte. Une fois les bras servis en apéritif, il fut déçu de voir que le jeune homme ne criait déjà plus, puisqu'il était mort. Il abandonna le cadavre et prit une nouvelle victime, une femme cette fois. Le goût était différent, son palais était connaisseur. Voilà bien une qualité qui le rendait capable d'émettre un jugement, donc, dans une extrême limite, de penser... Toute était question d'opinion par la suite, Gogdish préférait les femmes pour une saveur plus amère.
Contrairement à ce qu'il aurait été judicieux d'admettre comme l'évidence, le goût d'un homme était plus doux que celui d'une femme. Le plaisir, toutefois, était pour lui plus grand avec le sexe féminin. Leur cri montait davantage dans l'aigu, cela l'encourageait à faire souffrir davantage... et parfois à s'en exciter, ne retenant plus sa bave de dégouliner, comme c'était le cas alors. Elle se débattait encore, même saisie d'une atroce douleur, sa jambe gauche arrachée. Gogdish lui saisit le bras droit à pleine bouche pour le mâcher et la femme s'éteignit dans un râlement plaintif. Le troll l'avala, tout sourire.

Un capitaine vint à lui, visiblement rageur et le poing serré sur son fouet. C'était un instrument répandu chez les capitaines... allez savoir pourquoi... quel effet cela aurait-il sur un Troll ? Le capitaine en question n'allait pas tarder à le savoir... L'air se fendit au passage des lanières de cuir et elles vinrent en sifflant jusqu'à leur but : Gogdish. Gogdish et sa peau tendue comme le cuir, dure comme la pierre... Gogdish et l'incroyable facilité qu'il avait à s'énerver... Gogdish et sa force prodigieuse... Mais Gogdish ne sentit même pas le coup...

De toute évidence frustré de cet échec, le capitaine entra en frénésie et s'acharna à fouetter le Troll jusqu'à, si possible, le saigner... Quand la douleur se fit enfin sentir, Gogdish se retourna brusquement vers l'orque. Son hurlement bestial fut brusque et son haleine fétide repoussa le capitaine plus loin. Celui-ci n'en démordrait pas pour autant...

" Gogdish! Fiente de Troll infecte! Cesses de manger les snagas humains! Et les orques aussi! On a besoin d'eux! Le maître a besoin d'eux! "

Remarque intelligente de la part d'un écervelé d'orque... S'il n'avait pas parlé du maître, Gogdish ne se serait pas donné la peine de faire suivre ses ordres... Il l'aurait écrasé comme une mouche, un moustique, comme la vermine qu'il était. Mais les ordres venaient du maître... Du moins, c'est ce que le capitaine prétendait. Et si c'était vrai, Gogdish n'avait pas intérêt à "faire le malin" (si toutefois l'expression s'appliquait ici...).

Le Troll grogna, sans plus. Le sourire moqueur et vainqueur qu'il aimait tant arborer sur ses lèvres, le capitaine s'en alla d'un pas fier. Il avait réussi à faire plier un Troll, et Gogdish n'était pas réputé pour être le plus facile à diriger. Le soir-même, le capitaine serait encore bien orgueilleux. Il insulterait le Troll, une nouvelle fois, et le fouetterait avec cette force nouvelle, celle de sa fierté, pour avoir mal creusé durant la journée. Gogdish lui plierait la tête entre deux de ses doigts.

[Merci à Gogdish pour l'information,je répare l'erreur dans ce post.]

Gogdish,ses frères et son garde-manger avaient accompli un formidable travail. Lorsqu'après une longue inspection du Mordor,destinée à le renforcer,à supprimer les constructions inutiles,à déplacer les garnisons,bref,à renforcer le Mordor sur tous les fronts,le général Shraknag arriva sur le chantier,les snagas s'apprêtaient à supprimer les immenses échafaudages qui ceinturaient encore la nouvelle forteresse. Le Général,avide de spectacles grandioses,avaient ordonné qu'on ne débite pas les éphémères constructions pour réutiliser le bois. Il avait fait en sorte de remplir les réserves de matières premières du Mordor : il pouvait ainsi se permettre de ne pas être économe. Les instructions étaient claires : quand le Général ferait son apparition sur la plus haute falaise surplombant Dagorlad et la citadelle,tous les échafaudages,préalablement enduits de poix,devraient être allumés au même moment. Alors,lorsque l'ombre de l'Orc,juché sur son fidèle Warg,se dessina dans le ciel de cendre,sur la lame rocheuse jaillissant des montagnes noires,tous les snagas délégués à la tâche lachèrent leurs torches aux pieds poisseux des squelettes de bois qui caressaient la pierre noire et lisse de la forteresse de Shraknag. Dans un bruit de tempête,les flammes s'élancèrent sur le bois dégoulinant et montèrent en un éclair vers les cieux noirs,comme des démons de pourpre vers un céleste enfer de cendres. Le feu semblait dévorer la cité et réduire à néant le travail des esclaves - en réalité,le Général l'avait fait construire de façon à ce qu'elle ne le craigne pas,et le seul effet de l'incendie était de réchauffer la pierre glacée et de laisser des traces de suie invisibles sur la noirceur de l'obsidienne. Mais cela n'enlevait rien au spectacle,et tandis que Shraknag,le visage baigné de maléfique lueurs,s'en délectait,les guetteurs haut placés des contrées alentours purent voir,sur les contreforts des Montagnes Noires,flamboyer une sinistre étoile d'écarlate qui annonçait de bien sombres jours. La nouvelle forteresse du Général,qui deviendrait bientôt pour les pays voisins la maléfique Tour de la Flamme,de par son incandescente naissance,était fin prête à recevoir son maître et à accueillir dans son ventre de pierre les armées du Mordor et à étendre l'influence du Seigneur des Ténèbres sur la Terre du Milieu.

Shraknag avait déjà pris ses quartiers dans la ténébreuse forteresse surplombant la plaine de Dagorlad lorsque le messager revint de la Moria. Ce dernier monta les marches noires le plus vite possible,pressé d'apporter à son maître les nouvelles dont il avait été informé. Les gardes ayant été avertis de son arrivée prochaine,ils lui firent pas obstacle,et l'émissaire arriva bientôt dans la salle principale,celle où toutes les décisions liées au Général étaient prises,celle où l'on envoyait ou rappelait les troupes d'Orcs,où l'on dressait les plans d'attaque sur les pays des Hommes,des Elfes ou des Nains,où l'on commandait la construction de camps,d'avant-postes,de prisons ; bref,l'endroit le plus important en Mordor après Barad-Dûr.

Lorsque l'envoyé ouvrit la large porte aux battants monstrueux,représentants Balrogs,Trolls et autres enfants de Morgoth,le silence se fit dans la salle. Les maréchaux,conscients qu'un Orc n'entre pas impunément dans les quarties du Général et que,par conséquent,celui qu'ils avaient en face d'eux avait forcément une importance particulière, reculèrent sur son chemin,arrêtant net leurs discussions martiales. Sans se préoccuper de l'effet de son entrée,l'envoyé du général avança droit devant lui pour arriver enfin devant son maître. Il était là,sur une sorte de trône infâme fait d'os et de peaux de bêtes,d'Orcs et d'Hommes. Nul doute que le Général aimait à s'asseoir sur ses victimes. Le messager fit une grande révérence et commença son récit :

- Votre Grandeur,j'ai nommé un nouveau Roi de la Moria comme vous me l'aviez demandé. Il est entièrement à vos ordres et soumis au Mordor. Une trahison de sa part n'est,je pense,pas à craindre.
- Bien,espion. Quelles autres nouvelles de la Moria ? demanda Shraknag.
- Les Nains ont été totalement chassés de leurs mines. Les Gobelins en sont les nouveaux maîtres. Mais ce ne sont pas eux qui ont vaincu les Naugrims...
- Eh bien,alors qui ?
- Le Balrog,mon seigneur. Ils l'ont réveillé.

Toutes les têtes se tournèrent vers celui qui venait de proférer cette énormité. Shraknag siffla entre ses dents :

- Le Balrog ? C'est ce que vous avez dit ?
- Oui,Votre Excellence,répondit l'Orc en tremblottant. Ce sont les Gobelins qui m'en ont informé,et au vu des ravages commis dans la Moria,il est difficile de ne pas les croire sur parole. Le Balrog s'est réveillé et arpente maintenant les profondeurs du monde.
Shraknag ne dit rien pendant quelques instants. La nouvelle était inattendue et particulièrement importante. Il marmonna quelques paroles en Noir Parler avant de reprendre contenance et de remercier l'espion pour ses services. Mais au lieu de se retirer,celui-ci continua :

- Euh,mon seigneur... J'ai aussi appris que des Nains étaient entrés en Mordor.
- Comment ?!
- Les Gobelins ont tenté de les intercepter,mais ils ont été vaincus et ont dû battre en retraite - d'après eux,les Nains se dirigeaint vers... Cirith Ungol.

Le sang de Shraknag ne fit qu'un tour. Congédiant l'espion tout en demandant qu'il soit recompensé à sa juste valeur,il ordonna qu'on prépare des soldats montés et qu'on les envoie sur-le-champ à la Tour. C'est pendant qu'il indiquait les mesures à prendre à ses soldats qu'un nouveau venu pénétra dans la salle...

[Message d'Artélion replacé au bon endroit]

C'était donc ici, la fameuse cité de Shraknag, du général Shraknag. Artélion pourrait enfin le rencontrer et lui parler en face à face. La vengeance d'Artélion débutait enfin. Bientôt les ennemis de l'Oeil découvriront l'enfer tel qu'il est. Une fois les portes franchies, Artélion et sa meute de loups se rendirent directement, aux " écuries ", si seulement elles en étaient.

D'autres ouargues déchaînés observaient les loups de l'homme. Mais celui-ci ,ne se souciant guère de ses compagnons, occupé par la cité et l'affreuse envie de participer à l'extinction des peuples encore résistants se dirigeait vers la cour principale gardée par plusieurs trolls et des dixaines de centaines d'orques armés attendaient la venue de leur général, surrement pour préparer un assaut. Un orque poisseux se hâta vers le maître loup qui lui fit signe de le suivre.

Ils entrèrent tous les deux dans la tour principale de la cité et montèrent un escalier en colimaçon. Artélion et l’orque arrivèrent sur une grande allée menant à plusieurs pièces, mais il prirent la dernière, la plus grande, une salle rectangulaire composée par plusieurs armes meurtrières et statues du plus fidèle serviteur de Morgoth. L’orque balança quelques paroles à un de son espèce qui leur tournait le dos.

« Mon seigneur l’homme aux loups est arrivé, il a trahi nos ennemis pour s’allier à Sauron…» ; Le général Shraknag qui dépassait un peu plus du sol que l’orque précédent, toujours en leur tournant le dos, fit un signe de la main interrompant le poisseux dans ses paroles. Celui-ci bafouilla avant de se retirer.

« Bien…bien mon général. »

Le général observait une carte du Mordor, avec des écritures en langues inconnues, comme s'il préparait quelque chantier. Artélion remarqua une dague brunie par le sang des victimes rangée dans la ceinture de l’orque puis une épée à pointe recourbée sur la table de la carte. L’homme ne dit rien et attendit.

"Mon seigneur,l’homme aux loups est arrivé, il a trahi nos ennemis pour s’allier à Sauron..."
La phrase de l'Orc qui venait d'arriver ne fit d'abord pas réagir Shraknag,qui le fit taire sans même lui accorder un regard. Quelques secondes plus tard,la phrase à laquelle il n'avait guère accordé d'importance prit tout son sens et il se retourna lentement vers un homme sombre,amené par la créature chétive et le dominant de toute sa mince hauteur. Le Général le reconnut immédiatement :

- Artélion.
- Lui-même,général Shraknag,répondit l'homme avec un sourire malsain.
- Je te croyais mort,humain. Que me vaut le plaisir de ta visite ?
Les maréchaux,effarés par la familiarité avec laquelle l'étranger,Homme qui plus est,osait parler à leur maître,avaient encore reculé,et rasaient maintenant les murs. Le dénommé Artélion reprit :

- Je suis venu vous offrir,une fois encore,mes services. Et puis j'ai peut-être quelques informations qui pourraient vous intéresser.
- Je t'écoute,Artélion. Parle,que je sache ce que je vais faire de toi !

Le général Shraknag tournait en rond autour de la table, écoutant le jeune homme.

« Tout d’abord général, je voudrais que vous sachiez que j’ai vécu longtemps avec les elfes, les Maudits elfes … Je sais ce qu’il font, comment et où. J’ai appris que vous teniez à lancer quelques assauts sur divers villages en terre du Rohan ? Vous aimeriez que ces villages ne soient pas bien protégés n’est-ce pas ?
Shraknag toujours aussi indifférent marmonna.
« Hmm, continue. »
« Les elfes apportent nombreuses armes notamment arcs, flèches, et épées au Rohan et je connais le chemin par où passent ces marchandises. Les exterminer avant qu’elles arrivent à bon port assurerai les attaques de vos troupes. De plus, avant de partir d’une des casernes elfes, j’ai trouvé sa !
Artélion soudain sortit de nulle part une carte de la Terre du milieu qu'il étala sur la table avant de reprendre.

« La carte qui montre tous les déplacements stratégiques des armées des Elfes et du Rohan, leur replis et les endroits cachés où ils dissimulent des armes et renforts. »
La carte était faite de toutes les couleurs, il y avait des flèches bleu, noir, rouge, des multitudes de points. Fasciné par la carte Shraknag se rapprocha un peu plus.
« C’est une merveille. Espérons qu’ils n’en aient pas conçu un nouveau. Parle moi de ce que tu peux faire. »
L’homme reprit.

« J’ai des bonnes expériences dans l’art du camouflage, mes loups me sont de très bonne utilité aussi, il peuvent détecter le moindre danger a un kilomètre prêt voir plus selon la météorologie, bref compliqué et qui n’a rien à voir. J’ai aussi une idée, grandiose idée » ; fit-il d’un air maléfique ; « Personne n’est au courrant que je les ai trahi appart les gobelins et vous. Je pourrai donc m’introduire dans Edoras ou le Gouffre de Helm, me procurer d’autre plan ou alors signaler un faux danger foutre un peu le bordel chez l'ennemi ...vous voyez ? Héhé, pendant que vous attaquez par derrière. Plusieurs idées me viennes à la tête qu’en pensez vous général ? »
Finit-il par dire.

Shraknag toisa l'humain :

- Crois-tu que tout seul,tu puissses venir à bout de la résistance de ces paysans à cheval ? Et une action de ce type reviendrait à une déclaration de guerre,jeune Artélion ! Ce n'est pas ce que je veux. Si j'attaque le Rohan,ce ne sera pas avec une armée immense faite pour de grandes batailles. Je n'enverrai que quelques escouades pouvant frapper puis disparaître,tuer puis s'évanouir ; des troupes si evanescentes qu'on douterait de leur existence. Toi et tes loups pourriez en faire partie - mais il n'est pas question de tenter une action d'espionnage interne. À la moindre erreur,le plan serait condamné.

Shraknag déroula la carte d'Artélion sur la table de bois moisi :

- Revenons à ceci. Je me demande comment toi,un Homme,tu as pu subtiliser une carte comme celle-ci aux Elfes. Elle semble tout à fait confidentielle. C'est en tous cas du bon travail. Malheureusement,nos armées sont en pleine reconstruction : il est inenvisageable d'attaquer ces misérables dans un avenir proche. Et même lointain. Une guerre contre les Elfes ne peut être décidée que par le Seigneur des Ténèbres lui-même. Mais ta carte reste quand même d'une grande utilité,n'aie crainte.

Il la tendit à un de ses scribes qui s'empressa d'aller la ranger au milieu de parchemins contenant d'autres informations confidentielles. Puis il reprit :

- Je t'ai donc dit qu'une guerre contre les Elfes est inenvisageable... C'est vrai,mais néanmoins ton idée d'escarmouche me plait bien. Si je décide finalement d'attaquer le Rohan,tu seras sûrement chargé d'intercepter le convoi - mais attention,tu n'auras pas le droit à l'erreur. Un seul survivant,et c'est la catastrophe. Ces Elfes devront tout simplement...disparaître.
Maintenant,laisse-moi. J'ai à faire. Va à "l'Oeil Sombre",saoûle-toi,bats-toi,à ta guise. Tu peux même rejoindre des mercenaires et le suivre dans leurs rapines,tu as le temps. Je te ferais signe quand j'aurais besoin de toi. Demain,dans une semaine,un mois,que sais-je ? Mais je te préviendrais.

Sur ces mots,il congédia l'humain un peu trop entreprenant d'un geste de la main,et celui-ci fut ramené dehors par deux colosses sentant la mort. Il ne serait peut-être pas d'une grande utilité,mais il fallait néanmoins ne pas l'oublier. Shraknag se souvenait de tâches dont Artélion s'était parfaitement acquitées par le passé. Il lui trouverait peut-être un rôle cette fois aussi...

L’homme à présent fier d’avoir retrouvé le général Shraknag chuchota à l’un des colosses avant de repartir vers les écuries.
« Tu diras à ton maître que je pars en Rohan, non pas pour embêter ses habitants mais pour aller nourrir mes loups d’une viande bien juteuse. Il paraît que sur les collines, habitent des gazelles bien grasses. »
Le maître loup partit sans remercier le colosse qui réfléchissait encore à sa tâche en se gratant le crâne avant de repartir dans le repère du général.

Artélion, rassuré que ses loups ne soient pas morts de faim, leur donna un repas digne de ouargue. Donc peu appétissant pour des loups. Mais cela leur redonneraient des forces pour chevaucher jusqu’en Rohan. En ce moment même il y avait beaucoup de déplacement à Dagorlad, de grands rassemblements d'orcs et d'autres bêtes affreuses préparaient leurs armes. Mise appart ces horreurs, il n'y avait guère d'humains qui foulaient ces terres.

A présent prêt le chevaucheur et sa horde partirent en direction des terres des Rohirims.

La main de Shraknag s'aplatit violemment sur le bureau de bois pourri.

- Les cartes,bougres d'imbéciles ! Où sont les cartes ?! Nous n'avons pas de temps à perdre !

Une horde de gratte-papiers rachitiques accoururent vers leurs maîtres en haletant,les bras chargés de parchemins noircis,et les déposèrent avec déférence devant leur maître. Celui-ci plongea ses mains crasseuses dans le tas qu'on lui avait apporté et farfouilla quelques secondes avant de trouver ce qui l'intéressait. Il entreprit d'étaler devant lui la carte choisie,malgré les innombrables déchirures qui parcouraient la peau séchée,faisant apparaître en évidence le titre écrit en grosses lettres noirs enluminées sans grâce par quelque scribe arrogant : Territoires orientaux des royaumes humains. La carte venant des tréfonds du Mordor,elle faisait donc référence à toutes les possessions humaines adjacentes au Mordor. Et c'est précisément cela qui intéressait Shraknag.

L'Orc,les yeux toujours fixés sur le parchemin,fit un mouvement de main en direction d'un de ses suivants. Un dignitaire de son armée,visiblement haut-gradé au vu de la richesse de son armure et du nombre de cicatrices qui barraient les moindres bouts apparents de sa peau. Celui-ci s'approcha vivement et se pencha avec interêt sur les tracés sinueux que les doigts putrides de son maître suivaient.

- Commandant,j'espère que vos troupes sont prêtes. C'est ici,en Ithilien du Nord,que nous allons frapper en premier.
- Toutes les troupes que vous avez mandé sont à votre disposition et peuvent partir à l'instant. Néanmoins,monseigneur...
- Quoi ?
- ...je m'étonne que vous n'ayez mandé que des Trolls des cavernes en tant que forces de soutien. Nous avons un grand nombre de Trolls d'assaut en réserve,ainsi que de nouveaux engins de siège d'une efficacité redoutable.
- Nous n'en avons pas besoin,commandant. Aujourd'hui nous nous préparons à combattre dans les forêts,les clairières et les quelques villages fortifiés qui ont jusqu'ici résisté à nos escarmouches. Voilà pourquoi je vous ai demandé de grandes troupes de chevaucheurs et de rôdeurs orcs. Ils nous seront bien plus utiles ; nous n'utiliserons vos forces d'assaut qu'en cas de contre-offensive du Gondor.
- Bien sûr,mon général. Pardonnez-moi de ne pas avoir entrevu votre plan plus tôt.

Shraknag balaya les politesses dégoulinantes d'un revers de main agacé et continua :

- Vous positionnerez lesdites forces d'assaut sur les contreforts des Montagnes Noires. Les troupes d'escarmouches seront toutes sous mon commandement jusqu'à la première attaque,qui sera lancée contre ce hameau. Quand nous l'aurons réduit en cendres,je délèguerais,à vous et à vos subordonés directs,quelques centaines de fantassins et d'archers,des Trolls,ainsi qu'un petit nombre de Wargs - le reste de l'armée partira avec moi pour attaquer les villages les plus importants. Vous aurez la tâche non moins importante de détruire toute force faisant obstruction à vos ordres ainsi que d'incendier la forêt. Pour ce dernier objectif,des instructions extrêmement précises vous ont été fournies,vous les demanderez à votre scribe. Je compte sur vous pour les suivre à la lettre. Je ne voudrais pas que les volontés du Mordor puissent être contrecarrées ou voir ses hordes grillées par leurs propres bûchers...
- Vos ordres sont parfaitement clairs,monseigneur. Où devrons-nous nous arrêter ?
- Aux limites extrêmes de l'Ithilien. Qu'il tombe tout entier mais qu'aucune grande ville du Gondor,même Osgiliath la morte,puissent être directement impliquée dans les attaques. D'autres questions ?
- Non,mon général.
- Vous pouvez disposer.

Le commandant salua profondément son maître et s'eclipsa en donnant des ordres de départ à ses subordonnés. Shraknag resta encore quelques instants à contempler pensivement la carte des mille et une richesses qui narguaient le Mordor et fit glisser avec délectation son doigt sale sur la région de l'Ithilien tant convoitée,se demandant,comme si la victoire était déjà acquises,sur quelles terres il pourrait ensuite jeter son dévolu...

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