Le dispensaire royal d'Edoras

Culgor s'étira paresseusement. Le soleil s'était levé depuis longtemps, mais le jeune homme avait tardé à suivre son exemple, préférant profiter d'un long sommeil réparateur. Le lit était confortable, la température agréable, un doux silence régnait, et son estomac était contenté. Que demander de plus ? Il goûtait avec joie aux plaisirs de la paresse. Il appréciait pleinement cet instant de plénitude absolue. Il remerciait en son for l'hospitalité rohirrim, mais surtout la bonté de l'intendant du Rohan. Aucune charge ne lui pesait sur les épaules en ce moment, il n'avait à se soucier de rien. Cela n'allait guère durer, sans doute, mais il préférait profiter de l'instant présent. Les soins de la jeune guérisseuse et la tisane de l'homme de sciences rohirrim avaient fait merveille, il se sentait totalement reposé et en bonne santé. Il souhaitait que cet instant de bonheur parfait se prolonge, aussi resta-t-il allongé dans son lit sans désirer se lever.

Le guérisseur entra dans la salle. L'adolescent tourna vers lui. L'homme l'examina comme à son habitude du regard, puis lui sourit. Culgor ignorait l'état dans lequel il se trouvait la veille, mais il pensait avoir une bien meilleure mine. Il sourit à son tour. Le rohirrim le salua :
"Comment allez-vous jeune homme ? En pleine forme ?"
Le rouquin se sentait toujours ausculté par le regard méticuleux du rohirrim. L'homme avait toujours le même air que la veille, mi-jovial, mi-sérieux. Culgor se palpa l'arrière du crâne. Il ne ressentait plus la douleur, pas même légèrement. Il était prêt à affronter tous les conseils possibles et inimaginables, quand bien même des nains y participeraient. Aussi répondit-il :
"Comment pourrais-je ne pas être en pleine forme ? J'ai tout ce que je puis désirer..." Il se tut un instant. Le médecin rohirrim préféra ne pas rompre le silence. Culgor reprit alors :
"Il me semble que vous deviez m'examiner ? Mes affirmations ne vous persuaderont sans doute pas quant à ma santé ! Mais je suis fin prêt." Alors que l'homme s'approchait de lui, l'adolescent demanda :
"Je crains que je ne doive malgré tout rester en ce lieu quelque temps. Accepterez-vous de m'apprendre votre art ?"

Tinwen rentra dans la piece à l'instant précis ou le rouquin posait sa question :

Accepterez-vous de m'apprendre votre art ?

Elle tenta de s'appuyer paresseusement au mur mais glissa, laissant par la même occasion échapper un cri aigu. Les deux hommes [hrp: hey Culgor t'as obtenu une promotion !!! ] se retournèrent brusquement et la toisèrent. Elle rougit, décidément elle ne savait pas se tenir.
Elle leur adressa un sourire timide puis s'intéressa au sol. Elle voulait poser une question au médecin mais n'osait pas le faire devant le blessé. Si ils se moquaient d'elle ? Certes d'un côté le guérisseur avait parut vaguement impressionné par ses talents de soigneuse mais cela ne voulait pas dire qu'il accepterait de l'employer. Mais bon... C'était la seule façon pour elle de trouver un emplois dans cette citée totalement inconnue.
Elle prit un longue et profonde inspiration puis s'avanca, se plaça devant l'homme de science et demanda :

- J'aurais également une faveur à vous demander. Pourriez vous m'indiquer comment je dois faire afin de mettre mes quelques compétences médicinales au service du Rohan ? En échange de quelques rémunérations si possible...

Le médecin la fixa puis se prépara à répondre quand Culgor prit la parole.

La jeune et étrange guérisseuse fit irruption dans la salle avant que l'homme de sciences rohirrim ne puisse répondre à la demande du jeune rouquin. Le jeune homme l'ignora rapidement, attendant impatiemment la réponse de son interlocuteur. N'y a-t-il pas de meilleurs métier que celui de guérisseur ? Traquer les maux, aider son prochain, contribuer à la Science, au bien d'un peuple... Sa curiosité insatiable, sa soif de savoir le reprenait à présent. Le rohirrim réfléchit quelques instants, et s'apprêta enfin à lui répondre, l'adolescent était déjà suspendu à ses lèvres avant même qu'il ne prenne la parole.

Il entendit alors un petit cri aigu de terreur. Comme piqué par une mouche, il se retourna vivement. Instinctivement, il avait pris une position défensive, écartant les jambes, répartissant son poids sur ses appuis, relevant légèrement les bras. Il songea que les principes martiaux inculqués par son professeur refaisait surface, sans même qu'il s'en rende compte. Il sourit. L'ennemi qu'il se préparait à affronter malgré son inexpérience n'était que la maladresse de la jeune guérisseuse. Celle-ci semblait légèrement gênée et ne savait que faire de ses bras. Culgor se redressa et reprit une posture normale, rougissant légèrement. Il jeta un coup d'œil discret vers le médecin. Celui-ci avait froncé les sourcils et examinait la nouvelle venue comme s'il s'agissait d'une patiente supplémentaire. Le rouquin se tourna vers elle. Hésitante, elle semblait avoir une passion soudaine pour les motifs des tomettes ocres couvrant le sol du dispensaire. Elle redressa enfin la tête, l'air décidé, et s'avança vers le rohirrim en déclarant :

- J'aurais également une faveur à vous demander. Pourriez vous m'indiquer comment je dois faire afin de mettre mes quelques compétences médicinales au service du Rohan ? En échange de quelques rémunérations si possible...

Le médecin réfléchit quelques instants, fronçant à nouveau les sourcils. Il prit son inspiration pour répondre, mais Culgor fut plus rapide. Il ne prit pas la peine de réfléchir et s'exclama :

- Vraiment, ce serait une bonne chose !

Les deux guérisseurs, le rohirrim mûr à la chevelure dorée et la jeune gondorienne, se tournèrent vers lui. Il exprima sa pensée :

- Mademoiselle semble être maîtresse dans la connaissance herbologique et est talentueuse lorsqu'il s'agit de soulager de quelconques maux. Quant à vous messire, vous avez également de grand talents, et vous devez sûrement maîtriser parfaitement la théorie. Vous vous complétez, j'en suis persuadé. La façon dont vous m'avez guéri le prouve. C'est avec un grand plaisir que je suivrais vos enseignements, si vous l'acceptez, bien sûr.

Impatient, il attendait la réponse de ses deux interlocuteurs, surpris par sa propre témérité.

MJ on

Les guérisseurs se regardèrent un peu interloqués. Cela était un peu étrange pour ces rohirrims de se retrouver dans une telle situation.
Le plus vieux des guérisseurs prit alors la parole :

Si vous voulez être guérisseur à Edoras, il vous faudra aller voir le vieux Fastred, qui habite du côté est de la ville. Mais nous ne pouvons en aucun cas vous aider plus que ça.

Les guérisseurs étaient un cercle un peu fermé, mais ils étaient en déclin depuis peu. En effet, le vieux Fastred, considérés comme un sage ici, se faisait vieux et ces conseils et ses cours se faisaient de plus en plus incompréhensibles. Aucun guérisseur ne voulait reprendre sa charge. Pour les deux étranges personnages face auxquels ils étaient, seul Fastred pouvait les aider, mais il fallait tout d'abord qu'ils arrivent à le comprendre.

[HRP: seulement un petit retour histoire de boucler le dispensaire, je ne te rejoint pas tout de suite Tinwen... Fastred devra m'attendre ]

Les guérisseurs se consultèrent du regard. Culgor attendait leur réponse, impatient. Il lui était impossible de comprendre leurs pensées, bien qu'ils semblaient se les échanger sans problème. Un silence s'installa, que même la jeune guérisseuse n'osa pas rompre.

*Ils ne m'accepteront pas,songea Culgor. Je ne suis qu'un enfant à leurs yeux, effronté et trop affaibli pour suivre leurs cours. Ils doivent imaginer que je suis qu'un idiot, incapable de comprendre la théorie comme la pratique. Peut-être est-ce le cas d'ailleurs...*

Il avait peur. Peur de ne pas être accepté, peur d'être expulsé. Il avait également peur de ce que pensait ces hommes de lui. Il se savait trop jeune. Mais déjà, alors qu'il n'était qu'un enfant insouciant, ne lui avait-on pas inculqué l'art de l'élevage ? Les enfants de son âge ne suivent-ils pas pour la plupart un apprentissage auprès d'un artisan ? Son professeur était confiant en ses capacités... Il passa ainsi quelques instants à désespérer et à espérer, puis à désespérer à nouveau. Il ne venait pas du Rohan, il ne faisait pas partie de ce peuple, ils ne l'accepteraient sans doute pas pour cela.

Le plus âgé des guérisseurs présent se racla la gorge :

"Si vous voulez être guérisseur à Edoras, il vous faudra aller voir le vieux Fastred, qui habite du côté est de la ville. Mais nous ne pouvons en aucun cas vous aider plus que ça."

Le cœur de Culgor bondit de joie. Ils l'acceptaient. Certes, rien n'était encore vraiment sûr. Il fallait que ce Fastred l'accepte comme élève, qu'il parvienne à suivre ses leçons. Mais il avait déjà passé la première épreuve avec brio. Il inclina la tête en signe de remerciement. Il allait peut-être devenir guérisseur ! Croisant le regard du guérisseur qui l'avait pris en charge la veille, il se remémora ses bandages. Il demanda :

"Ne deviez-vous pas m'examiner ? Il me semble être rétabli, mais vous êtes guérisseurs, c'est à vous d'en juger." Il reconnaissait la supériorité de ces hommes de science. Pendant ce temps, la jeune guérisseuse s'éclipsait déjà, sans le moindre signe de politesse.

MJ on

Le guérisseur regarda attentivement. Il lui demanda d'attendre quelques temps.

Il revint avec une petite bassine et du linge propre. Là, il prit de trois feuilles qu'il laissa tomber dans la bassine après les avoir mis en miettes. Au contact de l'eau, elles fumèrent ce qui permit à Culgor de savoir que l'eau devait être brûlante. Le guérisseur laissa le linge dans la bassine pour le laisser s'imbiber puis retourna à son patient.

Il enleva délicatement les bandages, qu'il jeta. Après avoir nettoyer, il les remplaça.

Vas-y mon garçon, je te demanderai juste de ne pas les toucher ces trois prochains jours pour que la guérison soit complète.

Culgor se sentit soulagé en entendant le verdict du médecin :

Vas-y mon garçon, je te demanderai juste de ne pas les toucher ces trois prochains jours pour que la guérison soit complète.

Il pourrait enfin oublier la douleur, la crainte de pouvoir s'effondrer à tout moment sans prévenir ! Une vie normale reprendrait alors ! Pendant qu'on lui bandait à nouveau le crâne, il sourit tristement. Pour reprendre un vie normale, il faudrait retourner à Lossarnach et remonter le temps jusqu'à son enfance... Il soupira. Autant espérer vaincre le Noir Ennemi à mains nues... L'homme de sciences s'enquerra de son état. L'adolescent répondit :

Oui, oui ! Bien sûr ! Ma blessure ne me fait plus souffrir, je suis bien guéri.... Que demander de plus ?

*Un passé en moins* songea-t-il. Sa convalescence promettait d'être courte et son retour dans la vie courante plus rapide qu'il ne l'imaginait auparavant. Il avait été reçu par le régent du Rohan lors d'un conseil secret, avait rencontré de hauts [HRP : façon de parler !] dignitaires nains, s'était fait guérir dans le dispensaire royal d'Edoras. Mais il n'en demeurait pas moins qu'un adolescent de quinze ans seul, sans famille, sans connaissance, perdu dans une cité inconnue, et il le savait pertinemment. Que ferait-il en quittant ce lieu qui lui semblait éloigné du temps, des questions quotidiennes ? Il n'avait eu jusqu'à présent ni à se soucier du gîte et du couvert, n'ayant qu'à bien se porter et à manger ce qu'on lui donne, ainsi qu'à dormir pour récupérer. Une vie parfait en somme. Qui s'achevait maintenant. Tout ces soucis quotidiens allaient maintenant replonger sur lui tels des charognards. Pourquoi donc avait-il guéri si rapidement ? Qui apporterait maintenant ses repas, se souciera de lui ? Certes, être blessé présente quelques inconvénients. La douleur n'est pas vraiment agréable ni même toujours supportable, on ne peut guère sortir, on nous surveille nuit et jour. Bon, il était peut-être un peu égoïste et un brin flemmard. Mais il trouvait cela agréable, et sentait qu'il allait regretter ces douces heures passées en ce lieu agréable. Mais il ne laissa rien paraître de ses tourments intérieurs et demanda simplement aux médecins :

Quand pourrais-je rencontrer ce maître guérisseur ? Et comment pourrais-je trouver sa demeure ?

Vas y mon garçon dit le guérisseur d'un ton bienveillant

Tu n'as qu'à aller plein est jusqu'à la muraille que tu longes jusqu'à la dernière maison avant la colline. Renseignes-toi sur place mais la maison de Fastred est esseulée dans le quartier ancien de la ville, tu la reconnaîtra facilement : les carreaux ne sont pas lavés et elle semble abandonnée.

Sur ce, il fit signe à l'étranger de partir car il n'avait plus rien à attendre de lui.