La démarche héroïque

MJ on

Non loin de là, au milieu des plaines du Rohan, une petite troupe de cavaliers galopaient en direction de l'est.

Arthor était le capitaine de cette petite escouade qui avait ordre de s'occuper de la surveillance interne du Rohan. Ils étaient à peine une quinzaine. Leurs armures de cuir étaient leur seul protection et ils tenaient tous une lance et un bouclier.

Ces hommes étaient fatigués. Leur tâche monotone était insupportable et ils n'étaient plus très enthousiasmés à l'idée d'être soldat du Rohan. C'était là un groupe de Rohirrim peu écouté, et à qui personne ne faisait attention. Leurs journées se résumaient à de longue traversée inutile dans une plaine déserte. Le seul intérêt qu'ils avaient était d'apercevoir une caravane marchande. Ils en profitaient alors pour faire quelques achats et se réjouir de rencontrer quelqu'un.

Arthor, leur chef, avait le même état d'esprit qu'eux, il en avait marre, et attendait la fin du mois pour pouvoir rentrer chez lui. Les cavaliers passèrent à côté de l'endroit où se trouvait Capuche. Mais la fatigue, et leur manque de vivacité accentué par leur inlassable course, les firent passer à côté sans même un soupçon de sa présence. Les cavaliers passèrent tous et Capuche pu les apercevoir très distinctement.

Capuche était en marche, probablement vers nulle part.
Il arpentait déjà depuis un long moment les plaines du Rohan. Il ne savait même pas ce qu'il y cherchait. Un village ? Ç'aurait été pratique pour se reposer, mais ça n'était pas une fin, assurément. En revanche, ça aiderait à calmer la faim.
Alors, que pensait-il trouver dans les étendues plates du pays des dompteurs de chevaux ?
En tout cas, ça avait le mérite d'être bien caché.
Capuche sortit un petit bout de feuille de sa tunique. Il était en forme de grenouille, et il bondissait comme l'animal qu'il représentait lorsqu'on appuyait dessus. C'était un truc que Capuche avait toujours voulu apprendre à fabriquer : des grenouilles en feuille ; celles qui sautaient. Il n'avait jamais eu le temps.

Et puis, alors que le jeune homme se posait tout un tas de questions, la rumeur éthérée d'une cavalcade se fit entendre au loin. Rien d'étonnant, à vrai-dire.
Les cavaliers se rapprochèrent rapidement, mais ignorèrent Capuche lorsqu'ils passèrent à côté de lui. Ça l'énerva.

« Ah ben, merci les gars ! »

Capuche dégaina son épée et, exaspéré, se mit à faire de grands gestes en la secouant au dessus de sa tête, en même temps qu'il agitait son autre bras. Il avait l'air d'un fou ou d'une danseuse. Dans son excitation, il fit tomber la grenouille de feuille sans s'en rendre compte.

« La la laaa ! C'est moi ! Vous m'voyez ? »

MJ on

Les cavaliers n'entendirent rien dans le tumulte de la cavalcade, mais un cavalier, regardant en arrière, aperçu Capuche et se mit à crier.

Dans un vaste mouvement, la troupe fit demi-tour sans ralentir et se rua sur le pauvre homme. Arthor leva la main gauche et tous les cavaliers encerclèrent l'individu en se plaçant à environ cinq pied de lui.

Arthor descendit de cheval et dégaina son épée. Tous les cavaliers pointèrent leur lance sur le pauvre étranger. Arthor l'aborda :

Que veux-tu mon ami, n'a-t-on jamais idée de menacer des rohirrims ? Que nous veux-tu ? Tu me sembles bien étrange, as-tu un motif pour te promener sur nos Terres ? J'espère que tes réponses me satisferont sinon ce sera ton sang qui s'en occupera .

Oh surprise !
Ils l'avaient vu, finalement. Pour Capuche, c'était assez amusant de constater que le parler des soldats était assez proche de ce qu'il avait lu dans ses romans de chevalerie. Il se retrouvait dans une situation assez similaire à celles que traversaient ses héros, à l'exception notable qu'il avait une kyrielle de lances pointées de lui, et qu'il avait moins d'assurance et d'aplomb qu'un puissant et noble chevalier.

Il se reprit néanmoins assez vite. Il rangea son épée dans son fourreau, toujours suspendu à son dos, et esquissa un vague sourire. Puis il s'adressa à celui qui l'avait questionné :

« N'vous faites pas de bile, je suis juste un aventurier du coin. Enfin, de passage dans le coin, si vous me suivez. Je cherche un peu de boulot, ou l'aventure, du coup... »

Capuche toisa brièvement celui qui s'exprimait au nom de autres cavaliers. Toujours le même, donc.

« Dites, entre nous, vous m'avez l'air un peu soupe au lait ! Non, parce que vous m'avez appelé "mon ami". Ça vous arrive souvent d'accueillir vos amis à coups de lances ? »

[MJ on ]

Cela eut pour effet d'attiser la colère du capitaine.

Surtout mon gaillard, ne te moque pas de moi ou alors tu ne pourras plus jamais dire de sottises de ta vie.

D'un geste, il ordonna à tous les cavaliers d'abaisser leurs armes. Puis il lui dit.

Que veux-tu donc aventurier ? ce que tu me dis là n'est point précis. Et d'où viens-tu ? Qui me dis que tu n'es pas un espion du mordor ?

« Eh bien, est-ce que j'en ai l'air ? dit-il en écartant les bras et en s'exposant à la manière d'un acteur.
« Non, franchement, je crois que vous devriez y réfléchir, reprit-il sur le ton du conseil. Moi, je suis un aventurier. Je me bats bien, je manie l'épée comme l'arc, et je sais ce qu'il convient de savoir pour me débrouiller aussi bien dans la nature qu'en société, conclut-il avec une courbette. »

Capuche se releva, dégaina son épée et la planta dans le sol. Il avait bien conscience de la dangerosité du geste : celui-ci pouvait être interprété comme un acte d'hostilité. Mais cela faisait partie du jeu, il se donnait en représentation ; il voulait se créer un personnage.
Cela fait, il s'appuya sur le pommeau de son arme, et continua :

« Hélas, si les temps ne sont pas très durs, il n'y guère de seigneur qui puisse s'offrir mes services dans mon patelin d'origine. C'est pourquoi je recherche quelque allégeance qui me bénéficie notablement. »

MJ on

Le capitaine le dévisagea longuement.

Ainsi, tu souhaiterai rejoindre nos rangs ? Mhhh ...

Un doute planait, le capitaine hésitait. Puis il se retourna et sembla s'en aller sans un mot. Capuche resta là sans rien dire et un peu idiot.

Tout à coup, un bruit d'épée dégainée se fit entendre et Capuche vit celle du capitaine fondre sur lui à toute vitesse.

... Alors bas-toi et montre-nous ce que tu sais faire !

« Ah, le con ! »

Capuche bondit sur la côté pour éviter la charge du soldat, non sans avoir tenté de récupérer son épée. Mais elle était trop solidement ancrée dans le sol ; il n'eut pas le temps de l'en extraire.
Il apparut alors à Capuche que la seule solution qui lui restait était de se servir de son arc. Et c'est ce qu'il fit.
Il se saisit de son arme aussi vite qu'il le put, puis attrapa une flèche. Il banda la corde, et visa son adversaire.

« Eh, toi ! Arrête de bouger, ou je te troue la peau. »

Il avait parlé en espérant être suffisamment menaçant pour que le capitaine arrête de l'attaquer.

MJ on

Le capitaine partit d'un grand éclat de rire. Capuche parut un peu troubler et ce bref moment d'inattention permit au Rohirrim de rouler sur le côté et d'enlever l'arc des mains de Capuche d'un mouvement du poignet avec le bout de sa lame.

Il resta face à Capuche, l'arme à la main, tandis que son adversaire cherchait désespérément une arme à se mettre sous la main.

Mettons-nous à armes égales lança le capitaine.
Il lança son épée sur le côté et fonça sur Capuche. Les deux hommes roulèrent puis se retrouvèrent emmêlés dans une prise compliquée. Les coups de poings jaillirent ici et là. Puis les deux hommes arrivèrent à se distinguer. Capuche se retrouva face au Capitaine. Les deux hommes, debout, se dévisageaient comme deux bêtes.