Le pays de Dûn

Sujet: Le pays de Dûn Ven 24 Juin 2011 - 18:36

Le pays de Dûn,situé aux confins nord-occidentaux du Rohan,est le résultat de l'association malheureuse de terres infertiles et de montagnes aux flancs aiguisés couvertes d'une végétation épineuse et éparse. Né de la colonisation forcée de ces terres par les tribus semi-sédentaires vaincues par les Seigneurs des Chevaux,il est considéré par les Rohirrims comme la lie de leur royaume et le repaire de brigands,meurtriers,forçats en fuite,traîtres et autres engeances honteuses. En cela ils ne se trompent pas tout à fait : si le pays de Dûn connaît une relative organisation du fait de l'existence de territoires claniques et de chefs autoritaires,il n'en demeure pas moins un lieu de conflits permanents alimentés par des traditions tribales belliqueuses ; du fait de sa non-soumission (du moins officiellement,car en réalité les habitants de Dûn ne peuvent rivaliser avec leur puissant voisin) au Rohan,il est de plus un havre pour tous ceux qui se trouvent en délicatesse par rapport à la seigneurie rohirrime. Ainsi,si traverser le fief des Dunlendings ne représente pas un véritable danger pour un contingent correctement armé,il est cependant très fortement conseillé aux aventuriers de passage et aux petits détachements d'éviter cette zone de non-droit dont l'instabilité politique et la misère,promesse de rapines en tout genre,en font un lieu de péril certain.

[Sujet créé spécialement pour le RP de Grima à venir,mais ouvert à tous]

Sujet: Re: Le pays de Dûn Jeu 30 Juin 2011 - 18:57

I/ Arrivée

Ma fuite éperdue de la Lorien me condamna à errer de longs jours,voire de longues semaines,en terre quasi-inconnue ; si je me retrouvai rapidement en Rohan,les vastes plaines que je traversai ne ressemblaient guère à celles que je connaissais jusqu'alors,et mon âme était de toute façon trop souffrante pour rechercher dans les paysages qui m'entouraient un relief ami. Sans cheval (je l'avais généreusement abandonné aux splendeurs de la Lorien),je marchais à l'aveuglette,tournant parfois en rond dans les immensités vertes,partant d'un côté puis de l'autre,empli d'un désespoir sans nom. La pluie et le vent tentèrent avec compassion de mettre fin à mes souffrances en poussant la résistance de mon corps affaibli dans ses plus extrêmes retranchements ; mais même sans boire ni manger,je continuai à me mouvoir en gémissant,comme définitivement condamné à vivre pour subir jusqu'à la fin le châtiment du crime que j'avais commis en naissant. Lorsque,arrivé dans une contrée inhospitalière au sol poussiéreux et froid dont les rares arbres étaient invariablement surmontés d'énormes corbeaux,je commençai à faiblir de manière très sérieuse,je tentai de m'achever en redoublant d'efforts ; malheureusement,la malédiction qui me poursuivait avait d'autres projets pour moi. Ainsi je crus trouver la paix quand,sur les flancs abruptes d'une montagne aux rocs brisés,je défaillis et tombai dans la poussière brunâtre ; mais je fus floué. Alors que j'avais sombré dans ce qui semblait être mon dernier sommeil,je sentis une pression violente sur mon corps,dont je pensais être délivré,et entendit des imprécations sauvages. J'ouvris les yeux et redécouvrit avec horreur ce monde honni,qui ne différait des précédentes visions que par l'existence d'un visage monstrueux à quelques centimètres du mien. Ledit visage était nanti d'une énorme barbe hirsute,de nombreuses balafres qui se mêlaient ça et là à des tatouages simplistes et d'yeux dans lesquels transparaissaient une forte agressivité et une certaine incompréhension générale des choses. Les lèvres noircies par je ne sais quelle mixture de sa bouche épaisse articulaient quelque chose qui m'était destiné,dans un westron très approximatif :
- ....t'envoie ? ....espion....nous...Chevaux...chien !
Je ne pus extraire un sens de ces paroles ; aussi l'homme réitera ses propos :
- Qui t'envoie,étranger ? Les dresseurs de chevaux ? Qu'est-ce que tu fais en Dunland,chien de cour ? Parle !
La voix était rauque et d'une vulgarité très irritante. Je mis quelques minutes avant de répondre,l'ayant forcé à se répéter plusieurs fois :
- Pas...Rohan. Etranger...étranger. Je viens...de trop loin. Laissez-moi... Je hais le Rohan. Je hais le Rohan.
Mon tortionnaire n'eut pas l'air convaincu malgré la moue méditative qu'il adopta pendant un instant.
- Je t'emmène chez nous,étranger,dit-il sur un ton qui n'admettait aucune réplique. Peut-être que ça va te délier la langue.

Sur ce il me souleva,à l'aide d'un de ses compagnons (je découvrai à cet instant qu'il n'était pas seul,mais accompagné de trois ou quatre individus à la même apparence inquiétante),et tout deux se mirent en devoir de me porter de la manière la plus ridicule qui soit,comme on porterait un daim. Brinquebalé en tout sens,à l'article de la mort sans pouvoir l'atteindre,je crus entendre au loin un rire froid et pur,de ceux qui Savent et qui ne s'amusent qu'à moitié de l'ordre du monde,et tentai inutilement de l'imiter avant de me rendre compte à quel point j'étais seul et nu dans l'obscurité. Je ne savais pas à cet instant que mes geôliers me menaient vers la petite flammèche qui rallumerait le brasier de mon chaos.

J'arrivai agonisant dans ce qui me sembla,lorsque les deux hommes me forcèrent à me mettre sur pied,un rustique village de Montagnards. Je vis rapidement que je ne m'étais pas fourvoyé : tout,des habitations trop primitives pour être rohirrimes à l'absence de chevaux en passant par les totems grossiers et inquiétaient qui jaillissaient de terre au hasard des arbres,indiquait que je me trouvais dans un fief du pays de Dûn.Les odeurs mêmes flottant dans l'air m'était trop peu familière pour être celles des champs dorés qui s'étalaient à perte de vue au pied de Meduseld : elles étaient celles des rocailles terreuses détrempées,du pelage des gibiers aux abois et des tumulus froids et herbeux sur lesquels la lune ne pose que rarement ses regards indiscrets.
Mais je n'eus guère le temps de me perdre dans ces considérations un peu secondaires au vu de ma situation : arrivés à l'endroit voulu,les deux Montagnards qui me supportaient me laissèrent choir comme un vieux daim mort sur la terre humide de la clairière où s'épanouissait le village avant de me redresser sans ménagement et de m'amener vers la plus grande des huttes visible aux alentours ; ils me jetèrent nonchalement à travers son ouverture voilée d'un épais rideau de peau de bête et s'y engouffrèrent à ma suite. Affalé sur les nattes du sol,je relevai la tête avec un air que je savais hébété et croisai le regard de celui qui semblait être le chef du clan qui m'avait capturé. Plus hirsute encore que ses sous-fifres,qui s'exprimaient devant lui avec une déférence un peu surannée,il arborait une large fourure de loup sur ses épaules épaisses et une rapière rouillée mais imposante au côté ; seuls signes légèrement ostentatoires de sa supériorité matérielle,une torque argentée luisait à sa nuque courte et nerveuse et il arborait au poignet droit un certain nombre de bracelets de bronze et d'or plus ou moins finement ouvragés qui remontaient jusqu'à la moitié de son avant-bras. Lorsque ses subordonnés eurent fini de lui exposer la situation,il s'adressa à moins avec rudesse mais sans réelle animosité.

- Alors,étranger ? Que fais-tu en pays de Dûn ?