| | Poèmes | |
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Alfirin Fierpied Nombre de messages : 95 Feuille de personnage Race: Hobbit Possessions: 1670 Statut:
| Sujet: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 16:33 | |
| Si ça vous plait de partager vos poèmes favoris, ne vous gênez pas, vous pouvez le faire ici.J'aimerais vous faire partager un poème que j'aime beaucoup. En anglais :The Genius of the CrowdThere is enough treachery, hatred, violence, absurdity in the average Human being to supply any given army on any given day. And the best at murder are those who preach against it. And the best at hate are those who preach love. And the best at war finally are those who preach peace. Those who preach god, need god. Those who preach peace do not have peace. Those who preach peace do not have love. Beware the preachers. Beware the knowers. Beware those who are always reading books. Beware those who either detest poverty Or are proud of it. Beware those quick to praise For they need praise in return. Beware those who are quick to censor, They are afraid of what they do not know. Beware those who seek constant crowds for They are nothing alone. Beware the average man the average woman. Beware their love, their love is average, Seeks average. But there is genius in their hatred. There is enough genius in their hatred to kill you, To kill anybody. Not wanting solitude, Not understanding solitude, They will attempt to destroy anything That differs from their own. Not being able to create art, They will not understand art. They will consider their failure as creators Only as a failure of the world. Not being able to love fully, They will believe your love incomplete. And then they will hate you, And their hatred will be perfect. Like a shining diamond. Like a knife. Like a mountain. lLke a tiger. Like hemlock. Their finest art. Charles BukowskiTraduction :Le Génie de la Foule
Il y a assez de traîtrise, de haine, de violence, d'absurdité dans l'être humain Moyen pour approvisionner à tout moment n'importe quelle armée.
Les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre. Les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l'amour. Et les plus doués pour la guerre, finalement, sont ceux qui prêchent la paix.
Ceux qui prêchent Dieu ont besoin de Dieu. Ceux qui prêchent la paix ne sont jamais paisibles. Ceux qui prêchent la paix ne sont jamais en amour.
Méfiez-vous des prêcheurs. Méfiez-vous des érudits. Méfiez-vous de ceux qui ne font que lire. Méfiez-vous de ceux qui exècrent la pauvreté Comme ceux qui en sont fiers. Méfiez-vous de ceux trop prompts à prier, Car ils veulent être priés en retour. Méfiez-vous de ceux trop prompts à censurer, Car ils sont effrayés de ce qu'ils ignorent. Méfiez-vous de ceux qui recherchent constamment la foule Car seuls, ils ne sont rien. Méfiez-vous de l'homme moyen, de la femme moyenne. Méfiez-vous de leur amour. Leur amour est moyen, recherche la médiocrité.
Mais il y a du génie dans leur haine. Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, Pour tuer n'importe qui. Ne voulant pas de la solitude, Ne comprenant pas la solitude, Ils essaient de détruire tout ce qui diffère d'eux. Étant incapables de créer de l'art, Ils ne comprennent pas l'art. Ils ne voient dans leur échec en tant que créateurs Qu'un échec du monde. Étant incapables d'aimer pleinement, Ils croient votre amour incomplet. Du coup, ils vous haïssent. Et leur haine est parfaite.
Comme un diamant qui brille. Comme un couteau. Comme une montagne. Comme un tigre. Comme la ciguë.
Leur plus grand art.
Charles BukowskiVidéo d'une version du poème quelque peu raccourci racontée par l'auteur lui-même, Charles Bukowski, dans le documentaire "Born into this" de John Dullaghan : https://www.dailymotion.com/video/x8pqu2_the-genius-of-the-crowd_creationQuelques citations de ce Monsieur :"Certains ne deviennent jamais fous... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses." "Je retourne aux putes et au scotch, pendant qu'il est encore temps. Si j'y risque ma peau, il me paraît moins grave de causer sa propre mort que celle des autres." "La poésie en dit long et c’est vite fait. La prose ne va pas très loin et prend du temps." "Toi, tu es laid, et tu ne connais pas ta chance : au moins, si on t'aime, c'est pour une autre raison." "Les hôpitaux, les prisons et les putes, telles sont les universités de la vie. J'ai passé plusieurs licences, vous pouvez me donner du Monsieur." "J’ai un projet, devenir fou." Personnage atypique, qui fumait et buvait beaucoup. Ses apparitions à l'écran sont pour certaines assez mythiques puisqu'il arrivait complètement ivre. |
| | | Culgor Personnage mort
Nombre de messages : 484 Feuille de personnage Race: Humain Possessions: Statut: Personnage décédé(e)
| Sujet: Re: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 16:39 | |
| Moi je suis plutôt Prévert, j'aime particulièrement certains de ces poèmes. En voici un atypique... Les paris stupides
Un certain Blaise Pascal, etc etc...
Un peu court, mais tout est dans le titre ! EDIT : Je rajoute un autre plus long, le premier étant trop déconcertant pour un istari hobbit raffolant d'herbe à pipe... Inventaire Une pierre Deux maisons Trois ruines Quatre fossoyeurs Un jardin Des fleurs Un raton laveur Une douzaine d'huîtres un citron un pain Un rayon de soleil Une lame de fond Six musiciens Une porte avec son paillasson Un monsieur décoré de la légion d'honneur Un autre raton laveur Un sculpteur qui sculpte des Napoléon La fleur qu'on appelle souci Deux amoureux sur un grand lit Un receveur des contributions une chaise trois dindons Un ecclésiastique un furoncle Une guêpe Un rein flottant Une écurie de course Un fils indigne deux frères dominicains trois sauterelles un strapontin Deux filles de joie un oncle Cyprien Une Mater dolorosa trois papas gâteau deux chèvres de Monsieur Séguin Un talon Louis XV Un fauteuil Louis XVI Un buffet Henri II deux buffets Henri III trois buffets Henri IV Un tiroir dépareillé Une pelote de ficelle deux épingles de sûreté un monsieur âgé Une Victoire de Samothrace un comptable deux aides-comptables un homme du monde deux chirurgiens trois végétariens Un cannibale Une expédition coloniale un cheval entier une demi-pinte de bon sang une mouche tsé-tsé Un homard à l'américaine un jardin à la française deux pommes à l'anglaise Un face-à-main un valet de pied un orphelin un poumon d'acier Un jour de gloire Une semaine de bonté Un mois de Marie Une année terrible Une minute de silence Une seconde d'inattention Et... Cinq ou six ratons laveurs Un petit garçon qui entre à l'école en pleurant Un petit garçon qui sort de l'école en riant Une fourmi Deux pierres à briquet Dix-sept éléphants un juge d'instruction en vacances assis sur un pliant Un paysage avec beaucoup d'herbe verte dedans Une vache Un taureau Deux belles amours trois grandes orgues un veau marengo Un soleil d'Austerlitz Un siphon d'eau de Seltz Un vin blanc citron Un Petit Poucet un grand pardon un calvaire de pierre une échelle de corde Deux sœurs latines trois dimensions douze apôtres mille et une nuits trente-deux positions six parties du monde cinq points cardinaux dix ans de bons et loyaux services sept péchés capitaux deux doigts de la main dix gouttes avant chaque repas trente jour de prison dont quinze de cellule cinq minutes d'entracte Et... Plusieurs ratons laveurs.
Dernière édition par Culgor le Dim 21 Fév 2010 - 17:34, édité 1 fois |
| | | Elrond Seigneur de Fondcombe et d'Eregion
Nombre de messages : 316 Feuille de personnage Race: Demi-Elfe Possessions: Coffre de l'Eregion Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 17:02 | |
| En voilà un que j'affectionne tout particulièrement, en plus c'est un sonnet !
Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur RIMBAUD (1854-1891) |
| | | Aragorn Ancien Empereur de l'Ouest
Nombre de messages : 1761 Feuille de personnage Race: Dunedain Possessions: Cheval, Nargil, Anneau de Barahir Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 18:15 | |
| Oh, et le poème Invictus, ayant inspiré le film du même nom, magnifique par ailleurs, de William Ernest Henley
Version Originale
Out of the night that covers me, Black as the pit from pole to pole, I thank whatever gods may be For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance I have not winced nor cried aloud. Under the bludgeonings of chance My head is bloody, but unbow'd.
Beyond this place of wrath and tears Looms but the Horror of the shade, And yet the menace of the years Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate, How charged with punishments the scroll, I am the master of my fate: I am the captain of my soul.
Version Linéaire
Dans la nuit qui m'environne, Dans les ténèbres qui m'enserrent, Je loue les Dieux qui me donnent Une âme, à la fois noble et fière.
Prisonnier de ma situation, Je ne veux pas me rebeller. Meurtri par les tribulations, Je suis debout bien que blessé.
En ce lieu d'opprobres et de pleurs, Je ne vois qu'horreur et ombres Les années s'annoncent sombres Mais je ne connaîtrai pas la peur.
Aussi étroit soit le chemin, Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme Je suis le maître de mon destin, Le capitaine de mon âme. |
| | | Alfirin Fierpied Nombre de messages : 95 Feuille de personnage Race: Hobbit Possessions: 1670 Statut:
| Sujet: Re: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 19:34 | |
| Le poème d'Arthur Rimbaud, je le trouve bien et beau, merci Elrond !
Ara', ce poème de Sir William Henley, je l'adore ! Ça fait un bail qu'il est accroché au mur de ma chambre d'ailleurs, j'ai été surpris et content de voir qu'il était partie intégrante du dernier film en date de Clint Eastwood (intitulé, en plus, Invictus). Invictus voulant dire Invincible.
Culgor, j'ai eu la flemme de lire celui que t'as posté en plus... Troooop long... ^^ |
| | | Gandalf le Blanc. Istar
Nombre de messages : 1163 Feuille de personnage Race: Istar Possessions: Bâton blanc d'if, Glamdring (épée) Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Dim 21 Fév 2010 - 23:40 | |
| L'erreur est réparée, j'ai lu sans que ça m'ait vraiment saisi. Je crois (je précise que c'est de l'ordre de la supposition, je n'ai pas vraiment pas lu beaucoup de ses œuvres) que les poèmes de Prévert sont quelque chose de plus amusant, très implicite ou en jeux de mots... (voilà pourquoi je me suis arrêté à "un peu" de ses œuvres) Je préfère les poèmes qui interpellent davantage, dont l'émotion est plus explicite, et très certainement les poèmes tragiques. En bref, c'est une affaire de goût, je te remercie Culgor du partage. --------------------------------------------------------------------- Voici un autre poème que j'aimerais vous faire partager (je vous laisse trouver par vous-même la version originale en anglais si ça vous tente) : L'oiseau bleuUn oiseau bleu veut sortir de mon coeur, Mais je suis trop coriace pour lui. Je lui dis : Reste dedans, que personne ne te voie. Un oiseau bleu veut sortir de mon coeur. Je lui verse du whisky dessus et j'avale de la fumée. Les putes, les barmen et les épiciers Ignorent qu'il est là-dedans. Un oiseau bleu veut sortir de mon coeur. Mais je suis trop coriace pour lui. Je lui dis : Ne bouge pas. Tu veux ma perte ? Tu veux tout gâcher ? Tu veux ruiner mes ventes en Europe ? Un oiseau bleu veut sortir de mon coeur. Mais je suis trop malin pour lui. Je ne le laisse sortir Que la nuit quand chacun dort. Je lui dis : Je sais que tu es là, Ne sois pas triste. Puis je le rentre, Mais il chante doucement à l'intérieur. Je ne l'ai pas laissé mourir. Et on dort ensemble, avec notre pacte secret. Cela suffit à faire pleurer un homme, Mais je ne pleure pas. Et toi ? Charles BukowskiVidéo du poème raconté par l'auteur lui-même dans le même documentaire que le premier poème que je vous ai fait partagé, "Born into this" de John Dullaghan : https://www.dailymotion.com/video/x2t69r_l-oiseau-bleu-charles-bukowskiAnecdote 1 : Une question qui lui fut posée... Q: “What do you think a young poet starting out today needs to learn the most?”
Charles Bukowski: “He should realize that if he writes something and it bores him it’s going to bore many other people also. There is nothing wrong with a poetry that is entertaining and easy to understand. Genius could be the ability to say a profound thing in a simple way. He should stay the hell out of writing classes and find out what’s happening around the corner. And bad luck for the young poet would be a rich father, an early marriage, an early success or the ability to do anything well”.
The Poet’s Craft: Interviews From The New York Quarterly. Edited by William Packard. New York: Paragon House, 1987.Ce qui donne : Q: Que pensez-vous qu'il soit nécessaire d'apprendre pour un jeune poète faisant ses débuts aujourd'hui ? Charles Bukowski: Il se doit de comprendre que s'il écrit quelque chose et que cela l'ennuie, alors beaucoup de personnes s'ennuieront également. Il n'y a rien d'avilissant dans l'écriture d'un poème divertissant et facile à comprendre. Le génie pourraient bien être la capacité de raconter quelque chose de sens profond d'une manière très simple. Il doit rester loin de ces foutues classes d'écriture et comprendre ce qui se passe vraiment dans la vie. Et malheur au jeune poète ayant un père riche, un mariage tôt dans sa vie, un succès rapide ou la capacité de faire quoi que ce soit de la bonne manière. P.S. : la traduction est de moi, j'espère avoir bien capté ce qu'il a voulu dire.Anecdote 2 : Il disait qu'il buvait pour se donner la force d'être assez médiocre pour faire des best-sellers.
Dernière édition par Gandalf le Blanc le Lun 22 Fév 2010 - 18:53, édité 1 fois |
| | | Roadan Pas encore de rang... mais ça arrive !
Nombre de messages : 119 Feuille de personnage Race: Humain/Rohirrim Possessions: 5 Statut:
| Sujet: Re: Poèmes Lun 22 Fév 2010 - 0:38 | |
| Tout d'abord, GandAlfirin, merci pour les poèmes que tu as partagés, je les ai grandement appréciés. Ensuite, je n'ai pas la prétention de mieux parler anglais que toi, loin de là et ce n'est pas mon genre, mais je traduirais plutôt cette phrase : "There is nothing wring with a poetry that is entertaining and easy to understand."par : "Il n'y a rien de tordu dans un(e) poème (poésie) qui ne soit amusant ou facile à comprendre."Voilà, c'est tout ^^ Encore merci. ---------------------------------------------------------- Pour Culgor, je ne comprend pas tellement où veut en venir Prévert... mais merci quand même ! Pour Elrond, Le dormeur du Val est l'un des tout premiers poèmes que j'ai eu l'occasion de lire dans mon enfance, si ce n'est le premier, et j'en garde un très bon souvenir. Merci de le partager. Pour Aragorn, ce poème est magnifique, merci beaucoup. ---------------------------------------------------------- Bien que n'étant pas un grand spécialiste en poésie, je vous l'accorde, et pour tout vous dire je ne connais pas beaucoup de poèmes et n'ai pas de poète de référence, mais il y a un poème qui me tient particulièrement à coeur (pour des raisons personnelles) que vous connaissez sûrement mais que j'aimerais partager. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyageHeureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine. Joachim DU BELLAY (1522-1560) |
| | | Metathraïn Seigneur de guerre
Nombre de messages : 1286 Feuille de personnage Race: Homme Possessions: Le Livre des Métamorphoses Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Lun 22 Fév 2010 - 0:58 | |
| J'aime bien Charles Bukowski, il me rappel un peu Kerouac. Sinon bien sur Rimbaud c'est le top même si je préfère ses vers libres.
Moi j'aime bien l'argentin Roberto Juarroz.
Le candélabre aux longs bras n'élimine pas l'émerveillement que redouble le mercure derrière le cœur des miroirs .
Quand nous parvenons à éteindre les cierges qui saturent les petits moulins à prières de nos vagues rites, les miroirs forment en leur fond la stupéfiante figure d'une bouche qui n'a nul besoin de paroles pour nous parler .
Nous comprenons alors seulement que le plus minime des reflets est une image de l'origine, un écho du silence inaugural .
Sinon de René Char:
Le terme épars Le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Si tu cries, le monde se tait: il s'éloigne avec ton propre monde.
Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.
Qui convertit l'aiguillon en fleur arrondit l'éclair.
La foudre n'a qu'une maison, elle a plusieurs sentiers. Maison qui s'exhausse, sentiers sans miettes.
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer. Nous pourrions être des chiens commandés par des serpents, ou taire ce que nous sommes.
Le soir se libère du marteau, l'homme reste enchaîné à son coeur.
L'oiseau sous terre chante le deuil sur la terre.
Vous seules, folles feuilles, remplissez votre vie.
Un brin d'allumette suffit à enflammer la plage où vient mourir un livre. L'arbre de plein vent est solitaire. L'étreinte du vent l'est plus encore. Comme l'incurieuse vérité serait exsangue s'il n'y avait pas ce brisant de rougeur au loin où ne sont point gravés le doute et le dit du présent. Nous avançons, abandonnant toute parole en nous le promettant.
René Char
Ou de Saint John Perse
Et sur les rives très anciennes fut appelé mon nom… L’esprit du dieu fumait parmi les cendres de l’inceste.
Et quand se fut parmi les sables essorée la substance pâle de ce jour,
De beaux fragments d’histoires en dérive, sur des pales d’hélices, dans le ciel plein d’erreurs et d’errantes prémisses, se mirent à virer pour le délice du scoliaste.
Et qui donc était là qui s’en fut sur son aile? Et qui donc, cette nuit, a sur ma lèvre d’étranger pris encore malgré moi l’usage de ce chant?
Renverse, ô scribe, sur la table des grèves, du revers de ton style la cire empreinte du mot vain.
Les eaux du large laveront, les eaux du large sur nos tables, les plus beaux chiffres de l’année.
Et c’est l’heure, ô Mendiante, où sur la face close des grands miroirs de pierre exposés dans les antres
L’officiant chaussé de feutre et ganté de soie grège efface, à grand renfort de manches, l’affleurement des signes illicites de la nuit.
Ainsi va toute chair au cilice du sel, le fruit de cendre de nos veilles, la rose naine de vos sables, et l’épouse nocturne avant l’aurore reconduite…
Ah! toute chose vaine au van de la mémoire, ah! toute chose insane aux fifres de l’exil: le pur nautile des eaux libres, le pur mobile de nos songes,
Et les poèmes de la nuit avant l’aurore répudiés, l’aile fossile prise au piège des grandes vêpres d’ambre jaune…
Ah! qu’on brûle, ah! qu’on brûle, à la pointe des sables, tout ce débris de plume, d’ongle, de chevelures peintes et de toiles impures,
Et les poèmes nés d’hier, ah! les poèmes nés un soir à la fourche de l’éclair, il en est comme de la cendre au lait des femmes, trace infime…
Et de toute chose ailée dont vous n’avez usage, me composant un pur langage sans office,
Voici que j’ai dessein encore d’un grand poème délébile…
Voilà même si j'adore Elliot, Borges, Reverdy, Rilke, Aragon, Tzara et tant d'autres... |
| | | Alfirin Fierpied Nombre de messages : 95 Feuille de personnage Race: Hobbit Possessions: 1670 Statut:
| Sujet: Re: Poèmes Lun 22 Fév 2010 - 13:07 | |
| Très sympa tous ces poèmes que vous partagez, merci ! Pour commencer, je vais répondre à Roadan : Traduire "There is nothing wrong" par : "Il n'y a rien de tordu", oui je suis d'accord ! Il employait souvent des mots grossiers ou simples lorsqu'il parlait dans une interview (et qu'il était torché surtout), j'ai traduit "wrong" par "avilissant" pour faire joli... hihi. Quant à traduire "with a poetry that is entertaining and easy to understand." par "dans un(e) poème (poésie) qui ne soit amusant ou facile à comprendre." plutôt que par "dans l'écriture d'un poème divertissant et facile à comprendre.", la différence est vraiment minime. Tu préfères "amusant" à "divertissant", je ne pense pas qu'un doute entre ces deux mots changent le sens de la phrase. ^^ A propos du poème que tu as partagé, Heureux comme qui Ulysse a fait un bon voyage, j'ignore si tu es au courant que des chansons en sont inspirées. Que tu le saches ou non, je vais en mettre les liens si quelqu'un s'y intéresse : https://www.youtube.com/watch?v=yY7An0kcSpY Ulysse, par Ridan https://www.youtube.com/watch?v=GWlLNpJE1zI Heureux qui comme Ulysse, par Brassens (je ne suis vraiment pas fan de Brassens mais sait-on jamais que d'autres le soient ^^) ------------------------------------------------------- Géniaux ces poèmes Epi' ! J'aime particulièrement celui de Saint John Perse. Ca me donne envie d'en lire d'autres, donc merci. ------------------------------------------------------- En parlant d'Aragon, en voici un qui est dans pas mal de cours de Français (il le fut pour moi ^^), je pense que certains doivent connaître : Strophes pour se souvenirVous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. Louis Aragon, Le Roman InachevéA propos des résistants du groupe Manouchian fusillés par la Gestapo en 1944 si je ne m'abuse. Un autre, de Gérard de Nerval, que j'apprécie particulièrement : El DesdichadoJe suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé, Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie. Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ; J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène... Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. Gérard de Nerval, Les Chimères - Poèmes de Gérard de Nerval (1854)( "ses sublimes poèmes des Chimères qui sont au sommet de tout ce que l'homme ait jamais écrit et pensé" - Antonin Artaud - Lettre du 4 décembre 1945 à Henri Parisot) |
| | | Admin Fondateur Adulé
Nombre de messages : 1435 Feuille de personnage Race: Humain Possessions: Dormegil (épée) Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Lun 22 Fév 2010 - 21:53 | |
| Très bonne idée ce sujet-là. J'ai beaucoup apprécié "Le dormeur du Val" en particulier.
C'est plutôt banal, mais j'ai un gros faible pour Baudelaire.
Le recueil "Les Fleurs du Mal" est une petite merveille. Ouvrez le à n'importe quelle page et voguez vers des paysages inconnus.
En voici un qui me parle un peu plus que les autres :
L'idéal
Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes, Produits avariés, nés d'un siècle vaurien, Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes, Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien.
Je laisse à Gavarni, poète des chloroses, Son troupeau gazouillant de beautés d'hôpital, Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.
Ce qu'il faut à ce cœur profond comme un abîme, C'est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime, Rêve d'Eschyle éclos au climat des autans,
Ou bien toi, grande Nuit, fille de Michel-Ange, Qui tors paisiblement dans une pose étrange Tes appas façonnés aux bouches des Titans. |
| | | Culgor Personnage mort
Nombre de messages : 484 Feuille de personnage Race: Humain Possessions: Statut: Personnage décédé(e)
| Sujet: Re: Poèmes Mar 23 Fév 2010 - 9:59 | |
| Mais Prévert ce n'est pas seulement des jeux de mots et une poésie de divertissement ! Voilà un de ses meilleurs poèmes, du moins pour moi. Barbara Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante Épanouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu a tous ceux que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu a tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé C'est une pluie de deuil terrible et désolée Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien. Et pour vous faire plaisir, je mets une image et une vidéo ! https://www.youtube.com/watch?v=oNPNW4PCTRgEDIT : C'est bizarre là, ça marche pas normalement... Le lien se fait sans le BBcode...
Dernière édition par Culgor le Mar 23 Fév 2010 - 10:17, édité 3 fois |
| | | Gandalf le Blanc. Istar
Nombre de messages : 1163 Feuille de personnage Race: Istar Possessions: Bâton blanc d'if, Glamdring (épée) Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Mar 23 Fév 2010 - 10:13 | |
| Ah là, je trouve ça plus intéressant et beau à mon goût. La musique que tu as mise est assez phénoménale xD. Merci Culgor ! ( Rappel : - Code:
-
[url=VOTRE-LIEN]LE-TEXTE-S'AFFICHANT-A-LA-PLACE-DU-LIEN[/url] C'est comme ça que ça marche.) |
| | | Culgor Personnage mort
Nombre de messages : 484 Feuille de personnage Race: Humain Possessions: Statut: Personnage décédé(e)
| Sujet: Re: Poèmes Sam 13 Mar 2010 - 22:45 | |
| Allez, pour faire renaître cette partie, une superbe poème de Hugo ! L'enfant
"Ô horror ! horror ! horror !", W. Shakespeare, Macbeth
Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil. Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil, Chio, qu'ombrageaient les charmilles, Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois, Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois Un choeur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis, Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis, Courbait sa tête humiliée ; Il avait pour asile, il avait pour appui Une blanche aubépine, une fleur, comme lui Dans le grand ravage oubliée.
Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux ! Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus Comme le ciel et comme l'onde, Pour que dans leur azur, de larmes orageux, Passe le vif éclair de la joie et des jeux, Pour relever ta tète blonde,
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner Pour rattacher gaîment et gaîment ramener En boucles sur ta blanche épaule Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront, Et qui pleurent épars autour de ton beau front, Comme les feuilles sur le saule ?
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ? Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus, Qui d'Iran borde le puits sombre ? Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand, Qu'un cheval au galop met, toujours en courant, Cent ans à sortir de son ombre ?
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois, Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois, Plus éclatant que les cymbales ? Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ? - Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus, Je veux de la poudre et des balles.
Victor Hugo, Les Orientales, 1829
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| | | Metathraïn Seigneur de guerre
Nombre de messages : 1286 Feuille de personnage Race: Homme Possessions: Le Livre des Métamorphoses Statut: Joueur(se) actif(ve)
| Sujet: Re: Poèmes Lun 5 Sep 2011 - 14:58 | |
| Plus qu'un poèmes, des poètes, classés par langue:
Anglais: Elliot, Withman (mais pas mon préféré), Morrison (oui, oui celui des Doors), Yeats, Keats, Dylan Thomas (à qui Bob Dylan à piqué un des noms)
Espagnol: Juarroz, Gamoneda, Borges (dont je trouve cependant que ce n'est pas le meilleurs de lui, préférant ses nouvelles labyrinthe).
Et Français:
-ceux que j'aime bien: Aragon, Verlaine, Mallarmé, Baudelaire, Tzara, Appolinaire, Reverdy, Claudel,
-ceux que j'idolâtre:Rimbaud, Rene Char, Saint John Perse.
J'aime aussi Prévert, non pour ces poèmes, mais pour ses dialogue de film comme dans ceux de Carne (Les enfants du Paradis), ou dans le dessin animé Le Roi et l'Oiseau. Et puis on lui doit le fameux « T'as d'beaux yeux, tu sais! »
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| | | La Main Noire Prophétesse Késiliste
Nombre de messages : 1206 Feuille de personnage Race: Naine bien sûr !! Possessions: Des problèmes d'argent, la foi et un livre religieux format poche Statut: Personnage décédé(e)
| Sujet: Re: Poèmes Lun 5 Sep 2011 - 16:17 | |
| Aaaah le roi et l'Oiseau je retourne en enfance quand j'y repense à ce petit bijou d'animation.
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| | | Contenu sponsorisé | Sujet: Re: Poèmes | |
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| | | | Poèmes | |
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