Achidaya, l'Elfe Sombre
Nom: Sacken
Prénom: Achidaya
Surnom: l'Elfe Sombre
Age: 141 ans
Race: Elfe
Sous race: Laïquendì
Emploi: Assassin
PHYSIQUE:Achidaya n'est pas d'allure très robuste. Il est assez fin mais ne manque pas de résistance face aux coups, grâce à son dur entrainement subit durant sa jeunesse. Ses cheveux, d'un noir profond, sont assez longs. Et en dessous, du haut de son front jusqu'au-dessus de ses yeux, un bandeau plus noir encore que sa chevelure est attachée.
Pour un elfe Laïquendì, Achidaya est de taille normale, autour des 1 mètre 80, tandis que son poids est aux alentours de 68 kilos. Ses yeux sont bleus foncés, tels le ciel dans une nuit étoilée, et ils détiennent, de sa sous-race laïquendì, une vision nocturne meilleure que toute autre créature sur les terres du milieu. D'une peau assez blanche, ses traits sont fins et délicats, et dans son regard parfois sinistre se dégage un profond sentiment de solidité, de paix et de confiance en lui, qui peut certainement déstabiliser les plus fragiles d'esprit.
Ses bras musclés ne sont pas très épais. Ceux-ci ont acquis, après de nombreuses années d'entrainement, une bonne capacité à tirer à l'arc. Mais s'il y a une arme qu'il manie le mieux, c'est bien le sabre, arme non très courante et surtout cher en Terres du Milieu. Ses jambes, elles, sont d'autant plus musclées, car depuis qu'il est assassin, Achidaya passe souvent par la voie des airs, dans des coins sombres ou en hauteur où ses jambes font les trois quarts du travail physique. Il détient donc une réel capacité à escalader les choses.
Achidaya est vêtu d'une petite armure courte et serrée, de cuir noir, qui lui sert de protection tout en lui permettant de garder une bonne mobilité. Sur ses avant-bras, deux protections de métal lisse sont attachées. Celles-ci peuvent parer de nombreux coups d'épée sans se casser, mais il ne les met généralement que lorsqu'il combat, car elles le gênent dans ses mouvements. Il possède les mêmes pour les tibias. Il porte une cape à capuche, assez fine et non très grande, de couleur grise très foncé. Deux petits sabres, semblables à deux katanas mais d'une taille deux fois plus petite, dépassent au-dessus de ses épaules et sont attachés à son dos. Leurs poignes sont noires, et sur chacune d'elles, une fine inscription d'argent est gravée. Sur la première, il est écrit en lettres elfique: «Recherche la liberté et tu deviendras esclave de tes désirs» et sur la deuxième: «Recherche la discipline et tu trouveras la liberté».
Un carquois de flèches est aussi attaché à son dos, et son arc, non très grand et non très performant, est dedans. A sa ceinture, il a une dague brillante, aux reflets bleus et d'une poigne turquoise et grise. A chaque poignets, du bas de sa main jusqu'au milieu de son avant-bras, il porte deux longs bracelets noirs de velours, avec de petits pics tout autour. A son annulaire droit, est lié une bague étincelante en forme de dragon, de couleur argentée. Emplie de lumière, cette bague possède le pouvoir de rallumer le coeur de son porteur, lorsque le désespoir ou le chagrin le prend. Et plus son coeur est éteint, plus cette bague brille, comme si sa joie ne se perdait pas mais s'enfuyait dedans, le temps de son chagrin et/ou de son désespoir.
Un beau tatouage noir en tribal prend tout le haut de son dos, en venant jusqu'aux épaules et descendant jus-qu'entre ses deux omoplates. Puis il porte un pendentif bleu foncé à son cou, d'un motif totalement abstrait et inconnu, mais beau. C'est son père qui lui avait fait avant de partir.
PSYCHOLOGIE:Achidaya est un elfe assez mystérieux. De physique sombre, beaucoup de gens se trompent en croyant qu'il fait partie du mal. Mais s'ils le connaissaient vraiment, s'ils connaissaient sa vie, son passé et ses plus profondes façons de penser, ils s'apercevraient que ce n'est en fait pas le cas. Rare sont ceux qui le connaissent vraiment comme cela, car Achidaya ne se dévoile pas facilement aux autres. Il n'est pas au service du bien, mais ce n'est pas un mauvais elfe non plus. Il agit la plupart du temps pour son propre compte, et pour celui de ses proches, mais si jamais un jour il croisait quelqu'un en danger, il n'hésiterait pas à faire acte d'héroïsme. Cependant il ne ferait pas cet acte pour servir une quelconque cause du bien, mais seulement pour servir sa propre conscience personnelle. Depuis la mort de ses parents, Achidaya a plongé dans une immense solitude: il s'est renfermé sur lui-même sous les coups de sa souffrance, ruminant dans son esprit sa haine et sa tristesse profondément encrées en lui-même... et depuis, il aime être seul.
Achidaya a beaucoup de sang froid. D'un tempérament calme, il possède cette sérénité, cette tranquillité d'esprit qui le rend parfois froid mais qui donne cet aspect d'homme solide d'esprit et confiant en lui, en paix avec lui-même. Cette paix, il ne l'a trouvé qu'après avoir vengé ses parents, ayant retrouvé à ce moment une liberté d'esprit qu'il avait depuis longtemps perdu...
D'un père mi-Laïquendì / mi-Noldor et d'une mère Laïquendì, Achidaya tient aussi son individualisme de ses ancêtres les Laïquendì, et tout comme eux sa vision du bien et du mal est totalement neutre. Par exemple, il ne va jamais se pousser à faire un acte pour obéir à un principe, qu'il fasse parti du bien ou du mal. Il y a aussi une chose qu'il détient des Laïquendì: Il est impossible de le corrompre ni de le soumettre à quelque chose, même s'il était sous les plus atroces tortures. Proche de la mort, il dirait sans doute se soumettre mais ces paroles ne seraient que ruse pour mieux tuer son adversaire plus tard...
Bien que jeune, Achidaya a beaucoup appris des Terres du Milieu en les traversant et en y gagnant de l'expérience lors de ses aventures. Ses différentes cultures, ses arts, ses races, ses dissemblables paysages et ses chemins, son histoire et toutes ses légendes plus ou moins connus, il en connaît de bons nombres. Et ce n'est pas une soif d'apprendre qui lui a fait connaître tout cela, mais plutôt une soif d'aventures qui lui a fait découvrir tout ce riche monde. Achidaya ne recherche pas vraiment la puissance et le pouvoir, mais plutôt la récompense, la gloire et la fierté de ce qu'il accomplit. Car diriger les autres, commander et se faire reconnaître par les autres, il considère ne pas en avoir besoin pour vivre et être heureux, et estime que c'est une prise sur sa liberté si précieuse pour lui, tant indépendant qu'il est. Il peut lui arriver parfois de se lancer dans une quête pour n'y gagner qu'une fierté, que la gloire personnelle de ce qu'il accomplit, si ce n'est pas pour la récompense.
Achidaya est un assassin. Il en fait son métier, mais librement, de façon libérale, sans vraiment être soumis à une autorité à laquelle il devra s'exécuter sans discuter. Lorsque les personnes lui demandent d'assassiner quelqu'un, cela se fait discrètement en général, à l'abri de tout regard importun, dans l'ombre. Et souvent ce ne sont pas de personnes bien intentionnées, mais Achidaya, qui garde tout de même un minimum de bons sens, refuse s'il juge que la cible n'a pas à se faire assassiner. Il s'est toujours dit qu'il serait mieux, pour cela, de rejoindre une cause dans laquelle il doit assassiner pour elle, sans avoir peur de tuer quelqu'un ne le méritant pas puisqu'il qu'il serait pour cette cause, mais rien que l'idée d'être soumis à une autorité et à des horaires à respecter sans arrêt le rend dingue. Et puis, en dehors de sa sous-race et de sa personnalité indépendantes, il y a aussi le fait que ses parents aient été morts à cause des autorités qui le repousse, inconsciemment, à se mettre sous l'une d'elle. Mais je n'en dirai pas plus là-dessus, car vous allez tout savoir dans son histoire.
Ce qu'il aime dans ce métier, c'est le fait de tuer mais dans l'ombre, de s'infiltrer dans l'obscurité pour tuer furtivement et repartir aussi discrètement. Il aime ce métier, le seul dans lequel il est hors-paire et se sent vraiment dans son élément.
En public, Achidaya ne se fait pas trop remarquer, ce qui créé une certaine peur, de la méfiance chez les gens. S'il le veut, il peut passer entre eux telle une ombre furtive et inaudible, mais généralement il passe comme un vagabond mystérieux, un rôdeur sombre dont la crainte, elle, ne passe pas inaperçu dans le coeur d'autrui. Et à Fondcombe, à force de le voir passer dans les tavernes, les auberges ou encore dans ses belles rues, les gens l'ont surnommé «L'Elfe Sombre». Et certains, qui avaient certainement un sentiment plus péjoratif de lui et qui sans doute avaient le plus d'effroi à sa vue, l'ont aussi surnommé «Le Spectre des Funèbres Jours».
HISTOIRE: 1ERE PARTIE: Sa jeunesse
Dans ces écrits, je vais vous présenter la longue et périlleuse histoire d'Achidaya Sacken. Vous aurez beaucoup à lire, car j'y est mis beaucoup de détails, reprenant même d'avant sa naissance. Mais au moins vous saurez tout sur mon personnage... Bonne lecture.L'elfe releva la tête. Sa longue chevelure brune flottait sous le souffle du vent frai. Du haut des Monts Brumeux, sous le soleil matinal, ses yeux verts brillants et délavés fixaient au loin la Vallée d'Imladris, vers le Nord-Ouest. Il restait encore plusieurs milles avant d'y arriver, et la fatigue ramollissait son corps entier. Il examina deux secondes la douloureuse blessure à ses côtes gauches, et reprit la route qui serpentait entre les roches grises.
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La lumière du soleil emplissait Fondcombe, ce jour-là. Elrond attendait patiemment la venue de l'elfe, sur son trône de fer et d'argent surélevé d'une pierre blanche et de bois gris. Quelques minutes plus tard, celui-ci entra dans la salle du trône.
-Malmir, prononça Elrond avec un sourire, te voilà enfin.
Malmir s'avança jusque devant lui, d'un pas lent. Le roi fronça les sourcils:
-Je vois qu'il en manque un... Vous êtes-vous fais attaquer ?
-Oui, répondit Malmir d'une voix grave. Des orques nous ont tendu une embuscade à l'est des Monts Brumeux. Gomür est tombé là-bas percé d'une lance... ils étaient une trentaine.
-Que son âme repose en paix, répondit Elrond tristement.
Il se leva et regarda l'un des arbres majestueux qui entouraient l'immense pièce, les mains dans le dos.
-A son départ, je sentais qu'il lui arriverait quelque chose, dit-il. Mais je ne pensais pas à sa mort...
Il marqua un temps, plongé dans de tristes pensées, et revint au présent:
-Avez-vous vu la horde d'orques ?
-Oui, ils longeaient la rivière du Champ aux Iris, vers l'ouest. Je pense que ce n'était qu'une troupe d'éclaireurs et qu'ils revenaient à Dol Guldur. Nous n'avons donc pas de risque que Fondcombe soit repéré.
-Très bien, répondit Elrond, je te remercie Malmir. Repose toi maintenant, tu es blessé.
-Oui, dit-il regardant sa blessure. Si tu as encore besoin de moi, je suis là.
-Toujours aussi fidèle hein, dit Elrond avec un sourire. Je pense faire appel à toi d'ici là pour une quête assez... spéciale. Mais pour l'instant repose toi et occupe toi de ta femme: pense à ta descendance.
-Oui, répondit Malmir.
Celui-ci le salua et partit du palais d'un pas vif, pressé de retourner chez soi. Cela faisait 3 semaines qu'il était parti, et il s'était inquiété tout le long pour sa femme, Dalrina. Celle-ci était enceinte, depuis 6 mois déjà.
Malmir ouvrit la porte en bois de sa maison, qui grinçait comme toujours. Entrant, il n'eut pas le temps d'appeler sa femme pour qu'elle lui saute dans les bras.
Dalrina Lènien était une Laïquendì. Elle avait les yeux d'un bleu clair et profond, penchant légèrement vers le violet. Sa peau était jeune et un peu grisâtre; la couleur de peau originaire de sa race. Cependant, pour une Laïquendì, elle était assez claire et ses traits fins et gracieux lui donnait du charme. Ses cheveux argentés, lisses et beaux, longeaient son dos jusqu'en dessous de ses omoplates. Elle était plus petite que son mari, qui était d'un mélange Noldor et Laïquendì, mais elle gardait tout de même une taille respectable.
-Ton ventre a grossi depuis que je suis parti, dit Malmir après l'avoir enlacé amoureusement.
-Oui, répondit Dalrina d'une voix douce, je suis pressée qu'il sorte, c'est de plus en plus dur.
-Ne t'inquiète pas je suis là maintenant, répondit Malmir, ça va aller mieux. Je peux l'écouter ?
Il se baissa et posa son oreille contre le ventre:
-Je crois que je l'entend, dit-il le sourire aux lèvres, il a l'air agressif. Ce devrait être un garçon, ou alors une fille capricieuse.
Dalrina rigola. Malmir l'embrassa.
-Je suis fatigué, dit-il, je vais me reposer un peu.
Il passa l'entrée, bien décorée de végétations qui étaient accrochées aux murs, puis traversa le salon. Le salon était carré aux coins arrondis, assez spacieux: il mesurait environ 20 demi-pas de la porte jusqu'au mur opposé. Une table ronde façonnée de bois de chêne se tenait au milieu. A l'opposé de l'entrée, en face de celui qui entre, se trouvait un couloir qui donnait sur une salle de bain à sa droite, et sur la salle d'armes de Malmir à sa gauche. Au bout, il menait sur une terrasse, ayant pour vue la belle vallée d'Imladris.
Contre le mur du salon, à droite de l'entrée du couloir, il y avait une grande étagère d'un bois marron très foncé. Elle était emplie de livres de toutes sortes. A gauche de l'entrée du couloir, une longue commode se tenait là, contre le mur. Dessus, il y avait quelques fleurs dans un vase, et une belle statue représentant le visage d'un sage barbu. Sur le mur, à gauche de l'entrée, une fenêtre ouvrait sur l'une des belles rues de Fondcombe. En dessous de celle-ci, il y avait un bureau sur lequel dormaient quelques vieilles cartes des terres du milieu, ainsi qu'une plume dans un pot d'encre, deux livres et d'autres outils pour travailler. La couleur des murs était d'un marron clair, mais vif, provoquant une atmosphère chaleureuse. La gauche du salon donnait sur leur chambre et la droite sur une autre.
Malmir alla jusqu'à sa salle d'armes. Il y déposa son épée, qu'il avait nommé «Alguìlen», l'épée du vent: sa garde représentait deux belles ailes d'aigle, de couleur doré légèrement délavée, mais tout de même brillante. Entre les ailes, un diamant bleu était fixé sur la poigne noire. Il y déposa aussi son arc et ses flèches, trois petits couteaux empoisonnés qu'il se servait en projectiles, et une dague au tranchant arrondie et à la poigne d'argent.
Il entra ensuite dans sa chambre et s'endormit.
Les quelques derniers mois de la grossesse de Dalrina passèrent difficilement. Malmir était repartit en quête, envoyé par Elrond, à la recherche d'un anneau qui était censé redonner la raison à leurs ennemis. Mais le mal était malheureusement trop profond pour que l'ennemi reprenne sa raison, et l'anneau n'était pas assez puissant. Il revint alors deux semaines avant qu'elle n'accouche.
Dalrina accoucha dans leur chambre, ayant pour seule compagnie son mari. Son accouchement fut difficile, mais pas plus dur que les autres femmes elfes. Un petit elfe y sortit tel une flèche tirée d'un arc et son père le prit aussitôt dans les bras, l'enroulant dans une petite couverture pour bébé. Le petit criait, mais il était tout de même calme pour une naissance. Il ouvrit enfin les yeux et vit de grandes pupilles vertes délavées, le regardant avec amour et tendresse, un grand sourire aux lèvres. Ceci le calma. Son père le donna ensuite à Dalrina, qui le berça doucement. Là, sa mère découvrit ses yeux d'un bleu foncé et profond et reconnu les siens, mais en plus sombres. Elle les trouvait merveilleusement beaux, et ils lui faisaient penser au ciel étoilé dans une belle nuit dégagée. Elle l'appela alors «Achidaya», l'elfe de la nuit étoilée.
Ainsi naquit Achidaya, fils de Malmir, fils de l'un des plus fidèles guerriers au service d'Elrond.
Au cours de ses premières années, Achidaya fut bien enrichit par ses parents. Son père essayait d'être présent, mais après le retour de Sauron à Dol Guldur, il lui fallait être disponible pour accomplir les missions que lui donnait Elrond. Car Malmir avait fait le serment de toujours être au service de son roi Elrond, pour l'aider à vaincre le mal. Il était très utile et gagnait chaque année de la renommée.
Achidaya fit ses premiers pas à l'âge de 10 mois, et sa mère, qui travaillait en tant que couturière dans une petite boutique de vêtements, s'occupait merveilleusement bien de lui. Son père comptait lui apprendre les valeurs du bien, en faire un homme de bien tout comme lui: généreux, fier et courageux, prêt à donner sa vie pour vaincre le mal. Et il arriva que, à l'âge de 6 ans, Achidaya eut l'occasion de rentrer dans le palais d'Elrond pour un soir de fête à laquelle son père était invité, et qu'il se soit fait présenter pour la première fois au roi.
Les elfes mangeaient et buvaient ce soir-là, dans la grande salle du palais d'Elrond. Danseurs, chanteurs et musiciens diffusaient l'ambiance, et nombreuses étaient les variétés de plats sur les longs buffets. Hommes importants, elfes ainsi que nains étaient invités.
Achidaya, qui mangeait une part d'une délicieuse tarte aux pommes, admirait avec attention la magnifique femme qui siégeait au côté d'Elrond. Son père était à côté de lui, et discutait avec d'autres convives assis à la même table. Ils parlaient un peu de tout et de rien, de leurs quêtes, de tout ce qui se passait dans les Terres du Milieu.
Peu après le repas, Malmir voulut aller voir Elrond:
-Tu viens ? Dit-il à son fils, je vais te présenter à Elrond, il sera fier.
Achidaya acquiesça, pensant plus à s'approcher de la femme que du roi. Ils s'y avancèrent alors pendant que le roi parlait avec Glorfindel, d'autres elfes et un homme.
-Je ne pense pas qu'il doit manquer une personne importante à votre belle fête, dit Malmir à Elrond en gage de présentation.
-Malmir !! se réjouit celui-ci avec un sourire, se retournant. Comment vas-tu ? Je ne t'ai pas vu depuis quelques mois déjà. T'es tu bien reposé de ta dernière aventure ?
-Oui, répondit-il. Je suis parti aider deux amis dans les Montagnes Bleues.
Puis Elrond abaissa les yeux vers Achidaya, et un sourire vint se dessiner sur ses lèvres.
-Mais c'est ta descendance, n'est-ce pas ?
-Ho oui, dit Malmir, le prenant devant lui les mains sur les épaules, je te présente Achidaya, mon fils. Je tenais à te le présenter.
-Achidaya, répéta Elrond, c'est un beau petit garçon.
La belle femme était à côté de lui, légèrement en retrait, et le regardait avec de beaux yeux bleus et sympathiques. Elrond s'accroupit en face de lui, à sa hauteur.
-Quel âge as-tu ? demanda-t-il.
-J'ai 6 ans !! répondit Achidaya.
-Et que veux-tu devenir plus tard ?
-Je veux être un grand guerrier, comme mon père !! dit-il.
Elrond rit.
-Je ressens en lui beaucoup d'ambition, dit-il à Malmir. Tu devrais commencer à lui apprendre le maniement des armes, il m'a l'air déjà assez mûr d'esprit pour cela.
-Non pas maintenant, répondit Malmir, il est encore trop jeune.
-Alors Malmir, vint Glorfindel, raconte-moi, en quoi consistait cette quête dans les Montagnes Bleues ?
Et ils discutèrent encore pendant longtemps, sous la musique elfique harmonieusement belle. D'autres elfes se joignirent peu après à la conversation, et il arriva que plus tard, Achidaya rencontra la dame Arwen, qui était la femme qu'il admirait depuis le début de la soirée...
Ce qu'avait dit Elrond à Malmir à propos de son fils ne l'avait pas laissé indifférent; pourquoi ne pas débuter son entrainement ? Après tout, pensa-t-il, plus tôt il le commencera, plus il sera compétent le jour venu. Durant un mois, où il s'était reposé, il réfléchit à cela, se tournant et se retournant dans son lit toutes les nuits. Et, au jour de la 7ème année d'Achidaya, sa décision fut prise: il décida de démarrer son entrainement. Il commença par lui travailler ses conditions physiques et lui enseigner les valeurs du bien, encore qu'il était un peu trop jeune pour toutes les comprendre. Achidaya courait dans les belles forêts d'Imladris pour améliorer son endurance, se musclait déjà et s'assouplissait beaucoup. Son père lui donnait des parcours à respecter et des programmes intensifs à suivre. Il s'entraînait dur chaque jour, mais il était déterminé et ambitieux. Et lorsque Malmir partait à l'aventure pour son travail, il le mettait sous la garde de Berin et de Colwë, deux bons amis à lui qui continuaient son entrainement en son absence. Le soir, Malmir lui enseignait les vertus du bien, de la gloire, de l'aventure et de toutes ces choses fabuleuses. Il lui contait l'histoire de la terre du milieu et ses légendes, et lui apprenait beaucoup de choses sur elle. Mais il disait qu'on ne connaissait vraiment les choses et les valeurs que lorsqu'on les avait vraiment vu ou vécu, et surtout comprises. Il lui apprit aussi une chose essentielle; ne pas avoir peur du risque, car qui ne prend aucun risque n'aura rien dans la vie. Et ces deux choses, Achidaya les retint toute sa vie.
Après une année environ, lorsqu'Achidaya eut acquis une bonne condition physique, pour son âge en tout cas, Malmir entreprit de le former au combat à mains nues. Dalrina était contre; elle le trouvait trop jeune. Mais Malmir, regardant son fils, voyait déjà un fort et fier elfe empli de gloire, comme lui, qui partait à l'aventure pour rendre de grands services au palais. Durant cette année d'entrainement, cette ambition n'avait que fait d'accroitre en lui et sa décision fut donc prise...
Une dizaine d'années passa. Achidaya avait appris toutes les techniques de combat à mains nues que son père pouvait lui transmettre. Il s'était endurci et Malmir l'envoyait déjà accomplir quelques petites missions faciles à la hauteur d'un enfant. Il lui appris à monter à cheval. Durant ces dix années, Achidaya s'était constamment rapproché de son père, et tous deux étaient maintenant liés par un amour plus fort que jamais. Son père lui donnait toujours des leçons sur le bien. Mais, déjà à cet âge, Achidaya ne percevait plus le bien de la même façon. Il le voyait déjà comme une multitude de principes inutiles à respecter et dont il fallait se soumettre, le privant de sa liberté. Et le rejet de se soumettre à une autorité naissait déjà en lui, caractéristique de sa race Laïquendì, mais ce fut à son adolescence que ce rejet éclora vraiment.
Achidaya jouait souvent aux guerriers dans les bois ou dans les prairies de Rivendell avec ses quelques amis, et comme il avait le plus d'expérience en combat, vu qu'il avait commencé son entrainement très tôt, il était rare que l'un de ses amis le batte. Il y avait Rùnilion, Algur et Sorvain. Ils se voyaient dès qu'ils le pouvaient, mais Achidaya était assez pris par son entrainement. Son meilleur ami était Algur, et comme lui aussi était ambitieux mais que ses parents ne voulaient pas le mettre sur la voie du guerrier, Achidaya l'entraînait au combat quand ils pouvaient se voir. Bien que d'origine Sindarin, Algur avait cette même envie de liberté et ce même refus de se soumettre qu'Achidaya possédait, et c'était cela qui faisait la force de leur amitié.
Ainsi se déroulait son enfance, plutôt belle et heureuse, comme beaucoup d'elfes à Fondcombe. Sa mère lui apprenait à lire et à écrire, et lui faisait étudier les différents arts elfiques, notamment la musique. Elle lui instruisait aussi la philosophie, chose qui la passionnait et qu'elle trouvait important de transmettre à son fils, qui lui aussi trouvait ça intéressant. C'était Malmir, grandement récompensé par Elrond, qui gagnait la part d'argent principale de la maison, car Dalrina, elle, gagnait moyennement sa vie. Malmir avait d'ailleurs beaucoup gagné en renommée ces dix dernières années, et ses derniers exploits étaient connus de tous dans Fondcombe. Certaines personnes en avaient même écrit des livres. Il était surnommé à Fondcombe «Lën Tamular» depuis peu, signifiant «Le Veilleur des Montagnes». Car ses plus grands exploits, connus de tous, s'étaient pour la plupart déroulés dans les montagnes.
Son fils était fier d'avoir un tel père, mais plus les années passaient, moins il pensait pouvoir atteindre sa grandeur plus tard, et moins il en ressentait l'envie; et non pas que par découragement: Son père pouvait lui faire autant de leçons sur le bien qu'il le voulait, mais Achidaya, ne sachant comment ni pourquoi, savait au fond de lui-même qu'il n'était pas fait pour être comme lui, au service du bien et sous des autorités comme ça. Et plus le temps passait, plus il était attristé de cela, car il croyait trahir indirectement son père et il avait peur de décevoir ses attentes le moment venu.
Quand Achidaya fut assez mûr, vers l'âge de 30 ans (c'était toujours un enfant), Malmir commença à lui apprendre le maniement de l'épée et de l'arc, bien qu'il ait déjà eu l'occasion de tirer à l'arc quelques fois. Il s'en sortait bien, et n'eut pas à s'entrainer plus de deux ans pour bien savoir les manier. Il entraînait toujours Algur en cachette, et tous deux commençaient à penser à leur avenir.
Allongés dans l'herbe dans l'une des vertes prairies d'Imladris, Algur et Achidaya reprenaient leur souffle après deux bonnes heures d'entrainement, tout en regardant le ciel nuageux.
-Que penses-tu que nous serons plus tard ? Demanda Algur, brisant le silence de la nature.
-Moi je ne sais pas, répondit Achidaya. Je suis... déchiré en deux.
-Entre quoi et quoi ?
-Entre ce que mon père voudrait que je sois et ce que moi je voudrais être.
-Il veut que tu sois comme lui, c'est sa ? Au service du bien, faisant partie des autorités et tout ça ?
-Oui, c'est ça, répondit Achidaya. Mais... plus le temps passe, plus je me rends compte que mon avenir ne se trouve pas là.
-Où alors ?
-Là-bas, dit Achidaya d'un ton rêveur, désignant du bras et d'un geste circulaire l'au-delà de la vallée d'Imladris. Partout dans les Terres du Milieu, librement. Qu'est-ce que j'aimerais, Algur, prendre ma liberté en main et partir à l'aventure, sans être dans l'obligation de devoir rendre des services à des gens que l'on ne connait même pas.
Mais son regard et son ton rêveur cessèrent.
-Mais mon père n'attend que cela de moi, dit-il, il m'entraîne pour cela, et j'ai peur en partant de le décevoir. Car je l'aime, et je sais qu'il plongerait dans une infinie tristesse. Et cela me pèse, Algur, chaque jour un peu plus.
-Ho, ça ne doit pas être facile effectivement, dit Algur.
Puis il se redressa.
-Ecoute, dit-il, si je devais te donner un conseil, je te dirais de t'écouter toi-même. Deviens ce que tu es, pas ce que l'on veut que tu sois, même si c'est ton père. Sinon... d'un certain côté, tu n'es plus vraiment libre, plus libre de tes choix en tout cas. Viendra sûrement un temps de souffrance quand il l'apprendra, mais je suis sûr qu'un temps de réconciliation arrivera quand il verra ce que tu seras devenu. Car ton père aussi t'aime, et je sais qu'au fond de lui-même, il sera fier de toi, quoi que tu deviennes.
-Tu dois sûrement avoir raison, répondit Achidaya. Mais je ne suis pas encore prêt pour faire mon choix.
Ils marquèrent un temps de silence. Algur se rallongea.
-Et toi, dit Achidaya, que penses-tu être plus tard ?
-Ho, avec mes parents, assurément un vendeur de charcuteries, répondit-il en blaguant. Non, sérieusement, je pense partir d'ici quand tu m'auras assez entrainé, en douce tu vois, sans le dire à mes parents. Je pourrai alors découvrir le monde et partir à l'aventure. Je comptais te demander si tu voulais partir avec moi, mais apparemment tu n'as pas encore fait ton choix.
Puis il se leva.
-Je vais y aller, annonça-t-il, mes parents vont se demander où je suis passé. Dis-le moi quand tu te seras décidé. Au revoir !!
Sur quoi il s'en alla d'un pas vif. Achidaya resta là, jusqu'au coucher de soleil, réfléchissant le regard tourné vers les montagnes des Monts Brumeux, qui se s'imposaient grises à l'Est. Puis il s'en alla d'un pas lent, le coeur lourd et l'esprit tourmenté.
Les jours passèrent. Malmir n'était pas là, parti loin dans le sud. Quand celui-ci n'était pas là, Achidaya était plus proche de sa mère. Il allait l'aider parfois dans son travail, mais passait plus son temps chez Berin et Colwë à s'entrainer. Quand un matin, alors était plongé dans un livre sur Nirnaeth Arnoediad, l'ancienne bataille des Larmes Inombrables au Premier Age, on frappa à sa porte: C'était Sorvain, son bon ami qu'il connaissait depuis 19 ans, qui lui annonça qu'il partait de Fondcombe pour habiter dans la Forêt Noire, à l'Est des Monts Brumeux. Ses parents avaient à faire là-bas, ils voulaient s'y installer et Sorvain devait donc les suivre. Achidaya eut le coeur plus lourd encore suite à cet évènement, et sa mère le voyait bien. Un jour, lors d'un repas avec elle, Achidaya finit par céder à ses questions et lui parla de ses tourments concernant son père et son avenir. Il en eut le coeur soulagé, car Dalrina s'en montra compréhensive.
-Mon fils, dit-elle, ton père est un homme fier, fidèle à ses ambitions, détenant une certaine noblesse prétentieuse. Et s'il apprenait que tu voulais rejeter les choses remarquables qu'il te réserve, il serait profondément touché empli de colère. Mais ton père est aussi un homme bien, Achidaya, et au fond de lui-même il te comprendra bien plus que tu ne le penses, quoique cela mette du temps. Car il t'aime et tu le sais.
-Mais comment lui dire ? Demanda Achidaya d'un ton désespéré.
-De la façon qui te paraisse la meilleure, Achidaya. Rare sont ceux qui trouvent la force de rejeter ce pourquoi leurs parents les éduquent... Mais toi, mon fils, tu l'as en toi, et je l'aie toujours ressenti. Mais retient bien cela: Prends garde à ne pas l'utiliser en faisant du mal. Car, je ne sais pourquoi, mais mon coeur me dit que tu en feras, tôt ou tard, involontairement ou non. Et il s'assombrit à cette idée. Mais il me dit aussi que ton avenir ne sera pas simple.
Malmir revint quatre mois après. Durant les années qui suivirent, il gagna énormément en célébrité, et sa richesse devenait grande. Mais gloire et richesse pouvaient être aussi bien que dangereux. Car de mauvaises personnes, connaissant Malmir des pays du sud, commençaient à comploter pour gagner sa richesse, au début ne parlant que de voles ou de menaces sans violence. Mais ceux-là n'étaient pas très dangereux et Malmir avait vite eu fait de leur régler leur compte. Mais ce fut la nuit où l'on tenta de l'assassiner dans son lit pour son argent qu'il commença à s'inquiéter.
Les choses devenaient dangereuses pour Malmir ces années-là, mais aussi pour sa famille. Il mit donc son fils et sa femme dans la maison de Berin et de Colwë pendant un temps, à Fondcombe. Il pensait qu'ils seraient en sûreté chez eux, le temps qu'il règle ses problèmes. Mais deux ans après, Achidaya avait beaucoup réfléchit et s'arma de son courage pour dire à son père qu'il comptait partir. Il avait 41 ans ce jour-là. Quand, partant de chez Berin et Colwë pour aller le voir et le lui dire, il se fit soudain enlevé par des bandits, et emmené dans un coin sombre et infâme des Mont Brumeux. C'était pour une rançon, et Malmir, ayant appris son enlèvement, parti aussitôt à sa recherche mais sans vraiment savoir où ils l'avaient emmené. Là-bas, Achidaya se fit traiter comme un chien, mal nourri et violenté. Mais déjà habile qu'il était à cet âge, il ne cessait de refuser d'être ainsi maltraité et finit par réussir à s'échapper, après seize jours de captivité. Il réussit à prendre des vivres, de l'eau et une épée avant de s'en fuir.
Il parcourut durant plus de trois semaines les Monts-Brumeux en direction du sud, ayant peur que les bandits le poursuivent. Arrivé en Eregion, à l'Est du croisement de la rivière appelée «l'Angle», il se dirigea vers l'Ouest en direction de ce croisement. Et, parcourant seul les plaines d'Eregion, il se sentait étrangement libre, ressentait comme une toute nouvelle sensation de liberté au milieu de la nature, et il trouva tout à coup le monde merveilleusement beau. Si bien que, au bord de s'arrêter à cause de l'épuisement, il oublia sa fatigue et reprit le pas.
Après quelques jours, il atteignit l'Angle. Là il remplit sa gourde et se reposa. Et, au coucher de soleil, au milieu de la grandeur, de la puissance et de la beauté de la nature, une hésitation s'installa en lui: revenir à Fondcombe, ou bien partir maintenant ? Après tout, il pouvait faire croire à ses parents qu'il était mort et s'en aller pour ne plus jamais revenir. Mais à ce moment, la phrase de sa mère revint soudain à son esprit: «Prends garde à ne pas l'utiliser en faisant du mal».
A l'aube, sa décision fut donc prise: Il s'équipa de sa gourde, son épée et ses vivres presque épuisés, et se mit en route vers Fondcombe en suivant la rivière Bruinen vers le nord...
Il mit une semaine de marche avant d'arriver à Rivendell. Exténué, sale et las, Achidaya avait la démarche comparable à celle d'un mort-vivant. Il revenait d'un périple et d'une expérience qui avait changé sa vision du monde. Il voyait Fondcombe tout petit maintenant, face à la grandeur du monde, et avait hâte de retrouver ses parents. Mais cette hâte lui fut vite arrachée du coeur: car lorsqu'il ouvrit la porte de sa maison, sous un énorme choc, il découvrit le sol jonché de sang, à l'entrée, et un cadavre au milieu: C'était sa mère...
-Nooon !! s'écria-t-il épouvanté, avant d'accourir vers elle.
Il prit son poux, mais son coeur ne battait plus. Elle était véritablement morte. Penché sur son corps, Achidaya pleura alors en abondance. Sa hâte de la revoir avait soudain laissé place à la tristesse et à l'horreur d'un choc écrasant. Ses larmes coulaient, et il étreignait pour la dernière fois du regard ses doux yeux bleus, qui lui rappelaient tant les siens, avant de les fermer doucement et laisser partir son esprit dans les cavernes de Mandos.
Accablé, Achidaya se releva et courut chez Berin et Colwë. Il y trouva seulement Colwë, aux longs cheveux noirs et aux yeux marron foncés, d'une allure grande et forte. Celui-ci fut étonné de le voir et lui dit que son père était parti il y a longtemps à sa recherche, et qu'il y était toujours. Mais il fut affolé quand Achidaya lui annonça que Dalrina était morte.
Face au cadavre, Colwë tomba à genoux et fut abattu de cette triste réalité.
-Je lui avais dit de ne pas quitter la maison, dit-il, mais j'aurais dû m'en douter... Je m'en veux.
Mais Achidaya pensa soudain à son père et réalisa que ceci n'était en fait que de sa faute, car c'était parce qu'ils voulaient son argent à lui et qu'il était plein de renommée, que les meurtriers avaient fais ça. Une colère d'abord inconsciente envers lui naquit au plus profond de son coeur, et fit surface:
-C'est plutôt à mon père qu'il faut en vouloir, déclara-t-il.
Colwë ne répondit pas. Ils nettoyèrent le sol et il examina le corps de Dalrina.
-Regarde, dit-il de sa voix claire, c'est l'oeuvre d'un assassin. Il montrait une fine plaie tailladée dans son cou, propre et profonde. Il n'y a qu'eux pour tuer comme ça, continua-t-il, d'un seul petit coup mais rapide et mortel.
Achidaya regardait la plaie mais sans dégoût, car elle se voyait à peine, si fine et proprement faite qu'elle était. Il ne figurait qu'un trait fin de seulement un millimètre de largeur, et, bien qu'il éprouva sur le coup de la haine envers l'assassin qui avait commis cet acte, il trouvait cette façon de tuer intéressante.
Puis ils allèrent l'enterrer en haut d'une montagne de la vallée d'Imladris, au milieu d'une prairie claire et fleurie. Le soleil descendait et le ciel était assombri, mais il faisait chaud car c'était le printemps. Un printemps bien triste pour Achidaya Sacken, qui resta avec Colwë devant la tombe de sa mère, le coeur serré, jusqu'à ce que le soleil fut entièrement couché.
Ainsi finit Dalrina Lènien, fille d'Helëg Bèoreth et d'Aélis Lènien, et mère d'Achidaya Sacken.
Colwë servit un verre de thé à Achidaya avant de s'asseoir en face de lui. Le feu réchauffant crépitait dans la cheminée. Ils étaient chez lui et Berin, mais ce dernier n'était pas là car il avait à faire dans la région d'Enedwaith, plus loin dans le sud. Achidaya remuait son thé, les yeux plongés dedans, dans ses pensées. Mais dans ses yeux, Colwë lisait toute sa tristesse, toute l'affliction d'un fils ayant perdu sa mère.
-Voilà, dit Achidaya sans lever les yeux de son thé, je t'ai tout raconté de mon enlèvement et de mon voyage.
-Eh bien, tu as été admirable je dois dire, dit Colwë.
Un silence gênant passa.
-Ton père est tout de suite parti à ta recherche quand il a appris que tu t'étais fait enlever, reprit Colwë. Nous nous étions inquiétés tout au long Berin et moi, mais pas autant que lui. Malgré toutes les années vécues avec lui, je ne l'ai jamais vu autant affligé.
-Et où est-il parti ? Demanda Achidaya.
-Il a commencé par se mettre à la place des bandits, et réfléchir à l'endroit idéal pour se cacher s'il était l'un d'eux. Ils lui avaient dit qu'il devait leur donner la somme de dix mille pièces d'or en échange de toi. Mais il n'eut pas à songer plus d'une seconde pour faire son choix d'aller tous les tuer et de ne rien payer. Il m'annonça alors qu'il partait pour les Monts Brumeux. J'aurais voulu partir avec lui, mais il me dit que ce n'était pas ma mission... Ma mission était de garder Dalrina. Sur ces mots, il baissa les yeux, comme s'il avait honte. Et puis j'ai su, comme il ne revenait pas, qu'il était en train de remonter les Monts Brumeux vers le nord, car il m'avait dit avant de partir qu'il rechercherait les brigands en les remontant. Il supposait que ce serait plus probable qu'ils aillent vers le nord... Mais il s'est trompé apparemment.
-Et quand est-ce qu'il reviendra ? Demanda Achidaya d'un ton triste et las.
-Je vais aller quérir un messager de la maison d'Elrond demain à l'aube pour qu'il aille le chercher. Si jamais il ne veut pas, j'irai moi-même; Mais il n'y a pas de raison, Elrond aime bien Malmir.
Et un silence fut de nouveau, chacun plongé dans leurs tristes pensées.
-Je m'en veux, s'exprima Colwë, ta mère est morte, et c'est de ma faute. Je sais que c'est impardonnable... j'aurais dû être plus prudent.
-Ce n'est pas de ta faute, dit Achidaya, tu as déjà été bon de la garder. Je t'en remercie.
Puis Colwë fronça les sourcils.
-Tu as grandi depuis ton enlèvement, s'étonna-t-il d'un ton curieux. Que t'est-il arrivé là-bas pour que tu changes comme cela ?
Puis Achidaya oublia un instant sa mère, le chagrin et l'accablement des évènements, et repensa à cet instant de liberté qu'il avait ressenti durant ces quelques jours. Il voyait les plaines qui s'étendaient à perte de vue autour de lui, les arbres et les montagnes, le soleil qui faisait scintiller leurs sommets, les animaux sauvages qui s'enfuyaient et le vent pur qu'il respirait. Et il dit alors:
-J'ai découvert la liberté.
-Aaaah, la liberté, répéta Colwë, c'est un bien grand mot. Une fois qu'on y a goûté, à la vraie liberté, il est difficile de s'en détacher. Mais es-tu seulement prêt à être libre ? Lui demanda-t-il alors, lui perçant les yeux du regard.
Colwë était jeune et beau, mais son visage était déjà marqué par le combat et l'aventure. Il paraissait plus jeune que Berin, alors qu'ils avaient environ le même âge, mais c'était lui qui faisait plus jeune que son âge. Ils habitaient ensemble et des fois partaient tous deux à l'aventure pour ne revenir que des années plus tard. Ils connaissaient Malmir depuis l'enfance, et se fut avec eux que celui-ci parti de rien pour devenir quelqu'un.
-Je le pense, répondit Achidaya. Mais mon père ne souhaiterait pas que je parte comme ça, pas avant que je ne sois plus expérimenté dans le combat en tout cas.
-Alors tu n'es pas prêt, affirma Colwë. Tu recherches la liberté, mais tu es esclave de ce désir depuis bien longtemps. Et ça je l'ai vu il y a longtemps déjà, dit-il. Mais, Achidaya, regarde moi, j'ai une chose à te dire: «Recherche la liberté et tu deviendras esclave de tes désirs. Recherche la discipline et tu trouveras la liberté». En recherchant à être libre, tu es devenu esclave de ce désir, et en l'y ayant goûté tu le deviendras encore plus car tu souhaiteras revivre ce moment, mais tu ne le pourras pas. Recherche alors la discipline, achève ton entrainement, et ton père te laissera partir vers ton destin. Car il t'aime, Achidaya, et je peux te garantir qu'il sera fier de toi le jour où tu partiras. Et ce jour-là, après être passé par la discipline, tu auras trouvé la liberté.
Le lendemain, un messager fut envoyé chercher Malmir dans les Monts-Brumeux. Cinq jours passèrent. Cinq jours tristes pour Achidaya, qui plongeait dans une mélancolie toujours plus grande malgré la beauté du printemps et des fleurs qui bourgeonnaient, du soleil qui brillait et des fruits qui naissaient. Chaque jour, il allait sur la tombe de sa mère et y déposait un bouquet de fleurs. Le cinquième jour après sa mort, Malmir revint, déjà mis au courant par le messager que sa femme était morte. Achidaya fut heureux de le retrouver, et de même pour son père. Mais aucune parole n'est de taille pour décrire la haine que Malmir éprouvait, envers lui-même et envers l'assassin de sa femme, et aucun mot ne décrivait la tristesse qui l'anéantissait chaque jour un peu plus...
A genoux, face à la tombe, noyé dans ses larmes et son chagrin, Malmir parla d'une voix faible et désespérée, au milieu de ses sanglots incessant:
-Par... pardonne moi, ma femme, dit-il. Je n'ai... je n'ai pas été assez prudent... J'ai pensé à ma gloire plus qu'à ma famille... et voilà le résultat. Nous trois... c'était pour que nous vivions mieux, nous trois... Mais j'ai échoué, ma femme, j'ai échoué. J'en suis... j'en suis désolé, j'en suis désolé...
Et sa tête tomba sur le rebord de la tombe, abattu, et il pleura de plus belle. Sa haine était tournée vers lui-même, mais soudain il pensa à son assassin et cette haine se retourna alors vers celui-ci. Son visage se crispa, ses yeux durcirent et c'était une vague de haine qui lui fit relever la tête.
-Mais je jure de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te venger, ma femme, promit-il alors.
Sa haine était grande. Si grande que même son fils ne le reconnaissait plus. Le lendemain, il était décidé: il partait venger sa femme. Elrond essaya de le retenir, lui disant que la vengeance ne servait à rien, mais Malmir ne tint compte de ses paroles. Car sa haine était folle. Il décida de laisser Achidaya sous la garde de Berin et de Colwë, et dit à ceux-ci que s'il ne revenait pas, ils avaient la permission de le laisser partir vers son destin, où bon lui semblait... Mais sauf pour aller venger ses parents. Car il ne voulait pas qu'il gâche sa vie à vouloir venger ses parents d'une vengeance qui n'était même pas la sienne.
Une semaine passa avant son départ. C'était l'aube. Une aube grise. Malmir était devant la porte de sa maison, et devant lui se tenait Achidaya, éperdu.
-Mon fils, me voilà parti. Je vais venger ta mère de celui qui est la cause de toutes nos souffrances. Je...
-Es-tu sûr que c'est lui qui en est la vraie cause ? L'interrompit Achidaya en le dévisageant.
-Ecoute, je sais que tu m'en veux au fond de toi. Oui, tout ce qui est arrivé est de ma faute. Mais aujourd'hui, je m'en vais libérer ma conscience en allant tuer l'assassin de ta mère. Mon fils, continua-t-il, je veux que tu saches une chose: Je t'ai entrainé, je t'ai enseigné les vertus du bien, je t'ai appris tout ce qu'il fallait pour que tu puisses devenir un grand guerrier au service du bien. Mais malgré ce désir, je t'ai entrainé toutes ces années pour que tu puisses aller vers ton destin. Deviens ce que le destin a choisi que tu deviennes, mon fils, et non ce qu'un père a voulu que tu sois. Car le destin est bien plus fort que le désir d'un père.
Achidaya fut heureux d'entendre ces mots. Malmir marqua une pause et continua.
-Et... si jamais je ne revenais pas, je voudrais que tu me fasses une promesse, annonça-t-il.
-Quelle est cette promesse ? Demanda Achidaya, le coeur affaiblit par cette idée.
-Promet moi de ne jamais essayer de nous venger.
Un silence lourd tomba. Ce fut comme si le temps c'était arrêté, comme si l'air c'était immobilisé. Achidaya ferma les yeux. Il s'imagina d'abord face aux tombes de ses deux parents. Puis une vision étrange vint soudain à son esprit: la nature, le soleil, le vent, la liberté. Une personne inconnue était à ses côté. Il ne la voyait pas, mais savait qu'elle était là, comme une présence invisible. Il marchait sans but dans l'herbe haute. Puis il aperçut une silhouette au sommet d'une colline. Il monta alors en haut de celle-ci, mais la silhouette avait disparu. A la place, il y avait deux tombes: celle de Dalrina Lènien et de Malmir Sacken. Puis la vision s'arrêta.
Il ré-ouvrit les yeux, et dit alors:
-Je te promet seulement de ne pas vivre juste pour cette vengeance.
Son ton était ferme face à son père, bien que son coeur était faible à cet instant. Et Malmir sut devant ce ton résolu qu'il n'allait pas changer les choses. Il était à genoux devant son fils, et il sortit un pendentif de sa poche, fait d'argent et teint de bleu foncé. C'était un sublime motif, sinueux et raffiné, totalement abstrait mais qui faisait du bien et apaisait l'esprit dès que l'on posait le regard dessus.
-Tiens, dit-il le mettant à son cou, je l'ai fait pour toi, sous l'aide de quelques artisans elfiques. Garde le toujours sur toi, et pense à ton père en le regardant. Souviens toi de moi non comme un grand guerrier, ou un héros empli de gloire, mais plutôt comme un homme, faible et imparfait. Au revoir mon fils !!
Il le regarda au fond des yeux et, sur ces mots, il lui baisa le front et s'en alla. Achidaya avait 42 ans ce jour-là, ce jour gris et triste.
Sous la garde de Berin et Colwë, Achidaya se fit bien traiter. Ils lui donnèrent beaucoup de choses, de l'amour, mais rien ne pouvait faire taire sa souffrance. Chaque mois il se rendait sur la tombe de sa mère pour s'y recueillir, et chaque jour il se demandait où se trouvait son père dans les Terres du Milieu. Berin et Colwë continuèrent son entraînement, et c'est là qu'il s'avéra le plus utile car Achidaya s'entraînait pour une chose qui le motivait: la liberté. A l'âge de 45 ans ils lui apprirent le maniement du sabre, et Achidaya se trouva fort aise avec cette arme. Il avait une très bonne capacité à le manier qui étonnait ses deux entraîneurs et même Elrond, qui passait parfois le voir, car c'était le fils de l'un de ses plus fidèles serviteurs. Il appris aussi à manier tout pleins d'autres armes secondaires, comme la dague, les couteaux de lancé et pleins d'autres encore. Et il arriva qu'un jour, se promenant avec une dague dans les rues de Fondcombe, il se sentit suivi par un homme dont l'aspect était de mauvais augure. Ceci lui rappela la fois où il s'était fait enlever, et alors, prit de peur, il se retourna d'un bond et planta sa dague dans le cou de l'homme, duquel il découvrit plus tard que c'était un homme de bien, qui ne toucherait pas à une mouche. Ceci le marqua toute sa vie car c'était son premier meurtre, ou plutôt faux-meurtre, la première fois qu'il tuait quelqu'un. Mais il le regretta, et se rappela une fois de plus les paroles de sa mère: «Prends garde à ne pas l'utiliser en faisant du mal. Car, je ne sais pourquoi, mais mon coeur me dit que tu en feras, tôt ou tard, involontairement ou non.»
Algur était toujours là et Achidaya le voyait toujours. Il continuait à s'entrainer avec lui et lui transmettait toutes ses connaissances. Un jour, alors que Berin lui présentait des types d'armes non très courants, Achidaya eut un faible pour l'une d'elles: le Shoto, qui était un katana mais deux fois plus court, mesurant de 30 à 60 centimètres. Son maniement était un mélange de la manipulation de la dague et du katana -ou du sabre si l'on préfère- et de la manipulation du shoto propre. Il appris ce maniement avec lequel il s'y sentait à l'aise. Il était très habile avec cette arme, et demanda alors à Berin et à Colwë de lui enseigner l'art de manier deux Shotos en même temps. Mais ils lui dirent qu'ils ne connaissaient pas cet art parce qu'il était rare et très dur à acquérir.
«Mais je connais un vieil elfe dans le Lindon qui connait très bien cet art, lui dit Berin, je vais tenter de l'amener ici pour qu'il te l'apprenne».
Et ainsi fut fait. Pas plus d'une année plus tard, Berin ramena le vieux maître, après avoir dû lui payer le prix en devant parcourir les Terres du Milieu en quête d'un trésor caché.
Achidaya commença alors l'apprentissage de cet art. Il s'entendit vite bien avec son maître et était un bon disciple pour celui-ci. En plus d'avoir dû rechercher un trésor caché pour lui, Berin et Colwë devaient lui payer 250 pièces d'ors par mois pour son apprentissage. Ils aimaient Achidaya, c'est le moins que l'on puisse dire.
Douze ans passèrent. Achidaya trouvait un certain réconfort en son maître et avec le temps son chagrin fut oublié. Son maître, qui ne lui avait jamais dit son nom, lui enseignait aussi la sagesse et Achidaya grandit beaucoup en écoutant ses sages paroles. Son père n'était toujours pas revenu. Il lui manquait. Un jour qu'il n'arrivait pas à se concentrer lors de l'entrainement, son maître lui dit:
-Concentre toi !! tu m'a l'air préoccupé par quelque chose d'autre depuis tout à l'heure. Qu'y a-t-il ?
-Rien, continuons !! dit Achidaya. Mais le maître garda ses armes baissées.
-Toi tu vas t'asseoir et me dire ce qui ne va pas, insista-t-il.
-Ben voilà, dit Achidaya maintenant assis, je ne te l'ai jamais dit, mais mon père est parti il y a 16 ans de cela pour venger ma mère, qui est morte assassinée. Et il n'est toujours pas revenu... je commence à m'inquiéter.
-Une vengeance peut être longue, si la haine du vengeur est grande, répondit le maître.
-Mais comment puis-je être sûr qu'il soit vivant ?
-Ecoute ton coeur.
Et Achidaya réussi à écouter son coeur, car après ces douze années de calme celui-ci était plein de quiétude. Il lit en lui que son père était toujours en vie, et ceci le rassura. Deux autres années passèrent. Achidaya avait 60 ans. C'était un jeune adolescent, il avait beaucoup mûrit ses dernières années. Il maniait maintenant très bien les Shotos et était prêt pour partir à l'aventure. Mais avant de partir, il voulait attendre le retour de son père. Lorsqu'il eut fini son entrainement à l'art des Shotos, son maître repartit dans le Lindon. Achidaya lui promit de retourner le voir un jour, et il en fut heureux.
«Ainsi nous nous quittons maintenant, après 18 ans de dur entrainement, dit le maître. Quand je t'ai connu, tu était un garçon triste et tourmenté par les évènements, mystérieux, cachant sous un regard sinistre sa vraie nature. Je dois dire que tu auras été mon meilleur apprenti jusqu'à maintenant, Achidaya. Voilà que tu es un parfait manieur de Shotos, maintenant, un garçon sage et paisible d'esprit, prêt pour partir à l'aventure. Je sens en toi une nouvelle force, construite de tes blessures même. Cela est bon, utilise la bien. Et retiens cette dernière leçon, petit: Le temps peut guérir toutes les âmes, même les plus touchées.
Et il ajouta avant de partir:
Au fait, je ne t'ai jamais dit mon nom: c'est Hülyak. Reviens me voir quand tu seras mûr et aguerri par les aventures. Bonne chance petit !!»
Puis il partit. Avec le temps Achidaya s'était drôlement attaché à lui et de le voir partir comme ça lui fit bizarre durant quelques temps. Les années qui suivirent, il se sentait heureux, emplit d'allégresse, son coeur étant guérit de toutes ses anciennes blessures. Mais la vie ne peut malheureusement jamais être heureuse pour toujours, après le beau temps vient toujours le mauvais temps, et cela Hülyak l'avait bien dit à Achidaya, car il se doutait de l'évènement qui allait déclencher la tempête...