Voyages d'Azûul Li et PNJ

[HRP: désolé d'intervenir, mais la flotte impériale impose un blocus à Umbar, cf mes derniers RPs. Ce sera un baptême marin pour Vearec
Je me permet aussi de faire remarquer un anachronisme: brick et goélette sont des navires apparus seulement au XVIIIème siècle. Tu peux parler de naves, busses, salandres, galées ou caraques même s'il est difficile de trouver des illustrations. Pour ma part j'utilise le terme assez vague de nef!!]


Depuis ces derniers mois, près de six cents navires étaient menaient un solide blocus aux cités côtières du Harad et plus particulièrement à Umbar, capitale des corsaires. Les frêles nefs de Nùmenor patrouillaient le plus souvent par groupe de trois. Ils traquaient sans relâche les navires corsaires et autres navires contrebandiers si bien qu'une situation de famine étaient en train de s'installer dans les plaines arides du pays des Sùderons.
Ce jour là, le capitaine Barahir, vétéran des guerres du Nord, commandait une escadre de nefs de guerre en patrouille, composé du Téméraire, du Foudroyant, et du Tenace . Le temps était calme et stable, la mer creusée par quelques vagues, et une brise agréable soufflait au Sud Ouest. La matinée était déjà bien avancée, lorsque la vigie signala des voiles à l'horizon. Barahir fit mettre le cap dans leur direction. Au bout de quelques minutes, le marin à l’œil perçant fut en mesure d'assurer qu'il y avait là plusieurs navires, de taille et de gréement différents. Le capitaine en déduisit qu'il ne pouvait s'agir de navires impériaux. Peut être des navires de commerce, escortés par des alliés...mais alors que faisaient ils aussi loin des côtes, qui plus est, plein cap vers le Harad. Il devait donc s'agir de contrebandiers.

Barahir ordonna à son escadre de resserrer ses voilures et de naviguer au plus prêt du vent. Il modifia le cap et décida de leur couper la route. L'escadre mystérieuse avançait lentement, cela probablement en raison de la différence de tonnage et de voilures des navires et à leur volonté de faire route ensemble.
Le capitaine ordonna que ses navires gardent leur distance afin de ne pas se couper le vent les uns aux autres. Il leur faudrait au moins trois heures pour rejoindre ces contrebandiers imprudents.




Vers le milieu de l'après midi, les navires du Gondor distinguaient clairement les navires ennemis. L'un d'eux était plus imposant que les autres et apparaissait clairement comme un navire corsaire. Il y avait aussi deux chaloupes, ainsi que trois nefs d'importance moyenne mais non conçu pour la guerre. Au totale six navires. L'affrontement pouvait paraitre inégale, mais l'aspect hétéroclite de l'escadre indiquait qu'elle n'était pas rompu aux manœuvre navales. En outre, seule une nef haradrim semblait capable d'un affrontement.
Barahir avait cependant du mal à saisir la nature des étrangers: était-ce là un convoi de ravitaillement? Les chaloupes semblaient remplie d'un équipage bien trop nombreux se pressant au bastingage, et le tirant d'eau indiquait pourtant que le chargement n'était pas bien important... C'était un sacré mystère. Aussi, le capitaine ordonna à son escadre de se mettre en ligne et de se tenir prêt pour l'affrontement tout en maintenant les distances au cas ou la flottille ennemi décide de virer de bord.

En quelques minutes ce fut le branle bas le combat. Les balistes à répétition furent montées sur le pont et fixées au bastingage. Les équipages étaient rompus à ce type de manœuvre et ils s’exécutèrent avec la plus grande discipline. Les marins revêtirent leur armement. On alluma des jarres pleines d'huiles et les archers se mirent en position.

Brusquement, au signal de Barahir, les trois vaisseaux virèrent de bord pour se rapprocher des navires Haradrims. Parvenus à distance de tir, le capitaine se munit d'un porte-voix.

"Abaissez votre voilure et mettez en panne face au vent. En cas de refus de votre part nous n'hésiterons pas à vous expédiez par le fond...nous procéderons ensuite à une fouille de vos navires."

Il fallait maintenant espérer que les intrus comprennent le langage commun. Les archers se tenaient prêt à lâcher le feux sur leur ennemis. De son côté Barahir espérer éviter un affrontement, même s'il suspectait l'étrange flottille. Quelque chose ne tournait pas rond et il fallait en avoir le cœur net.

Avec PNJ Azûul Li 

Les navires du Gondor entamèrent une prudente manœuvre. Sous le commandement de Barahir, une nef se rapprocha de la Rafale Dorée. Les autres navires haradrims s'écartèrent pour laisser passer l'embarcation des fils de Numenor. Sur le pont  de chaque navire quatre balistes à répétition étaient déployées ainsi qu'une quinzaine d'archers et une dizaine de lanciers. Une femme se présenta comme le capitaine. Elle héla ainsi Barahir:

"Je suis la capitaine de ce navire, je ne vous conseille pas de nous menacer de quelque façon que ce soit gondoriens !"


Le capitaine manqua d'éclater de rire. Qui pouvait donc être cette femme bien téméraire? Son apparence lui était inconnu mais dans un sens elle lui rappelait quelqu'un ou quelque chose. Le navire aussi avait quelque chose d'étrange. C'était une embarcation de premier ordre, taillé pour la course. Ce genre de nef était peu courant, voir même très rare. Il fallait qu'il se souvienne. Cependant il fit poursuivre la manœuvre et répondit d'un ton désinvolte:

"Écoute capitaine, ta petite flottille ne peux pas grand chose, alors ravale tes menaces. Fais encore la moindre erreur et mes vaisseaux te couleront sans autre forme de procès... si tu n'as rien à te reprocher, il n'y a pas de raisons d'être nerveuse.

À présent six hommes vont monter à ton bord et effectuer la fouille du navire. Veuillez coopérer à leurs injonctions. Quand à toi capitaine, passe donc dans ma cabine. J'ai quelques questions indiscrètes à te poser et tu m'as tout l'air d'avoir la langue bien pendue..."


L'équipage gondorien lança des amarres aux pirates. Les cordes se tendirent jusqu'à rapprocher les deux coques bord à bord. La tension était palpable sur le visage des hommes: les gondoriens et les haradrims savaient que ce genre de fouille pouvait se transformer en bain de sang. Quant aux brigands rohirrims, ils étaient sans doute les plus tendus. On disposa une passerelle entre les deux ponts que les marins chargés de la fouille traversèrent avant de disparaitre dans les cales de la Rafale Doré. Barahir quand à lui fit signe à Azûul Li de le rejoindre.

PNJ Azûul Li 

Les hommes de Barahir entamèrent la fouille des cales sombres. En pénétrant dans la partie immergé du navire, l'odeur typique des vieux rafiots leur prit les narines: un mélange de bois moisi, de goudron et de sel. Coins après coins, ils inspectèrent le chargement de la Rafale Doré. Pour l'essentiel, ils trouvèrent des vivres, mais en quantité trop réduite pour qu'ils représentent autre chose que les propres réserves du navire. L'officier superviseur présent estima cependant les réserves restantes. Ils trouvèrent aussi du matériel de charpentage nécessaire à la réparation des navires en mer et quelques objets divers propre aux navires.

Pendant ce temps Barahir interrogea Azûul  Li.

"Depuis quand les flottes rohirimes se font arrêter par une horde de navires gondoriens ?"

Depuis quand les rohirrims avaient-ils une flotte. Qui plus est dotée d'un navire si performant? Le Rohan n'avait même pas de frontière maritime. Au yeux de Barahir, il apparut clairement que la femme rousse cachait quelque chose. Mais il décida cependant de ne rien répondre aux sornettes de d'Azûul  Li. Rien ne pressait et la situation était quelque peu tendue, en témoignait le ton insultant de cette rouquine doué d'un certain aplomb. Malgré ses efforts, il ne parvenait pas à retrouver l'évocation que cette créature vénéneuse suscitait en sa mémoire.

"Il n'est pas de mes habitudes de révéler ce que je fais à des inconnus, qui es-tu gondorien ?"

Cette fois elle dépassait les bornes. Les yeux de la jeune femme cachaient une certaine tension, comme une sourde haine. Pourquoi réagissait-elle aussi excessivement à un contrôle de routine? Gondor et Rohan avait toujours été de bon alliés et rien ne justifiait une telle méfiance.

"Tu ne manques pas d'air capitaine et tu ne m'as pas répondu. Les questions c'est moi qui les poses...certains de tes hommes ont la peau bien ténébreuse pour être des rohirims?"

À ce moment là des cris retentirent. Après plusieurs minutes passées dans l'antre du vaisseau, les soldats ressortirent. Ils examinèrent quelques autres parties du vaisseaux, puis, n'ayant rien trouvé d'anormal, se mirent en devoir de fouiller la cabine. Mais lorsqu'ils pénétrèrent dedans, des cris de protestation les accueillirent. De l'extérieur parvenait quelques bribes de conversations qui semblaient parfois une dispute conjugale et qui ne tardèrent pas à emplir l'espace des deux ponts.

Finalement le lieutenant en charge de la fouille ressortit bientôt de sa cabine, franchit à nouveau la passerelle séparant les bords et alla informer son capitaine des résultats de l'inspection. Les deux hommes s'isolèrent pour parler à voix basse. Il y avait trop de vivres pour un simple voyage jusqu' au Gondor Sud. Ils étaient d'ailleurs presque au niveau de la frontière et leur route ne semblait pas indiquer qu'ils allaient vers les côtes. Leur destination probable était donc le Harad, vraisemblablement Umbar ou un port proche. D'un hochement de tête, Barahir signifia son approbation à son subordonné avant de retrouver Azûul Li avec un certain sourire au coin des lèvres. Ses yeux brillaient d'une malice secrète et sous sa longue barbe poivrée, il dissimulait des traits encore jeune, celle d'un homme dans la force de l'âge.

"Vous m'avez demandez mon nom? Le voici!"

D'un geste rapide et surprenant, Barahir décrocha alors un formidable coup de poing qui envoya Azûul rouler par terre tout en lui faisant éclater l'arcade et noyant son œil sous le sang. Les lanciers l'entourèrent avant qu'elle eu put se relever. Le capitaine du Gondor se dressait devant elle. On pouvait alors percevoir la force de cet homme qui l'avait amené à devenir capitaine d'escadre. D'ascendance edaine, il avait presque trois fois l'âge d'Azûul Li et autant d'expérience en plus. Depuis quarante ans il traquait les pirates d'Umbar et il avait appris au fil des années à connaitre leurs ruses. À présent il se remémorait quelques histoires de port: une femme pirate à la chevelure rousse. On disait son navire l'un des plus rapides. C'était sans doute exagéré au vue de l'apparence de la coque mais il était certain que l'embarcation tenait bien la mer.

"À présent capitaine, tu vas ravaler tes insultes et ton dédain. Tu ferais d'ailleurs bien de les ravaler pour toujours car si tu n'avais pas été aussi exécrable, j'aurais sans doute été plus clément et moins suspicieux.

Ordonne à tes hommes de se tenir calme. Sans armes ils ne peuvent rien face à nos balistes à répétition. Nous allons déporter tes vaisseaux sur Tol Fallas et procéder à un contrôle plus poussé. Si l'un d'entre vous tente de fuir, c'est la mort assuré pour tous les autres...Est-ce bien clair capitaine?"

Barahir repris son calme habituel. Il savait faire fort impression quand cela s’avérait nécessaire. Le capitaine n'était pas réellement de nature violente, mais sa mission pouvait l'exiger. Azûul Li venait d'en faire la douloureuse expérience à son insu. On laissa la femme rousse se relever, mais des hommes s'emparèrent d'elle pour la conduire vers les cales du vaisseau.

"Mettez-la au fer. Si tu le désires capitaine nomme un second pour te remplacer à la navigation...quand à toi étranger, si ce que tu prétends est vrai, tu vas me fournir quelques explications. Mais avant cela nous allons mettre le cap sur l'île de Tol Fallas."

Le capitaine se lança dans une série d'ordres que ses marins exécutèrent avec discipline tandis  que les troupes navales surveillaient les navires ennemis. Les vaisseaux se mirent en ordre de route selon les instructions que Barahir donnait au fur et à mesure. Ils avancèrent bientôt toute voile dehors alors qu'un vent de travers constant gonflait ces oiseaux de bois et de toile. L'après midi touchait à sa fin et il valait mieux éviter de tarder s'ils désiraient arriver avant la nuit au point de rassemblement de la flotte, situé à une dizaine de milles de la pointe Sud Ouest de l'île. Barahir alla cependant constater les éphémérides qui s'avérèrent n'être pas favorable pour un atterrissage* en pleine nuit. Il valait peut être mieux gagner le Phare de Tol Fallas sans doute plus loin, mais plus facile à aborder. Les étrangers y étaient interdit en raison de l'aspect secret de la base, mais le chenal d'entrée qui y menait était éclairé par des lanternes tout du long de la nuit.

Puis lui revint ce mystère autour de la femme rousse. Il y avait bien quelque chose qui ne tournait pas rond. Elle lui rappelait quelqu'un. L'une de ces vieilles histoires que l'on se raconte auprès du feu lors de la veillée. Elle était pourtant bien jeune, et ne semblait pas d'ascendance numénoréenne. Barahir laissa cette idée de côté. Il finirait bien par se remémorer la chose. Aussi il se concentra plutôt sur la navigation.
Alors que le capitaine achevait de dresser leur itinéraire sur la carte, on frappa à sa porte. Deux lanciers et Vearec pénétrèrent dans sa cabine. D'un geste Barahir congédia la soldatesque et demeura seul avec le brigand.

"Les gens de Rohan, si c'est bien de là que tu viens, sont assez rares dans la baie des Fallas, surtout ces derniers temps. On dit qu'ils mènent la guerre à l'Est...cela ne semble pas être ton cas. Aussi j'aimerais que tu m'éclaires sur cette flottille des plus curieuses. Certains d'entre vous sont des haradrims, la couleur de leur peaux ne trompe pas ! Je suppose que vous vous rendez donc vers Umbar ?
Ce que je ne saisit pas, c'est le but de votre voyage : vous n'avez ni marchandise, ni or, seulement une poignée de rohirims. Vous vous prétendez seigneur, ce dont je doute. Au mieux un mercenaire...

Si vous êtes bien un dresseur de chevaux, vous parlez Rohirique. Nous aurons l'occasion de vérifier cela au port. Dans ce cas je ne puis vous soumettre à la torture en raison des accords de paix entre nos deux pays. Mais cette femme rousse, elle n'est pas protégée par la loi. Nos bourreaux sauront la faire parler...à moins que vous nous épargniez cette tâche ?"

Barahir plongea alors ses yeux gris et brillant dans ceux de son interlocuteur tachant d'y déceler la flamme du mensonge. Au cours de sa vie, il avait interrogé des dizaines de contrebandiers. Si la persuasion de fonctionnait pas, quelques heures entre les mains des bourreaux les rendait plus doux que des agneaux.


*À l'origine, l'atterrissage est, en navigation maritime, le moment où dans un navire venant du large, le navigateur aperçoit la terre et identifie la côte qui se présente à lui grâce à des amers caractéristiques.

La cabine s'emplit d'un silence après les paroles de Vearec. On entendait grincer le bois du navire, à mesure que la coque oscillait lentement sous le mouvement de la houle et des vagues. Barahir se leva et fit quelques pas dans à travers la pièce passant derrière le rohirim. Le capitaine tentait de conserver sa patience : les dires de Vearec suintaient la puanteur du mensonge. Il avait même bafouillé, ce qui relevait d'avantage de la maladresse que d'un problème de diction chronique au vue de la manière dont il s'était exprimé auparavant : « Az... ». Le début du nom de la femme au cheveux roux. Cependant le gondorien savait qu'un interrogatoire nécessitait du temps. Il décida donc de pousser son interlocuteur dans ses retranchements pour parvenir à le confondre dans une contradiction.

« Il m'arrive de me tromper, aussi n'hésitez pas à me le signalez...
Donc si je comprend bien, des rohirims raccompagnent des suderons chez eux. Au vue des navires et de leur style de charpente, ce sont bien des nefs dans la plus pure tradition haradrime. Vue que vous n'êtes pas marins, permettez moi de vous demander quelles sont vos fonctions exactes dans ce voyage ? »


Barahir passa sa main dans sa longue barbe de bronze. Il ne parvenait toujours pas à percer ce sentiment de déjà vu qui lui encombrait l'esprit. Ce n'était pas sa beauté qui le fascinait, ni sa aplomb presque suicidaire. C'était d'avantage sa position. Les femmes était la plupart du temps interdites sur les bateaux. En voire une, qui plus est capitaine, cela relevait du miracle. Le capitaine n'était pas très au faite de récit de piraterie et de navigation actuelle. Il n'aimait d'ailleurs pas les légendes, et préférait se concentrer sur les phénomènes tangibles autres que des réputations transmise par le bouche à oreille. On ne pouvait le tromper pour ce qui était des vaisseaux. « Az... »

« Et d'ailleurs que seraient venu faire des marins haradrims au Gondor ? Ils n'ont pas vraiment l'air de marchand vos amis... ? »


Pour énerver Vearec, le capitaine Barahir se mit à tambouriner sur la table, rendant le silence plus pesant. Ses doigts cognaient en rythme le bois de la table. Mais plutôt que de rester constant, il cassait la mesure de temps à autre, volontairement ou par erreur. Il en résultait un bruit agaçant.


Dehors, le soleil avait plongé derrière la ligne ouest de l'horizon. Les navires avançaient à bonne allure et une brise du soir vint renforcer leur course. Les voilent, rosis par le crépuscule se gonflèrent d'avantage. La côte était clairement visible à l’œil nu, même si le phare et ses lueurs n'apparaitraient qu'avec la nuit installée. La mer avait prit la couleur d'une liqueur à mesure que les vagues s'étaient apaisés, leur onde brisé par la proximité de l'île.

Dehors les étoiles brillaient doucement. Vers le sud des nuages sombres laissaient paraitre leurs ombres sur ciel. L'officier de quart fixa les astres quelques instants. Il repéra les pléiades. Levant une astrolabe il effectua des relevés qu'il apposa sur une tablette de cire d'une écriture habile. Il effectua quelques opérations. Puis, accompagné d'un mousse, il se porta à la poupe du vaisseau. Il lancèrent alors à la mer une longue corde noué à intervalle régulier. À l'aide du sablier de bord, le lieutenant mesura le temps. Ils renouvelèrent l'opération à trois reprises. L'homme calcula alors une vitesse moyenne et inscrivit le nouveau résultat sur la tablette. Il se dirigea alors vers la cabine de Barahir et frappa à la porte.



"Faites de nous ce que vous voudrez, mais vous devriez savoir qui vous transportez, je pense que ni le harad, ni le Rohan n'apprécieraient..."

Le bougre avait du toupet! Barahir lui accordait cela. Mais c'était un argument bien mince. Le principal danger venait des haradrims: le Gondor était officiellement en paix avec l'empire du Sud. Mais le pays des suderons avait implosé depuis le départ de son maitre. Ses cité avaient retrouvé leur indépendance. Quant à la capitale Umbar, les pirates y avaient rétabli leur commerce de jadis et même si les flottes de l'Ouistrenesse avait endigué le phénomène, les corsaires restaient intrépides.
Pour les rohirrims c'était différent: ils venaient de terres plus éloignés, et même si la diplomatie les protégeait théoriquement, ils se trouvaient dans les eaux du Gondor. Ils étaient donc soumis à la loi du pays. Le blocus nécessitait une surveillance strict. Il était donc légitime de contrôler ceux qui tentaient de franchir la garde observé par les nefs des fils de Nùmenor.
Vearec semblait prendre ses aises à présent. Peut être Barahir devait-il lui laisser croire qu'il avait gagné. Renoncer à une victoire immédiate et laisser le temps faire son œuvre. Le rohirim finirait bien par laisser transparaitre sa vrai nature, et cela malgré lui. Le capitaine hésita et observa un long silence. Quelqu'un frappa à la porte. Barahir intima d'entrer. C'était son second.

"Les relevé de dix heure mon capitaine".

Le lieutenant tendit une tablette en cire. Le capitaine s'en empara et l'étudia quelques instants avant d'aller la déposer sur un tas de cartes en désordre. Le subordonné salua avant de quitter la pièce. Barahir se lanca.

"Je me dois de contrôler les navires qui outrepassent le blocus. Vous êtes des voyageurs et ma mission est de surveiller vos allers et venues."

Il se racla la gorge, respira profondément et lâcha:

"Mais soit, je reconnais que la diplomatie m'oblige à vous traiter avec un minimum d’égards. Cependant votre capitaine a refusé de répondre à mes questions. Et votre affaire est plutôt louche...Vous même vous éviter de répondre à mes questions. Je me dois de vérifier avec exactitude vos dires. Vous refusez de parler? Tant pis, j'ai tout mon temps! Nous allons fouiller les navires à quai et pousser nos investigations plus loin."

Alors je vous le redemande une dernière fois: qui êtes vous, et quel est la véritable raison de votre présence?"

Les navires filèrent dans la nuit encore deux longues heures. L'air fraichit. Peu à peu les lueurs du phare apparurent. Un léger voile de vapeur se forma sur la mer composant comme un second océan de brume au dessus du flot huileux. Mais plus le temps passait, plus la lueur grossissait constamment. La côte était parfois distinguable malgré l'obscurité ambiante. Le vent était quelque peu tombé quand soudain, surgissant de nulle  part, une immense  lagune délimitée par des lanternes disposées à intervalles réguliers dessina ses contours devant eux. L'éclat des lampes était quelque peu étouffé par la vapeur, et il leur fallut peu de temps avant de retrouver les lueurs du phare qui s'étaient perdues derrière une falaise abrupte avant d'en émerger à nouveau au détour d'un à pic dévoilant alors le spectacle étonnant d'un long fjord abrupte et encaissé, mais cependant suffisamment large pour laisser se croiser deux navires.

Peu à peu, les coques s'engouffrèrent les unes derrières les autres dans le chenal. Comme des lucioles en suspend, les mêmes lanternes encadraient le couloir de pierre. Au bout, d'une tour haut perchée sur les falaises, un feu puissant brillait à présent. On réduisit la voilure au minimum, entamant une progression plus longue. Bientôt la rumeur des vagues cessa de troubler le flot. Les capitaines manœuvraient avec habilité leurs vaisseau disparates. Le navire de Barahir menait cette chenille étrange qui amenait de drôle d'individus dans le port du Phare de Tolfallas.

Ils parvinrent au bout de leur course après environ trois cent encablures et se trouvèrent encadrés par deux tours imposantes prenant appuie sur les falaises. Entre les deux, une large chaine d'acier barrait l’accès. De la proue de son navire, muni de deux torches, un marin effectua une série de signes à l'aide de pauses diverses et variées. Des sentinelles semblèrent alors s'affairer à abaisser l'entrave. Peu de temps après les navires franchissaient les portes du port. Devant eux s'ouvrait un immense cirque de gré albâtre. Dans ses parois, toute une ville avait été taillée. Des quais étaient installé tout le long, comme un grand cercle de pierre dressant un anneau autour de l'île centrale où s'élevait la capitainerie, sorte de donjon où une importante part des troupes maritimes étaient logé. Des passerelles s'élançaient au dessus de l'anneau liquide qui enserrait l'ensemble et où plus d'une vingtaine de vaisseaux étaient au mouillage.

[HRP: je n'ai pas compris si tu te présentais avec trois navires ou un seul?]

Trois vaisseaux d'Umbar s'était présenté devant le blocus. De nombreux navires de la flotte d'Ouistrenesse s’avancèrent à sa rencontre. Sur le pont ce fut le branle bas de combat. Après tout, les hommes de l'Ouest ignoraient les intentions des pirates. Les balistes durent être remontés, on déploya des tonneaux remplit de flèche pour les archers ainsi que des braséros, et finalement, prêt pour un abordage, les navires encadrèrent d'une manœuvre habile le vaisseau corsaire. Leur chef interpella les gondoriens. Il ne manquait pas d'air.

Le capitaine en charge de l'escadre, un certain Ménéas, se présenta sur le gaillard d'avant de l'un des navires. Il était grand et blond, probablement originaire de l'Arnor plutôt que du Gondor ou de Nùmenor. D'une voix puissante qui porta loin il répondit à Ashrâan.

"Corsaires! Nous allons vous mener à Tol Falas pour y rencontrer l'amiral Alcibiade. Si vous tentez la moindre fuite, nous vous promettons la mort. À présent virez vers le Nord Ouestet suivez nous."


Les navires reprirent leur course, portés par des bourrasques irrégulières. Ils furent vite en vue des côtes de l'île où les vaisseaux obliquèrent vers une grande étendue sableuse. Des dizaines de navires avaient été tirés sur le sable. Un grand fort  de campagne était aménagé, principalement à base de palissades. On pouvait deviner qu'il était là depuis plusieurs mois déjà, car une partie des défenses avait entamé un processus de sédentarisation: Une épaisse tour de brique était achevée et des fondations jaillissantes laissaient présager l'élévation d'une seconde tour.

Les nefs furent tirées à leur tour sur la plage. La tâche fut facilité par la marée ascendante qui porta les coques jusque sur le sable. Les haradrims furent assigné dans leurs vaisseaux sous bonne garde tandis qu'Ashrâan fut conduit devant d'autres officiers. Ces derniers discutèrent un moment avant d'enjoindre au Suderon de le suivre.

On le fit monter sur un cheval puis on lui banda les yeux. Une vingtaine de cavaliers quitta alors le camp vers le phare de Tolfalas, à un jour de chevauché. Ils poursuivirent la route de nuit. Cela signifiait que la mission était urgente et que la venue du conseiller était prise très au sérieux. Au petit matin, fatigué par le voyage, ils parvinrent au port fortifié. Lorsque l'on retira son bandeau à Ashrâan, il se trouvait dans une pièce en face de l'amiral Alcibiade.

Suite à Tolfalas