Voyages de Dolan

Dolan montait de nouveau un coursier noir du Mordor. Il l’avait trouvé tout harnaché à sa disposition en bas de ses appartements. C’était une bête magnifique bien que répugnante par bien des aspects. Pourtant Dolan s’était refusé à lui donner un nom. Il n’était même pas certain qu’il s’agisse de la même bête qui l’avait mené jusqu’au Mordor. Dolan l’enfourcha donc et prit la route du sud. Seul.
En effet, au final, aucun elfe de la Garde Noir n’avait été mis à sa disposition. Sauron avait du changer d’avis au dernier moment, comme cela arrive souvent aux grands seigneurs. Et sans explications, on lui avait donc signifié que l’ensemble de la garde rapprochée de Sauron était requise pour la protection de leur monarque. Par conséquent, il devait se rendre au Harad accompagné d’une compagnie d’orc s’il le désirait. Dolan avait décliné l’offre. Se présenter accompagné d’orcs devant l’impératrice avait toute les chances de faire capoter les négociations.

Dolan lança donc sa monture au galop à travers les plaines poussiéreuses du Mordor. Il ne fit pas ralentir son destrier avant d’avoir franchi la Porte Noire.

[Umbar => Barad-dùr]
(14 cases, à cheval, donc 28 heures)

Dolan chevauchait à nouveau vers le Mordor. Son coursier noir lui avait été rendu par un palefrenier à la figure maussade et sa besace était remplie de contrats commerciaux divers, mais aussi et surtout de cette promesse d’alliance militaire qu’il avait tellement eut à cœur. Chacun de ces documents avait été signé par le notable haradrim responsable, et paraphé par l’élégante griffe de l’impératrice Azûul Li.

Sa mission était un succès en tous points. Un succès pour le Mordor, qui élargissait considérablement ses relations commerciales, trouvait un territoire pour l’écoulement de ses produits et affirmait sa position centrale dans la région. En un mot, il devenait un acteur incontournable qui ne tarderait pas à se rendre indispensable non seulement au Harad, mais aussi bientôt au jadis puissant empire oriental. Et par la même occasion, le Mordor renforçait sa puissance militaire, rendant suicidaire une attaque en provenance du Gondor et permettant de maintenir une pression menaçante continue sur l’Ouistrenesse.
C’était également un succès personnel pour Dolan. En effet, il avait l’impression d’être parvenu à traverser la muraille glaciale qu’avait érigé l’impératrice Azûul Li. Malgré quelques maladresses, il lui semblait avoir gagné sa confiance et il était peu probable que la froide souveraine accorde autant de confiance à toute autre personne provenant des terres noires. L’ambassadeur se rendait ainsi indispensable aux deux pays et s'offrait de nombreuses opportunités dont il était privé lorsqu’il se tournait uniquement vers le Mordor.

Dolan avait cependant peur de s'être beaucoup ouvert également face à Azûul Li. Et il se surprenait souvent à penser à elle avec beaucoup plus d'affection qu'il ne l'aurait cru.

L'ambassadeur avait donc le sourire aux lèvres derrière son masque qui le protégeait des assauts du soleil, du vent et du sable. Son cœur était léger alors qu’il approchait des frontières du Mordor.