Ce qui ne tue pas rend plus fort [Flashback Khaal + Lenneä]

Ce qui ne tue pas rend plus fort

La douleur. Tantôt distante, tantôt proche. Parfois faisant semblant de se retirer pour revenir bien plus forte, comme les vagues de l'océan se fracassant sur la côte lors d'une tempête. La douleur, encore et toujours elle, était la seule sensation concrète qui lui venait à l'esprit. Impossible pour Lenneä de bouger, impossible d'ouvrir les yeux. Mais une certitude – bien qu'amère – venait avec la douleur, certitude qui poussait la jeune elfe à tenter toujours davantage de repousser cet adversaire que lui imposait son esprit : elle n'était pas morte. Même si elle n'aurait pas tenu rancune que quelqu'un l'achève pour abréger ses souffrances.

Difficile de savoir ce qui se passait autour d'elle. Ni combien de temps s'écoulait entre chaque moment qu'elle comptait comme étant « éveillée ». Elle ne pouvait, en l'absence d'une ouverture de ses paupières, deviner si elle dormait ou non. Il lui semblait tout de même qu'elle parvenait parfois à sombrer dans un demi-sommeil, un état plus comateux qu'autre chose pendant lequel elle revivait l'horreur des combats : ses amis qui mourraient, son clan qui mourrait petit à petit. Mais parfois, elle revivait sa propre mort : l'excitation du combat, la vue du sang, l'euphorie de sentir l'épée mordre la chair et tuer. Puis une douleur subite, énorme, un liquide chaud sur son visage lui brouillant la vue, et une chute sur un sol herbeux dont elle aurait juré qu'il était plutôt fait de plumes, tant elle ne sentit rien. La sensation de partir loin, très loin, rejoignant les siens dans l'au-delà.

A un autre de ses réveils, elle crut percevoir la présence de quelqu'un. Elle aurait juré qu'une personne – homme ou femme, impossible à déterminer – touchait son visage. Mais encore une fois, seule la douleur était certaine, et il était possible qu'elle ait tout simplement rêvé cette sensation de présence. Mais si c'était tout de même le cas, alors elle n'était définitivement pas morte car quelqu'un s'occupait d'elle. Quelqu'un de son clan peut-être ? Ce serait d'un tel réconfort. Savoir qu'elle n'était pas seule, qu'il y avait encore quelqu'un sur qui compter et en qui avoir confiance. Puis elle sombra à nouveau dans l'inconscience, selon elle, car elle revécu encore les combats sans plus rien sentir d'autre que la douleur.

Puis, un jour, elle crut que la douleur était partie. Elle avait chaud, très chaud même, mais la douleur semblait éloignée, comme si on l'avait bloquée derrière un mur. Elle essaya alors de bouger ses mains, ou ses pieds. Impossible. Alors, l'odorat ? Oui, ça sentait définitivement quelque chose ! L'encens, peut-être ou un épice. Étrange odeur, en tout cas, qui lui semblait familière. Et soudainement, sans parvenir à trouver pourquoi elle y arrivait maintenant, aussi brusquement, elle ouvrit les yeux. Et elle se redressa dans son lit.

La joie de retrouver toute sa mobilité apporta un flot d'adrénaline dans son sang, à tel point qu'elle tourna vivement la tête autour d'elle, essayant de voir tout ce qui l'entourait. Elle aperçut quelqu'un, non loin. Elle n'arrivait pas à distinguer à quoi elle ressemblait, sa vision se striait de tâches noires.

« Qui... oh. »

Ce fut tout ce qu'elle parvint à articuler. Elle se sentit partir, puis retomba lourdement sur ce qui semblait être un lit sommaire. Et ce fut à nouveau le demi-sommeil et les instants de vive douleur. Jusqu'à ce qu'elle se réveille à nouveau, plus calmement cette fois. Elle tourna la tête vers la silhouette, qui semblait ne pas avoir bougé. Plissant les yeux – elle n'y voyait toujours pas grand chose vu son état – elle essaya en vain de discerner quelque chose.

« Eh... j'suis réveillée . A boire, s'il vous plaît. Gorge... sèche. » grogna-t-elle, d'une voix pourtant faible.

Elle essaya de lutter contre le sommeil qui tentait de la reprendre, une fois de plus. Elle serra les couvertures de sa main gauche, comme si ce contact allait lui permettre de rester en vie et éveillée. Alors qu'en réalité, c'était juste pour s'assurer qu'elle ne glisse pas, car elle était totalement nue en dessous. Un bref coup d’œil la rassura quand elle aperçut ses affaires non loin.

Bon, elle arrivait cette putain de boisson ?!

PNJ Khaal

Ce qui ne tue pas rend plus fort [Flashback Khaal + Lenneä] Po_hu_f_royo13_h

A Krell-Kain, Khaal avait bien trouvé des orientaux encore loyaux envers Sauron. Après une énième rencontre dans une taverne à l’atmosphère surchauffée, elle était finalement tombée sur Rekhir, un balchoth venant d’une tribu d’une branche secondaire. Ces derniers avaient quitté le Rhovanion longtemps avant l’ultime bataille de Dol-Guldur pour s’installer sur les rivages de la Mer de Rhûn. Une caravane assez imposante était venue à la capitale pour vendre les produits du clan. Se prenant d’amitié avec Rekhir et sa bande, et gardant en mémoire son objectif final, elle décida qu’elle rejoindrait le convoi une fois ses affaires à Krell-Kain terminées. C’est ainsi qu’elle quitta la capitale un jour après la caravane balchoth.

Ce clan oriental connu pour former une horde brutale avait pour habitude de piller et détruire les tribus voisines. Khaal à force de persuasion et usant de ses charmes avait fini par convaincre Rekhir que ceux qui ne croyaient pas en Sauron n’étaient que des lâches et des déserteurs qui ne méritaient pas de vivre. Elle avait joué sur cet aspect des orientaux qui en font les plus grands guerriers de la Terre du Milieu mais aussi des hommes facilement manipulable : la fierté. La chamane avait réussi à ancrer dans la tête du clan que les orientaux qui n’étaient pas loyaux à Sauron ne méritaient pas d’être appelés hommes du Rhûn. C’est ainsi que sur le chemin du retour, les balchoths installés dans leurs chariots et sur leurs chars s’étaient mis en tête de défier tout clan impie croisé.

Au soir de leur troisième journée de voyage, la caravane arriva en vue d’un campement. Rekhir et deux de ses hommes étaient partis en avant du groupe à la rencontre de cette tribu. De toute évidence la discussion qui s’en suivie ne plut pas aux balchoths et recevant un signe des trois hommes, le reste du convoi chargea le campement...

Quand Khaal arriva sur les lieux de la bataille le lendemain, un large sourire se dessina sur son visage. Les hommes étaient si faciles à manipuler, ça en devenait navrant. Elle posa pied à terre et inspecta les décombre à la recherche de richesses oubliées par la caravane. Mais ce qu’elle trouva ne fut pas ce à quoi elle s’attendait. Un peu à l’écart du campement, une femme était en train d’agoniser. Ses cheveux blancs étaient recouvert de poussière et de sable tout comme sa tunique et du sang avait coulé de sa tête teintant de rouge le coté gauche de sa chevelure. Khaal se demanda pourquoi les balchoths l’avaient épargnée. Mais en s’approchant la réponse s’offrit à elle. La blessée était une elfe et si les orientaux étaient sans scrupule, ils avaient un certain sens de la dignité. Surement avaient-ils pensé que cette elfe n’avaient rien à faire dans leurs histoires. Intriguée par la présence d’une telle personne au milieu du désert, Khaal se décida à la soigner pour en apprendre plus. La blessure qu’elle avait subie était assez grave, la partie gauche de son visage était entamé par une large plaie. Elle installa l'elfe sur un lit de fortune. La chamane piocha dans sa besace pour en sortir une petite fiole et une feuille séchée. Heureusement qu’elle avait profité de sa visite à la capitale pour faire le plein. Une fois le baume appliqué et la plaie couverte par la feuille, Khaal laissa le temps faire son œuvre.

Finalement après quelques heures, l’elfe commença à remuer et alors que l’orientale se trouvait à l’ombre de son cheval, elle entendit l’inconnue réclamer de l’eau. Elle s’approcha doucement comme intriguée par la blessée, après tout c’était la première fois qu’elle croisait la route d’un elfe. Elle se pencha au-dessus de l’inconnue et lui versa un peu d’eau de sa gourde dans la bouche. Le premièr effet fut de la faire tousser tellement sa gorge devait être sèche mais la deuxième gorgée passa mieux.

« Vous savez, vous êtes vraiment chanceuse. Vous êtes la première personne sur qui j’exerce mes dons de guérisseuse depuis une éternité. J’ai plutôt tendance à amener la mort partout où je passe…»

Elle avait dit cette dernière phrase d’un air malicieux, car pour elle tout cela faisait partie d’un jeu. En fait après toutes les épreuves qu’elle avait subi, c’était la vie qui était un jeu.

HRP : ta réponse me convenait donc j'ai pas répondu au Mp mais directement ici.

L'eau était délicieuse, bien qu'elle fit tousser l'elfe. Elle en recracha un peu, toussa encore, puis rebut une gorgée. Louée soit cette femme, elle était bien aimable de l'aider. Etait-elle chamane ? Maintenant que sa vue redevenait normale, Lenneä s'en rendait bel et bien compte. Elle avait une tenue typique de ces personnes essentielles aux clans orientaux, qui les prenaient pour leurs guérisseurs et leurs guides spirituels. Bien qu'elle rhûnienne d'adoption, l'elfe comprenait et partageait ce sentiment. Elle la remercia d'un signe de tête, puis essaya de se lever. Une violente grimace tordit sa bouche et elle réprima un cri de douleur. Elle réalisa alors que la chamane avait également dit autre chose.

« Désolée, je n'ai pas compris. »

C'était la vérité. Elle comprenait parfaitement la langue de l'Est, mais son état précaire ne lui avait pas permit de comprendre davantage qu'une poignée de mots. Elle regarda autour d'elle, écarta une mèche de cheveux de son visage. Sa blessure – au visage manifestement – était douloureuse et la démangeait atrocement. Néanmoins, elle guérirait vite. Elle restait une elfe, et sa guérison ne ferait aucun doute. Seul bémol, la cicatrice qu'elle porterait sûrement jusqu'à la fin de ses jours. Elle reconnut alors l'endroit où elle était : c'était le lieu où elle s'était traînée après sa blessure. Elle était seule, blessée et perdue quand elle avait ouvert les yeux pour la première fois après le combat. Elle s'était manifestement traînée assez loin sur le champ de bataille, car elle voyait là davantage de guerriers des clans adverses que du sien. Elle enleva alors la couverture, et se traîna vers ses affaires.

Sans la moindre pudeur, elle s'exposait ainsi totalement nue le temps qu'elle se rhabille. Elle pesta en voyant ses habits tâchés d'un sang qui n'était pas que le sien. Elle remit son pantalon, ses bottes, sa chemise, puis récupéra son poignard. Elle prit sa karabela, laquelle se trouvait toujours dans son fourreau. Elle ne l'ajusta pas dans son dos, car déjà elle sentait que ses soudains mouvements allaient la faire flancher. Elle revint s'asseoir – ou plutôt se laisser tomber épuisée – à côté de la chamane.

« Les membres du clan Syrial ? Y a-t-il des survivants ? Vous n'êtes manifestement pas de mon.. de ce clan. »

Elle prit la gourde d'eau, et s'en aspergea sur le visage et les cheveux. Elle en profita pour nettoyer son visage et ses cheveux de la puanteur et du sang séché qui s'y trouvaient. Elle replaça ses mèches blanches sur ses oreilles, puis rendit la gourde désormais vide. Elle se sentait de suite bien plus en forme, malgré la forte démangeaison de son visage. Surtout, ne pas gratter.

« Racontez-moi, s'il vous plaît. Que s'est-il passé ? Je me souviens... de la bataille puis après c'est le brouillard. »

PNJ Khaal

Khaal regarda l’elfe récupérer ses affaires. De toute évidence elle semblait un peu perdue et sa blessure l’avait décontenancé. La chamane n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait faire dans le Rhûn. Peut-être une elfe de Mirkwood qui avait été capturée par une horde orientale, ou une prisonnière de guerre. L’inconnue se mit alors à lui parler dans la langue du Rhûn ce qui surprit Khaal. Après tout peut être n’était-elle pas une captive.

«Je vous ai trouvé inconsciente ce matin. J’ai bien peur que cette bataille soit de faute. Et j’ai aussi peur… qu’il n’y ai aucun survivant de ce clan. Les balchoths qui ont fait ça sont loyaux à Sauron et de toute évidence… elle regarda autour d’elle, ce n’était pas le cas du clan Syrial. De plus en plus de tribu se joignent au Mordor et sans recevoir d’ordre des hommes de Sauron, ils attaquent ceux qu’ils qualifient d’impie. Le Rhûn a une longue histoire avec son voisin du sud, parfois c’est le grand amour, mais le plus souvent c’est la guerre, donc les clans orientaux sont partagés.»

Elle avait dit tout ça d’un ton détachée, après tout c’était ses décisions qui avaient aboutie à la destruction de ce campement et à la mort des membres de ce clan. Elle attrapa dans sa besace des boutons de cactus séchés. Elle en tendit une poignée à l’elfe.

« Tenez, si vous sentez toujours la douleur, cela la calmera… Si je peux me permettre, qu’est-ce qu’une elfe peut bien faire au fin fond du désert ? Ils vous ont capturé ? Vous étiez leur esclave ? C’est très rare de croiser des étrangers si loin dans les terres.»

Puis Khaal remarqua que l’inconnue avait ramassé l’épée qui se trouvait à ses côtés comme s’il s’agissait de la sienne. La chamane avait repéré l’arme mais jamais l’idée que ce soit celle de l’elfe ne lui avait traversé l’esprit sinon elle l’aurait cachée au cas où la blessé décide de se venger.

« Je vois... Finalement peut être n’êtes-vous pas une esclave. Pourquoi avoir rejoint ce clan ? Je pensais que les elfes étaient des créatures pacifistes, amoureux de la nature et tout le blabla… »

Tout ce qu’elle savait des elfes, Khaal l’avait appris dans les manuscrits de sa tribu. Sur ces parchemins on ne parlait que des grands personnages, des guerriers légendaires et des valeurs des elfes. Voilà pourquoi la chamane n’avait jamais entendu parler d’elfes rejoignant les camps ennemis. Elle regarda donc l’inconnue d’un tout nouveau regard et une certaine anxiété se fit sentir. Mais en même temps que cet étrange sentiment que Khaal n'avait plus ressenti depuis une éternité, une nouvelle idée germa dans son esprit. Si cette elfe était une guerrière d'un clan oriental, peut être pourrait elle la convaincre de rejoindre le camp du Mordor, car c'était bien là la mission pour laquelle elle était revenue au cœur du Rhûn. Mais tout cela s'annonçait difficile étant donné que c'était un clan pro-Mordor qui avait détruit le sien... Khaal allait attendre de voir la réaction de l'elfe à toutes ces révélations avant d'envisager de prêcher la bonne parole de Sauron.

Surtout ne pas pleurer. Démonstration de faiblesse que cela, et elle s'y refusait en cette période de doute. Son clan venait d'être détruit, et elle n'était plus que la dernière d'entre eux. Si elle avait été seule, elle se serait peut-être laissée aller aux larmes, mais elle devait se montrer forte. Les larmes sécheraient avant de quitter l'orée de ses yeux, se promit-elle. Elle regarda autour d'elle, comme si observer le corps de ses anciens compagnons d'armes et des morts adverses pouvait la réconforter. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Aussi se contenta-t-elle de soupirer, et de dégager une mèche de cheveux qui effleurait sa blessure. Elle ignorait si c'était un effet de son sang elfique, mais elle ne sentait plus grand chose, hormis l'horrible démangeaison.

Elle regarda la poignée de son épée. Sa karabela elfique. Une lame d'une pure beauté, et dangereusement efficace puisqu'elle ne s'émoussait jamais. Mais elle ne lui avait pas été d'un grand secours en ces temps sombres : son clan détruit, elle n'avait plus beaucoup le choix. Elle pouvait espérer être faite prisonnière, à moins d'être traitée aimablement par cette chamane et être relâchée. Mais elle aurait des difficultés à se faire accepter par un autre clan. Si les luttes intestines continuaient, le Rhûn n'était pas sûr, mais pas du tout.

D'un autre côté, ces révélations sur les clans pro-Mordor lui faisait froid dans le dos. Enfant, elle avait bien entendu appris que Sauron était un être malfaisant abhorrant les elfes par-dessus tout, et qu'il était l'ennemi de la Terre du Milieu et le principal danger qui régnait sur les contrées autres que le Mordor. Elle avait, au cours de ses voyages, comprit que c'était une illusion. Le Mal résidait en chacun, et Sauron n'était qu'un être plus mauvais que les autres, et c'était tout. Sa haine des elfes et sa puissance le rendait dangereux, mais c'était tout. Et les clans vénéraient toujours la force. Sauron avait tout de la figure idéale d'une divinité guerrière. En ce sens, elle comprenait pourquoi on se battrait pour le Mordor, qui était de surcroît une menace immédiate en cas d'aliénation. Et cette menace, les clans ne sauraient y faire face sans une union solide. Chose en soi assez improbable, seule une personne forte pouvant réussir cet exploit.

Elle secoua doucement la tête, tournant le regard vers la chamane avec un petit sourire.

« Amoureux de la nature, pas vraiment. Enfin, pas pour moi. C'est assez compliqué, on va dire. »

Elle regarda les guerriers pro-Mordor rassembler les corps. Pas de distinction ami-ennemi, chez les orientaux. Hommes et femmes combattaient à armes égales, et on brûlait tous les corps. Les voies de la guerre n'empêchait pas les viols et le pillage – on ne refusait jamais de récupérer un sabre ou une armure en bon état – mais il y avait une discipline et un respect des morts autrement plus importante qu'ailleurs. Une des choses qu'elle appréciait parmi ce peuple, qui était désormais le sien. Mais pour combien de temps encore, après ce qu'il s'était passé ?

Elle ne tenait pas rancune aux pro-Mordor, ni même à Sauron. Elle était sûrement la seule elfe dans ce cas. Une question lui vint alors en tête.

« Qu'allez-vous faire de moi ? » demanda-t-elle.

Question légitime, c'était certain. Après tout, elle restait prisonnière pour l'instant, tant qu'elle serait trop faible pour continuer. Elle ignora les boutons de cactus. Elle n'en avait pas besoin.

HRP: désolé pour le temps de réponse abusé. Promis je fais mieux la prochaine fois.

PNJ Khaal

Khaal ne s’attarda pas sur le manque d’explication de l’elfe quant à sa situation. Après tout si elle voulait garder le secret ça la regardait. En tout cas sa façon d’agir montra bien qu’elle avait un lien affectif avec ce clan qui faisait d’elle bien plus qu’une simple prisonnière ou esclave. Il devait falloir un sacré tempérament pour se faire accepter dans un clan oriental alors qu’on est une elfe. Khaal se demanda soudain de quoi était capable son interlocutrice.

Cette dernière demanda alors ce que la chamane comptait faire d’elle. S’était là une excellente question à laquelle Khaal n’avait pas réellement songé. Si elle était venue au secours de la souffrante s’était juste par curiosité de voir un membre des Premiers Nés. Elle se remémora alors de sa mission qui l’avait poussée à quitter son repère du désert de cendre à la frontière du Mordor. La haine qu’elle éprouvait envers ses tortionnaires qui avait provoqué tant d’années de souffrance remonta à la surface.

« Vous devez être une sacrée guerrière pour avoir été acceptée dans un clan de guerrier du Rhûn. Peut-être voudriez-vous rejoindre notre cause. Enfin, je veux dire… les orientaux favorables au Mordor ont détruit votre clan, si il s’agit bien de votre clan et je comprendrais que vous ne souhaiteriez pas venir avec moi les rejoindre. Mais voyez plutôt ça comme rejoindre le camp des vainqueurs, des plus puissants. La vie dans le Rhûn est ainsi, il faut faire des choix et ceux qui survivent dans cet environnement hostile sont ceux qui font les bons choix.

Comme vous l'avez surement remarqué, les orientaux vénèrent la force, elle est pour eux la plus puissante des vertus. C'est pour cela que l'esprit du feu est le plus puissant de tous dans notre religion. Les différents clans de l'Est vont bientôt se rendre compte que seul Sauron peut leur assurer un regain de vitalité et de force. Ils seront près à tout pour guérir leur fierté blessé après la guerre perdue et le pouvoir de Sauron et la force du Mordor seront leur salut.»

Khaal se rendait compte que demander à un convalescent de rejoindre le camp de ses bourreaux était plutôt osé et maladroit mais après tout elle n’avait rien à perdre. C'était étrange pour elle de prêcher la parole de Sauron, en tant qu'ancien membre de la tribu Khitan, elle avait été élevée avec les croyances et traditions rhuniennes antiques basées sur les esprits de la nature. Et même si elle ne croyait pas vraiment à la toute puissance de Sauron, elle savait qu'elle devait passer par là pour aboutir à son but.

En se retrouvant avec cette elfe blessée et même si elle avait peu de scrupule, la chamane se refusait à la laisser seule dans la chaleur du désert. Si elle décidait de l'accompagner, peut être cela pourrait être un bon point pour les futures clans qu'ils allaient rencontrer. Si même une elfe se rallier à Sauron, cela ne pouvait pas être si mauvais.

« Même si vous avez les dons de guérisons des elfes vous n’êtes pas encore en état de vous débrouiller seule. J’ai bien peur que vous soyez bloquée avec moi pour le moment. Mais ne vous considérez pas comme prisonnière parce qu’avec l’arme que vous possédez, je ne pense pas être capable de vous empêcher de partir. »

Elle avait dit cette dernière phrase avec un petit rire anxieux en se rendant compte que si elle le souhaitait, l’elfe pouvait très bien découper la chamane en deux et s’enfuir avec son cheval.

HRP : Pas de soucis. J'ai pas tellement avancé car j'sais pas trop sur quoi tu veux partir là après.

Rejoindre son « camp ». Ironique, quand on savait que justement c'était ce côté de la guerre qui venait de détruire celui de l'elfe. Le regard perdu sur un point de l'horizon, elle réfléchissait à ce que disait la chamane. Mais quelque chose la frappa alors, quelque chose qu'elle aurait du réaliser depuis bien longtemps en fait. Elle ne pensait pas comme une elfe, qui aurait du s'offusquer ou désespérer face à une telle adversité. Elle aurait du refuser, outrée, de se joindre à Sauron afin d'assurer un retour en force au Rhûn.

Mais ce n'était plus le cas, elle s'en rendait réellement compte. Elle pensait différemment, et si la perspective de rejoindre le camp du Mordor ne la tentait pas vraiment – elle était encore trop sous le choc de la mort de ses compagnons – elle n'avait rien de déplaisant pour autant. Etait-ce un mal que de considérer cette façon de penser comme normale, pour elle qui était rhûnienne d'adoption ? Pour les elfes, probablement. Pour elle, pas si sûr. Cela dit, la peur qu'une part d'ombre emplisse son cœur restait présente. Elle était une elfe, comment un être comme Sauron pourrait-il accepter ça dans ses rangs ? La réponse était probablement simple : il s'en fichait. Ou il s'en réjouirait.

Non, elle ne les rejoindrait pas. Ce n'était pas par peur de Sauron, ou par rejet pur et simple de cet être que tout le monde craint – à forte raison. Mais bel et bien parce qu'une telle décision devait se faire longue et réfléchie. La force, voilà ce qui était bon pour le Rhûn. Mais pas à ce prix. Elle était encore sous le choc, et ne pouvait donc y repenser pour l'instant.

« J'y réfléchirais. »

Elle se leva alors, rangea l'arme dans son fourreau, puis essaya de marcher un peu. Elle y parvenait, mais sa tête lui faisait mal, et elle se sentait capable de défaillir si jamais elle faisait un geste trop brusque. Elle regarda autour d'elle. Il fallait qu'elle examine un peu le champ de batailles, histoire de savoir ce qu'il s'était passé.

« Vous voulez bien m'accompagner ? J'aimerais examiner un peu tout ça, dire adieu à mes anciens compagnons d'armes. Et si jamais je tombe dans les pommes, il vaut mieux vous avoir avec moi. Promis, je ne vous attaquerais pas. » assura-t-elle avec un pâle sourire.

Sans attendre de réponse, elle se mit à marcher doucement, prenant garde à ne pas laisser son désir prendre le pas sur la raison. Si elle y allait trop vite, elle risquait d'être encore plus mal en point qu'auparavant. Elle aperçut des visages familiers, d'autres qui l'étaient moins. Tous avaient été des Syrial, eux aussi. Des membres du clan qu'elle avait rejoint, démontrant une force physique et de caractère digne d'eux. Elle avait passé bien des années avec eux, s'était toujours davantage considérée comme l'une des leurs que comme une elfe. En voyant leurs corps ainsi éparpillés et traînant dans le sang, elle n'avait pas envie de vomir, ou même de se venger. Simplement envie de pouvoir leur parler une dernière fois et dire adieu.

Elle s'arrêta devant un autre cadavre, dont seul le tatouage sur le bras lui permettait de savoir qu'il s'agissait d'un des siens. Inutile d'aller plus loin, estima-t-elle. Elle resta debout devant le corps, joignant les mains comme pour une prière et fermant les yeux.

« Puisse la paix t'être accordée dans la mort. » murmura-t-elle en elfique.

HRP: si la tournure des événements ne te convient pas, dis le moi que je change.

PNJ Khaal

Khaal fut surpris de voir que l’elfe ne s’énerva pas quand elle évoqua le fait de rejoindre les rangs du Mordor. Cela remettait en question les connaissances sur les Premiers Nés, de la chamane, qu’elle avait acquise grâce aux manuscrits du clan. Ces derniers y étaient décrits comme sage, pacifiste et foncièrement du côté des Valar.
Khaal fut ensuite touchée par ce qu’elle identifia comme une prière elfique. Elle avait rejoint la blessée et avait glissé son bras sous celui de l’elfe. Cette dernière devait réellement tenir aux orientaux qui gisaient à ses pieds. Elle devait certainement être considérée comme un membre à part entière du clan ce qui engendra un grand respect de la part de Khaal qui savait comment les orientaux se comportaient envers les étrangers.

Alors que les deux femmes observaient les corps défigurés des vaincus, Khaal distingua un nuage de fumée qui se dessinait à l’Est. L’elfe l’avait remarqué aussi et cette dernière qui profitait de la grande vision des elfes put décrire les couleurs des armures et emblèmes du clan. La chamane y reconnue celles du clan balchot qui avait anéanti la veille la tribu de l’Elfe.

« J’ai comme un mauvais pressentiment. J’espère que les légendes sur les dons de guérison des elfes sont avérées et que vous pourrez vous défendre. »

En arrivant les trois cavaliers ralentirent leurs montures et Rekhir, que Khaal avait séduit pour corrompre, s’écria :

« Je savais qu’on te trouverait là, sorcière ! »

Le cœur de la chamane fit un bond dans sa poitrine. Tout cela n’annonçait rien de bon et même si Khaal n’avait pas peur de la mort, elle avait espéré que celle-là viendrait plus tard. Le trois orientaux mirent pied et à terre et Rekhir dégaina son poignard. La situation ne pouvait pas être pire, les orientaux n’allaient pas avoir de pitié une seconde fois envers l’Elfe, surtout étant donné leur état de furie. Si cette dernière n’avait pas assez récupéré, les deux compagnons étaient mal embarqués.

« Notre campement a été entièrement détruit en notre absence ! Nos femmes ont disparue et nos frères et nos fils ont été massacrés. Il ne reste plus rien là-bas que des ruines et des cadavres. Les rares survivants à l’attaque nous ont décrits les assaillants, ils se sont présentés comme des fidèles de Sauron. Les nôtres n’ayant pas eu vent de notre soudain changement de camp se sont fait massacrer pour avoir clamé être en faveur de l’Empire et du Dieu-Roi !
J’ai retrouvé le corps de mon fils calciné !... Et pour tout ça tu dois payer sorcière ! »

Rekhir bouillait intérieurement, il avait crié son discours de toutes ses forces y cherchant un exutoire, mais la colère engendré par la perte des siens était grande. Khaal ne savait pas si les orientaux allaient faire d'elles des prisonnières ou simplement les tuer de sang froid au milieu du désert, mais les possibilités semblaient nul pour une évasion ou un succès si la situation dégénérait. La chamane possédait des poisons dans sa besaces mais ils n'allaient pas lui être d'un grand secours dans cette situation de face à face.

Les cavaliers qui vinrent à leur rencontre firent frissonner l'elfe. Elle n'avait pas peur, elle ignorait pratiquement ce sentiment d'ailleurs, mais ils la mettaient mal à l'aise. Elle savait qu'une bonne nouvelle ne viendrait pas, avec ces trois-là. Ils étaient trop dangereux, à leur allure, pour que cela puisse arriver. Elle plissa les yeux, s'efforçant d'écarter la douleur qui revenait de manière lancinante sur son visage. Mais n'importe qui verrait qu'elle était affaiblie, et par conséquent cela la mettrait en danger. Tout comme la chamane ne tarda pas non plus à l'être.

Mais la situation risquait fortement de dégénérer. Si Lenneä comprenait bien, la chamane avait converti à la cause du Mordor ces trois-là, mais leur clan avait quand même été attaqué, faute d'avoir été prévenu à temps. Elle garda un visage impassible, même si intérieurement elle grimaçait. Cette situation était très mauvaise, et lorsqu'ils mirent pieds à terre, les trois guerriers s'avancèrent. L'un d'eux se plaça plus près de l'elfe, tandis que les deux autres semblaient vouloir en débattre plutôt avec la chamane.

Tout se passa alors très vite. Celui qui avait crié contre la chamane la frappa au visage, violemment, la faisant tomber brusquement. Il lui sauta ensuite dessus, avec son compagnon, et entreprit immédiatement de l'immobiliser. Son but était clair, il souhaitait la violer avant de la tuer. Le troisième guerrier, qui devait s'occuper de Lenneä, brandit son arme, tentant de la tuer rapidement et sans délai afin d'aller profiter de la « sorcière » avec ses compagnons. Malheureusement pour lui, cela n'arriva pas. L'elfe lui bloqua le bras, dégaina son poignard, puis le lui planta sous l'aisselle avant de le lancer en direction du comparse du gueulard. Alors, ce dernier se redressant, hors de lui, elle dégaina sa karabela et l'obligea à s'écarter.

« Laisse-le tranquille. Tu n'avais qu'à prévenir les tiens, c'est de ta faute s'ils sont morts. »

Elle se plaça à côté de la chamane, l'examina rapidement puis l'aida à se relever en prenant son bras. La main droite de l'elfe tenait toujours son épée, pointée vers le rhûnien en colère. Ce dernier, avec un rugissement prévisible, se jeta sur elle. Le tuer fut simple. Lenneä effectua une pirouette – la chamane toujours avec elle – et lui enfonça son épée dans la moelle épinière. Le corps sans vie tomba, et rejoignit les cadavres. Alors, seulement, l'elfe s'écarta et jeta un coup d’œil à sa protégée.

Cette dernière avait une vilaine trace sur la joue, du sang coulait de son nez et de sa bouche. Ses vêtements déjà légers étaient un peu déchirés, laissant voir un corps pas désagréable. Mais elle allait bien, de toute évidence.

« Ces hommes... les as-tu corrompu toi-même ? »

La question ne portait aucune trace d'animosité. Elle était simplement une expression de sa curiosité.

PNJ Khaal

L’attaque du chef des orientaux surprit la chamane, bien qu’il soit hors de lui, elle ne le pensait pas capable de s’en prendre à elle et de toute évidence elle s’était trompée. Le coup que Rekhir lui asséna sonna Khaal qui s’écroula. Malgré cela la suite des événements se déroula très rapidement. Les deux orientaux se jetèrent sur la chamane, elle avait beau se débattre, face à la force et la rage des guerriers elle ne pouvait rien faire. Ces derniers commencèrent à déchirer ses vêtements déjà en lambeaux et alors que Khaal imaginait déjà la suite, l’un d’eux reçu un poignard en pleine poitrine. Rekhir s’écarta ce qui permit à Khaal de jauger la situation. L’elfe s’était débarrassée de son garde et avait éliminé celui qui s’en prenait à Khaal avec une rapidité et une dextérité incroyable. Eliminé Rekhir ne parut qu’un d’enfant pour l’elfe qui le fit tout en prenant soin de garder Khaal hors d’attente. En quelques minutes l’assaut était terminé et les deux femmes s’en sortaient sans trop d’égratignure.

L’elfe aida Khaal à se relever alors que cette dernière ne la lâchait pas des yeux. Elle était impressionnait par la scène qui s’était déroulée sous ses yeux. Les elfes étaient bien dotés d’une rapidité et d’une dextérité autre que celle des simples mortels.

« Eh bien, moi qui avait des doutes sur les capacités des elfes, me voilà rassurée. Je comprends mieux pourquoi ton clan t’avait acceptée dans leurs rangs. »

Elle se tourna alors vers les orientaux et jeta un regard noir au corps de Rekhir qui se vidait encore de son sang. Elle s’approcha de lui, se pencha et en le regardant droit dans les yeux lui cracha à la figure.

« Mon pauvre tu t’es trompé sur toute la ligne. »

Elle se releva ensuite et retourna auprès de l’Elfe. Elle lui avait sauvé la vie en la soignant et en l’hydratant quand elle l’avait trouvé au milieu du désert et maintenant c’était la guerrière qui venait de sauver la chamane. Décidément la vie dans le désert du Rhûn était précaire et les alliés de fortunes étaient les bienvenues. Elle tata du bout des doigts la plaie qui venait de se créer sur son visage, rien de bien grave.

« C’est bien moi qui les ai corrompus. Je les avais rencontrés à Krell-Kain dans une taverne. Depuis un certain temps mon cœur s’est tourné vers le Mordor, ne me demande pas les raisons c’est très compliqué. Pour me venger des miens qui m’ont abandonné dans une terre hostile j’ai décidé de renier mes croyances et d’embrasser la cause de Sauron. J’ai donc écumé les tavernes de la capitale à la recherche d’esprits faibles à corrompre… Visiblement ça n’a pas marché avec ceux-là. »

De toute évidence l’elfe n’était plus dans l’incapacité de se déplacer, elle fait preuve d’une redoutable agilité face aux orientaux.

« Je crois qu’on est quitte à présent. Que comptes-tu faire maintenant que tu n’as plus de clan ? Ou vas-tu aller ? »

Lenneä alla ramasser son poignard, puis nettoya la lame du mieux qu'elle le pouvait sur les vêtements du cadavre. Malgré ce qu'elle venait d'accomplir, elle ne se sentait pas autant en forme qu'elle aurait bien voulu l'être. Elle n'était pas au point d'être prise de vertige, mais il en fallait peu pour que cela change, estima-t-elle. Elle savait qu'elle allait avoir besoin d'énormément de repos pendant quelques jours, au moins le temps qu'elle parvienne à se remettre de la terrible blessure qu'elle avait au visage. Blessure qui laisserait une profonde et très visible cicatrice, pour le coup. Elle s'en moquait un peu, au final. Elle rangea l'arme à sa ceinture, nettoya sa karabela en silence, puis la plaça dans son dos.

Elle sourit au compliment de la chamane, qu'elle appréciait. Pragmatique, comme elle. C'était bien, ça. Elle aurait presque pu dire que cette femme était son amie, mais il subsistait une ombre au tableau : le Mordor. Sans jeu de mot, car il s'agissait d'une véritable ombre, qui planait dans l'esprit de l'elfe. Après tout, et elle y repensait encore, c'était à cause de cette chamane que les orientaux s'entre-déchiraient et que Lenneä se retrouvait sans clan. Alors, comme le disait justement la chamane, elle avait ses raisons d'agir ainsi, mais ces raisons étaient-elles recevables ? D'un côté, il aurait été juste que l'elfe se venge, là et maintenant, comme les trois hommes avaient eu l'intention d elle faire juste avant. Mais d'un autre côté, ce n'était pas juste. Elle venait de lui sauver la vie, et elle lui avait sauvé la vie aussi, peu de temps auparavant. Elles étaient quittes, oui.

Quant à savoir quoi faire...

« Où aller ? Voilà une bonne question, je dirais. Je ne sais pas. » Elle marqua une pause, avant de reprendre la parole. « Au fait, mon nom est Lenneä. Et le tien ? »

Savoir le nom de la chamane lui serait utile, elle en était certaine. Et soudain, elle sut, alors que la chamane lui révélait son nom. Elle sut ce qu'elle devait faire, ou plutôt ce qu'elle ferait un jour. Elle partirait, pour une durée indéterminée. Elle tenterait d'oublier un peu tout ça, et si jamais elle n'y parvenait pas, elle reviendrait, avec cette fois un but précis : unir les clans sous une seule bannière, reprendre le trône des mains du faible pantin qui s'y trouvait et... et quoi ? Devrait-elle régner en tentant de repousser le Mordor ou au contraire en l'accueillant à bras ouverts ? Elle n'en avait aucune idée. Elle devait bien l'avouer, c'était flou, de ce côté-là.

L'ouest ? Cela semblait la chose à faire. Ou du moins, la direction la plus plausible. Les trois autres n'apporteraient rien, elle en était certaine. A part se retrouver encore parmi les orientaux, chose qu'elle souhaitait éviter. Elle irait sûrement en direction de Mirkwood, qui se trouvait être une destination large, vers l'ouest, lui permettant si besoin de changer par la suite. Voir d'aller au-delà. Elle ne retournerait pas voir les elfes, en revanche. Eviter cela était primordial. Elle ne s'y sentirait pas chez elle, pas accueillie, parmi eux. Eux. Il y avait si longtemps qu'elle ne vivait plus parmi son peuple d'origine, comment pourrait-il la reconnaître ?

Elle prit donc sa décision.

« J'irais vers l'ouest. Je quitterais le Rhûn un moment, puis j'y reviendrais. Avec de bonnes ou de mauvaises intentions, cela je ne le sais pas, je te l'avoue. »

Elle choisit l'un des chevaux abandonnés, puis l'enfourcha. La bête était robuste, c'était bon. Et docile, également. Elle s'assura d'être bien installée, puis se tourna vers la chamane, avec un sourire aux lèvres. Un sourire amical, le dernier avant longtemps probablement.

« Au revoir, Khaal. Au revoir, nildë ! Nous nous reverrons, j'en suis sûre ! »

Elle talonna sa monture, laquelle partit alors au galop en direction de l'ouest. Lenneä filait avec l'espoir de revenir un jour parmi ce peuple qui était le sien. Elle était également heureuse de cette rencontre avec la chamane. Heureuse et inconsciente. Inconsciente des graines de la corruption désormais profondément implantées en elle...