Sur les marches menant au palais [PV EOWYN-EOTHAIN/LYRA]

Sur les marches du perron qui siégeait devant le palais d'or de méduseld, Lyra la demoiselle du Rohan laissait ses pensées aller et venir au rythme des vagues sinueuses de son jeune esprit. Habituellement, elle profitait de ses instants de liberté pour dessiner des plans et autres croquis d'objets qu'elle aimerait inventer ou fabriquer de ses propres mains. La fille du roi était un esprit inventif et concepteur. Elle aimait imaginer toutes sortes d'objets qu'elle pourrait fabriquer et les essayer. Mais, jusque là, elle gardait tout cela secret car elle savait bien que peu de gens la prendraient au sérieux en voyant ses schémas.

Quoi qu'il en fût, cette fois ci, tout était calme dans ses pensées. Elle observait au loin les montagnes blanches qui brillaient au soleil comme la neige lors des matins d'hiver ensoleillés. Le vent venait caresser ses cheveux châtains qu'elle avait laissés détachés. La fille du roi était vêtue d'une robe bleue marine assez sobre. Seules les manches étaient ornées de fins liserés argentés. Une robe bien simple pour une jeune femme vivant au palais mais ça n'était pas dans ses habitudes, de porter des vêtements finement brodés et ayant une grande valeur. Lyra savait d'où elle venait. Elle savait qu'avant d'être la fille du roi, c'était une fille de paysanne qui devait s'occuper du bétail malgré son jeune age pour aider la famille dans le labeur. Et même si elle ne regrettait en rien cette vie passée, elle ne s'était jamais laissé prendre au jeu de la petite princesse qui pouvait tout obtenir par un sourire ou un caprice.

C'est donc comme une simple jeune femme que Lyra observait l'horizon, les mains posées sur les genoux qu'elle avait joints et les cheveux qui lui couvraient une partie du visage en dansant dans le vent.

Les temps étaient assez agités ces derniers mois pour que Eowyn prenne des moments pour se reposer et profiter de ce qui l'entourait. C'est ainsi qu'elle décida d'aller passer une petite heure au beau milieu des paysages du Rohan, à dos de cheval afin de profiter de la vue.

Elle passa à l'écurie prendre une monture qu'elle ne connaissait pas mais qui avait la réputation d'être calme et docile, puis elle grimpa dessus et le laissa l'emmener dans les plaines. Celles-ci n'avaient pas été atteintes par la vague lancée par Morgoth et espéraient ne jamais l'être. La Rohirrim avait attaché tant de souvenirs d'enfance à ces lieux, du grand voyage où elle quittait momentanément ces lieux jusqu'à la moindre escapade où elle avait trébuché sur un caillou. Seulement, il n'était pas garantit que ces terres restent saines et sauves, malgré tous les efforts fournis par Eothain et d'autres rohirrims. Certes, elle leur faisait confiance, mais elle savait qu'ils ne pouvaient pas mettre le Rohan à l'abri de tout.

A ces dernières pensées, elle tapota l'encolure du cheval, comme si elle partageait ses pensées avec lui. Un à un, de vieux souvenirs et de beaux moments lui revinrent en mémoire, la jeune femme passa un très bon moment pour elle seule, souriant dans le vide mais avec un brin de nostalgie. Elle revint vers Edoras au milieu de l'après-midi, lorsque le soleil commençait peu à peu à se cacher derrière les nuages, le vent se levant et se promenant entre les hautes herbes du pays de la marche. De loin, elle voyait les maisonnettes se suivre, traçant le chemin menant au palais de Meduseld, celui-ci dominant le reste de la cité. Deux drapeaux se débattaient, accrochés sur les piliers se tenant devant le Château d'or. Un petit point devait représenter une personne assise sur les escaliers, bien que ce fut impossible de distinguer la personne. Quand Eowyn rentra dans la ville, elle alla remettre l'animal dans son écurie puis elle se dirigea vers le palais. A son approche, elle put remarquer que ce n'était personne d'autre que Lyra, la fille de son ami Eothain qui était sur les marches. La jeune femme fit quelques pas vers la fillette qu'elle remarqua bien noyée dans ses pensées, et lui adressa quelques mots afin d'engager la conversation :

« Bonjour Lyra, tu as l'air très pensive aujourd'hui, qu'as-tu dans la tête ? »

Interrompue dans ses rêveries, Lyra s'aperçut qu'une personne familière s'approchait d'elle. Il s'agissait d'Eowyn, une amie intime de son père et, qui plus est, l'une des personne les plus importantes du Rohan. Lyra avait toujours apprécié cette femme qui se montrait toujours courtoise et agréable avec elle. Lorsque cette dernière s'adressa à elle pour la saluer, Lyra sortit définitivement de ses songes et fit apparaitre sur ses lèvres un sourire des plus gracieux. Elle s'adressa alors elle en la saluant d'un signe de tête par signe de respect

" Dame eowyn ! Je suis heureuse de vous voir ! A vrai dire, je pensais à tout et à rien ..."

La jeune femme ne savait pas si Eowyn passait par là pour s'entretenir avec le roi Eothain en tant que troisième maréchale de la marche ou si elle avait le temps de discuter un peu. Lyra qui n'avait presque jamais l'occasion de discuter avec des femmes se sentait soudain l'envie de demander à Eowyn si elle voulait bien rester quelques minutes pour lui tenir compagnie. Elle se refusa à lui demander dans un premier temps mais après quelques secondes de réflexion, elle se lança :

" Je ne voudrais pas vous importuner, mais si vous n'êtes pas attendue au palais, cela vous dérangerait-il de vous asseoir quelques minutes à mes cotés pour discuter un peu ? A part ma grand mère, vous êtes la seule femme avec qui je puisse avoir une discussion et j'avoue que cela me ferait plaisir "

De toutes façon que risquait elle ? Un simple non et alors se serait pour une prochaine fois.

Il est vrai que l'on ne pense pas toujours à une chose précise, ce qui semblait être le cas de Lyra, mais au moins cette approche fut utile pour que l'échange commence entre ces deux rohirrimes. Lorsque la fillette se tourna vers elle, Eowyn ne put s'empêcher, une nouvelle fois, de voir une à travers elle les traits de son père, les mêmes expressions s'affichant sur son visage au teint plus clair mais partageant le même regard insistant mais généralement assez froid. Pourtant, à ce prochain sourire offert par la fille d'Eothain, ses yeux s'illuminèrent et elle parla d'un ton plutôt chaleureux. Il paraissait que c'était de famille qu'on pouvait paraître aimable ou non avec les autres.

En tout cas, il sembla qu'Eowyn n'avait pas eu tort d'entamer cette conversation car Lyra lui proposa  de rester pour parler un moment. La jeune femme sourit à ses mots car ceux-ci étaient bien choisis pour la convaincre de rester. Cependant l'humaine n'en aurait pas eu besoin pour discuter volontairement avec cette jeune rohirrime qu'elle connaissait, à vrai dire, assez peu. Avec un hochement de tête, elle s'assit donc à côté de la fillette, les yeux plissés fixés sur le panorama qu'elles bénéficiaient de ce point de vue. Lyra venait de parler de sa grand-mère, ce fut la raison pour laquelle Eowyn continua sur ce sujet :

« Tu as vu ta famille récemment ? Avec tout ces derniers événements, c'est pas toujours aisé de garder un bon contact avec nos proches, non ? »

Elle-même n'avait pas vu beaucoup des membres de sa famille (famille qui n'était pas très peuplée et qui était surtout des cousins assez éloignés) et elle le regrettait assez, même si elle avait le soutien de ses connaissances Rohirrimes. Dans tous les cas, la fille d'Eomund espérait que Lyra n'ait pas ce même désavantage.

Lyra observait Eowyn tandis qu'elle s’asseyait à ses cotés. Depuis qu'elle la connaissait, lyra admirait cette femme. Il était tellement admirable pour elle, de voir non seulement une femme se battre aux coté des hommes, mais également une femme qui dirige des milliers d'hommes d'une des armées le plus renommée. En ce sens, elle était fière de voir que son père lui avait donné les moyens de diriger des troupes et non de la rabaisser à son état de "femme" comme auraient certainement fait la plupart des hommes. Sans connaitre grand chose sur eowyn, et sans non plus être passionnée par l'art de la guerre, lyra vouait pourtant une grande admiration pour l'amie de son père. Elle lui répondit alors en la regardant :

" Je vais voir mes grands-parents tous les jours, ils habitent ici à Edoras. Mais sinon je n'ai pas d'autre famille hormis mon père bien-sûr"

Ceci n'était pas tout à fait exact car eothain avait également un frère et une sœur qu'il voyait parfois. Lyra les avait vu déjà plusieurs fois mais elle avait du mal à les considérer comme ça famille. Autant son père fut pour elle immédiatement porté dans son cœur dès le jour ou elle le vit, autant elle ne se considérait pas appartenir à une famille pour autant. Elle demanda à son tour à eowyn si elle avait de la famille qu'elle voyait souvent :

" Et vous, avez vous de la famille ?  Je crois avoir entendu que votre frère est aussi dans l'armée, arrivez vous à vous voir parfois ? "

Lyra avait la chance, si l'on peut dire, d'habiter dans la même ville que ses grands-parents. Hélas, sa chance s'arrêtait ici, car à part son père elle n'avait personne d'autre dans sa famille. Eowyn se rendit compte que le comportement de la fillette était des plus honorables. Elle avait passé son enfance avec seulement ses proches du côté maternel, et lorsque sa mère décéda, elle fut menée jusqu'aux personnes du côté paternel, qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Pourtant, malgré tous ce qu'elle a vécu au sein de sa famille, Lyra reste une jeune fille posée et réfléchie, intelligente et se montrant toujours de son meilleur jour. Ce fut avec ces pensées et ce respect que la jeune femme attribua à la fille d'Eothain qu'elle lui répondit :

« Oui, il est Chef de garnison au Gouffre de Helm. Il passe rarement à Edoras alors nous nous voyons assez peu, et je n'ai pas d'autre famille proche. »

Eowyn vit là une ressemblance entre elles. Ce n'est pas qu'elles avaient manqué d'un quelconque amour dans leur enfance, mais elles avaient vu certains de leurs proches disparaître, cicatrisant une partie d'elles. Pourtant, l'une comme l'autre, ne sont pas devenues des personnes insupportables ou malfaisantes, mais plutôt des personnes envieuses de mener à bien leur existence. Elles n'avaient pas les mêmes centres d'intérêt, Eowyn étant plus motivée que Lyra pour l'art de combattre et de se défendre. D'ailleurs, elle ignorait réellement ce qui passionnait la jeune rohirrime et n'hésita pas à poser la question :

« D'ailleurs Lyra, qu'apprécies-tu de faire de tes journées ? Je ne pense pas que tu te contentes d'aller voir tes grands-parents, n'est-ce pas ? »

Généralement, elle ne parlait pas vraiment de ce qu'elle faisait lorsque son père était occupé. Lors des longues réunions que pouvaient représenter l'emploi du temps du Roi du rohan, la jeune femme se trouvait un endroit ou elle pouvait s'asseoir et lire tranquillement. Elle lisait souvent un livre sur les sciences qu'eothain lui avait acheté sur le marché en voyant que cela semblait l’intéresser. Dans se livre, il était question de physique de mécanique et de chimie. Elle se servait d'ailleurs souvent d'un cahier pour ecrire et dessiner elle même quelques schémas pour comprendre certains phénomènes et quelques calculs.


Si elle gardait tout cela secret, c'était qu'elle avait peur d'être raillée ou rangée dans la case des illuminées. Seulement, eowyn était une femme ouverte, qui ne jugeait pas les gens avec légèreté et qui, en plus, avait certainement du se confronter à la même situation dans sa jeunesse : assumer ses idéologies. C'est pour cette raison qu'elle se décida à lui avouer ce qui la passionnait :

" Et bien je m’intéresse aux sciences, physiques, mécaniques ...Depuis toute petite le fonctionnement de chaque machine, de chaque objet m’intéresse et j'ai appris de mon grand père sur beaucoup de chose. Seulement, mis à part mon père et maintenant vous, personne d'autre ne le sait. J'imagine que vous comprenez, vous même avez du connaitre bien des entrave sur le chemin qui menait vers ce que vous vouliez être : Une femme dans l'armée ! Un métier d'homme pour la plupart des gens. Alors imaginez ce que diraient les gens s'ils savaient que la fille du roi est une extravagante qui s’intéresse au sciences. Même la plupart des hommes ne s'y intéressent pas..."

Eowyn vit que Lyra hésita avant de parler et elle comprit que ce n'était pas quelque chose qu'elle criait sur les toits, mais plutôt qu'elle gardait pour elle-même. En tout cas, quand la fillette se lança, on pouvait voir qu'elle parlait vraiment de sa passion avec enthousiasme. Comme prévu, elle expliqua que c'était une chose que peu de gens savaient – à savoir son père et Eowyn. Celle-ci approuva les paroles suivantes où Lyra parlait de la voie qu'avait choisi la rohirrime, et qu'elle aussi suivait. Pour la fille d'Eothain, elle se souvenait de ses idées qu'elle avait maintenues pendant toute sa jeunesse et qu'elle gardait encore précieusement. Ses pensées avaient été critiquées mais son caractère l'avait encouragée à ne pas abandonner, et c'est sans regret qu'elle voyait ces objectifs atteints. Tout ce qu'elle espérait à présent pour la fillette, c'est qu'elle fasse de même. C'est sur un ton calme qu'elle lui confia :

« C'est justement pour cette raison que tu ne dois pas hésiter à montrer que tu es passionnée par les sciences. J'étais aussi assez solitaire dans mon intérêt pour l'art de la guerre, mais tu verras que ce n'est pas si dérangeant... »

Elle avait prononcé ces paroles, le regard quelque peu dans le vide, mais à ce moment-ci elle leva le regard vers l'enfant. Celle-ci était tout à fait capable d'affirmer sa pensée, même si elle était encore très jeune. Très jeune, mais pourtant elle avait certainement déjà écrit des choses, du moins conservait-elle des cahiers ou des livres, montrant ce qu'elle appréciait découvrir. Eowyn fut quelque peu intéressée par tout ceci, d'autant qu'elle demanda à Lyra :

« Tu aurais des écrits à me montrer ? Ceux que tu aimes lire, ou peut-être même certains de ta propre main ? »