Une nouvelle rencontre

La rencontre.


L'histoire commence il y a fort longtemps quand Dworköm était encore un petit nain de cent ans.
Un jour ses parents partirent marchander au-dehors du royaume d'Erebor jusqu'au Gondor.
Les jours passèrent mais les parents du jeune nain ne revinrent pas …  
La grand-mère apprit par un soldat la mort des parents de Dworköm. Selon les gardes il s’agissait d'une attaque de brigands qui aurait mal tourné, mais la vieille naine n'était pas dupe. Elle vit dans les yeux du soldat qu'il mentait, il ne fallait rien dire à Dworköm car cela pouvait le détruire, elle décida donc de lui mentir.
Vu que sa mère n'était plus, elle prit en charge le petit et le mit dans un atelier avec un maître nain forgeron au-delà de Erebor, plus exactement  en Esgaroth.

Les années passèrent et Dworköm grandi. A l'âge de cent quatre-vingts ans il avait forgé une des plus belles lames qu'il ait pu faire, il apprenait vite. Le maître forgeron surprit par son élève décida de lui apprendre tout ce qu'il savait. Le vieux nain était vêtu de vêtements blancs et par dessus, il portait un tablier en cuir un peu noirci , avec des gants à moitié en cuir et en fer.
Un jour le maître forgeron vînt lui apporter une requête, des personnes avaient commandé une épée à double tranchant et il lui demanda aussi de l'orner de pierres précieuses.

Dworköm se mit aussitôt au travail. Il commença par faire rougir le fer puis à taper et à donner une forme à la lame. Les heures passèrent, et le nain épuisé avait juste fini de forger la partie qui allait s'encastrer dans la poignée. Le lendemain il continua de forger la lame, il tapait encore et encore dans la chaleur de l'enfer, une personne normale ne tiendrait pas longtemps dans cette fournaise. Il ne sortait que rarement dehors, juste pour reprendre un peu d'air puis retourna marteler le fer rouge dans les flammes de l'enfer. Une fois qu'il eut fini de forger, il remit la lame dans les braises enflammées puis la laissa pendant quelques minutes le temps d'aller dehors. Arrivé dans l'encadrement de la porte de la forge, il regardait les gens passer et certains regardaient la vitrine. Des armes en tout genre ; des haches, des épées, des boucliers etc…  mais pas que des armes il y avait aussi des pioches, des pinces mais aussi des fers pour les chevaux. Puis il leva les yeux vers le ciel, de gros nuages noirs se formaient et les premières gouttes tombèrent sur le front noir du nain en sueur.  Il était temps de retourner en enfer.
Il sortit la lame rouge et la plongea dans un mélange d'huile et d'eau froide qui laissa échapper une épaisse fumée. Il alla à la meule et commença à faire des pentes.
A la fin de la journée la lame était enfin finie. Le lendemain matin même il commença à faire le manche. Il prit  un morceau de chêne, et commença à le tailler en cylindre, fit un trou dedans et enfila la soie de la lame dedans. Il coula du verre fondu dans le trou et attendu pendant une heure, le temps d'aller chercher les pierres chez le marchant d’à côté.
Il acheta 2 émeraudes avec une pointe, comme un clou, il revint à l'atelier et prit l'épée en mains et planta en quelque coup de marteau, maintenant il ne lui restait plus qu'à décorer l'épée.
Il l'entoura d'une lanière de cuir, puis passa à la lame et fit des gravures d'hommes combattant  des Orcs.

Avec le temps, Dworköm avait acquis une rapidité d'exécution étonnante. Il pouvait réaliser ce genre de commandes en quelques jours seulement. Mais un jour qu'il était seul à l'atelier, un instant d'inattention lui fit malencontreusement basculer sur lui la réserve de charbon ardents qui alimentait le grand four.
Alerté par ses cris, son maître accouru, accompagné de l'élève qu'il était en train d'entraîner aux armes. Dworköm hurlait de douleur, car son visage et ses bras étaient consumés lentement par le feu des charbons desquels il tentait de se débarrasser...

-Allez ! Lève-moi ce bras ! Plus haut ! Encore ! Voilàààà, là c'est bon !

Maître Rogrin assénait les coups les uns après les autres, et je commençait à avoir du mal à suivre la cadence. Non pas que je sois épuisé, mais les gestes appris n'étant pas encore devenus des automatismes, je réfléchissais toujours avant de parer, ce qu'il ne fallait pas évidemment. J'étais trop long, et chaque seconde que je perdais avant de parer ou d'attaquer était une seconde de gagnée pour lui, qui analysait mes moindres défauts durant ce temps, ciblant encore plus précisément ses attaques.

-Eh ! C'est par ici qu'ça s'passe ! On arrête de regarder les petits oiseaux et on se bat !...gnnn...bougre d'elfe...grommela t'il.

"Je ne regardais pas les oiseaux !" protestais-je.

-M'en fiche ! C'est droit dans mes yeux qu'il faut regarder !

"Sauf votre respect, Maître, vous êtes un peu bas..." riais-je intérieurement.

-Qu'est-ce que c'est que ce sourire ? Veut pas voir de sourire ! Je veux de la con-cen-tra-tion !

"Mais je me concentre, Maître !" parvins-je à répondre tout en évitant un coup batârd qui se dirigeait droit vers mes côtes.
Le son des lames qui s'entrechoquaient résonnait dans la cour depuis déjà de longues heures. Nous nous étions levés tôt ce matin-là, entrainement spécial ! La journée avait débuté par de l'équitation. Pour cet enseignement, un cavalier professionnel nous assistait. J'avais la chance d'être doué avec les animaux, et je faisais ce que je voulais du cheval. Maître Rogrin et son confrère déclaraient sans cesse n'avoir rien de plus à m'apprendre sur ce point-là. Puis nous avions enchaîné avec un peu d'archerie. Etant donné que j'avais là-aussi atteint un excellent niveau, le vieux Nain avait décidé que la prochaine fois, nous commencerions le tir monté, discipline autrement plus complexe...
Enfin, nous avions abordé la hache, que je maitrisais à peu près, puis l'épée, où mes difficultés se montraient au grand jour.

-C'est pas une brute votre fils, ça c'est sûr ! disait souvent Maître Rogrin à mes parents, quand ils se rencontraient pour aviser de mes progrès, et payer le Nain pour ses cours. Dans ces moments-là, mon père me tapotait l'épaule avec affection, un sourire sur les lèvres.

-HO ! Idril ! Tu rêves là ! *PAM*

"Aïe !" dis-je soudain. Je venais de me prendre un coup du plat de la lame sur l'épaule. Manière de mon maître de me rappeler à l'instant présent.

-Bon, je vois que ça ne sers à rien de continuer ce combat pour le moment. Tu n'es pas avec moi. Mais à quoi tu penses dans ces moments-là ? ça je me le demande...fit le Nain en s'asseyant sur une grosse pierre. M'approchant, je lui tendais une serviette, pour qu'il puisse essuyer la sueur qui perlait sur son front. Je me contentais de boire une louchée de l'eau que contenait le seau posé près du puits.

-Allez, désaltère-toi un peu, puis on reprend les gestes de base. Tu vas me les répéter un milliard de fois s'il le faut ! Jusqu'à ce qu'ils viennent d'eux-mêmes ! Tu ne dois pas hésiter, tu comprends ?

Je hochais la tête, attentif à ses paroles.

-Le jour où ce sera pour de vrai, tu n'auras pas le temps. Et ce jour-là, si tu te prend un coup, ce ne sera pas le plat de l'épée qui ira gentiment se poser sur ton épaule ! Ce sera un vrai coup, un vrai, qui viendra s'insinuer en toi comme un dard ! Faut toujours être là, à l'instant pré-sent ! fit-il en appuyant de l'index sur mon torse. Tu as bien compris ? Sur ses gardes, toujours ! Tu as la chance d'être agile et léger...profites-en, nom d'une pipe !

"On y retourne, Maître ?" demandais-je, impatient de réussir l'exercice. Je ne mettais nulle mauvaise volonté dans ce que je faisais. Je n'arrivais simplement pas à me passer de réfléchir. Reprendre les bases une par une m'aiderait certainement. Je n'étais pas mauvais, mais comparé à ce qu'on pouvait attendre d'un elfe, je n'avais pas le niveau.

-On y retourne ! confirma t'il en me souriant dans son épaisse barbe brune. Il posa la serviette sur le rocher, se leva en poussant un grognement tel qu'un troll aurait pu le faire, et les exercices reprirent avec une intensité accrue.

Mes bras commençaient enfin à me faire sentir ce qu'ils pensaient de cet entraînement intensif. Chaque fois que je levais l'épée, le geste devenait plus dur, plus lent, et l'arme semblait toujours plus lourde.
Soudain, un cri résonna dans la cour, bientôt suivi par d'autres hurlements qui semblaient témoigner d'une douleur extrême. Interrompant l'exercice immédiatement, nous nous regardâmes interloqués, mon maître et moi.

-Dworköm !!!! rugit t'il alors, catastrophé, son visage ayant pris une teinte cendrée.

Il m'avait parlé de lui en de rares occasions par le passé, généralement quand nous abordions des questions théoriques sur l'équilibre des armes. Nous nous précipitâmes vers la forge. Contrairement à ce que leur bonhommie générale pouvait laisser à croire, les nains pouvaient être d'une grande rapidité sur des sprints de courte distance. Maître Rogrin arriva quasiment en même temps que moi ! Me ruant dans l'arrière boutique où se trouvait l'atelier, j'aperçus un Nain de belle carrure en train de se tordre de douleur au sol, en proie à une intense douleur, certaines parties du corps recouvertes d'ardents charbons dont la lueur diabolique témoignait du mal qu'ils infligeaient au Nain.

"Le seau ! Vite !" pensait-je en un instant. Avant même que j'ai pu lui en donner l'ordre, Maître Rogrin arriva, portant un seau rempli d'eau à ras bord. En tant que forgeron, il connaissait au moins les gestes de premier secours en cas de brûlure grave ! Dans un premier temps, je l'aidais donc à verser autant d'eau sur Dworköm que la situation en nécessitait. Le pauvre forgeron fut bientôt complètement trempé. Avec Maître Rogrin, nous nous assurâmes que les charbons étaient bien éteints sur et autour du Nain. Il ne s'agissait pas que nous nous brulions à notre tour !
Analysant les blessures, je poussait un petit soupir de satisfaction en constatant que l'épais tablier de cuir avait joué son rôle protecteur en épargnant la quasi-totalité du corps. Seuls le visage et les bras avaient pris, et c'était déjà malheureusement beaucoup. Laissant mon maître continuer de mouiller son apprenti-forgeron avec une sorte de serviette, je pris le parti de commencer à élaborer une sorte de cataplasme qui apporterait un soin immédiat à la peau, et commencerait à régénérer les couches de peau endommagées.
Je m'approchais doucement de Dworköm, afin d'examiner l'étendue des dégâts, et savoir de quelle degrés étaient ses brûlures. J'effectuais une légère pression de l'index sur quelques zones de la peau autour des cloques qui étaient rapidement apparues, en essayant de ne pas causer trop de douleur, pour évaluer le fonctionnement des vaisseaux sanguins. Heureusement que nous étions vite arrivés.
"Quoiqu'il dise, quoiqu'il fasse, que les Elfes lui soient agréables ou non, je le guérirais.". Il pouvait bien râler, je n'en aurais cure. Dés lors que j'eus tous les renseignements dont j'avais besoin sur les brûlures, je mis à l'œuvre Maître Rogrin également. Il m'aiderait à préparer quelques plantes, et s'occuperait surtout du Nain.
Avant de partir, j'ordonnai à celui-ci:

"Restez-là, ne bougez pas. Buvez bien, et restez assis. Je vais revenir avec de quoi vous soulager. Maître Rogrin, est-ce que vous avez de quoi désinfecter par ici ?"

Mon maître confirma. Je plongeais rapidement la main dans l'eau qui restait dans le seau. Elle n'était pas trop froide... "Parfait" me dis-je, en réfléchissant déjà activement à ce qu'il me fallait.
Sortant de la boutique en courant, je me hâtai. Je savais déjà où trouver certains ingrédients, mais il en était d'autres dont l'obtention m'était encore incertaine...

Après avoir couru un peu partout aux quatre coins d'Esgaroth, je revint vers la boutique les bras chargés des plantes dont j'avais besoin. Il m'avait fallu en acheter quelques unes, mais le compte était bon.

"Comment vous sentez-vous ?" demandais-je dans un premier temps à Dworköm, tout en jetant un nouveau coup d'œil aux cloques pour voir comment avaient évolué les choses. Certaines avaient commencé à éclater un peu, et je fis signe à Maître Rogrin de sortir ce qu'il avait pour désinfecter.