[FB] Le mouvement perpetuel, alias Bière et Cahuète

Chaque histoire à un commencement. Et tout le dilemme de l’historien, c’est de déterminer où se trouve ce commencement. A la naissance du petit guerrier, celui qui deviendra Roi plus tard après avoir retiré l’épée du rocher ? Ou alors celle de ses parents, puisque ce sont eux qui lui ont donnés naissance après tout. Mais dans cette dernière hypothèse, il y a aussi l’histoire de ses grands-parents, ses ancêtres…

Ou alors on s’en fout. On prend un bout de la grande tapisserie du temps au hasard, on tire un bon coup et on voit ce qui vient. Cette méthode avait l’avantage d’éviter la migraine métaphysique. Notre commencement à nous, il est à Umbar. Grande cité de pirates, corsaires et marchands en tout genre. Cité de fier marin, qui jamais ne dort : lorsqu’une partie de la ville se couche, l’autre se lève.

A la faveur du crépuscule, un homme déambulait dans les rues, à la recherche d’un petit bouge. Il s’était perdu dans la cité depuis quelque temps déjà. Un quidam au courant de son identité se serait moqué : « Ha ! Le maitre espion du Mordor perdu dans la ville, incapable de trouver une taverne ! Bravo ! »

Notre protagoniste, Ciryandil Maethirion alias le Loup du Mordor et effectivement, Maître Espion, aurait alors répondu :  « Eho, je suis maitre espion, pas Guide touristique ! » Avant d’égorger l’impudent pour cette incartade familière. On a sa petite réputation à maintenir. Mais cela n’arriva point (les quidams ne sont plus ce qu’ils étaient ma bonne dame).

Trouvant finalement son chemin, il contempla l'enseigne, la Taverne du Renard Enragé. Un nom singulier pour ce pays de marin, mais bon, on avait vu plus étrange.

Sauron l’avait envoyé chercher une personne se nommant Renard, à Umbar, pour en faire son nouvel intendant. Ses infos l’avait conduit ici. L’endroit avait l’air plutôt sympathique et le parvis de l’établissement révélait une affaire prospère : une horde de prostituée attendait client à qui proposer un moment charnel  contre argent sonnant et trébuchant. A son approche, bon nombre d’entre elles s’approchèrent de lui, tentant de négocier une passe. Ciryandil retint un soupir. Il était un elfe. Il était beau. Donc elles venaient vers lui. Il ne comprenait pas pourquoi. Il était bi et il pouvait le dire : à force d’attendre le grand amour, les mecs elfes étaient chiant à mourir au pieu. Autant coucher avec une étoile de mer. Et pourtant il se cachait, car les elfes étaient surtout bienvenu dans les caniveaux d'Umbar, avec un joli sourire dessiné sur la gorge. Il portait une capuche masquant ses traits et ses cheveux elfiques. Il continuait d'attirer les femmes. Sans doute à cause d'une saloperie d'Aura.

« Mesdames, mesdames je vous en prie… Je suis flatté croyez bien, mais mon cœur est déjà pris. Ma dame m’attends au loin que je la rejoigne et… » Commença Ciryandil, avec son air le plus lyrique et éthéré possible. Fleurant bon le type chiant et cucul la praline, fidèle comme un chien envers son maitre, elles le laissèrent donc passer sans plus insister… Bien que plusieurs d’entre elles lui jetèrent une œillade appuyée façon « M’emmènera-t-il au loin ? ». L’inconvénient d’être un elfe, pour Ciryandil. On souffrait des préjugés. Il entra donc, en marmonnant un "paix et prospérité" au passage, parce qu'il fallait bien respecter le personnage mais qu'il se sentait un peu la flemme d'y mettre du sien. Il fut envahi à l’intérieur par une odeur d’alcool bon marché et un relent, plus discret d’alcool de bien meilleur qualité. Un sourire se dessina sur le visage de l’elfe (oui c’est un elfe, avec un nom pareille vous pensez bien), avant qu’il ne se souvienne de sa mission.

Jetant un œil autour de lui, il tenta de repérer un individu encapuchonné planqué dans un recoin sombre. Un type avec un surnom comme Renard ne pouvait être qu’encapuchonné dans un recoin sombre. Notez, il n’avait rien contre ça, lui-même aimait bien les recoins sombres. On se faisait souvent aborder par des aventuriers en quêtes d’aventure. L’occasion d’une bonne poilade, car l’elfe n’était jamais à court d’idée :  « Ah jeunes aventuriers, j’ai une quête pour vous ! Vous devez aller au donjon de Naheulbeuk me récupérer la 12ème statuette de Gladeulderha, afin d’empêcher l’accomplissement de la prophétie ! Ce donjon se trouve à l’extrême est du Mordor, par-delà le Morannon et les collines des Variags ! Bonne chance ! »
Il se demandait encore où il allait chercher tout ça !

Ne repérant pas l’individu sombrement encapuchonné, il se dirigea vers le comptoir et comme le voulait la tradition, demanda :

« Tabergiste ! Votre alcool le plus fort s’il vous plaît, et des renseignements sur un certain « Renard ». J'ai de l'or pour les deux, ça va de soit. Oh, j’ai déjà regardé les coins sombres et il n’y est pas alors je suppose que c’est un malin. »

Discrétion ? Il connaissait le mot. Mais ses jeunes années d’espion lui avaient appris que bien souvent, la discrétion vous desservait plus qu’autre chose dans des endroits comme celui-ci.

Sous sa capuche, Ciryandil eut un sourire. L’ambiance de l’endroit lui plaisait déjà. Un rire franc et sincère s’échappa de sous le vêtement qui masquait son visage par deux fois : lorsqu’il vit le panneau interdisant les encapuchonnés, et l’autre quand il apprit que Glorfindel avait dû se dessaper.

« Glorfindel à poil ? Eh ben. Le gamin a dû se sentir tout gêné. J’aurais aimé être là, ça devait valoir le coup d’œil. Enfin. Si le petit y est passé, je suppose que je n’ai pas le choix, sinon on va me traiter de vieux réac’. Et puis fait chaud en plus. »
Fouraillant sous sa cape, l’elfe devait visiblement dégrafer sa ceinture.

« Bon, la règle numéro 1, quand on vous sort une bouteille et un dé à coudre, c’est de demander comment s’appelle la boisson parce qu’on ne sera pas en mesure de le faire plus tard », fit Ciryandil, avant d’ajouter : « Donc, comment s’appelle cet alcool ? »

Avec un froufrou discret, surtout dans une taverne aussi bruyante, le pantalon de l’elfe tomba à terre. Il conservait toutefois sa cape pour le moment et l’absence de cliquetis métallique indiquant une chute de ceinture pouvait aussi éveiller les soupçons des observateurs les plus vigilants.

« Ce que je suis prêt à payer pour voir le Renard ? Ah ce grand classique. Vous voulez savoir à quel point je tiens à le voir pas vrai ? Bein vous voyez le problème c’est que c’est vous qui, visiblement, pouvez m’emmener le voir. Donc c’est vous qui connaissez la valeur du service.
Donnez-moi votre prix et on verra bien si j’ai envie de le payer », déclara Ciryandil, amusé.

Alors qu’il parlait, il eut un mouvement vers son visage, semblant poser un objet de couleur sombre dessus. Après quoi, il laissa tomber la cape, révélant un elfe cul nul, dont le visage était caché par un loup hurlant à l’aspect menaçant. Un cri de surprise retentit dans l’auberge, et plusieurs personnes devinrent blêmes en comprenant qu’ils avaient à faire à l’un des plus vieux serviteurs de Sauron, le Loup du Mordor.

« Quoi, vous n’avez jamais vu un elfe nu ? » demanda Ciryandil, en tombant sa chemise verte foncée au sol. « Vous n’étiez pas là non plus quand Glorfindou a fait son strip-tease ? Bein ravi d'avoir pu rattraper le coup. »
Il n’était désormais plus vêtu que d’une ceinture, à laquelle étaient accrochée un fourreau et son épée, et son masque. Grand, même pour un elfe, il avait une musculature bien dessinée qui mettait en valeur une silhouette élancée. Aucune des personnes présentes ne pouvaient avoir de doute quant à la qualité de guerrier de l’elfe qui se tenait devant eux. Ses cheveux noirs de jais descendait jusqu’à mi-dos. Même nu il aurait fallu être fou pour le sous-estimer : chacun de ses mouvements révélait le prédateur qu’il était.

« Je n’me suis pas présenté au fait. On me surnomme Loup du Mordor. Maitre espion de Sauron, tout ça tout ça. » Le ton était amical, mais n'en contenait pas moins un avertissement qui disait : C'est drôle hein, le maitre espion du Mordor nu? Mais si vous savez, l'elfe super vieux qui a tué plein de monde! Et que personne n'a jamais réussi à coincer. Personne ne vous croira jamais.

Décontracté, la situation ne semblait pas une seule seconde décontenancer l’elfe, qui prit le temps de réfléchir maintenant que son corps était à l’air libre : aucun tavernier humain n’aurait pu percer le percer à jour. Pas parce qu’il portait un déguisement. Il n’en avait pas. Mais surtout parce qu’il était passé maitre dans l’art de sembler autre chose que ce qu’il était réellement. Même les prostituées qui l’avaient abordé, dehors, n’avaient pas pu s’en douter avant qu’il prenne la parole en disant des conneries d’elfes.
Aucun tavernier humain normal en tout cas. Il commença à mieux détailler son interlocuteur. Franchement séduisant d’ailleurs. Il le mettrait bien dans son lit. Mais il y avait quelque chose qui clochait. Un détail le titillait, sur lequel il n’arrivait pas à mettre la main. Dans un recoin de sa tête, une idée commença à toquer à la porte de sa conscience, brulant de se faire connaître…

[HRP : en fait c'est cool de se mettre à poil, pas besoin de décrire les vêtements! LOL]

( ce rp tourne en cahuéte! Ca fait un bail que je ne me suis pas autant marrée en tapant et lisant )

Ciryandil, qui gardait toujours un oeil sur les clients, fut surpris lorsqu'il vit le sourire du tenancier, plein de canines. Ce n’était pas des canines d’hommes. Ni d’elfe. Ni de demi-elfe. Ni d’orc. Ni de… En fait il n’avait jamais vu ça chez personnes. Étrange. Ce tavernier était décidément mystérieux. Bien que ne laissant rien paraitre de son trouble, il décida de détourner l'attention de son interlocuteur. Et quoi de mieux que de le faire en lui répondant.

« Ah bah fallait le dire toute de suite que c’était juste la cape ! fit Ciryandil en riant. Bon bein je me rhabille. Je m’en voudrais de provoquer un malaise parmi vos jeunes dames. Pardon, un AUTRE malaise. »

Aussitôt dit, aussitôt l’elfe entrepris de se rhabiller. Ce qui ne prit pas beaucoup de temps. Il n’avait pas son armure (qui était de toute façon simple a enfil… A revêtir), seulement une chemise robuste et bien découpée de couleur verte foncée, ainsi qu’un pantalon marron (foncé aussi), retenu par une ceinture dont la boucle semblait faite d’un métal sombre ne réfléchissant pas la lumière. Enfin, il remit ses longues bottes de marches. Sans doute le moment le plus pénible. Quant à sa cape, il la posa sur ses épaules, sans pour autant remettre sa capuche. Avec cet accoutrement, il ressemblait à un rôdeur... Enfin sauf pour le masque de loup qui lui cachait le visage.

Quand je pense que j'ai pris cette cape uniquement pour la capuche. C'est vrai quoi, qui de censé mettrait une putain de cape à Umbar! Il fait aussi chaud que dans un four à pain en journée! Si c'est pour faire une entrée remarquée, ça va être réussi. J'imagine le gars qui se dévoile dans un grand geste repoussant sa cape, comme dans les épopées. "Mouhaha! je suis Guliril l'elfe, contemplez ma magnificence! Et fuyez face à l'odeur que je me traine parce que je suis trop chaudement habillé uniquement pour pouvoir faire voler ma saloperie de cape au vent!"

L'elfe s'interrompit un court instant.

Et en plus j'aime pas les capes, conclut-il péremptoire. Et c'est à ce moment là que choisit l'idée qui lui trottait dans la tête pour faire surface : patron de taverne mystérieux. Enseigne qui s'appelle le renard enragé. Patron de taverne roux. Roux comme un Renard. Mystérieux comme un Renard. Patron de la taverne du Renard. Le faisceau d'indice se resserrait. Sur cette déduction surpuissante (HEMHEM. Note du narrateur : là au classement des détectives on est derrière scoubidou et inspecteur gadget, n'en fait pas trop). Heu... Bon, en tout cas, il repris :

« En fait... c’est vous Renard c’est ça ? Vous ressemblez à un propriétaire de taverne. En fait non. Mais vous vous comportez comme ça en tout cas. Petit chenapan. Ca mérite que je boive un coup à votre santé ! » Fit-il en buvant aussi sec son dé à coudre de suicidre. Avant de dire d’une voix étouffée :

« Pfou ! Ça a du retour ! »

Il n’avait jamais bu une boisson pareille. Et pourtant, il avait gouté un sacré paquet d’alcool dans sa vie.

« Brhuhum ! Pas mal vot’ truc. 'Ffectivement y'a d'la pomme », dit l’elfe, avant d’ajouter, la voix légèrement moins assurée qu’auparavant : « Bon, heu… Z’auriez un coin pour discuter tranquille ? J'ai des nouvelles pour vous, mais j’préfèrerais éviter d’en parler là. Rapport aux oreilles sur les murs. Enfin un truc comme ça quoi. Ah oui, je peux emporter la bouteille aussi? J'ai de quoi payer, » précisa-t-il.

En vérité, Ciryandil n’était pas aussi attaqué que ça. Bien qu’un peu pompette suite à la puissance du breuvage qui venait de lui vidanger les sinus, récurer l’œsophage et nettoyé l'estomac de tout ce qui trouvait, il surjouait en vérité. Si si, il surjouait je vous dis. Eeeen tout cas c'est ce qu'il essayait de se persuader. Suicidre hein? pensa-t-il. Il avait une petite idée de la raison. Mais il se demandait quel genre d'alambic pouvait pondre une boisson pareille sans fondre. Et qui avait pu inventer cette boisson. Et si ça avait été intentionnel. Beaucoup de question pour une boisson.

« Ah, je suis découvert on dirait, » fit Ciryandil en souriant derrière son masque. « Oui, l’avantage de paraitre idiot, c’est que les gens se méfient moins. On parait au choix sympathique ou… Simplement bête. Rare sont ceux à vraiment se méfier de ceux qui semblent un peu trop simple. Heureux de voir que vous faites parti de ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez.

Enfin. En parlant d’apparence trompeuse, vous êtes une elfe pas vrai ? Et une femme. Une drôle de combinaison pour une tenancière de taverne à Umbar. Enfin j’imagine que je suis mal placé pour juger vu que je me suis mis tout nu devant les clients y’a pas 5 minutes ! Et que l’un de mes plus proches amis est deux gobelins qui se prennent pour un elfe. Une fine équipe. Et je ne me suis pas gouré sur les pluriels, » signala-t-il, tout en songeant que quand on l’écoutait parler on devait se demander s’il était sérieux et s’il disait la vérité. En l’occurrence, c’était la vérité et l’ami en question s’appelait King of Lorien. On aurait pu croire qu’il donnait des informations précieuses… Mais en vérité l’existence de King of Lorien était connue. Enfin, chez tous ceux qui n’étaient pas des elfes. Ces derniers refusaient de croire en l’existence de ces deux créatures qu’ils jugeaient déshonorante pour leur race.

Ciryandil accepta le deuxième verre, ce qui provoqua une panique parmi ses neurones, qui hurlaient à qui mieux mieux qu’il était hors de question qu’un breuvage pareil passe à nouveau la bouche de leur abruti d’hôte qui, décidément, n’écoutait pas la voix de sa raison.

« Merci bien pour le verre ! Oh et au passage, ce n’est pas parce qu’on est dans un endroit éclairé que vous verriez ma dague arriver pour autant. Sans mauvais jeu de mots. Quoique vous soyez bonne observatrice.  Aller, santé ! »

Avalant avec son verre avec difficulté, l’elfe sentit cette fois que la boisson commençait à lui monter à la tête et estimât que 5 dés à coudre devraient suffire pour le faire rouler sous la table, ivre mort. En coma éthylique. Mais l’était pas sûr sur le chiffre de 5. Marrant comme chiffre ça 4. Heu 4. Mais non, 5 ! Ouais voilà.

« Bon. Heu… Ah oui ! Donc. L’seigneur dur Mordor… du Mordor pardon, à un job à vous proposer », dit Ciryanbil… dil. Ciryandil,  en baissant la voix, peu inquiet des espions mais en même temps refusant de prendre trop de risques.

Se concentrer lui demandait de gros efforts, mais il luttait contre le brouillard de l'alcool avec succès. En tout cas pour l'instant. Faut dire que la boisson rassemblait ses troupes dans l'estomac avant de prendre d'assaut le sang. Ce n'était qu'une question de minute.

« J'aimerais d'ailleurs bien rentrer dans les détails, en toute amitié bien sûr, mais si notre conversation devait être écoutée un peu trop attentivement, je crois que vous ne pourrez jamais plus venir faire la tenancière de taverne tranquillement jusqu'à la fin de vos jours. Et j'peux me débarrasser de mes armes si vous y tenez. Et oui je sais ça a l'air louche mais de toute façon, vu que vous savez qui je suis, tout ce que je pourrais vous proposer paraitra louche non? »

Après une pause, il repris normalement : « Chuis pas Maïa de la déduction, mais ça aurait été une sacré bonne idée qu'il y en ait un. Les valars n'auraient peut être pas fait autant de conneries à travers les âges au moins. Ou alors... Il existe mais ils ne l'écoutent pas, ce qui ne m'étonnerais pas, mais alors pas du tout. »

Légèrement désinhibé mais pourtant toujours lucide, Ciryandil observait son interlocutrice avec intérêt. Il est toujours intéressant de bien observer quelqu’un qui voit l’un de ses secrets, qu’il soit honteux ou non, mis au jour. Ensuite… Et bien le maitre espion était tout aussi attiré par les hommes que par les femmes, et Renard… Ou Renarde plutôt ? Cultivait une apparence d’homme, tout en étant une femme. Et en étant très séduisante dans les deux cas, ce qui était loin de lui déplaire : ses deux petits péchés mignons rassemblés en une personne ? Bingo ! Le fait qu'elle soit une demi elfe aussi l'arrangeait, car il trouvait les femmes elfes de sang pure ennuyeuse. Jackpot!

Et il ne risquait pas de paraitre bizarre puisqu’il avait bu : pratique l'alcool pour les bonnes excuses.

La saillie de son interlocutrice sur son nihilisme supposé le fit en tout cas sourire. Ce n’était pas la première fois qu’on l’accusait d’une chose pareille. Dans sa longue histoire, certains de ses adversaires avaient abordés le sujet. Parce que si les méchants font des monologues pour exposer leur plan, les gentil aussi ont des tocs, comme faire des discours vibrant sur « pourquoi le mal c’est pas bien, et pourquoi le bien c’est trop cool. Même si dans la bouche de Renarde, cela ne ressemblait à ça.

« Ah ? dit Ciryandil. J’ai été espion du Harad une fois ça compte ? Enfin j’étais agent double pour le Mordor alors j’imagine que non. Bon. Plein prix alors. Faudra que je fasse une note de frais. Pourrez me faire une facture ? Non non je plaisantais ! Je vais prendre la chambre. »

Dit-il en payant le prix que lui demandait la Renarde, plus un petit supplément pour avoir dérangé la patronne, qui ne perdait pas le nord[HRP : me suis arrangé avec Foxy]. Il prit la clé en se disant que c’était un bon moyen de lui soutirer de l’argent sous prétexte de « trouver un endroit tranquille où discuter ». Il se demanda combien elle avait pu soutirer au patron et cette pensée le fit sourire. Ciryandil pris la bouteille de suicidre (il l’avait payée après tout) et le dé à coudre, se dirigea vers l’entrée de la taverne, observant les quelques prostituées qui se trouvaient là. S’approchant d’une jeune demoiselle à l’air un peu timide et franchement fatiguée, il l’invita à prendre son bras, au grand plaisir de cette dernière et jalousie de certaines de ses collègues. Jusqu'à ce que visiblement elles se rappellent qu'il était maître espion du Mordor et que ce devait être un psychopathe adepte du SM du cuir, et peut-être même des... moustaches(ajouter musique d'angoisse). Il monta ensuite à l’étage, sous le regard désolé des-dites collègues auparavant jalouse.

Une fois dans la chambre, il dit à la prostituée :

« Avant de commencer... Puis-je vous offrir un verre? » Dit-il en tendant un dé à coudre de suicidre à la prostituée. « Je suis peut être du Mordor, mais je ne suis pas un cuistre, mademoiselle. »

La prostituée, surpris et ravie, pris le verre, en le buvant cul sec. Sans doute avait-elle oublié quel genre d'alcool c'était. En tout cas, elle passa de la station "debout" à la station couchée immédiatement. L'elfe la rattrapa avant qu'elle ne touche le sol, et l’étendit sur le lit, avant de ne pas la recouvrir d'une couverture. On est à Umbar. Il fait chaud.

S'asseyant sur une des chaises se trouvant dans la chambre, il étendit ses jambes et décida de patienter.

( journée de rattrapage rp. Pardon pour l'attente, une p'tite démotivation suivit d'une semaine chargée = combo ultime - là, il pleut à torrent dehors. donc un peu de pc ne fait pas de mal. )

Lorsque le crébain passa, il du éviter un coussin et poussa un croâ! outré. Ciryandil lança :

Eho, t'es pas de permission, retourne à ton poste tout de suite ou j'me fait un nouvel oreiller avec les plumes de ton croupions!

L'oiseau sorti par la fenêtre, en poussant un deuxième croâ! outré. Et tout redevint normal dans la pièce.


Ah, répondit Ciryandil, décontenancé. Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça. Mais vous ne voulez pas un dé à coudre de suicidre avant? demanda candidement l'elfe.

Ciryandil nota la réaction de son interlocutrice envers le livre qu'il tentait maladroitement de cacher. Bien qu'il ne le montra pas, il apprécia cette réaction, car lui même considérait les livres comme un bien précieux dont il fallait prendre soin (oui là c'est une exception et il sait les réparer). D'ailleurs, il ramassa le livre et le posa sur la table, en défroissant quelques pages.

Hem, pardon pour ça.

Bon, vous ne connaissez pas Sauron. Alors peut être le connaissez vous sous le surnom de Mairon? Comme il a les yeux mairons? plaisanta le maitre espion. Non. Artano? Aulendil? Gorthaur? Celui là c'est pour faire méchant. Hm... Sinon y'avais le Nécromancier... Ou... Ah oui! Zigûr. Mais celui là faut pas trop en parler. les numénoréens noirs l'ont appelé comme ça et... Bein pour tout vous dire, c'est un peu pour ça qu'il s'est arrangé pour que leur île finisse au fond de l'océan.

L'elfe plaisantait. Enfin sauf pour la partie sur Gorthaur. C'était vraiment pour faire méchant. Manquait plus qu'un "K" quelque part pour le grand schelem. Une idée fit son petit bonhomme de chemin dans la tête du Loup du Mordor et il ajouta :

Ah non je sais. Il s'est présenté à vous comme un humain. Et il ne vous a donné aucun élément sur son identité. Oh bordel. J'adore quand il fait ça. C'est tellement plus simple pour moi après. Alors vous voyez, c'est vous savez qui, qui un jour a discuté avec vous de je sais pas quoi - n'a pas jugé bon de m'avertir -, et je sais même pas exactement quand! Et y veut vous embaucher!

Comme quoi on a vraiment besoin d'une intendante en fait.

Bon vous auriez pas croisé un homme séduisant mais un peu froid avec une intelligence qui se démarquait de la moyenne? Enfin, séduisant, ça ne regarde que moi hein.

( bon, je vais faire une chose que je n'aime pas faire : citer les phrases. Car le rp étant un peu disparate, je suis pas sur que tu comprennes tout )

Ciryandil remplit le dé à coudre du breuvage alcoolisé. Il le lui tendis ensuite, en se demandant combien de verre de suicidre pouvait boire la patronne de la taverne qui le servait. Sans doute une bonne quantité vu le nombre d'olibrius qui, comme lui, avait dû se poser la même question. Lorsqu'elle le traita de moche, il se contenta de hausser les épaules. Il était le dernier elfe de son peuple, avait rejoint Sauron, combattu pour ce dernier et était un traitre pour tous les autres elfes qui le considéraient comme le premier corrompu. S'il avait dû se vexer à chaque fois qu'on avait donné un avis sur lui en mal, il aurait inondé les terres du milieux à cause de sa bave au lèvre de rage.

On m'a toujours dit que je n'étais pas une lumière, fit Ciryandil en souriant joyeusement. Remarquez, pour un maitre espion c'est raccord.

Elle n'en comprend que la moitié? s'étonna intérieurement Ciryandil lorsqu'elle feuilleta le livre, en parlant de l'elfique qui s'y trouvait. Le maitre espion connaissait bien le livre, puisque c'était lui qui avait couché chacun des mots qui s'y trouvaient sur le papier, sous la dictée de son roi Ëol. Aucun demi elfe ne pouvait comprendre ne serait-ce qu'un mot de cet idiome. Seul de vieux, vraiment vieux elfes, le pouvaient.

Pour éviter de laisser paraitre ses soupçons, il préféra aborder un autre sujet beaucoup plus intéressant :

Vous avez passé une bonne nuit ensemble? Avec mon Sauron? Comment ça "une bonne nuit ensemble"? Non parce que je confirme, se présenter en tant que capitaine sans bateau ni équipage c'est bien son genre. Quelqu'un d'intelligent qui fait une bourde aussi éhontée, ça attire toujours l'attention.

Tout en parlant, il s'efforça de détailler son interlocutrice, en gardant son air sincèrement interrogateur. Elle était grande, franchement musclée et avait le teint hâlé. Il n'avait jamais entendu parler d'elfe au teint hâlé. D'un autre côté, Ciryandil n'était pas stupide au point de croire qu'il savait tout sur tout. Donc en résumé, se dit-il, il avait à faire à une elfe, qui avait le teint hâlé et ne connaissait pas "Sauron". Et elle était aussi... Musclée qu'un forgeron elfique en fait. Sauron lui avait dit qu'elle pratiquait cet art. Vu la masse musculaire, ce n'était ni un passe temps, ni une ancienne occupation. C'était la première fois qu'il voyait une femme elfe qui n'avait pas l'air de passer son temps à danser/chanter/tirer à l'arc/monter à cheval/regarder les étoiles/regarder l'air pensif au loin/soupirer après celui qu'elle aime (rayer les mentions inutiles, si jamais vous en trouvez une). Il était là en face d'un oiseau rare ou il ne s'y connaissait pas!
Il nota également qu'elle avait les racines des cheveux légèrement noirs. Une teinture? En tout cas, ça cadrait mieux avec sa couleur de peau... Si c'était bien sa vrai couleur de peau. Une seule solution pour être sûr : il devait la voir toute nue. Voir coucher avec. Ah, il fallait donner de sa personne quand on était maître espion. Vraiment, cette perspective... Ne lui déplaisait pas. Et l'air de rien, même des pratiques sexuelles pouvait révéler des choses sur la personnes. Enfin, ça c'est ce que dirais Ciryandil si on lui posait la question. La vérité, c'est que c'était surtout un bon prétexte pour paraitre pro, alors qu'on apprenait surtout des choses comme l'endurance, l'agilité, si elle préférait être soumise ou dominante et les positions préférées de son ou sa partenaire.

Et puis Sauron aimait les rapports détaillés. Et il ne lui avait pas interdit de coucher avec non plus (lui n'avait pas l'air de s'être gêné!). Fallait être précis.

J'arrive pas à croire que Sauron ai pu consommer avec une femme. Sans offense : je ne l'ai jamais vu s'intéresser à qui que ce soit pour autre chose que son intelligence. Et ça fait... 6000 ans que je le connais?

Il jeta à Renarde un regard inquisiteur, brûlant d'en savoir plus.

Un juron fusa des lèvres de l’elfe lorsqu’il reçut le suicidre à la figure. En effet un petit pfuiiiii ! aiguë s’éleva dans la pièce lorsque le liquide entra en contact avec le métal de son masque. C’était du p *BIIP* de métal météoritique bo *BIIP* !
Il suivit dans un premier temps la patronne de la taverne, les mots « Alors oui, mais non, je crois qu’il y a un malentendu » se formèrent dans sa bouche, mais restèrent à l’état de simple pensée lorsque la porte se ferma violemment juste devant son nez. Encore un peu et il serait passé à travers. Ce qui aurait été très drôle, mais pas vraiment digne d’un maitre espion du Mordor.

« Okééééé ! Fit Ciryandil à lui-même. Au moins elle n’aura pas de soucis avec les généraux, elle va les remettre à leur place. Ça risque d’être rigolo à voir. Note à moi-même : prévoir une garde rapprochée. Parce que les généraux vont monter sur le grand chevaux et sortir les assassins des placards. »

Sortant de la chambre à son tour, il lança :

« Ah mais alors vous vous trompez complètement là ! Je n’ai pas dit que c’était interdit ! De ce côté-là, on fait ce qu’on veut au Mordor. Tout le monde peut coucher avec qui il en a envie et inversement.  Sans déconner vous croyez que ça arrive comment les moitiés de moitié ? Demi troll, demi orc, et j’en passe ? Donc, vous pouvez coucher avec Sauron, vous pouvez coucher avec moi, vous pouvez faire ce que vous avez envie. C’est juste que Sauron, habituellement la bagatelle, bein ce n’est pas ce qui l’intéresse ! Il préfère les gros neurones aux… grosses caractéristiques physiques que les hommes trouvent séduisante ? »

A ces mots, Ciryandil fit le geste que tous les hommes font en parlant de ces choses-là : le sablier. Oui ce n’était pas très élégant, mais au moins tout le monde sait de quoi on parle.

Lorsqu’il prononça le nom de celui dont il ne fallait pas prononcer le nom… Mais non, Sauron pas Voldemort enfin ! Bref. Lorsqu’il prononça ce nom, ce fut comme s’il avait soufflé de la corne de brume au milieu d’un troupeau de *insérer ici ruminant typique*. Des chambres sortirent de toute part des gens paniqué, fuyant de manière plus ou moins habillées et ordonnée. Ciryandil conscient de sa bourde, tenta de rattraper le coup :

« Nan mais c’était une métaphore ! Une façon de parler ! C’était une image quoi ! »

Mais ce discours ne convainquit personne. Sans doute parce que c’était un elfe de 2m10 avec le masque du maitre espion du Mordor qui venait de le déclamer. Question crédibilité, on a connu mieux.

« Oh et puis merde. On sera plus tranquille au moins. »

Une fois la foule dispersée (quoique foule était un bien grand mot), le maitre espion s’approcha de la patronne et dit d’un ton accusateur :

« Avouez, vous avez fait exprès de mal comprendre. Vous aviez prévu que je fasse une bourde du genre et maintenant, je vais devoir vous dédommager ! J’exige un concours de suicidre pour compenser ! Ah et je vous vois venir : non je ne vous bourre pas la gueule pour vous emmener au Mordor sans votre consentement. Ce serait contre-productif pour recruter quelqu’un qui est censé améliorer les choses. Et oui je l’ai dit. M’en fout de toute façon tout le monde s’est barré. Autant que je paye pour quelque chose. »