Chroniques d'Arda
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 [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres

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Snardat
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MessageSujet: [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres   [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres EmptySam 5 Aoû 2017 - 17:39

I : Troork "la Soif"…


Vraiment. Je l’aime, ma Légion. Ma Meute...




Madhar est casqué, comme quand il se prend bien au sérieux. Il a demandé à Ludra si elle se sentait de porter les longs piquets de bois...
« J'ai une tête à porter des piquets ? Qu'elle lui a fait. Sans mot dire, il a zappé la peau-verte pour passer à moi. M'a demandé si je me sentais de porter les longs piquets de bois.
— J'ai une tête à porter des piquets ? J'lui ai fais sur le même ton que Ludra.
Son casque totalement fermé sur sa tête ne laisse exposé du Peau-jaune-crâne-d’œuf que sa mâchoire inférieure, et ses yeux au-travers de deux fines fentes. Il a poussé un soupir sec par les naseaux de son nez aplati, métallique à l'intérieur de son casque. Son regard comme sa bouche demeurées neutres. Et il me les a refilés dans les bras, ses foutus piquets.
— T'es responsable des piquets, porte les et t'en débarrasse pas en chemin. » Qu'il m'a fait...
— Pourquoi moi et pas Yari ou Ghik ? J'me suis insurgé... Ou les plus inutiles, comme Chizo et Troork, histoire de leur faire les bras ? Ils en ont bien besoin !
— Ta gueule. » M'a juste retourné le frère de Mad', Jarrax.
Derrière lui, le trapu Urktul et Tozhug ont gloussé. Chargée de son paquetage de matériel médical et  cuirassée, la maigrelette peau-rose qu'est Tozhug semble avoir doublé en volume.
« J'porte déjà l'tambour moi... A voulu plaider le grassouillet Tirstig, le porteur de tambour...
— Content pour toi, Tirstig. Porte ça aussi, lui a dit Madhar en lui sanglant des ustensiles de cuisine sur le dos. Et ça aussi. Et ça.
— Tu veux ma mort ! S'est morfondu Tirstig.
— Et toi "Chef", a piqué Ghik à l'attention de Madhar, tu portes quoi ? »



Une journée de marche dans le désert pour les jeunes sections. Visionne une longue file de trois-cents enfants Orques vêtus d'uniformes rapiécés de peaux, fourrures et cuirs noirs, qui marchent en rangs de quatre, encadrés par les grands en armes. Sergents, Caporales. Le stoïque Sergent-chef Uruk Murgleeth, qui suit en silence engoncé dans son armure de légion intégrale, suivi du sinistre Maître de Discipline, anonyme et à la mâchoire inexpressif sous son casque, enveloppé dans sa livrée noire, qui accompagne pour observer.
Casqués. Lourdement équipés d'épieux, de haches, de boucliers. On voulait du fer, on l'a aujourd'hui, jambières, brassards, épaulières sanglés sur nos membres. Plastrons de cuir bouilli et cuirasses pour les plus robustes, prêtés par de généreux vétérans. Trop grands pour nous, comme tout le reste.
Et par-dessus, ils nous ont fait prendre nos paquetages avec vivres, outils et matériaux de campement qui nous dépassent en taille, qu'ils nous ont fait nous répartir.
Ces foutus piquets de bois.
Nos gourdes à nos ceintures, avec consigne de rationnement...
Peuvent bien aller se faire aimer...
Et tous beaux tous chargés qu'ils nous ont faits, ils nous ont sorti des casernes de la Légion et gagner le sentier des collines à flanc des chaînes de montagnes de notre région-barbacane. La Cage-aux-Casernes.
Et nous voilà en marche forcée en cette belle journée caniculaire !
La chape de poix dans le ciel de notre pays éclipse le soleil, mais rend sa chaleur moite. On sue à gros bouillons dans nos fourrures, suffoque dans nos casques.
« Plus haut qu'ça, les enjambées ! Nous sifflent les Sergents. Mettez-y un peu de conviction ! »
En tête de Section au côté de son pair Volg, Madhar brandit fière et haute la bannière. Voilà, ce qu’il porte, lui…
Quel désastre ! Le mettre en tête de cortège va encore accroître son égo, la seule chose que Peau-jaune-crâne-d’œuf a de "mâture" dans sa croissance
d'Uruk
Engeance des Légions
Progéniture de sous-officiers
La totale pour faire de lui
un être à part
le héros de sa propre saga
avec Ludra Fille-du-Lieutenant-Yetch, le plus flamboyant pourri-gâté que la 18ème Légion n'ait jamais connu.
Imaginez ce que ça donnera avec le fruit de leur inéluctable union quand surviendra la puberté…
Dans le rang de devant, centre droit, Troork l’un des p’tits peau-noire de la Meute, qui cède une énième fois à la soif et reprend en main sa gourde. La porte au-dessus de sa large bouche et… Quatre goutte, et Vide ! Ses gros yeux qui s’écarquillent d’effroi, délectable ! J’me prive pas de glousser de son malheur…
Sur le flanc de la colonne, les Sergents Dartak et Raqsh l’ont vu eux aussi. Dartak qui tourne son rictus en un sourire gentillet et qui vient se glisser parmi nous au côté de Troork, le prenant sous son bras dans une affection mimée…
« Bah alors mon p’tit gars ? T’as déjà vidé ta gourde ?
Sa voix nasale et ses yeux globuleux noir, son cuir gris laiteux strié de veines noires apparentes et sa bouche à la langue sifflante sous son heaume typé rohirrim, donnent l’impression d’un lézard qui aurait appris à siffler de rhétoriques mielleuses et pernicieuses…
« Ah ça c’est ballot ! On t’avait dit de la rationner pourtant… Mais c’est vrai qu’tu t’assoiffes rapidement toi hein, on aurait dû en tenir compte…
Le Sergent prend en main et présente à Troork sa propre gourde, et j’appréhende en courbant la tête en grimaçant. Troork "Blondin" aussi d’ailleurs…
« Tu veux que j’t’en remette avec la mienne ? D’la bonne eau bien fraîche, avec de la glace… Tu t’crois où là ?! Sur ta paillasse en train d’te prélasser ?! Tu fais d’la marche forcée, gamin ! T’as pas fais le quart de l’aller ! De l’aller ! T’as le retour à faire après ! Et t’as déjà vidé ta gourde ? T’as aucune endurance ! Tu sers à rien ! J’te préviens gamin : si tu tombes dans les pommes, j’te cloue sur un rocher ! »  
Evidemment, en temps que frère de Meute, nous nous devons de prendre la défense farouche de notre frère Troork, aussi le soutenons-nous, le poussons de l’avant, l’encourageons tout le restant de la marche, partageant notre eau avec lui en nous portant garant face aux Sergents que notre camarade à peau noire va tenir toute la marche…
Des clous !
La moitié de la Meute dont j’ai le plaisir sadique de faire partie reprend l’avertissement du Sergent en une moquerie gaussée, tandis que Ludra et Tozhug, les filles lui sifflent hargneusement qu’il sert à rien, l’accablant de toutes parts…
Raqsh agacée nous somme de la fermer sous peine de nous botter le cul tout le reste de l’étape…
Personne n’a vu le gentil Chizo prendre la gourde de Troork à sa ceinture et partager équitablement son eau avec son camarade.
Une crête franchie plus tard, les Sergents se disent que ça serait sadiquement drôle de nous faire courir au fouet et au bâton de correction dans les pattes, avec tout c’qu’on est chargés.
« Aller, de bonnes enjambées si vous voulez échapper au fouet ! Et vous n’brisez pas les rangs, bande de larves ! » Nous aboie Raqsh…


« Sauron, regarde et pleure… Peste Dartak… Est-ce qu’on entraîne des soldats ou du bétail ? Qu’est-ce que vous êtes, des soldats ou du bétail ?
— « Des soldats, Sergent… »
— J’entends rien !
— « Des soldats, Sergent ! »
J’entends rien d’autre qu’des halètements d’porcs ! C’est comme ça qu’il vous voit, l’Ennemi au-delà de nos frontières, comme des porcs ! Et vous êtes partis pour vous faire saigner comme tels si vous avez pas un peu plus de contrôle sur vos remontées gastriques ! »
Qu’est-ce que tu veux qu’on y fasse… En marche et en course, nos organes sont pris de remontées gastriques et on grogne, on halète comme des cochons… C’est notre race, on y peut pas grand-chose…
Les Caporaux nous souffleront plus tard que le truc pour les réduire à bas, c’est de chanter, scander et pousser des clameurs guerrière. En plus, tous les chefs ils aiment ça, les chants, les scandes et les clameurs guerrières.
Quand ils nous font faire une halte et décrètent l’Inspection, les fragiles tremblent aux limites du vacillement à leurs places dans les rangs alignés. Les fragiles, c’est principalement du côté de l’autre Meute de Bleus de la Section qu’on les a, avec des gars comme Vrulo, Purbag, Gaskal le p’tit gros au nez de cochon, Lizhu le sous-chef tout jaune, et Metag et Gargi… Mais on est bien fourni quand même dans ma Meute, avec Chizo, Troork, Urktul et Tozhug. Plus les grands cons que sont Ghik et l’Uruk Krell Yari auxquels je me joins parfois dans les élans de flemmardise, on tient une belle équipe d’incompétents notoires en herbe.
Moi bien sûr, ça va tranquille. Courir en portant des putains de piquets dans les bras qui font trois fois mon poids de rachitique, ça me crève pas du tout. Sans parler des protections et des paquetages qui doublent notre poids.
« Regardez-moi ce tas de limaces… Se moque Raqsh. Et un Caporal qui surenchérit en me mettant un coup de bâton de correction dans l’genou :
— Un peu de dignité ! Le dos droit ! » Grogne une voix nerveuse, gutturale mais jeune et nasale, entre le grave et l’aigu derrière le filtre métallique du casque…
« Charir ? » Je l’identifie. Il se raidit, tout gêné.
— Je… Non, c’est Rugar. » Prétend-il.
— Des clous ! Rugar il est là-bas ! C’est toi, Charir ! C’est complètement toi ! T’es grillé, vieux !
Fixe ses chausses tout gêné, en mal de crédibilité…
— Désolé pour l’coup dans la patte p’tit gars, qu’il abdique. J’y ai pas été trop fort ça va ?
— Un peu quand même…
— Autant pour moi… S’excuse-t-il en se détournant.
Revient me flanquer un second coup, m’arrachant un jappement en riant mauvais...
— Rien d’personnel p’tit gars, mais Skulaï m’offre une promotion si j’vous fais souffrir !
— Un peu d’pitié Charir, tu dis tout l’temps que tu m’aimes bien !
— "Qui aime bien châtie bien", p’tit Rat… »
Raqsh qui nous aboie d’arrêter d’faire les mariolles. La fin de l’Inspection, ils nous donnent un peu de temps pour souffler. Temps que Madhar met à profit pour changer de mains mes piquets et les passer à Urktul, m’échangeant ses besaces.
Troork supplie pour de l’eau. Chizo tente d’intervenir pour lui dire que c’est bon, mais je couvre ses timides sons de mon éclat de rire couinant, bondissant sur une telle opportunité de me rire du malheur de Troork...
« Nyark ! Les larves de Nûrn elles ont aucune endurance ! » Que je nargue par-dessus toute la Section…
— J’t’emmerde Rat ! Me siffle Troork, aigri. Allez les gars s’ivouplaît, le Sergent il veut me clouer sur un rocher… Pleurniche-t-il.
Madhar finit par décréter qu’on va tous partager notre eau avec Troork. Lui fait boire une gorgée directement dans la sienne, et je rapplique pour me joindre au partage en rechignant pour le principe, pour la façade...
Evidemment, que je vais la partager avec Troork, mon eau… Même si le voir en panique est un spectacle purement hilarant, Troork c’est mon copain, je joue juste un rôle. De même que lorsqu’il s’effondrera en fin de journée, personne ne va le clouer sur un rocher. Dartak, Raqsh, Rugar, Charir, ils jouent juste un rôle. On joue tous un rôle. Même le putain de Maître de Discipline avec sa face de marbre, il joue juste un rôle... Parfois, dans mes songes, j’ai le ressenti que le Mordor tout entier, peut-être même le monde extérieur avec lui, joue en réalité un rôle… Le seul parmi nous qui n’a jamais joué un rôle je crois, c’est mon frère et Chef de Meute, Madhar…

Une horreur aveuglante, lumière du soleil, perce la chape de ténèbres et les terres rocailleuses des collines au-devant de nous se mettent à irradier de cet éclat nocif, blanchâtre…
Les Sergents et Caporales échangent des regards. Ca, c’était absolument pas prévu, et c’est de fort mauvaise augure. Se consultent du regard pour voir s’ils doivent continuer la marche dans ces conditions…
Oui.
« Ce sont les aléas de la guerre, décrète le Sergent-chef Uruk Murgleeth…
— J’sais pas, c’t’une vraie torture de les faire continuer là-d’dans, plaide Dartak, soutenu par les Raqsh et les Caporaux qui opinent…
— Vous avez jamais eu à subir l’éclat du soleil à la guerre ? Demande Murgleeth.
Il connaît très bien la réponse :
— Oui, bien sûr… Plus d’une fois, bredouille Dartak…
— Bon, ben alors c’est de l’entraînement en conditions réelles. »


Dernière édition par Snardat le Sam 20 Juil 2019 - 17:12, édité 15 fois
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MessageSujet: Re: [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres   [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres EmptyDim 6 Aoû 2017 - 9:00

II : Crocs Blancs Skulaï…


C’est d’une autre marche en Section dont on revient cette fois-ci à l’Antre. Une marche à longer le flanc montagneux ouest de Gorgoroth, le désert de cendres. Ce plateau rocailleux et stérile aux brumes de chaleurs volcaniques.
Déjà vu des rivières de lave en fusion, de par chez toi ?
L’enfer sur terre aux heures du jour. Un froid mordant la nuit. Des prédateurs indéfinis qui rôdent tout autour de nous à toute heure, et le silence de crypte auquel se mêlent les percussions ferrailleuses des mille forges, fonderies, mines et autres infrastructures dans le lointain. Les prédateurs étaient tenus au respect tout au long de la marche par les grands qui nous encadraient, et par la sécurité relative des relais, la chaîne de postes de garde qui constituait notre itinéraire. Pour le reste, les grands faisaient les neuneus : « Ah ben non, moi j’sais pas, j’peux pas vous dire par où que c’est le plus pratique pour rejoindre le prochain poste de contrôle, c’est pas moi le Chef de Meute ! Elle dit quoi la carte qu’on vous a remis au départ, Chefs de Meute Madhar et Volg ? »
Alors Madhar et Volg étudiaient la carte en suant et en pestant…
« Mais, elle date et elle est plus à jour cette carte ou quoi, les gars ? Demande Volg aux grands.
— Ah mais j’en sais rien, moi, se défendent à tour de rôle Charir, Skûm, Thakthak, les Caporaux présents… J’peux pas vous dire Chef, on m’a pas appris à lire la carte à moi quand j’étais petit !
— Et les autres, vous ‘vous relâchez pas ! Nous grogne Dartak. Votre chef se casse la tête à vous trouver un chemin, vous lui devez bien de rester en rangs de marche !
Raqsh se permet une petite intervention sèche mais intime auprès de Mad’ et de Volg :  
— Après c’est vous qui voyez quel genre de chefs vous voulez être, mais entre nous… Vous avez toute une section d’yeux pour l’étudier avec vous, cette carte, vous savez… »
Mad’ et Volg nous la font étudier en collectif. Pour ensuite décréter qu’ils l’ont mieux interprété que Nous les Figurants et nous faire leur emboiter le pas, en trimballant tous les trucs bien lourds qu’il y a à convoyer d’un poste de garde à l’autre pour nous crever…
Mad’ et Volg n’ont pas dû bien lire la carte. On suit bien peu de sentiers de terre clairement tracés, et beaucoup de fois on galère à travers des territoires rocailleux, pentus et crevassés.
J’étudie les faciès des grands pour tenter de savoir si on fait c’qu’on attend de nous ou pas, mais c’est la même neutralité feintée insondable…
Tout le long,
Mon chef bien-aimé Madhar et son jumeau Jarrax, mes deux petits peaux-jaunes-crânes-d’œufs préférés, se partageaient l’honneur de brandir la bannière aux côtés de Volg et Lizhu, et la tâche ingrate de porter des sacs de riz et de raisins secs,
Ludra la Pistonnée du Lieutenant avait la grosse tête et se sentait obligée d’énoncer des évidences pour se donner l’impression qu’elle nous l’apprenait,
Troork, Chizo, Urktul et Tozhug démontraient qu’ils auraient leur place dans l’autre Meute, celle de Volg, vu que c’est celle des fragiles avec Purbag, Vrulo, Gaskal le grassouillet, et j’en passe,
Krell Yari, Ghik, et moi, on se gaussait des airs sérieux de Madhar et de son frère, et des fragiles qui rendaient leurs poumons et épuisaient leurs gourdes dés le premier jour…
« Le souci, Blondin, a confié Charir à Troork pendant une étape, c’est qu’tu bois trop et en trop grande quantité. Tout c’que t’ingurgites en excès, ton corps le transpire. Si tu veux boire tous les jours, ne bois que par toutes petites gorgées. »  
Ca a duré des jours et des nuits, cette marche, avec de très maigres pauses et pas toujours dans la sécurité relative des postes de garde.
Les Sergents font les neuneus quand on leur demande où l’on est, nous mettent à l’épreuve en laissant Madhar organiser la hiérarchie de la Meute.
Quand on a atteint les collines-frontières délimitant Gorgoroth et Nûrn, ils nous ont fait obliquer pour rentrer chez nous en traversant le Plateau plein nord.
Plein nord ?
Tu rigoles !
Un itinéraire improbable et bourré, zigzaguant de nord-ouest à nord-est d’une étape à l’autre, à travers les plaines de cendres et les crevasses où nous lorgnaient les Ghûls, les Wargs… Mes anciens miens, la racaille…
Une traversée de Gorgoroth sans histoire, hormis un accrochage verbal entre Contremaîtres d’usine venant à notre rencontre pour se mêler de ce qui ne les regarde pas, et Sergents et Vétérans qui, estimant le ton des Contremaîtres trop permissif et arrogant, se sont alignés en empoignant leurs armes, les sommant d’aller voir ailleurs si on y était…

De retour dans l’Antre, on gagne le lieu de vie principal où la Section a droit à une Inspection du Vieux Yetch…
« Vous êtes fatigués, Section ? Nous beugle le Vieux Yetch.
Nos regards sont comateux, nos jambes fatiguées, et nos corps comme nos loques, crasseux et poussiéreux de cinq jours et nuits de marche. Tu parles qu’on est fatigués. Tout le monde ici fantasme de toilette, de repas chaud et de bonnes paillasses.
— On n’est pas fatigués, Lieutenant ! Qu’on grogne à l’unisson.
Ou plutôt qu’on râle pitoyablement à l’unisson...
— Très bien ! Quelques entraînements physiques collectifs, en attendant votre tour en entretien individuel avec vos chefs, vous direz pas non, pas vrai Section ? »
Pompes. Abdos. Flexions. Tout pour nous achever en bonne et due forme.
— C’est bien mort, tout ça, lance Yetch au Sergent Dartak. De mon temps, les exercices de ce genre, on les rugissait sur la série.
— Vous avez entendu l’Lieutenant ? Vous êtes pas en train de faire la sieste, mettez-y du cœur !
Un par un, on y va en rampant et en rotant du sang, à ce putain d’entretien…

Je mets les dernières forces que j’ai à me tenir droit face à Crocs Blancs Skulaï. Pas de trous grossiers dans mon uniforme, zéro négligence en dépit de la marche.
Le Vieux Yetch, Lieutenant des Sections de la Première Compagnie. Les Adjudant Ryark et Adjudant-chef Skarbög, le Sergent-chef Murgleeth, le Sergent Raqsh blottie affectueusement contre le Vieux Yetch, en proie à la fatigue cumulée. Le Maître de Discipline, à l’écart dans les ombres… Tous ont le regard rivé sur moi.
Même Liberté & Pitié, les deux Wargs de Skulaï, me toisent de leurs yeux avides, tout à mon écoute.
Mais pas le Capitaine Crocs Blancs Skulaï. Lui, le Colosse vert taillé en muscles bardé de tatouages écarlates et au faciès féroce de molosse et à la tignasse noire de Néant, il semble ne pas tenir compte de ma présence. Scrute le feu crépitant où cuit le repas des officiers…
« Tes chefs sont tout à ton écoute, Matriculé RT18117, déclame Yetch. Fais-nous ton rapport de ces cinq jours et nuits de marche. Chronologique. Les régions traversées, les étapes, les directions que vous avez pris sur telle et telle distance, les repères comme les lieux et à quelle distances vous en étiez séparés… On veut un maximum de détails. »
Oh pitié… Mon niveau d’attention, ils le connaissent… On passe notre temps à déconner et à rigoler avec Yari et Ghik tout le long du trajet, à n’pas prendre notre formation, nos sergents dans leur grand numéro au sérieux… A l’écoute ? Au début, j’attends Je tente d’abdiquer avec lassitude :
— Pitié Lieutenant…
— Un p’tit effort, Snardat.
— J’veux juste aller m’pieuter…
— Essaie au moins…
Je m’efforce de surmonter la fatigue, mais putain, le manque d’intérêt manifeste du Capitaine pour mon récit fait mourir le récit dans ma gorge et j’en viens rapidement à ne résumer qu’en cinq lignes ces cinq jours et nuits de marche. Qu’est-ce qu’ils veulent que j’leur dise ? « On est sortis de l’antre avec tout un tas de machins inutiles et encombrants à porter au premier poste de garde, on a longé les chaînes de montagne ouest en passant notre chemin à un demi-horizon de la tour de garde de Cirith Ungol. Mad’ et Volg nous ont paumés à travers les pentes rocailleuses car on leur a donné une carte qu’ils savaient pas lire. Arrivés aux limites du plateau de Gorgoroth au bout de la chaîne de montagnes en C, on est rentrés en coupant à travers le plateau de Gorgoroth où les grands se sont pris la tête avec des Contremaîtres pouilleux. Mes courtes pattes supplient un répit avant la prochaine marche et tout le monde ici sait parfaitement que je n’étais présent dans la marche que physiquement et à demi-mentalement, alors peut-on couper court s’il-vous-plait ?
Quand je conclue ma parodie de rapport, un silence comme d’aucun dirait… Gêné.
Yetch qui soupire tristement… Le Capitaine aussi soupire. Lourdement. Profondément.
Regarde-moi, Crocs Blancs… Juste un regard, comme de ceux que t’as pour Madhar…
« Bon, très bien. Merci pour ta contribution, soldat. Tu peux te retirer.
— Vraiment ?
Il hoche sa tête lisse et chauve de Gobelin toute gris-verte, avec un nez crochu et une balafre sur le front qui frôle son œil de fouine : — T’en fais pas p’tit gars. T’es pas le premier fantassin de la 18ème Légion à n’pas avoir l’intellect pour devenir Chef…
— Ouais ! Gronde moqueusement Raqsh… Il en faut bien qui fassent office de chair à piques !
— Tout doux, Raqsh…  Lui intime Yetch.
Je demeure un moment là, à ma place, espérant un peu d’attention du Capitaine…
Je devrais repasser à l’attaque.
Revenir sur mon rapport.
Mentionner le rat blanc…
— Tu peux disposer, on t’a dit, me répète Murgleeth. Disparaît. Lave-toi les oreilles. »  

Y a comme une drôle de boule dans ma gorge tandis que je traîne du pas en remontant le long perpendiculaire faisant la jonction entre la grotte du lieu de vie principal et les quartiers du Capitaine au cœur de l’Antre…
Skulaï me méprise…
Ca prend presque le dessus dans ma gorge quand le Lieutenant me rattrape. M’efforce de réprimer l’émotion dans mes tripes et de saluer dignement.
« Mon Lieut’nant.
— Continue d’marcher, me dit-il en me côtoyant. Pour être honnête, je soupçonne que le problème ça soit moins l’intellect que le sérieux, la présence d’esprit dans ton cas, soldat. Je sais que les choses ont mal démarré avec toi, Snardat. J’veux dire, t’étais une racaille qu’on a enrôlé de force, on t’a balancé dans la fosse aux archers comme de la vermine… T’étais pas assez jeune pour pas qu’ça t’ait marqué. Mais ça, c’est le passé. Tu fais partie d’la Légion, maint’nant. Et tu dois assimiler que plus tu montreras d’implication, plus tu t’y sentiras à ta place, dans cette Légion. Crois-moi. La 18ème est une aubaine. C’est l’une des rares Légions qui traite avec équité les Gobelins comme toi et moi, à leur juste valeur, comme les Uruk-Haï. Tu peux ne plus toucher à une pelle de ta vie si tu montres que t’as les tripes d’un bon sous-officier ou d’un Pisteur...
— Mais… Non, c’pas ça… J’m’en fiche, de comment ça a commencé, mon Lieut’nant. Vraiment. Je l’aime, ma Légion. Ma Meute…
— Oh ! Vraiment ? S’assure le Vieux Yetch… Je suis content de l’apprendre. Mais quand même, on te voit souvent faire le pitre, comme si tu cherchais à faire ton intéressant. Tu te sens à ta place dans la Meute ?  
Comme je l’aime quand il redevient juste le gentil grand-père soucieux de notre bien-être à tous…
— C’est juste un jeu pour titiller Peau-jaune-crâne-d’œuf, mon Lieut’nant. Il s’prend trop au sérieux. On essaie de le décoincer un peu de sa casserole qu’il se met sur la trogne, avec Ghik et Yari.
L’Vieux Yetch assimile ma confidence, méditatif…
— Mh. D’accord. Très bien, dans ce cas. Essayez quand même de n’pas pousser le bouchon trop loin avec Madhar. C’est un Uruk, il a son orgueil naturel. Et Murgleeth joue sur ses origines pour lui incomber des responsabilités et mettre ses jeunes nerfs à l’épreuve. Il a besoin du soutien de la Meute, pas d’un sentiment d’isolement…
« Et tâche de te montrer un peu plus concentré, ajoute-t-il alors qu’on rejoint mon groupe. Blondin ! Enfin… Troork ! A ton tour… »


Dernière édition par Snardat le Sam 20 Juil 2019 - 17:11, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres   [FB - La Chouette vie dans la Légion] Des marches dans un désert de cendres EmptyMar 8 Aoû 2017 - 10:18

III : Le Rat Blanc

« Eh regarde, Rat ! m’a fait Ludra pendant une pause. T’as vu ? Ca pourrait être ton frère, c’lui là ! »
Elle me montrait un rachitique rat blanc plus jeune de deux ou trois cycles, qui nous épiait depuis l’ombre d’une aspérité rocheuse du plateau.
Les Sergents et Vétérans qui nous encadraient bullaient de leur côté, ils ne nous regardaient pas.
J’crois bien qu’à zigzaguer dans Gorgoroth, même eux nous ont momentanément et authentiquement paumés…
« Peau-jaune-crâne-d’œuf et Volg ont la carte, que j’ai entendu émettre Dartak… On n’a qu’à s’en remettre à eux, c’est leur entraînement après tout, et on sait qu’ils en sont capables.
— Merveilleux… S’est moqué Charir. On est aussi neuneus et incapables de s’orienter qu’on l’a prétendu toute la marche. Espérons que les générations futures vont rel’ver l’niveau. »  
Ludra s’est armée d’un caillou et l’a lancé droit sur le rat blanc, s’hilarant de le faire se tapir dans sa cachette en couinant.
«  T’es une crevure, Ludra, lui a lâché Jarrax d’une voix métallique au-travers de son casque fermé sur sa trogne, à l’instar de son frère jumeau Mad’.
— C’est qu’une racaille, a objecté Ludra en haussant les épaules.
— T’as des frères de Meute qui étaient des racailles. Snardat et Troork. Tu leur aurais balancé des caillasses sur eux aussi ?
Woh-ho… Peau-jaune-crâne-d’œuf deuxième du nom qui était vraiment à l’offensive face à Ludra…
— Mais c’pas pareil ! Se défend Ludra. Ils font partie de la Meute justement ! Et puis tu m’gaves, Jarrax. T’as qu’à lui laisser tes rations, si t’as tant pitié de lui. »
Jarrax a consulté son frère du regard. Sous son casque, Mad’ a cligné des yeux et haussé des épaules avec neutralité. Son esprit était tourné vers des considérations hautement supérieures, du genre, recoudre le trou craqué dans sa loque de cuir marron qui constitue son haut d’uniforme…  

Jarrax, ainsi que le p’tit Chizo et Troork, ont sacrifié quatre parts de leurs rations pour les apporter à la vermine.
« Tu lui remets aussi celle-ci, j’ai glissé à Jarrax en lui refourguant une part supplémentaire. Et le crie pas sur tous les toits. J’ai ma réputation de vil petit enfoiré à tenir…
Jarrax a hoché discrètement la tête. Je devine qu’il avait un sourire en coin sous son casque...
S’il nous épiait comme ça, le rat blanc, c’est parce que j’avais été le premier à le voir. Il avait mes yeux. Ca pouvait être mon frère…
« Un beau gâchis de provisions… A commenté Ludra tandis qu’on reprenait la marche...
— C’est l’problème avec cette Meute, je déclame avec arrogance. Y a beaucoup trop d’fragiles qui sont pas faits pour être des Orques…
— Ouais, a opiné Ludra. A commencer par toi, Snardat. »


Les chefs reviennent à nous avec leur verdict suite à nos rapports. En rangs, on encaisse les têtes hautes et sans répondre :
« Vous êtes des bons à rien, Section, juge Murgleeth. Les uns sont trop occupés à bavarder dans les rangs, les autres se reposent sur les premiers au lieu d’être présents dans la marche.
Jusqu’ici c’est bien résumé…
— On vous prépare à la marche en patrouille, et vous, vous papillonnez. Vous cueillez des fleurs, comme dit Dartak. Aujourd’hui vous n’êtes pas capables de formuler un seul rapport valable dans une pure balade en contrée sécurisée, avec de beaux paysages et des lieux marquants. Qu’est-ce que ce sera demain en Ithilien, où tout n’est qu’arbres identiques et où une embuscade de Rangers peut vous tomber dessus à chaque battement de cœur ? En fait, pour votre bien comme pour celui de votre Légion, demain, vous allez plutôt rester aux corvées dans l’Antre. Par exemple, à purger la fosse à purin. Rompez maintenant, Section. Allez prendre du repos dans la bétaillère. »


Groins de porcelets joviaux et vives léchouilles qui nous accueillent dans la bétaillère aménagée en cantonnements pour bleusaille…
Ca se résume à des paillasses qu’on partage avec la portée de porcelets du futur festin d’intronisation.
Ce que j’aime avec ma formation de recrue, c’est qu’on sait nous flatter l’égo et nous faire comprendre à quel point on tient à nous…
« Eh les cochons ! Vous allez bien ? »
J’me gêne pas pour en prendre l’un de mes p’tits assaillants dans les bras, comme Troork, Chizo et bon nombre de fragiles. Les autres, Madhar en tête, ils le font pas car ils ont peur que ça casse leur réputation d’être des Orques, des vrais, des durs, des tatoués.
Comme si c’était ça, notre réputation, à notre bande d’avortons…
La Section, les deux Meutes, se dévêtissent.  On s’décrasse un coup avec le baril d’eau à disposition, et on part s’effondrer collectivement sur les paillasses.


Quelques instants plus tard, Charir, Skûm, Thakthak, Rugar… Les vétérans qui nous ont encadrés dans la marche nous rejoignent dans la bétaillère et viennent nous tenir compagnie. Quand on aura un peu récupéré, on jouera avec eux.
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