Chroniques d'Arda
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 Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade

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Alcibiade
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Alcibiade
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MessageSujet: Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade   Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade EmptyVen 28 Jan 2011 - 16:54

" Ô toi le ciel noir et froid, tu portes ton ombre sur nos âmes quand avec toi vient la nuit. Les plaines ne sont alors plus qu'un long plateau où les regards se tournent vers tes lueurs, déchiffrant dans les étoiles le destin funeste des hommes. Car j'ai la conviction profonde que les âmes nobles ne sont point précipitées dans un royaumes d'âmes inégales, mais qu'elles se projettent vers le ciel, perçant le grand voile de l'obscurité, imprégnant une trace immortelle. Il est des groupes d'hommes remarquables qui se lient d'amitié et leur souvenir dans les temps à venir, prend la forme d'étranges constellations, aux symboliques hermétiques pour les néophytes. Ce soir, tandis que le feu réchauffera nos cœur face aux éléments du désert inhospitalier, je vous apprendrais à déchiffrer ces étoiles rassemblées dans la mort et la gloire…

Je me rappelle autrefois, alors que je servais de chamelier dans les caravanes marchandes d'Orient, de la rencontre de deux hommes bien étranges. Je fis la connaissance de Nùménoréens peu recommandables, bien qu'attachants et inoubliables. Ce cas étrange m'inspirera une crainte et un respect sans nom que je conserverais dans mon cœur jusqu'à mon dernier souffle. C'était des esprits qui se voulaient absolument libres, marchant dans des pas encore vierges. Ils étaient l'origine de nouvelles tentatives, intrépides et téméraires, le berceau de nouvelles émotions qui ne souffraient pas la comparaison avec les sentiments communs qu'éprouvent les vivants.
Le premier d'entre eux, celui là était Alcibiade, un être rare dans sa foi en l’Homme. Ce marin, car c'était là sa vocation, me fit le récit improbable de son histoire, une odyssée qui le mena à parcourir la Terre du Milieu dans de nombreux recoins éloignés. Il avait trouvé le moyen de joindre la mer de Rhùn par la voix des fleuves de l'Ouest. Pour cela il avait fait porter son navire au dessus de la terre, une nef de taille réduite, idéale pour la navigation fluviale. Parti d'Amon Hen, il remonta jusqu'aux sources de l'Anduin dans l'Ered Mithrin. Là, le capitaine avait organisé un chantier follement ingénieux, et son navire avait glissé sur des rondins pendant près de douze lieux, franchissant des collines abruptes et glissant de l'Anduin à l'une des trois rivières coulant jusqu'à la mer de Rhùn. J'en tairai le nom, car Alcibiade m'a fait promettre de ne rien dévoiler pour ne pas attiser la convoitise d'une telle possibilité. Et je crois qu'un jour il viendra à nouveau pour porter sa nef blanche dans cette mer grise et agitée. Pour moi la mer n'est que l'espace d'une folie frappant les hommes comme s'ils s'étaient perdu dans un labyrinthe sans autre mur que l'horizon pâle et effacé.
Après plusieurs semaines de navigation, il déboucha sur l'isthme salé, flottant comme jamais un navire n'avait pu le faire auparavant. Mais il est des choses étranges, et à la suite d'une sombre histoire, Alcibiade se trouvait seul sur son navire, dérivant, alors que son équipage avait refusé de pousser plus avant et était demeuré en Esgaroth. Dans la solitude du fleuve, il avait mené son exploration jusqu'au plus profond des mers, et il semble que le Valar Ulmo l'ait puni de son désir d'un monde autre en le faisant échouer sur les côtes plates à l'Est de Rhùn.
Je ne sais combien de temps il passa à errer de cabanes de pêcheur en ports sordides et emplis de solitude, mais lorsque nous le trouvâmes, il semblait avoir une bonne condition physique, bien que son visage fin reflétait une certaine maigreur qui disparut dans les jours suivants. Lorsque nous passâmes avec la caravane, il se joignit à nous, errant en territoire inconnu, couchant dans la poussière froide des plaines arides. Plus tard il apparu comme un homme utile, au sens pratique aiguisé. J'ai longuement conversé avec lui, lors de nos nuits à la belle étoile dans les plaines froides, et il me parla de la mer, des océans et de Nùménor. Il semblait avoir occupé son temps d'une manière originale pour quelqu'un de son rang. Il était sympathique à tout le monde et d'une fidélité sans failles. Mais parlons à présent du second homme, celui par qui tout arriva.

En ce temps là les empires des deux soleils, celui du levant et celui du couchant, menaient une guerre sans merci. Les cimiers blancs des hommes de l'Ouest s'empourpraient au cours d'affrontements avec les fières armées du Rhùn. Les armées de Nùménor étaient menées par de fins stratèges à la rigueur minutieuse, ce qui leur permit de l'emporter sur les armées du tyran oriental Mazaios. Dans les armées de l'Ouest se trouvait un jeune officier, dans mon ignorance j'ignore son grade, mais il s'agissait aussi d'un noble de longue lignée. Il se nommait Aedelias et il me semble encore aujourd'hui entendre sa voix comme une menace lourde de sens. Il était d'une race d'homme pour qui la parole donné compte plus que tout. C'est gens possèdent un sens de l'honneur qui les mènera sans doute à leur perte, mais, auparavant, tous accomplissent de grandes actions qui restent imprégnées dans le sable et l'air des batailles.
Lors de la dernière bataille, nombre d'âmes furent précipitées dans les grottes de Mandos, et ceux qui survécurent étaient harassés par l'affrontement. La plaine n'était plus qu'un bourbier brun traversé de rivières pourpres, et la victoire de Nùménor était presque complète. Seul l'obscure tyran Mazaios était parvenu à fuir avec les restes éparpillés de son armée disloquée.
Au cours des précédentes batailles, notre second personnage, Aedelias, avait maintes fois cherché l'affrontement avec le chef de l'armée adverse. Mais ce dernier était un lâche et il était parvenu à éviter l'affrontement. Une vieille rancune opposait les deux guerriers, et pour Aedelias, il semblait indispensable de mener les choses à leur terme. C'est ainsi que lorsque les cors de la fin des combats résonnèrent, célébrant la gloire des hommes de l'Ouest, le jeune officier, qui avait enfoncé les rangs ennemis à la tête de son régiment, avait dépassé la ligne d'horizon depuis un moment, s'étant juré de rapporter la tête du tyran. C'était pour lui l'occasion de prouver ses compétences et d'effacer l'échec d'une promotion avortée. Ses fantassins l'avaient suivi, dans l'euphorie de la victoire, sans mesurer tout à fait leur acte. Et c'est ainsi que les restes d'un régiment pénétrèrent profondément dans les terres orientales, dépassant la mer fermée, poursuivant un adversaire sans cesse plus proche, et laissant derrière eux des traces de poussière que le vent ne tarda pas à balayer.

Durant des jours ils talonnèrent le tyran et son escorte, persuadés qu'il finirait par faire halte, se croyant à l’abri. Aedelias poussait ses hommes sans cesse plus loin, et peu à peu son armée commença à s'éparpiller, les traînards étant peu à peu abandonnés. Le capitaine motivait ses troupes par promesses des richesses de la capitale dont aucune armée ne leur barrait la route.
Mais sans ravitaillement, la colonne nùménoréenne ne tarda pas à fondre dans la steppe aride. Les cavaliers de Rhûn profitèrent de l'étirement de la troupe pour harceler les groupes isolés, les massacrant sans pitié. Afin de trouver quelques provisions, les soldats se livrèrent au pillage dans les quelques fermes éparses. Finalement, alors que la trace du tyran était perdue, Aedelias réalisa son imprudence et son erreur. Il était déjà trop tard. Des bandes orientales s'étaient assemblées et leur coupaient toute issue. Les hommes de l'ouest se rassemblèrent en un dernier carré afin de vendre chèrement leurs vies. Le combat fut âpre et sans quartier. Le mur de bouclier nùménoréen ne tarda pas à se rompre et uns à uns, les hommes de l'Ouest mordirent la poussière. Pourtant, Aedelias, refusa de se laisser abattre et distribua la mort autour de lui avec une assurance peu commune. L'énergie du désespoir l'animait, et lorsque vint le soir, les orientaux renoncèrent à tuer ce force né à bout de souffle au sommet d'une pile de cadavres.
Aedelias, bien qu'invaincu, était blessé en de multiples parties du corps. Au matin il gisait parmi les corps des morts. Les charognards avaient commencé leur festin. S'éveillant, le capitaine se traîna comme il put en direction de l'Ouest. Il boitilla sur de nombreuses lieux, avant de s'affaisser sous la fatigue. Une nuit passa encore et aux aurores il reprit son errance à travers la steppe. Haut dans le ciel, des vautours planaient, prêts à se repaître de sa carcasse. Ce fut ce signal qui attira notre caravane. Nous trouvâmes Aedelias à demi-mort.
C'est  alors qu'Alcibiade se dévoila : il reconnu le blason de l'officier, ce qui m'indiqua alors qu'il était loin d'être un simple capitaine, chose que je soupçonnait déjà par la qualité des conversations que nous avions tenues précédemment. Il me demanda alors une faveur : celle de soigner cet homme, malgré son origine. Nos lois sont dures et je refusais tout d'abord, n'ayant pas de chameaux disponible pour un tel fardeaux. Mais devant l'insistance du marin, je finis par accepter, à la condition que ce dernier porte une partie de la charge à délester de la monture. Alcibiade me remercia et nous reprîmes notre route.
Au cours des jours suivant, Alcibiade soigna l'officier et ce dernier, d'une puissante condition, ne tarda pas à recouvrer ses forces. Il m'offrit ses armes en remerciement, m'assurant que j'en tirerai un très bon prix. Les deux hommes passaient leur journées à échanger dans une langue qui m'était inconnu. Parfois, Alcibiade m'invitait en langue commune à partager leurs débats, et finalement Aedelias m'apparut comme quelqu'un d’honnête, bien que moins excentrique que le marin.
Notre route ne tarda pas à croiser celle d'une autre personnage haut en couleur : Epixarkoïs le barde,  un homme à la fois apprécié pour son chant et redouté pour la violence de ses emportements. Il se mêla à notre cheminement et écouta avec amusement l'histoire originale de ces hommes de l'Ouest, qu'il traduisit bientôt en une ballade amusante dont vous avez peut être déjà entendu les paroles.

Nous atteignîmes finalement le Rhôvanion. Dans la première ville où nous fîmes halte, j'y revendit l'armure à un forgeron qui m'offrit bien plus que je n'espérais sans avoir même à négocier. Je conservais donc l'épée d'Aedelias et je lui rendit par soucis d'équité. Les Valars m'avaient été favorables et je ne voulais guère abuser de leur bienveillance.
Et ce furent sans doute eux qui inspirèrent mon geste. Bien m'en avait pris car, trois jours plus tard, tandis que nous remontions vers le nord, une troupe de bandit nous assaillit. J'avais engagé quelques mercenaires pour ma protection, mais il s'avérèrent être complices. Alors que je me résignais à mourir, j’assistais à un spectacle sans précédent : Les deux hommes de Nùménor se dressèrent avec force contre les pillards. Alcibiade armé d'une simple trique assomma l'un de leur cavalier. Qu'en a Aedelias, je compris alors sa noblesse. Avec une rapidité hors du commun il enfourcha un chameau, tira son épée et chargea les pillards. La fureur de l'homme les mit bientôt en déroute, et je comptais alors qu'il avait terrassé cinq assaillant. Le barde lui aussi fit preuve de courage et d'habilité. Il avait avec lui un javelot qui sauva la vie d'Alcibiade alors dans une mauvaise passe, son bâton s'étant rompu sous un choc. Face à cette force imprévue, les bandits tournèrent bride en disparurent. Je remerciait les trois hommes, seul la mort de l'un de mes serviteurs étant à déplorer. Nous l’enterrâmes pieusement et reprîmes notre route. Nous nous séparâmes à Esgaroth, les seigneurs de l'Ouest gagnant Dale, tandis que je repartit vers l'Est en compagnie d'Epixarkoïs.

Je n'ai encore jamais recroisé la route de ces deux hommes étranges. Mais des nouvelles me sont parvenu d'Alcibiade récemment. On dit qu'il est amiral des flottes du Gondor. Le barde Epixarkoïs que j'ai revu sur les routes une nouvelle fois, m'a assuré qu'Aedelias est tombé au combat en défendant le Grand Mur. Cette dernière nouvelle m'attriste, et je penserais longtemps à cet homme à qui je dois la vie. J'espère à nouveau croiser la route d'Alcibiade, et, bien que je n'ai plus la force de ma jeunesse, j'aspire à revoir les murs de la Cité Blanche afin d'y rencontrer cet être à l'âme si fine et remarquable, et dont la clarté du regard est lointaine mais néanmoins pleine de malice, vous indiquant qu'il vous comprend mieux que quiconque. "
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MessageSujet: Re: Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade   Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade EmptySam 19 Sep 2020 - 19:20

Ægnar posa sa plume. Il était las. Tant d'années à fouler Arda et ses splendeurs innombrables, à côtoyer ses nations bigarrés. Il savait qu'il n'était pas un peuple incapable de bonté ou de cruauté. Les défauts de l'âme frappaient chaque être sans distinction de race ou d'allégeance, car il est des esprits dont le cœur est le premier ennemi, et leur désir de grandeur est rarement suivi du désintéressement propre aux héros des grandes laies. Combien de roi avait-il vu s'élever pour ne se faire que l'écho des tyrans les ayant précédés. Combien de peuples trahis par l'orgueil ou la médiocrité de leurs chefs. « La plupart des hommes sont mauvais » aimait à répéter le capitaine Hamilkar. Le barde saisissait à présent ce vieil adage prononcé quotidiennement par le marin. La bêtise ou l'incompétence gâchait bien souvent les meilleurs intentions, et les puissants de ce monde, par manque de fermeté, laissaient trop fréquemment les vieilles instances nauséabondes sortir de l'abysse et reprendre leur corruption égoïste.

Le barde avait vieillit, et avec lui les êtres chers à son cœur. Les jumeaux Almaride et Ménéor s'étaient perdus dans le vent des tempêtes. Ou bien, peut-être, avaient-ils échoué sur quelques rives lointaines où la lune est une barque parcourant des ciels immaculés. Seule leur œuvre demeurait encore dans la forme arquée de nefs blanches amarrées aux grèves de Pelargir. Palissandre aux yeux d'obsidienne avait périt sous le chagrin, son âme emportée par le deuil d'Almaride.
Uniques rescapées de la chute d'Arandal, et dernier éclat d'espérance, l'union heureux de Mìriel et Hamilkar. Dans les jours ténébreux ayant suivit le désastre de l'Ithilien, un amour tendre et pur avait lié ces deux cœurs esseulés. Ils étaient à présent parents de trois enfants dont les chevelures cuivrées rappelaient la noblesse d'Alcibiade et de sa lignée.
Au souvenir de l'amiral, Ægnar fondait en larme. Jamais il n'avait connu d'être plus dévoué et plus mélancolique que ce dernier. Homme indépendant, solitaire mais pourtant de bonne compagnie, n'aspirant qu'à voguer ivre d'embrun et de vent, et condamné par sa charge à servir un peuple indigne. Sa fin avait été digne de son existence loyale, et nombre de ses frères étaient tombés à se côté en un jour funeste que le barde n'avait depuis cesse de chanter en tout point de la terre. Le barde, alors en Rohan, n'avait pas assisté à ces tragiques événements, mais les oiseaux du ciel qui savent tout de notre monde en avaient fait le récit à l'elfe Aredhel qui elle même était descendue de ses montagnes pour en porter le message à son amant.

C'était au terme des jours d'été. Les armées de Rhûn et de Mordor, déferlèrent sur le Nord de l'Ithilien comme jamais depuis tant de siècles :  l'assaut de forces innombrables balaya les tours de garde de cette province couleur de jade. Des créatures maudites et monstrueuses submergèrent les tours blanches coiffants les sommets boisées de la province et l'une après l'autre, les places fortes tombèrent. Nimdalf même, en dépit de sa position sauvage et presque inaccessible, fut enlevée par les gens des chariots, et c'est dans ses murs, après avoir défait maints capitaines orientaux, que Vakalor fut finalement vaincu. Le Lion Rouge avait refusé de céder, escomptant par sa résistance fournir à l'Ordre de précieuses heures pour organiser la défense d'Arandal. Et sans doute, le résultat de son sacrifice fut-il plus important qu'il ne l'escomptait car la ténacité du siège de l'Ordre préserva le Gondor d'une invasion cruelle et ruineuse. Par trois fois, Vakalor fut percé par les fers d'hommes impurs, et par trois fois, il se releva, repoussant furieusement ses ennemis qui alors hésitèrent. Alors ils lâchèrent contre lui des wargs affamés, mais il perça leurs flancs et trancha leurs cous jusqu'à ce qu'un carreau d'arbalète eut percé sa poitrine lui ôtant ses ultimes forces. Mais même alors les hommes de l'est n'osèrent s’approcher et ils laissèrent son corps au milieu de la cour de Nimdalf.
Arandal la Rouge connut un sort plus ultime : après que les armées des ténèbres eurent regroupé toutes leurs forces, elles fondirent sur le pont fortifié où l'Ordre tenait sa garde. La chevalerie de la province se défendit avec courage et détermination, ne cédant pas un pouce du rempart à l'obstination des orcs et des trolls. Mais lorsque les serviteurs de Sauron parvinrent à briser la porte de la barbacane, le bastion Est du pont tomba rapidement devant la déferlante. Cependant, l'Anduin est large en ce point et le tablier de pierre trop étroit pour que les orcs avancent davantage leurs machines de guerre. Les archers de la Province, juchés sur le créneaux du Donjon central épuisèrent  jusqu'à leurs dernières flèches sur les créatures de Morgoth. Et leurs cadavres étaient si nombreux qu'ils encombraient la passe par leur amoncellement. Il leur fallut débarrasser le pont pendant prêt d'une heure avant de reprendre l'assaut et le fleuve se trouva alors plein d'une marée morte qui troubla ses eaux jusqu'à l'embouchure de la baie de Belfallas.
Alors, pour gagner un répit, les chevaliers jetèrent depuis les tours des lourdes jarres pleines de poix qu'ils enflammèrent. Ils attisèrent le brasier avec tout le bois qu'ils trouvèrent et trois nuits durant, le pont flamboya, jetant des flammes noires sur les eaux de l'Anduin. Cependant nul renfort ne vint depuis le royaume car dans le même temps Cair Andros et Osgiliath subirent des assauts de diversion qui concentrèrent les forces du Gondor près de la capitale. Et lorsque les hommes d'Arandal eurent brûlé jusqu'à la dernière charpente du bourg occidental, le brasier faiblit et le siège du Donjon débuta. Ses portes avaient été obstruées de pierres et de troncs fraîchement coupés, afin que nul bélier ne puissent les briser. Aussi les troupes du Mordor durent elle prendre d'assaut le rempart à l'aide d'échelles. Les orcs néanmoins étaient de piètres combattants face aux chevaliers déterminés et il fallut que les capitaines de Sauron envoient l'élite de leur armées, uruks et colosses venus de l'Est, pour prendre pied sur le chemin de ronde. Les corps à corps furent violent et la pierre de l'ouvrage se trouva bientôt teintée de marres écarlates. La détermination des hommes fut cependant suffisante et ils parvinrent à rejeter leurs ennemis au prix de lourdes pertes.
Les orcs craignent l'eau et tout élément d'Ulmo depuis toujours. Nénamoins, les capitaines avaient mis à profit le barrage de flamme pour assembler des radeaux afin de franchir l'Anduin. Mais le temps se montra clément pour les hommes du Gondor, car de lourdes pluies avaient précédé l'assaut et le fleuve se trouvait chargé d'eau tumultueuses. Aussi lorsqu'il tentèrent la traversée, l'essentiel des embarcations se disloqua dans les flots et orcs et gens de l'est se noyèrent dans le flot brun du fleuve. Quelques embarcations atteignirent la rive occidentale, mais les guerriers d'Arandal leur firent un accueil dont nul ne réchappa.
Ainsi l'assaut reprit de plus belle sur le donjon. Les orcs payèrent un lourd tribu car pour un homme qui tombait, douze serviteurs de Sauron le suivait dans le trépas. Mais, peu à peu, l'Ordre vit ses membres vaincus, et finalement après trois journées de combats acharnés, les lieutenant du seigneur des ténèbres plantèrent ses bannières au sommet du donjon.
Demeuraient encore Alcibiade, Hamilkar, Vardamir le maître du Chapitre et prêt de cinquante chevaliers. L'amiral ordonna le repli des troupes irrégulières, afin qu'il aillent renforcer les garnison d'Arnorien et amènent avec eux les populations de la rive Ouest. L'ultime troupe restante fit mordre la poussière à maints orientaux. Car les orcs, apeurés par le fleuve et la vaillance des défenseurs, n'osaient plus lancer d'assaut déterminant, malgré les fouets de leurs maîtres. Alors les gens de l'Est s'avancèrent et c'étaient là d'immenses guerriers, et à leur tête Kell, l'un des plus redoutables capitaines de l'ancien tyran de Rhûn. Lorsqu'à l'issu d'un assaut repoussé avec la force du désespoir  leur position devint intenable, l'Ordre fit retraite, abandonnant le dernier bastion du pont. Mais alors Vardamir dit à Alcibiade :
« Il nous reste l'ultime secret de l'Ordre : la Pierre de Casse. Je m'en vais la retirer et alors le pont sera détruit. Ainsi la victoire de Sauron sera vaine et l'Arnorien préservé de sa souillure. »
« Attend le signal de mon cor, lui répondit Alcibiade, ainsi la chute d'Arandal emportera nombres de nos ennemis trop certains de leur victoire. »
Et sur ces paroles, ils se firent leurs adieux. Alcibiade gagna la rive occidentale avec les survivants : treize épées ainsi que la lance d'Hamilkar. Vardamir pénétra alors dans une cellule dissimulée dans les fondations de la tour. De là une galerie rampante passaient dans le tablier même du pont jusqu’au donjon centrale. Le vieux maître de l'ordre émergea dans une cellule plus étroite encore où une mince meurtrière laissait passer un filet de lumière. Sur le mur de la pièce exiguë, une pierre sculptée de trois étoiles excédait.
Sur la berge Alcibiade attendit que l'ennemi eut engagé suffisamment de troupe. Alors il sonna dans le cor du Gondor. Vardamir, entendant le signal, ôta à l'aide son épée la pierre maîtresse. Quelques instants plus tard, un grondement plus terrible que l'orage survint. Les piliers de pierres s'ébranlèrent lourdement, et peu à peu le pont céda sous la poussée des eaux vives. Orcs et hommes se débandèrent mais la plupart furent emportés dans l'effondrement car le pont mesurait sur sa longueur plus de milles pieds. Le donjon, coiffé des bannières de Sauron fut précipité dans l'Anduin et Vardamir enseveli sous les blocs. Le fracas fut tel que la terre trembla et les flots vinrent éclabousser la rive en des points encore jamais atteints par les crues.
Cependant, une forte compagnie d'orientaux avait eu le temps de passer sur la rive occidentale, Kell à leur tête. De leur côté les chevaliers d'Arandal avaient gagné les écuries proches du beffrois où des montures avaient été laissées à leur intention sous la garde d'une dizaine d'écuyers. Ils se mirent tous en selle et chargèrent les hommes de Rhûn, adoptant une formation en flèche. Le chocs de leurs lances fut terrible, et leur bois vola en éclat. Ayant traversé la troupe ennemi ils tournèrent brides et s'élancèrent à nouveau, leurs armes brisés leur assurant encore une allonge supérieure aux haches des orientaux. Mais ces derniers avaient resserré leurs rangs et cette fois la charge fut stoppée et les montures abattues bien que nombre d'ennemis se trouvèrent malgré tout piétinés ou percés par les épieux coiffés d'échardes. Une mêlée s'engagea et peu à peu les hommes d'Arandal eurent le dessous. Ils formèrent alors un dernier cercle. Les assaut se répétèrent et les hommes tombèrent un à un, jusqu'à ce que seuls demeurent Alcibiade et Hamilkar. Kell s'avança alors et l'amiral engagea le combat avec lui, échangeant des coups d'une force inouïe. De son côté Hamilkar s’élança avec fureur et déchaîna sa lame claire. La plupart de ses ennemis tombèrent dans les moulinets argentés que son épée dessinait, mais il fut percé au flanc et chancela. Avec la force du désespoir il se releva et terrassa son ennemi. Sa vision devint trouble et dans une rage ultime il chargea l'ultime silhouette floue se dressant devant lui. D'un revers d'une rare puissance, il brisa le fer de son adversaire et le frappa à la poitrine, fendant dans sa largeur son armure. Autour de lui plus un homme ne se tenait debout. Il ôta son heaume, essuya le sang et les larmes de ses yeux et contempla les gisants alentours. Alors un cri lui fut arraché : ce dernier guerrier qu'il venait de frapper, c'était Alcibiade, son compagnon de toujours. Ce dernier avait triomphé de Kell et allait se porter à son secours mais dans sa charge aveugle, Hamilkar ne l'avait pas reconnu et lui avait porté un coup mortel. Le lieutenant se maudit et se porta vers son ami. Alcibiade respirait encore à grande peine, mais il le reconnu.
« Ainsi, la victoire est nôtre... »
« Je crois, oui. Mais pour moi, elle ne sera jamais que naufrage et damnation… pardonne moi Alcibiade. »
« Et qu'est-il à pardonner ? Ton courage et ta loyauté ? Toi qui est accouru depuis Pelargir pour me porter secours ? Toi qui cent fois t'es avancé devant le fer ennemi pour me protéger au péril de ta vie ? Non, je préfère te dire combien ces années à tes côtés furent mon plus grand honneur, ma plus grande joie. Qu'est-il de plus précieux qu'un ami véritable ? Il est des hommes avides de richesses et de gloire. Mais le plus grand trésor se trouve au cœur de l'Homme, dans la confiance qu'il sait y placer, et ainsi je suis plein d'une fortune immatérielle et considérable. Que les valars te protègent mon ami. »
« Que Mandos t'accueille dans ses cavernes, ô noble capitaine. »
Et ainsi Alcibiade rendit son dernier souffle dans les bras de son second qui toujours l'avait servi avec abnégation, fidèle d'entre les fidèles. Arandal n'était plus que rocs dispersés dans le lit du fleuve, le Châpitre un ordre anéanti, et la province verdoyante un champ de flammes vidé de son peuple.
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MessageSujet: Re: Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade   Chroniques Maritimes: l'amiral Alcibiade EmptyDim 3 Avr 2022 - 1:55

Fraternités nautiques par Ægnar

Nous avons contemplé le front neigeux d'un volcan coiffé de brumes s'écoulant jusqu'à la mer sur lequel l'aube tramait un linceul violet. Et nous avons vu sa chape ombrageuse se fondre aux lames noires océanes.
Nous avons visité des isthmes bleus que chahute seul l'expiration des lions de mer et dont le flot vient lécher les îlots d'herbe roussies. Des haillons de gaz versaient leur chagrin vaporeux, diluant les vertèbres myosotis encerclant la lagune.
Nous avons côtoyé des cavaliers hostiles vêtus de peaux de chèvres qui marchaient sans gêne dans la cendre molle de temples éteints. Nous avons écouté l'idiome égaré des péninsules numénoréennes sombrer dans les bouches barbares.
Nous avons observé l'ouvrage de peuplades innocentes et leurs demeures d'écailles pâles et rouillées lavées par les averses.
Nous avons saisi l'écorce de plantes mauves étouffées dans les lianes et les mousses phosphorescentes. Nous avons fréquenté la splendeur primitive de géant d'émeraude dont les coiffures ébouriffées masquent le ciel et dont la charpente ploie sous la myriade de ses rameaux. Et nous avons fléchi sous la ténèbre qu'installe leurs nattes de jade.
Nous avons arpenté les défilés luisants de torrents veinés par l'argile ocre tel le squame d'un reptile. Nous avons effleuré sa pierre taillée par cent siècles de fracas liquides. Perdus dans nos cheminements, nous avons poursuivi le vin mauve du couchant jusqu'en haut des crêtes givrées où règne seul le plein azur.
Enfin, enivrés des vents neufs du bout du monde, nous avons pondéré les dimensions infinies de la terre et la sensation étrangère du banni.
Et seulement alors, nous avons tourné brides pour emprunter le sentier de notre patrie dont les lacets se perdent dans l'intemporalité du voyage. Mais le flot ne conserve jamais la trace des chemins et notre route s'est achevée dans le miroir infini de la mer, car nous avions dépassé les cieux de nos contrées et perdu de vue la marque des étoiles.
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