Ismay du Rhudaur, terminé

Histoire : La première image marquante issue de son enfance est cette scène, un soir de printemps, où son père Jasce, roi du Rhudaur, se réjouissait de la naissance d’un second fils, apte à prendre aussitôt la relève au cas où leur fils aîné venait à mourir de maladie, d’un accident ou encore dans une bataille. Elle s’en souvenait à la perfection, bien que n’étant âgée que de cinq ans à cette époque. Elle se souvenait de cette terrible envie d’avoir voulu répondre « je suis là, moi aussi », de l’amertume et de ce sentiment de ne pas avoir autant que son grand frère ou que ce nouveau-né, si petit, dans les bras de leur mère. Ce souvenir la marqua profondément et fut la première pierre posée à ce qui deviendra, plus tard, un véritable édifice d’amertume, de jalousie et de colère. Ce qui aurait dû être un jour de fête et de joie se changea en une journée maussade, où elle-même ne comprenait pas très bien d’où lui venait cette colère soudaine et pourquoi elle eut tant envie de pleurer, en observant le bébé.

Ismay naquit dans le royaume du Rhudaur, un matin d’été, faiblement ensoleillé, où un vent froid parcourait le pays avec une certaine force depuis déjà plusieurs jours. Fille du Roi Jasce et de son épouse Geva, trois ans après la naissance du fils aîné et héritier du trône, Arminel. Les toutes premières années sa vie se passèrent dans une innocence totale, dans les bras de sa mère puis entourée de précepteurs, à l’âge de deux ans. Elle ne quittait alors jamais le château ni la surveillance des siens. Son père, déjà à l’époque, lui semblait très absent, tout comme son frère. Ce dernier partageait son temps entre ses propres précepteurs et le souverain, tandis qu’elle vivait au rythme des devoirs, leçons et moments passés avec sa mère. Une époque douce, somme toute, quoi qu’elle fut chargée de ces moments où on lui fit indirectement comprendre qu’elle n’avait ni la même place qu’Arminel, ni la même que Jarrin, son petit frère. L’âge et l’ordre de naissance ne comptaient pas, seul le sexe de naissance avait de la valeur.

C’est durant son enfance qu’elle apprit à se taire, renfermer tous ses sentiments, ne plus s’exprimer, ne plus se révolter, conserver la tête basse bien qu’elle n’en pense pas moins. A la très grande joie de sa mère, qui estimait qu’elle apprenait là la valeur d’une femme. Que ça soit durant les fêtes dans le royaume ou les rencontres diplomatiques avec les royaumes voisins, fort peu appréciés, elle se tenait à sa place et ne tentait jamais rien pour se montrer en avant. Mais elle observait avec une grande attention, déjà à cette époque. Elle écoutait, retenait les noms et les visages, s’intéressait à tout et s’efforçait d’apprendre au mieux ce qui lui était possible. En grandissant, alors que la rancœur grandissait avec elle, elle débuta en cachette des apprentissages normalement réservées aux hommes, comme l’escrime et l’équitation. Elle s’intéressa aux autres royaumes, à leurs vies et leurs intérêts, tout en ayant le sentiment de plus en plus fort que le Rhudaur était méprisé par ses voisins et volontairement maintenu à l’écart.

Les années passée au château, presque interdite d’en sortir, lui donnèrent d’abord une volonté acharnée de prouver à son père qu’elle était capable d’accomplir de grandes choses, d’avoir autant de valeur et de force que ses frères, qu’il n’avait pas besoin de la laisser à l’écart. Un espoir qu’elle perdit, peu à peu, à ses seize ans, lorsque son père, au cours d’un dîner, lui annonça de but en blanc, qu’il lui cherchera un époux lorsqu’elle sera prête pour ce pas. C’est là qu’elle comprit qu’il n’avait remarqué aucun de ses efforts et qu’elle s’était battue pour rien. Une vexation terrible, qui la poussa, dorénavant, à chercher des moyens d’obtenir son propre pouvoir, sans plus rien attendre des autres. Quitte, pour cela, à en arriver à terme à des actes plus radicaux. Elle se plongea encore plus dans les livres et des études jugées comme interdites, pour se perfectionner. S’enragea bien plus dans ses entraînements au corps à corps et avec les armes, ayant réussi à manipuler certains gardes pour qu’ils l’entraînent en secret et à la dure.

Seule sa mère s’étonna du fait que sa fille grandisse en ayant une carrure plus musclée et développée, plutôt que la fine taille qu’on attendrait d’elle. Ismay prit donc l’habitude de porter de ne jamais se découvrir et de sélectionner des tenues cachant en bonne partie cette condition physique. Les remarques se firent très vite plus critiques et acerbes, sa propre famille jugeant que cela l’enlaidissait et qu’elle ne parviendra pas à trouver un bon parti à cause de cela. Ce dont elle se moquait bien. L’âge adulte arriva et avec lui, une volonté s’étant mué en une froide détermination d’en finir avec sa condition actuelle, quel que soit les moyens à employer pour y parvenir. Cela prendra du temps, beaucoup d’efforts, mais elle restait convaincue qu’elle pourra y arriver.


Physique : D’une taille moyenne, pour une femme de ce pays, Ismay possède, depuis toujours, un teint extrêmement pâle, certains diront même blafard. Une peau de neige, froide comme son caractère, ne possédant ni accrocs ni cicatrices, laissées par des combats ou des maladies, grâce à l’existence protégée dont elle a bénéficié depuis la petite enfance. Ses longs cheveux roux, descendant en cascades légèrement ondulées jusqu’à ses reins, offrent un contraste saisissant avec la pâleur extrême de son extrême et ajoutent à la froideur générale qu’elle dégage face à ses interlocuteurs. Des cheveux qu’elle attache souvent, en tresse ou en de longues nattes, lorsqu’elle travaille ou est en mission diplomatique ou politique, tout comme lors des voyages. Peu adepte des bijoux ou des tenues de grands jours, elle préfère les vêtements dans des tons marrons, gris ou noirs, en accord avec la météo souvent maussade son pays. Des vêtements ne laissant rien dévoiler de son corps, une carrure plus forte que ne l’a habituellement une femme. Elle porte très souvent des bottes et déteste les diverses fioritures, dont se parent les femmes de la noblesse. Très droite, avec des yeux bleus glaçants, elle ne sourit quasiment jamais. Son visage de marbre peine à fournir la moindre expression, autre que l’indifférence, à moins qu’elle ne soit dans l’intimité avec une personne très proche. D’apparence, c’est une femme qualifiée de rude et très peu attirante, qui serait sans doute bien plus agréable si elle prenait, au minimum, la peine de sourire.

Caractère : Peu commode et agréable, loin de ce qu’on attend d’une femme, voilà ce qui est souvent décrit du caractère d’Ismay. Bien qu’ayant eu une enfance choyée, avec une éducation très solide et une famille resserrée autour d’elle, une amertume profonde s’est glissée en elle dès la petite enfance et n’a cessé de croître depuis lors. Petite, face à son frère aîné et à son petit frère, elle comprit vite qu’elle ne saurait prétendre, une fois adulte, à plus qu’être la simple petite chose à marier. Ses parents l’aimaient, nul doute là-dessus, cependant, jamais ils ne lui prêtèrent la même attention et ne la poussèrent dans les mêmes ambitions que ses frères. Une rancœur qui grandit, peu à peu, portée par la jalousie envers sa fratrie et la rancune envers ses parents, pour ne pas la considérer au même titre qu’eux. Des sentiments qu’elle enfouit profondément en elle, comme toute autre émotion. Au fil du temps, ces multiples couches formèrent une carapace extrêmement solide et dure, ne laissant plus rien paraître en surface, faisant d’elle quelqu’un de distant et de froid, au ton souvent sec et sans prendre de peine pour ne pas indisposer ses interlocuteurs.

Sa riche éducation et les efforts produits par la suite, une fois adulte, ont fait d’elle une femme réfléchie et cultivée, capable de mener loin ses réflexions, se détacher des choses pour mieux les analyser. Pragmatique et intelligente, elle sait mettre de côté ses affects et réticences, lorsqu’il s’agit du meilleur chemin pour avancer. L’attrait du pouvoir, qu’on ne cessait de lui refuser,  augmenta chez elle sa détermination à l’obtenir et en conséquence, la volonté de se lancer dans tout ce qui était à sa portée pour progresser. Un long entraînement aussi bien physique que mental, dans lequel elle s’enferma. Très endurante et dure à la tâche, elle ne lésine jamais face aux efforts à accomplir et les différentes étapes à franchir. Tout cela l’a également éloignée de sa famille, la voyant comme un cas quelque peu désespéré. Aucun homme ne voulait d’elle, ce qui, aux yeux de ses parents, bien qu’ils ne le disent pas franchement, diminuait considérablement sa valeur. Ce dont elle n’avait cure, sa rancœur dorénavant suffisamment alimentée pour qu’elle songe à des solutions plus radicales, les concernant.

Aptitudes :Bonne cavalière, même si elle ne participerait pas à des tournois sur le sujet, Ismay est capable de tenir sur de très longs trajets et se débrouiller entièrement seule. Bien qu’elle n’ait reçu qu’une éducation sommaire, enfant, à la défense et au combat, elle a appris en cachette, une fois adulte, à se servir d’une épée et d’un arc, désireuse de travailler son physique autant que son esprit, pour mieux progresser. Ainsi, elle possède une carrure plus forte que beaucoup de femmes. Malgré cela, ses principaux atouts résident dans ses capacités mentales. Elle est capable de réfléchir longtemps avant de décider de ses plans et découvrir le plus court chemin vers ses propres intérêts.