~ La route d'Amon Obel ~

Alors qu'il caressait encore sa monture, Handir sourit à la première remarque de sa bien-aimée et délaissa son cheval pour se retrouver aux côtés de celle qu'il aimait. Le visage illuminé par le teint resplandissant de cette-dernière, l'Halladin enroula ses bras autour de sa taille puis déposa un baiser emplis de tendresse sur ses lèvres satinées. Comme pour la réconforter sur le fait qu'il n'aimerais jamais rien de plus qu'elle, il la regarda intensément et laissa son sourire s'aggrandir encore un peu plus. Il se sentait bien, il se sentait heureux, il baignait dans le bonheur, ça entièrement grâce à celle qui se tenait dans ses bras. Dans cette position, il la blotissait dans son amour et la protégeait de tout ce qui pouvait lui faire du mal. Déposant un doux baiser sur sa chevelure d'or, Handir descendit ensuite jusqu'à son oreille et lui murmura:

- Je vous aime tout autant et ne puis plus imaginer un seul jour sans vous.

La caressant encore un peu plus tendrement, Handir lui fit un grand sourire et se détacha, non sans regret, de cette étreinte amoureuse. La matinée était déjà bien avancée et il fallait se hâter s'ils ne voulaient pas être surpris par la tombée de la nuit au terme de leur ballade. Scellant donc sa monture, Handir aida ensuite sa bien-aimée à monter sur la sienne avant d'en faire de même. Ce sourire toujours aussi ravis aux coins de ses lèvres, il ganta ses mains et attrapa les reines d'Herdêl. Il entama ensuite une série de rond autour de sa compagne, afin de réchauffer les muscles de l'animal puis il s'adressa à sa belle, d'une voix mélancolique.

- Nous chevaucherons légèrement en direction de l'Est. Nous longerons ainsi le fleuve Sirion en attendant de trouver le lieu idéal pour notre repas de la mi-journée. Une fois ce repas terminé, nous pourrons reprendre la route et s'engouffrer de nouveau dans la forêt pour rejoindre les ruines d'Amon Obel. Les ruisseaux et les plantes rares afflux en grand nombre en ces lieux, je suis sure que vous vous plairez à les découvrir.

Sur ces mots, Handir se mit en parallèle à sa compagne et se rapprocha pour déposer sa main sur la sienne et ainsi lui donner une énième caresse avant leur cavalcade.

En percevant l'entrain que sa compagne avait à débuter cette ballade, Handir ne répliqua que mieux en lui adressant un sourire ravis. La journée serait belle, encore plus belle que celle qui s'était écoulé hier. Il le savait, il préssentait que pour rien au monde, un tel instant pourrait être gâché. Ils seraient ensemble, l'un et l'autre, joins par l'éternité qui s'étendait devant eux. C'est donc avec tout l'amour de ce monde, qu'Handir plongea son regard dans celui de sa bien-aimée et la regarda s'éloigner au galop. Tout aussi surpris qu'amusé, il se tourna vers sa monture et lui demanda de suivre Aylan de prêt. Mais plus les mètres s'éffritaient sous leur pas, plus la distance entre Siléas et Handir se faisait grandissante. Ne cessant de rire à la provocation qu'elle tenait pour discours, l'Halladin se colla à l'encolure d'Herdêl et lui glissa silencieusement:

- Elles sont peut-être rapides mais elles ne conaissent pas la forêt aussi bien que nous, n'est ce pas ?

A cette question, Herdêl répondit par un hennissement et dévia de trajectoire pour se perdre vers la droite. A présent hors de vu de sa bien-aimée, Handir demanda à son compagnon d'accélerer la cadence au milieu de se dédales de raccourcis en tout genre et de toute sorte. Sûrement inquièté par cette brusque disparition, Siléas réaperçut néanmoins son amant se placer devant elle quelques instants plus tard au détour d'un carrefour d'arbres. Le sourire aux lèvres, Handir se tourna vers sa compagne et ralentit peu à peu la course d'Herdêl pour galoper à ses côtés.

- Il est vrai que nous autres ne sommes pas de grands cavaliers mais nous avons la connaissance de la forêt pour nous rattraper, lui confia-t-il en riant. Toutefois, je ne puis que m'inclinez devant votre maitrise, gente dame.

Sur ces mots, Handir continua son chemin au milieu de la forêt en veillant à toujours chevaucher aux côtés de sa bien-aimée. Par les temps qui courraient, tous les siens étaient dessimés en regroupements plus ou moins honnêtes. Il était donc préférable de galoper à une cadence identique à la sienne pour lui permettre de veiller fièrement sur elle.

Lorsque Handir disparut pendant quelques minutes la jeune femme s'inquiéta, ne plus le voir près d'elle était une chose difficile comme si elle craignait de ne plus jamais le revoir. Comm si tout ceci n'avait été qu'un moment merveilleux dans sa vie mais un moment si beau qu'il ne devait durer que quelques heures.
Quand enfin elle croisa à nouveau son regard à un carrefour, toutes les mauvaises pensées qu'elle avait eut s'envolèrent et elle ne pensa plus qu'à l'amour qui imergeait son coeur à chaque souffle de son bien-aimé.

Elle rigola alors et le laissa s'approcher d'elle en souriant.

"Cher Handir, vous avez triché! si l'on faisait une course en Lorién et que j'avais moi même triché j'aurais moi aussi gagné!"

Elle en avait assez de toutes ces convenances, elle aurait aimé être elle même avec celui qu'elle aimait, ne plus avoir à se comporter comme une dame avec lui.
Alors contre toute attente elle lui tira la langue et rigola à nouveau. Elle fit s'arrêta Aylan et descendit de la jument, lui adressant quelques paroles elle caressa son encolure et la laissa s'en aller dans la forêt, certaine qu'elle pourrait se débrouiller.

" Puis-je monter avec vous? Aylan aime beaucoup se promener seule et j'avoue que je préfèrerai me serrer contre vous"

Elle leva la tête pour plonger son regard dans celui de l'humain. Elle était tellement bien avec lui qu'elle aurait pu rester une éternité à le regarder. Rien ne pouvait plus compromettre ce nouveau bonheur qui s'offrait à eux.
Elle lui fit le plus beau des sourires et le supplia du regard de la laisser monter avec lui. Ce n'était encore qu'une simple façon d'être la plus naturelle possible. Au diable les convenances, s'il l'aimait vraiment alors il l'aimait pour ce qu'elle était et par pour sa tenue et pour son language. Bien sur elle ne serait ainsi que devant lui et en présence d'autres personnes elle reprendrait alors son image de Dame Elfique qu'elle essayait tant de quitter quand elle se trouvait avec Handir.

Amusé par la remarque de sa compagne, Handir haussa les épaules comme s'il ne comprenait pas de quoi il advenait. Il était vrai, qu'il avait usé de ses attouts pour la dépasser mais y avait-il un quelconque mal ? Pensa-t-il en riant doucement. La belle lui tira ensuite la langue et se mit à rire, elle aussi. La regardant amoureusement, Handir ne pouvait se lasser de l'écouter rire. Elle était si somptueuse dans sa robe de soie, si rayonnante sous les rayons du soleil, si unique à tout moment de la journée, alors quand il l'entendait rire ou parler, c'était comme si le divin se déchainait et lui portait les plus douces paroles du monde jusqu'aux oreilles. Conscient de la chance qu'il avait d'être à ses côtés, Handir reporta son regard rêveur sur la route quand soudainement, il entendit le galop d'Aylan changer en un trot langoureux. Sa compagne avait-elle decidé de s'arrêter ?

A cette question, Handir tira sur les reines de sa monture pour l'arrêter dans sa course et la fit pivoter pour qu'elle se retrouve de face à Siléas. Surpris, il la vit poser le pied à terre et caresser Aylan, avant de lui murmurer des mots dont il n'avait aucune connaissance. Sûrement de l'elfique, la noble langue de sa patrie. Bizarrement, la jument acquiesça d'un hochement de tête à ces paroles puis elle s'enfuit vers le nord. Ne comprenant pas dans un premier temps ce qu'il se passait sous ses yeux, Handir retrouva le sourire lorsque sa bien-aimée lui demanda si elle pouvait s'accrocher à lui pour cette ballade. Déssinant un faux air réfléchit sur son visage, il finit par rire et lui tendit sa main pour l'aider à se hisser sur Herdêl.

- Comment pourrais-je refuser de sentir votre si douce étreinte, lui dit-il pendant qu'il la hissait derrière lui.

Une fois qu'elle fut confortablement assise, Handir saisit sa main droite et la passa autour de sa taille avant de la serrer contre son ventre. N'ayant désormais plus que sa main gauche pour tenir les reines, le dernier descendant de la maison d'Haleth murmura à son cheval de reprendre son galop à un rythme plus soutenu afin de rendre la route bien plus agréable à sa compagne.

C'est ainsi que les deux amants partirent enlacé sur les routes de Sirion, profitant de la douce brise, qui s'abattait sur le visage pendant la course d'Herdêl.

Galopant à toute vitesse au sein de la forêt, Handir avait à peine le temps d'admirer les environs qu'il avait mainte et mainte fois silloné durant ses trente-cinq années de vie. Le fleuve Sirion n'était plus très loin désormais et sans doute y arriverait-il bien plus vite qu'il le pensait. En effet, après une bonne heure de course, Herdêl arriva à la lisière Est de Bréthil, celle même qui servait de frontière avec le royaume des Teleris. Plus communément appelé Doriath, cette forêt était la réplique identique de Bréthil à ceci prêt que les elfes l'avaient travaillés à leur effigie ce qui était contraire au conviction des Halladins concernant le respect du naturel. Cela faisait d'ailleur bien longtemps, que plus aucun Halladin était entré en ces terres protegées par l'anneau de Melian. Sans doute, car les anciens rois des deux lignés n'avaient trouvé de réel intérêt à se cotoyer.

A cette pensée, Handir se remémora l'escapade qu'il avait une fois mené avec le groupe d'amis qu'il avait toujours cotoyé depuis son enfance et dont ces deux capitaines, Anarâd et Belfalas, était issu. Par une nuit d'hiver, ils avaient conduit les reines de leur chevaux jusqu'à cette lisière, alors qu'ils n'étaient agé que d'une dizaine d'année tout au plus. Là, ils découvrirent les anciens Gués du Sirion qui servaient de post-avancé pour les gardes du roi Thingol. Et comme tout enfant de leur age, leur stupidité n'en était que trop prononcé. Aussi s'étaient-ils tous élancés en direction des Gués pour y jeter les quelques galets qu'ils avaient trouvés en bord de fleuve. Amusé, les elfes n'avaient que mieux répondu en lançant une multitude de flèches, à seulement quelques centimètres de leurs pieds. Précision à l'appuis, ils ne souhaitaient les blesser mais juste s'amuser eux aussi. Mais ce temps là était révolu et Handir le constata quand il arrêta sa monture à quelques mètres seulement du fleuve.

Les Gués avaient disparut et l'Anneau de Melian semblait avoir perdu en intensité. Troublé, l'Halladin descendit de sa monture et leva ses bras pour aider sa compagne à en faire de même lorsqu'il constata cette trace de larme sur sa joue. Fronçant les sourcils, Handir la saisit par la taille et l'aida à descendre. Il caressa ensuite sa joue et lui demanda d'une voix inquiètée:

- Pourquoi de telles larmes ? N'êtes-vous pas heureuse ?

Handir avait prononcé ses mots en saisissant les mains de sa bien-aimée, sans doute pour essayer de la réconforter par sa tendresse.

En écoutant les dires de sa bien-aimée, Handir sentit son coeur se tordre comme si lui aussi comprenait ce genre de douleur. En tout temps et en tout lieux, les Halladins avaient toujours combattu pour trois choses essentielles à leur existence, leurs femmes et leurs enfants mais aussi leur forêt. Cette forêt était leur particularité et dans toute la terre du Milieu on pouvait entendre parler des seuls hommes de la forêt: les Halladins. Dessinant un sourire en arc de cercle sur son visage, lorsqu'il sentit la chaleur de sa compagne se coller contre son torse, Handir déposa tendrement sa main nue sur sa nuque et la caressa délicatement.

- Vous la reverrez, je vous en donne ma parole, lui dit-il, en relevant son visage d'ange pour affronter son regard, et puis il faut bien que vous usiez de vos talents de cavalière dans cette dîtes forêt, n'ais-je pas raison ?

N'attendant pas de réel réponse de sa part, Handir déposa un baiser sur son front et nettoya sa joue souillée par cette larme cristalline. La voir pleurer était une sévisse plus douloureuse que celle portée par une épée. Aussi s'efforça-t-il de lui redonner son si beau sourire et de la réconforter sur ce sujet si préoccupant aux premiers abords. Jamais, il n'aurait put lui interdire de retourner sur les terres qui l'avaient vu naître; et ce bien qu'elle lui manquerait horriblement.

- Je ne vous en veux point, gente dame. Tout comme j'apprendrais à connaître la Lorién, vous apprendrez à connaître Bréthil, lui dit-il en souriant de plus bel. Comprenez que ma place est auprès de mon peuple. Mon père était le dernier roi de ces terres et en perdant la vie pour protèger les siens, il a laissé son royaume sombrer dans l'anarchie. Tout comme la Lorién vous a vu naître, Bréthil restera à tout jamais ma seule et unique patrie. Ici réside ma vie.. et auprès de vous je souhaite la consumée mais je vous promet, qu'aussi souvent qu'il m'en sera donné de voyager, nous chevaucherons jusqu'à votre forêt et y résideront le temps qu'il vous faudra à retrouver le bonheur d'être dans votre patrie.

Handir lui avait confier ces paroles avec tant d'amour et de sincerité, que tout être en ce monde les aurait écouté avec émerveillement. Si sa joie résidait en Bréthil, il allait de soit que son bonheur n'existait qu'en lieu et présence de sa compagne. Aussi, se pouvait-il de la retenir prisonnière de ses souvenirs ? Oh que non ! Son bien-être passait par le siens désormais et pour rien au monde, il ne se saurait permis une telle privation. La serrant dans ses bras, Handir lui fit ainsi le voeu de réaliser son rêve de retour, comme une promesse dont il était sure et certain de pouvoir assumer.

- Ce sont les anciens Gués du Sirion.. anciennement sous le controle des elfes Teleris, placés sous la souveraineté du roi Thingol, lui anonça-t-il en remarquant qu'elle observait les ruines des quelques tours qui jonchaient ici et là, le long du fleuve. Depuis bien longtemps, les nouvelles de ce pays me sont méconnus.. et sans doute viendrais-je à y entrer pour savoir pourquoi..

Handir fronça les sourcils en écoutant les dires de sa bien-aimée. Ainsi, les Teleris n'étaient plus en ces terres ? Comment était-ce possible ? L'Anneau de Melian avait-il le pouvoir de cacher leur présence aux autres elfes ? Ou bien était-ce bien réel ? Autant de questions qui semblaient inquièter le dernier descendant de la maison d'Haleth. Il y avait de quoi, Doriath et Bréthil vivaient en quelque sorte en symbiose et ce qui viendrait à toucher les uns finiraient bien par se propager chez les autres. Cela était une affaire inquiètante et Handir viendrait certainement à donner de nouveaux ordres à ses compagnons, quant à la surveillance des frontières Est. Mais sa compagne avait raison, il valait mieux partir de cet endroit pour le moment. Qui pouvait présager ce qui se tramait derrière cette protection magique.

- Vous avez raison.. une malveillance entrave ce pays, il nous vaut mieux reprendre notre route.

C'est donc en empoignant les reines de sa monture de la main gauche et en tenant celle de sa compagne de la main droite, qu'Handir s'enfonça de nouveau dans la forêt. Après une vingtaine de minutes de marche et de franche rigolade, les deux amants arrivèrent dans un lieu si merveilleux qu'on ne comprenait comment il avait pu voir le jouer en ces terres. En effet, sous les yeux de la belle elfe, s'étendait un ruisseau dont les sonorités, qui en réchapaient, se transformaient en une mélodie dès plus ennivrante. Tout autour de ce dit ruisseau, et sur une centaine de mètres à la ronde, une herbe bien verte avait vu le jour à la place de la mousse habituelle, qu'on trouvait dans le restant de la forêt. Quelques oiseaux au plumage blanc et argenté s'étaient même regroupés sur le peu de rochers, qui obstruaient le cour normal du ruisseau. Tout le long de ce cour d'eau, les arbres n'avaient trouvé le moyen de couvrir la lumière du soleil, c'est ainsi que ce lieu fut nommé Reanfauglir, littéralement le désert du jour, car il était le seul endroit de Bréthil à être aussi dégarnis d'arbres.

A cet instant, Handir délaissa les reines de sa monture et la laissa rejoindre la berge pour s'abreuver de l'eau cristalline qui y coulait. Pendant ce temps, l'Halladin lança un regard espiègle à sa compagne et prit la direction d'un rocher en s'abaissant légèrement, comme s'il cherchait quelque chose dans l'herbe. Quand soudainement, un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il découvrit ce qu'il cherchait. Coupant la petite fleure qui s'était adossé contre ce même rocher, Handir se redressa et la rapporta auprès de Siléas. Là, elle découvrit une fleure aux pétales encore plus banches et encore plus pure que ne l'était la neige des monts. En son sein, deux pistilles avaient formés une torsade parfaite teintée de pourpre. Le sourire aux lèvres, Handir tapota cette torsade et libéra ainsi une odeur incroyablement douce et agréable.

- Voici l'Aetholas, la fleur des reines, lui dit-il en la déposant soignement dans sa main, nous la surnommons ainsi car elle était jadis utilisé par les dames de la Cour pour parfumé leurs appartements.

Le sourire aux lèvres, Handir sentit son coeur se contracter de bonheur quand il entendit sa bien-aimée lui dire que cet endroit lui faisait penser à sa forêt. Dans ces paroles, il avait noté toute la joie et la surprise de sa si belle compagne. En cela, il était terriblement heureux et fière de lui avoir fait connaitre ce petit bout de paradis. La regardant tourner sur elle-même, envoûter par sa gaieté, Handir accentua encore un peu plus son sourire puis la saisit par la taille quand elle vint l'entourer de ses bras.

- Et vous faites de moi l'homme le plus heureux de ce monde, lui dit-il, avant de l'embrasser délicatement.

Leurs lèvres étaient liées et toute la tendresse de leurs deux corps y étaient somptueusement représenté. Mêlant la douceur de leur chair à la passion de leur âme, les deux amants auraient pu rester une éternité toute entière dans cette position. Mais comme disait Haldir, père d'Handir et dernier souverain de Bréthil, il ne falait jamais abuser des bonnes choses; les interrompre étaient sans nul doute la meilleur manière d'attiser le désir de les recommencer. C'est donc avec tout de même une certaine pincée de regret, qu'Handir décolla ses lèvres de celles de sa bien-aimée. Il siffla ensuite en direction d'Herdêl et ce-dernier, relevant la tête, revint aux côtés de son maître. Lui caressant l'encolure, comme une habitude, celui-ci ouvrit la besasse qui était suspendu à sa selle et en sortit une grande nappe de lin blanc. Il tappota ensuite sur l'épaule de sa monture et lui ôta la selle pour l'alléger de son poids. Herdêl hénit comme dans une sorte de remerciement et repartit gambader prêt du ruisseau. Amusé, Handir se tourna vers sa bien-aimée et étendit la nape à même le sol et l'invita à s'y assoire.

- Attendez-moi un instant, j'ai une autre surprise pour vous, lui confia-t-il, avant de disparaître derrière les arbres les plus proches.

Quelques minutes plus tard, il réapparut les bras chargés de fruits en tout genre. Des baies, des fruits apparentés aux pommes, et des feuilles à la teinte bleutée quelque peu intriguante. Toujours ce même sourire aux lèvres, Handir déposa soigneusement le tout sur la nappe et désigna chaque fruit à sa bien-aimée.

- Voici les baies d'Oguérân, bien qu'elles semblent petites croquer-les et vous constaterez qu'elles contiennent bien plus de jus qu'on ne peut l'imaginer, lui dit-il, en désignant les petites baies rougâtres. Ici, vous avez les feuilles d'Islea. Nombreux sont les hommes qui s'en servaient pour garnir leur pipe, mais rare sont ceux qui conaissait ses arômes sucrées.

Sur ces mots, il prit l'une des feuilles et la frotta rapidement sur la paume de sa main pour en décrocher une fine poudre bleutée. Il en prit ensuite une pincée et la tendit à sa belle.

- N'ayez crainte, si le bleu peut paraître suspect, il n'en ai en faite rien du tout, dit Handir en souriant.

Handir regarda amoureusement sa compagne se nourrir à plusieurs reprises de ces baies rougâtres et ne manqua pas lui-même d'en porter quelques unes jusqu'à sa bouche. Il raffolait des mets de cette forêt et il n'était pas peu fière de les faire découvrir à celle qu'il aimait. Il fut aussi agréablement surpris d'entendre, qu'elle connaissait l'Aetholas pour en avoir mainte fois utilisé sa poudre bleuté. Portant cette certaine dose de sucre dans sa sève, il était également vrai qu'elle était couramment utilisée en médecine pour ses innombrables vertues anesthésiantes et thérapeutiques. Siléas ne cessait de le surprendre et en ça, il ressentait une certaine satisfaction au plus profond de son coeur. Celle-même d'avoir pour moitié, la plus belle et la plus douce des femmes qu'ait put connaître la terre du milieu.

- Nous irons visiter les cascades d'Hanolrad un peu plus au sud de notre position, lui répondit-il, alors qu'elle lui demandait où est ce qu'il comptait l'amener, puis nous chevaucherons encore un peu plus loin vers le sud, vers la cité d'Amon Obel, où les rois de Bréthil se sont toujours tenus avant d'être défait par les orcs. Aujourd'hui, elle n'est que ruine.. mais ce lieu n'a perdu de sa beauté passée.

Handir avait prononcé ces paroles sur un ton nostalgique, voir quelque peu rêveur. Il avait en mémoire tous ces fabuleux instants passés dans ce palais surplombant la colline d'Amon Obel. Ce même palais dont il avait arpenté le moindre de ses couloirs et qui aujourd'hui ne devait ressembler à rien de plus qu'un amas de roche et de gravas. A bien loin remontait la gloire de la lignée d'Haleth et à bien loin remontait le bonheur de son peuple. En cela, Handir prit une mine attristée comme si les démons du passé ressurgissaient dans sa mémoire et qu'il revivait presque la nouvelle de la mort de son père. Il voulut pleurer pour les siens mais il ne le fit, sûrement car une trop grande partie de son âme était heureuse grâce à Siléas.

- Oui.. nous irons jusqu'à Amon Obel, finit-il par lacher dans un ultime soupire.

Handir sortit de ses pensées à l'instant même où sa compagne reprit la parole et tout ce qui pu être d'une profonde douleur à cet instant, se volatilisa. Retrouvant son sourire en sentant les lèvres nacrées de Siléas se poser sur son front, comme si elle cherchait à le réconforter, l'Halladin se releva et remonta ses mains le longs des deux bras, dans une caresse dès plus ennivrante. Il arrêta ensuite ses mains, alors qu'elles avaient atteint ses épaules, lorsqu'il l'entendit dire qu'elle ne refuserait pas un bon bain. Amusé, il lui sourit et se hâta de ranger la nappe et les quelques fruits qui y étaient resté dans sa besace.

- Comme il vous sierra, nous irons donc nous beigner dans la chute d'Hanolrad, lui dit-il en l'aidant à remonter sur Herdêl, nouvellement sellé et prêt à reprendre la route.

Une fois qu'elle fut confortablement assise, Handir remonta à son tour sur sa monture et enfila de nouveau ses gants de velours noirs. Donnant un très léger coup de talon à Herdêl, il lui indiqua ainsi qu'il pouvait reprendre sa course au milieu des bois. Hénissant une ultime fois, celui-ci partit à toute allure au milieu de la forêt. Comme bercé par une musique, qu'il était seul à entendre, Herdêl enchainait les slaloms entre les arbres avec une grâce que tous ceux de sa race lui auraient envié. Rien ne lui était méconnu, Bréthil était son espace d'expression et il ne fut aucune arbre qui pouvait l'arrêter dans sa course frivole. Il n'y eut que lorsqu'il arriva prêt de la cascade, qu'il stoppa son galop pour troter silencieusement, comme si lui aussi avait une profonde admiration pour ces lieux.

- Bienvenue en Hanolrad, lui annonça-t-il en exerçant une légère pression sur sa main, qu'il tenait contre son ventre.

En effet, sous les yeux de l'elfe s'élevait une cascade de moyenne envergure. Laquelle se terminait en une sorte de petit lac où elle s'abattait dans un fracas doux et délicat. L'eau y était clair comme le ciel de cette journée; elle était d'ailleurs si clair qu'il n'était pas difficile d'apercevoir le fond rocheux du petit lac.

Siléas resta silencieuse pendant le trajet, mais quand ils arrivèrent devant cette cascade c'était devenu un silence presque religieux, comme si elle n'osait déranger des choses qui vivaient là. Le chant de l'eau venait chatouiller son oreille, une végétation plus grande et plus visible poussait au abord de l'eau. Des milliers de fleurs aux couleurs multiples se trouvaient là et leur parfum se mêlait si bien qu'il en était ennivrant.

Siléas descendit du cheval, aidée par Handir et s'avança un peu plus. Il se trouvait au pied de ce magnifique petit lac, la cascade se tenait juste devant eux, et bien qu'elle ne soit pas très élevée, elle impressionnée quand même.

" Allons nous baigner!" dit-elle en se tournant toute souriante vers son amour.

D'un geste rapide elle dégraffa sa robe et la laissa glisser à ses pieds. Enfin elle se retrouvait dans une sorte de sous robe toute blanche, deux bretelles tenaient lieux d'attache à ses épaules et elle descendait jusqu'à ses genoux. Cette petite robe était toute légère mais elle était très serviable quand il s'agissait d'aller se baigner!

Après un dernier regard vers Handir elle plongea dans l'eau claire et ressentit immédiatement un bien être parfait. Tout en cet instant était parfait, elle avait trouvé celui qui manquait à son bonheur, ils étaient tout deux dans un endroit paradisiaque et l'eau était très bonne.
Quand elle remonta à la surface rigola doucement et s'approcha de la berge pour attendre l'homme. Alors elle remarqua certaines fleurs qu'elle connaissait parfaitement. L'une d'elle était rose pâle et avait la forme d'un iris, seulement une drôle de poche se tenait sous ses pétales et quand Siléas pressa ce compartiment, elle recueillit dans sa main un liquide brillant et odorant.

" Cette fleur pousse en Lorién et elle nous sert pour le savon. C'est elle qui nous donne se teint de nacre et les cheveux brillant!"

Ainsi elle commença à nettoyer sa longue chevelure dans l'attente que Handir se joigne à elle. Au lieux de faire de la mousse, le liquide fut répandu sur la totalité des cheveux et il se mit à briller quelque peu. Pour terminer Siléas mit la tête sous l'eau pendant quelques secondes le temps à cette substance d'agir et quand elle se redressa ses cheveux, bien que mouillés, avaient retrouvé leur éclat d'autrefois. Brillant intensément à chaque rayons du soleil.

" J'aime énormément votre forêt seigneur Handir mais j'aimerai plus que tout me retrouver dans vos bras!" dit-elle avec amusement

Handir observa sa bien-aimée se précipiter en toute hâte jusqu'à la source d'eau et ne put que laisser un sourire ravis se dessiner sur son visage. La voir sourire et déborder de tant de joie de vivre, le rendait heureux comme jamais il ne l'eut été auparavant. Quand il croisa son regard émerveillé, Handir comprit que rien ne pourrait lui empêcher d'aller se baigner, pas même lui. Alors il la regarda dégraffer sa robe et détourna presque immédiatement ses yeux pour ne pas lui paraître irrespectueux. Il s'occupa alors, à retirer la selle de sa monture et à le laisser se dégourdir un peu dans les environs. Lorsqu'il déposa la selle au sol, il ne put résister à l'envie de la regarder nager avec une aisance telle, qu'elle réussit à lui faire envie. Alors quand elle s'approcha de la berge et qu'elle toucha les fleurs de Minélis, Handir s'approcha lentement d'elle et s'accroupit pour caresser la main qui avait retenu le liquide de cette fleure.

- Je doute fort que ce liquide soit à l'origine de votre si grande beauté, gente dame, lui dit-il en croisant intensément son regard.

Là, la belle lui sourit et s'affaira à nettoyer sa longue et majestueuse chevelure d'or. Se redressant délicatement, Handir ne put que la regarder amoureusement et subir les palpitations de son coeur embrumé par la beauté de cet être. Elle était comme une aube nouvelle, cette première lueur de la journée qui pouvait réconforter le coeur de celui qui la regardait. Pour rien au monde, il n'aurait voulu la perdre et à cette pensée, Handir savait que le mortel qu'il était, perdrait un jour ou l'autre sa vie pour elle.

Chasser de cette pensée par les dires de sa compagne, Handir sourit et s'abandonna finalement aux volontés de celle qu'il aimait. Il ôta donc ses gants, sa ceinture, puis son gilet et enfin la chemise qu'il tenait en dessous. Torse nu, il enleva ensuite ses bottes et son pantalon pour se retrouver avec un seul et léger pantalon blanchâtre. Là, la belle put apercevoir les nombreux sévisses laissées par la guerre contre les Orcs et notemment la cicatrice qui partait de sa hanche droite et qui suivait les courbes de celle-ci jusqu'à sa cuisse. Sa musculature parfaitement taillée, s'enfonça ensuite peu à peu dans l'eau jusqu'à disparaître sous l'eau. Quelques secondes plus tard, il en ressurgit avec sa longue chevelure blonde toute trempé et le visage ruisselant de gouttes d'eau. Il s'approcha alors de sa compagne et passa ses bras autour de sa taille, avant de la surelever légèrement pour que son torse colle son ventre svelte. Là, il goûta à ses lèvres trempées d'eau et fit le souhait que pour rien au monde, elle le suit enlevé.

- Je vous aime, lui glissa-t-il dans un murmure emplis de passion.

Le soleil était à son comble et ses reflets venaient s'abattre sur la surface cristalline de l'eau avec une telle finesse, qu'il aurait été difficile de savoir si le soleil ne s'était lui-même pas retrouvé à se baigner. Au milieu de toute cette végétation luxuriente, les deux amants étaient enlacés l'un contre l'autre et ne cessaient de s'échanger de tendre caresses, de douces étreintes et de sincères paroles. Ecoutant avec un réconfort particulier les voeux de sa bien-aimée, Handir sentit de nouveau son coeur tressaillir devant sa voix. Le sourire, qui était ainsi dessiner sur son visage, venait parfaitement éblouir la scène et il se mit à rire gaiement lorsque sa compagne chassa les quelques mèches de cheveux qui jonchaient sur son visage. Elle lui procurait tant de frissons et tant de rires que pour rien en ce monde, il ne l'aurait changer pour une quelconque autre femme de ce monde. C'était elle, oh oui, c'était bien elle, qu'il avait tant attendu dans ses rêves les plus enfouis.

- Et vous êtes si douce avec moi que j'en ai l'impression de vivre un rêve éveillé, lui répondit-il en lui souriant amoureusement, vous n'avez pas de dettes à me rendre, gente dame, et encore moins de faits à me prouver. Vous êtes ce que j'ai toujours attendu et même si l'aspect de nos vies semblent differés par l'immortalité qui vous habite et moi non, je puis vous assurez, qu'aussi loin que ce monde connaîtra de peuples, mon âme vibrera à vos seuls côtés dans l'étendu que nous appelons plus communément l'éternité.

Sur ces paroles, les deux amants se serrèrent encore un peu plus l'un contre l'autre et Handir finit même par fermer ses yeux, tant cet instant lui était précieux. Il pouvait sentir, ce qui serait à tout jamais, sa seule chair, contre lui. Il pouvait sentir ce corps emplis de pureté contre le sien. C'est à peine s'il ressentait encore les effets de l'eau sur sa peau.. elle seule résonnait dans son âme et dans son coeur. Il voulu la protèger de tout comme son bien le plus précieux qu'il soit en ce monde. Elle était tout ce qu'il possedait et il était heureux de pouvoir vivre tant de belles choses à ses côtés.

Handir abaissa ses yeux lorsqu'il entendit les paroles de sa bien-aimée résonner en lui comme un carillon de printemps. Elle avait donc fait le même voeu que lui, celui de suivre cet amour au plus haut des cieux et cela au détriment de leur particularité, car seul lui importait le bonheur qu'elle vivait à ses côtés. En tout point, elle lui était égale. En tout point, il voyait en elle son parfait reflet et cela le rendit heureux pour l'éternité. Jamais en terre du milieu, il serait compter plus bel amour que celui qui liait Handir de Bréthil à Siléas de Lorién. Jamais en terre du milieu, il y aurait de plus beau chant que celui qui serait créer en mémoire de leur passion. La mort n'était à présent plus une inquiètude pour lui car il savait que jamais il ne la perdrait et ce quel que soit le lieu où il terminerait son existence. Elle serait toujours là, à ses côtés, pour lui apporter amour et réconfort dans la richesse comme dans la pauvreté tout comme dans la joie et la peine. Elle était comme un écrain d'or au milieu de ce monde cruel. Elle subsistait en lui comme un espoir qui ne s'éteindrait jamais.

- Rien ne pourrait effacer ce qui subsiste et subsistera toujours entre nous, lui confia-t-il, en caressant tendrement son dos, jamais je ne vous quitterais, puissiez-vous sentir ces paroles comme une promesse éternelle car même dans l'antichambre de la mort je vous suivrais pour ne jamais relâcher la douce étreinte que j'exerce sur votre coeur à chaque instant.

Sur ces paroles, l'Halladin détourna lui aussi son regard vers les environs et ne manqua pas d'accentuer son sourire tant il était réconforté par les bras de sa bien-aimée et par la prestance de ces lieux.

- Oui, nous reviendrons en ces lieux, je vous en fait la promesse.

Le coeur pincée de mille et unes envies, Handir déposa très délicatement sa main le long de la joue de sa compagne et rapprocha petit à petit son visage d'elle, tout en gardant son regard fixement posé dans le sien. Arrivé à quelques centimètres de ses lèvres, il caressa sa joue et déborda sur ses cheveux pour y laisser glisser ses doigts mouillés. Leur souffle s'échappait à présent sous forme de très léger nuages de vapeur, du à la fraicheur des lieux, et Handir scella une nouvelle fois ses lèvres contre celles de sa compagne. Et avec toute la tendresse du monde, il caressa son corps de sa main droite pendant que son bras gauche la gardait doucoureusement contre lui.

Que pouvait-elle demander de plus en un tel moment? Rien du tout cela semblait évident, elle était aimée par celui pour qui son coeur battait. Elle se trouvait dans ses bras et leur chaleur l'amplissait d'un bien être qu'elle n'avait jamais connu jusqu'alors.

Ils venaient d'échanger une sorte de voeux, comme un pacte qu'il ne briserait jamais tant la volonté de leur coeur était forte.
Siléas avait enfin trouvé sa moitié, celle qui lui manqué pour vivre pleinement.

Elle se mit à rire, comme pour montrer que ce bonheur ne s'éteindrait jamais. Quand elle leva son regard au ciel pour remercier une présence plus haute, plus divine, elle vit que le soleil commençait à décliner, signe que l'après midi s'entamait. Toute une matinée avait passé dans cette joie merveilleuse.

Sachant qu'ils devraient bientot reprendre la route, elle voulut profiter un dernier instant de ce lieu magique.
Ainsi en souriant elle se détacha de son cher amour et lui lança un regard des plus malicieux. Signe qu'elle se préparait à faire quelque chose.

D'un geste presque normal elle lui tourna le dos mais avec rapidité elle lui fit à nouveau face et lui envoya un jet d'eau à travers le visage. Elle éclata de rire en voyant l'air étonné qu'avait prit Handir.

" Même une elfe sait s'amuser!"dit-elle en rigolant. "Surtout quand il s'agit de mettre une raclée à un humain"

Sur ses mots elle continua à l'asperger rigolant de plus belle, sentant cette insouciance l'envahir et la rendre encore plus heureuse et rayonnante.

[Mode MJ On] Alors que les deux tourtereaux s’amusaient follement à s’échanger paroles flatteuses et gestes d’amoureux, d’étranges bruits d’oiseaux résonnèrent tout a coup, faisant sursauter la pauvre Siléas. Les bruits se rapprochèrent bientôt et, avant qu’Handir n’ai put faire un geste, une cinquantaine d’archers sortirent des buissons et entourèrent la cascade.
Leurs visages étaient cachés par l’ombre de leurs capes, mais un homme de haute taille sortie a son tour et il arborait une mine des plus coléreuse. Il s’exclama :

-« Que faites-vous, Ô misérables créatures, dans ce lieux réservés aux Halladins seuls ? Vous n’êtes pas les bienvenus, et je vous conseille fortement de coopérer. »

Les archers bandèrent leurs arcs, prêt a faire feux a tout instant.[Mode MJ Off]