Cimes immortelles [PV; Helluin]

Sujet: Cimes immortelles [PV; Helluin] Dim 30 Mar 2014 - 14:53

Caras Galadhon tout entière se déroulait sous les pieds d'Hùrin qui demeurait muet face à la splendide cité forestière. La ville et la forêt qui l'abritait étaient bien sûres majestueuses et certainement l'une des merveilles d'Arda, que peu d'hommes étaient ammenés à voir. Rares étaient les aventuriers à venir jusqu'au coeur de la forêt et surtout à y être acceptés : les galadhrims avaient des yeux dans toute la forêt, et ce n'est pas pour rien si on la croyait hantés. Leurs éclaireurs, terriblement efficaces, en gardaient tous les sentiers et dissuadaient tout intrus de trop s'aventurer dans les méandres de cet havre sylvain.

D'ailleurs, Hùrin et Gwendael avaient eu un premier contact plutôt délicat avec le peuple de Galadriel, en effet, leur venue n'était pas annoncée et les hommes d'Haldir leur étaient tombés dessus alors qu'ils avançaient dans la mystérieuse forêt de Lothlorien. L'endroit était imprégné de magie, et l'atmosphère qui y régnait était empreint de mystères , bercé par les chants elfes qui montaient des cimes de la forêt. L'endroit dominait toute la forêt, car la cité était juchée en haut d'une butte où poussaient d'immenses arbres, les légendaires mellyrn, où les elfes construisaient leurs demeures. Ces arbres étaient si hauts et si épais que leur cime était indiscernable et plongeait la cité en dessous dans une semi-obscurité étouffante. En effet, l'Adan, qui chérissait les grands espaces, se sentait mal à l'aise sous les épaisses branches et les cimes touffues qui cachaient le soleil. Il y avait dans la cité une atmosphère pesante, emplie de pollens et d'insectes qui n'existaient certainement nul part ailleurs en Arda.

Bien sûr, il ne pouvait pas nier la beauté suprême du lieu, ce sentiment de refuge interdit, inviolé, où les germes du Mal ne pouvaient espérer être semées, mais le coeur d'Hùrin n'aimait guère cet endroit. Il avait donc peine à s'y accoutumer et passait une nuit désagréable, se réveillant régulièrement. Il avait donc décider de quitter la chambre que les elfes lui avaient prêtés pour aller marcher. Il avait donc rejoins un balcon, admirant la cité qui étaient baignée par la pâle blancheur de la lune, perçant à travers les épais feuillages.

Il pouvait entrevoir, avec difficulté, se dresser au Nord la mystérieuse demeure de Cerin Amroth, dont la cime l'intrigait. Bientôt, il sortait de ses songes car des bruits attiraient son attention. Son regard se posa en contre-bas. Il entendait le bruit du fer qui se croise, le cliquetis des plastrons d'acier et les cris nerveux des combattants. Impossible de distinguer ce qui se tramait, si ce n'est que des lueurs venaient d'une place cachée de la vue de l'Adan par quelques bâtiments, les rares que les elfes avaient construits au sol.

Comme il n'avait rien d'autre à faire, Hùrin décida d'aller voir ce qui se tramait là-bas. Il descendit donc les marches blanches qui permettaient de descendre du tronc-cité où étaient agglutinées de nombreuses plateformes habitées par les elfes et leurs invités. Il passa devant la chambre de Gwendael, et s'appuya à la porte un instant, vérifiant qu'elle dormait bien. L'elfe était épuisée depuis sa rencontre avec Galadriel la veille, riche en émotion, et Hùrin préférait la savoir endormie qu'agitée, ce qu'elle aurait pu être au vu des choses qu'elle vivait actuellement. En effet, elle sortait petit à petit de l'amnésie dans laquelle elle était plongée.

Il continua donc sa descente et après plusieurs minutes à dévaler les escaliers il fut enfin en bas. Passant près d'une fontaine à l'eau l'impide, il s'y arrêta quelques instants pour s'abreuver et se rafraichir le visage. Il faisait bon malgré l'heure tardive et Hùrin se sentait mieux que quand il était en haut de l'arbre. Sa tunique, de tissu et de cuir, lui tenait relativement chaud et lui garantissait une certaine agilité. Il posa la main à sa ceinture en s'approchant des bruits de combat et se rappela qu'il n'avait aucune arme durant son séjour, et cette pensée l'irrita légèrement. Les gardes lui avaient en effet confisqués son épée et ne lui rendraient qu'à son départ du royaume de Galadriel, une mesure compréhensible mais agaçante aux yeux du guerrier, anxieux dès qu'il était privé de moyens de défense.
Il descendit de nouvelles marches qui le menèrent dans une petite courre pavée de pierres dont la surface était rongée par endroit par une mousse envahissante. Au centre de la place, des barrières de bois délimitaient une sorte d'enclos, ou devrais-je dire d'arène. En effet, dans ses coins, des mannequins de pailles et des cibles faisaient offices d'adversaires à des guerriers qui les assaillaient tandis qu'au centre deux elfes s'affrontaient en duel à l'aide d'armes en bois. Hùrin s'approcha, souriant. Il était agréablement surpris de tomber sur un entraînement militaire à une heure si tardive. Etait-elle seulement militaire ? Hùrin se le demandait. Peut-être ces elfes étaient-ils de jeunes civils s'entraînant à se battre, ou apprenant. Impossible de leur donner un âge à cause de leur jeunesse éternelle.

S'appuyant sur la barrière, il regarda un instant le combat, observant avec un oeil critique les mouvements fluides et agiles des elfes, qui avaient le pas naturellement léger et vif. Ils remarquèrent bientôt sa présence et le saluèrent avec intérêt, ne voyant certainement que rarement des étrangers dans la cité. Le combat des deux elfes prit fin quand le plus doué des deux mit l'autre à terre, menaçant sa gorge de son épée de bois. Hùrin applaudit, éblouis par la botte du guerrier.

- Joli coup, ami elfe.

La lune chantait à Caras Galadhon. Pleine, elle nourrissait ces arbre ancestraux de sa lumière argentée. Le ciel était dégagé et les étoiles sous l'ordre d'Elbereth scintillaient comme de multiples pierres précieuses. Il en dégageait un air de mystère tout à fait unique qui aurait fait chavirer tout cœur d'étranger.
Pour Helluin, c'était presque une nuit comme les autres. Il y baignait dès son enfance et l'essence même de cette magie d'Illuvatar coulait dans ses veines d'elfe, bien plus que celles d'un homme.

L'elfe était éveillé. Il pouvait entendre dans les bois les chants des elfes louant la pleine lune ainsi que l'accomplissement de toute cette nature. Ce soir Helluin ne dormira pas, car même parmi les elfes la lune était symbole de la renaissance propice donc à un changement majeure. Comme tout ses frères et sœurs lui aussi ira honorer cette lune, mais à sa manière.

Membre de la garde royale, on lui avait surtout attribué la formation des jeunes recrues. Le Galadhrim jugea que le moment était idéal pour un entraînement nocturne.
Ses jeunes guerriers n'avaient guère à l'annonce de sa volonté. La discipline elfique était telle qu'ils hochèrent la tête et se dirigèrent en marche vers le terrain d'entraînement.

Bien vite se mêla au chant de la lune celui de l'acier. Des coups furent portés sur les poupées en paille et en bois. D'autres s'appliquèrent à maîtriser avec précision les différentes parades, certains de ces jeunes soldats en profitèrent pour aiguiser leur sens en décochant des flèches avec agilité sur une cible éloignée. La vue d'un elfe était très bien développée, à tel point qu'il n'avait aucune difficulté à décocher une flèche en pleine nuit et de toucher sa cible. Néanmoins, c'était une faculté qu'il fallait entretenir. Certes la vue d'un elfe restera performante, mais aura tendance à légèrement décroître si elle n'est pas assez stimulée.

Au début Helluin ne fit que de traverser les rangs, lançant des regards par ci et par là, toujours à l'affut du moindre détail à corriger. De temps en temps, il s'arrêta donnant des conseils judicieux à ses jeunes soldats puis reprenait son chemin. Il n'était vêtu que d'une simple tunique verte avec au-dessus une cotte de maille, sa précieuse épée Calmacil toujours avec lui. Pour l'instant, il n'avait pas à participer directement à l'entraînement, préférant avant tout jauger ses recrues. Certains étaient déjà en phase à devenir d'excellent combattant et c'était non sans retenir une grande fierté face à un tel accomplissement. Néanmoins à la vue de ces épées se cognant l'une contre l'autre, Helluin sentit son sang bouillonner. Il était bel et bien un fait que l'elfe ne trouvait la joie que dans le combat. La bataille était l'essence même de sa vie. A un âge nettement plus jeune cette évidence l'avait tout d'abord troublé. Noldor jusqu'au bout des ongles, sa famille s'était avant tout fait remarquer par sa sagesse dans les conseils diplomatique sans pour autant avoir pu pleinement profiter de leur origine noldorin qui était avant tout l'habilité des forges. Pour Helluin, cette habilité se retrouva notamment dans son maniement d'arme. Il était capable de faire entièrement un avec Calmacil.
Au fil des siècles cet étonnement devint sa force et sa réputation de guerrier n'était plus à refaire.

Pourtant il arrive un moment où le succès atteint ses limites. L'elfe s'ennuyait. Il avait traversé la Lotholorien de part et d'autres et n'avait côtoyer que brièvement les frontières de la Lorien. Il avait fait des ses missions un succès et avait perfectionné son art de combat. Helluin aspirait aujourd'hui à un vent nouveau. Il ne savait pas encore ce qu'il voulait, mais son esprit semblait déjà vagabonder plus loin. L'elfe noldor savait qu'il devait sortir de chez lui et parfaire ses connaissances : son véritable entraînement ne faisait que de commencer.

Mais comment et quand trouver l'occasion ?

Il en avait discuté que brièvement avec Almahil, mais ce dernier avait paru plus surpris qu'enchanté et Helluin ne souhaitait pas directement son avis.

L'entraînement continua maintenant depuis quelques heures déjà et les elfes ne montrèrent pas pour autant de fatigue. Au fil du temps s'ajoutèrent d'autres elfes plus expérimentés, mais qui sous l'ordre d'Helluin en profitèrent pour s'échauffer.

C'était à ce moment même qu'on profita pour lui déclarer un duel. Cuthaniol, jeune recrue, s'avança vers lui d'un pas certain.

- Maître, pourquoi ne pas nous faire l'honneur d'une joute. Nous nous entraînons depuis le début de la nuit et sommes plus que échauffés. Avec tout le respect que j'ai pour vous, je vous demande un combat.

Helluin connaissait bien ce jeune elfe. C'était une tête brûlée qui n'avait nullement peur des défis. L'elfe aimait bien le soldats de cette trempe, c'était des hommes qui ne reculeraient devant rien. Il avait pour habitude de provoquer son capitaine au grand amusement d'Helluin qui a chaque fois le battait avec facilité. Aujourd'hui encore Helluin releva ce défi.

Pour Cuthaniol s'était surtout l'espoir de pouvoir un jour battre ce guerrier dont le talent et la renommée n'étaient plus à refaire. Comme toujours il était honoré que Helluin daigne se battre avec lui, même s'il ne cessait de perdre.

Les deux elfes se mirent en place, firent une légère salutation. Helluin se mit en position, l'épée en bois légèrement relevée. Pendant quelques secondes ils ne firent que de se scruter. Le regard d'acier de l'efle était maintenant entièrement braqué sur son opposant. Avant même que Cuthaniol puisse réagir le faucon s’abattit sur lui, lui assenant divers coups. Le jeune elfe tenta d'esquiver avec divers parades. Il avait du mal à tenir, mais était résolu à ne pas lâcher aussi vite.
Helluin pu remarquer l’amélioration considérable de son apprenti. Cuthaniol était plus vivace et avait appris à mieux observer son opposant. Cela n'allait pas pour autant l'aider. Profitant pour se reposer, il donna au jeune elfe l'occasion d'attaquer son maître. Helluin contre attaqua avec facilité. Le bruit des épées résonnant dans ses oreilles semblait le mettre en extase. Il en vint à oublier son entourage et ne faire plus qu'un avec son épée. Puis enfin, le faucon avait suffisamment patienté. Il tourna autour de lui, esquivant le jeune guerrier tout en se déplaçant. Tel un danseur il fit tourner en même temps son épée qui s’abattit comme une foudre sur le poignet de l'elfe, le désarmant d'un coup.
La surprise et la douleur soudaine firent le reste. Cuthaniol se cambra de douleur, perdant l'équilibre, il chuta et avant même qu'il ne puisse souffler, Helluin venait lui presser la pointe de son épée contre sa gorge.
Le jeune elfe déclara forfait.

- Vous m'avez battu.

Oui, mais tu as fait de grands progrès. Tu as appris à mieux observer ton opposant, mais ce n'est pas encore suffisant. Continue comme ça et d'ici peu tu deviendras un guerrier exemplaire. Maintenant va soigner ta main.

L'apprenti émit un faible sourire et se redressa. Alors qu'Helluin se pencha pour prendre l'épée de son apprentie, il entendit des applaudissements.
Intrigué, Helluin se retourna. Que fut son étonnement lorsqu'il découvrit que son admirateur n'était autre qu'un homme. Ce dernier l'observa avec enthousiasme.

Joli coup, ami elfe.

Le Galadhrim observa l'humain. Il se trouvait à la barrière en bois délimitant le terrain d'entraînement. Haldir, l'avait prévenu de l'arrivée d'un humain ainsi qu'une elfe.
L'elfe acquiesça d'un bref geste de tête. Il n'était guère à l'aise avec de la compagnie, mais devait se montrer aimable et respectueux, car il avait devant lui un invité de Dame Galadriel.
Donnant les épées à un des elfes il s'avança vers l'homme.

- Je vous remercie pour ce compliment. On m'avait rapporté l'arrivée de Hùrin Thalion, mais je n'ai pas encore eu l'honneur de le rencontrer. Je me nomme Helluin de la famille Eambar, un des commandants de la garde royale et comme vous le voyez je suis en pleine formation avec de jeunes recrues.

Il avait dit cette dernière phrase d'un ton presque blasé. L'amabilité n'était pas son fort, ses vaines tentatives le rendaient presque maladroit. Il y avait néanmoins dans le regard du faucon une curiosité distincte pour cette homme.

- Si l'envie vous prend, je vous propose un combat avec un de mes apprentis. Ce sont de braves guerriers et nul doute que cela leur sera un grand honneur.

Le vainqueur s'avança lentement vers lui et Hùrin eut le temps d'observer son visage aux traits fins. Il ne connaissait pas cet elfe, ce qui n'était guère surprenant en soit. Après tout il n'était jamais venu en Lothlorien, qui n'existait même pas lors de sa première vie en Arda. Des mauvaises langues auraient pu dire que les elfes se ressemblaient tous, leurs visages fins et leurs corps longilignes étaient en effet assez communs, mais chacun de ces êtres possédaient une pureté singulière qui se ressentait d'une multitude de façons différentes, et Hùrin les avait trop fréquenté pour savoir qu'ils n'étaient pas si lisses qu'ils le laissaient paraître. Orgueil et violence était aussi des traits des Premiers-Nés et personne ne pouvait oublier les drames autour de la quête des Silmarils. Eru n'avait fait aucun être parfait et c'était dans cette imperfection que demeurait la beauté du monde : un univers de contraste et de conflictualité. L'ombre contre la lumière. Le bien contre le mal. Parfois, Hùrin se demandait ce qu'il en avait été s'il Morgoth n'avait jamais trahis. Peut-être que c'était l'existence même du Mal qui rendait ce monde si beau et sa lutte pour la liberté si belle. Sans cette guerre universelle du Bon contre le Mauvais, Hùrin n'aurait jamais rien été. Un seigneur oisif ? Nul ne saurait le dire. Mais si la désolation n'existait pas, personne ne saurait savourer la pureté. C'est parce que l'on connaît les terres mortes que nous admirons la nature libre et exhaltée. C'est parce que le silence morbide de la mort nous est connu que nous savourons le chant joyeux des oiseaux au lever des astres. Et pourtant, pour rien au monde Hùrin n'arrêterait de se battre et de traquer le Mal. C'était là la raison même de son existence comme le lui avait montré sa réincarnation. Il avait sur les épaules un poids sans commune mesure, une sorte de quête qui lui était liée pour l'éternité. Peut-être qu'une fois mort, son nom entrerait au Panthéon. Il n'atteindrait jamais Valinor mais espérait en secret qu'une fois las et au bout de son périple il gagnerait le droit à une retraite paisible auprès de tous les braves de ce monde, où il retrouverait ses enfants, sa défunte femme et tous ceux qu'il avait chéris un jour. Se trouveraient là ses amantes de jeunesse, dont il avait aimé violemment la chair, son fils et sa fille, son frère qu'il avait tant pleuré et son neveu venu de chez les Dieux, ses camarades, Zarielle, les nains d'Hatori et enfin Gwendael, sa protégée. C'est parce qu'il avait un besoin d'harmonie qu'Hùrin combattait le chaos et non parce que celui-ci le menaçait. Bien sûr, sa vie avait fait naître en lui les germes de la vengeance et il était impossible d'oublier les sévices qu'il avait subi et le drame infligé à sa famille, brisée, ruinée, elle qui était si glorieuse. Comment oublier tout cela ? Comment ignorer le fait que chaque jour des âmes étaient corrompues et des innocents tués pour les sombres desseins des Êtres Noirs de ce monde ? Non, il lui était impossible de faire l'impasse sur tout ceci, et c'est pourquoi Hùrin était tourmenté. Sa vie ne serait que combat, et cela il le savait depuis des siècles.

L'air triste et las de l'elfe le tira de ses songes malgré lui, qui avait dû avoir l'air bien rêveur l'espace de quelques secondes. La scène était éclairée par l'éblouissante lueur lunaire tandis que le chant des elfes s'élevait toujours en fond. Nul doute, ce pays était bien magique. Hùrin salua le guerrier d'un humble signe de tête après que celui-ci se fut présenté.

- Enchanté, Helluin de la Garde. C'est un honneur pour moi que de rencontrer les fines lames de la cour de Galadriel. Joli combat. Vos recrues ont du talent, et quant à vous, je ne doute pas que vous soyez l'une des meilleures lames de ce pays,

poursuivit Hùrin, tenant à complimenter le guerrier.

- Ce serait un honneur pour moi ! Espérons qu'ils ne me ridiculisent pas trop !

Dit-il en souriant avant de franchir la barrière.

Je n'ai cependant pas d'armes, la garde me l'a confisquée en entrant sur vos terres.

Un elfe lui jeta alors une arme en bois taillé que l'Adan attrapa avec dextérité, l'observant un sourire en coin. Même leurs armes factices étaient faites avec un soin tout particulier ! L'artisan les ayant fait avait créé de véritables répliques de bois, robustes et légères. Un elfe s'avança, visiblement volontaire et ils se mirent en place. Hùrin le salua et l'elfe fit de même avant d'adopter une posture d e combat plutôt offensive. Helluin ouvrit le combat d'un cri et les deux guerriers s'avancèrent l'un vers l'autre.

Hùrin fut d'abord timide, menaçant d'une feinte son adversaire qui le surprit en chargeant, forçant l'homme à reculer en repoussant le coup puissant. Faisant s'entrechoquer les lames, il gardait d'un œil le jeu de jambes rapide de son adversaire afin de trouver une faille rapidement. Vu le peu d'heures qu'il avait dormis, il savait que si le combat durait il perdrait en endurance il désirait donc vaincre l'elfe de manière rapide et efficace. Repoussant avec force l'elfe et le faisant reculer en le harcelant de coups frontaux, Hùrin reprit rapidement la main. L'elfe était doué, très doué, mais manquait encore d'assurance et ses parades étaient fragiles, même si Hùrin n'en profita pas, un orque aurait brisé sa garde sans mal et l'aurait mis en grande difficulté, mais cela aurait été trop simple pour l'Adan qui doutait quand même que cela ne marche. Les elfes avaient une tendance assez peu commune à la surprendre, prudence donc. Lançant quelques coups d'estocs, Hùrin se mit à bouger agilement d'un flanc à l'autre de l'elfe avant d'enchaîner sur des coups frontaux, repoussés dans la douleur par l'elfe. Ce dernier parvint tout de même avec une contre-attaque finement menée à repousser les assauts de l'Adan et à le forcer à reculer de quelques pas, dans un ballet de coups endiablés. Hùrin le laissa approcher de plus en près, prenant soin de dévier tous ses coups. Quand il fut assez prêt, Hùrin fit parler son talent de guerrier de manière nettement plus convaincante. Repoussant et évitant avec agilité les coups lestes de l'elfe, l'Adan brisa la garde du guerrier, repoussant son épée en arrière, ouvrant de grandes ouvertures dans sa garde. Il le toucha à l'épaule puis au torse, et voyant le bras du guerrier revenir il lui fit plier le genou d'un coup mesquin avant de poser la lame de bois sur la nuque du jeune apprentis en souriant, le souffle court.
Il releva son épée et la posa au sol, applaudissant le jeune soldat qui ruminait sa défaite.

- Beau combat mon ami, tu es doué. Travaille ta garde et tu deviendras un ennemi mortel.

L'elfe était curieux et l'envie le prit de tester cet homme venant de temps anciens. Il s'était attendu à ce que ce dernier décline ou montre quelques signes d'intimidation, mais à sa grande surprise Hùrin accepta le défi. Face à cette offre, Helluin put voir dans ses yeux un semblant de flammes naissantes.
L'homme traversa la barrière sans aucune hésitation, ses gestes semblaient y traduire une certaine impatience. L'humain voulait se battre et ne déclinait pas l'adversité, un trait que l'elfe dès fois antipathique savait apprécier chez une personnes, peu importe la race.

- Je n'ai cependant pas d'armes, la garde me l'a confisquée en entrant sur vos terres.

D'un claquement de doigt, Helluin fit signe à un de ses guerriers pour une épée en bois.
Rapidement ses yeux argentés traversèrent le rang de ses guerriers. Qui allait-il choisir? Après quelques secondes son choix se porta finalement sur Niall, un de ses plus jeunes protégées, mais aussi des plus talentueux. L'elfe aurait pu choisir Cuthaniol, mais ce dernier venait tout juste de se battre et s'était blessé à la main. Niall quant à lui était encore bien éveillé. Certes, il était encore bien jeune,mais l'elfe montrait déjà un grande capacité au combat. Il était aussi doté d'un grande agilité qui pouvait sans aucun doute poser problème au guerrier humain.

- Niall, tu seras l'opposant. Je veux un jeux de combat honnête et propre.

Le jeune elfe acquiesça et se précipita devant Hùrin pour lui faire un geste de salutation. Le combat se mit en place, les autres elfes quant à eux avaient cessaient leur entraînement et s'amassait autour des deux bretteurs formant ainsi un cercle assez large. Ils étaient habitués à des combats elfe contre elfe, mais n'avaient encore que rarement eu l'occasion de se prouver contre un humain. Certains frappaient leur épée dans un rythme régulier contre leur cuirasse en guise d'encouragement, pas un mot en revanche n'était émis.

Helluin se tint légèrement à l'écart, immobile et raide, comme le voulait la discipline du soldat, ses yeux rivés sur Hùrin.

- A lelyalmë! (commencez!)

Le mot d'ordre était lancé. Niall et Hùrin firent quelques pas sans se quitter des yeux. Quelques secondes s'écoulèrent et l'elfe lança sa première attaque. Comme Helluin l'avait prévu, Niall ne perdait pas une seconde, essayant d'intimider Hùrin. Il jugea cette tactique efficace, mais savait aussi que cette dernière ne portait ses fruits que pendant les premières minutes. Il était important que Niall garde ce rythme d'enfer tout en restant à l'affut du moindre changement de son opposant.
L'idée était bonne, Hùrin semblait bel et bien surpris dans les premiers temps. Ses pas étaient hésitants et il perdait peu à peu en espace. Le bruit des épées devenaient plus fort.
Helluin remarqua que Hùrin ne cessait de quitter les jambes de Niall comprenant qu'il cherchait à voir la faille. Son élève allait-il s'en rendre compte?

Visiblement non, car au moment où il faillit avoir le dessus l'homme repoussa l'elfe avec une force surhumaine. Un petit sourire se dessina sur les lèvres d'Helluin, au fond il était content de ce combat improvisé avec un humain. Ce sera l'occasion pour ses élèves de voir en quoi était capable un Atan. Certes les elfes étaient en soi largement supérieur à ces derniers, néanmoins les Atani étaient dotés de talents surprenants dont leur force et leur volonté de se battre. Niall était surpris, ne s'attendant pas une telle riposte. Son jeux de jambes semblaient devenir plus faible et une insécurité dans ses mouvements se fit ressentir.

- Áva sorya, Niall! Garde ta garde! (n'hésite pas/n'aie pas peur!)

L'entraîneur en lui semblait refaire surface, alors qu'il n'avait pas eu l'intention de se mêler de quelconque manière au combat. Niall restait néanmoins son portégé et pendant un certain temps il l'avait même entraîné personnellement. Son conseil sembla porter ses fruits. Niall résista et bientôt les deux guerrières entamèrent une véritable danse de l'acier. Hùrin tenait bon et semblait presque perdre en endurance. Niall quant à lui ne cessait de le marteler de coup. Puis enfin, l'Atan montra l'étendu de son talent d'escrimeur.
D'un geste rapide et précis, il brisa sa garde lui attribuant diverses coups fatales, le mettant enfin à genoux l'épée touchant sa nuque.

- Á pusta! (Cessez!)

Helluin mit fin au combat dont Hùrin sortit vainqueur. Niall semblait désolé de sa défaite regardant son opposant avec amertume. Ce dernier ne se laissa pas impressionner, mais gardait une attitude humble et encourageant envers le jeune elfe.

Niall se leva et s'inclina devant l'Atan.

- Hantanyel, Hùrin Thalion, dit-il avant de se remettre dans son rang. (je vous remercie)

Helluin ne disait rien pour l'instant. Il avait pour ainsi dire assez vu. L'elfe était en effet capable de juger une personne à la manière de son combat et ce soir il venait d'en apprendre beaucoup sur cet Atan. Il comprit notamment que Hùrin était un grand guerrier avec beaucoup de valeur et doté d'une force et d'une endurance surprenante pour un humain.

- L'entraînement est fini pour ce soir! Allez-vous reposer, car nous reprendrons aussitôt demain!

Il finit par se retourner vers Hùrin.

- Impressionnant. Malgré votre fatigue, vous avez su repousser mon jeune protégé sans aucune grande difficulté. Vous êtes un grand guerrier et je vous ai mal jugé. Ánin apsenë! (je suis désolé) Votre présence a permis à mes jeunes élèves de se faire une meilleure opinion des guerriers existants dans la Terre du Milieu. Peu d'entre eux n'ont ou n'auront jamais l'occasion de sortir hors des forêts de la Lòrien. Quant à moi qui a été dans le tort, je me dois de le réparer. N'hésitez-pas à me solliciter en cas de besoin.

Hùrin s'approcha de l'elfe qui se redressait et lui tint fraternellement l'épaule, en souriant légèrement. Inutile de l'humilier, Hùrin était humble et fraternel avec les guerriers de son camp. Il savait qu'il était ici chez des alliés de poids, bien qu'il soit sans bannière. En effet, il servait l'intérêt des Peuples Libres tout entiers et était donc l'ami de tout être pur et non asservis par les forces de Sauron ou Morgoth. L'elfe semblait bien digérer sa défaite, après tout il était un aspirant, il deviendrait plus doué encore. Lui avait l'éternité devant lui pour parfaire son art. Les hommes n'avaient qu'une poignée de décennies, et le temps courait si vite, quand on ne le possède pas... Hùrin épongea la sueur qui perlait sur son front et inspira profondément l'air frais de la nuit. Maintenant qu'il s'était dépensé, il se sentait étrangement mieux, comme si l'atmosphère avait été allégée d'un poids.

Helluin ne tarda pas à donner quartiers libres à ses hommes qui aspiraient certainement à un peu de repos après cet entraînement tardif. Hùrin s'étirait légèrement, il aurait des courbatures demain. Il lui faudrait certainement faire une sieste. De toute façon, son départ, avec Gwendael, n'était pas pressé. Ils pouvaient profiter encore quelques jours de l'hospitalité des gens de Galadriel avant de reprendre la route, après tout ils avaient parcourus des centaines de lieux, voir des milliers ces derniers mois. Hùrin avait rarement autant chevauché et son corps était cassé par tant de périples. Tout s'enchaînait et les répits étaient rares, bien qu'il n'avait eu à se battre qu'à de rares reprises ces derniers temps, son aventure étant assez paisible. Le chef des soldats vint alors à lui, le féliciter de sa prestation et Hùrin sourit, hochant doucement la tête. Les compliments le gênaient, même s'il était fier, il les prenait mais ne pouvait s'empêcher de vouloir les abréger.

Je vous remercie, Helluin. Vos hommes doivent avoir un maître excellent en votre personne, j'ai été surpris de la dextérité de votre apprentis. Si je n'avais pas été si vigilant, il aurait aisément pu prendre l'avantage. Il est indéniablement doué et sera un jour un grand escrimeur, je n'en doute point. Je comprends la situation de vos hommes, votre royaume vit en autarcie. Mais en sortir signifierait que vous êtes en guerre contre des puissances immenses et éternelles. Croyez la parole d'un vieux guerrier, quand les elfes se rassemblent en arme ce n'est guère pour festoyer, dit Hùrin en songeant aux batailles qu'il avait vécu contre les forces de Morgoth.

Mais il était certainement inutile de rappeler à Helluin l'histoire de son propre peuple, qu'il devait connaître sur le bout des doigts s'il ne l'avait pas vécu.

Mais il est vrai que voyager est extraordinaire. Nous rencontrons des lames de tout Arda, des ennemis insoupçonnés et des choses féeriques. Si je ne voyageais pas autant je n'aurai jamais connu votre contrée ni vos guerriers. Je comprends la frustration des jeunes gens à rester ainsi immobiles dans une forêt... Mais est-ce seulement chez les jeunes gens ? Dit Hùrin en souriant, voyant la lueur qui brillait dans le regard de l'elfe.

Peut-être ce dernier rêvait aussi de périples et d'aventures exotiques, après tout ? Rester une vie entière dans son royaume était digne mais pouvait être aliénant pour quelqu'un aspirant à de grandes choses, Hùrin ne le savait que trop bien.

Que diriez-vous d'aller prendre un rafraîchissement ? Nous pourrions nous raconter nos histoires de bretteur autour d'une bière. Enfin, je ne sais pas si vous en avez ici... proposa l'Adan, toujours souriant

Il avait bien besoin de compagnie et ce guerrier l'intriguait. Cet air renfermé et ce talent fou pour le combat le rendait particulièrement intéressant aux yeux d'un héros antique comme Hùrin. De plus germait en cette nuit là des projets un peu fous dans le crâne du descendant d'Hador. Il réfléchissait ardemment à sa cause et à sa place dans son monde où il avait été renvoyé, alors qu'il attendait d'atteindre les cavernes de Mandos, prisonnier des eaux d'Ulmo. Il avait perdu de vue son destin plusieurs mois durant, sans jamais cependant cesser d'aider son prochain et les gens qu'il rencontrait. Mais il sentait un appel irrésistible en lui, une flamme grandissante. Elle n'était pas nouvelle, non, cette flamme était bien ancienne, mais elle était auparavant éteinte. C'était une soif inexorable de vengeance et de combats, une envie de justice et d'adrénaline. Ce monde était décadent, et sa mission était de le redresser. Comment et par quels moyens ? Il n'en savait rien. Il se rappelait des mots qu'on lui avait murmuré sur les rives de Valinor, il se rappelait le visage de son neveu immortel, Tuor. On l'avait renvoyé car le monde avait besoin de héros, et il devait en redevenir un. Il savait qu'il n'était pas encore prêt, il savait que seul, il était insignifiant. Mais par le passé, il avait galvanisé des armées entières, il avait su fédérer. Il savait que les hommes étaient capables de grandes choses et que leur rôle pouvait être décisif, ils pouvaient marquer une nouvelle fois l'histoire. Il lui fallait mûrir ces idées, mais il savait d'ores et déjà qu'il lui faudrait des compagnons, et les plus brillants que les Peuples Libres pouvaient lui offrir, et il avait l'intime conviction qu'Helluin était un de ces êtres d'élites, destinés à de grandes choses. Hùrin ne pouvait se sortir cette idée de la tête, il devait s'intéresser à cet elfe pour découvrir ses propres objectifs. Un mécanisme se mettait lentement en marche, lentement oui, mais sûrement.

L'Atan semblait mal à l'aise face à ses éloges. C'était un détail que l'elfe ne feignait pas de remarquer. Se faire louer par un elfe, était chose rare pour un humain et Helluin en avait vu certain n'hésitant pas à se gonfler la poitrine. Pour l'être solitaire et renfermé qu'il était, Helluin n'avait pratiquement jamais félicité un humain (si ce ne sont ses jeunes recrues). L'elfe avait donc bien du mal à trouver les mots justes et ce n'est non sans légère maladresse qu'il s'appliqua à la tâche.
Néanmoins Hùrin accepta ses mots avec humilité.

*L'humilité face au perdant est un trait distinctif d'un grand guerrier.*

Il n'osait guère se l'avouer, mais l'Atan commença peu à peu à lui plaire, ce qui pour notre guerrier était encore plus rare. Décidément cette soirée de pleine lune semblait réserver bien des surprises.

Je vous remercie, Helluin. Vos hommes doivent avoir un maître excellent en votre personne, j'ai été surpris de la dextérité de votre apprentis. Si je n'avais pas été si vigilant, il aurait aisément pu prendre l'avantage. Il est indéniablement doué et sera un jour un grand escrimeur, je n'en doute point. Je comprends la situation de vos hommes, votre royaume vit en autarcie. Mais en sortir signifierait que vous êtes en guerre contre des puissances immenses et éternelles. Croyez la parole d'un vieux guerrier, quand les elfes se rassemblent en arme ce n'est guère pour festoyer

Helluin hocha de la tête.

- Assurément, oui...

Bien sûr, Hùrin ne lui rapportait là rien de nouveau. Son peuple avait déjà connu les guerres. Ces guerres étaient encore présentes dans les vielles chansons que sa mère avait eu pour habitude de lui chanter alors qu'il n'était encore qu'un enfant. La Lorièn, entourée de ses vastes forêts, avait depuis toujours fait office de protection pour les Galadhrim et c'était aussi une des raisons pourquoi le seigneur Celebrian et sa dame avaient décidé de trouver repos ici à Caras Galadhon. Helluin était un enfant de la paix. Il n'avait encore jamais connu la guerre et n'était guère intéressé à ce qu'elle éclate. Néanmoins, il était un guerrier dans l'âme et comme tout guerrier, il ne souhaitait qu'une chose : quitter ce nid douillet à la vie bien trop monotone et se mesurer au monde.

Inconsciemment, il avait pour ainsi dire lancé un cri d'appel à Hùrin. Ce dernier semblait avoir perçu ce cri.

- Mais il est vrai que voyager est extraordinaire. Nous rencontrons des lames de tout Arda, des ennemis insoupçonnés et des choses féeriques. Si je ne voyageais pas autant je n'aurai jamais connu votre contrée ni vos guerriers. Je comprends la frustration des jeunes gens à rester ainsi immobiles dans une forêt... Mais est-ce seulement chez les jeunes gens ?

Ses yeux d'argent se mirent à briller. Hùrin était un guerrier et guerrier qui d'autant plus voyager constamment. A ce moment même Helluin ne put s'empêcher de ressentir une forme de jalousie évidente devant ce guerrier qui semblait tout représenter ce qu'il n'était pas. Après mil an de vie, l'elfe n'avait jamais eu à se plaindre. Ce n'était que récemment que ce manque d'évasion ne s'était présenté, mais depuis Helluin n'avait de cesse de se dire que s'il ne voyageait pas, ce sera toute une vie d'immortel gâchée. Face à ce constat, l'elfe ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Il avait des obligations ici à Caras Galadhon et hormis une déclaration de guerre, il ne sortira probablement jamais de ces forêts elfiques. Cette tristesse manquait peu de l'envahir.
Helluin se raidit, le regard impassible. La dernière chose qu'il ne souhaitait c'était que l'Atan ne voit à quel point cela ne l'ait affecté.
C'était donc d'une voix froide et distante qu'il lui répondit.

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire.

Hùrin le regarda avec le sourire. A cet instant, l'elfe était persuadé que l'Atan l'avait percé à jour et c'était non sans le déstabiliser légèrement. Peut-être était-il préférable qu'il s'éloigne de lui?

Hùrin avait-il anticipé cette tentative de retraite ? Il ne saurait le dire. Quoiqu'il en soit, l'humain le prit au dépourvu en lui proposant un rafraîchissement afin de discuter. Helluin hésita...L'idée de discuter batailles et armes l'enchantait. Il était toujours avide de nouvelles sur l'armement, la situation militaire des divers peuples. Peu de doute que Hùrin avait des choses à raconter, mais il redoutait ce moment fatale ou ce dernier ne se mette à parler de ses voyages et Helluin se laissant emporter par ses rêves d'évasion. Il n'avait guère envie de se présenter comme un jeune soldat avide des moindres paroles.

Un caractère compliqué...c'était ainsi qu'on pouvait décrire l'état de l'elfe. Néanmoins, suite à la victoire de Hùrin, Helluin se devait de lui offrir au moins cela, sans compter qu'en tant qu'invité du couple seigneuriale, il se devait de montrer l'exemple; noblesse oblige.

L'elfe s'inclina légèrement.

- C'est une honneur pour moi de vous tenir compagnie. En effet, la bière n'est pas la boisson nationale des elfes, mais il nous hébergeons toujours un peu de bière dans nos caves pour nos invités. En revanche nous offrons d'excellents vins de romarin ou d'hydromel. Si vous voulez bien me suivre.

L'elfe se ceint de Calmacil car malgré sa tenue simple d'elfe, ce dernier ne faisait pratiquement rien sans son épée, c'était peu dire du lien affectif avec son arme.
Hùrin le suivant, Helluin se mit à quitter l'arène d'entraînement pour se diriger vers des escaliers. Calmement l'elfe se mit à monter vers ces arbres ancestraux, là où était juchées la plupart des habitations des elfes sylvains. On ne pouvait pas spécialement dire que Caras Galadhon avait une auberge, néanmoins Helluin savait où aller. Il finit par amener l'Atan sur une des terrasses juchées sur une branche imposante offrant une vue imprenable sur le domaine de la ville sylvaine. La terrasse était rattachée à une pièce qui offrait des décorations murales sculptées en bois et représentant diverses elfes.

Helluin fit entrer l'Atan et demanda à un elfe de remonter des caves une crevasse et d'apporter de l'hydromel.

- Veuillez m'excuser. Nous n'avons pas d'auberge à proprement parler ici à Caras Galadhon. Nous préférons le calme et l'entourage de la forêt. Je vous ai amené sur le domaine appartenant à ma famille. J'espère que cela ne vous déçois pas trop. La boisson va arriver.

A peine avaient-ils pris place qu'un jeune elfe entra, portant un plateau d'une crevasse de bière et d'une cruche d'hydromel avec deux verres. Malgré son fardeau, il se déplaça avec légèreté vers les deux hommes, posa les boissons et se retira avec cette même maîtrise de soi qui qualifiait tant les elfes.

L'elfe servit poliment Hùrin en bière.

- A votre victoire. Même si je pense que vous devez avoir à votre effectif déjà bien des victoires...

Sujet: Re: Cimes immortelles [PV; Helluin]