Bière et Bagarre [PV Abattarik]

"Le Parchemin Accueillant", c'était un nom étrange pour un débit de boisson. Et pourtant, c'est l'un des endroits que mon père m'a conseillée pour trouver du travail. L'aubergiste est un nain, qui se pique d'être un érudit et tient à le faire savoir, d'où le nom de l'endroit. D'après mon père et ce que je peux voir, attablée seule dans un coin, la clientèle était principalement composée d'hommes de lettre, ou plutôt de leurs apprentis élèves et assistants, ainsi que de leur personnel. Des gens qui doivent parfois voyager et, n'étant pas des combattants, ont besoin d'une escorte pour cela. Et je pouvais donc être la personne qu'il leur fallait. En tout cas, j'avais discuté avec l'aubergiste, Kharvin, et signalé donc que j'étais disponible s'il y avait besoin, et il avait promis de le faire savoir autour de lui. Puis, je m'étais laissée aller à prendre une bière et à m'asseoir à une table vide.

J'aurais cru que ce serait un moment calme si je n'avais pas vu entrer Lodomir, un jeune noble de mon âge que j'ai connu dans ma "vie d'avant", accompagné de deux autres individus. On avait été amis, même, donc je le reconnu immédiatement, malgré les années écoulées. Lui aussi et le sourire frisait le dégoût. J'imagine qu'ils doivent se trouver là car ils étudient avec des maîtres afin de parfaire leur éducation, dans le but de devenir de futurs seigneurs.

Je vis Lodomir dire un mot à ses deux compères puis se diriger vers moi.

"Tiens, n'est-ce pas Aelin que je vois là."

Je haussais un sourcil, son ton semblant indiquer qu'il n'aimait pas me trouver là. Remarqué, cela n'a rien de surprenant : quand l'histoire de Grand-Père a été découverte, sa famille a rompu tout lien avec la mienne.

"Cela faisait longtemps, Lodomir."

[colro=green]"Oh, Langue de Serpent se rappelle mon nom ?"[/color] ricana-t-il sans remarquer que je serais la hanse de ma choppe en réaction au surnom donné à mon grand-père. Il enchaîna derrière, "et je vois que tu t'oriente vers le métier des armes? Serais-tu là pour louer ton bras ? Je dirais que tu devrais plus louer ton coprs !"

Il ria sans se soucier de mon regard noir, s'amusant visiblement de ses propres plaisanteries douteuses. Je fis un énorme effort pour ne pas me lever et lui montrer ce que je pense de son humour et de l'endroit où il devrait le mettre, me contentant de répliquer verbalement.

"Tu as une conception des femmes plutôt vulgaire. Mais peut-être est-ce ainsi que tu vois les femmes ?"

Sa réaction me surprit, et je ne fus probablement pas la seule quand il prit une choppe sur le plateau de la serveuse. Il s'avança vers moi et me la renversa sur la tête.

"Tu devrais apprendre où est ta place, Asator ! Et partir d'ici avant que je ne te fasse chasser à coup de bâton, comme tu le mérites." Il sourit grandement, me voyant me redresser d'un coup, me retenant de le frapper une nouvelle fois. "Oh, tu cherches à me faire peur ? Fiche le camps, Langue de Serpent ! Retourne dans les jupes de ta mère... Elle pourrait t'apprendre à t'occuper d'un homme comme il faut."

J'avoue que je comptais partir, parce que je ne voulais pas déclencher une bagarre dans la taverne d'un ami de mon père mais en l'entendant parler ainsi de ma mère, je ne pus me retenir. Je lui balançais le reste de ma choppe au visage.

"Je t'interdis d'insult..."

Sa giffle m'interrompit, non par sa force, car j'ai eu pire de mes parents, mais parce qu'il osait le faire.

"Les gens comme toi n'ont rien à m'interdire, Asator ! Dégage maintenant, où mes amis et moi on t'aidera à partir."

Là-dessus, il leva une seconde fois la main vers moi, dans l'intention manifeste de me pousser. Sauf que je n'étais plus en l'état de me laisser faire. Je donnais un coup dans son poignet de mon bras gauche, reculant l'épaule droite. Mon poing parti droit sur son visage, l'obligeant à reculer et à bousculer une table.

Voyant cela, un de ses amis se jeta sur moi mais je l'esquivais d'un pas de côté, lançant mon genoux dans son estomac. Je lui agrippais les épaules et le lançais sans me soucier d'où il atterrit, en l'occurrence une table voisine. Un client se leva, nous interpellant pour nous dire d'arrêter, alors que j'étais occupée avec le troisième larron, mais Lodomir se retourna pour le frapper, en lui disant de la fermer.

Je crois que c'est à ce moment là que ça a commencé à dégénérer quand les autres personnes assises à la table se sont levés pour défendre leur ami, et que d'autres ont décidé de prêter main forte à Lodomir.

C’était au moins la deuxième semaine que le capitaine Abattarik hantait la taverne « Le Parchemin Accueillant », à la recherche d’une perle rare ; un érudit suffisamment inoccupé mais talentueux, pour s’intéresser à son problème du moment : déchiffrer les mystérieux symboles gravés sur la pierre d’ambre découverte dans l’astrolabe qu’il avait récupéré lors d’un abordage.

Installé non loin du comptoir, dans un recoin moins éclairé mais permettant d’embraser l’ensemble de la salle, il buvait sa bière en attendant l’arrivée des étudiants, professeurs et autres chercheurs. Il avait sympathisé (soudoyé) le tavernier pour que celui-ci lui désigne discrètement les candidats possibles.

Pour l’heure la taverne était modérément fréquentée, ce qui n’était pas sans déplaire au capitaine, qui appréciait toujours le calme qui précédait une tempête. Les deux pieds croisés sur la table, en dépit des multiples remarques désapprobatrices de la serveuse, il passait en revu sur un petit carnet les quelques noms qui lui avait été donnés par le tavernier.
Son attention fut attirée par une nouvelle arrivante, qui dénotait visiblement de la clientèle habituelle : une guerrière.
La jeune femme semblait plutôt jolie, assez jeune, mais sa façon de se déplacer donnait les signes indéniables de ceux dont le métier est de se battre, à qui savait les voir.
Abattarik haussa un sourcil et se renfonça dans son siège, histoire de passer encore plus inaperçu pendant qu’il observait la donzelle.

** chasseuse de prime ? Garde de la ville ? Mercenaire ? Hum, un petit coté noblesse désargentée peut être ?  Ou une michetonneuse qui vient voir son pigeon ? Non, définitivement martiale  **

La jeune femme se dirigea presque timidement vers le comptoir et commença à discuter quelques minutes avec le tavernier, qu’elle semblait connaitre. Ensuite,semblant plutôt satisfaite, elle commanda une bière et s’installa à une table.

Une poignée de minutes plus tard, entre un groupe de 3 étudiants, assez fortunés vus leur mise. Abattarik regarde le tavernier pour savoir si ces nouveaux arrivants faisaient parti de sa liste mais le tavernier secoue la tête négativement.
Le groupe d’entrant se dirige alors vers la table de la jeune fille, semblant l’avoir reconnu. Rapidement, la fille et le meneur ont des mots. Ils se connaissent, et visiblement l’homme à des griefs contre la gamine.

Le capitaine pose sa bière, et reprend une position moins détendu. Le ton montait à la table et les nouveaux arrivants prenaient maintenant clairement à partie verbalement la jeune guerrière.

** Bizarre, ils ne s’engueulent pas sur de la philo les guguss, ca à l’air plus personnel. Une ancienne relation qui à mal finit ? La gamine à l’air de ne pas vouloir se laisser faire. Trois contre une, elle à pas froid aux yeux **

Ce n’est pas parce que l’établissement était principalement le repère de lettrés et étudiants qu’il était exempté de bagarres. Les débats sur les différences de théories mathématiques, de positions de virgules dans une traduction quenya sindarin ou autres trucs philosophique, associés à une bonne dose d’alcool pouvaient échauffés les esprits et il n’était pas rare que cela se termine aux poings.

Le conflit avait escaladé et on été arrivé au point ou la bière est versée ; l’étape juste avant l’échange de bourre pif.
Abattarik observait la situation, de plus en plus intéressé.
L’échange de coups commence par une gifle de l’amant supposé sur la donzelle, celle-ci réplique par un poing dans la gueule.

** Hé ! elle mord ! Le beau crochet que voilà. Ah ! çà commence ! Extension du conflit sur les autres tables !! oh mais elle gère vraiment bien la gamine !! **

Les autres clients alentours, impliqués plus ou moins de force,  commençaient à entrer dans la danse, prenant parti pour un camp ou l’autre, ou créaient leur propre camp, suivant l’occasion. Certain même se contentait de taper tous ce qui passait à leur portée, sans se poser trop de questions.
En quelques minutes seulement la salle était en ébullition. Le tavernier faisait profil bas, mais avait sorti son gourdin de sous le comptoir, dès fois que la situation déborde plus que de raison (du genre partir sans payer).
Un quidam se trouva malheureusement projeté sur la table du capitaine, la renversant. Abattarik n’eut le temps que de récupéré son godet, mais le pichet de bière et son contenu s’écrasèrent au sol.
« Mauvais karma mon gars !! faut pas déconner avec ma bière »

Et lorsque le quidam se redresse, Abattarik lui fracasse le godet sur la tête, le couchant pour les 30 prochaines minutes au moins.

Les trois larrons et la guerrière continuent de se battre, avec occasionnellement quelques mandales distribuées aux éventuels clients qui souhaitaient se joindre au groupe.

Abattarik s’amusait comme un gamin. Il adore les bagarres de taverne. Non pas qu’il est meilleur qu’un autre avec ces poings, mais Abattarik est naturellement vicieux et triche sans aucuns remords. Ainsi donc, il distribue avec générosité des coups de pieds dans les valseuses, mord les oreilles, arrache les cheveux ou les boucles d’oreilles (toujours très à la mode chez les étudiants). Et le tout, souvent dans le dos de la victime, complètement prise par surprise pour le coup.

Après cinq minutes d’un rentre dedans aussi féroce que vicieux, un vide sanitaire est fait autour des belligérants de départ, cinq corps gémissant au sol à leur pieds. Le reste de la taverne continuait à se battre en faisant bien garde de ne pas s’approcher de ceux là et surtout du corsaire qui remet sur ces pieds une table et une chaise avant de s’y ré installer.

Abattarik sort de sa poche une pièce d’or et la lance sur le comptoir pour qu’elle roule vers le tavernier.

« Une pièce sur la gamine. Tu as l’air de la connaitre, tu suis ou tu joue contre ? »

Et Abattarik d’interpeller la jeune guerrière en levant son verre !

« Ils ont tout à toi Gamine, fini le boulot proprement, personne viendra plus vous emmerder, j’y veille »

Je sais que mon père n'apprécierait pas de me voir dans une telle situation, au beau milieu d'une bagarre de taverne, surtout en sachant que j'en étais à l'origine. On aurait été à Minas Anor, il l'aurait rapidement appris, et m'aurait sévèrement puni en me donnant plusieurs cours, sans douceur, histoire de bien me faire comprendre qu'une bagarre, ce n'est pas un truc qu'on doit déclenché. Mais je n'ai franchement, j'ai tendance à croire que s'il avait entendu Lodomir tenir de tels propos sur ma mère, il n'aurait pas non plus laissé passé cela.

Mais bref, la tension commençait à diminuer dans l'auberge, après quelques minutes de coup ici et là, et j'en avais perdu de vue l'objet de ma fureur, qui s'était elle aussi calmée. Pas à cause des coups que j'ai pris, parce que oui, j'en ai reçu plusieurs mais, au contraire des autres, je portais ma petite armure donc certains coup de poing se voyaient atténué et donc me faisait moins mal qu'à d'autre. Et j'ai pu esquiver un ou deux coups de chaise, répondant par un coup de pied dans le flanc ou un crochet du gauche à l'un et l'autre. Non, je m'étais un peu calmée car se battre au milieu d'une mêlée générale, cela demande de la concentration, afin d'éviter les nombreuses attaques en traître possible. Comme disait mon père : un esprit en colère dans un combat est un individu mort.

Et maintenant, il n'y avait plus que quatre personnes à vouloir distribuer des marrons. Moi, Lodomir, qui avait un joli cocard à l'oeil gauche et tenait un tesson de bouteille, et deux autres mais semblant moins motivés que nous deux.

« Une pièce sur la gamine. Tu as l’air de la connaitre, tu suis ou tu joue contre ? »

La voix était bien audible, alors qu'il n'y avait plus un bavardage, et je pu entendre le tavernier refuser le pari. Soit parce qu'il ne voyait rien à y gagner soit parce que ce n'était pas son genre.

« Ils ont tout à toi Gamine, fini le boulot proprement, personne viendra plus vous emmerder, j’y veille »

Je n'étais pas sure d'apprécier un tel surnom, et je me contentais 'éviter de regarder dans la direction de l'individu m'appelant ainsi, ignorant aussi les deux autres derniers bagarreurs qui, attirés par l'appât du jeu, allaient voir le parieur pour miser. Cela leur donnera moins de douleur à la fin de la journée, j'imagine.

Lodomir tenta de me frapper mais je reculais pour éviter son premier coup, puis le second. Je sentis la présence d'une table dans mon dos aussi, le coup suivant, je le parais, saisissant son poignet après pour y donner un coup de pied. Il cria de douleur et lâcha son tesson de bouteille. Je relâchais ma prise, le laissant reculer d'un pas et reprenant ma garde. Il s'avança à nouveau pour tenter un coup mais j'esquivais et ripostais par un crochet suivi d'un coup de mon poing gauche. J'ignore ce que j'aurais fait ensuite car un cri retentit, ordonnant l'arrêt du combat, avec une voix pleine d'autorité, de celle d'un vétéran de la milice locale.

Il sembla vouloir chercher un bouc émissaire, et comme j'étais la seule avec une armure, et aucune trace de coup au visage, je semblais être la personne idéale à ses yeux. Heureusement, Kharvin intervint immédiatement, sortant de derrière son comptoir, y laissant une serveuse pour surveiller la caisse, pour expliquer ce qui s'est passé. Le milicien siffla de dépit en voyant que Lodomir était celui ayant donné le premier coup et lui signifia que la facture serait envoyée à sa famille et qu'il ne voulait plus le voir ici. Le vieux milicien me regarda longuement et me fit aussi savoir qu'il me garderait à l'oeil. Un ancien ami de mon père, probablement, qui m'a reconnu et qui, dans le doute, préfère s'assurer que je ne tienne pas trop de mon grand-père.

Je soupirais et pris mes affaires pour aller au bar, alors que la milice s'en allait.

"Désolée pour tout cela, maître Kharvin." C'était en parti ma faute, il fallait bien que je m'excuse.

"Pas de soucis, Aelin, ce gamin méritait bien d'être remis à sa place. Au moins, il n'importunera plus les serveuses pendant un moment." Il posa une choppe devant moi, en souriant. "Et puis, tu t'en sortais bien, sinon j'aurais calmé le jeu dès le départ."

Il rit un peu, et je souris un peu timidement en retour. Ma culpabilité dans cette histoire n'allait pas partir ainsi mais c'était déjà rassurant de voir qu'il ne m'en voulait pas. Et puis, j'étais assez contente de moi parce que Lodomir était reparti avec les marques de mon affection sur lui sur son visage. Rien que cela, ça avait valu le coup. On a peut-être un traître chez les Asator mais on continuera à défendre l'honneur de tous les autres membres de la famille.

Kharvin alla pour aider à remettre tables et chaises en place, mais aussi j'imagine pour faire un état des lieux et voir ce qui a été cassé, ou endommagé. Une serveuse resta derrière le comptoir mais comme je ne la connaissais pas, je me contentais de boire un peu de bière en soupirant.

La bagarre prenait fin, grossièrement interrompu par la milice d’Osgiliath. Certes, il y avait toujours un fâcheux pour les appeler, mais, pour le Capitaine Abattarik, un bon milicien doit attendre que la bagarre soit terminée pour passer la porte et faire respecter l’ordre et la justice. Il peut alors facilement appréhender ceux qui restent debout, et fait le tri entre les blessés, les groggy et les morts, ce qui donne une officialisation des scores, toujours indispensable pour les bookmakers qui parient sur les combattants.
Enfin, c’est qui se passe dans tous les bouges qui se respectent.

** Osgiliath, quartier des universités … autres mœurs, autre culture … **
Soupire le capitaine après qu’il ait du rembourser les mises suite à l’interruption milicienne et l’arrestation du petit ami noble.

** Elle s’en est bien tirée, quand même, la gamine. A la fois  dans la bagarre, et en évitant de se faire embarquer par la milice**

Le Capitaine n’avait toujours pas trouvé le garde du corps idéal pour l’érudit Porion, condition non négociable pour qu’il se joigne à la chasse au trésor. (Entendons nous bien, le Capitaine avait aussi l’option d’enlever l’érudit en l’embarquant de force sur son cotre, mais il préférait  jouer le coup à la régulière, notamment pour s’assurer la pleine coopération du chercheur. Les gens avec un sac sur la tête et des dents en moins sont beaucoup moins enclins à la coopération enthousiaste)
Abattarik avait quelques touches mais rien qui ne l’enthousiasmait jusque là. Ces possibilités se résumaient pour l’instant, à choisir entre Aldéran le Marteau du Rhovanion, une brute épaisse qui maitrisait avec difficulté 200 mots de vocabulaire (et aucun de plus de deux syllabes) et Goderik Raclechair, un homme de Dun moitié mercenaire, moitié assassin, moitié voleur, mais pas vraiment efficace dans aucuns des trois domaines.
Le rendez vous avec Porion était demain, et cette taverne était l’une des dernières qui faisait. La chance avait peut être tournée en la personne de cette jeune guerrière.

Abattarik attrape son godet de bière et vient se placer au bar suffisamment prés de la jeune femme pour pouvoir lui parler mais suffisamment loin pour voir venir une réaction hostile ou violente.

« Vous avez eut bien raison de corriger cet arrogant personnage, dame guerrière. Il semblait bouffi de prétentions et vide de courage. »

Abattarik fait une pause rapide puis se tourne complètement vers la jeune femme, pour s’incliner.

« Je me présente, Capitaine Abattarik, marchand, marin et aventurier. Je suis de passage à Osgiliath pour une affaire, et si je me permets de vous aborder si cavalièrement, c’est qu’il se pourrait que vous soyez la réponse à une partie de mes préoccupations du moment. !!
Vous êtes définitivement versée dans la pratique des armes et de l’escrime, seriez vous par hasard une lame à louer ? »

** J’ai oublié d’enlever ces putains de bagues !! Je passe du temps à me déguiser en gros plouc des mers et j’oublie les bagues !! Mais je suis à taper !! Et bien entendu, elle les a vues !!**

Abattarik, pour son séjour à Osgiliath, avait endossé le rôle bien pratique du capitaine marchand. Cela lui permettait de passer inaperçu, mais aussi d’avoir un aspect rassurant lorsqu’il essayait de trouver un érudit susceptible de répondre à ces questions, puis de s’embarquer avec lui à l’aventure. Il avait opté pour une tenu fonctionnelle, de bonne facture, mais usée par le temps, indiquant une certaine aisance, mais un aussi une gestion serré de ces actifs. Cela envoyait l’image d’un Capitaine sérieux, mais qui ne connaissait la valeur des choses.
Sauf que sous le regard de la jeune mercenaire dénommée Aelin Asator, il venait de se rendre compte qu’il avait oublié d’enlever les nombreuses bagues qui ornaient ces doigts …

Chacune de ces bagues était une histoire pour celui qui savait lire entre les lignes. Il y avait celles qui servaient à laisser de hideuses estafilades lors des corps à corps, il y avait celle qui contenait un poison en poudre pouvant paralyser pendant plusieurs heures un cheval, il y avait celles qui indiquaient des prises de guerre d’importance, récupérées sur des capitaines qui n’en n’avaient plus besoin et il y avait l’anneau sigillaire de sa famille, vestige d’un temps passé et enfoui.

Chacune de ces bagues et leur disposition sur les deux mains hurlaient que leur porteur n’était peut être pas que ce qu’il paraissait être …

** Bon, elle embraye sur le job, c’est déjà cela …**

« Vous comprendrez que je ne vais pas pouvoir entrer dans les détails tant que nous n’avons pas fait affaire, mais je peux quand même vous dire ceci :
J’ai besoin que vous soyez le garde du corps de mon associé, Maitre Porion, un érudit de l’université d’Osgiliath, pendant la durée d’une expédition de recherche universitaire qui va nous mener jusque dans le Rhudaur.
J’estime la durée de la mission à 5 semaines maximum, pendant les quelles vous serez nourrit, équipée en conséquence, et logée autant que possible.
La première partie du voyage sera en bateau, jusqu’aux faubourgs de Tharbad, au Cardolan, pour ensuite continuer à cheval sur le Rhudaur.
L’équipe sera réduite. Il y a aura vous, Porion et moi. Votre Tâche est de vous assurer de la protection de Porion uniquement, ainsi, si nous venions à être séparés, vous devrez toujours coller à son train. A mon bord, vous serez exemptée de tâches car considérée comme une passagère, au même titre que Porion, par contre vous ferez en sorte de ne pas trainer dans les pattes de l’équipage.

Vous serez payé d’avance l’équivalent des 2 premières semaines en bateau afin que vous achetiez ce qui vous semblera nécessaire. Ensuite, vous recevrez le reste à notre retour à Tharbad. L’achat des chevaux et les séjours en auberge seront pour moi. Vous pourrez garder le cheval comme bonus.
Des questions ? »

Le verbe et le ton du capitaine était sec et précis, et il avait verrouillé son regard gris acier sur celui de la mercenaire, comme une invitation à un défi.

"Vous comprendrez que je ne vais pas pouvoir entrer dans les détails tant que nous n’avons pas fait affaire,"

dit-il et je répondis d'un hochement de la tête, comprenant ce besoin de secret, afin d'éviter que je ne dévoile cela à tout le monde. Mais cela implique aussi quelque chose d'important pour Abbattarik.

"Mais je peux quand même vous dire ceci :
J’ai besoin que vous soyez le garde du corps de mon associé, Maitre Porion, un érudit de l’université d’Osgiliath, pendant la durée d’une expédition de recherche universitaire qui va nous mener jusque dans le Rhudaur."

Je fis une légère grimace à la mention de cette région. Oh, j'en avais entendu parler, pendant les quelques leçons sur l'histoire, données par ma mère. C'était un des trois royaumes qui s'étaient créés sur les terres de l'Arnor quand il avait chuté. Je crois avoir même du étudier une carte, qui le montrait voisin de l'Angmar dont il fut sous la coupe jadis. Proche des montagnes, il y avait parfois des attaques de gobelins, orcs ou trolls dessus. Bref, un bel endroit rempli de dangers, et je comprenais qu'un érudit ait besoin d'un garde du corps pour se rendre dans un tel lieu.

"J’estime la durée de la mission à 5 semaines maximum, pendant les quelles vous serez nourrie, équipée en conséquence, et logée autant que possible. La première partie du voyage sera en bateau, jusqu’aux faubourgs de Tharbad, au Cardolan, pour ensuite continuer à cheval sur le Rhudaur.
L’équipe sera réduite. Il y a aura vous, Porion et moi."

Toujours sans interrompre ce marchand aventurier, je haussais toutefois un sourcil. Juste trois personnes ? C'était donc un très petit groupe et cette expédition de recherche universitaire -importante donc pour Abbattarik- ne pouvait donc pas être pour rechercher un trésor ou quelque chose de ce style. Je suis novice mais il faut du monde pour ramasser ce genre de chose. Peut-être devait-il s'agir de quelque chose lié à du savoir ?

Votre Tâche est de vous assurer de la protection de Porion uniquement, ainsi, si nous venions à être séparés, vous devrez toujours coller à son train. A mon bord, vous serez exemptée de tâches car considérée comme une passagère, au même titre que Porion, par contre vous ferez en sorte de ne pas trainer dans les pattes de l’équipage."

Je fronçais les sourcils, un peu agacée par les sous-entendus, comme si j'allais faire n'importe quoi sur un bateau, alors que cela allait être la première fois que je monterais à bord d'un de ces navires. J'espérais juste ne pas avoir à travailler dessus, où être victime de cette bizarre maladie propre à ce mode de transport.

"Vous serez payé d’avance l’équivalent des 2 premières semaines en bateau afin que vous achetiez ce qui vous semblera nécessaire. Ensuite, vous recevrez le reste à notre retour à Tharbad. L’achat des chevaux et les séjours en auberge seront pour moi. Vous pourrez garder le cheval comme bonus.Des questions ?"

"Si je comprend donc bien, je dois escorter maître Porion jusqu'à notre retour à Tharbad seulement ? Vous vous chargeriez donc, avec votre navire, de son retour jusqu'à Osgiliath ? "

Demandais-je afin de m'assurer de ce point, important car en acceptant ce contrat, sa sécurité pèserait uniquement sur moi, et il fallait définir clairement jusqu'à quand.

"Ensuite, concernant mon équipement, je dispose déjà du nécessaire : arme, armure, couverture... En fait, vous n'aurez qu'à me fournir la nourriture, et le logis quand on fera des arrêts en ville. "

Il faudra juste que je songe à prendre une veste chaude car le Rhudaur étant plus au nord, il y fait certainement plus froid qu'ici. Ce ne sera pas dur à trouver, surtout s'il paye une partie en avance. Il pourrait dire qu'une tente ne serait pas du luxe mais je n'aime pas trop cela. D'une part car cela prend de la place dans les affaires, même si ce sera moins grave si on voyage à cheval, et d'une autre parce qu'on est moins sensible à l'environnement quand on dort, ai-je trouvé pendant mon voyage avec dame Gunelle. Je pense que je serais plus rassurée à dormir à la belle étoile, près du feu de camps.

"Enfin, j'aimerais savoir qui est le commanditaire, entre vous et maître Porion, afin de savoir qui de vous deux commande."

Je demande car j'ai un doute là-dessus, entre la façon dont il a présenté ce voyage et le fait qu'il soit celui voulant m'embaucher. En effet, si c'était l'érudit qui était à l'origine, il aurait certainement voulu employer plus de personne, non ? Il devrait, en théorie, en avoir les moyens s'il peut se payer les services d'un navire quand on peut faire le trajet à cheval, en passant par l'Isengard, pour moins cher mais plus de temps.

"sinon, euh.. j'ai une certaine connaissance du Rhudaur, purement académique car je n'y suis jamais allée moi-même. Je sais déjà monter à cheval donc il n'y aura pas besoin d'être trop regardant sur la monture. Et vu qu'il s'agit d'un long voyage, je souhaiterais que l'on mette les termes de notre accord par écrit, si cela vous convient, maître Abbattarik."

Je terminais ma bière après ces propos, que j'avais déjà entamée quand il expliquait son affaire, reposant la choppe vide sur le comptoir. Il allait falloir que je trouve un messager, pour envoyer une partie de l'avance à ma mère. Ce n'est pas nécessaire de garder autant d'argent sur soi, surtout si on paye les frais du voyage pour moi et que je dois toucher le restant à la fin. Ce restant me servira alors. Et puis, mes parents not bien mérité que je les aide un peu aussi, non ?

Connaissance d'Aelin sur le Rhudaur
)> 20

La jeune fille semblait digérer les maigres informations que lui donnait Abattarik. Elle acquiesçait la plupart du temps, mais elle tiqua visiblement quand le capitaine indiqua le nombre restreint des membres de l’expédition.

** il faudra que je précise ce point, pour éviter mauvaise compréhension. Elle est peu expérimenté, certes, mais elle fera l’affaire. Ne compliquons pas sa tâche avec des informations erronées. **

Aelin Asator enchaîna directement avec toute une rafale de questions dès que le capitaine eut finit son laïus. Il nota également avec satisfaction qu’entre chacune des questions, elle plongeait presque mécaniquement dans son gobelet de bière, comme si ces questions lui desséchaient le gosier.
Le capitaine fit un petit signe de la main à la serveuse qui reliait le patron qui pendant qu’il remettait de l’ordre dans la salle, lui indiquant la bouteille de rhum et mine de rien, attrapa deux verres presque propres.

« Si je comprends bien, je dois escorter maître Porion jusqu’à notre retour à Tharbad Seulement ? Vous vous chargeriez, avec votre navire, de son retour à Osgiliath ? »

** Oui, et vous vous estimerez heureux que je vous ramène là bas** Le capitaine ne put retenir un petit sourire carnassier à cette évocation. Il opina du chef, l’invitant à dérouler les questions

« Ensuite, concernant mon équipement, je dispose déjà du nécessaire : arme, armure, couverture … en fait, vous n’aurez qu’à fournir la nourriture, et le logis quand on fera des arrêts en ville »

Abattarik grimaça légèrement

** Va falloir recadrer la gamine, on ne va pas prendre le thé et coiffer des Elfes …**

« Enfin, j’aimerais savoir qui est le commanditaire, entre vous et maître Porion, afin de savoir qui de vous deux commande »

** Elle n’a pas encore vu Porion, c’est pour çà … **

Le capitaine allait répondre mais Aelin enchaîna directement par une autre remarque, qui fit autant d’effet sur Abattrik qu’un direct au foie.

« Sinon, euh … j’ai une certaine connaissance du Rhudaur, purement académique car je n’y suis jamais allée moi-même. Je sais déjà monter à cheval donc il n’y aura pas besoin d’etre trop regardant sur la monture. Et vu qu’il s’agit d’un long voyage, je souhaiterais que l’on mette les termes de notre accord par écrit, si cela vous convient, maître Abbatarik »

** Un CONTRAT !!! Elle veut qu’on signe un contrat !! Mais elle est dingue !?**

« Un … Contrat ?! »

Le capitaine essaye de ne pas cracher le mot lorsque il le prononce, puis se rappelle qu’il c’est présenté comme un marchand, et que donc la jeune fille devait penser que c’était une démarche normale. Il attrape la bouteille de rhum que la serveuse venait tout juste de poser et sert deux verres, gobe le sien cul sec et se ressert.
Il tend le verre  de rhum vers Aelin.

« Je vais essayer de vous apporter des éclaircissements, mais vous comprenez que tant que vous ne m’avez pas donné votre accord, je ne peux entrer dans les détails »

« Tharbad est une cité importante. Le retour jusqu’à la vous ouvrira des options, à vous et Porion,  quand à la destination et au moyen de transport que vous voudrez. Normalement, vous aurez toujours  une monture, et elle ne peut pas monter à bord. Vous pourrez donc choisir de rejoindre le Gondor à cheval de Tharbad, ou la revendre et me solliciter pour vous rapprocher par mer »

** Avec le risque que tu finisses pieds et poings liés dans ma cale, direction les bordels d’Umbar**

« Et j’en profite pour clarifier le fait que vous comme Porion serez mes employés pour cette expédition. J’en suis à l’origine, je paye, c’est mon navire et je commande l’expédition. Et vous pouvez m’appeler Capitaine, Capitaine Abattarik ou Abattarik, pas besoin de maître. Gardez cela pour Porion. »

« Ensuite, j’ai noté que vous avez semblé être surprise du nombre de personne pour cette opération. Comme je vous l’ai dit, il s’agit essentiellement d’une expédition pour éclaircir un mystère. Je vous en parlerais quand nous serons à bord. Mais le but n’est pas d’envahir le Rhudaur, aussi une compagnie importante serait à la fois mal venue et peut discrète. »

** Et ces baiseurs de gobelins seraient susceptible de vouloir faire main basse sur ma trouvaille**

« Concernant votre confiance dans votre équipement, pardonnez moi si je présume, mais je préfère vérifier … »

Abattarik désigne l’épée à la garde ouvragée au coté de la jeune femme

« Une épée, c’est pour tuer des gens ou des orques. Pour se défendre contre les sangliers, les loups, un ours ou un troll, il vous faut une lance, ou un épieu. Sinon, à moins que vous soyez de la trempe d’un héro d’antan, vous êtes morte.
Des javelines, c’est bien aussi. Éventuellement des hachettes de lancer, mais c’est lourd et plutôt encombrant, ou mieux, un arc et des flèches, si vous savez tirer.
Concernant votre armure. Elle est pas mal en milieu urbain ou lorsque vous vous battez en zone dégagée. Mais pour une expédition dans la nature, je vous suggère d’adopter le cuir souple, renforcé par des protèges bras. Complétez cela par un long manteau de cuir graissé qui pourra vous protéger efficacement des intempéries, et il vous servira de coupe vent ou d’oreiller lors des bivouacs.
Enfin, concernant le couchage. A moins que vous ayez déjà prévu de coucher avec l’érudit, je vous suggère la tente, car je vous l’ai dit, vous ne devrez pas le quitter des yeux pour assurer sa sécurité. Mais je suis sûr que vous avez tout cela de prévut »

Abbatrik pousse le verre de rhum vers la jeune femme.

« Enfin, pour finir, dans mon milieu, les contrats c’est pour les gens malhonnêtes. Je ne sais quelle expérience vous avez eut, mais chez moi, on scelle un accord avec une poignée de main et un verre d’alcool.
Si vraiment vous insistez, je vous écrirai ce que je viens de dire, Mme Asator, car mon instinct me dit que vous êtes exactement ce dont j’ai besoin, mais cela nous ferai partir sur un mauvais pied. »

** Et si tu me fais faux bon après t’être engagée, je te retrouverai ou que tu te cache, et je te ferai passer l’envie de recommencer … Et moi, ahh !! Comme si j’avais respecté un contrat une fois dans ma vie !!**

Abattarik lève son verre

« Scellons nous notre collaboration maintenant Dame Asator, ou avez-vous encore des points à éclaircir ? »

« Un … Contrat ?! »

Euh, oui, un contrat. Pourquoi réagissait-il comme si je venais de dire un gros mot ou une insulte ? C'était un marchand, un marin. Il devait donc lui arriver d'en passer, non ? Franchement, je trouvais sa réaction un peu excessive. Je ne dis rien, attendant poliment de voir ce qu'il va dire, et me demandant pourquoi il me tend un verre de rhum, alors que je viens de terminer ma choppe de bière.

« Je vais essayer de vous apporter des éclaircissements, mais vous comprenez que tant que vous ne m’avez pas donné votre accord, je ne peux entrer dans les détails »

Je soupirais brièvement parce que je me demande s'il sait faire confiance à des inconnus, pour se répéter encore une fois. Soit il est un peu paranoïaque à vous absolument que je comprenne qu'il ne veut rien dire avant que je n'ai accepté, soit il pense que les filles n'ont pas de mémoire, soit... je ne sais pas.

« Tharbad est une cité importante. Le retour jusqu’à la vous ouvrira des options, à vous et Porion,  quand à la destination et au moyen de transport que vous voudrez. Normalement, vous aurez toujours  une monture, et elle ne peut pas monter à bord. Vous pourrez donc choisir de rejoindre le Gondor à cheval de Tharbad, ou la revendre et me solliciter pour vous rapprocher par mer »

Je fis un peu la moue sur cette dernière option, devinant déjà qu'il en profiterait pour se faire payer. Enfin, cela ne doit pas être un bateau immense pour qu'il s'enfonce aussi loin dans les terres avec, même sur un grand fleuve. Mais n'empêche, je ne sais pas si je prendrais le chemin du retour sur un navire commandé par un individu comme lui. Je pense que j'attendrais de mieux le connaître pour décider cela.

« Et j’en profite pour clarifier le fait que vous comme Porion serez mes employés pour cette expédition. J’en suis à l’origine, je paye, c’est mon navire et je commande l’expédition. Et vous pouvez m’appeler Capitaine, Capitaine Abattarik ou Abattarik, pas besoin de maître. Gardez cela pour Porion. »

Je hoche la tête. Je comprend cela, c'est comme l'armée, les grades et tout et tout.

« Ensuite, j’ai noté que vous avez semblé être surprise du nombre de personne pour cette opération. Comme je vous l’ai dit, il s’agit essentiellement d’une expédition pour éclaircir un mystère. Je vous en parlerais quand nous serons à bord. Mais le but n’est pas d’envahir le Rhudaur, aussi une compagnie importante serait à la fois mal venue et peut discrète. »

Je hoche la tête, comprenant qu'il veut éviter, une fois encore, d'attirer l'attention par crainte qu'on ne suive une plus grosse compagnie et lui voler son précieux trésor sous la moustache. J'avoue aussi qu'en petit nombre, on pourra éviter plus facilement les peaux vertes.

« Concernant votre confiance dans votre équipement, pardonnez moi si je présume, mais je préfère vérifier …  Une épée, c’est pour tuer des gens ou des orques. Pour se défendre contre les sangliers, les loups, un ours ou un troll, il vous faut une lance, ou un épieu. Sinon, à moins que vous soyez de la trempe d’un héro d’antan, vous êtes morte.
Des javelines, c’est bien aussi. Éventuellement des hachettes de lancer, mais c’est lourd et plutôt encombrant, ou mieux, un arc et des flèches, si vous savez tirer."

Je me retins un peu mais il avait raison sur un point : un arc ne serait pas du luxe, en effet. Je notais donc d'en acheter un avant qu'on ne quitte Osgiliath. Par contre, s'il espérait que je m'arme d'un pieu ou d'un lance, il pouvait aller se raser la barbe. Ce sont des armes plus encombrantes, avec lesquelles je ne pourrais utiliser mon bouclier, sans parler qu'elles sont bien contre un adversaire venant de face. Contre une meute de loups, je préfère mon épée.

Concernant votre armure. Elle est pas mal en milieu urbain ou lorsque vous vous battez en zone dégagée. Mais pour une expédition dans la nature, je vous suggère d’adopter le cuir souple, renforcé par des protèges bras. Complétez cela par un long manteau de cuir graissé qui pourra vous protéger efficacement des intempéries, et il vous servira de coupe vent ou d’oreiller lors des bivouacs.
Enfin, concernant le couchage. A moins que vous ayez déjà prévu de coucher avec l’érudit, je vous suggère la tente, car je vous l’ai dit, vous ne devrez pas le quitter des yeux pour assurer sa sécurité. Mais je suis sûr que vous avez tout cela de prévus »

Je soupirais intérieurement, sans le montrer. Je sais que je suis jeune et que j'ai peu d'expérience mais on dirait vraiment qu'il veut m'apprendre le métier, ce type. Franchement, si jamais il devait discuter matériel avec mon père, je suis sure qu'ils ne tomberont d'accord sur rien, ces deux là. Mais je comprend qu'il ait confiance en son style mais pour ma part, j'ai confiance dans ce que je porte.

« Enfin, pour finir, dans mon milieu, les contrats c’est pour les gens malhonnêtes. Je ne sais quelle expérience vous avez eu, mais chez moi, on scelle un accord avec une poignée de main et un verre d’alcool.
Si vraiment vous insistez, je vous écrirai ce que je viens de dire, Mme Asator, car mon instinct me dit que vous êtes exactement ce dont j’ai besoin, mais cela nous ferai partir sur un mauvais pied. Scellons nous notre collaboration maintenant Dame Asator, ou avez-vous encore des points à éclaircir ? »

"Avant, j'aimerais juste clarifier moi aussi quelques points, capitaine. D'abord, je vous prierais de m'appeler Aelin. C'est plus simple, si je dois travailler avec vous."

Je préfère ça à madame, ou même Dame Asator, titre qui devrait revenir à ma mère et qui me rappelle trop la déchéance de ma famille.

"Si vous n'aimez pas faire un contrat, je ne vous y obligerais pas, croyez le bien, même si j'estime que cela se fait aussi entre honnêtes gens. Mais étant de noble naissance, je comprend aussi que la parole est chose aussi sacrée pour certains. En tout cas, elle l'est pour moi, mon frère et mes parents," à défaut de l'être pour grand-père. "Concernant mon armure, si vous faites plus attention, vous verrez qu'elle est en cuir souple, toute aussi utile dans n'importe quelle condition, exceptée un champs de bataille mais comme vous ne comptez rien envahir, cela sera bon."

Je me permis cette petite taquinerie, qui ne devrait pas le vexer, j'espère. Plaisanter un peu ne fait normalement jamais de mal, sauf avec des gens trop sérieux. Et je n'aime pas les gens sans humour, ils sont en général un brin ennuyant. Après, je pouvais comprendre qu'il se soit trompé su rla nature de ma petite armure, s'il n'a pas l'habitude d'en voir. Ma famille a son style propre -comme le montre l'ornementation de mon épée - et préfère le pratique à l'esthétique au contraire de bien des nobles gondoriens, qui aiment à imiter les armures gracieuses des elfes. Ainsi, on a renforcé les épaulières car c'est un point fragile et facile à viser, sans compter que cela protège aussi le cou. Mais bref, ce sont des visions particulières et j'ai confiance en mon père pour mes choix en matière d'armure. Et bien sur, parce que c'est un forgeron du gondor qui l'a faite -et sur mesure car mon père y a mis le prix pour- elle a des ornementations aussi.

Maintenant que j'y songe, c'est peut-être cela qui l'a trompé ? C'est possible car il semble être un individu aimant les choses pratiques. Enfin, je ne vais pas lui en vouloir pour cela. Un individu qui n'est ni noble ni un guerrier ne peut être un expert en matière d'armure, au point de les identifier d'un seul coup d'oeil.

"Et j'ai même appris à nager avec."

Ajoutais-je, car cela pouvait être une crainte de cet homme, si je tombe à l'eau avec, par exemple. Je ne mentionnais pas que je ne prendrais pas non plus ce genre de grand manteau, peut-être apprécié par les marins. Je préfère à cela ma cape, toute aussi faite pour lutter contre les intempéries, et dotée d'une capuche en prime, et bien plus pratique dans les milieux sauvages qu'un habit plus lourd qui m'empêcherait de pratiquer mon style d'escrime.

"Quand à mon épée, elle a déjà combattu des loups et un ouargue avec moi, et bien davantage car elle est dans ma famille depuis des générations, et n'a jamais failli."

Je ne le précisais pas, car je n'en étais pas totalement sure, mais je crois même qu'elle fut forgée sur Numénor. Cela ne serait pas si surprenant car ma famille existait déjà avant la disparition de l'île. Mais pour le savoir, il faudrait farfouiller dans les archives du royaume et c'est compliqué de demander une telle chose, maintenant.

"En bref, je préfère me battre avec ce que je connais qu'improviser et faire tuer mon protéger. Mais je tâcherais d'acheter un arc et des flèches avant de monter à bord. Il ne manque plus qu'une seule chose à savoir, capitanie : quand partons nous ?"

Je décidais de l'imiter, prenant le verre qu'il m'a offert pour le lever, signifiant -si j'ai bien compris son style- par là que j'acceptais de travailler pour lui, et buvant ensuite une gorgée de rhum, étant un brin prudente avec les boissons inconnues, avec raison cette fois-ci car c'était plus fort que je ne m'y attendais. Il du surement le remarquer, ma surprise, mais je parvins à reposer le verre sans tousser ou lâcher une larme, mes joues rosissant probablement un peu sous la brusque chaleur de l'alcool, sans que je sois ivre, hein. Je suis jeune mais j'ai quand même déjà trop bu à la taverne une fois ou deux. A la déception de ma mère, d'ailleurs, et l'amusement de mon père.

Quand au moment du départ, j'espérais qu'il me laisse quelques heures, afin de trouver un bon arc et faire deux-trois trucs. Non que je ne vais dévoiler où l'on va aller à quiconque, il demande la discrétion là-dessus, mais je ne vois pas l'intérêt de partir sur l'instant alors qu'on va avoir un long trajet : mieux vaut être bien préparer à l'avance.

Alors que le capitaine Abattarik levait son verre de rhum pour sceller l’affaire, la mercenaire semblait faire un point d’honneur à défendre points par points les équipements qu’elle portait. Néanmoins, elle reconnu l’utilité d’un arc.

** Elle a du caractère, c’est toujours çà de prit. Si Porion me gonfle trop pendant le voyage, je pourrai aller titiller celle-ci, elle aura du répondant**

Cela indiquait également au corsaire que la jeune femme avait un certain attachement, peut être sentimentale, à ces possessions. Il notait cela dans un coin de sa tête, cela pouvant servir plus tard comme moyen de pression si le besoin s’en faisait sentir.
A se stade de l’expédition, il ne préjugeait de rien de particulier, et même si ce premier contact avec la jeune mercenaire la rendait sympathique, le capitaine Abattarik ne faisait confiance qu’à lui-même et à son équipage. S’il devait mettre fin à la vie de l’érudit ou de la mercenaire pour une quelconque raison, il le ferait sans aucuns état d’âme.

Lorsqu’Aelin leva enfin son verre de rhum pour le boire et donner son accord, Abattarik l’accompagna, notant avec amusement le léger rose qui commençait à colorer les pommettes de la jeune femme.

**A l’issue de l’expédition, tu boiras comme une pirate, gamine, sois en sur. ..Les filles te laisseront pas à sec**.

Les verres vidés et reposés sur le comptoir, Abattarik serra l’avant bras de la mercenaire pour finir de sceller leur collaboration. Il chercha ensuite dans sa bourse deux pièces d’or, qu’il déposa devant la mercenaire de façon à ce que leur nature fut dissimulée au reste de la salle.

« Comme convenu, deux semaines payées d’avance. Le départ est demain matin. On lève l’ancre quand le soleil se lève. Tu trouveras mon navire sur le dernier ponton des docks, en face de la taverne du Rat qui Vomit. Le navire s’appelle La Seconde Chance. Tu peux venir à n’importe qu’elle heure avant le départ, tu seras attendu. »

Le Capitaine, un air satisfait sur le visage, va prendre son congé et se dirige vers la sortie de l’auberge, non s’en lancer à Aelin.

« Cette expédition va vous ouvrir beaucoup de portes dans votre milieu, mercenaire. Gardez cela à l’esprit pendant cette expédition, cela aidera … »