Chambres (pour les invités du Seigneur Noir)

Thuringwethil conduisit Jaryak vers un escalier étroit, qui montait haut dans son donjon.

Ils arrivèrent dans une petite suite, dont les murs étaient de pierre nue. De lourdes tentures de velours séparaient chaque pièce, et la lumière provenait de lampes à huiles enfermées dans des cages de verre coloré ; sur un geste de la femme elfe, et un simple mot, « Calad », les rayons des différentes sources de lumières bleues, indigo, vertes et or se mêlèrent pour donner un aspect féerique aux appartements de Thuringwethil.

Il y avait de grands panneaux de chêne sombre, finement travaillés, et dont la facture était elfique. Face à la porte d’entrée, une grande peinture murale représentait une magnifique cité, dans des teintes pastel de mauve, de bleu et de turquoise, éclairée par une lumière dorée. C’était là l’œuvre de Thuringwethil, le souvenir d’Alqualondë. Comme à chaque fois qu’elle passait devant, elle s’arrêta un instant, au souvenir de ses mains et de celles de ses frères noldor, rougies par le sang de leurs frères elfes qu’ils avaient massacré.

Provenant d’une longue et étroite fenêtre en ogive, un rayon lunaire parvint un bref instant à percer les ténèbres qui en permanence couvraient le Mordor, et vint éclairer le tableau. Sous les yeux émerveillés de Jaryak, des inscription en ithildin, ce métal elfique qui brillait à la lumière de la lune, apparurent :

« Oiyámórenna mé-quetamartya íre queluvá tyardalma. »

« Jusqu'aux Ténèbres Eternelles
maudis-nous si notre acte faillit ».

C’était là une partie du serment de Fëanor, adressé à Eru, et pour lequel les Noldors avaient accompli le massacre d’Alqualondë.

Sortant de sa rêverie, Thuringwethil mena Jaryak dans une pièce aux vastes fenêtres qui donnaient sur une balustrade qui surplombait une grande partie de la Tour Sombre. Les fenêtres étaient orientées à l’Ouest, car la femme elfe aimait se torturer en songeant chaque jour à ce qu’elle avait perdu en tournant le dos aux Terres Eternelles.

Il y avait là un lit à baldaquin aux soieries diaphanes ayant la couleur du feuillage, que le moindre souffle d’air faisait trembler comme les ailes d’un papillon. Il y avait là également un métier à tisser, d’un travail si fin et si exquis qu’il ne pouvait qu’être l’œuvre d’un maître, une belle coiffeuse ornée de nacre, et une grande psyché. Il y avait également un tabouret, et une haute harpe en argent, dont les cordes semblaient faites de rayons de lune.

Sans un mot, Thuringwethil passa la main sur le métier à tisser, caressant le bois poli. Cette œuvre était sans prix, c’était là le fruit du travail d’un artiste elfe de temps raffinés et révolus.

« Comme la souffrance peut parfois produire choses splendides entre toutes », murmura t-elle.

Car celui qui avait conçu cette œuvre avait été un artiste parmi les siens, avant d’être capturé par les esprits servants de Morgoth. Il avait été capturé dans les bois de Cuiviénen, peu après le réveil des elfes dans ce lieu de merveilles. Et cela avait été le plaisir pervers de Morgoth de le laisser poursuivre ses œuvres, après qu’il eut été déformé à la semblance des Urùki, les « horreurs » qui le servaient jadis. Comment les mains mutilées et contrefaites avaient-elles pu produire si grande merveille, cela restait un mystère pour Thuringwethil.

Puis son regard passa à travers la fenêtre, pour contempler les noirs nuages du Mordor, et la contrée de cendres et de scories qui s’étendait autour de Barâd-Dur. Puis Thuringwethil sortit sur la balustrade qui surplombait d’immenses murailles. Il lui sembla que vers l’Ouest, au-delà des noirs nuages du Mordor, une pâle lueur subsistait, comme si l’éclat de la lune n’avait pu être dévoré par les ténèbres du Noir Pays. Car n’était-ce point là-bas que se trouvait jadis la fière cité que l’on nommait Minas Ithil, la Cité de la Lune ? Aujourd’hui, c’était devenu un lieu d’épouvante et de sorcellerie, Cité Morte où régnaient les spectres, Minas Morgul.

Passant sous une alcôve, elle entra dans une pièce sombre et froide, sinistre. Deux chaînes pendaient au mur, comme prêtes à recevoir un captif, et il y avait là également une patère. Sans donner la moindre explication, Thuringwethil se défit de son manteau noir aux contours déchiquetés, et Jaryak pu le voir sous sa véritable apparence, deux grandes ailes noires, semblables à l’acier, et ornées de grandes griffes de fer. Déchirant les ténèbres, l’éclat de ses robes blanches dévoilées, tissées dans la Lumière d’Aman, aveuglèrent un instant Jaryak.

Thuringwethil se tenait devant lui, semblable à la reine qu’elle avait été, dans les Terres de l’Ouest Oubliées. C’était comme si une étoile s’était posée dans cet obscur donjon, et la chevelure noire et brillante de Thuringwethil drapait sa beauté comme la nuit rehausse l’éclat des étoiles.

D’une voix absente, comme si elle était plongée dans un rêve éveillé issu de souvenirs anciens, elle murmura :

« Elensinyë on m’appelait autrefois, « l’etoile du Soir », dans les terres qui ne sont plus, à l’est du monde ».

Puis elle revint vers sa chambre et murmura, sans vraiment attendre de réponse de sa part :

« Vous plairait-il que je chante en cette heure ? »

Puis elle s’installa sur le tabouret, ferma les yeux, et ses doigts se mirent à danser sur les fils de lune de la grande harpe d’argent, et l’écho de la musique était comme le murmure cristallin d’une fontaine. Et splendide elle apparut à cet instant à Jaryak, blanche et à la fois ténébreuse, comme la lune brillant dans la nuit, et sa voix soudain s’éleva, et belle en vérité était cette voix. C’était là le plus grand Don de Thuringwethil, et sa Voix recelait un grand Pouvoir. Et tel était ce Pouvoir que ceux qui l’entendaient chanter ne pouvaient que rester figés et écouter la beauté du Chant, sans pouvoir l’interrompre, car c’était auprès d’Ulmo lui-même qu’elle avait appris à chanter. Et voici ce qu’elle chanta :

Ai! telpie pendar nier rossenen,
Yéni únótime ve míri Earon!
Yéni ve linte nahtar avánier
nu halle aldar lisse-coimassava
nu laurie, yassen lilinir i filici
ar vilya lilta entas lirinen.

Man erca órenyo ettuncuva?

An sí mapuva Ulmo ciryalma
ve sindi-falma; Varda mentuva
i Elen-estel i en tulya me
Andúne pella, ninqui hrestannar
or menel cúna, menel rácina.
Nan merin minya lóte elanar
an sire cenin Endor teldave.

Namárie! Autalme Valinórenna,
Endórello autar! Namárie!
'Ah! Comme l'argent tombent les larmes

Ah! Comme l'argent tombent les larmes dans la pluie, de longues années comme d'innombrables joyaux de la Mer! De longues années ont passé comme de rapides miettes de doux lembas sous les hauts arbres, dans lesquels les oiseaux chantent et l'air danse dans leurs chansons. Qui va enlever l'épine de mon coeur? Pour l'instant Ulmo saisit notre bateau comme un vague grise écumante; Varda enverra l'Etoile de l'Espoir qui va nous guider sur les cieux fléchissants et brisés au-delà le l'Ouest, vers les falaises blanches. Mais je veux une fleur de elanor, parce que aujourd'hui je vois la Terre-du-Milieu pour la dernière fois. Adieu! Nous partons pour Valinor. Nous quittons le Terre-du-Milieu! Adieu!

Les dernières notes de son chant se perdirent peu à peu, leur écho semblant disparaître sur une brise nocturne. Pendant ce Chant, Jaryak c’était senti comme projeté hors du temps, et une grande mélancolie avait saisi son cœur. Comme lisant dans son esprit, Thuringwethil rouvrit les yeux et s’adressa à lui :

« C’était là un chant des Eldars qui s’en vont, de ceux qui ne supportent plus le fardeau de leur existence dans les terres du Milieu. Et c’est toujours une grande tragédie, car ils laissent derrière eux tout ce qu’ils ont chéri au cours d’une longue existence immortelle ».

hrp: Jaryak, les ailes de thuringwethil ne font pas partie de son corps, c'est un vêtement, un objet magique qui lui permet de prendre forme ailée. Un peu comme un parachute, quoi!

Lorsque son chant c'était tu, la lumière de la robe de Thuringwethil s'était fanée, comme un nuage voilant l'éclat d'argent de la lune. Le silence entre les deux êtres issus de mondes totalement différents sembla s'éterniser. Finalement, Thuringwethil prit la parole:

"Considérez vous comme mon invité ici, roi Jaryak. Je ne vous demanderai qu'une seule chose: ne touchez ni à la harpe, ni au métier à tisser. Tout deux risqueraient de se briser sous des doigts malhabiles. J'irai en ce qui me concerne habiter ailleurs".

Elle contempla un instant ces deux objets. C'était le souvenir du seul être qu'elle eu jamais aimé, un être qu'elle avait sacrifié à sa soif de pouvoir.

"Je vous laisse", reprit--elle.

Avant de partir, elle se ravisa:

"Le sceau que vous avez sur le front vous permettra de circuler assez librement dans Barad-Dur, bien que je doute que vous aimiez ce que vous pourriez y trouver. Vos hommes ne bénéficient pas d'une telle protection. Mais ils ne risquent rien, si près du Trône Noir. Personne, homme ou orc, ne serait assez fou pour défier la volonté de Sauron".

Elle le regarda de nouveau, s'interrogeant sur sa présence en ces lieux.

"Cependant, je ne souhaite rien vous cacher de cette Citadelle. Souhaiteriez vous que je vous emmène voir les Fosses de Reproduction des orcs du Mordor? C'est un spectacle que peu de créatures humaines peuvent se targuer d'avoir contemplé, mais cela en vaut la peine. Mais cela a de quoi rendre fou les esprits les plus faibles, soyez prévenu. Alors, souhaitez vous vous reposer de votre long périple, ou préférez vous vous instruire sur vos nouveaux alliés?"

Thuringwethil se rendit compte que Jaryak était plongé dans ses pensées, et que quelque chose semblait le perturber... Sa longue existence millénaire lui avait appris à reconnaître certains signes, et elle était tout à fait consciente du charme qu'elle pouvait exercer sur les Hommes... Les Hommes, au coeur si aisément corruptible.

Elle baissa les yeux dans une attitude d'humble attente. Ses longs cils noirs étaient comme les ailes d'un papillon, dont le battement dissimulait le mystère de ses pensées.

Elle eut un sourire enjôleur:

"Bien sur, tout ceci peut vous paraître fastidieux. Vous ne m'avez pas dit si vous aviez aimé mon chant? Vous seriez bien la première personne à ne pas aimer ma voix"

Elle eu une moue triste, comme résignée.

"J'aurais eu plaisir à chanter de nouveau pour vous, pendant que vous vous seriez étendu sur cette couche. Je connais des chants qui peuvent apaiser le corps et l'esprit".

Elle posa une main fraîche comme un torrent de montagne sur le bras musclé du barbare. Sa main à la teinte ivoirine contrastait fortement avec le teint hâlé du haradrim. Puis d'une caresse, elle remonta le long de ses muscles, et posa son index sur les lèvres du guerrier.

"Votre voyage a dû vous fatiguer. Ne désirez vous pas prendre du repos?"

Sa vois s'était faite ronronnante et féline, une voix faite pour enflammer les sangs.

Thuringwethil hocha la tête aux paroles du guerrier, puis le laissa dans la chambre. Chemin faisant, elle se disait qu'elle serait sans doute obligée de brûler les tissus de sa couche après le passage de Jaryak, car il était pour elle hors de question que la venue de l'humain ne marque d'une empreinte durable sa retraite.

Elle était quelque peu irritée par l'attitude du barbare, même si elle n'en avait rien laissé paraître. Ce roi imbu de sa personne ne se rendait-il donc pas compte de l'immense présent qu'elle lui avait fait? L'épée noire ferait de lui le mortel le plus craint, s'il s'avérait digne de porter cet objet. En nul autre endroit des Terres du Milieu il n'aurait pu trouver d'équivalent à cette lame!

Mais là n'était la seulle source de son malaise. D'avoir parlé au barbare de son métier à tisser et de sa harpe avait évoqué en Thuringwethil des souvenirs désagréables.... Les mains mutilées de l'artiste qui avait façonné ces objets étaient celles d'un être qu'elle avait aimé, au printemps d'Arda... Emlin le Beau, avant que lea perversité maligne de Morgoth ne fasse de lui un monstre.

Ses pas la menèrent vers une autre partie de la citadelle de Barad-Dur: une haute tour isolée, le Donjon des Crébains...

(direction: le Donjon des crebains)

(provenance: le Donjon des Crébains)

Thuringwethil revint vers ses appartements, froide et silencieuse comme une ombre. Une sombre détermination l'animait, née d'un appétit malsain. Jaryak ne l'avait pas entendue venir, et elle passa comme un spectre échappé de quelque mauvais rêve, et disparut aussi vite qu'elle était venue.

Elle passa sur le balcon et entra dans la pièces froide ou étaient suspendues ses ailes, un Don de Morgoth. Elles avaient été façonnées avec les ailes d'un dragon à peine éclos, et u,ne sombre alchimie leur avait donné la résistance de l'acier et la faculté de se fpndre dans les chairs.

Lorsqu'elle revêtit ses ailes, ce fut comme si une robe d'ombre recouvrait l'éclat stellaire de ses robes d'Aman, les Terres Eternelles. Car une puissante illusion, issu d'un noir enchantement, conféraient aux ailes l'apparences de sombres haillons lorsqu'elles étaient portées.

Mû par une certaine fascination, Jaryak s'était rapproché de Thuringwethil. Celle-ci bondit souplement sur la balustrade et se tint là, immobile, surplombant les noirs abysses des douves de Barad-Dur. Puis elle étendit les bras en se laissant basculer dans le vide, et les ténèbres semblèrent la dévorer dans sa chute.

Une nouvelle fois, la lune perça les sombres nuages du Mordor et Jaryak vit, se découpant sur l'astre argenté, la silhouette d'une grande chauve-souris. Une nuée de corbeaux volait avec elle, vers quelque funeste destination...

(Destination: voyages)

Alors que Jaryak pensait à sa vengeance en la savourant d'avance,on toqua à la porte avant d'entrer.
Devant l'ex roi du Rovhannion se tenait une silouhette de noir vétue dont le viage était masqué par une sombre cagoule.

"Le maître désirerait vous voir monseigneur.De brutales affaires internes l'obligeait à remettre votre entrevue à plus tard.
Si vous voulez bien me suivre..."

La voix venait sans doute d'une humain dans la force de l'âge mais il manquait à cette voix qu'elle que chose.Oui,en effet,cette voix avait perdue toute trace de son humanité comme si quelquechose avait remplacé le coeur en lui.
Le prix à payer dirait les elfes...

Jaryak suivit alors l'humaine assez imatient de s'expliquer avec le Seigneur du Mordor .


**Il connaitra très vite mes intentions ... **

L'haradrim remarqua l'étrange voix de cette humaine qui la conduisit jusqu'à la Salle du Trône .
Il eut une minute de répit ou il essaya de se rappeler de toutes ses intentions puis il reprit son chemin .

=> Salle du Trône